00:00 Je vous lis les deux derniers messages qui viennent d'arriver sur Direct Studio.
00:02 Ils sont là, vous pouvez venir les voir.
00:04 J'ai Florian qui me dit « Le 26 mai, pour nous, supporters marseillais, c'est une date que l'on se souhaite tous les ans.
00:11 On se souhaite une bonne fête, un bon anniversaire. C'est une fierté d'être les premiers. »
00:16 Et puis Bruno qui nous dit « Célébration de la corruption, belle journée en effet. »
00:20 Voilà.
00:22 — Le décor est planté, là. — Le décor est planté, les gars.
00:26 — Quand on vous pose la question « Que vous restez-t-il le 26 mai 1993 ? »,
00:31 faut se remettre, pour les plus jeunes, dans le contexte de l'époque. À l'époque, l'OM domine le foot français.
00:37 Et club ultra populaire, évidemment. Il n'y a pas le PSG puissant de maintenant. Il est là, le PSG.
00:43 — Il est né, le PSG de Canal, il y a quelques mois. — Voilà. Et quand l'OM gagne la Ligue des champions, à l'époque, la France est dans la rue.
00:51 — Là, c'est la grande victoire du foot français avant 1998. — Je me souviens très bien. 26 mai 1993, moi j'avais 13 ans.
00:59 Je vivais dans une région où il n'y avait pas de grand club à côté. Et tout le monde était dans la fièvre marseillaise,
01:04 même une semaine avant. Pendant une semaine, on ne parlait que de ça. C'était un grand moment du football français.
01:10 Moi, j'ai pleuré quand Basile marque le but et que Marseille soulève la Coupe. C'était un énorme moment d'émotion.
01:19 Après 1976, il y avait Bastia 1978, mais 1976, ça fait quand même un moment qu'on... Enfin, il y a eu 1991, en fait.
01:27 D'abord, il y a la finale de 1991, on avait pleuré pour d'autres raisons. Et celle-là, elle venait venger un peu Barry.
01:33 Et je dis ça, je dis "on" au sens où vraiment, 99% des... Enfin, je crois. Évidemment, ce n'est pas un sondage objectif.
01:39 — Sur le fait de faire à Paris, quand même ? — Mais encore, je veux te dire. Et encore.
01:42 — Moi, j'étais en région parisienne. — Et encore. — Moi, je me rappelle, j'étais tout petit, j'avais 10 ans.
01:47 — Ça avait été... — Et même à l'époque... — Je me rappelle très bien du bruit dans la cité ou dans la résidence où j'étais.
01:54 Je me rappelle très bien d'avoir été marqué par le bruit à l'ext... Il faisait beau, donc les fenêtres étaient ouvertes.
01:59 Je me rappelle du bruit à l'extérieur, comme si c'était la France qui avait été à l'avant-guerre.
02:02 — Et même le PSG, à l'époque, pesait pas très lourd à côté de l'OM. Donc c'était pas... Même les parisiens, les supporters parisiens,
02:08 au pire, ils renvoyaient une espèce d'indifférence polie, mais ça n'allait pas très loin, en fait, dans la nimosité.
02:16 Je parle, moi, de mes souvenirs de l'époque, et quand on retrouve les archives de l'époque, je plonge un peu dans les archives,
02:22 y a pas cette nimosité qu'il pourrait y avoir maintenant. C'était vraiment un truc du football français.
02:27 Donc ça, c'est important de le dire pour pouvoir parler ensuite de la suite.
02:29 — Romain, t'avais quel âge, toi ? — Ouais, j'étais très petit, mais c'est vraiment ce que dit Thibault, c'est-à-dire que
02:35 la finale de Paris, donc en 91, l'OM, qui est ultra-favori, perd la finale de...
02:39 — Avec une équipe quasiment meilleure sur le papier que l'équipe de 93. — C'est la fameuse, c'est ce que tout le monde dit à chaque fois,
02:44 puisque Mozart, Waddell et Papin y étaient, et pas en 93.
02:48 Et vraiment, moi, je me souviens des larmes de ma maîtresse après Paris, et je comprenais pas.
02:56 Et par contre, après 93, c'est pas une légende, c'est-à-dire qu'il y a vraiment une semaine où dans la ville,
03:01 alors j'étais très petit, mais il pouvait se passer n'importe quoi, il pouvait y avoir un accident devant tes yeux,
03:06 les gens remplissaient le constat avec le sourire, enfin, il pouvait se passer n'importe quoi, tout allait bien.
03:11 Et d'ailleurs, j'étais très surpris, après, quand je suis devenu journaliste, que je me suis replongé dans cette période-là,
03:16 et j'ai vu qu'en fait, l'affaire OM-VA avait démarré même avant, parce que moi, j'ai vraiment le souvenir d'un Marseille...
03:22 Alors, encore une fois, j'étais très petit, mais d'une semaine d'euphorie, en fait, et d'une semaine où cette histoire-là n'existait pas,
03:28 et voilà, c'est arrivé après brutalement...
03:30 — Évidemment, c'est aussi le match qui suit la rencontre OM-VA, on va en reparler dans quelques instants,
03:37 on va même vous faire écouter un reportage assez dingue qu'on a retrouvé sur YouTube,
03:42 et puis, après quelques semaines, il y a des premiers témoignages qui ont commencé à arriver, venant des adversaires de l'OM,
03:48 c'est Askia Moussou, Xav' Roger... — Le match, le VRM, allait le 21 mai,
03:53 les premières affaires, les premières échos sortent dans la presse dans l'équipe du 25, donc la veille du match,
04:00 mais c'est encore un tout petit... c'est 5 lignes dedans, il y a un joueur qui aurait été contacté par les Marseillais,
04:04 et après, tu as 10 pages sur l'OM, et petit à petit, la petite musique s'en dit,
04:08 et en fait, il y a une espèce de sourdine qui a été mise pour ce match-là,
04:12 et donc, juste après ce match-là, commence à avoir les premiers témoignages...
04:16 — C'est certainement la semaine la plus importante de l'histoire de l'OM, cette semaine 93,
04:22 commence le 21, le match VA, et le 26, la victoire en Coupe d'Europe,
04:27 parce qu'à ce moment-là, l'OM arrive au sommet de ce qu'avait toujours voulu Tapie,
04:32 et en deux semaines après, quasiment tout s'effondre.
04:36 — C'est un sommet aussi stratosphérique, je le rappelais...
04:39 — Tout est concentré là, en fait.
04:41 — Quelques jours, mais tu remarques que Tapie a pris quand même l'OM en 86,
04:45 et que tu arrives à en faire un champion d'Europe qui gagne la Ligue des Champions,
04:49 pas la Coupe des Clubs Champions, ça devenait la Ligue des Champions...
04:51 — C'est la première édition de la Champions League.
04:53 — En 93, ça fait 7 ans, regarde, Chelsea, regarde, Manchester City,
04:58 regarde, Paris Saint-Germain, désolé, mais tous ces clubs-là, en 7 ans, n'y sont pas parvenus.
05:04 — Il fait deux finales et une demi-finale.
05:06 — C'est dire voilà à quel point...
05:07 Et c'est surtout quand en fait c'est la concrétisation en 93 de 89,
05:11 où tu apprends, sans parler, attention, d'un petit trajet tout,
05:14 tu apprends parce que tu devais gagner au match aller plus que les 2-1 du rival Francesco.
05:20 — Sur cette affaire-là, l'affaire OM 93, il faut l'apprendre dans sa totalité,
05:23 si on veut comprendre vraiment.
05:24 Après, je comprends que tout soit pas audible maintenant,
05:29 dans les célébrations, il faut respecter la joie, respecter les célébrations,
05:32 très bien, ça je comprends.
05:33 Mais si on veut comprendre, les émissions, on essaie de comprendre,
05:36 si on veut comprendre cet événement-là, il faut le prendre dans sa totalité.
05:39 Et cette espèce de malédiction 1 qui tombe sur les clubs français en Coupe d'Europe,
05:42 t'en gagnes une, mais finalement tu peux pas capitaliser dessus
05:44 parce que derrière t'es suspendu en Coupe d'Europe,
05:46 la seule fois dans l'histoire de la Coupe d'Europe où le tenant du titre
05:50 est sorti pour des raisons disciplinaires administratives,
05:52 il peut pas défendre son titre, il va pas jouer l'intercontinentale,
05:54 c'est Milan qui va le jouer.
05:55 Et ensuite, il sera pas démis de son titre,
05:58 mais démis de son titre de Ligue 1 de cette même saison-là.
06:00 Donc la même saison t'as ça, et si on veut comprendre peut-être aussi
06:04 la loose européenne des clubs français, il faut comprendre ce moment très compliqué
06:08 où t'as tout qui... c'est une espèce de nœud où y'a tout.
06:11 Où y'a à la fois le meilleur de ce que tu peux avoir
06:14 et le pire de ce qu'il peut avoir dans le football.
06:15 Et c'est pour ça que je crois que ça reste un sujet extrêmement vivace,
06:19 extrêmement un souvenir très vivace, aussi pour ça, pour les Marseillais,
06:22 parce qu'il y a une énergie qui est dépensée à aussi ne pas voir le mauvais côté.
06:26 - Alors, on va éclaircler l'Orient dans quelques instants, après Kévin.
06:29 - C'est pas une énergie de toute façon,
06:31 c'est quelque chose qui n'est pas audible pour un supporter de club,
06:35 et c'est pas que pour l'Olympique de Marseille,
06:36 je pense que si t'échanges avec un supporter de la Juve
06:39 au moment où y'a eu les soucis qui les ont fait se faire rétrograder,
06:42 ou avec un supporter de Porto ou de Benfica
06:44 quand y'a eu des soucis aussi autour de ces clubs-là,
06:47 mais forcément, les supporters ont vécu l'émotion à l'instant T,
06:52 et c'est comme le joueur, souvent on entend sur RMC ou ailleurs,
06:56 - C'est qu'il n'empêche pas d'être objectif quand même sur ce qui a fait ton club !
06:58 - Non mais Gilbert, quand le supporter ne sera jamais objectif,
07:05 tu verras que t'auras des supporters parisiens qui vont appeler,
07:08 ou des supporters lyonnais qui vont appeler pour dire "oui mais attention",
07:11 et des supporters marseillais qui vont dire "nous on a kiffé et on gardera ça",
07:14 et ça tu pourras faire autant de débats que tu veux, ça ne changera jamais.
07:17 Comme le joueur qui lui a laissé ses tripes sur le terrain,
07:21 à l'entraînement pendant 2-3 ans, pendant les 90 minutes du match,
07:25 jamais il ne pourra entendre que ses efforts sont remis en question
07:28 par quelconque jugement ou quelconque soupçon que ce soit.
07:32 Et ça, ça ne pourra jamais changer.
07:33 Mais juste j'ai quand même envie de parler d'un truc,
07:36 si on revient quand même au football,
07:37 parce que toutes ces affaires-là, c'est bien sûr important,
07:40 mais le football, quand tu vois les deux compositions d'équipe,
07:43 et moi qui n'avais pas regardé la feuille de match,
07:45 je ne sais pas, depuis plus de 10 ans,
07:47 je me rends compte, car je l'avais oublié,
07:49 qu'il n'y a que 3 étrangers par équipe.
07:51 - Savisevitch n'est pas sur la feuille de match,
07:54 parce qu'il n'y a que 3 étrangers, et il reste Milan.
07:56 - C'est quand même un autre football,
07:57 et de voir une équipe française gagner la Ligue des champions,
08:01 avec donc sur les 16 joueurs,
08:06 seulement 3 étrangers et 13 français, c'est incroyable.
08:09 Et en face, tu as 16 italiens et tu as 13 italiens,
08:12 tu te dis que c'est un football qui n'existe plus.
08:15 - 16 joueurs et 13 italiens ?
08:16 - Oui, 16 joueurs et 13 italiens.
08:19 Donc, 13 italiens et 16 joueurs,
08:21 et en plus le coach était italien aussi,
08:24 mais je veux dire, c'est complètement fou.
08:27 - Et puis il fallait voir l'équipe du Milan,
08:28 moi je me souviens, sur le match,
08:31 je me souviens de mon père qui me présentait les joueurs du Milan,
08:33 parce que du coup, tu es petit, tu ne connais pas,
08:35 et il me disait "lui, il est un peu plus fort qu'eux",
08:37 et puis je vois, et je me dis "mais pourquoi Papin, il ne joue pas ?"
08:40 - Parce qu'il est remplaçant.
08:42 - Il me dit "parce que tu vois, lui, c'est Marco van Basten,
08:44 il me dit "lui, il est un peu plus fort que Papin",
08:46 et je me suis dit "mais on n'a aucune chance".
08:47 Je veux dire, tu me présentais tous l'effectif,
08:50 ils sont tous meilleurs qu'eux, et quand tu vois,
08:52 cette équipe du Milan, elle est restée en Europe
08:55 sur combien de matchs sans défaite ?
08:56 C'est un truc...
08:57 - Oui, ils avaient été invaincus sur toute la campagne.
09:00 - Alors, un peu sur le parcours, parce qu'il faut reconnaître quand même
09:01 que ce n'est pas le parcours le plus ouf de l'histoire de la Ligue des Champions
09:03 qu'a fait l'OM cette année-là.
09:05 Premier tour, ils éliminent Glenn Thoran,
09:07 club d'Irlande du Nord, 8-0 sur les deux matchs.
09:10 Deuxième tour, l'OM élimine Dinamo-Bucharest,
09:15 0-0 à l'allée, 2-0 au retour.
09:19 Ensuite, tu arrives à la phase de poule.
09:20 À l'époque, tu as seulement deux poules de quatre,
09:23 et derrière, tu as une finale directe pour les premiers de chaque poule.
09:26 Et là, l'OM est dans la poule des Glasgow Rangers,
09:28 du CSKA Moscou et du FC Bruges, on va en reparler tout à l'heure.
09:32 Et l'OM arrive premier de sa poule avec trois victoires en trois matchs.
09:34 - Avec le Milan, tu as Guttborg...
09:37 - Non, pardon, sur trois victoires, 3-0, 0 défaite.
09:40 - Mais enfin, si tu regardes le parcours de Milan,
09:44 il joue contre Olympia et Ljubljana, Slovan, Bratislava,
09:48 et après, tu as Guttborg, Eindhoven et Porto.
09:50 Non mais ce n'est pas Manchester City, Chelsea et le Bayern Munich.
09:53 - C'est que des champions.
09:55 - Les champions en Angleterre, c'était Lille.
09:57 - Lille, souvent on parle du parcours de l'OM,
09:59 mais il faut regarder aussi le parcours de Milan.
10:01 - Lille qui est éliminée par Glasgow.
10:02 - Et Barcelone aussi tombe pareil sur un tour préliminaire,
10:05 je crois que Barcelone tombe rapidement,
10:07 et c'est pour ça qu'il doit être sous le CSKA.
10:09 - Lille est éliminée par le Glasgow Rangers.
10:11 - Exactement. Et puis l'OM arrive, la finale est évidemment derrière.
10:15 - C'est ça.
10:17 Merci à tous !
10:19 [SILENCE]