Abroger la réforme des retraites : "Le groupe LIOT n'est qu'un groupe tampon à l'Assemblée"

  • l’année dernière
"Je trouve ça très choquant. Si on commence à déposer des projets de loi pour supprimer des textes qui viennent d’être adoptés… On va aller loin. Le groupe LIOT n'est qu'un groupe tampon à l'Assemblée nationale", s’agace Julien Bargeton, sénateur RDPI-Renaissance de Paris, vice-président de la commission de la culture.

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00:00 Merci Julien Bargeton de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 Élu de Paris, membre du groupe RDPI, ce sont les sénateurs de la majorité présidentielle
00:08 et vous êtes vice-président de la commission des affaires de la culture.
00:10 On va parler de votre rapport sur la filière musicale française dans quelques instants
00:13 mais d'abord l'actualité c'est cette démission du maire de Saint-Brévin.
00:17 Hier, sa commune est le centre de tension suite à un projet de déplacement
00:20 de centre d'accueil de demandeurs d'asile.
00:23 Il avait reçu des menaces, son domicile personnel avait été incendié.
00:26 Il dénonce un manque de soutien de l'État. Est-ce que cet élu a été abandonné ?
00:30 D'abord il faut renvoyer la responsabilité à ceux de l'extrême droite
00:35 qui ont suscité ces attaques contre ce maire
00:41 et moi je voudrais l'assurer de ma solidarité comme l'a fait le chef de l'État
00:46 et comme l'a fait également la première ministre et l'ensemble de la classe politique
00:49 à l'exception notable de Marine Le Pen et de son groupe qui ne se sont pas levés
00:53 dans l'hémicycle pour le saluer, je pense que c'est une mauvaise réaction
00:57 et ça suscite quand même une interrogation.
01:01 – Laquelle ? Vous l'expliquez quand même.
01:02 – Non mais parce que derrière c'est l'extrême droite
01:04 qui ne veut pas qu'on puisse accueillir des demandeurs d'asile
01:08 alors que c'est notre humanité qui l'exige et que ça fait partie des règles de la République.
01:14 Donc ce n'est pas la République qui abandonne,
01:16 ce sont les ennemis de la République qui ont attaqué ce maire.
01:19 Il ne faut pas inverser les choses.
01:21 Le préfet a livré un certain nombre d'explications,
01:23 le maire va être reçu je crois au Sénat la semaine prochaine,
01:26 il pourra expliquer ce qu'il s'est produit, c'est effectivement extrêmement grave.
01:31 Le gouvernement propose de renforcer la protection des maires,
01:35 je note que nous avions voté une loi en 2019
01:38 qui renforçait la protection juridique des maires et puis leur possibilité d'agir,
01:43 la formation etc. sous l'impulsion de Sébastien Lecornu.
01:46 Donc il faut sans doute continuer dans ce sens.
01:48 – Est-ce qu'il faut aller plus loin ?
01:49 Parce qu'Elisabeth Borne dit qu'il faut mieux protéger les élus, encore.
01:51 Est-ce qu'il faut aller plus loin ? Est-ce qu'il faut d'autres mesures ?
01:53 – Oui, il faut sans doute d'autres mesures,
01:54 mais vous savez, il faut d'abord que nous retrouvions le sens commun,
01:58 c'est-à-dire ce qui fait le sel de la République, c'est la fraternité.
02:01 On ne va pas se dire qu'on peut accepter qu'en France,
02:05 des mouvements d'extrême droite, par la pression, par les menaces
02:08 et par le passage à l'acte, poussent à la démission des maires.
02:11 C'est d'abord ça qu'il faut dénoncer, c'est d'abord ça qu'il faut retrouver,
02:14 parce que sinon ça veut dire quoi ?
02:15 Ça veut dire qu'on met des patrouilles de gendarmes
02:17 devant tous les maires qui sont susceptibles d'être attaqués.
02:20 Je crois que nous avons besoin de retrouver d'abord la fermeté,
02:24 l'autorité de la République, et donc c'est bien que tous les élus se rassemblent.
02:27 Ensuite, s'il y a des mesures supplémentaires pour pouvoir protéger les maires
02:31 lorsqu'ils ont des décisions difficiles à accompagner, il faut sans doute le faire.
02:35 – Mais pourquoi ça n'a pas été fait avec ce maire ?
02:36 Il alerte, il alertait pendant des semaines sur le fait qu'il était victime de menaces.
02:40 Son domicile a été incendié il y a plusieurs semaines.
02:42 Pourquoi il n'a pas été mieux protégé ?
02:44 Est-ce qu'il n'a pas raison de dénoncer un abandon de l'État ?
02:46 – Je pense qu'il y a effectivement… la situation est extrêmement choquante.
02:52 Le préfet a expliqué qu'un certain nombre de mesures avaient quand même été prises,
02:56 donc l'alerte avait été entendue, les appels avaient été reçus.
03:00 On constate que malheureusement, ça n'a pas permis d'empêcher ce passage à l'acte,
03:04 mais la responsabilité de ce passage à l'acte, ce n'est pas celle de l'État,
03:07 ce n'est pas celle du président de la République, ou que ce soit.
03:09 Ce sont ces factieux d'extrême droite qui sont dangereux pour la République.
03:13 – On va continuer à parler de ce sujet, c'est aussi l'actualité dans nos régions
03:16 avec nos partenaires de la presse régionale.
03:17 On va à Limoges où on retrouve Anne-Sophie Pédégère.
03:20 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nos rédactrices en chef adjointe au Populaire du Centre.
03:25 Et avec vous, Anne-Sophie, justement, on revient sur cette démission d'élus.
03:29 – Oui, bonjour Auriane, bonjour Monsieur le Sénateur.
03:33 Cette démission d'élus, effectivement, elle est marquante et tout le monde en parle,
03:38 mais sur nos territoires ruraux, en Haute-Vienne, en Corrèze ou en Creuse,
03:44 c'est quelque chose qui est presque quotidien.
03:48 Nos confrères de la montagne en Creuse ont fait état de 14 démissions
03:54 depuis deux ans de maires sur le territoire.
03:58 C'est très inquiétant pour nous, ça montre, vous parliez tout à l'heure de l'extrême droite,
04:04 mais c'est pas le seul problème sur nos territoires.
04:07 C'est aussi une incompatibilité entre le travail de maire,
04:10 puisque c'est un travail à plein temps avec des charges qui sont très lourdes,
04:14 et parfois la vie professionnelle et personnelle à côté,
04:17 puisque la plupart des maires de nos campagnes travaillent à côté,
04:21 et ils ont extrêmement, ils ont beaucoup de mal à faire le joint.
04:24 Est-ce qu'il ne faudrait pas là aussi, peut-être mieux les former,
04:27 mieux les accompagner, vous en parliez tout à l'heure,
04:30 et être peut-être plus proche d'eux sur le terrain ?
04:34 – C'est une très bonne question.
04:35 Alors la loi Engagement pour la République avait permis d'améliorer
04:39 une partie de la situation, notamment sur les gardes d'enfants,
04:41 sur la formation vis-à-vis des élus, sur la capacité aussi à trouver un travail.
04:45 Ça a aussi permis d'accroître les indemnités pour les élus
04:48 uniquement dans les petites communes, enfin le seuil avait été un peu monté
04:51 par le Sénat, mais ce n'était pas les indemnités dans les métropoles
04:54 ou dans les grandes villes, donc il y avait un certain nombre
04:57 déjà de décisions, d'actions qui ont été prises.
04:59 Je constate qu'il y a effectivement des démissions d'élus,
05:03 parce que nous vivons dans un monde où il y a une complexité administrative
05:05 extrêmement dure, un empilement parfois des normes,
05:09 une charge très lourde, une attente aussi de la société qui a changé,
05:15 les réseaux sociaux, tout ça a bouleversé profondément le rôle des élus.
05:19 Donc sans doute faut-il faire le point, le constat sur le nombre de démissions,
05:24 leur accroissement, la façon de lutter, comment mieux accompagner les élus.
05:27 Il y a notamment des textes qui peuvent être pris sur les secrétaires de mairie
05:31 par exemple, parce qu'on sait très bien que les élus dans les petites communes
05:35 ont besoin de moyens, donc en effet il faut faire le bilan
05:37 de cette loi de 2019, trois ans après, et puis voir comment la compléter
05:42 et l'améliorer parce que les maires sont les piliers de la République,
05:46 parce que la République elle s'exprime d'abord dans les mairies,
05:50 c'est la maison commune du peuple.
05:52 Quand on est un citoyen français et qu'on s'adresse, qu'on veut voir
05:55 en quelque sorte les personnes qui représentent la République,
05:58 c'est le maire, c'est là où on fait ses démarches,
06:00 c'est là où on peut poser des questions sur sa vie quotidienne, etc.
06:03 Donc en effet, faisons le point sur ce qui a fonctionné dans la loi de 2019
06:07 et ce qu'il faut encore compléter parce qu'il y a une difficulté
06:10 de l'engagement, mais ça touche aussi peut-être l'ensemble de la société,
06:14 il y a le sujet des maires, il y a le sujet aussi de l'engagement associatif,
06:17 de l'engagement militant, de l'engagement syndical.
06:20 Nous vivons dans un monde où cet engagement est plus compliqué,
06:23 ça nécessiterait que finalement tous les représentants,
06:27 qu'ils soient syndicaux, politiques ou autres, puissent s'interroger
06:30 sur le sens de l'engagement aujourd'hui dans une société plus complexe
06:34 et plus dure, et la façon d'améliorer leur situation.
06:37 Anne-Sophie ?
06:39 Et lorsque ça dérape comme un brevin, il est sans doute aussi nécessaire
06:44 d'aller plus loin, parce que vous le disiez tout à l'heure,
06:46 il y a eu une audition il y a deux ans des sénateurs,
06:49 mais aujourd'hui il n'y a que 21% des plaintes qui aboutissent à une condamnation,
06:55 il faut là aussi sans doute aller plus loin.
06:57 Oui, ça faisait partie effectivement, tout le sujet de la protection fonctionnelle
07:01 et juridique faisait partie de la loi que portait Sébastien Lecornu en 2019,
07:06 et effectivement ça fait partie du bilan qu'il faut en faire,
07:10 et voir s'il faut davantage renforcer les sanctions qui avaient déjà été renforcées,
07:15 vous vous souvenez, suite au décès de ce maire dans le Var,
07:18 parce qu'il s'était opposé à une décharge sauvage,
07:20 et donc on avait déjà renforcé les sanctions lorsque on s'en prenait
07:24 à un élu de la République.
07:26 Il faut voir comment les peines ont été appliquées,
07:28 combien de plaintes ont été déposées,
07:29 et s'il faut davantage encore les sanctionner
07:32 par rapport déjà à ces trois creusements qui avaient eu lieu,
07:34 pourquoi pas, ce sera l'objet je pense d'un débat notamment au Sénat,
07:38 qui est la chambre qui représente les collectivités.
07:40 Anne-Sophie, un mot de votre dossier, comme tous les vendredis, dossier sur les mobilités ?
07:45 Oui, voilà, dans le populaire du centre, nous avons choisi depuis quelques semaines
07:51 de nous pencher sur la mobilité, nos territoires creuses, corrèzes, hautes-viennes
07:58 sont mal desservis, que ce soit par le train, par l'avion, par la route,
08:03 c'est extrêmement compliqué pour les gens de se déplacer.
08:06 Donc on a choisi avec nos deux journalistes, Guillaume Bellavoine et Jean-Louis Mercier,
08:12 de s'attaquer à trouver sur le terrain des…
08:16 alors pas que des choses qui ne marchent pas justement,
08:18 on va essayer de proposer des solutions toutes ces prochaines semaines
08:22 sur des solutions de mobilité.
08:25 Alors aujourd'hui, ce vendredi, nous proposons, nous faisons un zoom sur un garage solidaire
08:31 qui est à Limoges, qui a ouvert il y a un an,
08:33 et qui propose aux chômeurs et aux gens en recherche d'emploi
08:40 de pouvoir venir réparer leur voiture à moindre coût,
08:44 et même quand ils n'en ont pas, de pouvoir venir les réparer,
08:48 ou louer des scooters ou des voitures pour pouvoir accéder à l'emploi,
08:53 que ce soit à l'emploi ou à la formation.
08:55 Voilà des exemples comme celui-ci, on en a plein,
08:58 que ce soit sur…
09:02 on va essayer de traiter les démarches environnementales, les mobilités douces,
09:06 des solutions pour que tout le monde puisse voir sur un territoire
09:10 comment il peut se déplacer en dehors de ce qui existe.
09:12 – Et c'est à lire dans le populaire du centre.
09:14 Merci beaucoup, merci Anne-Sophie d'avoir été avec nous,
09:17 vous réparer à petit prix, c'est à la une de votre journal aujourd'hui.
09:21 Merci d'avoir été avec nous, on va continuer sur le reste de l'actualité.
09:25 Julien Barjoton, Emmanuel Macron qui a donc présenté ses grandes lignes
09:28 de la stratégie réindustrialisation hier,
09:30 et notamment son projet pour l'industrie verte,
09:33 avec une phrase qui a fait réagir, y compris dans votre camp,
09:36 Emmanuel Macron qui demande une pause
09:38 dans la réglementation environnementale européenne,
09:41 il dit qu'il y a déjà assez de normes et qu'il faut faire attention
09:44 sur la concurrence par rapport à l'Union Européenne.
09:47 Est-ce que vous approuvez cette phrase, cette pause ?
09:49 – Si le président de la République présente un plan pour l'industrie verte
09:54 avec un projet de loi qui arrive d'abord au Sénat,
09:56 c'est bien pour aller plus loin sur la transition écologique de notre industrie.
10:00 C'est un plan extrêmement important qu'il a proposé,
10:03 notamment il y aura un crédit d'impôt industrie verte pour faire levier
10:07 et pour avoir plus de projets industriels
10:10 qui soient favorables à la transition écologique,
10:12 également sur les territoires d'industrie,
10:14 ou encore sur un certain nombre de mesures de subvention qu'il a annoncées.
10:18 Ce qu'il veut dire c'est que la concurrence au niveau mondial,
10:22 elle doit être aussi loyale et sincère.
10:24 Donc il ne faut pas faire preuve de naïveté,
10:26 il faut d'abord appliquer les textes qui existent
10:29 et surtout aller, exactement ce qu'il a dit,
10:31 aller plus loin dans le financement,
10:33 c'est-à-dire à la fois par les impôts, en les baissant, et par les subventions.
10:38 Et d'ailleurs parfois, je note qu'ici au Sénat,
10:41 on a des débats sur la complexité des normes,
10:44 notamment environnementales, mais pas seulement.
10:46 Donc il ne s'agit pas d'empiler les normes,
10:48 il s'agit d'être efficace et de rattraper les États-Unis
10:51 et de ne pas se laisser avoir par la Chine sur ces sujets,
10:53 c'est tout simplement le bon sens.
10:55 – Le chef de l'État qui va continuer à parler de réindustrialisation,
10:57 il sera à Dunkerque aujourd'hui,
10:58 on voit bien qu'il y a une volonté de sa part d'avancer dans le quinquennat
11:02 et de tourner la page des retraites,
11:03 sauf qu'il y a une nouvelle échéance, c'est le 8 juin,
11:05 l'Assemblée nationale qui va examiner la proposition de Lalliot
11:08 pour abroger la réforme.
11:09 Vous êtes inquiet de son adoption ?
11:11 – Je trouve ça très choquant.
11:13 D'abord, c'est un détournement de procédure.
11:15 Si on commence à déposer des propositions de loi
11:18 pour supprimer des projets de loi qui viennent d'être adoptés,
11:20 je veux dire, on peut aller loin comme ça, on va s'amuser.
11:23 Franchement, ça n'est pas à la hauteur,
11:25 ça n'est pas le rôle d'une proposition de loi
11:27 que de venir abroger un texte immédiatement adopté.
11:31 Deuxièmement, surtout qu'il a été promulgué il y a un mois maintenant.
11:34 Deuxièmement, personne n'a voté Lalliot.
11:37 Le groupe Lalliot, c'est un groupe tampon
11:39 qui finalement s'arroche le droit de faire la pluie et le beau temps,
11:43 alors que les Français, ils avaient le choix entre la NUPES,
11:47 la majorité présidentielle, les LR, etc.
11:49 Il se trouve que des députés éparpillés se retrouvent dans un groupe
11:52 et on fait quoi ? Comme sous la 4e République ?
11:54 Un groupe tampon qui peut faire changer les majorités.
11:57 Ce n'est pas ça la démocratie.
11:58 – Sauf que si le texte passe, c'est bien qu'il y aura d'autres députés,
12:01 la NUPE, le RN, les LR qui l'auront voté.
12:02 – D'accord, mais ce n'est pas ça la démocratie.
12:05 Sinon, c'est un plaidoyer contre la proportionnelle
12:07 ou contre la démocratie, ce genre de choses.
12:09 Ce n'est pas un groupe…
12:10 On se retrouve comme dans des pays où des minuscules groupes
12:13 font chuter les gouvernements, etc.
12:16 Les Français, ils veulent des choix,
12:17 un exécutif qui les porte et qui les applique.
12:20 Voilà, donc on peut continuer…
12:22 Je comprends qu'il y ait des gens qui ne soient pas d'accord,
12:24 mais moi, je trouve cette proposition extrêmement choquante.
12:27 Elle n'est pas dans les traditions et les règles d'un débat sincère, apaisé.
12:32 Vous voyez, ça fait partie de ce genre de choses qui hystérisent le débat.
12:35 – Il y a des règles particulières pour une niche parlementaire.
12:37 À minuit, quel que soit l'état du texte, la discussion s'arrête.
12:40 Est-ce que la majorité présidentielle va faire durer les débats
12:42 pour que le vote n'ait pas lieu ?
12:43 – Alors, moi, je ne vais pas me prononcer sur le choix du groupe.
12:46 Je suis au Sénat, je ne vais pas me prononcer sur le choix des groupes
12:49 de la majorité à l'Assemblée nationale.
12:51 – Mais c'est une autre chose.
12:52 – On n'aimerait pas l'inverse.
12:54 Moi, je pense qu'on n'est pas toujours obligé d'être naïf, ils le font.
12:58 Alors, en même temps, on ne se prévaut pas des turpitudes des autres.
13:01 Il faut aussi être parfois responsable pour d'autres.
13:03 Voilà, moi, vraiment, je regrette qu'un groupe qui n'existait pas
13:06 au moment du débat démocratique des législatives
13:09 et qui n'est juste un groupe tampon,
13:11 essaye comme ça de mettre une pression invraisemblable sur un texte
13:14 dont nous savons qu'il est contesté, mais qui a été adopté,
13:17 et notamment au Sénat, et qui est désormais promulgué.
13:20 – On va parler de la filière musicale française et de son financement.
13:23 Vous avez remis un rapport à ce sujet.
13:25 On va en voir les détails avec notre journaliste parlementaire,
13:27 Quentin Calmet.
13:29 [Générique]
13:36 Bonjour Quentin.
13:36 – Bonjour Orianne, bonjour Julien Barjeton.
13:38 – Bonjour.
13:39 – Et Quentin, ce rapport a donc été remis au mois d'avril.
13:42 La ministre de la Culture, il plaide en faveur d'une stratégie offensive
13:45 à porter pour la filière musicale française.
13:47 – Exactement, l'idée avancée aussi par le chef de l'État,
13:51 et rappelée dans votre rapport, Julien Barjeton,
13:53 c'est de placer la France en tête de la production des contenus culturels et créatifs.
14:00 C'est l'objectif d'ailleurs qu'avait formulé Emmanuel Macron
14:03 lors de la présentation "Souvenez-vous de son plan pour la France en 2030".
14:08 C'était un plan annoncé en octobre 2021.
14:11 Dans votre rapport, Julien Barjeton, vous fixez trois lignes d'action
14:15 pour arriver à faire de la France ce fleuron de la culture dans le monde.
14:19 Déjà, l'export et le développement international des créations françaises,
14:22 l'innovation, le numérique et la structuration du tissu économique français
14:27 pour garantir que les centres de décision restent en France
14:30 et par là, assurer notre souveraineté culturelle.
14:33 Vous dites que le nouveau Centre national de la musique, créé en 2019,
14:37 est le bon acteur pour mettre en place cette stratégie.
14:40 Et vous plaidez, dans votre rapport, c'est un peu la mesure que tout le monde a retenue,
14:44 en faveur d'une nouvelle contribution sur le streaming.
14:48 Le streaming, pour ceux qui ne sont pas à la page,
14:50 c'est cette musique en flux sur Internet portée par des plateformes
14:54 comme le français Deezer ou encore le suédois Spotify,
14:58 car c'est le secteur le plus porteur, vous le dites, de la création.
15:02 61% des revenus en 2021, également celui qui est le plus en hausse dans ses revenus.
15:08 Et donc, vous parlez de créer une taxe de 1,75% sur les revenus du streaming musical.
15:14 Alors, cette proposition, elle divise, M. Barjeton.
15:17 On l'a lu dans le journal Le Monde.
15:19 On voit que les plateformes, bien sûr, et certains producteurs de musique
15:24 se disent déçus de votre proposition.
15:26 Et en plus, votre proposition, elle ignorerait les gars femmes, ces géants du numérique,
15:30 ou aussi des réseaux sociaux qui sont en forte progression,
15:34 comme TikTok, c'est ce que raconte le journal, je vous vois faire nom de la tête.
15:37 - Eh, vous allez réagir ! - Vous allez réagir.
15:40 Dites-nous déjà un peu, quelle était votre idée avec votre rapport.
15:43 Est-ce que c'est bien résumé ?
15:44 - C'est très bien résumé. Je vous remercie de l'avoir présenté ainsi,
15:46 parce que c'est vraiment l'esprit.
15:47 On s'est rendu compte que la musique avait besoin d'une stratégie,
15:52 comme l'avait d'ailleurs dit le président de la République pour les industries culturelles.
15:54 Comme il y a un centre national du livre et il y a un centre national du cinéma,
15:59 - Il y en a un très récent.
16:00 - Et le centre national de la musique, lui, est très récent.
16:03 Fin 2019, début 2020.
16:05 - Alors que les autres datent des années 40.
16:06 - Et précèdent le ministère de la Culture.
16:08 Donc, la musique a besoin d'une stratégie vers l'export, puisque nous perdons des places.
16:13 Ça progresse, mais nous perdons des places.
16:15 Nous sommes désormais en sixième, peut-être bientôt rattrapée par la Corée du Sud,
16:18 qui est très offensive avec la K-pop.
16:20 Le choc du numérique qui bouleverse cette économie,
16:23 notamment avec l'intelligence artificielle pour créer des musiques de films, par exemple,
16:27 mais aussi bien sûr la blockchain ou les NFT.
16:30 Et puis également l'écosystème, vous l'avez rappelé,
16:32 le fait qu'il faut avoir des majors, mais aussi des gros indépendants et des petites entreprises.
16:37 Et donc l'idée, c'est vraiment d'impulser une stratégie volontariste en faveur de la musique.
16:41 La contribution, elle vient permettre de financer cette stratégie
16:45 et elle s'applique évidemment aux plateformes gratuites.
16:48 Vous dites que ça divise. Il y a une très large adhésion.
16:52 - En l'occurrence, c'est pas moi qui le dis, c'est nous qui l'allemande.
16:54 - Il y a une très large adhésion.
16:55 Il y a 14 organisations professionnelles qui ont signé une motion
17:00 pour dire qu'ils soutenaient le rapport et ses conclusions.
17:02 C'est inédit, c'est inouï.
17:03 C'est la première fois que tous les acteurs du spectacle vivant,
17:06 les indépendants, les producteurs indépendants sont ensemble pour signer un texte.
17:10 En effet, les majors s'y opposent, mais en réalité, c'est seulement les majors.
17:15 Et je note que leur siège n'est pas en France.
17:19 C'est une spécificité de la musique.
17:22 C'est que contrairement aux livres et aux disques,
17:25 les trois principales majors n'ont pas de centre de décision en France.
17:29 Et par ailleurs, elles surestiment ce que serait une contribution égalitaire à 1,75.
17:34 Je rappelle que Netflix, enfin pardon, les plateformes audiovisuelles ont une taxe de 5,15%
17:40 et que ça n'a rien changé.
17:42 Ça n'a pas eu d'impact sur les prix, etc.
17:44 Et ça n'a pas empêché la création française, au contraire.
17:46 - Alors qu'est-ce que vous répondez à ces plateformes qui disent
17:49 qu'il faudrait davantage taxer les gars femmes, ces géants du numérique,
17:52 et que c'est eux qui devraient être la priorité dans ces taxes ?
17:55 - Ils sont, puisque dans la contribution que je propose,
17:58 il y a bien sûr également les plateformes gratuites.
18:02 Et donc ce serait à peu près à part égale d'ailleurs la contribution du gratuit
18:05 et la contribution du payant.
18:07 Bien sûr, ce que je dis c'est que ça représenterait 15 centimes par abonnement.
18:12 Franchement, c'est absorbable.
18:13 Il n'y a eu aucune conséquence lorsque nous avons mis en place
18:16 cette contribution pour les plateformes audiovisuelles.
18:19 Et lorsque nous l'avons augmenté en 2020 à 5,15%,
18:24 et que les décisions de prix, etc.
18:26 sont prises au niveau international, européen, sur d'autres raisons.
18:29 Ça permet de financer, ça leur rapporterait.
18:31 C'est ça que je leur réponds.
18:32 Je leur réponds "mais engagez-vous dans une démarche
18:34 qui va permettre d'exporter vos artistes,
18:36 qui va permettre aussi de financer une politique publique,
18:39 qui vous profite."
18:41 Parce qu'au fond, c'est ce qui se passe dans le cinéma,
18:43 c'est-à-dire la valle finance la mont,
18:46 et tous les canaux participent à la création.
18:49 - Ce qu'on comprend dans votre propos, et j'espère que je suis correct,
18:52 mais ce qu'il faut faire, c'est muscler l'action de ce centre national de la musique,
18:57 et ça passe par un financement propre.
18:59 C'est un peu ça la clé de voûte pour améliorer la situation
19:03 de la création musicale en France, c'est bien ça ?
19:04 - Oui, c'est ça, ça a démontré sa robustesse pour le centre national du cinéma.
19:09 C'est-à-dire qu'on fait contribuer les catalogues amortis
19:14 pour financer la création de demain.
19:16 Donc ça permettra de créer, de financer les rappeurs de demain,
19:20 mais la musique classique aussi de demain,
19:22 les nouveaux ensembles baroques français par exemple, qui marchent très bien,
19:24 mais qu'on peut davantage aider avec, effectivement,
19:28 l'idée que tout le monde contribue à part égale,
19:30 et sur un montant qui est vraiment minime.
19:32 - Dernière question.
19:32 - Oui, quelle est la réception de la ministre de votre opposition ?
19:35 Est-ce qu'on peut s'attendre par exemple, dans la prochaine loi de finances
19:38 qui arrivera à l'automne, cette taxe mise en place
19:40 dans les cartons du gouvernement, c'est possible ?
19:42 - Mais moi je souhaite...
19:43 - Qu'est-ce qu'elle vous a dit la ministre de la Culture ?
19:44 - Moi je souhaite, elle a reçu le rapport, elle écoute tous les partenaires,
19:49 moi je souhaite que ça puisse participer au débat sur les PLF,
19:52 il est là pour ça ce rapport.
19:53 On a besoin d'une stratégie nouvelle, d'un outil qui existe et qui pourrait l'apporter,
20:00 et puis d'un financement qui serait équitable et qui finalement permettrait
20:05 aux centaines de millions de la musique de marcher sur deux pieds,
20:07 la musique enregistrée, le spectacle vivant, et d'aider les deux.
20:10 Et je pense que c'est un cercle très vertueux qui permet,
20:14 et aujourd'hui en France on progresse, mais on a encore des marges de progression.
20:18 Donc on pourra tout à fait amortir ça,
20:20 et construire une politique ambitieuse pour nos industries culturelles.
20:25 - Merci Quentin, à tout à l'heure.
20:27 - Merci Auriane, oui, on va reparler bien sûr du sujet chaud du moment ensemble dans le Club Auriane.
20:33 - Et on va parler de la démission du maire de Saint-Brévent.
20:36 - Exactement.
20:37 - Avec vous, on va parler immigration aussi.
20:38 - Exactement, le projet de loi tant attendu.
20:40 - Ce sera à suivre dans le Club, tout à l'heure Quentin.
20:43 - A tout à l'heure.
20:43 - On va terminer en parlant de politique et des sénatoriales,
20:46 c'est en septembre que les sénatoriales ont lieu, le 24 septembre.
20:50 Est-ce que vous êtes candidat à votre succession, Julien Bargeton ?
20:53 - Renaissance a investi les sortants qui souhaitaient repartir.
20:57 C'est mon cas, je suis sortant, j'ai fait un seul mandat,
21:01 et donc Renaissance a réinvesti les sortants.
21:05 Il y a bien sûr des discussions dans la majorité présidentielle au niveau national,
21:10 et j'ai vocation à être le candidat de la majorité présidentielle,
21:15 parce que l'unité c'est notre talisman, on y tient comme à la prunelle de nos yeux.
21:19 L'unité c'est le gage de l'efficacité.
21:22 Si la majorité présidentielle part unie,
21:26 elle pourra espérer avoir quelques gains au sénatorial,
21:30 je crois que c'est dans l'intérêt de tout le monde.
21:32 - On va parler du national, mais juste un mot sur Paris,
21:35 la majorité présidentielle est affaiblie à Paris,
21:37 est-ce que vous pensez être en mesure de garder votre siège ?
21:39 - Vous savez, une élection n'est jamais ni perdue, ni gagnée d'avance.
21:43 Il faut y aller en dynamique et avec un esprit collectif,
21:47 c'est-à-dire rassembler au maximum les personnes qui se retrouvent
21:52 dans l'action du président de la République et du gouvernement,
21:55 et qui ont une voix à porter particulière de Paris.
21:58 - Mais rassembler avec qui ?
21:59 - Parce que Paris c'est la culture, sur une écologie sérieuse et raisonnée,
22:03 et sur le numérique, les innovations numériques,
22:06 mais également sur la transformation des services publics.
22:07 Voilà les thèmes que je veux porter,
22:09 et qui parlent aux Parisiens parce qu'il faut se nourrir de la société parisienne.
22:12 - Rassembler avec qui ?
22:13 Avec Agir, avec le Modem qui est plutôt avec les Républicains,
22:17 à Paris, avec qui vous allez rassembler ?
22:19 - Il faut rassembler la majorité présidentielle,
22:21 et cette majorité présidentielle, elle se retrouve évidemment pour être en conquête.
22:27 - Et qui est-ce que vous dites au Modem, par exemple ?
22:30 Qui est dans la majorité présidentielle au niveau national ?
22:32 - Mais la dernière fois c'était le cas, la numéro 2 sur la liste était Modem.
22:37 Pourquoi est-ce que ce qui a été possible en 2017 ne serait pas cette fois en 2023 ?
22:42 Je ne le crois pas, je pense que cet esprit collectif
22:44 qui doit présider à notre avenir commun à Paris,
22:48 l'emportera pour l'organisation, la préparation de ces sénatoriales en 2023, j'ai bon espoir.
22:54 Et ensuite, il faut faire campagne parce que, vous l'avez dit,
22:57 ça n'est ni gagné ni perdu d'avance,
22:59 mais en tout cas on peut l'inscrire dans une vision de conquête pour Paris,
23:04 parce que derrière il y a notamment les Européennes,
23:06 et on doit faire un très gros score aux Européennes à Paris.
23:09 - Et sur le plan national, vous souhaitez une union d'horizon du Modem, de Renaissance ?
23:14 - Bien sûr.
23:15 - Comme ça a été le cas au législatif.
23:16 - Bien sûr.
23:16 - Est-ce que là, pour le coup, Horizon est en position de force
23:19 dans les négociations disposant de plusieurs élus locaux ?
23:22 - Non mais la division et la dispersion sont les garanties de perdre des sièges.
23:30 Personne n'y a intérêt.
23:32 S'il n'y a ni division ni dispersion, mais au contraire une unité dans la dynamique...
23:36 - Mais il va falloir donner des gages à Edouard Philippe.
23:38 - Mais ce n'est pas une question de gage à Edouard Philippe,
23:41 c'est une question d'être efficace le plus nombre possible au Sénat
23:47 pour soutenir le Président de la République, son gouvernement,
23:50 et pour se retrouver dans ce pôle central.
23:52 C'est ça qui est important.
23:54 Et donc il s'agit tout simplement de choisir les meilleurs candidats en fonction des territoires,
23:59 mais y compris, tout le monde peut avoir des espoirs de gain,
24:03 que ce soit Horizon, le Modem, Renaissance, si nous sommes unis.
24:07 Je pense que cet esprit de responsabilité qui nous a caractérisés jusque-là,
24:12 eh bien l'emportera pour pouvoir être en conquête.
24:15 - Mais ça veut dire aussi un groupe unique à partir d'Oxford,
24:17 parce que là il y a un groupe Renaissance auquel vous appartenez,
24:20 les sénateurs Horizon sont dans un autre groupe,
24:21 est-ce qu'il faut un groupe unique de la majorité présidentielle ?
24:23 - Ça, ça se décide après.
24:24 Ce sont les sénateurs élus qui choisiront s'ils préfèrent faire un groupe, etc.
24:27 Il ne faut pas décider, moi je ne suis pas pour la verticalité comme ça.
24:31 Si les sénateurs qui sont élus dans cet esprit collectif
24:35 décident que c'est plus efficace d'avoir plusieurs groupes,
24:37 il y aura plusieurs groupes, et si c'est un groupe uni, il y aura un groupe uni.
24:39 Mais ça, ça viendra après.
24:40 Ce qu'il faut d'abord, c'est réussir ces sénatoriales ensemble.
24:44 - Et on suivra bien évidemment cette campagne dans cette émission.
24:47 Merci Julien Bargeton d'être venu nous voir pendant cette première demi-heure,
24:50 dans 20 minutes dans le club.
24:51 On va donc reparler évidemment de la démission du maire de Saint-Brévin
24:54 après des menaces et l'incendie de son domicile personnel.
24:57 Nos élus sont-ils suffisamment protégés ?
24:58 On se posera la question.
25:00 Mais d'abord, on va accueillir notre prochain invité,
25:01 c'est le général Benoît Puga qui nous rejoint.
25:04 Merci Julien Bargeton.

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