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  • 24/04/2023
Avec l’inflation, la SPA s'inquiète d'une augmentation du nombre d'abandons d'animaux

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00:00 On s'arrête un instant sur cette information qui est tombée ce week-end,
00:03 cet appel au secours de la SPA.
00:05 La SPA qui est une nouvelle victime en fait de hausses de prix.
00:09 Figurez-vous que les abandons des animaux ont augmenté de 15% au premier trimestre 2023.
00:15 Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que beaucoup de gens n'ont plus les moyens d'acheter à manger à leur animal de compagnie.
00:21 Il faut dire que les prix des croquettes ont par exemple augmenté de 17%.
00:26 Les prix de la litière également.
00:28 Et pour beaucoup, il est aujourd'hui impossible d'entretenir ces animaux.
00:31 Résultat, les refuges SPA sont déjà pleins alors qu'on est seulement en avril.
00:36 Vous savez que normalement c'est l'été qu'ils sont pleins.
00:38 Et on s'attend peut-être à une situation catastrophique si les choses ne bougent pas.
00:42 On est en direct avec Guillaume Sanchez, directeur général de la SPA.
00:45 Bonjour. Merci beaucoup d'être en direct avec nous.
00:48 C'est une situation jamais vue en avril.
00:53 Non, vous avez tout à fait raison. On n'a jamais atteint de tel record de présence au sein de la SPA à cette date de l'année.
01:00 On a plus de 6000 animaux présents dans nos refuges, là où l'année dernière on tournait plutôt autour de 5000.
01:07 Et ça concerne absolument tous les refuges de France, y compris ceux qui ne sont pas attachés à la SPA.
01:12 On a à la fois énormément de prises en charge supplémentaires, vous l'indiquiez, plus de 15%.
01:17 Et malheureusement, pas beaucoup plus d'adoptants de l'autre côté.
01:20 Donc on est extrêmement inquiet. Inquiet du contexte social, inquiet du contexte économique,
01:26 et finalement inquiet pour les Français et leurs animaux.
01:29 Mais que vous disent les gens, parce que certains viennent abandonner, je suppose, leur animal à la SPA ?
01:35 Ils vous disent "c'est à contre-cœur, on n'a pas le choix, ça devient trop cher aujourd'hui la vie,
01:39 et ça devient trop cher d'entretenir un animal".
01:42 Alors on va avoir ce type de retour, notamment, j'étais moi-même en dispensaire.
01:47 Donc vous savez, on soigne à la SPA des animaux gratuitement pour les personnes qui n'en ont pas les moyens.
01:52 J'étais en dispensaire la semaine dernière, et donc on parlait d'un propriétaire dont le chat s'est fracturé la colonne vertébrale.
01:57 Il y a une opération, le coût c'est 1400 euros, la personne n'a pas les moyens.
02:02 Et dans ces cas-là, faute de moyens, en pensant que ça sera le meilleur pour l'animal,
02:06 on va préférer abandonner l'animal pour qu'on puisse y trouver une solution.
02:11 On a également toutes les ruptures familiales, les divorces, la perte d'un emploi.
02:16 Le fait de devoir déménager et de s'éloigner pour des questions économiques parce que l'essence coûte trop cher,
02:22 peut amener des changements de vie.
02:23 Et donc dans ces cas-là, les gens se tournent vers nous pour prendre en charge leur chat, leur chien malheureusement.
02:29 Et donc c'est une des raisons quant au fait qu'on ait plus de 15% de prise en charge.
02:33 Mais Guillaume Sanchez, je suppose que si les croquettes et l'entretien d'un animal augmentent pour les particuliers,
02:38 ça augmente aussi pour vous.
02:39 Donc pour vous aussi, ça doit être encore plus compliqué, parce qu'il faut les nourrir ces animaux,
02:43 il faut les soigner également, donc il y a des vétérinaires qui font tout ça.
02:46 Donc non seulement vos refuges sont archi-pleins, mais en plus ça doit encore vous coûter plus cher.
02:52 Mais vous avez parfaitement raison, c'est-à-dire qu'en fait nous on est pris dans un effet ciseau,
02:56 en pleine tenaille, à la fois avec plus d'animaux qui arrivent pour des questions de moyens financiers,
03:00 et nous de notre côté tous les jours il faut nourrir les animaux, il faut les soigner.
03:04 Et il y a aussi du personnel compétent qu'il faut recruter, embaucher et payer.
03:08 Et nécessairement, ça ne suit pas.
03:11 C'est-à-dire qu'à tel point qu'on a été obligés, nous aussi victimes de l'inflation,
03:15 d'augmenter la participation qu'on demande aux adoptants,
03:17 parce que, tout simplement pour essayer de s'ajuster un petit peu,
03:21 et on a cette chance-là d'avoir des donateurs qui nous font confiance collectivement,
03:25 mais on espère aussi une prise de conscience de tous les Français,
03:29 tous ceux qui notamment sont propriétaires des 60 millions d'animaux en France,
03:33 et on espère pouvoir compter sur eux pour pouvoir passer ce moment qui est vraiment un moment difficile.
03:38 Et pour autant, vous savez, sur nos croquettes, on a décidé de développer notre propre marque de croquettes
03:44 qu'on ne donne qu'à nos animaux de refuge, donc c'est une marque blanche,
03:47 on ne paye pas de marketing, on ne paye rien à côté,
03:49 et rien que nos propres croquettes pour des questions d'énergie, de céréales, de prix de coups,
03:55 on est à plus 17% d'augmentation, ce qui est tout simplement énorme.
03:59 Juste pour donner un chiffre, un animal nous coûtait à la SPA en 2019 650 euros,
04:05 en 2023 on en est à 950 euros. C'est énorme.
04:10 C'est énorme. Merci beaucoup Guillaume Sanchez, et puis il y aura une opération porte ouverte
04:14 les 13 et 14 mai prochains à la SPA avec vos 63 refuges et maisons à SPA
04:18 qui vont ouvrir un temps fort pour favoriser l'adoption.
04:21 On a compris à quel point c'est important avec l'été qui s'annonce.
04:24 Merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous Jonas Haddad.
04:27 C'est incroyable parce qu'en fait c'est vrai que je n'avais pas imaginé ça,
04:30 je n'avais pas imaginé que la difficulté des ménages puisse contraindre certains
04:34 à abandonner leur animal domestique parce qu'ils n'ont plus les moyens de l'entretenir,
04:38 ils n'ont plus les moyens de payer le vétérinaire, l'exemple qui était donné,
04:41 celui d'une opération, et c'est clair, les gens aujourd'hui ne peuvent pas pour beaucoup
04:45 se permettre d'opérer 1500, 2000 euros, et je ne justifie pas l'abandon, loin de là.
04:49 Enfin les gens qui me connaissent savent à quel point j'aime les animaux
04:51 pour ne pas pouvoir justifier ça.
04:53 En fait très souvent quand on parle de l'appauvrissement de la France
04:56 ou des difficultés en matière économique, on considère que ça ne va pas avoir
04:59 des conséquences sur notre vie sociale.
05:01 Or on aperçoit avec ça, il y a d'autres choses aussi, une forme de tiermondisation du pays.
05:06 De la même façon qu'on passe par exemple de chênes de magasins normales
05:11 à du art de discount très fort, de la même façon que le bio est en train de fermer,
05:15 donc toutes les chaînes de bio sont en train de fermer à 20%,
05:17 et bien les animaux maintenant sont ceux qui sont en train de trinquer.
05:19 Mais pourquoi ? Parce qu'en fait globalement, le pouvoir d'achat des Français
05:23 est en train de diminuer. Pourquoi ? Parce qu'on s'appauvrit depuis des dizaines et des dizaines d'années.
05:28 Certains vont vous dire "Oh là là, c'est de la faute de l'ultralibéralisme capitaliste".
05:31 C'est très compliqué à justifier, puisqu'on est le pays le plus taxé au monde.
05:35 Mais la réalité c'est que notre appauvrissement et le fait que régulièrement on décroche
05:39 dans les classements, fait que les Français au quotidien subissent cela.
05:43 Et ça commence à se retranscrire par rapport à ça.
05:46 Je vous donne juste un chiffre qui est correspondant, je ne fais pas de lien immédiat.
05:50 L'année dernière, on a eu plus de 50% de faillite dans notre pays.
05:53 Personne n'en parle. Chaque faillite égale des gens qui sont licenciés,
05:57 égale des gens qui perdent leur boulot, etc.
05:59 On est dans une situation dite de plein emploi à côté.
06:01 Mais ce qui pose problème, et l'intervenant l'a très bien dit, ce sont les phases de transition.
06:06 Quand dans sa vie, on est en transition économique, familiale ou sociale,
06:11 et bien à ce moment-là, qui est-ce qui trinque ?
06:13 C'est ceux qui sont considérés comme accessoires, et là ce sont les animaux.
06:15 - C'est vrai que moi je me suis toujours demandé comment on pouvait abandonner son animal,
06:19 même si on a des problèmes d'argent.
06:21 On est avec Farida Amiour, qui est psychologue-clinicienne. Bonjour.
06:23 Merci d'être en direct avec tout. - Bonjour.
06:25 - Moi je suis assez choqué, pour dire les choses, du fait qu'on puisse abandonner son animal
06:29 parce que les croquettes ont augmenté de 17% et parce qu'on a du mal peut-être à payer le vétérinaire.
06:35 Parce qu'au fond, prendre un animal, c'est une responsabilité.
06:37 Est-ce qu'aller l'abandonner à la SPA, c'est pas la preuve qu'on le considère pas vraiment
06:43 et qu'on n'a pas vraiment d'affection ou de lien avec lui ?
06:47 - Alors il y a plusieurs choses dans le rapport à un animal de compagnie.
06:50 Il y a déjà le contexte dans lequel la personne va acquérir cet animal.
06:54 Est-ce que c'est un animal qu'elle récupère d'un parent qui vient de décéder,
06:57 qui est placé en EHPAD, etc., donc un peu contrainte ?
07:01 Ou alors est-ce que c'est un cadeau de Noël ?
07:03 Ça c'est une grosse bêtise d'offrir des animaux de compagnie
07:06 parce qu'effectivement il n'y a pas forcément l'investissement psychique et affectif.
07:11 Donc c'est déjà de voir comment cet animal est arrivé chez le propriétaire qui va l'abandonner par la suite.
07:17 Ensuite, on est dans une société malheureusement un peu de zapping, de l'instantané
07:23 et on est moins dans l'engagement sur la durée et on se rend moins compte
07:27 qu'un animal doit en moyenne vivre 15 à 20 ans, et donc avec des soins,
07:31 effectivement comme vous disiez, des croquettes qui augmentent, etc.
07:35 Et souvent les gens, quand ils les abandonnent, ils ont du mal à les ramener à la SPA ou en fourrière
07:42 parce qu'ils ont peur du regard de ces bénévoles, ils ont honte,
07:46 ils n'assument pas forcément leur acte et du coup ils vont commettre un acte,
07:49 si je puis dire, encore plus lâche de le laisser dans la nature.
07:52 Il y a plein de témoignages comme ça, on les lâche dans les champs, sur un périph', etc.
07:57 Donc c'est vrai que la question est plurifactorielle.
08:01 Et puis parfois l'animal c'est aussi une façon, souvent quand on dit tel mètre, tel chat, tel chien,
08:09 c'est parfois une projection un peu narcissique de soi.
08:12 Vous voyez bien, parfois les animaux ont des petits vêtements, etc.
08:16 Donc au-delà de l'aspect coquetterie et qu'ils aient chaud,
08:20 on voit bien un petit peu la recherche un peu narcissique que le maître peut avoir vis-à-vis de son animal.
08:26 Et si l'animal a des troubles du comportement, ne correspond pas forcément aux injonctions implicites du maître,
08:32 effectivement il peut vite devenir détestable et être abandonné.
08:36 Ce n'est pas une excuse, moi-même j'ai des chats.
08:39 C'est une responsabilité, vous le disiez très bien Jean-Marc tout à l'heure,
08:43 il y a une vraie responsabilité, un vrai engagement.
08:45 Et ça c'est vrai que c'est quelque chose qui tend à se perdre à l'heure actuelle.
08:49 Mais c'est vrai que quand on a un animal, à priori, pendant longtemps la loi considérait que c'était un meuble l'animal.
08:55 Heureusement la loi a changé il y a quelques années et désormais c'est vraiment considéré comme un être vivant.
08:59 Et heureusement parce que ça a permis de sanctionner plus les maltraitants.
09:03 Mais quand on se dit "ah bah tiens les prix ont augmenté, je ne vais pas pouvoir me payer telle marque de pâtes ou telle marque de sirop,
09:11 et à la place je préfère abandonner mon chien", il y a quand même un côté très égoïste.
09:16 Parce qu'on peut aussi, et voilà, moi je sais que si j'avais ce problème-là,
09:21 j'achèterais des choses moins chères pour pouvoir continuer à me nourrir mon animal.
09:25 Enfin même pas, ça me passerait par la tête de se dire "je vais l'abandonner pour faire des économies".
09:30 On n'abandonne pas un être vivant pour faire des économies.
09:33 Bientôt ils vont abandonner leur enfant.
09:35 Oui, alors après vous et moi je pense qu'on est dans une situation financière
09:39 peut-être plus confortable que des gens extrêmement précaires qui malheureusement doivent faire des choix.
09:43 Il y a cette question-là.
09:46 Moi je pense que ce qui pourrait être un acte d'amour ultime et courageux,
09:50 c'est que si pour des questions d'allergie, de cohabitation, de déménagement,
09:54 comme vous dites de problèmes de moyens parce qu'il y a des gens qui se retrouvent parfois expulsés de leur logement,
09:59 qui ne peuvent plus garder leur animal et c'est un déchirement,
10:02 au moins qu'ils les rapportent soit dans un refuge, à la SPA, dans une fourrière,
10:07 pour que cet animal-là puisse être réadopté.
10:11 Même si pour l'animal ça représente un traumatisme l'abandon, il ne faut pas le mésestimer.
10:16 Mais s'il faut l'abandonner, je n'encourage pas à le faire bien entendu,
10:19 mais si la situation de vie fait que ce n'est pas possible, ramenez-le à la SPA.
10:24 Donnez une deuxième chance à votre animal de compagnie.
10:27 Mais effectivement quand on prend un animal, on s'engage.
10:30 Ça c'est très clair.
10:32 Mais encore une fois, la vie peut changer, la situation de vie peut changer.
10:36 Et voilà, vous pouvez avoir un compagnon, un conjoint qui est allergique.
10:40 – Oui mais ça c'est différent.
10:42 Moi je vous parlais de problèmes économiques par exemple,
10:45 ce qui est un peu différent d'allergie, de problèmes de santé, de choses comme ça.
10:49 – Bien sûr, bien sûr, j'entends bien.
10:51 – Merci beaucoup Farid Amion, merci d'avoir été avec nous psychologue, clinicienne.
10:54 Moi je vous voyais réagir quand je disais,
10:56 enfin on n'abandonne pas son animal pour des problèmes d'argent,
10:59 on se sacrifie soi-même, c'est une responsabilité quand même d'avoir un animal.
11:01 – Oui mais pour côtoyer quelques personnes qui ont été dans ces situations-là,
11:08 c'est compliqué parce que pour beaucoup c'est une déchirure.
11:11 Sauf que vous avez parfois des gens qui sont obligés de faire des choix,
11:14 soit de se chauffer l'hiver par exemple, soit de manger,
11:19 soit de donner à manger à leurs enfants et c'est compliqué.
11:22 C'est compliqué donc je pense que,
11:24 alors déjà je suis ravi que vous essayiez d'expliquer les choses,
11:28 parce que souvent quand on essaye d'expliquer d'autres situations pour d'autres choses,
11:32 vous nous dites ici "ah non, non, vous excusez".
11:34 Donc c'est déjà une bonne chose qu'on essaye d'expliquer.
11:37 – Je ne vois pas le rapport mais allez-y.
11:38 – Mais moi je le vois le rapport mais bon…
11:40 – C'est dommage ce que vous voyez mais…
11:42 – Non mais il y en a plein d'autres qui le comprennent aussi derrière les cours, rassurez-vous.
11:47 Mais c'est vrai que la situation aujourd'hui,
11:49 enfin moi je ne suis pas plus étonné que ça parce qu'on a eu le Covid,
11:54 qui a été une période compliquée, il y en a plein qui ont perdu leur emploi,
11:57 aujourd'hui on a la situation inflationniste sur l'alimentaire qui est de 20%,
12:03 donc il y a des gens qui n'arrivent pas, qui n'arrivaient déjà pas à faire face,
12:06 et en plus on a une paupérisation de la population.
12:09 – On se sacrifie soi-même, excusez-moi, on se sacrifie soi-même.
12:11 – Oui mais il y a un moment…
12:12 – Quand on a un animal c'est une responsabilité, c'est un être vivant.
12:14 – Il y a un moment quand vous avez tout sacrifié, malheureusement, malheureusement…
12:17 – Non, non, moi je ne suis pas d'accord.
12:19 – Alors encore une fois, je ne suis pas en train de justifier, on explique.
12:22 – Je pense que tous les gens qui abandonnent leurs animaux
12:24 ne sont pas forcément dans des situations économiques qui sont graves.
12:26 Et à mon avis ça se retrouve dans toutes les catégories sociales,
12:28 ce qui est encore plus grave.
12:29 – Mais là, la hausse de l'abandon c'est visiblement vraiment lié
12:32 au coup où vous vouliez dire un mot capital.
12:34 – Oui, juste un mot, Jonas avait raison tout à l'heure
12:36 en signifiant que c'était quand même un très grand indicateur de la précarité
12:39 que connaissent une bonne partie de nos concitoyens, oui.
12:42 Après un animal de compagnie, nous en avons tous,
12:44 c'est tellement d'amour à donner et à recevoir, c'est une déchirure,
12:47 mais oui c'est d'abord et avant tout une responsabilité entière vis-à-vis de l'animal
12:51 et avant que de l'abandonner à un refuge de la SPA,
12:54 on peut quand même tenter bien autre chose.
12:56 Le prix des croquettes est une chose, moi je regrette que l'inflation ne soit pas,
13:00 le taux d'imposition ne soit pas à zéro pour les aliments pour animaux,
13:03 mais au-delà de cela, moi mon vétérinaire s'ouvrait à moi des soins médicaux
13:07 qui ne sont plus acquittés par une partie de sa clientèle
13:10 et là les sommes sont quand même beaucoup plus élevées.
13:12 – C'est vrai que c'est plus compliqué, effectivement.

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