Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 2 ans
"Je ne fais pas de pronostic. Je respecte le Conseil constitutionnel. Il est le gardien du temple, mais il n’est pas une instance d’appel du Parlement. Attendre qu’il fasse irruption sur la scène politique, ce n’est pas son rôle" explique Philippe Bas, questeur du Sénat, sénateur LR de la Manche.

Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1

Retrouvez l'émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous

Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
Twitter : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00 – Merci Philippa de nous accompagner pendant cette première demi-heure,
00:02 sénateur Les Républicains de la Manche,
00:03 vous êtes caisseur du Sénat, membre de la Commission des lois
00:06 et on va parler évidemment de cette décision du Conseil constitutionnel
00:10 qui est attendue demain en fin de journée.
00:13 Est-ce que vous pensez que la réforme sera validée ?
00:15 – Mais vous demandez à vos invités, pas seulement vous,
00:21 de faire des pronostics.
00:26 Moi je ne fais pas de pronostics.
00:28 Je respecte le rôle spécifique du Conseil constitutionnel.
00:33 Il est le gardien du temple.
00:35 Il fait respecter la règle du jeu parlementaire,
00:38 elle est inscrite dans la Constitution
00:40 et d'autre part il veille à ce qu'aucun principe fondamental
00:44 ne soit mis en péril par une loi qui vient d'être votée.
00:49 J'indique d'ailleurs que le Conseil constitutionnel intervient en ultime recours,
00:53 c'est d'abord au Parlement lui-même de faire respecter les droits fondamentaux
00:57 et il le fait, et le Sénat le fait particulièrement,
01:00 parce que c'est un peu sa marque de fabrique de préserver les libertés.
01:04 Alors le Conseil constitutionnel va se prononcer sur plusieurs questions,
01:07 est-ce que la procédure suivie respecte la Constitution ?
01:11 Personne ne pourra dire que cette procédure a été harmonieuse.
01:15 Mais est-ce qu'elle respecte la Constitution ?
01:17 C'est la seule question qui est posée au Conseil constitutionnel
01:19 et le Conseil constitutionnel n'est pas une instance d'appel du Parlement
01:24 et il le dit lui-même.
01:26 Et donc sur le fond, il veillera tout simplement à ce que les droits fondamentaux soient respectés,
01:32 il le dira, mais attendre de la décision du Conseil constitutionnel
01:37 que le Conseil constitutionnel fasse irruption sur la scène politique,
01:41 alors ça, ça n'est pas une bonne conception de son rôle.
01:46 La politique de la nation, elle est déterminée par le gouvernement,
01:49 la loi, elle est votée par le Parlement, le Conseil constitutionnel,
01:53 il met simplement des gardes de fou pour s'assurer qu'on n'a pas franchi les limites.
01:56 – Mais on entend certaines interrogations de la part de certaines oppositions
02:00 sur le fait que le Conseil constitutionnel pourrait être tenté d'être un peu politisé,
02:07 qu'il y a beaucoup de personnes qui ont été nommées par des proches du chef de l'État,
02:13 vous entendez ces arguments ?
02:15 – Ah non, je crois que quand on commence à mettre en doute l'indépendance du Conseil constitutionnel,
02:24 tout s'écroule, parce que, en réalité,
02:28 les garanties d'indépendance ne viennent pas seulement des nominations,
02:30 nous signalent que le président du Sénat nomme 3 membres,
02:33 que le président de l'Assemblée nationale en nomme 3,
02:35 que le président de la République en nomme 3,
02:38 les personnalités nommées au Conseil constitutionnel sont nommées pour 9 ans,
02:42 elles ne peuvent pas être renouvelées,
02:44 et dès qu'elles entrent dans l'institution,
02:47 elles sont avant tout membres du Conseil constitutionnel
02:50 et elles laissent de côté tous les engagements politiques qu'elles ont pu avoir,
02:53 moi j'ai confiance à l'égard du Conseil constitutionnel,
02:56 et cette petite musique est pernicieuse,
02:59 elle est pernicieuse parce qu'elle revient à préparer les esprits
03:03 en cas de décision qui dirait la conformité à la constitution de la loi,
03:11 à ce qu'on puisse remettre en cause la décision du Conseil constitutionnel,
03:15 au fond il y a des gens en France, quand on ne leur donne pas raison,
03:19 eh bien ils trouvent toujours un argument pour dire qu'il y a eu quelque chose
03:24 de pas correct qui a été fait, une turpitude qui a été commise,
03:27 ce n'est pas comme ça qu'on fait fonctionner un état de droit.
03:30 – Sur le fond vous entendez la gauche qui dénonce de multiples atteintes au débat,
03:34 le recours à un budget rectificatif vu comme un détournement de procédure,
03:37 par la gauche il dénonce l'utilisation du vote bloqué,
03:40 de l'article 38 qui limite les temps de débat,
03:42 vous entendez les arguments de la gauche, vous les comprenez, ils sont justifiés ?
03:47 – Oui, tous ceux qui ont participé au gouvernement de la France
03:52 ont été bien contents de trouver dans la constitution de la Ve République
03:57 des moyens évitant au gouvernement d'être incapable d'agir, d'être immobile,
04:02 et c'est la raison d'être de la Ve République
04:07 que d'avoir donné un certain nombre de procédures juridiques
04:12 pour qu'on puisse aller au bout du vote de la loi.
04:15 Plus personne ne se souvient, c'est normal,
04:17 c'était avant 1958, des autres régimes de la République,
04:21 les gouvernements étaient instables, ils tenaient quelques mois,
04:24 trois mois, six mois, au plus un an, et exceptionnellement un an.
04:28 Et on ne pouvait pas voter de loi parce qu'il n'y avait pas de majorité.
04:31 Bien sous la Ve République, on a voulu stabiliser le régime
04:35 et on a voulu des gouvernements capables et non pas des gouvernements incapables.
04:41 On peut s'en plaindre quand on est dans l'opposition, je suis dans l'opposition.
04:45 Alors évidemment je m'en plains un peu, mais je me dis pour la France,
04:50 pas pour l'opposition mais pour la France, c'est tout de même mieux
04:53 de ne pas être dans cette catégorie de pays
04:57 qui se caractérisent par leur ingouvernabilité.
05:00 Mais l'important quand on a des procédures aussi contraignantes
05:04 que celles qui existent dans notre Constitution,
05:06 c'est que ces procédures ne soient pas abusivement utilisées.
05:09 Et ça, c'est le rôle de Conseil constitutionnel de le dire.
05:13 – Les sages qui doivent aussi se prononcer demain
05:14 sur la validité du référendum d'initiative partagée
05:17 demandé par les parlementaires de gauche,
05:19 ça sera un bon moyen de sortir de cette crise pour vous ?
05:22 – Ça sera surtout un moyen de la prolonger.
05:24 Parce que si vous voulez, il y a un moment, il faut quand même passer à autre chose.
05:29 – Pour vous il faut tourner la page de cette réforme de retraite maintenant ?
05:33 – Vous voyez, cette réforme, elle aurait pu être différente.
05:38 C'est pas vrai de dire qu'il y a une seule solution possible à un problème.
05:43 On aurait pu soulever d'autres questions.
05:45 On aurait surtout pu avoir un dialogue social un peu plus fécond qu'il ne l'a été.
05:52 Parce qu'il n'a pas du tout été fécond.
05:54 Je me souviens moi de la réforme qui était la plus difficile pour les retraites,
05:58 celle qui a étendu à la fonction publique la réforme des retraites.
06:03 En 2003.
06:04 Et il y avait beaucoup d'opposition.
06:07 Mais il y a eu un accord avec la CFDT, la CFTC, la CGC.
06:12 Et cet accord a fait bouger le gouvernement de l'époque,
06:15 celui de M. Raffarin avec François Fillon comme ministre en charge des retraites.
06:20 Et on a pris en compte les positions des autres.
06:24 On a accepté d'augmenter un peu la cotisation des employeurs.
06:28 On a surtout inventé à cette époque le régime qu'on appelle celui
06:33 de la retraite anticipée pour les carrières longues.
06:35 Et donc il y a eu un équilibre.
06:37 Et bien vous voyez, dans cette réforme, il n'y a pas eu cet équilibre.
06:40 C'est ça le véritable problème.
06:43 C'est le fait, quand le président de la République dit à la télévision
06:47 que les syndicats n'ont pas proposé de compromis,
06:50 on croit rêver, parce que c'est quand même à l'exécutif,
06:53 de faire un pas en avant vers les syndicats.
06:56 – Alors là il a dit qu'il voulait les rencontrer.
06:58 – Pour que les syndicats réformateurs, il y en a tout de même, puissent dire
07:01 "Ah oui, il y a bien sûr un effort qui est demandé aux Français,
07:04 mais il y a des contreparties sérieuses".
07:05 – Là il a dit qu'il voulait les rencontrer
07:07 après la décision du Conseil constitutionnel.
07:09 C'est opportun ou c'est trop tard pour… ?
07:10 – On a vu ce que ça a donné quand Mme Borne l'a fait.
07:13 Alors souhaitons que si le président de la République le fait,
07:15 ça donne de meilleurs résultats.
07:18 Mais enfin, une réunion syndicale, c'est pas fait pour enfiler des perles.
07:22 Vous voyez, c'est pas un théâtre d'ombre, c'est pas un dialogue de façade.
07:27 Qu'est-ce que c'est André Bergeron ?
07:30 Vous vous souvenez d'André Bergeron ?
07:31 Il a été longtemps le secrétaire général de force ouvrière.
07:34 Il disait "il faut du grain à moudre".
07:37 Eh bien, s'il y a du grain à moudre, commençons par le dire,
07:41 mettons-le sur la table et vous allez voir rappliquer les organisations syndicales
07:45 pour en discuter et se le partager.
07:48 – Est-ce que la sortie de crise, elle passe par un accord de gouvernement
07:51 avec les Républicains ?
07:53 – Je crois que le véritable obstacle à une sortie de cette période d'entre-deux,
08:01 d'indétermination, c'est un système qui nous a fait progressivement
08:07 dériver du système initial de la Ve République,
08:11 dans lequel le gouvernement est devenu un gouvernement présidentiel.
08:14 Au fond, on dit qu'on a présidentialisé le régime.
08:18 Moi je dirais qu'on a gouvernementalisé le président de la République.
08:22 Et le Premier ministre, la Première ministre n'est pas un homme de paille,
08:27 mais est un peu transparente dans tout ça.
08:29 Et en réalité, à partir du moment où le président de la République
08:34 entend gouverner lui-même, l'accord est impossible.
08:37 Mais s'il joue son rôle d'arbitre, s'il prend de la hauteur,
08:41 s'il laisse les forces politiques discuter entre elles,
08:44 alors un espace peut s'ouvrir.
08:46 Mais cet espace est de plus en plus réduit, il n'est pas de plus en plus large.
08:49 Et s'il s'agit simplement de faire du débauchage individuel,
08:53 qu'on traite son opposition comme une force d'appoint,
08:57 comme des supplétifs, alors ça ne sert à rien.
08:59 En quoi ça améliore le sort du pays ?
09:01 Ça ne l'améliore pas du tout.
09:03 Le président continue à faire sa politique, il ne change rien.
09:06 Et il prend quelques otages de ci, de là,
09:10 pour donner une coloration différente à son action.
09:15 – Donc il faut redonner de la place au rôle de Premier ministre.
09:18 – Ce n'est pas une évolution réelle, c'est une évolution fictive.
09:22 – Pour vous, il faut redonner de la place au rôle de Premier ministre,
09:24 mais est-ce que le Premier ministre doit être issu de vos rangs ?
09:27 Il y a le nom de Gérard Larcher qui circule.
09:29 – Oui, mais vous voyez, ça prête à sourire, ce sont des ballons d'essai.
09:36 Nous avons un Sénat libre, indépendant, non-aligné,
09:40 qui est un véritable pôle de stabilité dans la République.
09:43 Il doit le rester et il le doit beaucoup à son président.
09:47 Nous tenons à notre président.
09:49 Et toutes ces gesticulations n'ont pas de sens.
09:55 Ce qui est important aujourd'hui, c'est que le président de la République
09:59 dise ce qu'il veut faire maintenant de ce qui lui reste de quinquennat.
10:04 Et est-ce que ce quinquennat peut encore être utile
10:07 après la crise démocratique et sociale dans laquelle nous nous sommes trouvés plongés ?
10:13 – On va parler de l'actualité du Sénat qui rejoint
10:15 celle de la réforme des retraites.
10:17 Les dernières journées de mobilisation contre la réforme
10:19 et les manifestations anti-bassines à Saint-Solide ont été marquées
10:21 par des violences.
10:23 Gérald Darmanin poit l'ultra-gauche,
10:24 mais un débat a lieu sur la stratégie du maintien de l'ordre.
10:27 Et hier, à l'initiative de la majorité sénatoriale,
10:30 le Sénat a voté un soutien aux forces de l'ordre.
10:33 On voit ça avec Audrey Vietaz.
10:35 [Musique]
10:42 Bonjour Audrey. – Bonjour.
10:43 – Et Audrey, la majorité sénatoriale de la droite et du centre
10:45 a adopté une proposition de résolution exprimant la gratitude
10:49 et la reconnaissance du Sénat aux membres des forces de l'ordre.
10:51 – Oui, avec 250 voix pour et 0 voix contre,
10:55 car la gauche n'a pas souhaité prendre part à ce vote.
10:57 Ça explique donc le résultat.
10:59 Il s'agit d'une proposition déposée par l'ensemble des LR
11:01 et par la moitié du groupe centriste, soutenue par le gouvernement.
11:04 Je rappelle que c'est un texte symbolique, politique,
11:07 qui n'a pas de visée normative.
11:08 L'objectif, en fait, pour le Sénat, c'est de prendre position.
11:11 En l'occurrence, cette proposition a été déposée
11:13 au lendemain des violents affrontements de Sainte-Sauline,
11:16 vous l'avez dit, à la vue des images d'affrontements.
11:19 La manifestation anti-bassines qui a été infiltrée
11:21 par des militants radicaux ultra-violents et organisés,
11:24 on le voit sur ces images.
11:26 Une cinquantaine de fonctionnaires de police a été blessé.
11:29 Je vous propose d'écouter Bruno Retailleau,
11:31 le président du groupe Les Républicains au Sénat,
11:33 qui est l'auteur de cette proposition.
11:36 – Je pense que nous devons à la fois prendre parti
11:38 et finalement choisir son camp, le camp de l'ordre républicain,
11:42 ou bien alors le camp d'une certaine forme d'ambiguïté
11:47 et même de complicité.
11:49 Parce que quand nous avons vu, notamment à Sainte-Sauline,
11:53 des élus maires ou parlementaires,
11:55 sains de leur écharpe tricolore,
11:58 assister à une manifestation qui était interdite
12:01 et dont tout le monde savait qu'elle allait mal se terminer,
12:05 il faut y voir, je crois, un signe de complicité
12:09 qui n'est pas admissible.
12:10 Lorsqu'on est un élu de la République,
12:13 notre écharpe tricolore ne peut pas servir
12:16 à couvrir les exactions des cagoules noires.
12:19 – Alors Auriane, il cible très clairement certains de ses collègues.
12:23 On sait par exemple que le sénateur écologiste Thomas Dossu
12:26 a affirmé au FOR avoir participé à cette manifestation,
12:29 mais la réponse des écologistes, on ne l'aura pas
12:32 car le président du groupe, Guillaume Gontard,
12:34 a renoncé à sa prise de parole.
12:36 Son groupe voulait en fait un vote
12:37 pour ne même pas étudier cette proposition.
12:39 Ça a été refusé.
12:41 Les écologistes qui ont de leur côté déposé
12:43 une autre proposition de résolution qui demande notamment à la France
12:48 de revoir sa doctrine de maintien de l'ordre.
12:50 – Vous avez une question ?
12:51 – Oui, j'ai une question pour Philippe Bas.
12:53 Oui, il faut que je suive moi-même mon texte.
12:56 Est-ce que vous êtes d'accord avec Bruno Retailleau ?
12:57 Est-ce que vous estimez que les élus qui ont participé
13:00 à cette manifestation couvrent les exactions des Black Bloc ?
13:04 – Écoutez, vous vous présentez avec une échappe tricolore
13:08 pour mettre en cause l'application d'une loi.
13:12 Ça, je crois que ce n'est pas convenable.
13:16 C'est simple, vous êtes représentant de la loi.
13:20 Vous êtes représentant de la nation.
13:22 Vous votez la loi.
13:24 Il y a des tentatives, non pas d'exprimer des opinions,
13:31 non pas de manifester légitimement une opposition,
13:36 mais d'empêcher l'application des lois,
13:39 d'entraver l'exercice des droits et libertés
13:42 tels qu'elles sont prévues par la Constitution.
13:44 Vous savez, vous vous référez à la Déclaration des droits de l'homme.
13:46 Article 12, il proclame la nécessité de la force publique
13:52 pour garantir les droits.
13:54 Article 17, il proclame comme inviolable et sacré
13:58 le droit de propriété avec tous les attributs de ce droit.
14:03 L'article 4, qui dit que la liberté s'arrête
14:09 là où commence la mise en cause de la liberté d'autrui.
14:15 Elle consiste à ne pas pouvoir faire ce qui nuit à autrui
14:18 et c'est la loi qui doit l'empêcher.
14:20 La force publique, elle est là pour ça.
14:23 Elle est là pour faire respecter les droits fondamentaux.
14:25 Il ne faut pas avoir une conception sélective des droits fondamentaux,
14:28 n'en retenir que ce qui vous arrange.
14:30 Il faut en retenir que c'est un équilibre.
14:33 Les auteurs de la Déclaration des droits de l'homme
14:35 ont prévu cet équilibre.
14:37 Et ceux qui mènent des actions de force avec des armes,
14:41 on appelle ça des armes par destination,
14:43 barres de fer, boulons, matériels d'artificier,
14:48 ceux-là, ils ne viennent pas manifester.
14:52 Ils viennent utiliser la violence.
14:55 La violence n'est pas un produit d'une dérive de la manifestation.
14:59 Elle est l'objet même de l'intervention
15:03 d'un certain nombre d'activistes qui sont venus spécialement pour ça.
15:07 La force publique, elle ne se fait pas en gants blancs et en escarpins.
15:13 Une fois que vous avez décidé de la mobiliser
15:15 pour empêcher l'action violente d'un certain nombre d'activistes,
15:21 malheureusement, et c'est désolant,
15:23 une fois qu'elle est utilisée,
15:25 elle peut donner lieu effectivement à des blessures.
15:28 Mais ceux qui ont été agressés, ce sont les policiers et les gendarmes.
15:32 Et il faut penser que les policiers et les gendarmes,
15:35 qui sont des pères, des mères de famille,
15:37 prennent des risques énormes pour faire respecter la loi.
15:41 Et il y a un moment où, quand on les met à égalité
15:45 avec des commandos d'ultra-violents,
15:50 il faut s'indigner et il faut rappeler que dans la République,
15:53 dans l'État de droit, si la force publique n'est pas défendue,
15:57 alors c'est la violence et l'anarchie qui règnent dans la rue.
16:01 – Et Audrey, pour le reste de la gauche,
16:02 il ne faut pas avoir peur de questionner le travail de la police.
16:04 – Oui, Jérôme Durain, le sénateur socialiste
16:06 qui est spécialiste de ces sujets,
16:07 a dénoncé une résolution opportuniste, un soutien bien peu coûteux.
16:11 Ce sont ses mots, d'après lui, les forces de l'ordre
16:14 n'ont pas besoin d'un soutien symbolique mais de moyens.
16:17 D'après lui aussi, ça n'empêche pas de critiquer les forces de l'ordre.
16:21 Je vous propose de l'écouter.
16:24 – "Poser ce texte dans une période où le travail des forces de l'ordre
16:26 est questionné, c'est déclarer à ceux qui critiquent le travail de la police,
16:30 "circulez, il n'y a rien à voir".
16:32 Vous avez choisi par ce texte d'exprimer une gratitude inconditionnelle,
16:37 souvent un peu pavlovienne, une gratitude d'ailleurs assez stérile
16:42 pour les forces de l'ordre elles-mêmes.
16:43 Au groupe socialiste, nous préférons exprimer notre soutien de principe,
16:47 parce que nous ne sommes pas contre la police.
16:49 Notre exigence de principe, parce que nous avons une haute idée
16:53 du rôle républicain des forces de l'ordre.
16:55 C'est ce qui nous permet d'exprimer notre inquiétude
16:58 quand les circonstances l'exigent.
17:00 C'est le cas en ce moment s'agissant du maintien de l'ordre.
17:03 – Alors parmi les prises de parole, votre collègue,
17:05 les Républicains, François Bonhomme a une nouvelle fois
17:07 fustigé la Ligue des droits de l'homme en décrivant
17:09 "une association prétendument humanitaire qui s'est livrée
17:12 à une mise en cause indécente contre les policiers et les gendarmes".
17:14 Vous êtes d'accord avec lui ?
17:16 – Écoutez, je viens de m'exprimer sur les droits de l'homme.
17:19 Il ne faut pas avoir, je le répète, une vision sélective des droits de l'homme.
17:23 Ça forme un tout indissociable.
17:26 Et quand on proclame une liberté, on prévoit aussi que la loi
17:30 en apporte les limites.
17:32 La Ligue des droits de l'homme prend actuellement des positions
17:35 qui ne sont pas conformes de mon point de vue à son histoire.
17:38 Parce qu'elle ne regarde qu'une partie de la réalité.
17:44 Et je crois, la Première Ministre semble être de mon avis,
17:50 qu'elle réduit les droits de l'homme systématiquement
17:58 à des droits contre l'État.
18:01 Or l'État est là justement pour assurer la garantie des droits.
18:04 Et donc on est rentré dans une forme d'idéologie
18:08 qui mérite à tout le moins d'être questionnée, je le crois.
18:11 – Merci André. A tout à l'heure ?
18:15 – Oui, on va parler de l'hypothèse Gérard Larcher, Premier ministre.
18:18 – On en parle, ce sera dans le club, Philippe.
18:20 On va chez vous, du côté de Cherbourg, retrouver Chris Mel Marchand.
18:24 Bonjour Chris Mel, merci beaucoup d'être avec nous,
18:27 rédacteur en chef adjoint de la presse de La Manche.
18:30 Et Chris Mel, on va revenir avec vous sur les difficultés du monde de la pêche
18:33 dans La Manche et plus largement en Normandie.
18:36 – Oui, bonjour à tous, bonjour M. Bain.
18:38 Vous avez récemment écrit à Hervé Berville, secrétaire d'État chargé de la Mer.
18:43 Cette occasion, vous avez réclamé le soutien des pouvoirs publics
18:46 en terme de la filière pêche.
18:47 Alors les deux liens sont effectivement nombreux,
18:49 entre l'augmentation des chars, la diminution des zones de pêche
18:53 ou la limitation des droits de pêche, notamment en raison du Brexit.
18:56 Dans La Manche, une récente mobilisation à Cherbourg
18:59 devant le comité régional des pêches a mis à jour toutes ces pesanteurs, ces freins.
19:02 Alors la question est simple, comment sauver notre pêche artisanale ?
19:08 – Bonjour à la presse de La Manche d'abord.
19:12 Oui, en effet, je suis intervenu avec ma collègue Béatrice Gosseux,
19:17 et ce n'est pas la première fois que nous le faisons,
19:19 pour défendre la pêche artisanale.
19:21 Au fond, qu'est-ce que nous constatons ?
19:23 Il y a une politique européenne, elle est destinée aujourd'hui
19:27 à préserver la ressource halieutique en luttant contre les grands armements,
19:35 les énormes paquebots de la pêche hauturière,
19:39 ces usines qui fabriquent de la farine en pêchant immédiatement le poisson
19:44 et en fabriquant la farine immédiatement après, de la farine de poisson,
19:48 et qui ont pillé les mers.
19:51 Mais souvent, on essaye de régler ce problème au détriment de la pêche artisanale.
19:57 On ne regarde pas dans le détail des choses.
20:01 Et notre pêche artisanale aujourd'hui est en grand péril.
20:04 Il faut la protéger, il faut la défendre.
20:06 Et il se trouve que dans La Manche,
20:08 nous avons cumulé ces dernières années les difficultés,
20:10 parce qu'il y a eu le Brexit,
20:12 parce qu'il y a eu des négociations très longues et pénibles
20:15 qui, heureusement, ont obtenu un certain nombre de résultats positifs
20:18 avec les îles anglo-normandes,
20:21 mais aussi parce que les règles qu'on a voulu imposer
20:25 pour restreindre le pillage des mers par la pêche hauturière
20:29 ont pour effet de limiter aussi la possibilité pour notre pêche artisanale,
20:35 sans piller les mers, de faire vivre nos artisans-pêcheurs.
20:40 Et donc, il faut aujourd'hui vraiment être extrêmement vigilant
20:44 et peser fort auprès du gouvernement français
20:46 pour que lui-même pèse fort auprès de l'Union européenne
20:50 pour qu'on dise "nous, on existe aussi, ne nous oubliez pas".
20:55 – Christophe, vous avez une autre question ?
20:57 – Oui, j'ai un autre sujet qui fâche dans le monde de la pêche,
21:01 c'est l'éolien au fleur.
21:02 Nos pêcheurs sont devant deux bouts contre les nombreux projets en cours.
21:07 Au large du Cotentin, vous êtes bien au courant
21:09 qu'il y a les deux plus grands parcs de France qui vont voir le jour.
21:11 Alors selon vous, comment est-ce qu'on peut faire pour cohabiter les deux ?
21:15 – Je me bats avec les maires, avec certaines associations,
21:21 pour reculer le champ d'éoliennes en mer qui est prévu au large du Baffleur.
21:27 Nous avons obtenu des résultats,
21:28 puisqu'il était prévu à 13 km des côtes, il est reporté à 32 km des côtes.
21:34 Nous voulons atteindre 40 km,
21:36 nous voulons le faire pour des raisons environnementales,
21:39 mais nous voulons le faire aussi pour la pêche,
21:41 pour l'éloigner le plus possible des côtes.
21:44 Et puis nous devons aussi faire rentrer les pêcheurs
21:48 dans une forme de comité de pilotage
21:52 qui permettrait d'anticiper l'impact négatif ou positif,
21:57 dans certains cas, de ces champs d'éoliennes en mer sur la pêche.
22:01 Je crois qu'il y a besoin d'une recherche appliquée
22:07 pour mesurer exactement cet impact
22:10 et il faut que les pêcheurs participent à cette réflexion
22:14 pour qu'on prenne toutes mesures utiles
22:17 pour que la compatibilité entre le développement
22:20 de ces énergies marines renouvelables,
22:22 pour lesquelles à Cherbourg on a beaucoup investi,
22:25 avec la transformation du port pour accueillir l'activité de production
22:29 des pales d'éoliennes en mer,
22:30 il faut que la compatibilité du développement de ces énergies marines renouvelables
22:37 avec la pêche soit garantie.
22:39 Et pour ça, il faut que la transparence soit totale.
22:43 – On le voit, Chris Mael l'a dit, les temps sont difficiles pour les pêcheurs.
22:47 Est-ce que vous estimez que le gouvernement soutient assez le monde de la pêche ?
22:50 – Mais on ne soutient jamais assez le monde de la pêche,
22:53 mais nous ne voulons pas non plus incriminer spécialement le gouvernement
22:57 dans une politique qui est européenne.
22:59 Ce que nous lui demandons, c'est de se battre plus activement encore
23:03 pour faire en sorte que la pêche artisanale, qui est notre problème à nous,
23:10 ce n'est pas la pêche hauteurière avec ses grands équipements qui dévastent les mers.
23:16 Donc nous avons une flottille de pêche qui a beaucoup de mérite.
23:20 Nous avons, pour la coquille Saint-Jacques, des marins pêcheurs
23:24 qui ont ensemencé nos côtes pour développer la ressource
23:30 et qui sont très soucieux de l'environnement.
23:35 Eh bien, nous devons imposer à l'Europe de bien prendre en compte leurs intérêts
23:42 car ils jouent pour la ressource halieutique, ils ne jouent pas contre elle.
23:48 – Merci Philippe, merci Chris Mael Marchand.
23:51 C'est La Tempête Noire qui est à la une de votre journal aujourd'hui,
23:54 La Tempête Noire secoue le Cotentin, c'est à la une de la presse de La Manche.
23:57 Merci beaucoup Chris Mael Marchand d'avoir été avec nous ce matin
24:01 et merci Philippe Bas d'avoir été notre invité.
24:03 À très vite, évidemment on est toujours ravis de vous recevoir dans 20 minutes
24:06 dans le Club des Territoires, débat entre Pascal Perrineau et Laurent Geoffrin,
24:10 notamment sur le sujet dont on a parlé, réforme de la traite
24:14 et comment Emmanuel Macron peut en sortir.
24:16 Ce sera à suivre.
24:17 D'abord on accueille notre prochain invité, Alexis Corbière, nous rejoint.

Recommandations

1:36:55
Public Sénat
il y a 4 semaines