Une pension améliorée pour certaines mères de famille
Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la pension améliorée pour certaines mères de famille votée au Sénat.
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NewsTranscript
00:00 *Générique*
00:06 Punchline, Laurence Ferrari sur Europe 1
00:10 *Générique*
00:14 18h36, pratiquement, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:19 Eric Chevet nous a rejoint. Bonsoir. - Bonsoir.
00:21 - Vice-président de la CPME, vous êtes favorable à cette réforme des retraites.
00:24 On va voir ça dans un instant.
00:26 On va tout de suite partir en direction du Sénat, rejoindre Gauthier Lebret et Jean-Laurent Constantin.
00:29 Bonsoir à tous les deux. Le Sénat a adopté une mesure en faveur, mon cher Gauthier, des mères de famille.
00:34 Il était temps d'y penser.
00:36 - Absolument, ça va concerner les mères de famille qui partiront à partir de 63 ans à la retraite.
00:41 Elles verront leur retraite revalorisée à hauteur de 5%.
00:45 Et depuis que cette mesure a été adoptée ici au Sénat, la droite essaye d'accélérer les événements face à l'obstruction de la gauche
00:51 qui dépose des sous-amendements, qui fait des rappels aux règlements pour tenter d'éviter un vote avant dimanche minuit.
00:57 C'est à ce moment-là que les débats s'arrêteront pour dire au gouvernement que sa réforme n'est pas légitime
01:02 car le gouvernement n'aurait pas réussi dans ce cas-là à faire voter l'ensemble de sa réforme,
01:06 à la fois par les députés et les sénatoriens.
01:08 Le sénateur me confiait à l'instant que la possibilité de voir cette réforme des retraites adoptée dans sa globalité s'éloigne petit à petit.
01:15 Alors Gérard Larcher a plusieurs bottes secrètes, il a plusieurs articles justement du règlement intérieur ici au Sénat
01:21 qui lui permet de réduire la durée des débats, mais ça ne pourrait ne pas suffire.
01:27 Merci beaucoup Gauthier. Le Bret avec Jean-Laurent Constantini, Éric Chevée, même au Sénat on voit que les débats sont difficiles.
01:33 Cette mesure pour les mères de famille, elle était importante, c'était une vraie injustice ?
01:37 Oui parce qu'effectivement on a constaté à la lecture, au décryptage du projet qui était sur la table
01:43 que l'avantage dont bénéficiaient les mères de famille, qui est un avantage relatif,
01:48 était diminué par le fait de reposser deux ans.
01:52 C'est d'ailleurs à la limite une bonne nouvelle, parce que petit à petit ça veut dire que les femmes entrent plus dans le monde du travail
02:00 et acquièrent plus de droits à égalité des hommes, avec des écarts encore très importants,
02:06 sur les salaires notamment, et petit à petit, on a été interpellé quand on a été auditionné au Sénat sur cette question-là,
02:14 et c'est très clairement ce qu'on pense nous à la CPME, c'est que les dispositifs qui ont été envisagés pour...
02:19 Petits et moyens d'entreprise.
02:21 Oui, petits et moyens d'entreprise, qui ont été envisagés pour corriger les inégalités femmes-hommes,
02:26 doivent être, de notre point de vue, remises à plat dans leur totalité, et notamment tout ce qui est politique familiale.
02:33 Je crois qu'il faut revoir, reprendre une remise à plat de la politique familiale,
02:37 on a besoin d'une politique nataliste dans notre pays, on aura besoin de travailleurs aussi,
02:43 les entreprises en ont besoin, et donc il faut reprendre une politique à plat,
02:48 reposer la question de la politique familiale.
02:50 Là, cette histoire de pension, ça va concerner, Jean-Sébastien Ferjou, 130 000 femmes par an,
02:54 et environ 30% d'entre elles, une mesure chiffrée à 300 millions d'euros,
02:57 on va ajouter, comme ça, on va faire des additions, et finalement, peut-être que la réforme, in fine,
03:02 elle ne va rien rapporter au...
03:05 C'est le scénario le plus vraisemblable.
03:06 C'est ce que vous pensez ?
03:07 Oui, mais déjà, de toute façon, ça a été le cas des réformes précédentes,
03:10 la réforme qui avait été votée du temps Nicolas Sarkozy, il a fallu 10 ans avant de l'amortir,
03:14 parce qu'on avait beaucoup lâché, entre guillemets, pour pouvoir la faire,
03:18 ou créer une forme d'acceptabilité, en quelque sorte, par le corps social français.
03:23 Mais là, comme elle est très peu ambitieuse, dès le départ, il faut rappeler quand même les chiffres.
03:27 Il faut rappeler les chiffres. Là, on parle de quoi ?
03:29 On parle d'un gouvernement qui veut économiser, alors, à certains jours, c'est 18 milliards,
03:32 le lendemain, c'est 13, parfois on entend même 5, maintenant, Olivier Dussopt disait
03:36 on n'est même plus certain, d'ailleurs, que ça permettra de faire des économies,
03:40 sur 350 milliards de pensions versées chaque année.
03:44 Donc admettons 10 milliards, chiffre moyen de 10 milliards, 350.
03:47 De l'autre côté, vous avez quoi, dans la dernière loi de finances sur l'année 2022 ?
03:51 165 milliards de déficit, là, on ne parle pas de 10,
03:55 on parle de 165 milliards de déficit sur 500 milliards de dépenses.
03:58 Vous voyez le rapport, c'est quasiment pas de 1 à 2, mais enfin de 1 à 3.
04:02 Alors que là, on parle de quelque chose qui, finalement, du point de vue d'un technocrate,
04:05 c'est l'épaisseur du crayon.
04:08 C'est une réforme qui est malheureusement terriblement technocratique,
04:11 qu'il aurait fallu intégrer dans une réflexion à la fois beaucoup plus vaste
04:14 sur la place du travail, le sens du travail, la place des seniors dans l'économie française,
04:17 et dans une réflexion également beaucoup plus vaste sur les finances publiques françaises.
04:21 Parce que si on veut envoyer un signal au marché financier ou à l'Union Européenne,
04:25 parce que le rationnel du gouvernement pour le faire, c'est quand même celui-là,
04:28 ils ne veulent pas véritablement sauver le système de retraite,
04:30 ça ne va pas le sauver, on le sait, il faudra des clauses de renvoyure assez rapidement.
04:33 Envoyons dans ce cas-là un vrai signal et prenons à bras-le-corps
04:36 le problème des finances publiques françaises.
04:38 - Charles Consigny, est-ce que le gouvernement a intérêt à faire passer au vote cette réforme ?
04:43 On voit qu'il y a des rustines dans tous les sens.
04:45 Est-ce qu'il doute aujourd'hui de pouvoir la faire passer par un vote
04:49 et donc il pourrait éventuellement utiliser le 49-3 ?
04:52 - J'imagine qu'ils vont s'assurer avant de passer au vote qu'ils ont les votants pour ça.
04:58 - Franchement, moi je pense que c'est devenu un débat très symbolique,
05:03 dans la mesure où en réalité, beaucoup de Français ne comptent plus
05:08 sur les caisses publiques pour assurer leur retraite.
05:11 Beaucoup sont à mon avis lucides sur le fait que si on ne fait pas ce report de l'âge maintenant,
05:18 on le refera peut-être dans deux ans, trois ans,
05:21 on ira vers cet âge qui ressemble à l'âge de départ qui existe dans les autres pays européens
05:29 qui sont comparables à la France.
05:31 Donc je crois que ça s'est cristallisé surtout sur un symbole en fait.
05:36 C'est le symbole du fait que le gouvernement d'Emmanuel Macron
05:43 ne fait des réformes que sans jamais aller chercher de solidarité
05:48 chez les citoyens les plus fortunés.
05:51 Il y a toujours un peu cet arrière-fond qui tapisse le débat.
05:55 Et c'est par ailleurs pour moi un retour des syndicats aussi
05:59 qui à la faveur de cette réforme reprennent du poil de la bête par rapport à la France insoumise.
06:06 Donc je pense qu'on a basculé dans quelque chose qui n'a plus grand-chose à voir
06:10 avec la question de l'âge de départ d'un côté comme de l'autre.
06:14 C'est-à-dire que Emmanuel Macron veut absolument faire cette réforme pour dire qu'il l'a fait.
06:19 Et les contestataires veulent s'opposer jusqu'au bout
06:24 pour éprouver leur capacité d'opposition.