Maltivors, une startup qui transforme la drêche de bière en farine

  • l’année dernière

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00:00 Et la France bouge, innove, invente, on le voit chaque jour sur Europe 1 avec des
00:04 entrepreneurs, des parcours de vie, des patronnes, des patrons, parfois des changements de carrière et d'ailleurs si vous aussi
00:10 vous avez envie de monter votre entreprise, si vous souhaitez avoir des conseils pratiques
00:13 et bien c'est ici que cela se passe, ici et maintenant, aujourd'hui autour de Pierre Garcia, le directeur général des grands moulins de Paris, un
00:19 meunier centenaire présent dans un foyer français sur trois avec sa farine francine.
00:24 La France bouge, c'est aussi le rendez-vous des startups, nous sommes avec Félix Bonduelle, cofondateur de Javelot,
00:29 jeune entreprise qui a conçu un dispositif de surveillance des stocks de céréales.
00:33 Et puis maintenant c'est l'heure de la pépite du jour puisque chaque année Europe 1 remet les trophées de l'avenir.
00:38 Présentation aujourd'hui de Maltivore, jeune entreprise lyonnaise qui transforme la drèche de bière en farine.
00:43 La France bouge,
00:46 la pépite du jour.
00:48 Bonjour Gabrielle Dugon. Bonjour. Merci beaucoup à vous d'être avec nous en studio aujourd'hui.
00:53 Eh bien c'est le moment du pitch donc c'est à vous, vous avez une minute pour nous présenter votre entreprise.
00:59 Alors Maltivore c'est une entreprise qui propose des ingrédients innovants pour l'alimentation humaine.
01:05 Pour cela on utilise les drèches de brasserie, c'est le coproduit du brassage de la bière. En fait c'est un résidu de céréales
01:11 qui est encore riche en fibres, en protéines et en saveurs.
01:14 Donc il est disponible en grande quantité sur l'ensemble du territoire puisqu'à chaque fois qu'on brasse 100 litres de bière, on produit 30 kg
01:20 de farine de drèche.
01:22 De drèche de brasserie pardon. Donc nous le transformons en farine,
01:25 ça donne un ingrédient qui est polyvalent et qu'on peut utiliser dans de très nombreuses applications.
01:30 Et on travaille également sur une gamme d'ingrédients protéinés qui sera
01:33 spécifiquement dédiée à l'industrie agroalimentaire.
01:36 Notre atelier de production est à Lyon comme vous le disiez.
01:39 On est capable de revaloriser près de 2 tonnes par jour de drèche de brasserie et on est en train d'implanter un second site qui sera
01:46 à vocation industrielle qui nous permettra de revaloriser plus de 10 tonnes par jour de drèche de brasserie.
01:50 Notre objectif c'est de développer des petits sites au coeur des bassins brassicoles pour revaloriser l'ensemble des drèches
01:57 disponibles lorsque les brasseurs le souhaitent.
02:00 L'ADN de Maltivore c'est vraiment de limiter le gaspillage des ressources donc tous nos sites seront réconconçus.
02:05 Parfait, le petit supplément de trois secondes vous est accordé sans aucun problème.
02:10 On a bien compris la démarche donc c'est effectivement très clair.
02:14 Voilà ce sont des résidus riches vous l'avez dit mais qui jusque là ne sont pas utilisés.
02:20 Ils ne sont pas ou peu utilisés
02:22 en alimentation animale la plupart du temps mais avec l'essor des brasseries
02:27 urbaines les brasseurs avaient plus de problèmes pour les traiter et depuis 2016 ils sont obligés de traiter leurs biodéchets comme tous les producteurs de
02:34 biodéchets
02:35 en France. Et donc ce que vous proposez peut fonctionner pour un petit brasseur comme une plus grande entreprise ou est-ce que vous avez...
02:42 C'est ça on collecte des microbrasseries, des brasseries artisanales et donc avec nos sites industriels on va se positionner pour
02:49 proposer cette solution à des brasseries de plus grande envergure en termes de volume de drèche.
02:53 Et donc il faut leur apporter l'aspect logistique
02:55 les bonnes solutions pour que ce soit pratique pour tout le monde forcément et que ce soit efficace.
03:00 Exactement on prend en charge toute la logistique donc on collecte les drèches chez le brasseur
03:04 dans des bacs qui nous appartiennent qu'on nettoie et qu'on désinfecte comme ça on peut garantir la qualité sanitaire du produit
03:11 et on a un service complet pour la brasserie donc la collecte des drèches
03:16 et plus tard peut-être la collecte des autres co-produits pour vraiment qu'ils aient tout leur biodéchet traité directement par un seul opérateur.
03:23 D'accord et donc pour les différents types de
03:26 produits qu'est-ce que l'on peut faire avec la drèche ? Est-ce que vous avez déjà
03:32 expérimenté ? Donc il y a la farine, la base que vous avez bien expliqué et il y a d'autres possibilités ?
03:38 Les possibilités sont vraiment multiples parce que la farine comme je disais c'est un ingrédient qui est polyvalent
03:44 donc on peut l'utiliser dans plein d'applications ça peut être de la boulangerie, de la pâtisserie,
03:47 des applications agroalimentaires plus
03:50 plus originales, des biscuits mais par exemple aussi des
03:54 des simili-carnés donc toutes les alternatives à la viande en fait ça permet de venir enrichir le produit en protéines
04:00 donc on améliore les valeurs nutritionnelles de plein de recettes.
04:03 Très clair, très bien je me tourne maintenant vers Nathalie Carré de la Chambre de commerce et d'industrie. Bonjour Nathalie.
04:10 Bonjour Aurélien, bonjour tout le monde. Alors Maltivore souhaite donc s'étendre sur tout le territoire et pour cela Nathalie et bien vous avez une idée.
04:17 Alors je crois qu'on peut dire quand même que la farine de drèche n'est pas encore arrivée dans toutes les cuisines qu'elle soit professionnelle ou pas
04:24 et pourtant vous êtes déjà cinq ou six acteurs à en proposer sans compter ceux qui vendent des produits déjà transformés
04:29 comme les crackers ou les biscuits apéro.
04:32 Alors et si pour une fois il n'y avait pas 30 jeunes entreprises qui se lançaient dans son coin et si pour une fois il y
04:38 avait une association des acteurs dès aujourd'hui pour une action commune et concertée. Allez je m'explique. C'est un nouveau produit il faut donc
04:46 vulgariser, expliquer en publiant des recettes appétissantes notamment, en rédigeant des articles, en convainquant des professionnels d'utiliser cette farine etc.
04:53 former les professionnels comme les particuliers avec des tutos en ligne, des livres de recettes et autres,
04:58 produire au plus proche des brasseries donc ça fait plein de petits sites industriels à créer,
05:02 communiquer auprès des professionnels et du grand public,
05:06 distribuer en ligne aux boutiques. Si chaque marque fait tout ça de son côté ça va être cher, long et compliqué.
05:11 Si vous vous réunissez pour mutualiser vos forces notamment au niveau de la vulgarisation c'est plus simple.
05:17 D'ailleurs vous pourriez même avoir une cuisine expérimentale commune où des chefs viendraient tester des recettes avec vous.
05:23 Et pour les sites de production vu qu'il y a environ
05:25 2300 brasseries en France et environ 10 000 en Europe, vous devriez pouvoir vous répartir le territoire pour ensemble
05:32 proposer à toutes les brasseries de collecter leurs drèches. - C'est intéressant Gabrielle, vous vous dites que pourquoi pas essayer
05:38 d'être en collectif, en association pour
05:41 mutualiser les forces ? - Oui bien sûr, on y réfléchit notamment avec d'autres acteurs de l'upcycling.
05:48 L'upcycling c'est le fait de transformer un déchet en quelque chose de mieux.
05:55 Donc il y a d'autres acteurs qui s'intéressent à d'autres biodéchets notamment.
06:01 Et donc on essaye de promouvoir un peu l'upcycling avec ce petit consortium d'entreprise pour
06:07 accélérer l'acceptabilité de ces produits chez les industriels qui sont parfois un peu résistants.
06:13 - D'accord, cet aspect là, vulgarisation, faire passer les messages, que ça devienne un réflexe.
06:18 Nathalie, je crois que vous avez également une autre idée comme d'habitude.
06:21 - Effectivement, on pourrait imaginer un modèle un peu différent qui impliquerait les brasseries volontaires.
06:26 Vous pourriez garder la recherche sur ces farines pour imaginer des recettes et des usages, créer des produits finis pour la restauration,
06:32 la nutrition, le sport par exemple, et vous pourriez déléguer la production aux brasseurs eux-mêmes.
06:37 En effet, si j'ai bien compris, pour faire de la farine de dreche, il faut sécher la dreche et la moudre.
06:42 Vous pourriez donc proposer aux brasseries une petite unité de production, ajouter à leur unité de production de bière.
06:46 Ils s'engageraient à vous revendre 80% de leur production par exemple, et à vendre en direct à leurs propres clients 20%.
06:53 L'idée étant de faire la promotion de cette farine auprès du plus grand nombre de personnes.
06:57 - Et je crois, Nathalie, pour finir, que vous avez une question pour Gabriel.
07:00 - Oui, la question est "Que voulez-vous devenir ?"
07:03 Vous avez dit aux équipes en préparant l'émission que votre ambition est de révolutionner l'industrie agroalimentaire.
07:08 Alors, voulez-vous être un centre de recherche sur les alternatives agroalimentaires éco-responsables ?
07:13 Un grand moulin de Paris version farine alternative ?
07:16 Une industrie agroalimentaire qui utilise des farines alternatives,
07:19 aujourd'hui le dredge, mais demain un autre coproduit par exemple, pour fabriquer et vendre des produits finis ?
07:24 Vous pouvez, bien sûr, être les trois.
07:26 Nous, à La France Bouge, on vous souhaite juste d'être heureuse et d'atteindre votre but,
07:31 mais aussi de donner envie à d'autres femmes de se lancer dans l'industrie pour qu'elles puissent vivre leurs rêves, comme vous.
07:36 - Merci à vous, Nathalie. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
07:40 Alors, ce souhait très positif, ça forcément, parce que oui, peut-être faire passer le message d'être une femme aussi dans cette industrie-là,
07:46 c'est parfois un peu compliqué, il faut arriver aussi à faire passer le message que oui, on peut être là, être présente, et innover et proposer.
07:55 - Oui, il faut un peu faire changer les idées reçues dans ce milieu-là.
08:01 On sait tout aussi bien réparer une machine que n'importe quelle autre personne,
08:04 donc ce sont des capacités qui sont assez importantes quand on se lance,
08:07 on n'a pas forcément des techniciens ou des techniciennes de maintenance à disposition, donc il faut savoir un peu tout faire.
08:12 Pour la recherche de financement, c'est pareil, on a l'habitude plutôt de duo, d'entrepreneurs mixtes, ou plutôt masculins,
08:20 donc on doit faire notre place et montrer qu'on est capable. - Oui, parce que vous êtes deux cofondatrices.
08:24 - C'est ça, exactement. - Effectivement.
08:26 Et sur cette question de, voilà, que voulez-vous devenir, en tout cas, comment vous imaginez l'aspect centre de recherche,
08:32 comment on arrive à justement, voilà, trouver le bon équilibre ?
08:36 - Je pense que l'idéal, ce serait un savant mélange des trois, avec quand même une vocation d'ingrédientiste,
08:43 pour proposer des farines innovantes et d'autres ingrédients innovants pour l'industrie agroalimentaire.
08:47 - Oui, c'est ça, ça fait partie des objectifs, donc quelles seraient les prochaines étapes là pour vous, en 2023 ?
08:54 Il y a notamment la nouvelle gamme de produits, c'est ça ?
08:56 - C'est ça, donc 2023, c'est une année charnière, on vient de faire une autre levée de fonds,
09:01 qui va nous permettre de développer une gamme d'ingrédients protéinés, donc nous permettre d'extraire la partie protéique des drèches,
09:07 pour avoir des ingrédients qui sont vraiment spécifiques aux besoins des industriels agroalimentaires.
09:12 - D'accord, voilà. - Et avec ça, donc l'essai-mâche de notre premier site industriel,
09:16 qui servira un peu de modèle au prochain site, qu'on implantera dans les autres bassins Brassicoles.
09:22 - Donc il ne faut pas forcément chercher l'étiquette multivore, ce sera plus une présence dans certains produits, avec des gammes précises.
09:29 - C'est ça, exactement. On a quand même une petite gamme de produits qui sont mis sur notre site internet,
09:34 mais ces produits sont plus à visée pédagogique, donc pour faire connaître le produit, comme vous le disiez tout à l'heure, au grand public,
09:42 et proposer des applications faciles au quotidien.
09:44 - Et dans les innovations, qu'est-ce qui occupe vos journées en ce moment, le prochain produit que vous avez envie de voir aboutir ?
09:54 - Le prochain produit, c'est une farine qui sera concentrée à 40% de protéines.
10:00 Notre farine actuelle en contient 20%, c'est déjà bien, mais avec 40%, on arrivera vraiment à avoir des allégations nutritionnelles très poussées dans les applications de nos prospects.
10:08 - Et comment on arrive à doubler ce pourcentage ? Qu'est-ce qu'il faut réussir à faire ?
10:11 - En fait, il faut réussir à séparer les fibres et les protéines.
10:16 Aujourd'hui, dans notre unité de moulture, le moulin sépare la farine du son, le son c'est la partie très fibreuse,
10:23 donc il faudrait aller plus loin et aller chercher une plus grosse partie de protéines dans le produit.
10:27 - Très clair. Pierre Garcia, quel regard portez-vous sur ce que propose Maltivore, je le rappelle, directeur général des Grands Moulins de Paris ?
10:35 - C'est absolument séduisant, c'est vrai que cette capacité à réinventer les modèles,
10:42 aller chercher des solutions alternatives pour l'alimentation,
10:47 on parle de protéines, on parle de fibres, c'est juste très agréable de voir qu'on a aussi ces talents en France.
10:55 C'est agréable aussi de voir qu'on arrive à avoir un métier traditionnel qui se féminise,
11:02 et c'est aussi vrai dans une maison comme la nôtre, au Grand Moulin de Paris,
11:07 où on a la fierté en 2022 d'avoir obtenu la note de 99 à l'index sur l'égalité hommes-femmes.
11:14 Et puis c'est toujours très agréable de savoir qu'on va pouvoir,
11:20 encore une fois, aller plus loin dans la valorisation de l'ensemble de nos produits.
11:24 Moi je n'aime pas forcément trop le mot "déchet",
11:27 peut-être qu'on pourrait, ce serait peut-être un conseil de marketing, le modifier,
11:32 mais c'est une valorisation supplémentaire de la production agricole.
11:38 Ça va dans le sens de ce qu'on a évoqué toute cette matinée, c'est-à-dire
11:42 la réduction de notre empreinte carbone, la capacité à rendre nos filières résilientes et durables.
11:50 Et donc bravo et puis longue vie à Maltivore.
11:54 - Merci.
11:54 - Longue vie un peu partout en France, on l'a compris, Gabriel Le Gonc,
11:57 c'est l'idée d'être au plus près, vous l'aviez dit, là aussi il y a des projets en cours,
12:01 ça prend du temps d'arriver à bien trouver le bon écosystème, trouver le bon lieu tout simplement ?
12:05 - Oui ça prend du temps, il faut bien cartographier les brasseries qui sont sur place,
12:11 définir les volumes qu'elles vont produire, et puis après trouver le foncier,
12:16 installer l'unité de production, on est dans l'agroalimentaire,
12:18 donc c'est des spécificités, on ne peut pas se mettre dans n'importe quel bâtiment.
12:22 Donc oui ça prend du temps, et le prochain site sera au nord de Lyon,
12:26 et après on peut l'imaginer dans n'importe quel coeur de bière en France,
12:31 donc le nord de la France notamment, les Alpes, la Bretagne.
12:34 - Et bien vous serez là, bienvenue pour en parler de ces évolutions.
12:38 Merci à vous Gabriel Dugon, vous restez avec nous évidemment.
12:42 Alors chers auditeurs et auditrices, si vous êtes vous aussi une pépite,
12:45 si vous avez envie de venir pitcher ici votre projet d'entreprise sur Europe 1 à La France Bouge,
12:50 Nathalie Carré, on le rappelle, il n'y a qu'une seule adresse pour nous contacter.
12:54 - Une seule adresse, e1-lafrancebouge@europe1.fr,
12:58 et comme tous les jours, Premier Jury, Solène Godin, Charlotte Barrican et moi,

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