- 22/02/2023
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00:00:00 *Musique*
00:00:12 C'est un rêve partagé par de nombreux spécialistes et des amoureux des grands cétacés,
00:00:17 celui de pouvoir un jour entrer en communication avec ces animaux fascinants,
00:00:22 comprendre leur langage et leur quotidien.
00:00:26 Par les baleines, cachalots, dauphins ou encore requins,
00:00:30 là réside la quête de nos deux invités qui sont déjà entrés en contact,
00:00:35 voire en communication avec ces êtres doués de capacités cognitives et sensorielles exceptionnelles.
00:00:42 Aussi, comment ne pas réunir ces deux hommes qui parlent aux cétacés et croiser leurs paroles,
00:00:47 afin de rendre aux baleines, aux cachalots, aux dauphins et à ces autres requins
00:00:53 leur propre voix au-delà de leur champ.
00:00:55 Avec nous, Tom Mustille, bonsoir.
00:00:58 Ravi de vous compter parmi nous, vous êtes biologiste de la conservation,
00:01:02 réalisateur de films sur la vie sauvage et auteur du livre "Comment parler baleine",
00:01:06 un livre paru aux éditions Albin Michel et à vos côtés l'interprète Michèle Zlotowski, que je salue.
00:01:13 Et avec nous également François Sarrano, bonsoir.
00:01:16 Merci d'être avec nous, vous êtes docteur en océanographie, plongeur professionnel,
00:01:22 ancien conseiller scientifique du commandant Cousteau puis de Jacques Perrin,
00:01:25 président fondateur de l'association Longitude 181, la voie de l'océan.
00:01:30 Et on vous doit ce nouveau livre intitulé "Au nom des requins",
00:01:33 livre paru aux éditions Actes Sud.
00:01:36 Et puis dans l'œil du monde planète, la journaliste du quotidien Le Monde, Audrey Garrick,
00:01:40 nous parlera de l'ingénierie solaire, un sujet qui depuis quelques temps
00:01:44 défrait la chronique dans la communauté des scientifiques.
00:01:47 Bienvenue à toutes et à tous dans le magazine de l'environnement de France Culture,
00:01:52 préparé par Anaïs Morales avec l'appui de Vanessa Tchang et des équipes de Documentation de Radio France,
00:01:57 émission réalisée par Alexandra Malka, avec à la technique ce soir, Grégory Wallon.
00:02:02 Alors comment tout a démarré pour l'un et l'autre ?
00:02:10 On commence par vous François Sarrano, dans cette relation au CETAC.
00:02:14 Vous étiez tout gamin, alors on voit cette image, cette photo prise par un photographe du Dauphiné libéré.
00:02:20 Vous, enfant, avec un énorme requin bleu en plastique dans les bras, c'était en juillet 58.
00:02:26 Est-ce que c'est là que tout démarre pour vous ou alors un peu plus tard avec le commandant Cousteau ?
00:02:29 Un peu plus tôt avec mes parents qui étaient des gens qui m'ont offert la possibilité
00:02:36 de satisfaire ma curiosité démesurée des insectes, des verts de terre, des tritons, des tétards.
00:02:45 Et c'est merveilleux, la nature est merveilleuse.
00:02:48 C'est un émerveillement permanent à partir du moment où on prête attention
00:02:52 et que tout d'un coup on a de la considération pour chacune des créatures vivantes.
00:02:57 Les créatures vivantes ont tous des talents, des sens incroyables.
00:03:02 Nous réalisons très vite que nous sommes des infirmes dans ce monde.
00:03:05 Les baleines communiquent de façon formidable et nous ne les comprenons pas.
00:03:09 Et les requins ont des sens qui sont infiniment plus riches que les nôtres.
00:03:12 Par conséquent, chaque fois qu'on se penche sur une créature vivante, on plonge dans le merveilleux.
00:03:17 C'est Alice au Pays des Merveilles.
00:03:19 Parce qu'il y a toutes les formes et il y en a pour tous les goûts, on pourrait dire, dans ce monde du vivant.
00:03:26 Tom Musteel, de votre côté, vous avez été initié au monde naturel par les documentaires de David Attenborough,
00:03:33 je crois, quand vous étiez plus jeune.
00:03:35 Ce naturaliste scientifique britannique.
00:03:38 Est-ce que c'est vraiment lui qui vous a donné le goût très tôt ?
00:03:41 Ou alors, tout s'est passé le 12 septembre 2015 ?
00:03:45 Oui, j'ai toujours adoré la nature.
00:03:50 J'ai toujours aimé la nature.
00:03:52 Mais j'ai grandi au centre de Londres, dans une grande ville.
00:03:55 Et mon initiative, c'était vraiment dans mon petit jardin, allongé par terre,
00:04:01 à regarder dans l'herbe ce monde infiniment petit qui est tout proche de nous.
00:04:06 Mais oui, David Attenborough et Jacques Cousteau, les films de Jacques Cousteau, quand j'ai grandi,
00:04:12 m'ont rempli d'émerveillement et c'est le travail que j'ai entamé.
00:04:17 Et je le fais maintenant, je fais des documentaires sur les baleines.
00:04:22 Oui, c'était en 2015 que le monde a changé pour moi.
00:04:25 Alors expliquez-nous pourquoi il a changé ce monde ?
00:04:28 Je faisais du kayak dans la baie de Montreux avec ma caméra de Charlotte.
00:04:36 On regardait les baleines à bosse.
00:04:39 Il y avait beaucoup de baleines à bosse dans la baie.
00:04:42 C'était une grande école de poissons, si vous voulez, c'était une classe de poissons.
00:04:46 On y est allé à l'aube et Charlotte, elle était dans la comptabilité,
00:04:51 elle n'avait jamais vu une baleine à bosse.
00:04:53 Et donc on tapait sur les kayaks pour écarter un petit peu les baleines.
00:05:00 On avait terminé et puis il y a une baleine qui est arrivée, adulte,
00:05:06 qui a sauté, qui a fait un bridge, ce qu'on appelait, elle a sauté par-dessus.
00:05:10 Elle est retombée sur le kayak.
00:05:11 Elle a détruit le kayak et sous l'eau, on a essayé de s'en sortir.
00:05:16 On a réussi à revenir à la surface et tout allait bien.
00:05:21 J'étais très surpris parce que la dernière chose que j'avais vue,
00:05:24 c'était la baleine au-dessus de moi comme une montagne qui sortait de l'eau.
00:05:28 Et je me suis dit "là, je suis mort".
00:05:30 Et Charlotte, elle était vraiment, elle était beaucoup plus proche de la baleine.
00:05:33 Elle avait senti qu'elle allait y aller.
00:05:35 J'étais très étonné.
00:05:37 Comment ai-je fait pour survivre ?
00:05:39 Et il y a un touriste qui a filmé ça sur son téléphone.
00:05:42 Et les scientifiques ont regardé les mouvements de la baleine et de la queue.
00:05:47 Elle est allée dans une direction et la baleine s'est tournée en vol.
00:05:51 Et c'est comme ça qu'on a survécu.
00:05:54 Pas précisément parce que la baleine voulait nous laisser en vie, mais ils ont vu ça.
00:05:58 Et peut-être qu'elle s'est sentie inconfortable à atterrir sur des gens.
00:06:04 Donc j'ai tiré la ficelle de cette histoire, tiré le fil.
00:06:08 Et puis voilà, la suite vous la connaissez.
00:06:10 - François Saranou, ce comportement-là de cette baleine, est-ce qu'on peut le justifier ?
00:06:16 C'est vrai qu'elle aurait pu les tuer, tous les deux.
00:06:19 Et puis finalement, elle se contorsionne.
00:06:22 C'est comme pour les éviter.
00:06:24 Bon là, ça peut être une interprétation un petit peu humaine,
00:06:27 qu'il ne faut pas donner à ce genre de comportement, mais quand même.
00:06:29 - L'expérience que j'ai eue, non pas avec des baleines à bosse, mais avec des cachalots,
00:06:33 montre clairement qu'ils sont extrêmement attentifs à nous, les humains.
00:06:39 Ils sont très délicats.
00:06:41 Ils arrivent même à reculer pour ne pas heurter.
00:06:45 Et lorsque il y a le contact, il est d'une douceur extrême.
00:06:51 Ce n'est pas un choc, c'est une lente et douce poussée qui réclame une caresse.
00:06:56 Les cachalots, encore une fois, je connais moins bien les baleines à bosse,
00:07:01 c'est des tonnes de délicatesse et de grâce, et très, très attentionnés.
00:07:07 - Donc on a souvent ces idées reçues en regardant ce monde du silence,
00:07:13 en regardant ces mammifères marins.
00:07:16 On a plutôt de la crainte, surtout vu leur volume et ce qu'ils représentent.
00:07:21 Est-ce que, vous nous dites François Sarrano, finalement, c'est une vue de l'esprit,
00:07:26 c'est une peur dont il faut se détacher ?
00:07:29 - Il n'y a que des individualités, des personnalités chez les humains,
00:07:33 comme chez les cétacés ou chez les requins.
00:07:36 Cela veut dire qu'en général, ces animaux sont plutôt doux,
00:07:40 plutôt attentifs à nous, mais il peut y avoir d'autres individus
00:07:44 un petit peu plus explorateurs et parfois mal lunés ce jour-là.
00:07:48 Par conséquent, on ne peut pas tirer de généralité.
00:07:50 Mais dans l'ensemble, depuis 50 ans que je plonge,
00:07:54 que ce soit avec des requins, que ce soit avec des cachalots, des orques, des globicéphales,
00:07:58 j'ai toujours vu des animaux qui étaient soit précautionneux,
00:08:03 soit, quand ils venaient vers nous, extrêmement délicats et attentifs.
00:08:08 - Ces comportements, bien sûr, ils nous surprennent, on le comprend.
00:08:11 Nous, public non averti.
00:08:13 Mais il raconte aussi de belles histoires, comme pour cet Américain
00:08:16 qui pêchait en face de Boston.
00:08:18 Écoutez ce reportage diffusé sur France 2 le 12 juin 2021.
00:08:21 - Il s'en tire avec des blessures légères à la jambe.
00:08:24 Hier, Michael Packard n'a rien vu venir derrière lui.
00:08:27 Alors qu'il était en plongée en bouteille, ce pêcheur de homards s'est senti happé violemment.
00:08:32 Il a d'abord cru à une attaque de grands requins blancs et pensait sa dernière heure arriver.
00:08:37 - Tout est devenu noir.
00:08:40 Puis j'ai senti qu'il n'y avait pas de dents.
00:08:43 Je ne ressentais pas de grande douleur.
00:08:45 Et j'ai réalisé, mon Dieu, je suis dans la bouche d'une baleine.
00:08:49 Et je me suis dit, elle essaie de m'avaler.
00:08:52 Je vais mourir ici.
00:08:54 Mais sa bouteille d'air fonctionnait encore.
00:08:57 Et au bout de 30 secondes, la baleine trouva la situation aussi inconfortable que lui.
00:09:02 - D'un coup, elle est remontée à la surface.
00:09:05 J'ai senti qu'elle secouait sa tête.
00:09:07 Elle m'a expulsé en l'air.
00:09:09 Je suis retombé dans l'eau, enfin libre.
00:09:14 (Musique)
00:09:17 France Culture, de cause à effet.
00:09:27 Le magazine de l'environnement, Aurélie Luneau.
00:09:30 - Avant de donner la parole à Tom Mustille, je vous sens un peu dubitatif, François Sarrano.
00:09:35 On voit les images de ce qui s'est passé.
00:09:38 Comment vous l'interprétez-vous ?
00:09:40 - Je suis expulsé en l'air, je suis un peu surpris au moins de la terminologie.
00:09:44 Et pour avoir été dans des nuages de krill avalés par des baleines bleues,
00:09:49 je sais très bien qu'elles savent exactement quand il y a des gros troncs d'arbres ou des flangeurs.
00:09:56 Elles l'évitent.
00:09:58 Et c'est vraiment une méprise exceptionnelle qui a eu lieu là.
00:10:00 Et je pense qu'elle n'a pas dû le garder longtemps dans la bouche.
00:10:03 - Tom Mustille.
00:10:05 - Moi j'ai vu des photos aussi quand des baleines à bosse ont avalé par erreur des pélicans ou autres.
00:10:18 Leur langue est très sensible, elles ouvrent tout de suite la bouche et expulsent.
00:10:23 Vous savez, ils ne peuvent pas risquer d'avaler des gros objets parce que leur gosier est très très petit.
00:10:33 Et donc je crois qu'il y a un petit peu d'exagération dans l'histoire.
00:10:36 - En tout cas vous avez tous les deux assisté ou eu connaissance de récits incroyables qui témoignent d'une intelligence spécifique.
00:10:43 Je pense par exemple à ce dauphin qui s'est approché d'un plongeur pour qu'il le libère d'un hameçon planté dans sa nageoire pectorale.
00:10:53 Tom Mustille.
00:10:54 On peut penser aussi à des femelles orques qui portent le cadavre de leurs petits
00:10:59 et qui semblent montrer des expressions de deuil.
00:11:03 Alors bien sûr, attention à ces comportements.
00:11:06 Il ne s'agit pas, comme je le disais, de les assimiler aux nôtres, mais il y a quand même ces témoignages-là.
00:11:13 - Bien qu'il soit compréhensible qu'il ne faut pas surinterpréter, il y a un risque tout à fait égal de sous-interpréter.
00:11:25 Nous n'avons que nos façons humaines de décrire les choses, nos sentiments.
00:11:30 Et nous penser, si on les quitte et on dit "ah non, cet animal cherche simplement à survivre, il ne peut pas montrer un sentiment de deuil",
00:11:39 alors on va rater ce qui se passe. On risque de rater ce qui se passe.
00:11:42 Comme François l'a dit, tous sont des individus.
00:11:45 Il y a des orques qui ont commencé à porter des saumons sur la tête, comme un chapeau, on ne sait pas pourquoi.
00:11:53 Et à Gibraltar, il y a un autre groupe qui attaque le bas des bateaux, on ne sait pas pourquoi.
00:11:59 Mais ce sont des comportements localisés pour des sociétés d'animaux différentes.
00:12:05 Et on voit souvent dans leurs comportements des choses que l'on reconnaît en nous.
00:12:10 Les dauphins, par exemple, se saoulent intentionnellement.
00:12:15 Ils font des associations, des rencontres amicales entre animaux.
00:12:21 Et ce sont aussi des choses horribles de notre point de vue.
00:12:24 Certains dauphins tuent d'autres dauphins.
00:12:29 Ils sont exactement comme les êtres humains.
00:12:33 Il y a des comportements différents, centaines de comportements différents,
00:12:37 et il est difficile de leur attribuer nos valeurs morales.
00:12:41 Et aussi, c'est tout aussi dangereux de les considérer comme une masse d'animaux qui ne réfléchissent pas, qui ne pensent pas, qui ne sentent pas.
00:12:49 - Et vous, M. Arano ? - Je suis tout à fait d'accord avec ce que Tom vient de dire.
00:12:53 - Vous devez penser à Ocachalot-Eliot, notamment, non ? - Oui, Ocachalot-Eliot, l'histoire d'un oiseau.
00:12:57 - Vous pouvez raconter, peut-être ? - Je reviens sur l'idée très forte.
00:13:01 Toutes les créatures vivantes, et en particulier les grands cétacés, ont une conscience du monde qui est différente de la nôtre.
00:13:08 Il ne faut pas les comparer, mais il faut bien se rendre compte que leur sens et leur capacité cognitive
00:13:15 leur amènent des informations du monde qu'ils analysent aussi, mais avec leur référentiel.
00:13:22 Le nôtre est un référentiel qui est particulier, on a un passé et un présent très long, etc.
00:13:27 Eux, c'est plutôt dans l'instant, dans la journée, le bien-être du moment.
00:13:31 Cela n'empêche que, chez les cétacés, on le voit, ils ont conscience de la mort.
00:13:37 Ils ont conscience de l'irréversibilité de la mort.
00:13:39 Quand une mère dauphin, j'ai vu ça, cachalot, reste avec son petit, et le porte, et le pousse,
00:13:47 et essaie de le ramener à la vie, tous les animaux n'ont pas cette conscience-là.
00:13:51 Mais il faut vraiment réaliser que nous ne sommes pas les seuls à avoir une manière intelligible du monde.
00:13:57 Et la deuxième chose, c'est la particularité, la singularité de chaque individu,
00:14:04 et chez les cétacés, de chaque population, qui ont des cultures propres,
00:14:10 avec des transmissions à la fois intergénérationnelles, et puis par les jeux entre les individus,
00:14:17 les transmissions d'innovations, et ces innovations qui prennent racine dans la société,
00:14:24 amènent un changement culturel qui isole encore un peu plus cette société d'orques ou de dauphins,
00:14:29 de celle qui était Saint-Patrick, juste à côté.
00:14:32 Nous, on a à l'île Maurice, une population de cachalots dont je parle assez souvent,
00:14:37 qui est le clan d'Irène Gueule-Tordue, elle a une culture qui se traduit par des expressions vocales propres,
00:14:42 qui est complètement différente de celle du clan des Marques Blanches,
00:14:46 ou du clan des Ailes de Gohélin, qui pourtant partagent le même territoire.
00:14:50 Et leurs expressions sonores, ça c'est celle du clan d'Irène Gueule-Tordue,
00:14:55 est différente de celle du clan des Marques Blanches qui est 3+2 ou 6 réguliers.
00:15:04 Et pourquoi ? Parce qu'ils vivent ensemble, parce qu'ils transmettent,
00:15:07 parce qu'encore une fois, il y a une transmission.
00:15:09 Si on parlait des requins, le bouquin au nom des requins, il n'y a pas de transmission intergénérationnelle,
00:15:15 et ces particularismes qui apparaissent entre les populations sont beaucoup moins fréquents,
00:15:22 puisqu'il n'y a pas de déchange et il n'y a pas de transmission.
00:15:25 Donc la culture, il n'y a pas de culture qui se dissémine.
00:15:28 - Donc vous nous amenez tout naturellement, François Saranau, à parler justement de ce langage.
00:15:33 Tom Mustille, le chant des baleines, vous avez mené une enquête,
00:15:40 vous avez tenté d'en percer les mystères, alors il y a encore des mystères qui restent bien sûr,
00:15:44 mais en quoi est-ce que, selon vous, le chant des baleines est si spécifique ?
00:15:51 - Le chant des baleines à bosse a été découvert récemment, il y a une durée de vie humaine, c'est tout.
00:15:58 C'était un scientifique, Scott McFay et d'autres ont donné des enregistrements dans les Bahamas,
00:16:11 enregistrements faits par les militaires américains.
00:16:17 Il y avait des sons bizarres, ils ne savaient pas ce que c'était,
00:16:21 ils se sont dit que c'était peut-être des sons de baleines.
00:16:24 Quand Roger a fait l'enquête, et quand la baleine plonge pendant 20 minutes,
00:16:29 elle fait des vocalises avec des grandes variations, très très belles pour l'oreille humaine.
00:16:34 Elle revient à la surface, elle exhale, inhale, et replonge, et recommence à chanter, peut-être toute une journée.
00:16:42 Il s'est allongé, il a écouté, et lui c'était un musicien.
00:16:47 Il a commencé à noter des modules qui se répétaient, il a commencé à les analyser comme on analyse de la musique.
00:16:55 Phrases, refrains, rythmes, les rimes, et il n'y avait aucun autre mot dans notre langue que "chant" pour qualifier cela.
00:17:07 Et depuis, il y a plus de 50 ans, on a découvert beaucoup d'autres choses.
00:17:13 Comme François l'a dit, ces populations sont souvent séparées,
00:17:17 mais leurs chants changent constamment, mais elles s'écoutent les unes les autres.
00:17:21 Chaque année, il y a une chanson qui change d'océan à océan de ces baleines à bosse.
00:17:28 Au bout de 5 ans, ces chants vont être complètement différents.
00:17:32 Parce que les baleines à bosse sont la population la plus distribuée à travers le monde,
00:17:38 et elles chantent dans les océans dans lesquels elles vont.
00:17:41 Une des suggestions, c'est que c'est le produit culturel le plus développé dans le monde entier.
00:17:48 Par exemple, elles sont au-delà, ce chant a été enregistré et emmené par une sonde interstellaire.
00:18:01 Ces chants se trouvent maintenant au-delà du cercle de la galaxie.
00:18:06 J'ai été avec les baleines à bosse quand elles chantaient.
00:18:10 Les femelles ne font pas attention à ces chants-là.
00:18:15 Il y a d'autres éléments en forme plus courte dans d'autres situations.
00:18:20 C'est un mystère pour nous, un merveilleux mystère.
00:18:24 C'est un mystère puissant, parce que quand Roger a publié ces chants,
00:18:28 et quand on les a entendus, les gens sont tombés amoureux de ces chants.
00:18:32 On a vu dans les baleines quelque chose qui pouvait nous relier à elles.
00:18:36 C'était un facteur important qui nous a fait changer de l'assassinat industriel des baleines
00:18:42 à quelque chose qui permet une pêche, qui permet la reconstitution des populations de baleines.
00:18:49 C'est un des grands mystères de la planète, ces chants et ces baleines.
00:18:53 - C'est Roger Payne qui avait initié cette méthode de captation des chants,
00:19:00 et qui avait proposé un CD notamment dans les années 70.
00:19:04 Et en janvier 79, la Revue Nationale Géographique avait vendu un de ses numéros avec ce CD.
00:19:12 Et tout a été vendu à 10,5 millions d'exemplaires en 1979.
00:19:17 Vous en souvenez, François Sarrano ?
00:19:19 - Malheureusement pas, et ce collector-là, je souhaiterais vraiment l'avoir.
00:19:24 - On imagine !
00:19:25 - Ce qui est intéressant, c'est que ces chants, il ne faut pas essayer de savoir ce que ça veut dire.
00:19:31 C'est un peu comme la musique, c'est très structuré,
00:19:35 mais dans le même temps, on ne peut pas traduire une symphonie de Mozart.
00:19:39 En revanche, ça communique une émotion formidable qui touche tout le monde.
00:19:43 Et on a souvent laissé pour compte cette communication émotionnelle très forte,
00:19:49 qui pourtant est essentielle dans l'histoire du monde, et même chez nous les humains.
00:19:53 C'est elle qui structure le monde.
00:19:55 - Oui, ça ne devait pas être un CD, comme on me dit, pardon, on fait une coupure dans l'émission.
00:20:01 Ça devait être un vinyle, parce que en 79, il n'y avait pas de CD, Grégory, tu as raison.
00:20:05 Bon, alors je te refais la formule, Alexa, on fera un peu de montage.
00:20:10 Donc voilà, je reprends.
00:20:12 - En fait, Tom dit que c'était un disque souple.
00:20:15 - Ah oui, un disque souple.
00:20:16 - Dans le magazine, c'était un disque souple.
00:20:19 - Un flexi, comme on disait, d'accord.
00:20:22 Alors je te refais juste ça pour le montage.
00:20:24 Donc c'était Roger Payne qui avait initié cette méthode avec un disque souple,
00:20:29 un flexi, comme on dit à l'époque, qui accompagnait la revue Nationale Géographique.
00:20:35 En janvier 1979, il est vendu à 10,5 millions d'exemplaires.
00:20:39 - C'est le vend-tu-ra.
00:20:42 - Oui, pardon, allez-y.
00:20:43 - C'était le disque le plus pressé du monde entier.
00:20:50 Michael Jackson et d'autres ont vendu plus de disques,
00:20:55 mais ils n'ont jamais fait une commande aussi grosse de 10 millions d'exemplaires d'un disque flexible.
00:21:02 - Est-ce que je peux continuer sur quelque chose que François a dit ?
00:21:06 - Je pense qu'il a souligné un point extrêmement important.
00:21:09 Nous avons l'habitude, quand on regarde le comportement d'autres animaux,
00:21:13 de penser, quelle est la signification de l'évolution ?
00:21:18 Comment est-ce que ça les aide à survivre ?
00:21:21 Mais réfléchissez un instant.
00:21:23 Ces animaux communiquent dans leur société, dans la mer,
00:21:27 depuis plus longtemps que nous nous sommes sur la Terre.
00:21:30 On ne peut pas créer une cathédrale dans l'océan.
00:21:32 Il n'y a pas de mains. Si vous êtes dans l'eau, vous ne pouvez pas faire de feu.
00:21:36 Mais vous pouvez créer une culture vocale.
00:21:40 Les dauphins vont au-devant des bateaux.
00:21:44 Ils émettent des bulles.
00:21:47 Ils peuvent se saouler, comme je l'ai dit précédemment.
00:21:50 Et quand on regarde ces choses-là, on se dit,
00:21:53 ils s'amusent, ils font des exercices.
00:21:57 Mais réfléchissez à ça.
00:21:59 Lorsque nous avons terminé la chasse,
00:22:03 ou quand on survit, on joue, on fait de la musique.
00:22:07 Et on ne considère pas ces choses-là comme étant communes.
00:22:11 On ne les considère pas comme étant des pratiques de survie,
00:22:14 mais comme étant le but de la vie.
00:22:16 Peut-être que les baleines et les dauphins sont arrivés à ce point avant nous.
00:22:21 Et on les regarde avec nous, avec cette vision.
00:22:25 Ah, ce sont des êtres primitifs de survie,
00:22:29 plutôt qu'une fonction de plaisir ou d'art.
00:22:32 - Changer la façon de voir et de faire entendre ces espèces, c'est essentiel.
00:22:36 Pour les sauver aussi de la prédation humaine,
00:22:39 François Sarrano, Tom Mustille le rappelait il y a quelques instants,
00:22:42 en disant que c'était des espèces en danger, massacrées,
00:22:45 toujours, par les Japonais d'ailleurs, pour les baleines.
00:22:48 Malgré le moratoire voté par la Commission baleinière internationale en 1982,
00:22:52 le Japon en est sorti tout récemment,
00:22:55 et puis les requins, chassés pour leurs ailerons,
00:22:58 38 millions de requins massacrés chaque année.
00:23:01 Quand on entend effectivement ce regard, cette vision de Tom Mustille,
00:23:05 vos connaissances à tous les deux,
00:23:07 on se dit comment est-ce qu'on en arrive à cette prédation ?
00:23:10 - Aujourd'hui, les requins sont quand même beaucoup plus en danger
00:23:13 que les grands cétacés, qui bénéficient quand même du moratoire,
00:23:17 alors que les requins, non seulement, ne bénéficient pas d'un arrêt de la pêche,
00:23:21 mais non, ne bénéficient pas non plus d'un capital sympathie
00:23:24 chez la plupart d'entre nous.
00:23:26 Donc il est urgent de porter leur voix haut,
00:23:28 parce que eux, contrairement à la plupart des animaux,
00:23:31 n'émettent pas de son, il n'y a pas d'expression sonore
00:23:34 que l'on connaisse et qui soit mise par les requins.
00:23:37 Ils ne peuvent pas émettre de son.
00:23:39 Donc, leurs moyens de communiquer sont des moyens qui sont d'ordre vibratoire, visuel,
00:23:44 ils ont des attitudes beaucoup plus complexes à saisir pour nous, les humains,
00:23:48 et ainsi, difficiles à pénétrer leur monde et leur société ou embryons de société.
00:23:56 Et donc, on ne fait pas attention à eux.
00:23:58 La plupart des créatures vivantes sont insignifiantes pour nous
00:24:03 et sont considérées comme rien, soit de la ressource, soit du néant.
00:24:07 L'étoile de mer, par exemple, n'a pas de voix.
00:24:10 On se fiche de savoir si dans un chalut,
00:24:12 il y a des milliers, des millions de tonnes de...
00:24:16 Pardon, pas des millions, des dizaines de tonnes de créatures vivantes
00:24:20 qui ne correspondent pas à nos poissons, c'est rien, ça ne compte pas.
00:24:23 Les requins, c'est un peu ça, c'est la même chose.
00:24:25 C'est-à-dire que ça ne compte pas, la vie du requin ne compte pas.
00:24:28 En revanche, quand on commence à plonger avec eux régulièrement
00:24:32 et à les connaître, on s'aperçoit que là aussi,
00:24:36 chaque requin est une singularité.
00:24:40 Il développe sa propre histoire et donc sa propre personnalité.
00:24:45 Même si, différemment des cétacés, comme eux ils ont la vie longue,
00:24:49 mais ils n'ont pas une analyse très importante de leurs expériences,
00:24:53 nonobstant ça, ils en construisent tout de même des personnalités
00:24:56 qui se séparent les unes des autres.
00:24:57 Il n'y a pas plus différent d'un requin blanc qu'un autre requin blanc.
00:25:01 Et je ne parle pas de l'extraordinaire diversité des espèces
00:25:04 qui fait que sous le vocable requin, on ne qualifie rien.
00:25:08 C'est comme si on disait mammifères.
00:25:11 Il y a les humains, les chauves-souris, les éléphants.
00:25:13 Attention, on est très éloigné de ce vivant.
00:25:17 Il faut s'en rapprocher et considérer encore une fois
00:25:20 que chaque créature vivante ayant son histoire propre,
00:25:23 elle est singulière.
00:25:24 C'est à ce niveau-là qu'il faut considérer la diversité du vivant.
00:25:27 - Et vous savez de quoi vous parlez, François Sarrano,
00:25:29 parce que vous plongez avec ces requins,
00:25:31 vous avez plongé, vous continuez certainement de plonger avec les cachalots,
00:25:34 avec ces espèces marines.
00:25:37 Vous pouvez peut-être nous parler de certaines relations,
00:25:41 même connexions, communications avec eux.
00:25:44 Je pense à Lady Mystery.
00:25:46 Parlez-nous d'elle quand même.
00:25:47 Un grand requin blanc.
00:25:50 - On est pour le tournage du film "Océan" en 2006.
00:25:54 On est au large de la petite île de Guadalupe dans le Pacifique,
00:25:57 une eau bleue, plusieurs centaines de mètres de fond.
00:26:01 On est à 20 mètres de profondeur.
00:26:04 Tout d'un coup, une énorme femelle requin blanc,
00:26:08 soeur des dents de la mer de Peter Benchley et Spielberg,
00:26:12 5 mètres 50, une tonne et demie,
00:26:15 elle arrive face à moi.
00:26:17 Ça fait des jours qu'on attend ça.
00:26:19 On a eu des faces à face.
00:26:21 Et puis là, elle est calme.
00:26:23 Elle est calme.
00:26:24 Tout d'un coup, elle ne se détourne pas.
00:26:26 Et elle m'accepte pendant 1 minute 17.
00:26:30 Je sais, parce que le plan fait 1 minute 17.
00:26:32 C'était filmé magnifiquement par Didier Noireau et David Rechert.
00:26:36 À côté d'elle, d'abord les yeux dans les yeux,
00:26:39 puis à quelques centimètres,
00:26:41 oui, quelques centimètres nous séparent.
00:26:44 C'est plutôt un centimètre de confiance qui nous unit.
00:26:48 Et là, cette sérénité, cette plénitude,
00:26:52 ce moment de connivence, de confiance de l'un en l'autre,
00:26:56 change le monde.
00:26:57 On se dit que si même avec le grand requin blanc,
00:27:00 on peut trouver la distance juste
00:27:03 qui permet d'être en paix ensemble,
00:27:05 bien qu'on ne puisse pas se comprendre.
00:27:07 Le requin, il se fiche de moi.
00:27:09 Et moi, je ne le comprendrai jamais.
00:27:11 Le seul fait de vouloir le comprendre,
00:27:13 et ceci, m'était dû,
00:27:15 fait qu'on peut vivre en paix.
00:27:17 Et tout d'un coup, commencer,
00:27:19 en oubliant notre propre référentiel,
00:27:21 d'essayer de rentrer dans le monde de l'autre,
00:27:23 pour tenter de le rejoindre.
00:27:25 C'est ça qui est merveilleux.
00:27:27 - En tout cas, les requins, on ne les touche pas.
00:27:29 - Oui, il faut une distance.
00:27:31 Souvent, les dauphins ou des cachalots,
00:27:34 on n'a pas ce contact possible.
00:27:38 - Non, par respect pour leur liberté sauvage.
00:27:41 Personne n'aimerait que quelqu'un dans la rue,
00:27:44 même un copain, tout d'un coup, arrive et vous saisisse.
00:27:47 Non, il faut le respecter.
00:27:49 Et puis, les animaux sauvages, requins, cachalots,
00:27:52 dauphins, baleines, ne sont pas nos jouets.
00:27:54 Ils ne sont pas là pour satisfaire nos caprices.
00:27:56 - Mais eux peuvent venir au contact.
00:27:58 - Non, c'est leur liberté que de venir nous côtoyer,
00:28:01 nous pousser, demander et même tenter de nous apprivoiser,
00:28:05 comme Elliot a tenté de le faire,
00:28:07 Elliot, le jeune cachalot,
00:28:09 ayant des attitudes caractéristiques de demande de caresse
00:28:15 et ses fameuses expressions sonores à 8 clics
00:28:17 *tap tap tap*
00:28:19 qui disent "je voudrais un contact".
00:28:21 C'est lui qui voulait tisser des liens,
00:28:23 c'est lui qui voulait m'apprivoiser.
00:28:25 En revanche, les requins, c'est un peu plus sobre.
00:28:27 Je ne sais d'ailleurs même pas comment ils me perçoivent,
00:28:29 qu'est-ce que je suis pour le requin,
00:28:31 *pompompompom*
00:28:33 une mauvaise odeur, des ondes électromagnétiques,
00:28:35 je ne sais pas comment il me perçoit,
00:28:37 je ne sais pas ce que je suis pour lui.
00:28:39 Donc il ne faut pas faire de transfert.
00:28:41 En revanche, moi je vis quelque chose de très fort
00:28:43 et je sais que si elle, cette grande femelle,
00:28:45 est restée, c'est qu'elle était bien.
00:28:47 Un animal sauvage ne reste jamais s'il n'est pas bien.
00:28:50 Il fuit, il s'en va, il a l'océan pour lui.
00:28:53 Par conséquent, cela montre qu'à ce moment-là,
00:28:55 tous deux, nous étions en paix, ensemble.
00:28:57 - Et quand il attaque, il y a une raison systématique ?
00:29:00 - Pourquoi parle-t-on d'attaque lorsqu'on parle de requin ?
00:29:03 - Non mais on parle d'attaque entre humains aussi.
00:29:05 - Oui, non non non,
00:29:07 mais ce n'est pas tant sur le terme d'attaque.
00:29:09 J'allais dire, quand on interview un cavalier,
00:29:12 on ne lui parle pas des accidents.
00:29:14 Or il y a 60 fois plus d'accidents en France métropolitaine
00:29:17 avec les chevaux que dans le monde entier avec les requins.
00:29:20 Toute espèce confondue et des centaines de millions de personnes sur leur territoire.
00:29:24 C'est extrêmement rare.
00:29:26 Et il y a deux choses à dire.
00:29:27 La première, c'est que c'est dû à des individualités.
00:29:31 On ne peut pas dire c'est telle, telle, telle espèce.
00:29:34 Des individualités particulièrement exploratrices, audacieuses,
00:29:37 qui à un moment donné, des circonstances particulières,
00:29:40 vont passer à l'âc en se disant "J'ai très faim, j'ai très faim, je vais oser".
00:29:44 C'est très difficile pour un requin d'oser,
00:29:47 mort dans quelque chose qu'il ne connaît pas, en aveugle.
00:29:50 Donc on ne peut pas dire pourquoi, comment ça se passe.
00:29:54 On sait qu'il y a des circonstances favorables.
00:29:56 L'eau trouble, de l'eau qui a drainé beaucoup,
00:29:59 de déchets organiques qui attirent les requins.
00:30:02 Et à ce moment-là, si en plus on tape sur l'eau et qu'on mime un poisson blessé,
00:30:06 on fait un cocktail qui renforce la probabilité de faire une mauvaise rencontre
00:30:10 qui peut-être, si l'individu est particulièrement explorateur,
00:30:13 va conduire un accident.
00:30:15 Mais ça prend toujours beaucoup de temps de dire qu'il ne faut pas les considérer.
00:30:19 - Tom Musteel, je me tourne vers vous,
00:30:22 parce que là, François Saranau nous a donné à comprendre
00:30:26 que ces espèces marines, ces grands mammifères marins,
00:30:31 nous regardent, nous auscultent, donc nous scannent.
00:30:34 Vous avez été vous-même scanné par une baleine ?
00:30:38 - Oui, j'ai eu une expérience très semblable dans les eaux.
00:30:46 On les filmait sur l'anatomie des grands cétacés,
00:30:56 et je ne voyais pas où était la baleine,
00:30:59 mais je pouvais sentir ces sons à travers l'eau,
00:31:06 dans mon visage, dans mon corps, dans mon front.
00:31:11 Ça m'a pris du temps pour localiser où était la baleine.
00:31:16 Elle ne me scannait pas en tant qu'individu, comme le racontait François.
00:31:21 Je faisais partie de l'environnement qu'elle scannait.
00:31:24 Mais j'ai eu des dauphins qui venaient vers moi, qui me scannaient.
00:31:28 J'ai eu un copain caméraman qui filmait un dauphin femelle,
00:31:32 et sa caméra, c'était une vieille caméra mécanique, ça faisait des clics.
00:31:37 Le dauphin est venu avec son rostre, le grand nez des dauphins,
00:31:42 avec son nez juste devant sa tête, avec ce son-là.
00:31:45 C'était comme si quelqu'un avait ouvert une bouteille de boisson gazeuse
00:31:51 qui pénétrait sa tête.
00:31:53 C'était du son qui était utilisé pas seulement pour vocaliser,
00:31:57 mais pour sentir le monde.
00:32:00 Le caméraman a senti que cette dauphin, cette femelle dauphin,
00:32:04 il le lisait à l'intérieur de son corps.
00:32:07 Lui, il a passé beaucoup de temps avec elle.
00:32:10 On a demandé au caméraman qu'est-ce qui s'était passé.
00:32:15 La personne à qui on a posé la question a découvert qu'elle était enceinte
00:32:24 après avoir eu cette rencontre avec cette femelle dauphin,
00:32:28 qui était enceinte elle-même.
00:32:31 Qu'est-ce qu'elle faisait, cette femelle dauphin ?
00:32:34 Est-ce qu'elle a vu qu'il y avait un enfant à l'intérieur de son corps, peut-être ?
00:32:38 Comme François a dit, cette nature tactile des baleines.
00:32:47 Quand on met une caméra sur le dos d'une baleine,
00:32:50 elles nagent ensemble.
00:32:53 Elles se touchent avec leur nageoire.
00:32:58 On a l'impression que ce sont des animaux énormes, mais ils sont très sensibles.
00:33:03 Ils savent parfaitement où est la limite de leur corps.
00:33:06 Ça va à l'encontre de cette idée qu'on a sur les baleines
00:33:10 comme des gros dinosaures un peu pâteaux.
00:33:13 Pas du tout.
00:33:15 J'ai une petite fille qui a deux ans.
00:33:19 Quand je regarde les expériences avec les bébés dans la mer,
00:33:25 les baleines, c'est comme un jeu de cache-cache.
00:33:30 Je peux en parler pendant des heures de ces jeux de baleines et de baleineaux dans la mer.
00:33:37 - François Sarriot ?
00:33:39 - Celui qui dit qu'une baleine pèse 35 tonnes, c'est qu'il n'a jamais nagé avec une baleine.
00:33:42 Une baleine, c'est léger comme un papillon qui danse dans le ciel de l'océan.
00:33:45 Et puis, surtout les caresses.
00:33:47 Les caresses, c'est des animaux qui se caressent beaucoup, extrêmement tactiles.
00:33:51 Et si on change de référentiel et qu'on se dit que l'important pour eux, c'est d'être bien dans l'instant,
00:33:57 comment mieux communiquer qu'avec une caresse ?
00:34:01 Une caresse, ça donne des choses, ça dit des choses qu'aucun mot, qu'aucun verbe, qu'aucun poème ne dira jamais.
00:34:07 Une caresse offerte, une caresse reçue, c'est le sens profond du monde.
00:34:11 C'est l'essentiel qui est transmis.
00:34:13 Par conséquent, ce moyen de communiquer, il est primordial.
00:34:18 Il n'est pas primitif, il englobe tout.
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00:38:07 C'était "Remember Me" de Gabrielle
00:38:19 et c'est la suite du magazine de l'environnement de France Culture,
00:38:23 de Causaeffet, immersion totale dans le monde des cétacés
00:38:27 et autres animaux marins. Une émission à deux voix,
00:38:31 celle de Tom Mustille et de François Sarrano, qui nous offrent une rencontre
00:38:35 exceptionnelle entre deux hommes qui parlent aux grands animaux marins.
00:38:39 Tom Mustille, biologiste de la conservation,
00:38:43 réalisateur de films sur la vie sauvage et auteur du livre "Comment parler baleine"
00:38:47 paru aux éditions Albain Michel et François Sarrano, docteur en océanographie,
00:38:51 plongeur professionnel, ancien conseiller scientifique du commandant Cousteau, puis
00:38:55 professeur de géologie de Jacques Perrin, président fondateur de l'association Longitude 181
00:38:59 "La Voix de l'Océan" et on vous doit ce nouveau livre
00:39:03 intitulé "Au nom des requins", un livre paru aux éditions Actes Sud.
00:39:07 Mais tout de suite, direction la rédaction des pages Planète du journal Le Monde,
00:39:11 notre partenaire média Audrey Garrick et notre œil du monde Planète.
00:39:15 Bonsoir Audrey. - Bonsoir Aurélie.
00:39:19 - Vous vous intéressez cette semaine à la géo-ingénierie solaire,
00:39:23 une idée controversée de technique visant à modifier de manière volontaire
00:39:27 le climat de la Terre pour limiter le réchauffement climatique.
00:39:31 Une première expérience dans la stratosphère a peut-être eu lieu l'an dernier
00:39:35 et elle a quand même suscité l'émoi des scientifiques.
00:39:39 - Oui, l'an dernier, un Américain qui s'appelle Luke Heisman a rempli deux ballons avec un peu de dioxyde
00:39:43 de soufre et de l'hélium et il les a relâchés dans le ciel depuis sa caravane
00:39:47 qui est située au Mexique et il espère qu'ils sont parvenus dans la stratosphère
00:39:51 donc à une altitude autour de 20 km où ils auraient explosé
00:39:55 et libéré des particules soufrées et si ça a marché, ça aurait permis de réfléchir
00:39:59 une partie des rayons du soleil et de provoquer un tout petit refroidissement de la Terre.
00:40:03 L'essai a été révélé fin décembre et il a été largement condamné
00:40:07 par la communauté scientifique parce que le fondateur et PDG
00:40:11 de cette start-up qui s'appelle Make Sunsets l'a réalisé d'abord sans consulter
00:40:15 aucune autorité locale, ensuite sans supervision scientifique. Il n'a pas mis dans ses ballons
00:40:19 aucun équipement qui aurait permis de suivre les ballons et de savoir si l'expérience
00:40:23 a marché et aussi il vend des crédits carbone qui seraient
00:40:27 liés au refroidissement prétendument observé et obtenu.
00:40:31 Cette expérience a rassuré tout le monde même si elle avait fonctionné
00:40:35 en réalité elle serait insignifiante pour le climat parce qu'il y a très peu de dioxyde
00:40:39 de soufre dans les ballons mais dont nombre de scientifiques craignent
00:40:43 qu'elle ne crée un dangereux précédent et que des pays ou des individus beaucoup plus
00:40:47 riches et puissants ne tentent aussi à leur tour de manipuler le climat
00:40:51 alors que ces technologies ne sont pas matures ni encadrées. C'est un vieux rêve
00:40:55 technoscientifique, technosolutionniste qui reconnaît un regain d'intérêt
00:40:59 désormais depuis quelques années à mesure que la crise climatique s'aggrave
00:41:03 et aujourd'hui ça paraît de moins en moins de la science-fiction.
00:41:07 Pour bien comprendre de quoi on parle, qu'est-ce que la géoingénierie solaire précisément ?
00:41:11 C'est toutes les techniques qui sont envisagées pour refroidir la Terre en réfléchissant
00:41:15 à la partie des rayons du Soleil. Donc la technologie qui fait le plus
00:41:19 l'objet de recherche est celle qu'a essayé de faire Makes Sense, c'est
00:41:23 l'injection d'aérosols dans la stratosphère par des avions spéciaux
00:41:27 là on injecterait des millions de tonnes chaque année par des milliers d'avions
00:41:31 après il y a d'autres scientifiques qui travaillent sur l'éclaircissement des nuages marins
00:41:35 qui consistent à augmenter leur réflectivité en pulvérisant en continu
00:41:39 de l'eau de mer dans l'air et après le domaine regorge d'idées
00:41:43 totalement spéculatives si ce n'est farfelues comme le fait d'installer des
00:41:47 miroirs géants dans l'espace, voire de tirer des panaches de poussière lunaire
00:41:51 dans l'espace pour détourner les rayons du Soleil.
00:41:53 Et alors quels seraient les effets de la géoingénierie solaire ?
00:41:56 Alors avec l'injection d'aérosols dans la stratosphère, on sait que ça pourrait
00:42:00 réduire la température mondiale par exemple d'un degré parce que là on reproduit
00:42:04 ce que font les éruptions volcaniques qui émettent aussi beaucoup de dioxyde de soufre
00:42:08 et par exemple après l'éruption du Pina Toubou en 91, il y a eu un refroidissement
00:42:12 à terre d'un demi-degré pendant deux ans.
00:42:15 Ça permettrait aussi ce refroidissement de réduire à la fonte des glaces
00:42:19 l'élévation du niveau de la mer, la fréquence et l'intensité des événements extrêmes.
00:42:23 Mais après évidemment il y a énormément de risques et beaucoup qui sont inconnus.
00:42:27 Déjà c'est une technologie qui ne répond pas à l'acidification des océans
00:42:31 parce qu'en fait elle ne réduit pas les concentrations de CO2 dans l'atmosphère,
00:42:34 elle réduit juste la chaleur mais elle s'attaque donc à une partie des symptômes
00:42:37 de la crise climatique mais pas à ses causes.
00:42:39 Et ensuite elle pourrait aussi réduire les précipitations dans certaines zones,
00:42:43 donc augmenter les sécheresses dans certaines régions aussi,
00:42:46 augmenter les pluies acides.
00:42:48 On sait aussi que le ciel sera moins bleu si on injecte des aérosols dans la stratosphère,
00:42:52 que la couche d'ozone aussi se détériorerait nettement.
00:42:55 Et aussi le gros enjeu c'est qu'il faudrait le faire en continu
00:42:58 sans quoi on risquerait d'avoir en fait un choc terminal avec d'un coup
00:43:02 si on arrêtait d'injecter des aérosols dans la stratosphère,
00:43:05 tout le réchauffement qui est masqué reviendrait d'un coup
00:43:08 et là donc ce serait impossible ou très difficile de s'y adapter.
00:43:12 Et après il y a tout au-delà du climat, il y a tous les risques sécuritaires,
00:43:15 géopolitiques, par exemple des pays qui seraient touchés par une sécheresse
00:43:18 causée par l'injection d'aérosols par d'autres pays,
00:43:21 pourraient vouloir rentrer en guerre.
00:43:24 Et le dernier gros risque c'est le fait qu'elle ne détourne de la véritable urgence
00:43:28 qui est la réduction des émissions de gaz à effet de serre
00:43:32 qui doit être faite de manière immédiate et très forte.
00:43:37 Donc pour les uns c'est une folie d'apprenti sorcier à un écran de fumée
00:43:40 et pour les autres c'est une solution de dernier recours qu'il faut envisager.
00:43:44 - François Sarranou, je vous voyais lever les yeux au ciel effectivement.
00:43:48 - Je ne suis même pas sûr que ça vaille la peine d'être commenté.
00:43:51 Ça fait des siècles qu'on dit la technique résoudra nos problèmes
00:43:55 mais elle ne le résout jamais parce qu'elle est tellement complexe
00:43:58 qu'elle a toujours des effets pervers qu'on doit résoudre avec une technologie plus complexe
00:44:02 et des effets pervers encore plus difficiles à contrôler.
00:44:06 Vous allez me dire "bah c'est que une augmentation".
00:44:08 Non, ça se fait au dépend des ressources de la planète
00:44:10 et puis surtout comme c'est de plus en plus coûteux, de plus en plus onéreux,
00:44:13 c'est réserver une frange très étroite de la population mondiale.
00:44:17 On va sauver les gens en allant sur d'autres planètes.
00:44:19 En deux mots, restons raisonnables, retrouvons du bien-être dans la relation,
00:44:25 arrêtons de consommer de façon maladive et débridée
00:44:28 et tous ces idées farfelues, on les laissera pour de la science-fiction.
00:44:32 - Tom Misty ?
00:44:34 - Je pense que la motivation c'est dans l'idée qu'on vend des crédits carbone.
00:44:41 C'est un signal d'alarme parce que ça va mal en la main
00:44:46 avec des gens qui ne veulent pas changer leur style de vie,
00:44:49 qui cherchent quelque chose qui puisse être très rapide
00:44:53 pour continuer à vivre de la façon dont ils vivent actuellement.
00:44:56 L'histoire de nos technologies c'est celle des conséquences inattendues.
00:45:00 Quand on essaie de contrôler quelque chose, on oublie que tous les systèmes sont liés d'une manière ou d'une autre,
00:45:09 d'une façon qu'on ne comprend pas encore.
00:45:11 Et pour moi, revenir à l'océan, ce n'est pas terrible quand il y a une éruption volcanique,
00:45:17 mais c'est souvent associé avec des épisodes d'extinction de masse,
00:45:23 avec des famines, avec des pluies acides.
00:45:28 Si on en voit du dioxyde de soufre, on va réduire évidemment le rayonnement solaire.
00:45:35 Mais toute notre chaîne alimentaire vient du rayonnement solaire.
00:45:39 Est-ce qu'on veut réduire notre alimentation ? Est-ce qu'on peut la changer complètement ?
00:45:44 Et bien à ce moment-là, s'il y a un problème, un changement climatique mince,
00:45:49 il y aura moins de krill dans les océans et toute une population marine va mourir.
00:45:53 Il y aura moins de ressources halieutiques pour nous pour qu'on puisse s'en nourrir.
00:45:56 Ce serait terrible.
00:45:58 - Audrey Garrick ?
00:45:59 - Il y a énormément d'effets inconnus qui pourraient survenir avec ces technologies-là.
00:46:04 Mais ce qui est inquiétant, c'est qu'elles sont de plus en plus étudiées.
00:46:08 Et maintenant, ça commence à devenir quelque chose de possible.
00:46:11 C'est légitime de plus en plus, alors qu'avant, on pensait que c'était complètement fou.
00:46:15 Et désormais, il y a des gros programmes de recherche sur le sujet.
00:46:18 Les États-Unis s'apprêtent à lancer un nouveau programme de recherche
00:46:21 qui pourrait être de 100 ou 200 millions de dollars sur 5 ans.
00:46:24 Et en fait, on se dit que c'est du dernier recours.
00:46:26 Mais plus on avance et plus il y a un risque qu'on utilise vraiment ces technologies-là.
00:46:31 - Et donc avec des gros budgets à la clé.
00:46:33 - Oui, Tom Huston ?
00:46:35 - Pour me contredire aussi un peu,
00:46:38 le monde est déjà manipulé par les êtres humains.
00:46:42 L'atmosphère a déjà été changée par accident.
00:46:45 Il y a des produits chimiques qui circulent,
00:46:49 qui n'existent que depuis quelques années,
00:46:52 comme étant des applications industrielles.
00:46:55 On ne vit pas dans un monde plus.
00:46:57 Donc je fais toujours l'équilibre entre les choses.
00:47:00 "Oh non, non, il ne faut pas gâcher le monde."
00:47:02 Et puis il faut penser aussi que, de façon accidentelle,
00:47:05 on change tellement le monde déjà.
00:47:08 Et il faut en être conscient.
00:47:10 Donc c'est vraiment déroutant, ce qu'on attend.
00:47:12 - Il n'y aura pas de solution technologique, là.
00:47:14 Je suis désolé, mais je pense qu'on fait fausse route.
00:47:16 Illich disait ça très bien dans les années 60-70.
00:47:19 - Ivan Illich.
00:47:21 - Il mettait déjà...
00:47:24 - Il mettait en avance cette course effrénée à la technologie
00:47:27 qui nous détourne de ce qui est important dans la vie,
00:47:30 qui est le bien-être, l'amour,
00:47:32 ce qui nous fait vivre.
00:47:34 Tout le reste, c'est de l'à côté.
00:47:36 Remettons le vivant au cœur de toutes les politiques publiques,
00:47:39 même quand on essaie de lutter contre le changement climatique.
00:47:42 Ne devenons pas fous, ne rasons pas une forêt
00:47:44 pour mettre des panneaux solaires.
00:47:46 C'est la forêt qu'il faut préserver, c'est le vivant qu'il faut préserver.
00:47:49 - Merci.
00:47:51 - Je suis d'accord, parce que si vous allez à la racine du problème,
00:47:55 c'est notre relation brisée avec la nature.
00:47:58 Il y a cette situation, si vous donnez à un homme un marteau,
00:48:04 le monde ressemblera pour lui à un clou.
00:48:07 La racine de tout cela, c'est qu'on a perdu notre lien
00:48:12 et on ne voit pas les causes réelles de ce qui nous arrive.
00:48:15 - Merci en tout cas de vos réactions à la chronique d'Audrey Garrick.
00:48:18 Merci Audrey.
00:48:19 - Merci Aurélie.
00:48:20 - Et puis bien sûr pour les auditeurs qui souhaiteraient plonger dans votre article complet,
00:48:24 il est à retrouver sur le sujet.
00:48:27 Pardon, je reprends.
00:48:29 Et pour les auditeurs qui souhaiteraient retrouver votre article sur le sujet,
00:48:32 direction notre site franceculture.fr, rubrique de cause à effet,
00:48:35 où vous trouverez aussi le lien du journal le monde.fr.
00:48:38 France Culture, de cause à effet.
00:48:42 Le magazine de l'environnement.
00:48:44 Aurélie Luneau.
00:48:45 Elle a fait une escale involontaire en Bretagne.
00:48:48 26 heures de cache-cache dans l'estuaire de la Rance,
00:48:51 coincée après le barrage de l'usine marée motrice.
00:48:54 Une baleine à bosse franchement perdue, un jeune adulte de 7 à 10 mètres.
00:48:59 C'est plus gros qu'une sardine dans le port de Marseille,
00:49:02 mais moins qu'une baleine en bonne santé.
00:49:04 - L'animal est véloce, il a parcouru de nombreux kilomètres hier,
00:49:07 mais on est quand même sur un animal qui n'est pas non plus en super forme vraisemblablement
00:49:11 parce qu'il n'a pas un bon point comme il pourrait avoir à cette période de l'année.
00:49:15 - Ce matin, on se réveillait, on s'est dit non mais c'est trop bête d'aller à l'école,
00:49:19 alors qu'il y a une baleine dans le barrage de la Rance.
00:49:21 Donc on s'est réveillé beaucoup plus facilement d'ailleurs que pour aller à l'école.
00:49:24 - C'était impressionnant vu que je ne l'avais jamais vu de ma vie.
00:49:28 J'aimerais bien en revoir une, surtout qu'il n'y en a pas beaucoup à Saint-Malo,
00:49:31 on n'en a jamais vu beaucoup à Saint-Malo.
00:49:34 Dès l'apparition du CETAC, les vannes de l'usine marée motrice
00:49:37 ont été ouvertes pour lui permettre de sortir.
00:49:40 Mais la production d'électricité a été stoppée.
00:49:43 - La priorité en lien avec les acteurs mobilisés,
00:49:46 c'est de permettre à la baleine de rejoindre le large.
00:49:50 - Finalement, elle est repartie avec la marée et devrait rouler sa bosse vers les baléares.
00:49:54 Il ne nous reste que quelques photos d'elle.
00:49:57 - Reportage diffusé sur France 3 le 10 février 2023.
00:50:01 François Sarrano, comment explique-t-on ce genre de comportement ?
00:50:05 S'égarer, s'échouer, même souvent en groupe,
00:50:08 par exemple à des centaines de dauphins échoués sur la côte atlantique en France depuis décembre.
00:50:13 - Il y a deux causes différentes.
00:50:16 Les dauphins, clairement, sont pêchés et sont morts lorsqu'ils s'échouent.
00:50:20 C'est une cause particulière, c'est notre surconsommation de poissons
00:50:24 et les dégâts que ça provoque dans les écosystèmes indirectement
00:50:28 parce qu'on demande toujours aux pêcheurs de nous ramener plus de poissons, moins cher.
00:50:32 Et eux, ils sont dans une contrainte économique,
00:50:34 ça ne leur fait pas plaisir de tuer des dauphins, il ne faut pas croire.
00:50:37 Mais certains sont moins soucieux que d'autres.
00:50:40 Il faut bien se rendre compte d'une chose, en ce qui concerne les dauphins,
00:50:43 c'est nous consommateurs qui sommes les responsables.
00:50:45 Ne reportons pas notre faute sur celle de ceux à qui nous demandons d'aller pêcher le poisson.
00:50:49 En revanche, cette baleine à bosse ou d'autres animaux qui s'égarent
00:50:53 font partie des explorateurs dans toutes les populations animales.
00:50:58 Il y a des animaux explorateurs.
00:51:00 Elliot le cachalot est un explorateur.
00:51:03 Dusty, c'est une femelle dauphin exploratrice
00:51:06 qui vont toujours aux frontières de leur territoire,
00:51:09 des endroits où leurs congénères sont.
00:51:13 Et lorsqu'ils dépassent ces frontières, parfois ils peuvent s'égarer.
00:51:17 Et comme les animaux ne reviennent pas en arrière,
00:51:19 lorsqu'ils s'égarent, ils essayent toujours de trouver la solution vers l'avant.
00:51:24 Et par conséquent, ils continuent, pensant trouver une solution.
00:51:27 Et donc, ils arrivent à s'égarer très très loin.
00:51:29 On l'a vu, le beluga qui est arrivé jusque dans la Seine,
00:51:32 à partir du sud du Groenland, était déjà complètement perdu.
00:51:35 Mais il s'enfonce, s'enfonce.
00:51:37 Et donc, on les retrouve chez nous aujourd'hui.
00:51:39 Et l'autre chose, il faut savoir, et je réponds à cette petite fille qui dit
00:51:42 "Ah, c'est tellement rare ici !"
00:51:44 Mais autrefois, avant la grande chasse à la baleine, avant les grands massacres,
00:51:48 il n'y avait pas de baleine à bosse, mais il y avait d'autres baleines.
00:51:51 Les baleines étaient très abondantes. Elles peuplaient les océans.
00:51:54 Et peut-être qu'aujourd'hui, grâce au moratoire qui fait que
00:51:57 les baleines en général ne sont plus chassées,
00:52:00 les populations retrouvent des niveaux qui à la fois les mettent hors de danger
00:52:04 et leur permettent de reconquérir leur territoire initial.
00:52:07 On voit aujourd'hui à La Réunion des gens qui disent
00:52:09 "Oh, les baleines, elles arrivent !"
00:52:11 Mais non, elles étaient toujours là, mais il n'y en avait plus pour occuper le terrain
00:52:15 parce que la chasse avait réduit les populations.
00:52:17 Maintenant que les populations re-augmentent, on les revoit revenir.
00:52:20 - Tom Mustil, une réaction peut-être sur ces baleines.
00:52:24 Alors, on pense aussi, dans le livre que vous avez écrit,
00:52:27 qui s'intitule "Comment parler baleines", publié chez Albin Michel,
00:52:31 vous parlez aussi de cette envie de percer le mystère du langage, de la communication,
00:52:38 mais vous parlez aussi quand même de l'intelligence artificielle
00:52:41 qui peut peut-être nous apporter des solutions.
00:52:44 Alors là, il ne s'agit pas d'être dans la technoscience pour le pire,
00:52:47 mais ce serait pour le meilleur et avec le respect justement de ces animaux.
00:52:57 - Je voudrais dire une chose sur les dauphins aussi.
00:53:01 On est à Paris ici, et en chemin vers le studio, je regardais la Tour Eiffel,
00:53:07 ces énormes bateaux qui tuent les dauphins
00:53:11 traînent des filets qui pourraient englober la Tour Eiffel.
00:53:18 Ce n'est pas des petits bateaux de pêche, c'est de la pêche industrielle à une échelle incroyable.
00:53:24 Rien ne peut y échapper.
00:53:26 Pour le langage, on ne sait pas si ces animaux ont un langage.
00:53:30 On voit qu'ils ont une communication extrêmement complexe inter-animale.
00:53:33 Il est très difficile pour nous de trouver une façon d'entrer dans ce langage.
00:53:38 Parce que nous, nous sommes des animaux terrestres, avec une conscience terrestre.
00:53:43 Trouver les chemins de la communication, on en parlait de l'ingénierie solaire,
00:53:50 avec ses applications dangereuses.
00:53:54 Mais le commandant Cousteau, qui était à la pointe d'une technologie
00:53:58 qui tentait de dépasser les limites humaines
00:54:02 pour enregistrer les comportements des animaux sous-marins et de relier-les à eux.
00:54:08 Moi, ce que j'ai découvert au cours des dernières années, quand je suis devenu scientifique,
00:54:13 c'est l'utilisation de l'intelligence artificielle
00:54:16 pour découvrir des modes dans les détails des nageoires qui sont différents entre chaque animal.
00:54:24 Et en quelques dixièmes de seconde, par exemple,
00:54:29 l'intelligence artificielle peut déterminer quel animal vient de quel endroit de l'océan.
00:54:36 Et ce que l'on découvre, c'est que cet exemple d'explorateur de baleines à bosse,
00:54:43 ça se paraît, ça arrive dans le monde entier.
00:54:47 Un endroit, par exemple en Géorgie, certaines des baleines reviennent sur la côte est des États-Unis.
00:54:55 Les baleines reviennent, on le voit, parce que des êtres humains qui s'intéressent prennent des photos.
00:55:01 Et il y a une application de la technologie qui trouve des modes dans ces photographies.
00:55:07 Nous faut reconnaître que ce sont des individus que l'on peut reconnaître.
00:55:12 On voit exactement que ce sont des animaux qui reviennent par cette curiosité.
00:55:16 Et deux, on a cette nouvelle technologie qui permet d'identifier chacun de ces animaux.
00:55:21 - Ces technologies vous permettent, Tom Mustille, peut-être de savoir ce qu'est devenue la baleine à bosse
00:55:27 qui vous a survolé en 2015.
00:55:29 Parce que je crois qu'il y a une banque de données qui existe, avec des photos envoyées par des observateurs,
00:55:33 comme ceux de Monterey.
00:55:35 Votre baleine est référencée sous un matricule CRC-12564.
00:55:42 Est-ce que vous savez où elle est en ce moment ?
00:55:44 - C'est ça qui m'a tellement fasciné dans cette histoire.
00:55:50 Non seulement quelqu'un a filmé, a photographié la baleine,
00:55:55 chose qui ne serait pas produite il y a quelques années,
00:55:57 mais là tout le monde a un appareil enregistrant, une miniature,
00:56:01 qui nous permet à tout un chacun de contribuer à la science.
00:56:04 Mais Happy Whale, la baleine heureuse, qui est une société d'amis des baleines,
00:56:11 ont utilisé de l'intelligence artificielle pour identifier ma baleine.
00:56:15 Vous l'avez nommée, mais elle a évidemment son propre nom, qui n'est pas celui que vous avez donné.
00:56:22 Je sais où elle est née, je sais qui était sa mère, quel est son âge.
00:56:26 Et je la suis depuis.
00:56:28 Et il y a quelques semaines, un scientifique au Mexique
00:56:32 m'a envoyé un courriel qui est lié à un nouveau système d'identification des baleines.
00:56:38 Il y avait trois baleines à côté de son bateau,
00:56:41 et l'une d'entre elles, c'est la baleine qui a sauté sur moi.
00:56:44 Et il a mis un petit enregistreur satellitaire pour qu'il a accroché à la baleine.
00:56:50 Et au cours des deux dernières semaines, moi je suis ma baleine,
00:56:54 enfin ma baleine, tout autour du Mexique,
00:56:57 et moi je la trace maintenant, elle est en Californie.
00:57:00 Bon, moi je suis lié à cette baleine.
00:57:04 Et de plus on sentira ces liens, plus on voudra sauver ces animaux.
00:57:11 On voudra faire attention à eux.
00:57:13 Et maintenant, cette société Happy Whale a identifié toute baleine à bosse de l'Atlantique Nord.
00:57:22 Donc ma petite histoire est liée à ce changement
00:57:27 où on a plus à l'esprit ce que sont et qui sont ces animaux.
00:57:34 Et je crois qu'une des applications les plus extraordinaires,
00:57:37 c'est de découvrir des modes dans cette façon de vivre des baleines.
00:57:42 Et vous êtes capable de reconnaître son chant partout, entre mille ?
00:57:48 Pour moi ?
00:57:54 Absolument. Je ne veux pas parler sur les baleines,
00:57:58 parce qu'elles sont tellement extraordinaires.
00:58:05 *Bruit de baleine*
00:58:15 Ne pas mettre votre voix sur celle des baleines,
00:58:18 mais on a bien compris que vous étiez lié à elle, Tom Mustille, François Saranou.
00:58:23 Est-ce que vous êtes lié, vous, fortement à l'un de ces animaux ?
00:58:27 Un cachalot, la Lady Mystery par exemple, qui elle est un grand requin.
00:58:32 La Lady Mystery, je suis lié parce qu'elle représente l'altérité absolue
00:58:36 qui nous fait peur parce qu'on la méconnaît.
00:58:38 Et en ce sens, cette rencontre, je l'ai deux fois.
00:58:42 Une fois en 2006, une fois en 2013.
00:58:46 C'est une coïncidence formidable.
00:58:48 Elle n'était pas venue pour me retrouver,
00:58:50 mais la coïncidence a fait que nous avons à nouveau nagé ensemble, côte à côte.
00:58:54 C'était des moments bouleversants.
00:58:55 Mais c'est vrai qu'on tisse peu de liens avec les requins.
00:58:58 Ils nous acceptent, c'est déjà formidable.
00:59:00 Dans leur bulle d'intimité, c'est déjà formidable.
00:59:02 Tandis qu'avec les cétacés, dauphins ou cachalots, c'est autre chose.
00:59:06 C'est eux qui décident de tisser des liens.
00:59:09 C'est eux qui viennent vous apprivoiser.
00:59:11 Et cette offrande de "je voudrais des caresses",
00:59:15 "j'essaye de toucher ton monde" est complètement bouleversante.
00:59:18 Parce qu'on découvre tout d'un coup qu'on n'est pas les seuls au monde
00:59:21 à vouloir étudier les autres, à s'intéresser à l'altérité,
00:59:25 à vouloir apprivoiser d'autres espèces si différentes.
00:59:29 C'est ça qui est bouleversant.
00:59:31 Et effectivement, j'ai un peu d'impatience là.
00:59:34 En ce moment, j'ai envie de retourner à l'île Maurice.
00:59:37 On y va juste en avril pour voir si Elliot est toujours là.
00:59:40 Il va avoir 12 ans cette année.
00:59:43 Normalement, c'est un jeune mâle.
00:59:45 Il va quitter le clan Malternel.
00:59:47 Et peut-être ne reviendra-t-il jamais à l'île Maurice.
00:59:50 Et on ne le retrouvera jamais.
00:59:52 C'est beaucoup plus difficile à retrouver des cachalots que les baleines à bosse.
00:59:55 - Et vous avez plongé avec lui, vous avez été au contact.
00:59:57 Alors toujours avec une distance ?
00:59:59 - C'est lui qui décide.
01:00:01 Ce n'est pas moi qui ai plongé avec lui.
01:00:03 C'est lui qui décide.
01:00:04 Oui, en 2013 déjà, il était tout petit.
01:00:07 Il est venu me voir et il m'a poussé comme ça du museau.
01:00:10 C'est étonnant.
01:00:11 Et puis il l'a fait plusieurs fois d'ondes.
01:00:14 Une fois extraordinaire.
01:00:16 10 minutes à danser, à souffrir comme ça,
01:00:19 en se mettant sur le doigt, à offrir son ventre.
01:00:21 Et en...
01:00:22 *tap tap tap*
01:00:25 Cette coda, cette expression sonore,
01:00:27 on en a réalisé 1700,
01:00:29 signifie "je veux un contact physique, je veux des caresses".
01:00:32 Je souhaite apprivoiser dans son langage propre.
01:00:36 Et c'est jamais utilisé avec des plongeurs.
01:00:38 C'est toujours entre eux qu'ils utilisent ça.
01:00:40 Et tout à l'heure, on parlait du ressenti que Tom avait
01:00:44 lorsqu'il y avait des buzz et des cric.
01:00:46 Et ils le font souvent entre eux.
01:00:48 Inutile de dire qu'ils ne se scannent pas entre eux.
01:00:51 En revanche, je pense que ces buzz et ces cric,
01:00:54 cette série vibratoire et caressante,
01:00:57 et que c'est quelque chose qui est doux
01:00:59 et qui doit stimuler autrement que simplement par le son,
01:01:04 mais bien par cette vibration caressante.
01:01:06 *Saskia de Ville*
01:01:07 Alors avant de nous quitter dans cette émission formidable,
01:01:11 et ce partage avec vous, vous nous donnez vraiment
01:01:13 envie de retrouver ce contact avec ces animaux.
01:01:16 Comment est-ce que vous voyez leur avenir ?
01:01:18 On sait qu'ils sont atteints aussi par...
01:01:21 la prédation, on en a parlé, mais la pollution plastique,
01:01:24 les métaux lourds, les perturbateurs endocriniens,
01:01:26 victimes du trafic maritime aussi, les nuisances sonores
01:01:29 qui les perturbent bien évidemment.
01:01:31 Comment est-ce que vous, vous voyez cet avenir
01:01:33 en sachant qu'on a quand même aussi parlé du moratoire
01:01:37 pour les baleines, qui est une bonne solution.
01:01:40 Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour le reste de ces animaux marins ?
01:01:44 *Jean-Marie de Montréal*
01:01:45 Que nous redevenions sapiens.
01:01:47 C'est-à-dire que nous sommes les seuls êtres vivants
01:01:50 qui n'avons pas les talents des autres,
01:01:52 mais nous avons un talent particulier, c'est de savoir tout ça.
01:01:55 Et d'avoir la conscience de tout ça,
01:01:57 la conscience de l'irréversibilité de la mort.
01:01:59 Ça nous donne la responsabilité d'agir en toute liberté
01:02:03 face aux autres, de les écrabouiller,
01:02:06 ou au contraire, de les respecter.
01:02:09 Et si nous revendiquons le statut de sapiens,
01:02:12 alors soyons à la hauteur,
01:02:14 et il se traduit par le respect des autres.
01:02:17 En gros, notre humanisme se construit
01:02:20 dans le respect de toutes les créatures vivantes.
01:02:22 Baleines, requins, étoiles de mer, c'est là-dedans.
01:02:25 Réfléchissons à ça.
01:02:27 Notre différence, elle est dans la liberté de respecter les autres.
01:02:31 *Saskia de Ville*
01:02:32 Et en retrouvant aussi notre position,
01:02:34 qui est d'être du vivant parmi le vivant.
01:02:36 Pour le respecter, c'est ça.
01:02:38 *Jean-Marie de Montréal*
01:02:39 On prête attention aux autres,
01:02:41 et tout d'un coup, on se dit qu'on est partie des autres qu'on est,
01:02:44 parcelle d'océans qu'on est, parcelle de vivants.
01:02:46 Et à ce moment-là, on fait attention à les respecter.
01:02:48 Surtout si on sait que chacun est singulier.
01:02:51 Irremplaçable, c'est singulier.
01:02:53 *Saskia de Ville*
01:02:55 Tom Mustille, ce qui est intéressant, c'est que tous les deux,
01:02:58 vous nous offrez vos livres,
01:03:00 et vos derniers propos portent sur ce que vous ne voulez pas laisser
01:03:04 à vos enfants ou petits-enfants,
01:03:06 un monde vidé de son vivant.
01:03:08 Est-ce que vous éprouvez une certaine responsabilité ?
01:03:14 *Jean-Marie de Montréal*
01:03:15 Oui.
01:03:16 Et je suis rassuré aussi par cela.
01:03:18 Je crois que pour le moment, nous avons une fixation,
01:03:21 une fixation nord-américaine sur l'individualisme.
01:03:25 Ah oui, il faut en tirer de la vie autant que possible.
01:03:30 La vie doit être étendue.
01:03:32 Il faut tirer des choses de la vie.
01:03:35 Ça, ce sont des choses qui me sont étrangères.
01:03:38 Moi, je trouve l'idée rassurante en tant que biologiste
01:03:41 que je retournerai à l'écosystème.
01:03:43 Je serai réincarné sous d'autres formes.
01:03:46 Je veux qu'il y ait autant de formes qui fleurissent que possible,
01:03:50 parce que ça fait partie de moi,
01:03:52 et c'est là que je viens.
01:03:54 Je sens que le monde vivant est une extension de moi-même,
01:03:58 et bien sûr, il est naturel pour moi de vouloir continuer.
01:04:02 Je ne veux pas être diminué au coup pour des idées court-termistes.
01:04:10 - Merci à tous les deux.
01:04:13 Tom Mustil, je rappelle le titre de votre livre "Comment parler baleine",
01:04:17 un livre paru aux éditions Albain Michel.
01:04:19 Et merci à Michel Sotovski pour avoir parlé, non pas baleine, mais Mustil.
01:04:23 François Sarano, l'association Longitude 181,
01:04:27 "La Voix de l'Océan", on peut recommander d'aller vers le lien.
01:04:30 Et puis à conseiller vos livres "Le Retour de Moby Dick",
01:04:33 "Réconcilier l'homme avec la vie sauvage",
01:04:35 et le dernier paru aux éditions Actes Sud, comme les précédents.
01:04:41 Il s'appelle donc "Au nom des requins".
01:04:43 Je remercie bien sûr Audrey Garrick du Quotidien Le Monde,
01:04:46 et puis pour les auditeurs, toutes les références, la bibliographie,
01:04:50 les liens sont à retrouver sur notre site franceculture.fr,
01:04:53 rubrique de cause à effet, téléchargement, réécoute, à votre disposition.
01:04:57 Et continuons de parler à cette vie sauvage,
01:05:00 qui avec nous constitue le vivant de la planète.
01:05:04 ...
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