Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE
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00:00 Bonjour, bienvenue dans Quai d'Esprit, à l'heure où le Sénat fait un pas vers l'inscription
00:06 du droit à l'avortement dans la Constitution, à l'heure où l'euthanasie est au menu
00:11 d'une convention citoyenne, à l'heure où 95% des enfants trisomiques sont supprimés
00:17 dans notre pays, bref, au moment où les piliers de ce qui fonde notre humanité sont menacés,
00:22 interrogeons-nous sur la place de la vie spirituelle chez les plus fragiles d'entre nous, sur
00:27 ce qui fait leur dignité au même titre que la nôtre, interrogeons-nous aussi sur les
00:32 incohérences de la société qui entend lutter contre les discriminations mais qui ne sait
00:37 pas accueillir dignement les personnes en situation de handicap.
00:40 Au cœur de cette émission, comme au cœur de toutes ces vies, beaucoup de difficultés
00:45 mais aussi beaucoup de force et beaucoup de joie.
00:48 Alors, pour témoigner, j'accueille Chantal Dang, maman d'une petite fille trisomique,
00:53 j'accueille également Louis Blouffard qui souffre de la myopathie de Duchenne, vous
00:58 êtes auteur et étudiant en droit, avec nous également Steven Gunnell, auteur, producteur,
01:05 réalisateur d'un film consacré à une jeune fille trisomique, nous allons bien entendu
01:08 en parler, et puis, Don Philippe Piron, prieur d'un monastère qui accueille une quinzaine
01:14 de moines handicapés, un pari très audacieux pour l'Église.
01:17 Mais d'abord, le journal des infos religieuses de la semaine avec Eloi Rochebrune.
01:23 [Générique]
01:34 Bonjour Eloi, on commence bien entendu avec les conséquences du séisme terriblement
01:38 meurtrier en Turquie mais aussi en Syrie.
01:40 Bonjour Véronique, bonjour à tous.
01:42 On débute ce journal effectivement avec ces séismes en Syrie et en Turquie qui ont très
01:46 durement frappé la population, faisant des dizaines de milliers de morts dans la ville
01:52 syrienne d'Alep.
01:53 Les associations et églises locales tentent tant bien que mal de venir en aide aux sinistrées.
01:57 Mgr Antoine Odo, évêque d'Alep, lance un appel à l'aide, je vous propose de l'écouter.
02:02 C'est un tremblement de terre auquel on n'est jamais habitué.
02:09 On est depuis 12 ans en guerre, les bombardements, les crises économiques, les crises humanitaires,
02:17 mais aujourd'hui vraiment c'est un somment, comme si c'était un couronnement de violences
02:24 inattendues.
02:25 Dans une situation très grave, dans les différentes églises, on accueille les gens dans les salles,
02:33 dans les salons, et on offre les premières nécessités.
02:37 Et les gens spontanément, quand il y a un tel événement, recourent à l'église, parce
02:43 qu'ils se sentent en protection, en confiance, accueillis.
02:49 Les 12 ans de guerre nous ont appris à être solidaires et à avoir le sens de trouver
02:57 des solutions rapides.
02:58 Les fidèles catholiques du Burkina Faso se sont réunis au sanctuaire Notre-Dame de
03:03 Yagma, près de Ouagadougou, à l'occasion d'un pèlerinage national.
03:06 L'occasion pour eux de prier pour cette nouvelle année et pour la paix dans leur pays.
03:11 Le récit de Yaël Benhamou.
03:13 Cette année encore, ils sont des milliers de Burkinabés à participer au pèlerinage
03:19 à Notre-Dame de Yagma.
03:20 Sous le soleil, ils gravissent la colline pour se rendre au calvaire qui surplombe le
03:25 sanctuaire.
03:26 Certains pèlerins prennent un moment de silence, d'autres récitent le chapelet.
03:30 Tous prient pour la paix au Burkina Faso, secoué récemment par une vague d'attentats
03:35 djihadistes.
03:36 Dans certaines régions, il est difficile de vivre sa foi chrétienne.
03:42 Je me confie au Seigneur, je confie au Seigneur par les mains de Marie, mon frère et soeur
03:47 chrétien.
03:48 Notre-Dame de Yagma n'est pas un lieu d'apparition mariale.
03:52 En 1967, des laïcs qui cherchaient un lieu de prière près de la capitale Ouagadougou
03:58 ont lancé la construction du sanctuaire.
04:00 Depuis 1995, un grand pèlerinage national y est organisé tous les deux ans.
04:06 Les gens allaient à l'autre, ils allaient à Issya, ils allaient pratiquement pour le
04:12 pèlerinage.
04:13 Alors un jour, un groupe de chrétiens du Burkina Faso ont décidé de ne plus aller très
04:21 loin parce qu'on peut trouver la Vierge Marie sur place ici.
04:25 Pour marquer la fin du pèlerinage, l'archevêque de Koupela, Mgr Gabriel Sayaogo, célèbre
04:31 une grande messe en plein air devant des milliers de fidèles.
04:34 Le pape François se rendra à Marseille en septembre prochain.
04:38 Comme il l'a lui-même précisé, il ne s'agit pas d'une visite officielle.
04:42 Le souverain pontife participera aux rencontres de la Méditerranée.
04:45 Une annonce qui a réjoui le cœur des fidèles marseillais.
04:48 Reportage dans la cité phocéenne de Stéphanie Rouquier.
04:51 Beaucoup de Marseillais parlent déjà d'une journée historique.
04:56 Le pape François vient de confirmer sa venue dans la cité phocéenne le 23 septembre prochain.
05:02 Au pied de la basilique Notre-Dame de la Garde, beaucoup n'arrivent pas à contenir leurs
05:07 émotions.
05:08 Pour la ville de Marseille, vous vous rendez compte ce que c'est que le pape à Marseille,
05:12 c'est vraiment fantastique.
05:13 C'est une magnifique nouvelle.
05:15 En tant que Marseillaise, je n'ai pas les mots.
05:20 Le chef de l'église catholique participera à la rencontre méditerranéenne.
05:25 Un forum qui rassemble de nombreux évêques.
05:28 Et comme à Strasbourg en 2014, cette visite pourrait être éclair.
05:34 Il a affirmé que ce n'était pas un déplacement officiel dans l'Hexagone.
05:38 Alors les fidèles marseillais espèrent néanmoins qu'ils trouvent le temps d'aller à leur
05:42 rencontre.
05:43 Sa présence est déjà bien, on est très content de le voir et puis qu'il apporte
05:47 aussi l'union entre nous, entre les chrétiens, entre tout le monde à Marseille.
05:53 La dernière visite d'un souverain pontife à Marseille remonte à 1533, il y a donc
05:59 490 ans.
06:01 C'était avec le pape Clément VII.
06:04 Le film "Vaincre ou mourir" est un succès en salles.
06:07 Il comptabilise déjà plus de 200 000 entrées depuis sa sortie le 27 janvier.
06:11 L'épopée de Charette n'a pas été au goût de tout le monde et notamment de la
06:15 presse de gauche, de son côté le président de Sage, Hubert de Torsy, qui a participé
06:19 à la distribution du film, se réjouit de cette bonne performance au box-office.
06:24 On vient de franchir le cap des 200 000 entrées et voilà, maintenant on espère tous qu'on
06:31 arrivera jusqu'à 300 000 entrées.
06:33 L'avenir dira si c'est possible et si c'est réaliste.
06:37 Moi, à titre personnel, je ne m'attendais pas du tout à ce procès en révisionnisme
06:41 historique qu'une certaine presse a fait au film au moment de sa sortie, au point
06:47 que vraiment, c'était presque à se demander s'ils avaient vu le film ou s'ils n'avaient
06:51 pas écrit la critique sur la base juste du spectacle donné au Puy du Fou.
06:55 Je pense que ça a poussé, notamment sur la première semaine, d'abord une partie
06:59 du public qui était convaincu d'y aller de manière peut-être plus rapide que ce
07:05 qu'il avait peut-être prévu de faire.
07:07 Dès la première semaine, effectivement, le public s'est précipité dans les salles.
07:10 Et puis, je pense que ça a suscité la curiosité de beaucoup de gens.
07:12 C'est la fin de votre journal.
07:15 Véronique, c'est à vous pour la suite d'Enquête d'Esprit.
07:18 Merci Éloi.
07:19 Enquête d'Esprit, une émission, je le rappelle, qui est en partenariat avec l'hebdomadaire
07:24 France Catholique.
07:25 Alors, le handicap, la place du handicap dans notre société, ce handicap qui peut
07:30 tous nous toucher, qui peut être une maladie, qui peut être subie, mais qui peut aussi
07:34 nous tomber dessus et qui est toujours une épreuve.
07:36 On ne va pas, évidemment, se mentir sur la question.
07:38 En tout cas, une chose est sûre, c'est que la société est incohérente dans sa façon
07:42 de traiter la question.
07:43 L'Église, en revanche, s'occupe des pauvres, des handicapés, des malades depuis des siècles
07:48 et peut même se montrer très audacieuse.
07:50 On va en parler.
07:51 Les catholiques, les chrétiens aussi se mobilisent.
07:54 J'espère que cette émission va être source de joie et de réconfort, justement, pour
07:58 ceux qui nous regardent.
07:59 En tout cas, pour en parler, Chantal Deng, bienvenue dans Enquête d'Esprit.
08:03 Vous êtes la maman d'une petite fille, Marie, qui est trisomique et qui est âgée de 7
08:07 ans.
08:08 J'accueille également Louis Bouffard.
08:10 Bienvenue, Louis.
08:11 Bonjour.
08:12 Vous avez 23 ans, vous souffrez de la myopathie de Duchenne qui atrophie tous vos muscles.
08:16 Vous êtes en fauteuil depuis l'âge de 10 ans.
08:19 Vous suivez une scolarité normale grâce aux outils du numérique.
08:23 Vous suivez même des études de droit.
08:24 Vous rêvez d'être juriste en entreprise.
08:27 Et vous avez écrit un roman, Une lueur dans les tranchées.
08:31 C'est chez Pierre Tecky, éditeur.
08:33 Et puis, j'accueille aussi Don Philippe Piron.
08:36 Vous êtes le prieur du monastère Sainte-Thérèse de Vézin-le-Coquet, à côté de Rennes, un
08:42 monastère bénédictin qui accueille des moines physiquement ou psychologiquement touchés
08:46 par le handicap.
08:47 Vous allez nous raconter combien c'est nouveau que l'Église s'occupe des handicapés de
08:53 la sorte.
08:54 Enfin, en tout cas, leur fait vivre une vie de moine presque normale.
08:57 Et puis, Stephen Gunnell, vous vous venez de témoigner du film que vous avez produit,
09:02 que vous avez réalisé et qui a pris pour sujet une jeune femme absolument merveilleuse,
09:08 trisomique, abandonnée à la naissance par ses parents, Claire M, qui est décédée
09:13 à l'âge de 27 ans.
09:14 Et pour qui, ça c'est nouveau, une cause en béatification a été ouverte dans le
09:19 diocèse de Fréjus-Toulon.
09:20 Alors d'abord, avant de commencer, d'entrer purement dans votre témoignage de vie, j'aimerais
09:25 quand même que vous me disiez un petit mot pour vous sur ce qu'ils font de la dignité
09:28 d'une personne handicapée dans notre société.
09:31 Don Philippe.
09:32 Une question difficile, mais je pense que les personnes handicapées ont beaucoup à
09:39 nous apprendre déjà.
09:40 Elles ont une force intérieure et une simplicité en même temps qui nous désarment et qui
09:49 nous remet face à nos propres fragilités.
09:51 Et c'est une grande grâce de pouvoir vivre, en ce qui me concerne, de pouvoir vivre avec
09:56 des personnes qui sont dites handicapées, mais qui finalement ont une vie tout à fait
10:02 normale et avec laquelle je partage avec eux une vie tout à fait normale.
10:05 Louis, vous qui vivez vraiment le handicap dans votre chair, quel message voulez-vous
10:11 faire passer ?
10:12 Moi je dirais que toute personne handicapée, comme toute personne humaine, est digne.
10:17 Et le débat actuel sur la fin de vie, sur le suicide assisté et sur l'euthanasie me
10:24 crée une angoisse.
10:25 Je me dis, cette mise en doute, cette remise en question de la dignité humaine me dit
10:34 est-ce qu'il y a un moment donné où moi qui ai une maladie évolutive, est-ce que
10:37 je ne serai plus digne finalement ?
10:39 Et moi je voudrais rappeler que ce qu'ils font de la dignité humaine, c'est vraiment
10:46 qu'on est digne parce qu'on est humain.
10:49 Et que la dignité est inaliénable.
10:51 Chantal, vous qui êtes maman d'une petite fille trisomique.
10:56 Moi je rebondirais un peu sur ce que dit Louis avec, en miroir, cette phrase de Saint-Mathieu
11:02 "Celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m'accueille moi".
11:07 Quelle plus grande dignité que d'accueillir le Christ, que d'accueillir l'amour à travers
11:12 la personne handicapée qui se présente à nous en fait.
11:14 Voilà, on accueille Jésus, quelle dignité !
11:18 Et Steven alors, finissons le tour de table avec vous.
11:22 Quand on a rencontré Claire Emmerantienne Fichefeu, à travers le témoignage de ses
11:30 parents, avec mon épouse, quand on a décidé de produire et de réaliser l'histoire de
11:36 sa vie, de son cursus, de son cheminement, notamment spirituel bien évidemment, ça
11:42 m'a réajusté par rapport, bien évidemment dans ma foi, mon rapport avec le Seigneur,
11:50 en ce sens où en effet, la dignité, elle l'est car elle est sauvée en fait.
11:57 Et en fait, toute vie est digne car elle est sauvée.
12:01 Voilà.
12:02 C'est celui qui a donné sa dignité à son humanité.
12:06 Là on part sur la dimension spirituelle, la foi.
12:10 Oui mais c'est-à-dire que vous quatre autour de la table, vous avez tous une foi immense,
12:14 disons les choses, et donc la dignité ne se comprend qu'avec cette dimension de foi
12:19 et en regardant la personne handicapée, en disant "c'est un enfant de Dieu", c'est
12:23 comme ça qu'il faut voir les choses ?
12:24 D'abord parce qu'elle est aimée.
12:25 Elle est aimée de Dieu ?
12:27 D'abord parce qu'elle est aimée de Marie-Hélène et de ses parents qui l'ont adoptée à
12:33 l'âge de six mois.
12:34 Clérem est une enfant abandonnée, récupérée en Pouponnière, elle a six mois.
12:39 Ils ne l'avaient pas choisie mais elle s'est présentée, ils l'ont accueillie et ils
12:44 l'ont aimée.
12:45 Et c'est à partir du moment où ils l'ont aimée, ils l'ont choisie, que Clérem, qui
12:48 était quasiment au seuil de la mort, elle se laissait mourir, elle se laissait vraiment
12:53 partir, elle a senti ce géissement d'amour en elle et du coup elle a rechoisi la vie.
12:58 Six mois et après elle a grandi, elle a cheminé avec des parents qui l'ont accompagnée,
13:03 qui l'ont portée, qui l'ont aimée et qui lui ont donné le Christ dans sa vie.
13:06 Et c'est en cela qu'on voit qu'en effet toute vie est digne, toute vie doit être
13:13 accueillie quelle qu'elle soit.
13:14 Oui mais alors vous posez la question d'un environnement favorable, c'est-à-dire que
13:18 cette dignité que nous avons tous et auxquelles nous avons tous droit, y compris justement
13:22 les personnes frappées par le handicap, il faut quand même une main secourable, il
13:26 faut un regard d'amour.
13:28 Chantal, votre petite fille, qu'est-ce que vous dites justement de la façon de l'élever ?
13:32 Marie, c'est l'amour.
13:34 Je me rappelle ses compléments de baptême puisqu'on n'était pas sûr qu'elle vive
13:39 donc on l'a baptisée à la naissance et quand elle est enfin sortie de l'hôpital,
13:43 on a pu faire ses compléments de baptême et je me rappelle le serment du prêtre qui
13:48 l'a baptisée qui nous disait "Dieu ne parle pas dans l'orage, la tempête les éclaire,
13:52 Dieu parle dans ce qu'il y a de plus petit" et la venue de Marie dans notre famille, c'est
13:57 la présence concrète de Dieu chez nous.
14:00 Vous êtes maman de huit enfants, donc Marie c'est la petite dernière.
14:06 On va continuer à parler de ces magnifiques témoignages sur la façon d'accueillir le
14:11 handicap, la façon de le vivre au mieux, la façon de le transcender justement quand
14:16 on a la foi, dans une poignée de secondes bien entendu, sur CNews.
14:20 A tout de suite.
14:21 Bienvenue si vous venez tout juste de nous rejoindre en quête d'esprit consacrée au
14:30 handicap, la façon de le vivre bien entendu quand on a la foi, cette force qui vient justement
14:36 de la foi.
14:37 Témoignages autour de cette table de Chantal Dang, de Louis Bouffard, de Steven Gunnell
14:44 et de Don Philippe Piron.
14:45 Nous allons bien entendu avancer dans vos témoignages pour voir comment vivre le handicap
14:51 quand on a la foi.
14:52 Mais d'abord nous en étions sur les incohérences de la société qui a du mal à faire une
14:56 place aux handicapés alors qu'on ne parle que d'inclusion, alors qu'on ne parle que
15:00 de discrimination.
15:01 Alors je vous propose, je rappelle que cette émission est en partenariat avec l'hebdomadaire
15:05 France Catholique, je vous propose d'aller tout de suite faire un tour pour voir la
15:09 mobilisation des chrétiens avec des enfants handicapés, pour voir justement la façon
15:14 dont l'Église se soucie de ces personnes handicapées, eh bien prenons la direction
15:17 de Samoa-sur-Seine, près de Fontainebleau, un établissement, le Sacré-Cœur Enfant-Jésus,
15:23 où le corps enseignant accueille deux enfants porteurs de handicap mais où les parents
15:27 se mobilisent aussi pour que l'an prochain puissent ouvrir une école offrant une scolarité
15:33 adaptée à des collégiens qu'ils disent être extraordinaires.
15:37 Il y a une levée de fonds à la clé, regardez.
15:38 Dans cette classe de CE2-CM1, tout semble ordinaire.
15:44 Des bureaux, des élèves, une maîtresse, un tableau blanc, et ce jour-là, une leçon
15:49 de conjugaison.
15:50 Et pourtant, au troisième et quatrième rang, se glissent deux enfants, pas comme les autres.
15:56 Lisa, 11 ans, trisomique, et Anthony, 9 ans, atteints de troubles autistiques.
16:00 Dans cet établissement catholique, ces écoliers ne sont pas ordinaires, ils sont plutôt extraordinaires.
16:06 L'aspect chrétien de l'école nous a vraiment poussé à accueillir ces enfants extraordinaires
16:11 puisqu'il faut que chacun ait sa place, quelle qu'il soit.
16:14 Le Christ nous a dit "laissez venir à moi les petits enfants", et bien ces enfants
16:18 extraordinaires sont justement ces petits enfants que nous devons accueillir.
16:21 L'année prochaine, Lisa aura l'âge de rentrer au collège.
16:24 Alors l'établissement a développé le projet Notre-Dame de l'IS, une classe spécialisée
16:30 qui accueillera six élèves porteurs de handicap.
16:32 Le conseil d'administration de l'école a eu à cœur d'assurer aux parents, notamment
16:38 de Lisa, que nous l'accompagnerons non seulement aux primaires, mais ensuite au collège.
16:43 Et donc pour cela, cela nécessite l'ouverture d'une classe spécialisée avec des moyens
16:49 pédagogiques spécifiques pour elle et donc pour d'autres enfants qui pourront rejoindre
16:54 cette classe.
16:55 Une perspective joyeuse pour la petite fille qui n'a pas toujours eu une scolarité facile.
16:59 Pour les parents de Lisa, l'établissement Sacré-Cœur Enfant-Jésus est une bénédiction.
17:04 Ici, si vous voulez, elle est considérée.
17:06 Toute l'équipe, tant la direction, que les enseignants, que les enfants, elle est traitée
17:13 avec de la bienveillance, elle le ressent.
17:15 Elle est vraiment dans son environnement, elle a un petit cocon, elle a ses petites
17:21 habitudes.
17:22 Elle a retrouvé la joie de vivre dans cette école qu'elle avait perdue dans l'école
17:27 précédente.
17:28 Pour financer le projet Notre-Dame de Liès, l'établissement a lancé un appel aux dons.
17:32 Il manque encore 25 000 euros pour que l'année prochaine, le rêve de Lisa se réalise, entrée
17:38 au collège.
17:39 Un reportage signé Elouard Rochebruine.
17:42 Alors si vous voulez participer à cette merveilleuse levée de fonds ou si ça vous donne des idées
17:47 d'ailleurs, vous pouvez aller sur le site www.escej.fr.
17:50 Je répète, www.escej.fr.
17:58 Chantal Dang, vous avez une petite fille trisomique, est-ce qu'elle peut suivre une scolarité
18:04 justement normale ?
18:05 Oui, nous avons beaucoup de chance.
18:07 Marie, elle a 9 ans, elle est actuellement scolarisée en CE2 dans une école privée
18:14 à Paris.
18:15 Elle est extrêmement bien accueillie grâce à un investissement énorme des maîtresses
18:20 de l'équipe pédagogique et de tous les camarades de classe et du coup aussi des parents.
18:25 Je suis assez admirative finalement de ce que la présence de Marie fait surgir chez
18:34 chacun le meilleur et l'envie que ça se passe bien.
18:37 Je crois que c'est un des petits charismes de nos enfants, c'est de savoir mobiliser
18:42 ce qu'il y a de meilleur en nous.
18:43 C'est assez merveilleux.
18:45 Vous, vous suivez une scolarité, vous êtes étudiant en droit, quel regard vous posez
18:51 sur la prise en charge, l'accueil ? Parce que le mot prise en charge n'est pas très
18:55 jolie mais c'est vraiment l'accueil de ces enfants au milieu scolaire.
18:58 L'accueil des personnes handicapées, un peu comme moi, je trouve ça vraiment important
19:04 de pouvoir, quand c'est possible, suivre une scolarité normale au milieu de jeunes
19:10 avec valides.
19:12 Je pense que c'est important, je pense qu'on a quelque chose à apporter et je pense que
19:17 les enfants qui sont habitués très jeunes à être avec des personnes handicapées ou
19:21 ayant des fragilités, elles n'auront plus peur, elles n'auront pas peur à l'âge
19:25 adulte d'être avec des personnes handicapées.
19:28 Stephen Gunnell, Claire M, Claire M.
19:33 Merantienne, fille cheveux, est allée à l'école.
19:35 Vous avez dit qu'il y avait quelque chose de très important, ça je pense que c'est
19:38 vraiment un message à faire passer à ceux qui nous regardent.
19:40 C'est l'environnement familial.
19:42 Bien entendu, elle a été dans une famille extrêmement croyante, pleine de choix, mais
19:49 est-ce que l'écosystème scolaire a joué également ?
19:52 Évidemment.
19:53 Pour un épanouissement, c'est fondamental.
19:55 C'est-à-dire, on pense à ces enfants et à ces parents aujourd'hui en souffrance
19:58 parce que leurs enfants sont sur le carreau et que l'État d'ailleurs ne met aucun
20:03 moyen pour accélérer la prise en charge de ces handicapés à l'école.
20:07 C'est ce qu'explique Marie-Hélène Fichefeux, sa maman, dans le film.
20:10 Claire M. Merantienne a bénéficié de trois entités, famille, paroisse, communauté,
20:16 membre de la communauté de l'Emmanuel et engagée à l'âge de 21 ans, six ans avant
20:21 son anciennement.
20:22 Il explique aussi comment il a été difficile pour eux de convaincre d'autres parents
20:27 et des directions d'enseignement pour intégrer Claire M. en scolarité.
20:33 Ils y sont parvenus et ce qui est édifiant, et je rejoins les témoignages ici, c'est
20:41 comment la présence de Claire M. a transformé l'école en fait, par sa présence.
20:48 A transformé les enfants, a transformé les professeurs.
20:53 Pourquoi ? Parce qu'elle était, elle, au cœur de toute cette communauté, une source
20:58 d'émerveillement, une source de joie.
21:00 On voit des photos de Claire M. s'afficher à l'écran pendant que vous parlez.
21:05 Alors on vit quand même dans une drôle de société, où médiatiquement on donne à
21:08 voir la réussite d'enfants trisomiques, par exemple à travers la belle réussite
21:12 des Cafés Joyeux, initiée par un entrepreneur, Yann Bucaille.
21:16 Et puis dans le même temps, on ne s'émeut pas, même médiatiquement, de la disparition
21:22 programmée de ces enfants trisomiques via ce qu'on appelle une IMG.
21:26 Alors vous, Chantal, c'était votre huitième enfant, la petite Marie.
21:31 Parlez-nous justement de la façon dont vous avez vécu votre grossesse.
21:34 Il y a vraiment un témoignage à faire passer ? Un, sur la façon dont vous avez reçu le
21:39 fait que c'était une enfant porteur de déficiences génétiques.
21:43 Et puis ensuite, comment ça s'est passé avec le corps médical ?
21:45 Alors c'est pour nous un petit peu plus complexe que ça, parce qu'ayant déjà sept
21:51 enfants, une huitième, on savait qu'on l'accepterait inconditionnellement.
21:57 Du coup, on a refusé tous les tests pour savoir si Marie était porteuse de trisomie,
22:02 mais une cardiopathie très lourde, dès le début de la grossesse, a été décelée,
22:08 qui faisait penser pour le médecin échographiste qu'elle avait un problème chromosomique.
22:14 Donc au début, on nous a annoncé que Marie, de toute façon, ne survivrait pas, que la
22:18 malformation cardiaque était beaucoup trop importante.
22:23 Ensuite, tout au long de la grossesse, effectivement, ce médecin cherchait absolument à nous prouver
22:27 que Marie était porteuse d'une maladie chromosomique, on ne savait pas laquelle, et passait des
22:33 heures aux échographies toutes plus angoissantes les unes que les autres pour nous prouver
22:37 qu'il avait raison.
22:38 Marie était phénode, elle a caché son jeu jusqu'au bout, et du coup, même à la naissance,
22:44 on ne savait toujours pas si elle était ou non porteuse de trisomie.
22:47 En fait, mon mari étant eurasien, les yeux bridés n'étaient pas un critère suffisant.
22:51 C'est la petite Marie qu'on voit s'afficher à l'écran, je le précise pour les téléspectateurs.
22:56 Voilà, exactement.
22:57 Mais on a eu des propositions de...
23:01 Alors ça a été plus sournois que d'IMG, puisqu'ils avaient bien compris qu'on refuserait
23:05 l'IMG par principe, en leur disant que finalement...
23:08 Alors IMG, interruption médicale de grossesse.
23:12 Voilà.
23:13 On a eu cette proposition régulière au cours de la grossesse.
23:16 Nous, ce qu'on leur disait, c'est qu'on a sept enfants, lequel était normal.
23:20 Est-ce qu'eux, en tant que médecins, s'estimaient normaux pour nous faire des propositions pareilles ?
23:24 Que c'était une petite fille, on n'avait pas joué à cache-cache pour son sexe, on avait besoin de savoir.
23:29 On l'avait déjà prénommée Marie parce qu'on savait que sa vie serait très fragile.
23:33 On l'avait confiée à la Sainte Vierge.
23:35 Et c'est quoi la normalité ?
23:38 Donc on avait dit de toute façon, on en a sept, il n'y en a pas un qui nous paraît normal.
23:41 Nous-mêmes, nous ne nous paraissons pas très normaux de toute façon avec sept enfants.
23:44 Donc Marie viendrait, Marie serait accueillie.
23:47 On avait dit aux médecins très clairement, faites votre job de médecin, soignez-la.
23:52 Nous, on fera notre job de parent, on l'aimera.
23:54 Et après, la Providence décidera de savoir ce que sera cette petite vie, mais vous n'avez pas le droit d'y toucher.
24:01 J'avoue que c'était très déstabilisant.
24:03 Marie est née prématurée et du coup, on s'est retrouvés encore.
24:07 Ils nous ont bien dit, on a compris, vous ne voulez pas d'avartement.
24:10 Elle est en détresse fétale, elle va mourir.
24:12 Donc si vous voulez, on laisse faire la vie.
24:16 Et elle va mourir naturellement in utero.
24:18 J'avoue que pour moi, j'ai été déstabilisée parce que je ne savais pas ce qu'il fallait faire.
24:22 Je me suis demandé si c'était de l'acharnement thérapeutique.
24:25 Il a fallu que j'appelle un ami médecin catholique qui m'explique qu'au terme, on était Marie.
24:29 Marie était à 32 semaines.
24:30 N'importe quel enfant avait le droit de vivre, en fait.
24:32 Donc du coup, je suis retournée voir ces médecins en leur disant écoutez, si vous n'aviez aucun soupçon de maladie chromosomique,
24:37 feriez vous la même proposition ?
24:39 Et ils m'ont répondu non, évidemment, à 32 semaines, n'importe quel enfant peut vivre.
24:45 Et donc je leur ai dit, ça s'appelle de l'eugénisme, c'est n'importe quel enfant, c'est une petite Marie.
24:50 Et donc elle aura les mêmes droits que n'importe quel enfant.
24:52 Donc jusqu'à la veille de sa naissance, il a fallu réaffirmer qu'elle avait le droit de vivre comme n'importe quel enfant.
25:00 C'était assez violent pour des parents.
25:01 Enfin moi, j'ai pris ça comme une grande violence.
25:04 Et après, du coup, j'ai eu énormément de mal à me rassurer sur le fait qu'elle serait soignée.
25:09 Ça met les parents dans un état d'angoisse.
25:12 J'interrogeais chaque infirmière.
25:13 Malgré la césarienne, j'avais du mal à décoller ma fille tellement j'avais peur qu'on me dise qu'elle était passée.
25:18 On perd beaucoup de confiance en fait.
25:21 En fait, elle a été extrêmement bien soignée.
25:23 Je vous rassure, elle a eu un tapis rouge de soins une fois qu'elle était née.
25:26 Mais cette schizophrénie médicale dont vous parlez, qui fait qu'effectivement, quand les enfants sont là,
25:31 on met beaucoup et mis en place pour qu'ils soient bien soignés,
25:36 quelle est la valeur de leur vie juste une heure avant ?
25:40 Alors, évoquons la mobilisation des familles chrétiennes, catholiques, chrétiennes,
25:46 justement vis-à-vis du handicap à travers aussi l'adoption.
25:50 Parce que l'histoire de Claire M, cette petite fille, jeune femme qui est décédée à l'âge de 28 ans,
25:56 est merveilleuse dans le sens où elle a aussi grandi dans une famille de sept enfants.
26:02 Et c'était la huitième, c'est-à-dire que les parents ont dit,
26:05 "Nous, nous voulons accueillir la fragilité, nous voulons accueillir le plus petit."
26:09 Expliquez-nous, racontez-nous, Stephen Gunnell,
26:11 puisque vous êtes l'auteur et le producteur d'un film dédié à Claire M.
26:15 C'est une famille en effet nombreuse, avec une grande foi, et à l'écoute de l'évangile.
26:24 Et à un moment donné, en effet, ils se sont peut-être, voilà, entre eux, ils ont discuté,
26:28 et ils se sont dit, "Tiens, on est prêts à accueillir."
26:30 Ils avaient ça dans le cœur, comme un appel, on va dire ça.
26:33 Et ça a été un... Ça n'a pas été simple, ça ne s'est pas fait en deux temps, trois mouvements.
26:40 Il y a eu une première étape, ou d'abord de conversion,
26:44 ils ont admis, ils ont accueilli, ils ont dit, "D'accord, on va le faire."
26:48 C'est-à-dire qu'ils ont aimé avant de savoir quel enfant ils allaient accueillir.
26:53 L'amour avait déjà démarré avant même d'aller éventuellement dans une pouponnière
26:57 ou un lieu d'accueil pour éventuellement accueillir une enfant.
27:03 Et à un moment donné, il y a eu cette rencontre avec cette jeune fille,
27:05 il l'en raconte très bien, avec cette petite blonde qui leur faisait du charme,
27:09 et qui était toute mignonne, et il y a eu un petit coup de cœur en effet,
27:12 ils sont rentrés chez eux, ils ont discuté, ils ont dit, "D'accord, voilà, si c'est possible, on l'accueille."
27:18 Et le temps qu'ils se décident, "Ah, elle avait été adoptée."
27:21 Et c'est là que, providentiellement, arrive cette dame de la pouponnière,
27:25 explique, de cette orphelinat, explique que voilà,
27:28 la petite blonde qui vous avait charmée, voilà, vient d'être adoptée, donc trop tard,
27:34 mais j'en ai une qui vient d'arriver, elle n'est pas en forme, c'est particulier,
27:42 venez la voir, et ils y sont quand même allés, ils ont accueilli comme ça.
27:45 Mais pour ceux qui nous regardent, c'est une folie à l'heure d'aujourd'hui d'adopter un enfant.
27:49 C'est un contre-témoignage.
27:50 Alors oui, expliquez-nous où réside cette force dans l'accueil.
27:55 On va dire quelque chose d'assez peut-être classique ou simple pour nous,
28:00 je pense que le père va nous le confirmer,
28:02 c'est à partir du moment où tu reçois la vie, où tu reçois la force, tu reçois l'amour,
28:07 le Christ lui-même, Chantal l'a très bien dit, notre fils, c'est l'amour,
28:12 c'est le Christ lui-même, donc qui à un moment donné, en effet,
28:14 c'est un acte de foi déraisonnable qui dépasse la raison,
28:18 mais qui fait que l'amour pourfend l'intellect, j'ai envie de dire le ratio,
28:23 et accueille la vie de façon inconditionnelle.
28:27 Et cherche pas à comprendre, aime d'abord, et on comprendra plus tard, on cheminera avec.
28:32 Autre folie aux yeux du monde, don Philippe, justement,
28:34 l'accueil de moines handicapés dans un monastère bénédictin.
28:39 Racontez-nous l'intuition fondatrice, parce que c'est assez nouveau quand même dans l'Église,
28:44 de se dire, eh bien, on va leur donner le même droit à la même vie spirituelle,
28:49 à la même vie monastique, racontez-nous.
28:52 Alors, notre histoire à nous commence en 1966,
28:56 avec un moine qui était un moine de la Congrégation de Solème,
29:00 à laquelle j'appartiens, puisque moi je suis moine de Kergonan initialement,
29:05 et ce moine était maître des novices et il se lamentait de ne pas pouvoir accueillir des gens
29:11 qui avaient des fragilités.
29:14 Son père-abbé lui disait, eh bien non, c'est pas possible, dans nos monastères,
29:17 on ne peut pas leur faire faire des vœux solennels,
29:19 on peut pas, alors, quelquefois on en a un, mais ça s'arrête là.
29:23 Et finalement, il est sorti de son monastère, le père-abbé lui a donné la permission de sortir,
29:28 pour fonder cette congrégation, Notre-Dame d'Espérance.
29:32 Alors, Notre-Dame d'Espérance, c'est huit monastères en France, à l'heure actuelle.
29:36 Vous, vous accueillez une, ils sont quinze, c'est cela.
29:40 Ils sont tous passés par l'hôpital psychiatrique ?
29:42 Presque tous, presque tous, oui.
29:45 Et vous voyez, ils avaient fait une brochure qui est toujours actuelle,
29:50 qui n'a pas encore été, on est en train de la modifier,
29:52 parce que l'idée c'était donc moines handicapés.
29:56 Donc, c'était vraiment la nouveauté, c'était d'ouvrir la vie monastique intégrale
30:02 à des personnes handicapées.
30:04 Alors, ont-ils le même rythme de prière que les personnes qui ne sont pas handicapées,
30:10 que les moines qui ne sont pas handicapés ?
30:11 On dit volontiers que notre vie monastique,
30:13 telle que je l'ai vue aujourd'hui avec eux, est une vie adaptée.
30:16 Je pense que l'adaptation vient surtout dans un aspect de,
30:22 le caractère obligatoire de certaines exigences,
30:26 et certaines exigences ne sont plus obligatoires, disons.
30:30 C'est facultatif, c'est adapté en fonction des capacités de chacun.
30:33 Mais celui qui a ses capacités, disons, normales,
30:37 ou qui n'a pas de handicap ou de limite,
30:39 eh bien, il a une vie monastique intégrale, absolument.
30:43 Et moi qui viens de Kergonan, je vis la même vie qu'à Kergonan,
30:46 je la vis à Vezins-le-Coquet, à Monastère Sainte-Thérèse,
30:50 avec des frères qui vivent aussi la même vie que moi,
30:54 avec certains qui ne peuvent pas venir au vigile, d'autres…
30:56 Voilà, le silence est un petit peu…
30:59 - Compliqué à faire respecter le silence ?
31:01 - Ça ne me dérange pas trop du reste, je dois te dire.
31:05 - Mais l'intrusion du corps médical quand même dans votre monastère social ?
31:09 - Ça c'est une question…
31:11 - Vous avez des infirmières ?
31:12 - On a toute une structure paramédicale, sociomédicale qu'on a mis en place,
31:17 grâce à une psychologue qui nous suit depuis longtemps.
31:21 Et donc on a une infirmière coordinatrice,
31:24 des passages d'infirmiers, des passages de kinés,
31:28 des ADMR qui viennent nous aider parce que les frères ont le droit à l'APA.
31:34 Et finalement, on a un monastère qui est de ce fait
31:37 au top au niveau de l'entretien, au niveau de la qualité de vie.
31:41 Et cette présence féminine, à laquelle il faut s'habituer pour des moines bien sûr,
31:47 parce que c'est quelquefois un peu difficile pour certains,
31:50 apporte aussi une complémentarité et quelque chose d'assez fort.
31:54 On a un moine un peu âgé qui quelquefois se plante devant une femme qui nous aide là,
32:03 et il dit « je ne sais pas qui est le prieur dans cette maison
32:05 qui laisse rentrer toutes ces bonnes femmes dans le monastère ».
32:08 Alors je me dis je vais me faire virer un jour, mais ça se passe bien.
32:13 En tout cas, c'est très audacieux de la part de l'Église,
32:16 c'est très très audacieux de proposer comme ça la vie monastique à des handicapés.
32:21 Mais ces frères-là, finalement, ont un cursus
32:25 qui est un peu plus long que dans les monastères classiques, on va dire.
32:28 Mais ils font aussi des professions solennelles, ils s'engagent
32:31 et il n'y a pas plus, je pense, pas plus d'accidents au niveau vocationnel
32:37 dans ce monastère-là, dans cette congression-là que dans les autres.
32:41 - Rappelons que l'Église s'est toujours préoccupée des plus faibles, des malades,
32:44 y compris des handicapés, y compris des fous.
32:46 Je pense à Saint Jean de Dieu, un portugais du XVIe siècle,
32:51 qui justement est le premier à avoir fondé des hôpitaux
32:55 pour s'occuper en particulier des personnes handicapées et contraitées de folle à l'époque,
33:01 et qui a fondé aussi l'Ordre des Frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu,
33:05 qui s'occupe toujours des personnes en grande fragilité.
33:09 Alors, ne nions pas non plus la réalité, parce que la foi peut permettre d'accueillir ses enfants,
33:14 de leur donner le maximum d'amour, de les faire grandir, de les respecter dans leur dignité,
33:20 mais c'est aussi une croix et c'est aussi une souffrance.
33:23 Racontez-nous la façon dont vous transcendez justement ce qui est une épreuve pour vous, Louis,
33:28 grâce à votre foi immense.
33:30 Je rappelle qu'en plus, vous n'êtes pas exemple de croix dans votre vie.
33:34 Vous avez une petite sœur qui est trisomique et vous avez perdu votre maman il y a un an et demi.
33:38 Elle avait seulement 44 ans.
33:40 Racontez-nous comment vous tenez, comment vous tenez avec la foi
33:44 et comment vous arrivez, parce que vous êtes un être d'une grande douceur
33:48 et vous rayonnez énormément.
33:49 Racontez-nous.
33:50 Alors, c'est vrai que moi, j'ai une maladie, l'amylophatie de Duchesne,
33:55 qui est une maladie qui est évolutive.
33:58 Donc, chaque étape de la maladie m'impose des renoncements,
34:03 que ce soit la perte de la marche à l'âge de 10 ans,
34:06 que ce soit la perte de l'usage de mes bras pour manger à l'âge de 13 ans
34:11 et l'usage de mes mains pour écrire à l'âge de 16 ans.
34:15 Et aussi, par mon handicap, je fais l'expérience de la dépendance,
34:22 de la dépendance aux autres.
34:23 Et je me rends compte à quel point j'ai besoin de l'aide des autres
34:28 et je me rends compte que les gens, les personnes ont besoin de se sentir utile.
34:32 Donc, finalement, c'est aussi un échange.
34:35 Et c'est vrai que ma maladie m'a fait prendre conscience du sens de la vie,
34:42 qu'en fait, on est sur cette terre de passage pour aimer et apprendre à aimer,
34:48 pour donner et se donner, pour recevoir.
34:51 Et pour moi, avec l'accident de ma maman qui lui a été fatal,
34:58 j'ai encore plus compris le sens de la vie.
35:00 J'ai compris qu'au terme de ce pèlerinage sur terre,
35:04 nous sommes appelés à être auprès de Dieu
35:06 et que finalement, cette vie en est la préparation.
35:10 Et c'est ce qui me fait vivre.
35:11 Pour moi, c'est vraiment le sens profond de l'espérance chrétienne.
35:15 C'est-à-dire, vous vivez quotidiennement dans l'espérance de la vie éternelle.
35:21 Oui, tout à fait.
35:23 C'est ce qui me fait vivre.
35:24 Ce qui me fait vivre aussi, c'est de pouvoir la partager cette fois avec toute ma famille.
35:30 Je suis l'aîné d'une fratrie de sept enfants.
35:33 On est une famille remplie de joie, remplie d'amour.
35:37 J'ai la chance d'être né dans une famille profondément unie, profondément aimante,
35:41 qui a une foi très profonde.
35:43 Et j'ai eu vraiment cette grâce, et j'en rends grâce au Seigneur,
35:48 de pouvoir être né dans cette famille très unie.
35:52 Donc Philippe, justement, expliquez-nous comment donner un sens à l'épreuve,
35:58 à la grande épreuve que vit Louis chrétiennement pour ceux qui nous regardent.
36:02 Qu'est-ce que la croix, comment la vivre ?
36:05 C'est une question encore très difficile.
36:08 Je pense qu'il y a, devant la souffrance et devant la croix,
36:13 il y a un moment où il faut arrêter de se poser des questions.
36:16 Il faut l'accueillir dans la foi, bien sûr, dans la foi,
36:20 et puis l'offrir en union avec la souffrance du Christ, sa passion,
36:28 parce que toute souffrance est rédemptrice,
36:31 et spécialement si elle est offerte.
36:33 Donc il faut penser à l'offrir, et ça lui donne du sens.
36:37 Et c'est pour ça que toutes les personnes qui sont en fin de vie,
36:39 toutes les personnes qui portent un handicap très lourd,
36:42 eh bien toutes ces personnes-là, si elles ont la chance ou la grâce d'avoir la foi,
36:47 eh bien elles peuvent donner un sens à leur souffrance,
36:50 donner un sens à leur vie qui paraît un non-sens pour ceux qui n'ont pas la foi.
36:56 Alors je vous propose de regarder les paroles de Charles de Gaulle,
37:00 qui avait une petite fille, Anne, trisomique, elle est décédée à l'âge de 19 ans.
37:05 Il disait que Anne était une grande épreuve pour sa femme et pour lui-même.
37:11 Elle est aussi notre joie et notre force.
37:13 Elle est une grâce de Dieu dans ma vie.
37:15 Elle m'aide à demeurer dans l'humilité des limites et des impuissances humaines.
37:20 Elle me garde au-delà des luttes terrestres.
37:22 Face à l'éternité, là où Anne trouvera toute sa taille et tout son bonheur.
37:27 Alors j'aimerais qu'on s'arrête déjà sur l'idée de grâce.
37:29 Qu'est-ce que cette grâce, qu'est-ce que la grâce du handicap,
37:34 alors quand on est maman d'une petite fille trisomique, apporte ?
37:37 Qu'est-ce que c'est que cette grâce, Chantal ?
37:39 C'est la grâce d'une conversion, déjà, parce que comme...
37:43 Vous êtes meilleure grâce à votre fille ?
37:45 On est tous meilleurs.
37:46 Il y a un avant et un après mari dans notre famille, ça c'est sûr.
37:50 La grâce d'une conversion parce qu'a priori,
37:51 personne n'a envie d'être parent d'un enfant handicapé, tout le monde a peur.
37:54 Moi, j'ai été terrorisée à l'annonce du handicap.
37:58 Voilà, tout n'est pas rose.
38:00 On dit, je pensais aux parents de Claire et Mère Ancienne qui ont choisi d'aimer.
38:04 Moi, je n'ai pas choisi.
38:06 Marie m'est tombée dessus.
38:08 La Providence a choisi pour moi et il a fallu effectivement dominer ses peurs
38:13 pour accepter cette aventure incroyable qui nous est proposée.
38:16 Et surtout, vous parlez de grâce.
38:18 En fait, je réalise en écoutant Louis et en écoutant Don Philippe
38:22 à quel point, en fait, on parle de handicap, mais c'est une vue très humaine.
38:26 En fait, de quoi parle-t-on ?
38:28 D'un handicap physique, de handicap cognitif ?
38:32 Mais où est la vie de l'âme dans tout ça ?
38:34 Est-ce qu'une personne porteuse de handicap cognitif n'a pas d'âme ?
38:38 Est-elle handicapée de ce point de vue-là ?
38:41 Et moi, c'est ce que je découvre avec émerveillement au contact de Marie.
38:44 C'est à l'échelle de Dieu et de la grâce infinie, de l'amour avec un grand A,
38:50 qu'est le Christ ?
38:52 Est-ce qu'on n'est pas tous trisomiques, en fait ?
38:54 Est-ce qu'on n'est pas tous incapables de comprendre l'amour incroyable
38:58 d'un Dieu qui nous a donné son propre Fils pour nous sauver ?
39:03 Alors, la trisomie de ma fille par rapport à la mienne dans le domaine de la foi,
39:08 j'avoue que je ne suis pas sûre qu'elle ne soit pas beaucoup plus avancée que moi
39:11 dans sa spontanéité et dans sa simplicité
39:15 que toutes mes complications intellectuelles
39:17 qui font que je vais chercher Dieu partout de manière très compliquée,
39:21 là où elle, elle est sur une sorte d'autoroute de la grâce.
39:24 En fait, beaucoup plus simple que la mienne.
39:27 Donc, voilà, souvent je remets en question ce terme de handicap par rapport à la foi
39:31 face à une personne porteuse de handicap, qui soit physique ou qui soit cognitif.
39:35 C'est-à-dire qu'il nous enseigne de toute façon le bas à bas de la vie spirituelle,
39:40 la simplicité d'une relation à Dieu, c'est ça, Stephen Gunnell ?
39:43 C'est pour en revenir au personnage de Clarem,
39:49 c'est ce qui nous a frappés.
39:51 D'abord, on a rencontré Clarem, elle était déjà au ciel.
39:55 On ne la connaissait pas, comme on ne connaissait pas ses parents.
39:58 Et on a vu avec le prisme de la foi,
40:02 comment du ciel, tout le mécanisme s'est mis en place.
40:05 Elle est décédée en 2014.
40:07 Et on a vu à travers le prisme de la foi,
40:09 comment du ciel, tout le mécanisme s'est mis en place pour que Sabrina,
40:12 mon épouse et moi-même arrivions tout doucement vers les fiches-cheveux,
40:16 découvrions cette histoire et acceptions d'en faire un film,
40:21 pour mettre en lumière son parcours,
40:25 qui quand même n'est pas anodin,
40:26 parce que c'est quand même le parcours d'une jeune femme trisomique,
40:29 qui avait la vocation de mourir dans une pouponnière,
40:33 et dont le procès en béatification, en tout cas pour la cause, est ouvert aujourd'hui.
40:37 Parce qu'il se passe déjà des choses.
40:39 Il y a des témoignages.
40:41 Parce que finalement, dans votre film, vous expliquez que maintenant,
40:44 elle intercède du ciel.
40:46 Exactement.
40:47 Vous avez des preuves de prières exaucées grâce à Clarem.
40:50 Il y a beaucoup de témoignages, en effet, des gens qui ont prié Clarem,
40:53 et qui se sont vus offrir des grâces,
40:56 et qui ont reçu des miracles, des merveilles, il faut le dire.
40:59 Donc ça continue, le procès est toujours en cours, bien sûr,
41:04 mais juste pour une petite anecdote quand même rapide,
41:11 elle avait un lien direct.
41:12 Voilà, on le voyait dans sa façon de parler.
41:15 Un lien direct avec Jésus.
41:17 Et juste pour la petite anecdote, un jour, c'est en été, à Paralémonia,
41:20 je vais être très court, elle a 7 ans.
41:25 Elle est sous la tente, et il y a le Saint-Sacrement qui est exposé,
41:29 ils sont venus en famille, session d'été, en famille, etc.
41:31 Ils avaient amené avec eux un copain d'un des frères de Clarem.
41:36 Et on le voyait, il était au fond de la tente, il s'ennuiait,
41:38 il se demandait ce qu'il foutait là.
41:40 Et 7 ans, Clarem le voit, fend la foule, va au fond de la tente,
41:44 se met à genoux sur ce garçon,
41:46 lui met les doigts dans les yeux et lui dit "Agade, Agade Jésus".
41:50 Et le jeune homme, peut-être 14, 15, 17 ans à l'époque,
41:53 regarde le Saint-Sacrement et se convertit à ce moment-là.
41:57 Et des anecdotes comme ça, il y en a encore d'autres,
42:00 et c'est édifiant.
42:02 Et donc on voit que d'une certaine manière,
42:04 alors peut-être pas tous, ça dépend aussi le contexte familial
42:07 dans lequel ces enfants grandissent, on est d'accord,
42:09 mais là pour le coup, nous, catholiques,
42:11 dans ce environnement chrétien de foi, en effet,
42:15 j'ai le sentiment à voir,
42:17 tous les témoignages qu'on voit, qu'on découvre,
42:21 ils ont un pas en avant on dirait.
42:23 Je dis pas qu'ils sont privilégiés dans la grâce,
42:25 mais on voit quand même qu'il y a une forme de sainteté,
42:27 une forme de parfum du ciel quand on les a autour de nous.
42:32 - Louis Bouffard, ce sera le mot de la fin pour vous,
42:34 est-ce que vous diriez que vous êtes privilégié dans la grâce ?
42:38 - Alors je dirais que par la foi, qui est pour moi un cadeau de Dieu,
42:42 un don de Dieu,
42:44 vraiment, pour moi, le Seigneur me fait la grâce
42:47 d'accepter le handicap, d'accepter de dépendre des autres,
42:51 et finalement, ça nécessite aussi une part d'abandon,
42:54 ça nécessite de poser un acte de foi.
42:56 Voilà, moi je dirais que le Seigneur m'accompagne au quotidien,
43:01 que vraiment, je me sens infiniment aimé de Dieu.
43:05 Et vraiment, c'est cet amour que le Seigneur a pour moi qui me fait vivre.
43:11 - Merci infiniment à vous quatre pour vos témoignages qui sont exceptionnels.
43:16 Chantal Dang, merci évidemment.
43:17 Louis, donc, vous êtes l'auteur d'un livre que je recommande aux téléspectateurs,
43:22 Une lueur dans les tranchées, chez Tecky Editions.
43:25 Merci à vous, Don Philippe Piron,
43:27 et puis merci à Stephen Gunnell dont je recommande aussi, bien entendu, le film.
43:31 Il faut absolument voir ce film sur Claire M ou La Joie de Vivre,
43:35 ou La Joie de Vivre, oui, chez Créa Filmmaker.
43:37 Je rappelle que c'est une émission en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
43:41 France Catholique qui, cette semaine, évoque l'Arménie,
43:45 l'Arménie sacrifiée, un magazine que vous pouvez également retrouver sur France-Catholique.fr.
43:51 Samedi prochain, 11h, ne ratez pas les belles figures de l'histoire sur CNews,
43:56 évocation de Sainte-Bernadette Soubirous à l'occasion de la fête.
44:00 Rappelons qu'hier, c'était la fête de Notre-Dame de Lourdes, le 11 février.
44:04 Notre-Dame de Lourdes avec ses pèlerinages Mario à Lourdes pour les malades et les handicapés.
44:10 Voilà, une pensée pour tout ce qui se passe à Lourdes, aujourd'hui encore.
44:13 Et puis, bien entendu, dimanche prochain, de nouveau, Enquête d'Esprit,
44:17 qui sera présentée par Émeric Pourbet et qui évoquera la confession.
44:20 L'info continue sur CNews.
44:22 Merci.
44:23 Merci.