Dans la tête de Stéphane de Groodt

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On a essayé d'entrer dans la tête du comédien Stéphane de Groodt.

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00:00 Sergueï et ses collègues vont se dire que je pourrais peut-être avoir accès à des

00:04 documents de l'OTAN et assez longtemps, pendant plusieurs mois, ils vont m'inciter à essayer

00:09 d'aller chercher ces documents-là.

00:11 Évidemment, ça, moi, je ne le ferai jamais.

00:13 À partir du moment où j'ai compris que c'était des espions, j'avais décidé que un jour,

00:17 je raconterai cette histoire.

00:19 Bonjour, Romain Mielkarek, je suis journaliste indépendant et je vais vous raconter comment

00:22 les services de renseignement russe ont essayé de me recruter il y a 10 ans.

00:26 Je travaille sur des questions qui touchent au conflit armé, questions de défense, questions

00:29 de relations internationales.

00:30 Ce sont ces sujets sur lesquels je travaille qui ont incité le premier des espions russes

00:35 que j'ai rencontré, Sergueï Solomassov, à venir prendre contact avec moi en 2013.

00:39 J'anime à l'époque une première conférence sur les armes chimiques en Syrie et Sergueï

00:44 Solomassov vient me donner sa carte de visite en se présentant comme membre de l'ambassade

00:48 de Russie à Paris et en me proposant que l'on se voit, que l'on discute.

00:52 On va échanger sur tout un tas de sujets.

00:53 Et puis, il va surtout commencer à poser des questions un petit peu atypiques.

00:57 Il va essayer de savoir combien je gagne, est-ce que je suis marié ou est-ce que je

01:01 suis célibataire.

01:02 Et je vais rapidement comprendre qu'en réalité, ce sont des questions d'un officier de renseignement

01:06 qui est en train de faire mon environnement.

01:07 Il est en train d'essayer d'identifier tous les leviers sur lesquels il peut jouer pour

01:11 arriver à m'amener à répondre à cette demande.

01:13 Donc, il va tenter successivement de me proposer de l'argent.

01:17 Il va tenter également de m'amadouer avec des femmes en me proposant par exemple d'aller

01:21 dans un bar clandestin pour profiter de masseuses, de prostituées.

01:25 Le but de ces cadeaux, c'est de voir si je vais les accepter.

01:29 Moi, systématiquement, je les refuse.

01:31 Ce qui me fait prendre très vite conscience de la réalité de qui est Sergueï, c'est

01:35 tout simplement que le contre-espionnage français m'a contacté.

01:38 Donc, ils vont m'inciter à continuer de rencontrer Sergueï en me demandant à chaque fois de

01:42 venir leur raconter.

01:43 Et évidemment, je me pose la question de quel est le risque pour moi.

01:46 Avec Sergueï, on va se voir régulièrement, systématiquement dans des bars, sur une période

01:51 qui va durer à peu près 4 ans.

01:52 Et puis, à plusieurs reprises, il va essayer de me demander des services.

01:55 Et si ce type de choses fonctionne, il pourrait essayer par la suite de m'amener à utiliser

01:59 mon métier, à utiliser mes accès pour obtenir là des documents beaucoup plus confidentiels,

02:04 beaucoup plus secrets.

02:05 Sergueï et ses collègues vont se dire que je pourrais peut-être avoir accès à des

02:09 documents de l'OTAN.

02:10 Et assez longtemps, pendant plusieurs mois, ils vont m'inciter à essayer d'aller chercher

02:15 ces documents-là.

02:16 Moi, j'esquive un petit peu en ne leur donnant que les documents qui sont accessibles en

02:20 sources ouvertes, en prétextant la bonne foi.

02:22 Et eux vont régulièrement me relancer en me disant "oui, mais est-ce que tu pourrais

02:24 pas, via tes contacts, via les officiers que tu connais, essayer d'aller chercher des

02:28 choses un petit peu plus sensibles ?"

02:30 Évidemment, ça, moi, je ne le ferai jamais.

02:32 L'intérêt pour moi est tout simplement de récolter de l'information, de comprendre

02:36 comment eux, ils travaillent pour documenter mon enquête.

02:38 Moi, j'avais décidé dès le début, à partir du moment où j'ai compris que c'était

02:42 des espionnes, j'avais décidé qu'un jour, je raconterai cette histoire.

02:45 On peut trouver étonnant qu'un officier de renseignement comme Sergueï voit un potentiel

02:50 chez un journaliste comme source.

02:52 Après tout, moi, je n'ai pas accès à des documents confidentiels, je n'ai pas accès

02:56 à des secrets en tant que tels.

02:57 Ce qui fait que cette approche est intéressante, c'est que lorsque l'on regarde l'histoire

03:00 des services de renseignement, depuis la guerre froide, on a régulièrement des journalistes

03:04 qui ont tendance à être tentés par l'aventure de l'espionnage.

03:08 Si toute cette histoire vous intrigue, si vous avez l'impression que je n'ai pas donné

03:11 tous les éléments de réponse, je vous invite à aller lire la suite de cette aventure

03:15 dans le livre que j'ai publié au mois de novembre chez De Noël qui s'appelle "Les

03:19atiques.

03:20 La France dans les griffes des espions russes".

03:22 !

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