Classée 3ème ville la plus sale au monde : Alger pleure sa blancheur 19 octobre 2013, 16:24
Le spectacle déplorable et désolant des amoncellements d'ordures ménagères ou autres sont une atteinte à la santé publique. Alger est la troisième ville la plus sale au monde.Le classement a été établi dernièrement par le groupe britannique Urbain Clean Environnent. L'étude mentionne que le manque de civisme des Algérois est la raison de cette situation plus qu'alarmante. Les Algériens, par jalousie, estiment que ce classement est trop sévère. La «Blanche», pour eux, ne mérite pas cette image qu'on lui a attribuée.Et là, s'imposent des questions lancinantes : Alger est-elle vraiment sale ? A-t-elle perdu de sa blancheur ? Pour tenter de répondre à ces questions et à bien d'autres, nous avons sillonné ses coins et recoins. Zoom sur la capitale. Il est 10h. Le soleil pointe d'ores et déjà son nez. Il fait chaud en cette journée ramadhanesque. Mais cela n'a pas empêché les citoyens de sortir.es rues tout comme les magasins grouillent de monde. Une véritable marée humaine circule à travers Alger. Pas un espace de libre. C'est un fait compréhensif : il s'agit du mois de Ramadhan.Les citoyens préfèrent sortir que de rester enfermés à l'intérieur de leurs maisons.Qui pour aller au marché qui pour visiter les magasins «d'à côté», une seule finalité les anime : faire les courses du jour et tuer par la même occasion le temps en ces journées longues et ennuyeuses du mois sacré.Histoire de faire d'une pierre deux coups. Cependant, à travers les artères de la capitale, un phénomène, plutôt un mal récurrent, vient se mêler au décor coloré de la ville : la saleté.Ce n'est point un effet de mode, mais bel et bien, une réalité que nous avons constatée de visu lors de notre randonnée dans les différents quartiers d’El Bahdja. Une situation que nous vivons quotidiennement.Des «collines» d'ordures sont visibles à l'oeil nu. Il n'y a pas un seul espace qui sort de ce nouveau décor. Aucun secteur n'échappe à ce nouveau look qui, le moins que l'on puisse dire, est déplaisant.La «Blanche» a changé d'habit pour revêtir, hélas, celui de la malpropreté. Un renversement de la situation incroyable. Un scénario remarquable qui ne laisse personne indifférent : Alger la «Blanche» ne l'est plus. Elle a perdu de sa beauté, sa propreté, de son image d'antan. Alger est devenue tout bonnement invivable, inhabitable, une immense favela… Et tutti quanti.Des bacs à ordures parsèment nos rues. Cette image hideuse de la capitale n'est nullement fortuite, mais elle est due à certains facteurs aussi bien humains que matériels. La faille existe réellement. Tel un patient atteint d'une maladie incurable, Alger meurt à petit feu.L'amertume de la chose n'altère en rien sa véracité et les autorités ne sont pas les seules responsables, la population aussi», avant de le dire franco : «Nous ne sommes pas éduqués. Encore un long chemin à parcourir afin que nous puissions assimiler les vertus du civisme». Le constat de notre ami du jour ne fait pas l'unanimité au sein de ses voisins du quartier.Et pour cause, ces derniers soutiennent à cor et à cri que les services de ramassage ne font pas bien leur travail. Preuve en est : «Ils (les services de ramassage) laissent des poubelles pour deux ou trois jours afin qu'ils passent pour les évacuer.C'est inconcevable avec toutes les maladies que cela pourrait engendrer», soutient un vieil homme, non sans indiquer que les poubelles d'immeubles, une fois vidées par les ramasseurs d'ordures sont projetées de façon brutale dans une indifférence totale, laissant échapper les dernières ordures de la poubelle mal vidée qui s'éparpillent sur la chaussée et les trottoirs». A quelques encablures de là, nous nous sommes rapprochés d'un groupe de jeunes afin de les interroger sur l'état de leur quartier, la Casbah.Leurs réponses ont été sèches : « On ne gouverne pas un peuple par la morale. Seul un budget conséquent pour le ramassage des déchets et des amendes salées peuvent faire d'Alger une capitale.A mon avis, les pouvoirs publics s'en foutent, alors que dire des citoyens ?», dira le Mohamed, le plus jeune du groupe. Même son de cloche chez Lamine, qui a tenu néanmoins à préciser un fait qui lui tient à coeur, pour reprendre ses propos : «Il est utile de dire que dans tout cela, ce sont toujours les pauvres citoyens qui paient les pots cassés, car hormis les quartiers populaires, nos responsables s'occupent soigneusement des quartiers où ils vivent.tout sur les moyens pour faire de leurs résidences un éden sur terre». Il n'est pas question pour lui de s'étaler plus sur ce sujet car les exemples sont légion : il cite entres autres, les quartiers du Golf, Hydra... «la liste est encore longue».Sur ces mots, toutefois lourds de sens, nous avons quitté la Casbah. Notre prochaine destination en cette journée de Ramadhan, la rue Didouche-Mourad. Mais avant, nous avons fait une halte à la place Emir-Abdelkader, «figure historique» de l'Algérie.