- il y a 2 mois
Dans ce premier épisode de Machro (le titre n'est pas forcément définitif) il sera question du film Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy et de son véritable sens.
La vidéo de E-Penser sur Les demoiselles de Rochefort :
https://www.youtube.com/watch?v=cn-GNp_riXg
La vidéo de E-Penser sur Les demoiselles de Rochefort :
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Court métrageTranscription
00:00Bonjour à tous, aujourd'hui je me suis rêvé avec une idée révolutionnaire.
00:04Faire une analyse linéaire d'une oeuvre cinématographique avec des blagues au milieu.
00:08Originale, non ?
00:10Et pour nommer une telle émission diffusée sur Dailymotion, j'ai signé Macro.
00:15Hein ?
00:16C'est Chroma en verlan.
00:18Ah.
00:20Mais pourquoi ?
00:22Parce que le verlan c'est trop chébrant.
00:24Vous auriez dû dire câblé.
00:25Et comme objet de première analyse, j'ai essayé de prendre un film pas du tout connu,
00:29Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demi.
00:32Le film s'ouvre sur un hommage au cinéma muet avec une ouverture d'iris sur Cherbourg au matin
00:35et après un générique rendant hommage à Chantons se la pluie,
00:38décidément il aime bien les références le Demi,
00:40on retrouve notre protagoniste qui est mécanicien et qui refuse de réparer une benze.
00:44Mais ça se comprend car il doit aller chercher sa blonde pour aller au théâtre.
00:47Tous ces gens qui chantent, moi tu comprends, ça me fait mal.
00:51J'aime mieux le ciné.
00:53Il a raison.
00:54Bref donc, il va chercher sa blonde, interprétée par la légendaire Catherine Deneuve
00:57qui à l'époque ne défendait pas d'épée de fil polonais.
01:00Eh ben, t'y vas pas avec le dos de la main morte.
01:02Je me chauffe là.
01:03Enfin bon, en tout cas, il s'aime, Geneviève, c'est le nom de la blonde,
01:07retourne voir sa mère qui tient une boutique de parapluie.
01:10De Cherbourg !
01:11Et donc Guy va voir sa tantine car oui, pour rappel, nous sommes dans les années 50,
01:15une époque où les jeunes ne se barraient pas à 17 ans
01:17pour vivre dans un appart de 9m2 au 8ème état à Champs-Ascenseurs
01:21dans une ville mal gérée par une Espagnole antifranquiste
01:23qui a fait 1,7%.
01:25On n'est pas censé parler d'un film à la base ?
01:28On sent que Guy est un peu rebelle car
01:30il mange entre les repas et répond à sa tante.
01:34Monstre !
01:35On rencontre ensuite Madeleine, l'infirmière de la tantine
01:37qui semble assez sympathique au premier abord avec Guy.
01:40Bref, on n'a pas le temps de développer les personnages secondaires
01:42plus que nécessaire.
01:43Guy retrouve sa blonde qui s'est habillée vachement court pour novembre quand même.
01:48Salope.
01:48Attends, on y reviendra.
01:50Ils vont au théâtre, puis ils vont danser.
01:53Et on apprend que la mère de la blonde n'aime pas beaucoup l'idée que sa fille sorte avec un garçon.
01:57Enfin, en tout cas, c'est suffisant pour que le mensonge soit nécessaire.
02:02Puis, on a une séquence très mignonne où ils parlent d'avoir des enfants
02:05et de vendre le magasin de parapli pour acheter une station de service.
02:09Geneviève explique la situation à sa daronne
02:11qui permet une situation de conflit de génération, chose assez classique chez Demi.
02:14La mère explique alors que c'est une connerie de se marier aussi jeune,
02:17surtout avec un gars qui n'a pas fait son service.
02:19Retenez ça, car l'avantage de ce film, c'est que tout n'est que préfiguration.
02:24Ah, mais c'est du spoil, ça !
02:25Non, c'est du divulgachage.
02:28Mais on n'a pas le temps, parce que c'est la crise.
02:31La maman a une facture de 80 000 francs.
02:34Zut, alors.
02:3580 000 francs, donc, sachant que nous sommes en 1957,
02:39donc 800 nouveaux francs,
02:41ce qui, rapporté à l'inflation, équivaut à peu près à 1920 euros.
02:47Et 26 centimes.
02:48Donc oui, quand même, c'est pas négligeable,
02:50mais on n'est pas non plus sur le passage par la rue de la paix,
02:53option 3 maisons de fin de partie de Monopoly.
02:56Mais ça reste quand même suffisamment emmerdant
02:58pour envisager la banque littérale des bijoux de famille.
03:01Nous voici donc chez le bijoutier,
03:03avec le propriétaire de la Mercos du début du film,
03:05car nous sommes à Cherbourg, un petit village de 70 000 habitants.
03:07Donc c'est un petit milieu, voyez-vous.
03:09Sauf que le bijoutier est un crevard comme prévu,
03:11mais pas le propriétaire de la Mercos,
03:13Roland Cassart, qui est diamantaire sur Paris et Londres.
03:16Il repasse au magasin pour payer la somme en prenant le bijou,
03:19ce qui, dans mon vocabulaire, s'appelle une subtilisation discrète,
03:22mais nous sommes dans un petit village des années 50,
03:24donc les mœurs ne sont pas les mêmes.
03:25Le lendemain matin, la blonde émet l'idée que peut-être
03:29la mère s'est faite rouler dans la farine,
03:32puis elle se barre voir Guy alors que les diamantaires
03:34arrivent à l'exact même moment.
03:36Un peu facile quand même.
03:37Oui c'est vrai, mais cela dit, ce n'est rien comparé
03:39au film suivant de 2000 et Demoiselle de Rochefort, clairement.
03:42Geneviève est triste que sa mère n'approuve pas le mariage,
03:45et en plus Guy doit partir en Algérie pour son service.
03:48Aïe.
03:49Pour deux ans.
03:51Oui.
03:52Mais les tourtereaux se font des promesses d'attendre
03:55et de se marier au retour de Guy.
03:57Et font des carabistouches et la tantine de Guy.
04:00Enfin, du moins, c'est suggéré.
04:02Guy dit au revoir à sa tante et à Madeleine,
04:04vous savez, le personnage inutile.
04:07Encore une préfiguration ?
04:08Tu apprends vite, petit scarabée.
04:10On a ensuite la séquence cultissime du départ magnifiquement mise en scène
04:13par un travelling arrière où l'on constate que Geneviève n'est pas une blonde comme les autres,
04:17car elle ne court pas après le train.
04:19Oh, t'abuses, là !
04:20Lis dans ton cœur !
04:22Tu sauras que c'est vrai.
04:24Ellipse et nous sommes en janvier 1958,
04:26et Geneviève est un peu déprimé parce que Guy ne lui écrit pas souvent,
04:29alors que sa mère est enjouée à l'idée que les diamantaires viennent dîner.
04:33Après un malaise, Geneviève annonce qu'elle est enceinte.
04:36Donc ils ont vraiment fait des carabistouches, il s'est confirmé.
04:38Oui.
04:39Et en plus, Geneviève en rajoute.
04:41Comment est-ce possible ?
04:43Rassure-toi, comme tout le monde.
04:47Oh, ne plaisante pas, c'est grave.
04:49On en arrive à ce qui est peut-être la séquence la plus géniale du métrage,
04:53celle du dîner.
04:53C'est une séquence essentiellement basée sur des champs contre champs classiques,
04:56mais très bien utilisée.
04:57On suit une discussion alors que les convives attaquent une galette des rois,
05:00ou plutôt un gâteau des rois, sans doute une tradition de Cherbourg,
05:05alors que la mère explique qu'elles sont presque liées mécaniquement.
05:09Geneviève est à la fève et doit donc choisir un roi dans un plein regard caméra magnifique.
05:14Mais Geneviève se retire probablement un peu trop brusqué par tant de symbolisme.
05:19Le diamantaire en profite pour demander sa main à sa mère,
05:21qui se rend compte qu'elle ne connaît rien de lui.
05:24Il en profite donc pour faire une référence au premier film de Demi, Lola.
05:27Comme quoi, on critique le MCU, mais Demi est encore moins subtile.
05:31Le diamantaire rassure toutefois la maman.
05:32Geneviève est libre.
05:39Toby est libre.
05:42Et il s'en va.
05:43On découvre que Geneviève a tout entendu.
05:45Décidément, s'il y a bien une chose où on ne peut pas dire raisonnablement que c'était mieux avant,
05:49c'est bien l'isolation folnique dans les immeubles.
05:51Et les papiers peints.
05:52Ellipse et Geneviève reçoivent une lettre de Guy, enfin.
05:55Assez sinistre par contre, en opposition totale avec la gaieté de la mère comme d'habitude.
05:59Elle répond à une lettre du diamantaire tout en pensant à Guy.
06:01Décidément, ce film est sacrément bien pensé.
06:04Ellipse une nouvelle fois et...
06:05C'est carnaval.
06:07C'est là où carnaval s'oppose à Hollywood comme religion.
06:10Mais il ne s'y oppose pas frontalement.
06:12Il s'y oppose de façon indirecte.
06:14Et il s'y oppose comme le tout s'oppose à la partie.
06:16Mais Geneviève, en bonne réactionnaire, n'aime pas le carnaval.
06:19Et en plus, se fait tailler par sa mère.
06:22C'est fou ce que tu es grosse.
06:30La mère qui suggère à Geneviève de trouver un père au bambin.
06:33Guy ou un autre.
06:36Et en bonne blonde, Geneviève fume en étant enceinte.
06:39Même si à sa décharge, à l'époque, on n'avait pas trop d'infos sur les effets du tabac sur l'enfant.
06:46Mais bon, ça fait quand même drôle.
06:47La mère lui vend le diamantaire comme un parapluie.
06:51C'est parce qu'il te protégera, Geneviève !
06:54Encore une ellipse et le diamantaire lui offre une bague avec un diamant, évidemment.
06:59Nous les voyons marcher au même endroit où elle le faisait avec Guy,
07:01mais deux jours et clairement avec moins de tendresse et de folie.
07:05La passion a laissé place à la stabilité.
07:07Geneviève accepte le mariage avec Cassar.
07:09Et en trois plans assez courts, toute la procédure est montrée.
07:12de la robe à la sortie d'église devant laquelle est présentée Madeleine qui semble troublée.
07:17Mais attends, quoi donc ?
07:19Depuis quand Madeleine connaît Geneviève ?
07:21Rappelle-toi, c'est un petit village, Cherbourg.
07:23Tout le monde se connaît.
07:24Ah, d'accord.
07:26Ellipse et nous retrouvons notre héros Guy de retour en mars 59.
07:30On n'avait pas dit deux ans ?
07:32Pécat, j'imagine.
07:33Guy est blessé à la jambe et constate la fermeture du magasin.
07:36Et la tantine explique tout à Guy.
07:39Elle lui explique aussi que Madeleine n'est pas mariée car elle est sage.
07:43Et d'ailleurs, en parlant du loup, celle-ci n'a pas changé et est contente que Guy soit revenu.
07:49Ellipse et...
07:50Attends, mais c'est moi ou il y a plein d'ellipses depuis le départ ?
07:52Guy est devenu un voyou.
07:53La preuve, il ne se laisse pas faire par son patron, démissionne et jette des cagettes dans le port.
07:59Vous en avez assez, hein ?
08:00Vous avez assez de cette bande de racailles ?
08:03Admettons.
08:04Et il paye en grosse coupure.
08:07Vous êtes tous les mêmes avec vos gros billets ?
08:10Non mais tu te calmes, le barman !
08:13Et Guy laisse son gros billet sans prendre sa monnaisse.
08:16C'est surtout un pigeon, en fait.
08:18Et il va aux putes parce qu'à l'époque, c'était encore légal, avec une certaine Jenny.
08:23Tu peux m'appeler Geneviève si tu veux ?
08:27Et en plus, elle en rajoute.
08:29Guy rentre chez lui, mais sa tante est morte.
08:31Il demande alors à Madeleine de rester avec lui en lui admettant qu'il l'aime.
08:35Mais c'est pas possible.
08:36Mais Madeleine est réticente car elle n'aime pas que Guy soit devenu une racaille.
08:40Mais il arrive à la convaincre après une âpre négociation.
08:43Il achète une station de service et demande en mariage Madeleine.
08:46Mais c'est pas possible !
08:48Et si ! Elle accepte et ellipse, nous sommes en décembre 1963.
08:52Guy et Madeleine ont un enfant, François, et semble être un couple heureux.
08:56Alors que Madeleine et le gamin sortent voir les boutiques, une Mercedes s'approche.
08:59Mais non !
09:00Et si ! C'est bien Geneviève et sa fille Françoise.
09:04Geneviève explique qu'elle rentre d'Anjou pour Paris et a fait un détour.
09:08Ça crée des tours quand même.
09:10Tu m'étonnes.
09:11Il s'échange des banalités alors que Françoise joue avec la neige.
09:14Dans un ultime échange de regards, Geneviève demande à Guy s'il va bien, lui répond que oui.
09:19Et Geneviève repart alors que Madeleine revient avec François.
09:23La caméra s'éloigne et c'est la fin du film.
09:26Mais attends, c'est vachement triste en fait.
09:28Ça, c'est sûr.
09:29Mais au-delà du constat évident, que peut-on en déduire ?
09:32Eh bien oui, car au-delà du résumé que je viens de faire, la question de la vidéo c'est
09:36qu'est-ce qu'a voulu dire Jacques Demi dans ce film ?
09:38Eh oui, car si c'est juste pour raconter une histoire triste, bon bah, c'est un peu court.
09:43Donc on a vu que Demi avait tendance à traiter des conflits intergénérationnels
09:47et notamment de la jeunesse avec la génération précédente.
09:50En l'espèce, dans ce film, nous avons deux jeunes amoureux en forme d'opposition avec leur famille sur ce sujet.
09:55C'est assez évident avec Geneviève, mais c'est aussi le cas avec Guy, dont l'attente est dans une forme de réticence passive.
10:01Alors certains diront que c'est une manière pour Demi de dire que les vieux sont cons
10:04et que la jeunesse, en se prenant moins la tête, profite plus de la vie.
10:08Ou du moins le ferait si les vieux ne les entravaient pas.
10:11Et c'est vrai que ça pourrait être ça.
10:13En effet, d'une certaine manière, c'est thèse d'exposer dans Les Demoiselles de Rochefort.
10:16Mais pour ça, je vous recommande la vidéo de la chaîne Y-Penser sur le sujet qui est très intéressante.
10:21Plus que la tienne en tout cas.
10:22Sauf que, si vous regardez bien dans les parapilles de Cherbourg,
10:25c'est pas vraiment ça.
10:26Car au final, les paroles de la mère de Geneviève sont certes frustrantes,
10:30car le spectateur épouse le point de vue de Geneviève.
10:32Dans l'absolu, c'est plutôt cohérent.
10:35Et au final, c'est bien la mère qui avait raison.
10:38Car Geneviève tombe enceinte et ne termine pas avec Guy.
10:41Au final, Geneviève est présentée comme une jeune fille dévergondée
10:43qui lâche Guy pour le premier type venu,
10:46qu'elle ne le connaît même pas vraiment sous prétexte qu'il a de l'argent.
10:48Vous êtes une pute.
10:49Et dans cette histoire, celle qui est valorisée, c'est Madeleine,
10:52discrète durant la majorité du film,
10:54à peine caractérisée si ce n'est qu'elle est sage et attentionnée,
10:57et qui permet en définitive à Guy d'avoir la stabilité,
10:59d'avoir sa station de service,
11:01et un enfant.
11:02Si on résume la thèse qui nous est présentée,
11:04la jolie blonde dévergondée est signe d'instabilité et de manque de tenue
11:07amenant à un enfant pas vraiment attendu à la base,
11:10qui nécessite de trouver un mari dans la foulée
11:12alors que la fille sage et attentionnée,
11:14fait les choses dans l'ordre en connaissant sa famille,
11:16puis le garçon,
11:17et en permettant une situation stable.
11:19Alors ça, c'est ce que j'ai compris du film,
11:20et ça ne veut pas nécessairement dire que c'était intentionnel de la part de Jacques Demi,
11:24mais clairement, c'est ce qui est dit par le scénario et la mise en scène.
11:27Et on pourrait même dire que ce film est la thèse,
11:29et que Les Demoiselles de Rochefort seraient une antithèse.
11:31En tout cas, c'est le genre d'hypothèse qui démontre une chose.
11:34Les Parapluies de Cherbourg est avant tout un film d'auteur qui s'analyse comme tel.
11:38Il ne se comprend pleinement que dans le cadre de la filmographie de Jacques Demi.
11:42Donc pour finir, je vous dirais de voir les films de Jacques Demi,
11:45les bons comme les plus douteux,
11:47car vous y trouverez toujours des choses intéressantes,
11:49et vous passerez sans doute plus de bons moments que de mauvais.
11:52C'est donc ainsi que se termine ce premier volet de Macro.
11:56Dites-moi si vous avez apprécié le concept,
11:58et puis bon, si je me chauffe,
12:01j'en ferai un deuxième sur un autre film sympa.
12:04Et puis, bah voilà !
12:06A plus tard dans le cadre !
12:07Salut !
12:08
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À suivre
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