- il y a 6 mois
Les Nuits Fauves raconte une partie de la vie de Jean, un homme de 30 ans, chef opérateur voyageur, bisexuel et séropositif, qui vit à Paris en 1986. Sa vie est bouleversée par deux rencontres, l’une est avec Laura…
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00:00Un cri, un décès et quatre Césars, en 1992, Les Nuits Fauves bousculent le cinéma.
00:23Les Nuits Fauves raconte une partie de la vie de Jean, un homme de 30 ans, chef opérateur,
00:27voyageur, bisexuel et séropositif, qui vit à Paris en 1986.
00:34Sa vie est bouleversée par deux rencontres.
00:36L'une est avec Laura, une jeune femme de 17 ans qui veut devenir actrice.
00:57Et l'autre rencontre, c'est avec Samy, un jeune homme en quête d'identité et d'adrénaline.
01:08Les deux histoires parallèles finissent par s'entrechoquer violemment dans un triangle amoureux qui ne peut pas se former.
01:28Laura tombe foilement amoureuse de Jean, elle découvre l'amour, elle en veut quelque chose d'absolu, de sans condition.
01:36De son côté, Jean cherche d'abord à jouir de la vie, à s'enivrer de la vie pour oublier le sida,
01:42qui est comme quelque part un élément du décor, mais impossible à enlever.
01:47La relation de Jean et Laura devient passionnelle, destructrice, parce que Laura est possessive avec Jean.
01:52Elle en veut tout.
01:58Au tir du film, Jean annonce sa séropositivité à Laura.
02:26Tu peux pas juger ça, Laura.
02:28Tu sais pas ce que ça fait.
02:30Mais je sais pas ce que ça fait, mais je m'en fous de ce que ça fait.
02:32T'avais qu'à me le dire.
02:33C'était la moindre des choses que tu me le dises, putain.
02:40Tu m'as rien dit.
02:44Mais tu te rends compte.
02:46On a fait l'amour et tu m'as rien dit.
02:53Je pensais qu'il pourrait rien t'arriver.
02:54Voilà, c'est tout.
02:55Mais même, mais même si il peut rien m'arriver, c'est pas grave, il fallait qu'ils me le disent.
03:02La jeune femme entre dans un rapport à Jean, fait d'attraction, répulsion.
03:06Laura, tout comme Jean, pense que l'amour triomphe de tout, y compris de la maladie, mais pas d'un autre amour.
03:12La relation grandissante de Jean et Samy est pour elle une plus grande menace.
03:16D'autant que Samy, qui apparaît comme hétérosexuelle en couple avec Marianne, finit lui aussi par s'installer chez Jean.
03:40C'est toi qui me le prends !
03:44Toi qui me l'as fait, je savais, c'est une première fois où je t'ai vue.
03:46De rien, calme !
03:47Je m'en fous, je ne veux pas repartir.
03:49Je ne veux pas repartir d'ici tous les deux.
03:51Je m'en fiche.
03:53Tu crois que je vais te laisser prendre mon mec comme ça ?
03:55Non, mais tu rêves ou quoi ?
03:56Arrête, tu ne rigoles pas comme ça.
03:57Pourquoi tu te mets comme ça ?
03:58Mais je me mets comme ça parce que je ne peux pas accepter un truc comme ça, voilà.
04:02C'est ridicule, enfin.
04:03Putain, mais ce n'est pas sorcier pourtant.
04:05Je pars de moi, c'est tout.
04:06Je pars chez lui.
04:07Tu sais, je vais te dire un tout petit truc.
04:12Tu vais te faire la connerie de sa vie, c'est tout ce que je peux te dire.
04:15L'histoire explore donc le triangle affectif de ces personnages tiraillés entre leurs désirs et leurs peurs.
04:22C'est quoi ?
04:23C'est quoi ?
04:24Arrête, c'est quoi ?
04:26C'est quoi ?
04:27C'est comme ça, tu ne vas pas accepter, tu ne vas pas là !
04:30Mais tu n'en as, ça suffit, tu te calmes là.
04:35Mais vous êtes dingue !
04:37On dirait de clébards qui se battent pour un os, ça ne va pas, non ?
04:41C'est toi l'os ?
04:42Oui, c'est moi l'os.
04:43Ça te fait marrer, hein ?
04:44De voir les autres souffrir, il n'y a que ça qui te fait bander, putain !
04:46Mais ça suffit avec la souffrance, la souffrance, ça ne tape pas la panache de la souffrance, toi !
04:50Il n'y a pas que toi qui souffres, sur Terre.
04:53Tout le monde souffre, alors ça suffit.
04:55Je n'ai pas couché avec lui d'abord.
04:56Non, rajoute pas, on n'a pas couché ensemble.
04:57Bon, allez, calme-toi.
04:58D'abord, si j'ai envie de coucher avec lui, je couche avec lui.
04:59Les personnages secondaires ont une vraie importance dans l'histoire, ils permettent de dézoomer
05:06et de dépassionner la vision du film et de confronter les personnages à une réalité
05:11proche des spectateurs, comme par exemple Laura avec sa mère.
05:15Le sida n'est pas véritablement un ressort
05:45dramatique.
05:46En fait, c'est un bagage de vie, pas tout à fait comme un autre pour Jean.
05:50Kola choisit de montrer un personnage qui refuse de se laisser enfermer dans la maladie,
05:55qui continue d'aimer, de désirer, de se tromper, de souffrir et surtout de sourire à la vie.
06:02T'as pas faim ? C'est pas bon ?
06:05J'aime pas ces trucs-là.
06:07Vous mangez pas ?
06:08Non.
06:09Non ? Vous ne vivez pas non plus ?
06:11Non.
06:12Il fume pas ?
06:13Vous marchez à quoi ?
06:15À la ZP.
06:16Ah, c'est très drôle.
06:18Le film ne cache en rien les risques, les peurs, les non-dits, mais il refuse de réduire
06:23les personnages à leur statut de séropositif.
06:26Le sida devient une menace discrète mais effrayante, mais aussi un moteur de l'urgence
06:31de vivre.
06:32Le film est d'abord un vecteur de positivité, de vie en plein cœur d'une épidémie.
06:38Dis-moi, tu es enceinte ?
06:40Mais oui ! Tu ne t'en étais pas perdu ?
06:42Non.
06:43Ah bon, il ferait temps quand même.
06:46Ça va sinon ?
06:48Ça va, ouais.
06:49J'ai été un peu mal au début, j'avais envie de gerber avec les médicaments.
06:53Ouais, mais bon, c'est quand même important, la ZP.
06:56Tes quatre, ils sont à combien, là ?
06:57Ils sont à un peu moins de 200.
06:59Justement, ça peut les faire remonter, ça vaut le coup de persister un petit peu.
07:02Je ne peux plus boire, je ne peux plus faire de bêtises, enfin bon, allez.
07:07Alors 1986, c'est l'année qui a permis de nommer VIH, le virus causant le sida.
07:13C'est aussi l'année de la sortie de l'AZT en France, un anticancéreux des années 60.
07:18Et 1986, c'est aussi un an après l'arrivée des premiers tests et deux ans après la création
07:25de l'association AID.
07:26C'est donc une année d'espoir, mais le nombre de personnes mourant du sida est en
07:31augmentation exponentielle, selon les statistiques du ministère de la Santé.
07:36Et la télévision de son côté fait des annonces alarmantes.
07:39Le sida, je vous le rappelle, se caractérise par une baisse des défenses de l'organisme.
07:43C'est une maladie mortelle dans 80% des cas, car on ne sait toujours pas la soigner.
07:489 500 personnes sont malades aux Etats-Unis, près de la moitié sont déjà mortes du sida.
07:52En France, près de 300 personnes sont touchées.
07:54Et ce qu'il y a de plus grave, c'est qu'il semble que l'augmentation des cas de sida dans notre pays
07:58soit très forte.
08:003 nouveaux cas par semaine, ces derniers temps.
08:02La manifestation la plus visible causée par le sida, cette fameuse infection découverte par Kaposi,
08:09qui profite de la chute du système immunitaire pour développer des tumeurs cutanées, mais pas que,
08:14et qui tourne rapidement en sarcome, ce qui faisait de cette infection un signe de progression rapide
08:21et fatale du sida pour les patients infectés.
08:24Cyril Collard montre d'ailleurs dans le film le traitement au laser qu'on lui fait sur une tumeur au bras.
08:29Cyril Collard est d'ailleurs hospitalisé plusieurs fois, dans le plus grand secret, pendant le tournage.
08:34Il se doutait que ce film serait probablement son unique long-métrage.
08:37En 1992, les statistiques sont accablantes, le nombre de cas de malades est passé à presque 2500 par an.
08:44Pour autant, les nuits fauves n'est pas du tout un film sur le sida, c'est avant tout un film sur l'amour.
08:50Je voudrais que tu m'aides à se quitter, à ne plus penser à toi.
08:57A ne plus avoir envie de toi.
09:03Moi j'ai pas envie qu'on se quitte.
09:05Mais tu m'aimes comment ?
09:07Avec quel amour ?
09:12Moi je crois que je vais rester sur mes souvenirs.
09:15En 1987, Cyril Collard avait publié un roman très inspiré de sa vie, intitulé Condamné Amour.
09:23Il en parle dans l'émission Apostrophe, l'émission littéraire incontournable du moment.
09:28Mais vous pensez que la bisexualité sera une valeur érotique de l'avenir ?
09:33Non, pas du tout.
09:34Moi je crois, à vrai dire, je crois que la bisexualité est plus tragique qu'autre chose.
09:39Parce que dans la bisexualité, moi je crois pas à la bisexualité 50, 50, égalité.
09:45Et je crois que, il y a toujours dans un cas le regret de l'autre.
09:51Et je crois pas du tout que la bisexualité soit une solution d'avenir, certainement pas.
09:57Il crée aussi un court métrage de son livre, une promotion visuelle, qui est comme une maquette des futures nuits fauvres.
10:03Condamné Amour
10:06Le premier roman de Cyril Collard
10:0728 ans, cinéaste, scénariste et musicien
10:11Sylvain, Carole et Dean
10:14Personnage condamné à l'amour
10:16Ou amour condamné
10:17J'avais l'oppressante sensation d'une imminence
10:30Chaque jour je me décevais un peu plus
10:32Des plaisirs me croisaient, persistaient
10:35Je cherchais autre chose
10:37Un désir viral et naïf de l'excès
10:39J'avais changé, ou j'allais changer
10:42Carole le savait
10:43Pressé par le temps, Cyril Collard essaye de condenser dans un seul scénario
10:48Les expériences marquantes d'une vie
10:51Qui peuvent aller de la prise de drogue
10:53Les excès de la nuit
10:54De la vitesse
10:55La consommation de sexe
10:57Sous les quais d'Austerlitz
10:58Et puis les lumières de la ville
11:00Du Maroc
11:01Le soleil sud-américain
11:02Et puis l'amitié
11:03L'amour des hommes
11:05L'amour des femmes
11:06Des femmes très importantes
11:08Dans le film
11:08Jouées par des actrices que je trouve meilleures que les acteurs
11:11Comme Corinne Blu
11:13L'accompagne de Cyril Collard
11:14Dans le rôle de la mère de Laura
11:16Écoutez, je vous rappelle
11:18Parce que j'en peux plus
11:19Je ne sais plus quoi faire
11:20Elle ne dort plus
11:22Elle ne mange plus
11:23Elle vomit
11:24Enfin, elle me casse tout dans la maison
11:26C'est insupportable
11:27Mais elle dit qu'il suffirait juste d'un mot de vous pour que ça aille mieux
11:31Vous la croyez ?
11:33Alors séparez-vous
11:34Je ne sais pas
11:35Dites-lui, c'est fini
11:35Une bonne fois pour toutes
11:36C'est toi !
11:38Allô ?
11:43Dis-moi que ce n'est pas fini
11:45J'ai rien dit
11:46C'est ta mère qui a parlé de ça
11:47Et aussi la très émouvante Claude Winter
11:49Dans le rôle de la mère de Jean
11:50Pourquoi tu as arrêté de travailler aussi ?
11:53Ça fait des années que je te dis qu'il faut que tu recommences à travailler
11:55Parce qu'il y avait ton père
11:58Parce qu'il y avait toi
11:58Parce que
11:59C'est très dur
12:02On se culpabilise
12:03Tu comprends ?
12:05On se dit
12:06Je ne suis pas assez là
12:08Je ne leur donne pas assez d'amour
12:10Je ne suis pas assez présente
12:11Et puis en définitive
12:14On les étouffe
12:15Tu sais quelquefois
12:18C'est dur de rater une vie
12:20Le style du film
12:22Prend parfois des allures de clip
12:24Des années 80
12:24Que là on a d'ailleurs réalisé
12:26Il oscille entre une Paris de la Gouaille
12:34Qui disparaît
12:35Et quand vient la nuit
12:36Si je rêve
12:38C'est de lui
12:39De mon homme
12:40Les cœurs
12:41D'un homme
12:43Ça n'est pas qu'il est beau
12:46Qu'il est riche
12:47Ni costaud
12:48Mais je l'aime
12:50C'est
12:51Une Paris néofasciste
12:52Du style skinhead
12:53Aigude
12:54Dans laquelle
12:55Samy croit se retrouver
12:56Ces mecs là
12:58C'est tous des mous
12:59Tu vois
12:59Si tu comptes sur eux
12:59Les grilles auront bouffé le fromage
13:01C'est quoi les grilles ?
13:02C'est les bougnons
13:04Les appels comme ça
13:05Parce qu'ils sont comme les rats
13:05T'as fini connard
13:07T'es un truc
13:08Donc tu門lessly va
13:08Tu nous l'êtes
13:09Qu'il est
13:09Tu me la beaut보
13:10T'es un truc
13:11T'es un truc
13:11Tu me la beauté
13:24T'es un truc
13:24Kolar décrit très bien
13:27La tentation masochiste
13:28Des gays de droite
13:29D'extrême droite
13:30Séduite par une forme
13:31De phallocratie
13:32Fantasmée
13:33dans lesquelles il se sentirait protégé par une fraternité de façade.
13:37Et puis Cyril Collat rapporte à son film d'autres talents,
13:40comme celui de musicien, avec sa chanson « Là-bas ».
13:42D'un point de vue strictement technique, le film a des moments maladroits,
13:53des plans mal joués, des ellipses qui manquent de logique,
13:57mais son ton, sa sincérité, sa force,
14:00rappelle notamment Daniel Balavoine en face d'un présidentiable en 1980.
14:05On ne peut pas imaginer ce que c'est pour un jeune d'avoir la possibilité de parler une minute.
14:08C'est pour ça que j'avais peur de ne pas pouvoir parler.
14:10Parce que ça n'arrive jamais. Il faut bien se mettre ça dans la tête.
14:13Ça n'arrive jamais. Regardez l'émission qu'il y a eu hier soir sur Antenne 2, les dossiers de l'écran.
14:17Enfin, vous n'allez pas me dire que les mômes qui étaient concernés par la contraception à 700...
14:20Nous-mêmes ici, nous avons donné assez fréquemment la parole à l'année.
14:22C'est un moment d'exposition, d'explosion, d'une partie de la France invisible.
14:27Jean est un personnage bisexuel qui assume ce qu'il est.
14:31Oui, mais surtout, c'est que dans tout le film, vous avez ce sourire.
14:33Le vôtre, d'ailleurs, qu'on voit là, que les téléspectateurs peuvent le voir.
14:36Ce sourire, d'ailleurs, qui court tout le film.
14:38Alors que parfois, évidemment, il y a des scènes d'une gravité, vous avez une responsabilité.
14:42Et c'est vrai que ce garçon, il y a quand même des scènes où c'est un garçon qui aime les autres garçons,
14:47puis qui tombe amoureux d'une fille de 17 ans,
14:49mais qui, la première fois, ne lui dit pas qu'il est séropositif et qu'il ne prend aucune précaution.
14:54Et bon, il y a donc ces liens...
14:56Oui, ça, c'est un point très important parce que je crois qu'il ne faut pas confondre tout là-dedans.
15:01Ce n'est évidemment pas l'attitude civique que j'ai.
15:04Je ne dis pas « faites l'amour, c'est un processus ».
15:05Ah non, non, non, du tout.
15:06Par contre, j'ai situé le film en 1986 pour cette raison.
15:11C'est que la conscience comme ça de cette maladie n'était pas vraiment rentrée, je crois, profondément dans les gens.
15:22Et ce personnage de Jean a une sorte d'incapacité à reconnaître que ça fait partie de lui.
15:29Il y a une espèce de panique, il y a une non-reconnaissance aussi de l'aura en face de lui.
15:34Pourtant, plus de 2,8 millions de spectateurs dans les cinémas placent le film en neuvième position derrière Bodyguard,
15:41l'amant ou encore Basic Instinct.
15:43Le succès du film est récompensé par 4 Césars.
15:47Meilleur premier film, meilleur film, meilleur montage.
15:50Trois pris très vite oubliés et évités.
15:53Et dès le lendemain, le journaliste Yves Mourousi s'en émeut chez Denisot.
15:56Collard a dit la rue dans laquelle il y a Roméo, mais où Juliette peut avoir des couilles aussi.
16:03Ça, c'est aujourd'hui, c'est le romantisme d'aujourd'hui.
16:07Et je suis effaré de ne pas avoir vu un journal télévisé.
16:10S'ouvrir vraiment par ce qui me paraît le phénomène le plus essentiel,
16:14une société qui meurt avec le sida,
16:16mais qui enterre quelqu'un qui lui a dit aujourd'hui,
16:20qui lui a dit les rues, qui lui a dit l'amour,
16:22et auquel on ne s'intéresse qu'en fin de journal,
16:25parce qu'il est bien plus évident qu'il vaut mieux s'intéresser à la campagne électorale.
16:28Car l'histoire a surtout retenu le César de la meilleure jeune espoir
16:31pour l'actrice Romane Boranger,
16:33qui l'a réellement mérité, même si elle n'y débute pas vraiment.
16:37Mais en face, il y avait Catherine Neuve, donc bref.
16:40Cyril, les nuits fausses, je les porte en moi pour toujours.
16:44Et ça m'a donné la force, et ça m'a donné la vie.
16:47J'espère jamais te décevoir.
16:49J'espère que tu seras toujours fière de moi.
16:52Romane, dans le rôle de Laura, reste un moment marquant du cinéma français.
16:58Je lui donne tout.
16:59Il ne me donne rien, il ne me rend rien, tu comprends ?
17:03Alors maintenant, soit tu t'en vas, ça c'est moi qui m'en vais.
17:07Tu ne pousses pas mon bras quand je t'enlève ta larme, d'accord ?
17:11Je répète ce que je viens de dire.
17:12Alors soit tu t'en vas, ça c'est moi qui m'en vais.
17:15Parce que tu vois, j'ai un truc là qui remonte.
17:16Alors tout à l'heure c'était parti, mais maintenant ça remonte.
17:20Alors si tu pousses mon bras quand j'enlève ta larme, j'ai envie de te tuer.
17:23Tu comprends ?
17:26La grande force du film, c'est aussi de refuser, d'entrer dans une narration alourdie de pathos.
17:34Jean est avant tout un personnage solaire, souriant et vivant.
17:38Une fille qui se retrouve dans un pieu avec Bendel.
17:44Et euh...
17:45Comment ça va ? Elle se déshabille tout ça, bon ?
17:49Et puis Bendel, il lui dit, tiens je ne peux pas me sucer tout ça.
17:53Alors la fille, elle commence à descendre.
17:55Et là, elle voit tatouer sur la queue de Bendel.
17:59Et il se prend un coup de flip terrible.
18:01Il me dit, mais qu'est-ce que c'est ça ?
18:02Ce n'est pas possible, tu es malade.
18:03Et puis Bendel, il lui dit, allez, t'inquiète pas, vas-y, vas-y, vas-y.
18:08Alors elle commence à s'occuper un peu de lui, il commence à bander, tout ça.
18:12Et là, elle s'aperçoit qu'en fait, ce n'est pas AIDS, mais c'est Adidas.
18:21Et Jean sait tellement Cyril Collard, nourrissant de sa propre vie les expériences de la séropositivité,
18:27de la bisexualité, entre autres, pour son personnage, dans ce récit bouleversant.
18:32Cyril Collard meurt quelques jours avant la consécration de son film au César en 1993.
18:38Je suis vivant.
18:40Le monde n'est pas seulement une chose posée là, extérieure à moi-même.
18:43J'y participe.
18:45Il m'est offert.
18:47Je vais peut-être mourir du sida, mais ce n'est plus ma vie.
18:51Je suis dans la vie.
18:55Cyril Collard nous apporte le premier personnage principal bisexuel assumé
18:59dans une histoire sentimentale profonde, nourrie.
19:03Même si les autres personnages le renvoient toujours au terme pédé, qui revient très souvent,
19:07on voit bien que les personnages bi sont toujours renvoyés à ceux qui ne le sont pas
19:11et que sur eux est projetée une part d'ombre.
19:14C'est un monde assez crépusculaire quand même.
19:16Il n'y a pas beaucoup d'amour, d'amitié, encore moins de mystique.
19:18C'est quand même très froid.
19:19Crépusculaire, non, je ne suis pas d'accord.
19:21À partir du moment où le narrateur, il se pose, c'est quand même écrit noir sur blanc,
19:26je ne sais pas aimer.
19:27Quelqu'un qui dit je ne sais pas aimer, ça prouve quand même qu'il se pose la question,
19:31que l'amour c'est au centre de sa vie.
19:33Reconnaître ses incapacités, ses doutes, c'est quand même aussi un privilège de l'homme qui pense.
19:40Le type qui n'a que des certitudes, c'est un facho, je m'en excuse.
19:44Et tes amis, comment ils ont réagi ?
19:46Au livre ?
19:46Oui.
19:46Il y a plein de gens à Paris qui ne savaient pas qu'il y avait des problèmes de séropositivité, par exemple.
19:54C'était quand même des gens qui l'ont appris un jour en recevant ton bouquin ou en regardant une émission de télé.
19:59Je crois que ça fait des catégories.
20:03Il y a des gens qui s'en vont, il y a des gens qui restent.
20:07Ça fait le tri.
20:09Jean est dans une position de souffrance, de déni ou de colère par rapport au VIH.
20:13Qu'est-ce que j'ai là ? Je ne suis pas en train de crever, pourquoi tu m'en...
20:17Jean, calme-toi.
20:19Tu fais chier, je ne suis pas en train de crever !
20:20Arrête !
20:21Calme-toi !
20:23Arrête !
20:25Arrête !
20:25Arrête !
20:27Arrête, je m'en prie, arrête.
20:29S'il te plaît, arrête.
20:30Pourquoi t'étais avec moi, toi ?
20:31Est-ce que je t'aimais ?
20:32Arrête, calme-toi.
20:33Pourquoi t'es avec moi ?
20:34Calme-toi, Jean.
20:35Arrête, je suis ton ami, arrête.
20:37Viens, on rentre.
20:39Jean, j'ai très mieux.
20:40Je veux vivre, moi, je veux pas crever, merde !
20:42Jean, pourquoi il dit ça ?
20:46Laisse tomber, on abuse et tout.
20:48Pourquoi il dit ça ?
20:49Jean, pourquoi il dit que je veux crever ?
20:50Il abuse et tout.
20:52Jean.
20:52Arrête !
20:53Et malgré le portrait parfois négatif qui lui est fait, sur la drogue, le sexe sans capote,
20:59c'est plan cul, Jean est aussi un homme positif, altruiste, à l'écoute et profondément amoureux.
21:05Et finalement, c'est sa tendre lumière qui nous reste en mémoire.
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