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  • il y a 19 ans
lundi 13 février 2006, 17h17
Saddam Hussein empêché de boycotter son procès

BAGDAD (AP) - Furieux d'être forcé à comparaître à la reprise de son procès à Bagdad, Saddam Hussein a de nouveau vociféré lundi contre les Etats-Unis et le juge. L'accusation, qui veut accélérer les choses, a fait lire des témoignages et comparaître d'anciens dignitaires pour tenter d'établir l'implication directe de l'ex-président irakien dans le massacre de Doujaïl.

Saddam Hussein, renversé en avril 2003 et capturé en décembre suivant, est accusé avec sept autres hommes du massacre de près de 150 chiites à la suite d'une tentative d'assassinat le visant en 1982 dans le village de Doujaïl, au nord de Bagdad. Les inculpés de ce premier d'une dizaine de procès sur le règne du raïs (1979-2003) encourent la mort par pendaison.

Mais depuis le début du procès, le 29 octobre devant le tribunal spécial irakien (TSI), les récits souvent poignants de tortures et d'emprisonnement présentés par 26 témoins n'ont pas permis de remonter jusqu'à l'ancien maître de Bagdad, pas plus que les 23 autres témoignages lus lundi par les procureurs.

L'accusation compte beaucoup sur d'autres pièces du dossier et l'audition d'anciens hauts responsables, mais les deux premiers présentés lundi se sont montrés peu coopératifs.

Ahmed Hussein Khudayer al-Samarraï, chef du bureau présidentiel de 1984 à 1991 et de 1995 jusqu'à la chute du régime en avril 2003, a déclaré tout ignorer des événements de Doujaïl. "Je ne suis pas qualifié pour témoigner dans cette affaire", a-t-il déclaré. Confronté à un document daté de 1984, portant sa signature et disant que Saddam Hussein avait ratifié "l'exécution des détenus de Doujaïl", il a répondu: "Je ne me souviens pas. Je ne me souviens de rien du tout". Interrogé sur l'auteur d'une mention manuscrite sur une note de 1987 concernant deux condamnés à mort, il a néanmoins répondu: "Monsieur le président" -Saddam Hussein.

Hassan al-Obeidi, officier du renseignement de 80 à 91, a quant à lui contesté le rôle qui lui était imputé. Comme Al-Samarraï, il a dit avoir été forcé à témoigner. Tout cela au grand amusement de Saddam Hussein. "C'est du terrorisme!", a-t-il lancé.

Coran à la main, il avait troqué son habituel costume sur mesure pour une robe arabe traditionnelle (galabeya) bleu sombre portée sous un manteau noir. D'entrée, il s'en est pris au juge Raouf Abdel-Rahman, dont la défense exige qu'il soit dessaisi du dossier, étant issu de la minorité kurde persécutée sous Saddam Hussein et ayant été condamné à la prison à vie par contumace dans les années 70 pour activités contre l'Etat. Le magistrat a remplacé depuis le 29 janvier son collègue également kurde Rizgar Mohammed Amin, jugé trop patient avec les accusés.

Mais Saddam Hussein veut également en découdre avec le nouveau président du tribunal. "Pourquoi nous avez-vous amenés de force? Votre autorité vous donne le droit de juger l'accusé par contumace. Essayez-vous de surmonter votre propre petitesse?", a-t-il crié. "La loi sera appliquée", a riposté sur le même ton M. Abdel-Rahman.

Et de rétorquer à l'accusé qui se plaignait de ne pas avoir ses avocats qu'ils avaient quitté la salle de leur propre gré le 29 janvier et que des conseils avaient été commis d'office. "Honte et déshonneur sur vous!", a encore lancé l'accusé, ajoutant avant de s'asseoir: "A bas les agents! A bas Bush! Longue vie à la nation!"

Son demi-frère et ex-chef du renseignement Barzan Ibrahim a pour sa part lutté contre les gardes qui lui tenaient les bras pour l'amener dans la salle. Il a exigé d'être remis en liberté pour suivre un traitement contre un cancer. "Je suis en train de mourir et vous me tuez!", a-t-il hurlé au juge Abdel-Rahman. Celui-ci a ordonné un examen médical et lui a dit de s'asseoir. L'accusé s'est assis... par terre, dos au magistrat, pendant que l'audience continuait.

Le procès a ensuite été ajourné à mardi. AP

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