En 1991 sort "Dans la jungle et dans le zoo" de Jean Ferrat Dans une de ses chansons, une des plus belles de l'album qui évoque la nostalgie de l'enfance, l'artiste évoque pour la première fois un événement douloureux de son enfance: l'absence de son père Mnacha Tenenbaum arrêté en 1942 et envoyé dans le camp de concentration d' Auschwitz dont il ne reviendra pas (Sa famille n'eut la confirmation de son décès que bien plus tard ) Un sujet sensible qui a provoqué un traumatisme dans sa famille et que Ferrat avait déjà abordé avec beaucoup de talent dans "Nuit et brouillard" Mais dans cette chanson, il parlait de façon générale sans rien révéler d'intime
Sans que je puisse m'en défaire Le temps met ses jambes à mon cou Le temps qui part en marche arrière Me fait sauter sur ses genoux Mes parents l'été les vacances Mes frères et sœurs faisant les fous J'ai dans la bouche l'innocence Des confitures du mois d'août
Nul ne guérit de son enfance
Les napperons et les ombrelles Qu'on ouvrait à l'heure du thé Pour rafraichir les demoiselles Roses dans leurs robes d'été Et moi le nez dans leurs dentelles Je respirais à contre-jour Dans le parfum des mirabelles L'odeur troublante de l'amour
Nul ne guérit de son enfance
Le vent violent de l'histoire Allait disperser à vau-l'eau Notre jeunesse dérisoire Changer nos rires en sanglots Amour orange amour amer L'image d'un père évanouie Qui disparut avec la guerre Renaît d'une force inouie
Nul ne guérit de son enfance
Celui qui vient à disparaître Pourquoi l'a-t-on quitté des yeux On fait un signe à la fenêtre Sans savoir que c'est un adieu Chacun de nous a son histoire Et dans notre cœur à l'affût Le va-et-vient de la mémoire Ouvre et déchire ce qu'il fût
Nul ne guérit de son enfance
Belle cruelle et tendre enfance Aujourd'hui c'est à tes genoux Que j'en retrouve l'innocence Au fil du temps qui se dénoue Ouvre tes bras ouvre ton âme Que j'en savoure en toi le goût Mon amour frais mon amour femme Le bonheur d'être et le temps doux