Grand froid: "Il y a toujours plus de sans-abris dans les rues [...] 350.000 personnes sont sans domicile", déplore Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au logement

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Un grand froid est un "épisode de temps froid caractérisé par sa persistance, son intensité et son étendue géographique", selon la définition de Météo-France. Il dure au moins deux jours, pendant lesquels les températures atteignent des valeurs nettement inférieures aux normales saisonnières de la région concernée.

Transcript

00:00Jean-Baptiste Thérault, ça fait des années que vous êtes porte-parole du droit au logement.

00:04Alors à chaque fois que c'est l'hiver, à chaque fois on réactive le plan Grand-Froid.

00:08Mais est-ce que pour vous, l'État s'attaque au vrai problème, à savoir le logement ?

00:13On en est loin, malheureusement.

00:16La situation s'est-elle un peu améliorée ?

00:19Ça fait combien de temps maintenant que vous êtes porte-parole du droit ?

00:21Elle s'est dégradée, vous dites.

00:22Bien sûr, il y a toujours plus de sans-abri.

00:24Et pas que des migrants.

00:25Les gens qui n'ont pas les moyens de se loger,

00:27parce qu'ils n'ont pas les revenus suffisants.

00:29Donc des gens qui dorment dans leur voiture,

00:31d'autres qui dorment dans des abris de fortune.

00:33On est à, selon l'évaluation de la Fondation pour le logement,

00:38350 000 personnes sont sans domicile.

00:41C'est-à-dire sont hébergées dans des hôtels,

00:44dans des structures d'hébergement,

00:46ou sont carrément à la rue.

00:48Auxquelles il faut ajouter 100 000 personnes

00:50qui vivent dans des hébergements de fortune,

00:52des logements de fortune.

00:53C'est-à-dire des bidonvilles, des cabanes, etc.

00:55Ça, vous voyez que ça augmente en France,

00:57ce qu'on appelle la cabanisation, effectivement,

01:00de ces logements.

01:01Bon, à la différence de ce qu'on a pu connaître

01:03dans les années 50-60,

01:05il y a beaucoup moins de bidonvilles, bien entendu.

01:07Mais parce qu'on fait la chasse aux bidonvilles.

01:10La différence aussi, c'est qu'à l'époque,

01:12on résorbait les bidonvilles

01:14en relogeant les gens dans des logements sociaux

01:16qu'on avait construits.

01:17Aujourd'hui, on les expulse,

01:19on les laisse sur le trottoir.

01:21Donc si vous voulez, il y a aussi un durcissement.

01:22Il y a une forme de cruauté sociale qui s'est installée.

01:26Malheureusement, une indifférence,

01:27je dirais s'il y a un virus aussi dangereux,

01:29dans la société, c'est celui-là.

01:31Cette indifférence à la souffrance d'autrui

01:33et ces politiques publiques

01:35qui ne respectent même pas la loi,

01:37le droit des lois

01:39qui prévoient de mieux protéger

01:41les personnes sans-abri

01:42qui ne sont pas mises en œuvre.

01:43Vous voyez, on est dans une situation

01:44quand même qui est difficile aujourd'hui.

01:46Les conséquences, évidemment,

01:48tout ça est produit par la cherté du logement.

01:50On a des politiques du logement

01:51qui ont encouragé le logement cher,

01:54la montée des loyers,

01:55des prix immobiliers, du foncier, etc.

01:57Bon, les plus fragiles

01:58sont laissés sur le côté,

02:00sont abandonnés.

02:01Je voudrais ajouter qu'avec le froid aussi,

02:03on a les passoires thermiques.

02:05La question des personnes,

02:07c'est quand même 3,9 millions de personnes,

02:09de ménages, pardon,

02:11de ménages,

02:12c'est-à-dire un peu plus de 10%

02:15des résidences principales

02:17qui vivent dans des passoires thermiques.

02:19dont 1,4 million sont des locataires,

02:23parmi lesquels 1,1 million sont des locataires

02:26du parc privé

02:27et 2,5 millions sont des propriétaires occupants.

02:31Et donc, malheureusement,

02:32le gouvernement a décidé de réduire

02:34les aides à l'isolation thermique.

02:37Et en plus, elles sont gelées,

02:38effectivement,

02:39parce qu'on n'a pas trouvé de budget.

02:41Tous les travaux qu'on aurait pu faire

02:42avec MaPrimeRénov'

02:43sont arrivés pour l'instant.

02:442,4 milliards d'euros

02:46à 1,5 milliard,

02:47vous voyez,

02:48donc c'est quand même

02:48une coupe franche

02:50qui va...

02:52En tout cas,

02:52on pense aussi

02:53à ces personnes-là

02:54qui vivent dans le froid,

02:56qui n'ont plus les moyens

02:56de chauffer

02:57parce que l'énergie est trop chère,

02:59parce que leur salaire a baissé,

03:01parce que les loyers ont augmenté

03:02ou les prix immobiliers,

03:03etc.,

03:03ou les retraites.

03:04Bon, bref,

03:05c'est la question

03:06des inégalités sociales.

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