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L'ancien commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00La grande interview sur CNews et Europe 1. Mon invité a été commissaire européen en charge du marché intérieur, également ministre, ancien ministre de l'économie.
00:08Bonjour et bienvenue Thierry Breton.
00:09Bonjour.
00:10Merci de votre présence ce matin. Vous êtes également l'auteur de ce livre, Les 10 renoncements qui ont fait la France aux éditions Plon.
00:15Et justement, il dénonce les renoncements de l'Europe.
00:19Steve Bannon, qui a fait la campagne de Donald Trump en 2016, stratège du mouvement Baga,
00:23a livré au JDD une analyse sans concession de la situation de la France et de l'Europe,
00:27crise institutionnelle, finances publiques, immigration.
00:30Pour lui, Thierry Breton, c'est la fin du mythe mondialiste et européiste.
00:34Si l'Europe ne se réveille pas, dit-il, elle risque l'effacement, évoquant même un risque de guerre civile en France.
00:41Il a raison ?
00:42Les bras m'en sont tombés.
00:43Moi qui suis un, j'allais vous dire, sonné ma boucle, un amoureux des Etats-Unis.
00:48Toute ma vie, j'ai évidemment travaillé beaucoup en France.
00:52Je suis français et évidemment, mon pays par-dessus tout.
00:55Mais j'ai beaucoup travaillé aux Etats-Unis aussi.
00:58Et quand je vois ce que sont devenus les Etats-Unis d'Amérique, on parle de guerre civile.
01:03Mais la guerre civile, bien sûr, on ne peut en parler de ce qui se passe en Europe et en France.
01:07Mais la guerre civile aux Etats-Unis.
01:09Pensez donc que désormais, l'armée va dans les villes.
01:13L'armée va à Los Angeles.
01:14Pour maintenir la sécurité.
01:16Oui, mais enfin, c'est quand même invraisemblable.
01:18Encore une fois, ça ne veut pas dire qu'il faut qu'on fasse des efforts et des progrès nous-mêmes.
01:23Mais s'il y a un pays aujourd'hui qui est malade, vraiment malade, ce sont les Etats-Unis d'Amérique.
01:30Et donc, je dirais qu'avant de faire la morale au monde entier, commençons.
01:36Commençons chacun par travailler chez nous et en particulier nos amis américains.
01:40Et ils ont beaucoup à faire, croyez-moi.
01:42Je prends une phrase par exemple de ce qu'il a dit.
01:44On ne peut pas maintenir un Etat-providence tout en ouvrant un pays sans limite, dit-il sur le plan de l'immigration.
01:49C'est faux ?
01:49Mais il a raison. Il a raison, mais là encore, regardez ce qui se passe aux Etats-Unis.
01:54Je voudrais vous donner quelques...
01:55Parce qu'il faut quand même que nos téléspectateurs et nos auditeurs aient conscients de ce qui se passe.
01:59Aux Etats-Unis, on a le droit...
02:00Vous savez, moi j'étais professeur également aux Etats-Unis.
02:02J'étais professeur dans une grande université.
02:04Et on veille à ce qu'il y ait des équilibres entre différents représentants ethniques, y compris parce qu'on a le droit aux Etats-Unis d'en parler.
02:13Alors on appelle les Caucasiens, on appelle les Latinos, on appelle les Asiatiques.
02:18Et ça, on a le droit aux Etats-Unis.
02:21J'ai regardé un petit peu, y compris pour préparer notre entretien, ça vient de Mabouk.
02:25En 1960, il y avait 86% de la population qui était d'origine caucasienne.
02:31Et il y en avait 3% qui étaient d'origine hispanique.
02:34La population afro-américaine, elle est toujours aux alentours de 10 à 13%.
02:40En 2024, c'est-à-dire aujourd'hui pratiquement, les Hispanos, les Latinos, comme on dit, ils sont à 22%.
02:47Les Caucasiens sont descendus à 55%.
02:50Et tenez-vous bien, en 2050, si jamais il n'y a plus d'immigration,
02:54vous voyez, si jamais Donald Trump ferme toutes les portes, on sait que ce ne sera pas possible.
02:58Mais c'est si je les ferme.
02:59Il en prend le chemin en tout cas.
03:00Eh bien, on sera à 49%.
03:01On sera à 49% de Caucasiens.
03:03Donc conclusion ?
03:04Et on sera pratiquement à 30% de...
03:05Voilà pour les Caucasiens et les Hispaniques.
03:07Et pour le reste ?
03:07Non mais ça veut dire quoi ?
03:08Ça veut dire que lui, qu'est-ce qu'il dit ?
03:09Il dit que précisément, cette...
03:12Parce qu'en fin, ce sont notamment la population hispanique,
03:15il y a beaucoup de migrants évidemment, qui traversent la fameuse frontière.
03:19Et il dit qu'il désigne ceci comme étant à l'origine du malâtre et de l'insécurité américaine.
03:23Donc ce que je veux dire, je ne dis pas qu'il ne faut pas le faire.
03:26Entendons-nous bien.
03:27Je dis simplement qu'avant de faire la mort au monde entier,
03:30qu'ils regardent un peu ce qui se passe.
03:31Parce que pourquoi ?
03:32Parce que les suprématistes, les suprémacistes,
03:35les suprémacistes qui sont à la base,
03:37à la base, je dirais, de l'idéologie maga,
03:40je crois qu'il faudrait aussi qu'ils s'interrogent.
03:43Moi, ça ne me dérange pas ce que je viens de dire là.
03:46Eux, visiblement, ça les interroge.
03:47Vous avez récemment réagi, Thierry Breton,
03:50sur le fameux document de la National Security Strategy,
03:52qui dit en somme la même chose que ce que dit Steve Bannon.
03:55Et en particulier sur la partie qui nous concerne l'Europe,
03:58vous dites que l'Europe est l'ennemi, c'est écrit noir sur blanc.
04:02Ce n'est pas écrit dans le document.
04:04Ah si, si, si.
04:05Non, attention, ce n'est pas l'Europe.
04:07Ce sont les institutions européennes.
04:08Mais ce n'est pas écrit que c'est l'ennemi.
04:09Ce sont les institutions européennes.
04:11Il faut, au contraire, il faut les mettre à bas.
04:13Voilà, donc ça veut dire que c'est l'ennemi.
04:15Il dit exactement que les institutions européennes
04:17doivent être aujourd'hui démantelées,
04:21modifiées profondément.
04:22Et finalement, pour quoi faire ?
04:24Pour refaire émerger l'Europe des nations.
04:27Effectivement, et pour un sursaut, il est écrit.
04:29Et pour un sursaut, contre évidemment, les institutions européennes.
04:33En tout cas, c'est ce qu'ils appellent.
04:34Est-ce que quand vos amis vous disent dans la vie que ça ne va pas,
04:36vous les considérez comme vos ennemis ?
04:38Non, pas du tout.
04:38Pas du tout.
04:39Et vous voyez, je viens de vous dire au contraire.
04:41Moi, je dis que ça ne va pas aux Etats-Unis.
04:43Mais moi, je considère les Etats-Unis comme mes amis, vous voyez.
04:45J'aimerais bien qu'ils se comportent de la même façon.
04:47Vous y voyez un risque d'ingérence,
04:50avec notamment la prise de parole de Steve Bannon et d'autres,
04:53d'ingérence dans la politique française,
04:55et peut-être en vue de 2027 ?
04:57Alors, s'ils nous disent que ça,
04:58ce n'est pas de l'ingérence.
04:59Si on s'en tient à ce document
05:01de la National Security Strategy,
05:05ce n'est pas une ingérence.
05:06Si en revanche,
05:07et cela, il va falloir être très vigilant.
05:09à l'occasion des différentes élections.
05:12Vous savez, on a des élections pratiquement tous les six mois en Europe.
05:14Nous, on va en avoir bientôt des très importantes.
05:17Si en revanche, là,
05:18il y a vraiment de l'ingérence et de l'ingérence politique,
05:21alors là, ce n'est pas acceptable.
05:22Par exemple, si Steve Bannon ou quelqu'un d'autre soutient un candidat,
05:28c'est de l'ingérence ?
05:28Non, si Bannon, il peut faire ce qu'il veut.
05:30Si Bannon, c'est une personnalité,
05:31on a le droit de dire ce qu'on veut.
05:33Chez nous, en Europe,
05:35la liberté d'expression,
05:36c'est absolument cardinal.
05:37Alors, où vous mettez la limite de l'ingérence
05:39par rapport aux campagnes ?
05:40L'ingérence, c'est évidemment, par exemple,
05:42je vais vous dire les choses,
05:43c'est par exemple, évidemment,
05:45avoir des financements.
05:48Ça, c'est évidemment, c'est de l'ingérence.
05:50C'est par exemple, ne pas respecter.
05:54Vous voyez, vous êtes une grande station de radio et de télévision.
05:59Il y a des obligations chez nous de pluralisme.
06:03C'est par exemple, sur des grands vecteurs,
06:05des grands diffuseurs de médias,
06:06ne plus respecter le pluralisme.
06:07Et donc, je rappelle que chez nous,
06:11notamment sur les réseaux,
06:12et notamment sur les réseaux sociaux,
06:14la parole est totalement libre,
06:15et je le répète,
06:16mais en revanche...
06:17Donc, par exemple, Elon Musk,
06:18qui soutient un candidat,
06:20ce n'est pas de l'ingérence.
06:20Non, lui, il a le droit de faire ce qu'il veut.
06:22Alors, qui n'a pas le droit ?
06:23Mais encore une fois,
06:24c'est le respect de nos lois
06:26et de nos lois démocratiques.
06:28Je viens de le dire,
06:29chez nous, le pluralisme,
06:31c'est une vertu et une valeur cardinale.
06:33Eh bien, sur tous les vecteurs
06:35qui vont permettre de nous exprimer
06:37les uns et les autres
06:38au cours des prochaines campagnes,
06:40il faut veiller au pluralisme.
06:42Si jamais un vecteur ne le veille pas,
06:43alors, à ce moment-là,
06:44on se met hors la loi.
06:45Pluralisme, Thierry Breton,
06:46et d'où chacun parle.
06:48Vous permettez qu'on pose
06:48toutes les questions ce matin.
06:50L'une des questions
06:51qui ne vous est pas régulièrement posée,
06:53mais parfois,
06:54ça plane au-dessus
06:55de votre prise de parole
06:56en intégrant le conseil
06:57de la Bank of America
06:58il y a quelques mois.
06:59Est-ce que vous,
06:59vous parlez toujours
07:00avec cette même liberté,
07:02y compris ce matin ?
07:03Bien entendu,
07:03et d'autant plus,
07:04je le redis encore une fois,
07:05j'aime les Etats-Unis.
07:06Les Etats-Unis,
07:07c'est un pays
07:07où j'ai passé pratiquement
07:09la moitié de ma vie professionnelle.
07:11Et j'estime
07:13qu'il est extrêmement important
07:14de continuer
07:15à avoir des relations
07:15intimes, étroites.
07:17Ce n'est pas parce que,
07:18effectivement,
07:19je participe,
07:20notamment avec un certain nombre
07:22d'autres personnalités,
07:23à ce conseil,
07:25qui n'est pas un conseil d'administration,
07:27encore une fois.
07:27Ce n'est pas la même chose.
07:28Un conseil d'administration,
07:29c'est peut-être un peu différent.
07:30C'est un conseil consultatif.
07:32J'estime au contraire
07:33que c'est très important,
07:33y compris parce que,
07:34vous savez ce que je fais,
07:35c'est une ma boucle
07:35au sein de ce conseil consultatif.
07:36J'imagine que vous parlez
07:37de la France et de l'Europe.
07:38Exactement.
07:39Je fais valoir la position
07:41de la France et de l'Europe.
07:41Alors, pour certaines personnalités,
07:42je vois Sarah Knafo
07:43et d'autres qui vous interrogent
07:44sur ce sujet,
07:44est-ce que vous seriez,
07:45par exemple,
07:45prêt à débattre avec elle ?
07:48Figure, je sais que vous êtes
07:48quasiment en totale opposition
07:50sur votre vision de l'Europe.
07:51Ce serait intéressant.
07:52Mais si, par exemple,
07:54je crois qu'Éric Zemmour,
07:55qui est le président
07:56de son parti,
07:58veut débattre avec moi,
07:59bien sûr,
07:59je suis prêt à débattre,
08:00évidemment,
08:01avec tous les présidents
08:02de partis.
08:03Et quelle est votre vision
08:04de l'Europe ?
08:05Vous en avez récemment
08:05débattu également,
08:06Thierry Breton,
08:07avec Arnaud Montebourg.
08:08Est-ce que c'est une Europe
08:08des nations,
08:09fondée sur les souverainetés
08:10nationales,
08:11versus une Europe fédérale,
08:14supranationale,
08:15avec justement
08:15des commissaires européens ?
08:16Où est-ce que vous mettez
08:17le curseur ?
08:18Quelle est l'Europe
08:18de Thierry Breton ?
08:19C'est l'Europe des pères
08:21de l'Europe.
08:22C'est-à-dire préserver
08:23ce qui est essentiel
08:24pour nous,
08:24nations européennes.
08:25Nous avons nos cultures,
08:27nous avons nos différences,
08:28nous avons nos traditions,
08:29et ça,
08:30c'est préservé.
08:31Et c'est préservé
08:31notamment dans tout
08:32ce qui concerne
08:32la souveraineté,
08:33en particulier la souveraineté
08:34de défense
08:35et la souveraineté
08:36sur tous les aspects diplomatiques.
08:39Et que reste-t-il
08:39de cette souveraineté ?
08:4065% de nos lois
08:42sont d'inspiration
08:43et d'origine européenne.
08:44Où est le consentement
08:45des peuples ?
08:45Je finis parce que je disais
08:46d'abord ce qui était
08:47très important de préserver,
08:49y compris par parenthèse
08:50la souveraineté fiscale.
08:52Et puis ensuite,
08:52tout le reste
08:53que l'on peut mettre
08:53ensemble,
08:54mais à une condition,
08:55Sonia Mabrouk,
08:56c'est que l'on soit
08:57plus forts ensemble.
08:58Et donc,
08:59les deux,
09:00c'est pas où,
09:01vous voyez,
09:01la politique.
09:02L'Europe,
09:02c'est pas où.
09:03C'est et, dis-nous.
09:04Alors c'est intéressant,
09:05par exemple,
09:05sur le plan de la défense,
09:06la France a donc annoncé
09:07par la voix du président
09:08la construction
09:09d'un nouveau porte-avions.
09:10Il faut aller plus loin,
09:11selon vous,
09:12en partageant,
09:13dites-vous,
09:13Thierry Breton,
09:13des infrastructures communes
09:15de défense.
09:16Donc par exemple,
09:16le prochain porte-avions,
09:18on le partage.
09:18Non, je fais...
09:19On est plus fort.
09:19Là encore,
09:20j'essaie de me projeter,
09:21Sonia Mabrouk.
09:22Vous savez,
09:23nous avons aujourd'hui
09:24la plus grande zone
09:25d'exclusivité maritime
09:27au monde,
09:27nous les Européens.
09:28La plus grande.
09:29Et c'est à la fois,
09:31je dirais,
09:31extraordinairement important
09:33parce que ça regorge
09:34de potentialité,
09:35de richesse,
09:36mais c'est aussi
09:36une obligation pour nous
09:37de le défendre.
09:38Il n'y a pas un seul
09:39pays européen
09:40qui peut le défendre.
09:41Et même pas la France
09:41avec son porte-avions
09:42ou ses deux porte-avions.
09:44Les Etats-Unis
09:45ont ce porte-avions,
09:46la Chine en a trois.
09:47Si on se projette
09:48à 2040,
09:50puisque c'est la projection
09:50effectivement
09:51où va nous amener
09:52la construction
09:53de ce nouveau porte-avions
09:54que moi,
09:55j'appelle de mes voeux,
09:56eh bien,
09:57je le dis de façon
09:58très claire.
09:59Vous voyez,
09:59quand on dit partager,
10:00je vais aller,
10:02partager,
10:02ça veut dire que,
10:03bien sûr,
10:03il faut que certaines nations,
10:04et nous,
10:05c'est très important
10:05parce que nous avons aussi
10:06notre souveraineté nucléaire
10:07qui, elle,
10:08et je le redis à votre micro
10:09ce matin,
10:09on ne la partagera jamais.
10:11On dit ça,
10:12mais quand on commence
10:13à partager nos infrastructures
10:14de défense,
10:15jusqu'où on va ?
10:15Jamais.
10:16Non, mais je le dis,
10:17vous m'interrogez,
10:18en tout cas,
10:18c'est ma conviction.
10:20Maintenant,
10:20sur le reste,
10:22est-ce qu'on ne peut pas penser
10:23de même que nous avons
10:23maintenant une infrastructure
10:24commune de satellites
10:26pour précisément
10:27nous protéger
10:28sur les théâtres d'opération ?
10:29Vous le savez,
10:30c'est Starlink,
10:31c'est Elon Musk,
10:33et nous avons,
10:33et j'ai porté ça,
10:34vous vous en souvenez,
10:35j'étais commissaire aussi
10:35aux affaires de défense
10:37et à l'espace,
10:38donc la constellation
10:38Iris au carré,
10:40Iris Square,
10:41pour pouvoir,
10:41encore une fois,
10:42être maître de notre destin
10:43sur les nouveaux théâtres
10:43d'opération.
10:44Et ça,
10:45on le partage ensemble.
10:45Eh bien oui,
10:46je dis qu'il faut aussi réfléchir
10:48peut-être,
10:48avoir bien sûr
10:49des porte-avions nationaux,
10:50mais aussi peut-être maintenant
10:51une flotte de porte-avions européens,
10:53sous pavillons européens,
10:54pour aller défendre.
10:54Et malgré tout,
10:55vous défendez l'Europe souveraine ?
10:56Bien sûr,
10:57parce que ça,
10:57il s'agit,
10:58parce que,
10:58il s'agit quoi,
10:59un porte-avions ?
11:00Il s'agit d'avoir des plateformes
11:01qui nous permettent
11:02de nous projeter
11:03sur les maires
11:04qui sont des maires européennes,
11:06où la souveraineté européenne
11:07doit s'exercer.
11:08Et vous voyez,
11:08c'est un exemple type
11:09où il faut effectivement
11:11à la fois garder
11:12notre souveraineté nationale,
11:14mais aussi savoir
11:15comment on l'a fait
11:16pour Iris au carré,
11:18comment on l'a fait aussi
11:19pour Galiléo,
11:20vous savez,
11:21notre constellation
11:21qui nous permet désormais
11:23d'avoir
11:23le positionnement
11:26par satellite
11:26le plus performant au monde
11:27et ne plus passer
11:28par le GPS américain.
11:30C'est tellement important aussi,
11:31y compris pour guider nos missiles,
11:33que de l'avoir en européen.
11:34Eh bien,
11:35c'est partagé aussi
11:36par nous,
11:37les Européens.
11:38Voilà des exemples
11:39où il faut qu'on partage
11:40ensemble un certain nombre
11:40d'éléments pour être plus fort.
11:42Alors,
11:42est-ce que c'est le cas
11:43de l'agriculture ?
11:44Ah voilà,
11:44alors ça c'est un très bon exemple.
11:45Eh bien,
11:46c'est le contre-exemple.
11:47Et vous m'avez entendu,
11:48je suis contre cet accord
11:49du Mercosur.
11:49Mais je vous ai entendu
11:49aujourd'hui,
11:50mais pas depuis 2019
11:51jusqu'à la période
11:52où vous étiez commissaire européenne.
11:54Et pourtant,
11:54j'ai cherché un terrible ton.
11:56Je n'ai pas trouvé
11:56une déclaration
11:57contre le Mercosur,
11:58une déclaration
11:59sur les clauses de sauvegarde,
12:00une déclaration
12:00sur les clauses miremoires.
12:01Alors,
12:02je n'étais pas commissaire
12:03ni à l'agriculture
12:04ni au commerce extérieur.
12:05J'ai pratiquement tout le reste.
12:06Vous êtes un patriote français
12:08si je puis dire,
12:08j'aurais pu vous exprimer.
12:08Mais je me suis toujours exprimé,
12:10toujours,
12:10je vous le dis sincèrement,
12:11vous ne l'avez peut-être pas trouvé,
12:12mais je me suis toujours exprimé
12:14sur le fait que l'accord
12:15du Mercosur,
12:15aujourd'hui,
12:16ne correspondait pas
12:17à nos besoins
12:18dans son volet,
12:19évidemment,
12:20industrie agroalimentaire
12:21et agriculture.
12:22Je ne cesse de le dire,
12:23je le redis encore
12:24et je soutiens
12:25la position de la France
12:26qui est contre cet accord
12:28aujourd'hui
12:28dont j'estime encore une fois
12:29que les clauses de sauvegarde
12:31ne sont pas suffisantes
12:32pour garantir
12:33ce que nous devons garantir
12:35pour nous,
12:36les Français.
12:37Qui a raté nos intérêts
12:38dans cette affaire ?
12:39Qui a reçu mandat ?
12:40C'est Mme Ursula von der Leyen.
12:42Elle a reçu vraiment
12:42mandat des 27
12:43pour discuter
12:46en notre nom.
12:46Voilà le partage européen.
12:47Mme Mabroux,
12:47ça fait partie du traité,
12:48effectivement.
12:49Aujourd'hui,
12:50le traité dit quoi ?
12:51Et c'est une bonne chose.
12:52Le traité dit
12:53que sur les discussions
12:54de commerce international,
12:57parce que nous sommes
12:57plus forts à 27,
12:59on a donné le mandat
13:01à la commission
13:02de négocier en notre nom.
13:04Mais négocier en notre nom,
13:05ça ne veut pas dire négocier
13:06pour une partie seulement.
13:07C'est dire ?
13:08L'Allemagne ?
13:08Là, on le voit.
13:09Et puis, il ne faut pas
13:09appeler un chat un chat.
13:11Ce n'est pas moi qui le dis.
13:11Encore une fois,
13:12je ne veux jeter l'anathème
13:13sur personne.
13:13Mais tout le monde voit bien
13:14qu'aujourd'hui,
13:16nous avons des institutions,
13:17en particulier la commission,
13:18qui fait beaucoup trop
13:19la part belle, évidemment,
13:21à un seul pays.
13:22Et ce n'est pas bien
13:22parce que nous sommes
13:23encore une fois 27
13:24et qu'on a besoin,
13:26en particulier,
13:26d'un couple franco-allemand
13:27qui souhaitent équilibrer.
13:28On entend encore
13:29le mot couple aujourd'hui,
13:30franco-allemand ?
13:31Oui, parce que c'est aussi
13:31l'histoire qui est la nôtre.
13:33Parce que c'est comme ça,
13:33encore une fois,
13:34c'est comme ça qu'on s'est reconstruit.
13:34Il a toujours parlé d'un mythe,
13:35franco-allemand.
13:35C'est comme ça qu'on s'est reconstruit,
13:37encore une fois, après-guerre.
13:38Je dirais que cet équilibre,
13:40appelons-le plutôt équilibre
13:41plutôt que couple,
13:42je suis d'accord avec vous,
13:43cet équilibre est consubstantiel,
13:45encore une fois,
13:45de la raison pour laquelle
13:47nous avons voulu nous mettre
13:48ensemble après-guerre.
13:49Mais aujourd'hui,
13:57l'Europe.
13:58Je parle bien entendu
13:59de la Russie,
14:00c'est évident.
14:00Là, c'est l'Allemagne
14:01qui veut nous plumer.
14:02Non, non, non,
14:02l'Allemagne ne veut pas nous plumer.
14:03L'Allemagne est un pays européen.
14:06Je parle de la Chine,
14:07mais je parle aussi désormais,
14:08hélas, et je le regrette,
14:09et j'espère qu'on va inverser
14:10des choses,
14:11des Etats-Unis d'Amérique.
14:13Et plus largement,
14:13Thierry Breton,
14:14d'une même voie,
14:14vous avez déclaré
14:15que l'ancien ministre
14:16Arnaud Montebourg,
14:17ou du moins,
14:17vous sembliez d'accord pour dire
14:18que nous, la France,
14:20justement,
14:20sommes les vassaux industriels
14:21de la Chine
14:22et les vassaux numériques
14:24des Etats-Unis.
14:25Au final,
14:25cette phrase,
14:26quand même,
14:27elle fait mal au cœur,
14:28nous finirons pauvres
14:29et enchaînés.
14:30Alors ça,
14:31c'est Arnaud Montebourg
14:31qui le dit,
14:32c'est pas moi.
14:32Vous sembliez d'accord,
14:33je vous voyais au pini du chef.
14:34C'est Arnaud Montebourg
14:35qui le dit,
14:35donc je vais lui laisser.
14:36Vous seriez responsable
14:36d'une telle situation ?
14:37Mais si jamais on ne bouge pas,
14:39ça risque de terminer comme ça.
14:40Et pourquoi on n'a pas bougé avant ?
14:41Ah ben voilà,
14:42ça c'est la très bonne question.
14:43Pourquoi on n'a pas bougé avant ?
14:44Mais c'est vrai aussi.
14:46Pourquoi les Etats-Unis
14:46n'ont pas bougé avant ?
14:47Pour être là où ils en sont ?
14:49C'est vrai.
14:49C'est pas parce qu'encore une fois,
14:51on regarde le passé
14:52qu'il ne faut pas désormais
14:53se re-trousser les manches
14:54et construire le présent
14:56et l'avenir ensemble.
14:57Eh bien cet avenir,
14:58c'est une Europe
14:59qui doit se réindustrialiser.
15:01C'est une Europe
15:01qui doit être plus maître
15:02de son destin.
15:03C'est une Europe
15:03qui doit reprendre le contrôle
15:05de son espace informationnel
15:06et de son espace numérique.
15:07C'est ce que j'ai essayé de faire,
15:08vous vous en souvenez ?
15:09Notamment en bâtissant
15:10un certain nombre de règles
15:11sur notre espace informationnel.
15:12Mais comment on peut être
15:13comme vous ?
15:13Vous avez été le champion aussi,
15:15si je ne me trompe pas,
15:16Thierry Breton,
15:16de l'ultra-libéralisme économique
15:18et comment on peut aujourd'hui
15:19venir se plaindre
15:19du manque de protection
15:20de nos actifs stratégiques ?
15:21Je n'ai jamais été le champion,
15:22je ne renie pas du tout,
15:23mais je n'ai jamais été le champion
15:24de l'ultra-libéralisme,
15:25comme vous dites.
15:25En tout cas, certains vous ont présenté un style.
15:26Peut-être,
15:27mais souvenez-vous la position,
15:29puisque je sais que vous suivez ça
15:30attentivement,
15:30que j'avais prise
15:31lorsque Mittal avait fait
15:33une OPA hostile sur Arcelor,
15:35on en parle du reste
15:36avec Arnaud Montebourg,
15:37vous savez que j'étais hostile,
15:38j'avais fait,
15:38souvenez-vous,
15:39des bons,
15:40on appelle ça du reste
15:40les bons bretons,
15:41c'était des bons que j'avais initiés
15:43et qui ont été votés
15:44par l'Assemblée
15:44lorsque j'étais ministre
15:45pour pouvoir lutter précisément
15:47contre les OPA hostile.
15:49Et Alstom alors ?
15:50Rendu à la découpe,
15:50où étiez-vous ?
15:51Alstom,
15:51je n'étais plus là,
15:52j'étais en train d'enseigner à Harvard,
15:53vous voyez,
15:54donc on ne peut pas non plus...
15:55Ça n'empêche que vous avez
15:56votre parole toujours
15:57en patriote français,
15:58pour défendre la...
15:59C'était sous Nicolas Sarkozy,
16:01puis ensuite sous François Hollande,
16:04oui c'est vrai.
16:05Voilà,
16:05je le regrette.
16:07Et on poursuit,
16:08pour conclure,
16:09Thierry Breton,
16:10et merci d'ailleurs
16:11de ce langage de vérité,
16:13que répondez-vous encore une fois
16:14à ceux qui vous mettent en cause
16:15parfois,
16:15et mettent en cause votre bilan,
16:16la tête de grands groupes
16:17et des florons justement
16:18dont nous parlons
16:19comme Atos,
16:20Thomson et France Télécom,
16:21que leur répondez-vous ce matin ?
16:23Mais il faut préciser la question
16:25peut-être sur Dama Brouk.
16:26Alors certains estiment
16:26que vous avez mis en faillite
16:27ces boîtes ?
16:28Aucune d'entre elles,
16:30je les ai toutes au contraire
16:31redressées.
16:32Toutes les entreprises
16:33dans lesquelles j'ai été
16:34ont été des entreprises
16:35que j'ai non seulement redressées,
16:36mais voyez-vous,
16:37et si on parle de la dernière,
16:39à Atos,
16:39j'étais extrêmement fier,
16:40c'est sans doute
16:41ce dont je suis le plus fier,
16:42parce que nous avons créé
16:43en 10 ans une entreprise
16:44sans endettement,
16:46il n'y avait pas de dette nette
16:47lorsque je suis parti,
16:49sans endettement donc nette,
16:51ce qui est absolument exceptionnel,
16:52et qui était leader sur quoi ?
16:54Sur les supercalculateurs,
16:56sur la cybersécurité,
16:57et sur tous les serveurs
16:59qui sont utiles à quoi ?
17:01À l'intelligence artificielle.
17:02Il faudrait que la France
17:03prenne le chemin d'Atos.
17:04Après, je vais vous dire une chose,
17:05Sonia Mabrouk,
17:06après, on n'est pas responsable,
17:08hélas,
17:08de ses successeurs,
17:09mais vous le savez,
17:10c'est vrai en politique,
17:11c'est vrai dans l'entreprise,
17:12c'est vrai aussi pour les journalistes.
17:13On est toujours le prédécesseur,
17:15le successeur de quelqu'un.
17:16Vous savez ce qu'on dit ?
17:17On dit que vos prédécesseurs
17:20étaient des incompétents,
17:21vos successeurs des intrigants,
17:22je ne vais pas reprendre ça pour moi.
17:24C'est pour ça qu'il y a des renoncements
17:25qui ont fait la France.
17:26On revient à votre livre,
17:27vous les dénoncez en tous les cas,
17:28ces 10 renoncements.
17:30Comment on en est arrivé là ?
17:31Vous l'expliquez en détail
17:32aux éditions Plon.
17:33Merci Thierry Breton,
17:34merci d'avoir été notre invité.
17:35Merci.
17:43Merci.
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