- il y a 1 heure
Un Français sur deux est en surpoids, 17% des Français sont obèses : les causes sont multiples mais, bien souvent, la malbouffe est au centre du problème. Faute de moyens de plus en plus de français optent pour un nourriture bon marché, ultra transformée, et remplie d'additifs. Surpoids, obésité, diabète, cancer, maladie cardiovasculaire, mal se nourrir peut avoir des conséquences importantes sur notre santé. Comment inverser la tendance ?¿Comment redonner accès à une alimentation saine pour tous ?¿«¿La malbouffe¿» est-elle si bon marché qu'elle en a l'air¿? Et comment mieux s'alimenter¿? Axel de Tarlé pose la question à ses invités dans l'émission Et la santé, ça va¿? Année de Production : 2025
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TVTranscription
00:00Prévention, solidarité, accès aux soins, innovation.
00:08La Mutualité française présente
00:10Et la santé, ça va ?
00:12Bienvenue dans Et la santé, ça va ?
00:15Un Français sur deux est en surpoids et 17% sont obèses.
00:19Derrière ces chiffres, une réalité sociale et sanitaire préoccupante, la malbouffe.
00:23Elle touche d'abord les plus modestes et elle pèse lourd dans notre système de santé.
00:27D'où ces questions ? Comment inverser la tendance ?
00:30Comment redonner à tous les Français l'accès à une nourriture saine ?
00:35Et puis pourquoi cette épidémie silencieuse n'est-elle pas encore une grande cause nationale ?
00:40On en parle avec nos invités.
00:41Nos invités, Brigitte Devesa, vous êtes sénatrice des Bouches-du-Rhône, coautrice du rapport sur poids et obésité, l'autre pandémie.
01:03Professeur Serge Erkberg, vous êtes nutritionniste, épidémiologiste et vous êtes le créateur du fameux Nutri-Score,
01:10donc ce fameux logo aux cinq couleurs.
01:13Alors ça va de A, le vert foncé, meilleur équilibre nutritionnel, jusqu'à la lettre E, le rouge, c'est le moins favorable.
01:21Je rappelle que ce Nutri-Score est volontaire mais il est appliqué dans 60% des produits en France.
01:25D'abord, pour savoir de quoi on parle, professeur, quand on dit un adulte sur deux est en surpoids,
01:33ça veut dire quoi être en surpoids et c'est quoi la différence par rapport à être obèse ?
01:37Si vous voulez, le surpoids correspond à une accumulation de graisse dans l'organisme.
01:41Alors ça peut se traduire simplement par une augmentation du poids par rapport à la taille
01:46et si l'accumulation de graisse continue, on arrive à un état d'obésité
01:51et pour caractériser le surpoids et l'obésité, on utilise un indicateur
01:56qui est le rapport du poids sur la taille au carré, un indice de masse corporelle, l'IMC,
02:02qui nous permet donc et qui permet à chacun de pouvoir se situer soit dans l'état normal,
02:09l'IMC normal, soit dans le surpoids à partir d'un certain seuil,
02:14soit si on a dépassé le seuil du surpoids, l'obésité,
02:19qui a des différentes classes d'obésité modérée, sévère et même morte.
02:23Et pour calculer son IMC, c'est très simple, on va sur l'internet,
02:26on calcule l'IMC, il faut rentrer sa taille et son poids.
02:29Voilà, c'est le rapport du poids sur la taille au carré,
02:32on peut même le faire avec une simple calculette.
02:33Je voudrais rebondir sur ce que disait M. Isberg à l'instant,
02:37sur quand on prend l'IMC entre la prise de poids et l'obésité,
02:44je peux dire qu'elle est mince, c'est un terme évidemment qui peut faire sourire,
02:48je crois qu'on est à 25 et 30.
02:51C'est l'indice, oui, entre 25 et 30, on est en surpoids.
02:54Donc ça veut dire qu'on peut très vite passer du surpoids à l'obésité.
02:58Le problème, c'est que c'est une maladie,
03:00et qu'aujourd'hui à ce jour, cette maladie n'est pas reconnue.
03:05C'est une maladie chronique, c'est-à-dire qu'elle va s'amplifier dans le temps,
03:09en apportant notamment des problèmes différents,
03:12que ce soit le diabète, que ce soit des cancers,
03:16que ce soit des problèmes au niveau du corps, des os.
03:20Donc je veux dire, c'est vraiment un problème qu'il va falloir prendre en compte
03:23et qu'on arrête de culpabiliser,
03:25qu'on arrête de culpabiliser ces personnes qui sont en situation d'obésité et de surpoids.
03:30– Professeur, quand on dit que 20 millions de Français vivent
03:32avec une pathologie liée à la malbouffe, ça a des conséquences ?
03:36On parlait de cancer, on parle de diabète, être en un bon point, ça bruit de la santé ?
03:41– Oui, comme l'a rappelé madame la sénatrice, c'est une maladie,
03:44donc une maladie chronique qui a des impacts très directs sur la santé,
03:48à la fois physique, mentale et sociale.
03:51Alors sur le plan des conséquences de l'obésité,
03:54c'est que c'est un facteur de risque de nombreuses pathologies,
03:58certains cancers, les pathologies cardiovasculaires,
04:00le diabète de type 2, l'hypertension,
04:02plus des problèmes d'arthrose, de type articulaire,
04:06donc c'est une maladie chronique réelle,
04:09qui devrait d'ailleurs être quasiment une infection longue durée,
04:13qui a des conséquences importantes en termes humains, sociaux et économiques.
04:17– Alors si tout le monde connaît la règle des 5 fruits et légumes par jour,
04:21vous allez le voir dans ce petit sujet,
04:23que c'est beaucoup plus compliqué en pratique.
04:25Je vous propose de voir l'exemple de Claire,
04:28pour qui bien manger est devenu un luxe.
04:30– Qu'est-ce que tu fais ta gueule ?
04:38Tu sais de te récupérer quelque chose,
04:39mais rien ne tombe, je ne gaspille rien.
04:42Aujourd'hui, pour Claire, la cuisine est un plaisir,
04:45mais cela n'a pas toujours été le cas.
04:46– Là, je vais préparer un gratin de butternut.
04:51– Selle, poivre et curcuma.
04:53Dans une autre vie, Claire était infirmière libérale.
04:57Elle ne comptait pas 16 heures pour son travail qu'elle adorait,
04:59et qui lui assurait des revenus très confortables.
05:03– Allez, hop, c'est parti.
05:07Pour normalement 20 minutes, à peu près.
05:09– En 2019, à 52 ans, Claire survit à un accident vasculaire cérébral.
05:15Son existence entière s'en trouve bouleversée.
05:18– Avant mon AVC, j'avais une vie normale,
05:21voilà, c'était juste à une prise de photo à mon AVC.
05:24Donc j'avais une vie très, très, très, très confortable.
05:27Une maison, un crédit, une piscine chauffée, une très belle voiture.
05:33Et puis d'un coup, l'AVC arrive, et là, d'un coup, plus rien.
05:37– Dans l'impossibilité de reprendre son activité professionnelle,
05:42Claire sombre en quelques mois dans la précarité.
05:45Elle perd sa maison, tous ses revenus,
05:47et la question de la nourriture devient un vrai problème.
05:50– Donc, le syndrome du frigo vide, qu'est-ce que je fais ?
05:53Je pousse la porte d'une instance sociale, et je fais une demande de RSA.
05:58Donc, comme j'avais ma fille, à l'époque, à charge,
06:01j'avais 880 euros pour vivre.
06:04Une fois ses factures payées, son loyer,
06:07il ne lui reste plus que 8 euros par jour pour se nourrir.
06:11Elle doit se tourner vers des produits récupérés par l'aide alimentaire.
06:14– C'est des produits hyper transformés,
06:19qui sont passés pratiquement presque de date,
06:22de tout ce que, en fait, les industries ne vendent plus.
06:28On sent qu'on a le rebut de tout ce que les gens ne veulent pas.
06:32Quand on est confrontés à manger de la malbouffe,
06:34à la base, quand on est en très grande parcarité,
06:36je vous avoue que ce n'est pas du tout la préoccupation de ce qu'on mange.
06:41C'est de se remplir le ventre.
06:42Enfin, d'avoir de quoi manger pour pouvoir vivre,
06:45puisqu'en fait, si tu ne manges pas, tu ne vas pas.
06:48– Allez, rentre maintenant.
06:49– En 2024, les banques alimentaires ont aidé
06:51près de 2,4 millions de personnes.
06:54Aujourd'hui, Claire est sortie de la survie,
06:57mais la malbouffe s'est répercutée sur son poids.
06:59– Oui, mais je t'ouvre et tu ne veux pas.
07:01Elle déplore avoir pris plus de 25 kilos
07:03depuis qu'elle est en difficulté financière.
07:06Aujourd'hui, malgré ses 1 000 euros mensuels,
07:09il lui reste difficile de concilier
07:10alimentation saine, équilibrée et abordable.
07:13– Cœur de filet de cabillaud.
07:16– Un sachet de 800 grammes.
07:18– 25,99 euros.
07:20– Des dos de cabillaud.
07:228,99 euros.
07:26Mon combat, c'est de pouvoir manger sainement
07:29en étant précaire.
07:31Mais vu le prix de maintenant des produits de qualité,
07:36à mon niveau, c'est intouchable.
07:38– 49% des Français déclarent ne pas manger
07:43comme ils le voudraient.
07:44– Là, ça c'est pour tout à l'heure.
07:46– Parce que l'alimentation est devenue trop chère.
07:48– Brigitte Deveza, elle a clairement dit
07:56avoir pris 25 kilos depuis qu'elle a des difficultés financières.
08:00Je vous livre ce chiffre.
08:0275% des enfants en surpoids ou en obésité
08:05viennent de milieux populaires.
08:07Quand on disait que c'était une maladie,
08:09c'est une maladie qui a des origines sociales,
08:11qui frappe les milieux les plus défavorisés.
08:13– Absolument, c'est une maladie chronique, je le répète,
08:15et en même temps qui touche malheureusement 75%
08:18évidemment des enfants en situation de précarité,
08:23mais notamment des adultes.
08:24On vient de voir le cas de Claire.
08:25– Parce que bien manger, ça coûte cher,
08:27les fruits et les fruits et les légumes.
08:28– Exactement, parce que bien manger.
08:30Alors, on parlait tout à l'heure de 5 fruits et les légumes.
08:33Enfin, il faut aussi pouvoir acheter 5 fruits et les légumes
08:36en tout cas par jour.
08:37Il faut pouvoir aussi acheter des légumes.
08:39Il faut pouvoir acheter du poisson.
08:41Il faut pouvoir acheter de la viande fraîche.
08:43Et tout ça, ça a un coût.
08:44Un coût que malheureusement,
08:45les personnes en situation de précarité ne peuvent pas.
08:49Donc, c'est là où, je dirais,
08:51l'État doit à un moment donné prendre le relais
08:54pour venir en aide à ces personnes qui sont en grande difficulté.
08:58– Parce que, professeur Serge Berg, du coup, la tentation,
09:03c'est quoi ?
09:03C'est d'acheter au supermarché une pizza…
09:05D'ailleurs, ça fait plaisir à tout le monde.
09:07– Exactement.
09:07– Une pizza congelée, ça rassasie et c'est pas cher.
09:10C'est ça qu'on appelle d'ailleurs la nourriture ultra transformée.
09:13– Alors oui, c'est-à-dire que la difficulté que rencontrent
09:18les gens précaires, c'est d'arriver à trouver des aliments
09:20de bonne qualité nutritionnelle qui soient accessibles.
09:23Malheureusement, des produits industriels, souvent ultra transformés,
09:28sont beaucoup plus économiques, plus pratiques,
09:30flattent la pétence, il y a un marketing qui est fait autour
09:33pour pousser à leur consommation.
09:36Et donc, on a aujourd'hui une part plus importante
09:38des aliments dits ultra transformés.
09:40C'est pas tous les aliments industriels,
09:42mais c'est des aliments qui ont perdu leur sens originel,
09:45qui ont eu des procédures industrielles, qui ont des additifs,
09:49qui sont eux-mêmes des facteurs de risque d'obésité,
09:52pas seulement parce qu'ils sont très caloriques et très denses,
09:55en termes de gras, de sucre et de sel,
09:58mais également qu'ils contiennent des substances
10:00qui favorisent aussi l'obésité.
10:02– Comment les reconnaître dans les supermarchés ?
10:03Ah ben, le Nutri-Score, vous allez me répondre.
10:05– Alors, le Nutri-Score…
10:06– Je parle à Monsieur Nutri-Score.
10:08– Monsieur Nutri-Score.
10:08– Le Nutri-Score permet de renseigner sur la qualité nutritionnelle,
10:12est-ce que le produit n'est pas trop gras, trop sucré, trop salé,
10:14s'il y a des fibres, des protéines, des fruits et légumes à l'intérieur.
10:18Il recouvre en partie l'ultra-transformation,
10:20mais ça n'est pas suffisant, parce qu'il y a des produits ultra-transformés
10:25qui peuvent avoir une bonne qualité nutritionnelle.
10:27Ils sont peu nombreux, 87% des produits ultra-transformés
10:30sont mal classés par Nutri-Score,
10:32mais il faudrait qu'on donne une information complémentaire,
10:35et pour ça on peut mettre un bandeau noir autour du Nutri-Score
10:39marqué aliment ultra-transformé,
10:41ou en attendant, il faut que le consommateur retourne l'emballage.
10:44– Et plus il y a de choses, plus c'est mauvais.
10:46– Et surtout c'est des ingrédients qu'on n'a pas dans sa cuisine,
10:49personne n'a des fructose, de la caséine, du oeuf, 76,
10:54si on ne connaît pas ce qu'il y a à l'intérieur,
10:56si on ne reconnaît pas des ingrédients qu'on a dans sa cuisine,
10:59s'ils sont nombreux, c'est un produit ultra-transformé.
11:01– Brigitte Devesa, pour être positif,
11:03je disais tout à l'heure que les trois quarts des enfants obèses
11:06venaient des milieux populaires,
11:08néanmoins j'ai ce chiffre, 8 millions de jeunes enfants
11:11mangent à la cantine tous les jours.
11:12Est-ce qu'on a fait en sorte qu'à la cantine,
11:15il n'y ait pas ces produits ultra-transformés,
11:19issus de l'industrie agroalimentaire,
11:21et que justement on ait cette qualité dont on parle ?
11:24– Alors justement, ça vous pose une très bonne question,
11:26parce qu'aujourd'hui dans les cantines,
11:28et c'est aussi la loi EGalim et tout ce qui a été mis derrière,
11:31notamment le projet alimentaire de territoire,
11:35où aujourd'hui les collectivités ont pris conscience
11:38que bien souvent, dans les collèges comme dans les écoles primaires,
11:41c'était le seul repas finalement que certains allaient prendre,
11:44un repas équilibré.
11:46Donc aujourd'hui, moi je prends en tous les cas pour ma commune,
11:50Aix-en-Provence, où on est passé justement au circuit court,
11:5450% de bio, avec vraiment une alimentation équilibrée.
11:58Et EGalim a permis aussi aujourd'hui d'avoir un sans-viande,
12:02ou en tous les cas un menu végétarien une fois par semaine,
12:05donc heureusement que les collectivités prennent en charge,
12:09ça coûte évidemment de l'argent, mais elles ont compris évidemment,
12:12et elles jouent le jeu.
12:13– Donc il faut mettre ses enfants à la cantine ?
12:15– Mais c'est bien mieux, je vais vous dire pourquoi,
12:16parce que les enfants qui ne restent pas à la cantine,
12:19notamment quand on arrive au collège et au lycée,
12:21que font les jeunes ? Plutôt que de manger à la cantine,
12:23et moi je le vois dans ma commune, qu'est-ce qu'ils font ?
12:25Ils sortent de l'école, ils se réunissent,
12:27ils mangent dans des escaliers, des hamburgers, des sandwiches,
12:31des choses qui sont évidemment contre nature,
12:34et surtout, c'est aussi la prise en compte peut-être aussi des mères,
12:40de dire à un moment donné, il faut qu'autour des écoles,
12:43on n'ait pas de McDo, de cuisine rapide, de kebab, etc.
12:48et inciter les parents à laisser leurs enfants évidemment à la cantine.
12:51– Professeur Berg, vous savez ce que vont dire les enfants ?
12:54Ils préfèrent un Big Mac ou un McDo ou un kebab,
12:59plutôt que des choux-fleurs ou des brocolis qu'on va vous servir à la cantine ?
13:04– Alors oui, bien qu'on puisse quand même, et on le voit bien aujourd'hui,
13:08la cantine n'a plus rien à voir avec ce qu'il y avait il y a quelques décennies.
13:11– Mais est-ce qu'il faut éduquer les enfants à apprécier les brocolis ?
13:14Parce que spontanément, on a l'impression qu'on n'aime pas ça.
13:16– Il faut à la fois les éduquer, et puis il faut qu'on soigne aussi la présentation, la forme,
13:21et on voit dans beaucoup de cantines, il y a beaucoup d'expériences,
13:24avec des cuisiniers qui très habilement vont proposer des légumes
13:28sous des formes qui sont très sympathiques pour les enfants.
13:31Il ne s'agit pas qu'ils n'aillent jamais manger un hamburger ou un kebab,
13:36simplement ça devrait être rare, pas trop fréquemment,
13:39et à la cantine, on est capable, et on le voit bien,
13:42il y a beaucoup d'expériences qui le montrent,
13:44d'apporter des aliments qui sont bien acceptés,
13:46et qui sont de bonne qualité nutritionnelle.
13:48La nutrition, ce n'est pas une punition.
13:50– Alors je vous propose de regarder la suite de notre reportage,
13:52c'est Claire qui, vous allez le voir,
13:54a trouvé une solution qui concilie aide alimentaire et nourriture saine.
13:58On regarde.
14:01– Statistiquement, les personnes les plus démunies
14:03consomment moitié moins de fruits et de légumes que la moyenne des Français,
14:07et davantage de produits transformés,
14:10avec souvent des conséquences sur la santé et le poids.
14:13Dans le village de Redescent, où Claire habite,
14:16on essaie de trouver des solutions pour que l'engrenage
14:18entre manque de moyens et malbouffe s'arrête enfin.
14:21– Et coucou !
14:22– Ça va ?
14:23– Ouais.
14:23– Alors ?
14:25– On vous a pas attendu, on a commencé à vous,
14:27parce qu'il y a des gens qui téléphonent à vous venir.
14:29Au centre social, depuis 2021,
14:32le Secours catholique distribue des paniers solidaires deux fois par mois.
14:35– Je me fais attendre comme d'hab ?
14:37Le concept ?
14:39Des paniers de fruits et légumes achetés à des producteurs locaux
14:42qui pratiquent l'agriculture raisonnée.
14:43– Nous avons la chance d'avoir dans notre département du Gard
14:47plusieurs producteurs.
14:49C'est un territoire très riche en agriculture, en production,
14:54donc des fruits de saison, des légumes très variés,
14:57donc viennent vraiment du département.
15:00– Des pommes, des oignons, des navets et même des blettes
15:04composent le panier d'aujourd'hui.
15:06Le projet est financé par le fonds Mieux Manger pour Tous,
15:09lancé par l'État en 2023.
15:11L'association achète les paniers à 25 euros aux producteurs.
15:15– Bonjour !
15:16– Et les personnes précaires les payent seulement 6 euros.
15:21– Merci !
15:21– Et donc voilà, je ne sais pas, vous prenez, je suis pas allé aussi.
15:24– Oui, un peu aussi, oui.
15:24– Cette distribution est devenue une nécessité
15:27dans ce village où 15% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté,
15:31soit moins de 1 288 euros par mois pour une personne vivant seule.
15:35– Donc en sachant qu'on se situe dans le Gard,
15:38qui est un des départements les plus pauvres de France également,
15:41nous ici, sur le centre social, on s'en rend compte,
15:44parce qu'on a à peu près un quart de la population qui est adhérente au centre social,
15:48donc ça veut dire qu'on a beaucoup de personnes qui passent par la structure,
15:52et quand on voit un peu le coût que ça a de se nourrir,
15:55ben voilà, des fois ils préfèrent privilégier des repas pour les enfants
15:58plutôt que se nourrir eux-mêmes.
15:59– C'est atoupi.
16:00– Claire bénéficie de ce dispositif, mais elle en est aussi partie prenante.
16:05Avec les autres adhérents et les agriculteurs, elle compose les paniers.
16:08– Allez, alors on va commencer par le petit panier.
16:11– Ah oui.
16:12– Mais si on s'est cuisiné, on le fera de tout avec.
16:15– Les bénéficiaires sont appelés ici des consom-acteurs.
16:19– Ceux qui prennent une consom-actrice,
16:22c'est quelqu'un qui consomme des produits sains de qualité,
16:27et qui les a choisis lors d'une commande.
16:30On est acteurs de ce qu'on fait,
16:33donc on subit plus comme une aide alimentaire
16:35où on te donne et puis tu t'arraches.
16:38C'est pas des produits frais, et il n'y a pas de bio.
16:41– Le Secours catholique propose également des ateliers de cuisine et des recettes.
16:45Les consom-acteurs témoignent d'un changement vertueux
16:47dans leurs pratiques alimentaires.
16:49Et en plus, cela crée du lien.
16:51– S'il n'y avait pas eu le panier de soleil, on ne serait jamais connu.
16:54– Ah ouais, quel regret.
16:55– Ah ouais.
16:56– Enfin, ouais, voilà.
16:56– Ah ouais, grave.
16:59En 2024, plus de 700 paniers solidaires ont été distribués à Redescent,
17:04avec à la clé une meilleure santé
17:06et moins de problèmes liés au surpoids et à l'obésité.
17:11– Brigitte, devez à votre regard sur ce panier solidaire.
17:17En toute honnêteté, est-ce que ça n'est pas un peu stigmatisant ?
17:19Est-ce qu'il ne faut pas prendre sur soi pour aller dans ces associations
17:22qui peuvent s'apparenter au resto du cœur, même si on paye ?
17:26Et j'en arrive à la question, est-ce qu'au fond, un chèque alimentaire,
17:29ça n'est pas une façon plus directe, plus efficace et moins stigmatisante
17:34que de permettre à tous les Français de se nourrir sainement ?
17:38– En tout cas, la réaction de Claire montre qu'elle n'a pas…
17:42je n'ai pas l'impression, en tous les cas, qu'elle se sent stigmatisée.
17:45Je pense que quand on est dans une situation de précarité aussi forte
17:48et qu'on a vraiment des problèmes de poids, je crois qu'effectivement,
17:51on arrive à passer. Je ne dis pas que c'est la meilleure des solutions,
17:54ce n'est pas simple, peut-être que certains n'oseront pas franchir le cap.
17:57Alors c'est vrai qu'il faut un mixte des deux.
17:59Mieux manger pour tous, c'est une très bonne initiative.
18:01Ça a été au départ, je dirais, quelque chose qui était sur quelques départements
18:08et on voit que ça se généralise.
18:11Mais il est vrai que quand on vous donne des chèques alimentaires
18:13qui varient, je crois, entre 30 et 50 euros, ça permet aussi de…
18:19– Mais il faut le cibler, parce qu'avec un chèque alimentaire,
18:21si c'est pour aller acheter une pizza congelée ou aller au kebab…
18:25– Voilà, donc c'est pour ça qu'en général, ce type de projet,
18:29en tous les cas, ça fonctionne davantage.
18:32Et puis, voilà, on est sûr d'avoir dans son panier
18:35des produits sains, durables, et en tout cas, qui correspondent…
18:41Mais je pense que les personnes qui sont présentes là aujourd'hui,
18:44elles ont passé ce cap, je dirais, me semble-t-il, après…
18:48– Professeur Ackberg, c'est malheureusement une réalité,
18:51manger sain, c'est plus cher, le bio, c'est plus cher.
18:54Donc si on veut se passer de pesticides, il faut en avoir les moyens,
18:56sinon c'est du glyphosate et de l'acétamipride.
18:59– Oui, la nutrition, c'est un marqueur social,
19:01on le voit dans la prévalence de l'obésité,
19:03on le voit dans les comportements alimentaires,
19:05par des difficultés d'accès à des aliments de meilleure qualité nutritionnelle,
19:09moins ultra-transformés, avec moins de pesticides.
19:12Donc c'est clairement un problème, entre autres, économique,
19:16même s'il y a d'autres causes, bien sûr, dans ces problématiques nutritionnelles.
19:20– Alors, on en arrive au sujet.
19:21Comment faire en sorte que ceux qui sont à l'origine
19:23des produits ultra-transformés améliorent leurs recettes ?
19:27Eh bien, il y a eu cette initiative française dont vous êtes à l'origine, professeur,
19:30qui a été reprise dans 6 ou 7 pays, on en parlait tout à l'heure.
19:33– 6 pays, oui.
19:34– 6 pays, Luxembourg, Belgique, Allemagne…
19:38– Espagne, Hollande, Roumanie.
19:40– Et Suisse.
19:41– Et voilà, c'est une invention française, il s'agit du Nutri-Score,
19:44le Nutri-Score qui note les aliments en fonction de leur qualité nutritionnelle.
19:48Est-ce que vous l'utilisez ? Est-ce qu'entre deux produits,
19:51vous regardez le Nutri-Score pour choisir tel ou tel produit ?
19:54On vous a posé la question, on regarde.
19:56– Nous souhaiterions savoir si vous connaissez les Nutri-Score ?
19:59– Oui.
19:59– Est-ce que c'est quelque chose auquel vous faites attention lors de vos achats ?
20:04– Pas du tout.
20:05– Je regarde quand j'achète, par exemple, les céréales pour les enfants,
20:09je regarde le Nutri-Score.
20:12Je le fais pour la santé des enfants et pour la mienne.
20:14C'est important.
20:17– Je n'y prête pas attention.
20:19Cependant, ma fille qui a 13 ans, elle regarde beaucoup.
20:22Elle regarde beaucoup les Nutri-Score.
20:24– Et vous n'avez pas envie de prendre exemple sur votre fille ?
20:26– Non, du tout.
20:27– Pourquoi ?
20:28– Je ne sais pas, parce que je pense que ça prend du temps
20:32et puis ça nous prive de manger beaucoup de bonnes choses, je pense.
20:35– Parce qu'évidemment, on le sait, tout ce qui est bon pour la santé,
20:37ce n'est pas forcément très bon en goût, malheureusement.
20:40On est français, on aime bien les bêtises, on aime bien…
20:44Voilà, ce n'est pas top.
20:45– Je pense que tout ce qui est sain est nettement plus cher
20:48que ce qui n'est pas sain.
20:50Et c'est ça le souci.
20:51C'est pour ça que je m'oriente plus vers ce qui n'est pas bio,
20:54ce qui est moins sain, parce que c'est le prix.
20:56Donc ça me freine énormément, en fait.
20:58– Là, ce que vous avez dans la main, vous savez quel score ?
21:00– Ça, c'est mauvais.
21:02Tout est mauvais, là.
21:03Les salles, là, c'est mauvais.
21:05Je le sais, mais c'est notre petit…
21:07On ne boit pas d'alcool, on ne fume pas, on boit du coca.
21:11Désolée.
21:11– Alors, professeur, d'abord, est-ce que votre regard sur ces réactions,
21:18est-ce que ça a changé quelque chose, quand même,
21:19l'arrivée du Nutri-Score dans notre façon de nous alimenter ?
21:22– Oui, on le sait, 97% déjà de la population connaît le Nutri-Score
21:26et 94%, le plébiscide souhaiterait même qu'il soit obligatoire
21:32sur tous les embâches des ailments pour forcer la main.
21:34– Et vous ? Et vous ?
21:35Parce qu'on sait très bien qu'il y a des produits où il n'y a pas de Nutri-Score,
21:38on se dit, bon, s'il n'y a pas de Nutri-Score, c'est qu'il ne doit pas être bon.
21:40Est-ce qu'il faudrait jouer la transparence ?
21:41– Oui, il faudrait, en effet, le rendre obligatoire pour espérer,
21:46cette fois, que les consommateurs puissent avoir accès sur l'ensemble des aliments
21:50à une transparence sur la composition nutritionnelle des aliments.
21:53C'est un droit des consommateurs et un devoir des industriels.
21:56– Est-ce que ça a incité les industriels à revoir leurs recettes
22:00pour passer de la lettre C à de la lettre B, par exemple ?
22:04– Absolument, c'est le deuxième objectif du Nutri-Score,
22:07c'est aussi de pousser les industriels à reformuler leurs produits.
22:10Ils peuvent le faire, on peut retirer un peu de gras, un peu de sucre, un peu de sel,
22:13et avoir des produits qui soient moins défavorables,
22:16voire plus favorables sur le plan de leur composition.
22:18Ça a été fait par beaucoup d'industriels, par des distributeurs
22:21qui ont retoilété leurs recettes.
22:23– Tout à fait.
22:24– D'une part, en améliorant, en retirant le gras, le sucre-sel, en petite quantité,
22:28et puis en retirant en même temps des additifs.
22:30– Alors, Brigitte Devesa, ça c'est la carotte, le Nutri-Score,
22:32est-ce que la technique du bâton, ça pourrait fonctionner ?
22:35Mettre une petite taxe, tiens, vous voyez, la jeune filisée,
22:37on ne fume pas, on boit du soda.
22:39Est-ce que, du coup, la petite taxe soda, c'est la question qui fâche ?
22:43– La taxe soda, elle existe déjà, de toute façon.
22:47Mais il y a quand même…
22:48– Ça a bien marché de surtaxer le tabac.
22:50– Oui, tout à fait, tout à fait.
22:51Donc on doit continuer là-dessus, évidemment.
22:53Moi, je considère que c'est une bonne chose.
22:55Je vous donne juste ce que je vous dis.
22:57En France, on a quand même, c'est très culturel.
23:00La gastronomie, en France, je dirais, c'est l'identité française.
23:05Dès lors que vous venez faire de l'ingérence dans l'assiette,
23:08je dirais, du consommateur, en tous les cas,
23:11là, on a, je dirais, automatiquement, des oppositions sociales et politiques.
23:17Et c'est ça, le problème.
23:18Le problème, il est là, c'est qu'on a du mal, je dirais,
23:21parce que tout le monde est d'accord avec ce que vous dites.
23:23Puisque le Nutri-Score, sauf erreur de ma part, et vous l'avez dit,
23:27tout le monde a considéré qu'aujourd'hui, ça a fait du bien.
23:29Moi-même, je me sers du Nutri-Score quand je vais faire mon alimentation,
23:33je vais faire mes courses.
23:34Néanmoins, aujourd'hui, tout le monde est d'accord pour dire
23:38qu'il faut changer les choses.
23:39Le rapport que j'ai fait, que nous avons fait en 2022, le précise.
23:42Et chaque année, c'est pareil, au mois de novembre, dans le cadre du PLFSS,
23:49chacun y va de son amendement pour essayer de trouver des solutions.
23:53Et finalement, on recule un petit peu en se disant,
23:56non mais là, on va trop loin, là, il ne faut pas aller trop loin.
23:59Donc, il y a des lobbies exercées, etc.
24:00Mais l'Ultri-Score obligatoire, au nom de la transparence,
24:03de savoir ce qu'on consomme.
24:04Moi, je ne suis pas contre, bien au contraire.
24:06Sauf que, vous avez vu, il y a quand même, je crois, c'est à peu près 700,
24:10peut-être plus entre...
24:11Alors, nos producteurs de fromage, disons, oh là là,
24:13on va taper sur nos particularités, on va interdire le Comté, le Roquefort,
24:18ou je ne sais quoi.
24:18Non, du tout, du tout, il faut faire attention,
24:20parce qu'effectivement, ils présentent des produits qui sont de qualité,
24:25qui sont sains, et c'est vrai qu'ils sont des appellations contrôlées,
24:28ou des appellations, vous voyez, donc il y a quand même une référence
24:31à la cuisine, à la gastronomie française.
24:34Donc, c'est toujours très compliqué de trouver une taxe
24:38qui ne pénalise pas non plus ceux qui font un travail exceptionnel, quand même.
24:42Moi, je parle des industriels qui ne font aucun effort, aucun.
24:46Votre regard, Professeur Hachbar, il y a le Nutrisco,
24:48il y a aussi l'autre solution qui nous vient d'Angleterre.
24:51Je cite, interdiction de la publicité avant 21h,
24:55et en ligne à partir de janvier prochain,
24:56sur tous les produits trop gras, trop sucrés, trop salés.
25:01Oui, c'est une très bonne chose.
25:02La junk food, quoi.
25:03Le gros problème, c'est que pendant très longtemps,
25:04on a focalisé en disant, le problème de nutrition,
25:07c'est de la responsabilité individuelle.
25:09Non, il y a un environnement alimentaire
25:11qui n'est pas le plus favorable à la santé.
25:14Donc, il faut qu'il y ait une volonté politique
25:16et des réglementations pour limiter l'exposition
25:19à un marketing, à une publicité.
25:21Une barre chocolatée et ça repart, ça, il faut arrêter.
25:23Il faut arrêter, il faut arrêter, limiter tout ce qui pousse
25:28à une consommation excessive.
25:29Il ne s'agit pas d'interdire les produits,
25:31mais d'éviter une promotion excessive,
25:32ce que fait la publicité, et puis rendre plus accessible.
25:35Et c'est pour ça que les taxes, tout de même,
25:36accompagnées de subventions, c'est un moyen, là aussi,
25:39de permettre une meilleure accessibilité économique
25:41aux populations les plus défavorisées.
25:43Donc là, il faut réellement des réglementations politiques,
25:47et c'est aux législateurs de prendre leurs responsabilités.
25:51Mais d'ailleurs, ce serait souvent l'image qui est défendue
25:54des petits fromages, des petits producteurs.
25:57– Vous êtes sensible, ça ou pas, ça ?
25:58– Bien sûr, mais le Nutri-Score n'est pas incompatible
26:01avec la gastronomie.
26:02D'ailleurs, les petits producteurs locaux,
26:05ils vendent des produits qui ne sont pas emballés,
26:07qui ne sont pas pré-emballés.
26:08Il n'y a pas d'étiquetage nutritionnel,
26:10ils ne sont pas concernés par le Nutri-Score.
26:12– Ce ne sont que les portions qui seraient emballés,
26:14et les portions, ça vient…
26:15– Essentiellement, dans beaucoup de fromages AOP et IGP,
26:19c'est des grands industriels.
26:2080% du Roquefort qui est vendu, c'est Lactalis et Savantia
26:25qui le commercialisent selon des procédés industriels.
26:28Certes, ils suivent la réglementation des AOP et IGP,
26:31mais ce sont des gros industriels.
26:33Donc, très souvent, la mise en avant très romantique
26:36du petit producteur, ça masque en fait le fait
26:39que ceux qui sont réellement concernés,
26:41c'est des gros industriels.
26:42– Brigitte Devesa, en matière culinaire,
26:45il faut prendre un exemple sur les Anglais,
26:47pour ce qui est de la réglementation,
26:48interdiction de la publicité, y compris sur Internet,
26:51sur tout ce qui est…
26:51– Tout à fait, et à des heures, évidemment,
26:53quand les enfants se font dans la télé ou…
26:55Mais on a parlé de l'Angleterre,
26:57mais on n'a pas parlé des pays d'Amérique latine,
26:59dont le Chili, puisque l'ancien président du Sénat de l'époque
27:03avait donc, lui, mis la barre très haute,
27:06puisque, évidemment, vous parliez de paquets en noir,
27:10enfin, vraiment, on reconnaît là…
27:13Ah oui, c'est terrible, parce que là-bas,
27:14on ne laisse rien passer.
27:15– Merci beaucoup de nous avoir éclairés
27:18sur cette malbouffe qui nous ruine la santé.
27:21Quelques petits conseils pour terminer.
27:24Je vous recommande le site Santé Publique France
27:26qui s'intitule mangerbouger.fr
27:28et qui donne des recettes pour éviter les plats ultra-transformés
27:32et cuisiner soi-même à partir de produits sains.
27:34Et il y a aussi Open Food Facts
27:36qui permet de scanner les aliments
27:38et de connaître le Nutri-Score.
27:40Voilà, et la santé, ça va, c'est terminé.
27:43C'est une émission à retrouver sur la plateforme PubliqueSénat.fr.
27:46Merci de votre fidélité
27:48et à bientôt pour un prochain numéro.
27:50Prévention, solidarité, accès aux soins, innovation.
28:18C'était
28:20Et la santé, ça va ?
28:22Avec la mutualité française.
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