Quand Brigitte Macron se met les "sales connes" à dos

France 24

Watch Quand Brigitte Macron se met les "sales connes" à dos - France 24 on Dailymotion

Transcript

00:00Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Actuel.

00:13Brigitte Macron est au cœur d'un scandale depuis qu'elle a insulté des manifestantes féministes.

00:21Posséder un compte TikTok peut signer votre arrêt de mort au Pakistan

00:24où ce qu'on appelle les crimes d'honneur des féminicides en réalité ont toujours cours.

00:30Et puis on jettera un œil à l'actualité des femmes à travers le monde

00:33avec Ingrid Terwatt, elle est journaliste à courrier international

00:37et cette nouvelle ère de l'hétéro-fatalisme, elle vient nous l'expliquer.

00:44Harry Habitant peut compter sur le soutien de Brigitte Macron.

00:47Alors que des féministes manifestaient à l'extérieur du théâtre où se déroulait son spectacle,

00:52la première dame a insulté ses femmes en colère contre l'humoriste accusée de viol.

00:58La scène était filmée.

01:00Les précisions de Noémie Roche.

01:03Filmée dimanche dans les coulisses des folies bergères,

01:06la vidéo de Brigitte Macron apportant son soutien à l'humoriste Harry Habitant est devenue virale sur Internet.

01:14« S'il y a des sales connes, on va les foutre dehors » avait alors répondu la première dame à l'humoriste

01:20qui lui disait avoir peur avant de commencer son spectacle.

01:23La veille, quatre militantes féministes du collectif Nous Toutes avaient perturbé la représentation d'un réhabitant

01:30en portant notamment des masques à l'effigie du comédien avec la mention violeur.

01:36Accusé de viol en 2021, celui-ci y a bénéficié d'un non-lieu confirmé en appel.

01:41Mais son retour sur scène est depuis contesté par des féministes

01:45qui manifestent régulièrement aux abords des salles où il se produit.

01:49Alors l'insulte de Brigitte Macron indigne le collectif.

01:53Nous sommes profondément choqués et scandalisés.

01:57Les mots utilisés en disent long sur sa vision des choses.

02:00Le message politique est extrêmement choquant.

02:04De son côté, l'entourage de la première dame assure qu'il ne s'agit que d'une critique de la méthode des militantes, jugée radicale.

02:11Une ligne de défense qui a du mal à convaincre, notamment à gauche.

02:15Ces propos sont graves ici, mais moi je le dis, on ne peut pas dire des choses comme ça.

02:19D'autant plus, quand on est une première dame, on ne peut pas expliquer que le problème,

02:23ce sont les femmes qui dénoncent ce qu'on subit ou ce que disent avoir subi d'autres femmes.

02:28Je pense qu'elle devrait présenter ses excuses, dire qu'elle regrette ses propos qui ont dépassé sa pensée

02:33et qu'elle devrait s'interroger sur le fond.

02:36Ces femmes ont une action radicale, elles dénoncent des violences sexistes et sexuelles.

02:40Elles agissent pour faire bouger la société, pour que ces violences ne deviennent plus.

02:44C'est indigne, c'est sexiste, c'est inacceptable, donc il faut des excuses.

02:49Une condamnation partagée par la comédienne Judith Godrèche,

02:53qui a elle aussi apporté son soutien au collectif Nous Toutes.

02:57Au Pakistan, les crimes d'honneur ne sont pas rares,

03:01mais ils prennent une nouvelle dimension à l'ère des réseaux sociaux.

03:04Des jeunes femmes ont été victimes de féminicides pour le simple fait de posséder un compte TikTok.

03:09Une influenceuse a même été assassinée par un abonné et conduit.

03:13C'est un reportage de Shah Zahib Wala et Ondine de Gaulle.

03:20Zahiba Arslan est influenceuse à Lahore, la deuxième ville du pays.

03:24Depuis 8 ans, la jeune femme de 28 ans partage ses vidéos de maquillage, de mode et de chant,

03:30qu'elle tourne dans son salon de beauté.

03:32Elle a 33 000 abonnés sur TikTok.

03:34Les réseaux sociaux sont très populaires dans le pays

03:40où plus d'un quart des 240 millions de Pakistanais utilisent ces plateformes.

03:44Mais dans cette société conservatrice et patriarcale,

03:4740% des femmes disent avoir subi du harcèlement en ligne.

03:50Beaucoup pensent que les femmes sur les réseaux sociaux sont vulgaires,

03:56voire des prostituées, ou qu'elles ont une mauvaise nature.

03:59Certains vont sur leur profil, les traquent,

04:03se postent devant leur maison, font du chantage,

04:05diffusent leurs images ou créent de faux comptes.

04:07De nombreuses filles ont fermé leur compte ou cessé de l'utiliser parce qu'elles ont peur.

04:14Saïba prend de nombreuses précautions.

04:17Elle enregistre la plupart de ses vidéos chez elle.

04:20Au Pakistan, les lieux publics sont largement dominés par les hommes.

04:24Quand elle tourne à l'extérieur,

04:26elle choisit des endroits peu fréquentés,

04:29comme ce parc de son quartier.

04:31Je vais seulement dans des endroits où il n'y a pas beaucoup de monde,

04:35pour qu'on ne me juge pas.

04:36Les gens font des commentaires désobligeants

04:38et se moquent de toi si tu tournes une vidéo en public.

04:41Certaines personnes vont même jusqu'à te traquer

04:43et te suivre jusqu'à chez toi.

04:45Ils pensent que les influenceuses sont des filles faciles.

04:48Et si on les rejette, ils commencent à nous harceler.

04:52En juin dernier, Sana Yousaf, 17 ans et près d'un million d'abonnés sur TikTok,

04:57a été assassinée par l'un d'eux.

05:00L'homme dont elle avait repoussé les avances s'est introduit chez elle et l'a abattue.

05:04Son père est encore sous le choc.

05:05Ici se trouve le lit de Sana.

05:12On peut encore voir des taches de sang.

05:15Là, il y a la trace d'un impact de balle.

05:18Ici, un autre.

05:21Et là, également.

05:24Le Pakistan compte plus de 50 millions d'utilisateurs TikTok.

05:27C'est le septième plus grand marché au monde pour l'application.

05:31De nombreuses femmes, comme Sana, y ont trouvé des revenus grâce à la promotion de marques.

05:36Dans un pays où au moins d'un quart des femmes participent à l'économie formelle.

05:40Elle nous demandait toujours la permission avant de publier quoi que ce soit sur les réseaux sociaux

05:48pour ne pas poster quelque chose qui pourrait lui causer des problèmes.

05:54Le Pakistan a une longue histoire de violence contre les influenceuses.

06:00Mais je ne m'attendais pas à ce que cela nous arrive.

06:06Le meurtre de Sana Yousaf a choqué le pays.

06:08Son procès est très suivi.

06:11Aujourd'hui, le suspect, 22 ans, est convoqué au tribunal

06:14où six témoins sont entendus par le juge.

06:17Il encourt la peine capitale.

06:19Mais au Pakistan, le taux de condamnation des violences de genre est dramatiquement bas.

06:24Moins de 2,5%.

06:26Se marier était autrefois une évidence que personne ne remettait en question.

06:31Mais aujourd'hui, les choses changent.

06:33Et le célibat voulu, désiré, prend de plus en plus d'ampleur un peu partout sur la planète.

06:38Spéciellement dans les pays riches.

06:40A tel point que votre journal, Corée International, a publié cette édition spéciale,

06:45La vie de couple.

06:47Non, merci.

06:48Merci, Ingrid Terouat, d'être avec nous pour nous parler de cette édition.

06:52Et notamment de ce titre que vous lui donnez, l'hétéro-fatalisme.

06:56L'hétéro-fatalisme, qu'est-ce que c'est exactement, Ingrid ?

06:58Alors, l'hétéro-fatalisme ou hétéro-pessimisme, on voit aussi ce terme fleurir un peu de ci, de là.

07:04C'est un ensemble de discours littéraires, journalistiques, universitaires,

07:08dans lesquels des personnes hétérosexuelles, principalement des femmes,

07:11affirment que l'expérience hétérosexuelle est souvent dysfonctionnelle, décevante ou douloureuse.

07:18Grosso modo, c'est un espèce de terme qui sert à désigner à ras-le-bol collectif des femmes

07:24qui ne veulent plus relationner, comme on dit maintenant, avec les hommes,

07:28parce qu'elles en ont assez et qu'elles ne s'y retrouvent pas.

07:31Ce terme hétéro-fatalisme, on le doit aux chercheurs Assas et Récine.

07:35Ensuite, beaucoup de femmes partout dans le monde l'ont repris à leur compte

07:39parce qu'ils désignent très bien, selon elles, une vraie tendance mondiale.

07:43Du Brésil à la Corée, en passant par la Pologne, les États-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne.

07:48Bref, on est vraiment face à la grosse crise du couple.

07:55Oui, au point que, d'ailleurs, The Economist expliquait que d'ici 2050,

08:00les femmes de 25 à 44 ans seraient pour la moitié célibataires et sans enfants.

08:06En fait, est-ce que ça veut dire que le couple hétérosexuel n'est plus le modèle

08:09et que les femmes n'entrent plus en relation avec les hommes ?

08:13Et pour quelles raisons ?

08:15En fait, le couple n'est plus central.

08:17Il n'a pas disparu. Il y a beaucoup de gens qui aspirent à être en couple.

08:21Mais la centralité du couple n'est plus ce qu'elle est.

08:24The Economist explique que depuis 2010, dans 26 des 30 pays riches du monde,

08:29la proportion de personnes vivant seules a augmenté

08:31et qu'aujourd'hui, il y a environ 100 millions de célibataires de plus dans le monde

08:35que si la formation des couples avait suivi le rythme normal depuis 2017.

08:40En Corée, il y a un phénomène dont on a un petit peu parlé, le phénomène 4B.

08:45Il a essaimé un peu partout, en Chine, aux Etats-Unis, en Angleterre, en France.

08:51Il s'agit de femmes qui renoncent à vivre avec des hommes.

08:55Le couple hétéro reste une option, mais il n'est plus l'horizon obligé,

09:00comme c'était le cas jusqu'à très récemment.

09:03Dans tous les articles que vous publiez, qui viennent du monde entier

09:07et qui datent de plusieurs mois ou semaines,

09:10ce qui ressort, c'est que les femmes trouvent que les hommes ne sont plus à la hauteur ou pas à la hauteur.

09:15Les femmes, à peu près dans tous ces pays développés,

09:17ont un niveau d'études et de qualifications et un niveau professionnel

09:21qu'elles n'ont jamais eu collectivement par le passé.

09:25Donc, on a des femmes beaucoup plus qualifiées, beaucoup plus indépendantes financièrement.

09:28Ce qui fait que le mariage n'est plus la garantie nécessaire de la sécurité financière.

09:33Ce n'est plus nécessaire, en fait.

09:36Dans le même temps, les hommes, en grande majorité, sont perçus comme défaillants

09:43en ce qui concerne le soin, l'écoute.

09:46Évidemment, tout ce qui relève de la charge mentale,

09:49c'est-à-dire s'occuper de tout ce qui est sphère domestique.

09:53Alors, les enfants, le ménage, les courses, etc.

09:55Donc, il y a cette défaillance masculine, pointée du doigt,

09:59et d'un autre côté, une performance féminine.

10:01Ce qui fait que les demandes des femmes ne correspondent plus à l'offre des hommes.

10:06C'est ça, en somme, ce qui se passe.

10:08On parle d'hétéro-fatalisme ou d'hétéro-pessimisme,

10:10mais est-ce qu'il y a des solutions, des choses qui sont quand même positives

10:14qu'on pourrait présenter à ce mouvement ?

10:17Oui. Alors, d'abord, on peut ne pas être en couple avec un homme et le vivre très bien.

10:21Il y a des façons alternatives de vivre sa vie sentimentale.

10:26Et le célibat des femmes n'est plus, justement, pointé du doigt.

10:29On ne parle plus de vieille fille ou de folle achat, en fait.

10:32Justement, maintenant, les jeunes femmes se réapproprient le célibat.

10:36Il y a le polyamour, il y a toutes sortes de reconfigurations amoureuses.

10:40Et puis, il y a aussi, comme conséquence ou comme solution possible,

10:44l'éducation affective et sexuelle à l'école,

10:49qui peut apprendre aux petits garçons, qui deviendront ensuite des hommes,

10:52les notions de consentement, par exemple.

10:54Ça, c'est très important.

10:55L'éducation, de façon plus générale, qui peut apprendre la bienveillance,

10:58l'écoute, le soin aux garçons.

11:01Il y a une question de politique publique, l'alignement des congés parentaux.

11:05Et puis, il y a une réponse, qui est celle donnée par Béatrice Frazel

11:09dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

11:11La réponse à cette crise du couple, c'est l'amitié.

11:14Relation souvent sous-valorisée, alors qu'elle est centrale dans nos vies

11:19à toutes et à tous.

11:20Et elle constate, cette Béatrice Frazel, que les femmes, justement,

11:25vivent mieux leurs célibats, parce qu'elles ont souvent un tissu amical

11:29très dense, très développé.

11:32Elles peuvent vraiment compter sur leurs amis,

11:33alors que les hommes, en cas de coup dur, moins.

11:37Et donc, pour vivre mieux entre hommes et femmes,

11:40il faut d'abord investir ses amitiés.

11:43Et puis, si on ne vit pas mieux entre hommes et femmes,

11:45on vivra mieux tout court avec des amis.

11:48Ça, c'est aussi un horizon possible du dépassement du couple.

11:52Donc, plus de liens, plus d'amour, mais sous forme amicale.

11:55Merci beaucoup, Ingrid Terwatt, d'être venue nous parler

11:58de votre dernier numéro de Courrier international,

12:00La vie de couple.

12:01Non, merci.

12:02Merci, Ingrid.

12:03Merci, Laure.

12:03C'est passionnant à retrouver dans ce numéro.

12:05Et puis, merci à vous de nous avoir suivis.

12:07A très bientôt sur France 24.

12:10Sous-titrage Société Radio-Canada

12:11Sous-titrage Société Radio-Canada

Category

Transcript

Be the first to comment

Recommended