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  • 14 hours ago
Transcript
00:00Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Actuel.
00:14Des années que la rumeur se répand sur les réseaux sociaux,
00:18celle selon laquelle Brigitte Macron ne serait pas celle qu'elle prétend être.
00:23Des internautes accusent la première dame d'être née homme et d'avoir opéré une transition de genre.
00:28Après avoir longtemps décidé d'ignorer la rumeur,
00:31le couple présidentiel a finalement porté plainte pour cyberharcèlement.
00:35On va en parler dans un instant avec nos invités.
00:38Mais d'abord, on fait le point sur l'affaire avec Julie Chouteau et Maryse Burgo.
00:43Huit hommes, deux femmes, âgées de 41 à 65 ans.
00:49Dix prévenus accusés d'avoir harcelé en ligne Brigitte Macron.
00:52Ils ont participé à la propagation d'une folle rumeur à propos de la première dame.
00:59Elle serait une femme transgenre.
01:02Une fausse information relayée de façon vertigineuse sur les réseaux sociaux.
01:07Voici quelques exemples de publications.
01:11J'affirme que Brigitte Macron est un homme, écrit un accusé.
01:15Un vieux travelot, écrit un autre.
01:17Parmi les prévenus, cette femme qui se présente comme médium et lanceuse d'alerte,
01:25elle brandit sa convocation, qu'elle juge infondée.
01:29Il n'y a pas d'infraction et donc on va répondre.
01:33Est-ce que vous vous êtes excusé de Brigitte Macron ?
01:36Alors ça, c'est le comble.
01:38D'abord, il va falloir qu'eux me fassent des excuses, mais on n'est pas là pour ça.
01:41Connue sur les réseaux sociaux sous le pseudo d'Amandine Roy,
01:45Delphine Gégousse avait publié en 2021 une vidéo virale supprimée depuis,
01:50dans laquelle elle avance que Brigitte Macron n'aurait jamais existé
01:54et que son frère Jean-Michel Tronieu aurait pris cette identité après une transition de genre.
02:00Autre prévenu, désigné comme l'un des instigateurs de l'Infox par le procureur,
02:05ce publicitaire de 41 ans, connu sur les réseaux sous le nom de Zoé Sagan.
02:09L'accusé avait aussi qualifié de pédophilie l'écartage entre la première dame et Emmanuel Macron.
02:17On a dans l'ADN français, depuis Voltaire, cet amour de la satire,
02:21particulièrement depuis le XVIIIe siècle, qui soit anonyme ou non,
02:24et on a toujours raillé sous l'ancien régime, que ce soit au théâtre ou dans la presse.
02:29Brigitte Macron était absente aux audiences,
02:31mais sa fille Tiffany est venue témoigner de la dégradation des conditions de santé de sa mère
02:35à la suite des rumeurs.
02:37Des peines de prison de 3 à 12 mois avec sursis et des amendes jusqu'à 8 000 euros ont été requises.
02:43La décision du tribunal sera rendue le 5 janvier 2026.
02:48Un autre procès se tiendra aussi aux Etats-Unis.
02:51Les époux Macron ont porté plainte pour diffamation contre cette influenceuse pro-Trump.
02:57Candace Owens a réalisé une série censée démontrer que Brigitte Macron est né homme.
03:03Elle a été vue plus d'un milliard de fois en moins de trois mois.
03:06Une rumeur qui ne s'arrête pas, prend une dimension internationale, continue de grossir,
03:12et qui mêle complotisme, transphobie, harcèlement, misogynie.
03:15De quoi cette obsession est-elle le symptôme ?
03:18Qui sont les personnes visées par ces accusations et celles qui les portent ?
03:21On en parle avec vous aujourd'hui.
03:24Laure Salmona, bonjour.
03:25Vous êtes la directrice de l'association féministe contre le cyberharcèlement.
03:29Vous êtes spécialiste des droits numériques et de la violence basée sur le genre.
03:34Et puis vous, Alice Apostoli, bonjour.
03:36Vous êtes cofondatrice, co-directrice également de l'Institut du genre en géopolitique.
03:40Merci à toutes les deux pour votre présence.
03:43Laure Salmona, je commence avec vous.
03:45Pourquoi, d'après vous, est-ce que Brigitte Macron est visée par ces accusations ?
03:50Et comment est née cette rumeur ?
03:52Avant tout, c'est ce qu'on appelle de la désinformation genrée.
03:56Donc ça va être le fait de propager des fake news,
04:00mais aussi de commettre des cyberviolences à l'encontre de femmes
04:06qui vont être dans les sphères publiques ou dans les sphères de pouvoir.
04:11Et l'idée derrière ça, elle est très politique,
04:13parce que ça va être vraiment de scruter absolument tout
04:19pour pouvoir faire mesurer aux femmes qui accèdent à des sphères de pouvoir
04:25ce que ça peut leur coûter.
04:29Ce que ça peut leur coûter de remettre en question les normes de genre,
04:33la hiérarchie des genres qu'il y a à l'œuvre dans nos sociétés sexistes,
04:37dans nos sociétés patriarcales.
04:38Et pourtant, Brigitte Macron, elle n'est pas présidente de la République.
04:41C'est étonnant qu'on s'en prenne à elle plutôt qu'à son mari.
04:44Ou alors, est-ce que justement, c'est précisément pour éviter de s'en prendre à un homme
04:47qu'on s'en prend à son épouse ?
04:49Alors, c'est souvent le cas.
04:50On l'a vu, par exemple, avec Michelle Obama,
04:53qui a été visée par des fake news similaires et de la désinformation similaire.
05:00Et on essaie souvent d'atteindre un homme politique par le biais, effectivement, de son épouse.
05:06Et puis, on ne peut pas nier que la plupart des épouses d'hommes politiques
05:11ont de l'influence dans la sphère politique.
05:14Alice Apostoli, on s'attend à ce que les accusations relèvent plutôt d'hommes,
05:19de masculinistes, de ces cercles-là.
05:21Or, là, dans cette affaire, il y a aussi deux femmes qui sont accusées.
05:24Comment vous expliquez ça ?
05:25C'est quoi le profil, en fait, des personnes qui portent ce type d'accusation en général ?
05:29On a vraiment affaire plus à des communautés conspirationnistes
05:33qui verraient une sorte de déviance dans la transidentité,
05:35parce que l'intention, elle est quand même d'insulter, à travers la transidentité,
05:41ces femmes politiques ou ces femmes visibles.
05:45Voilà.
05:45Et qu'il y ait des hommes ou des femmes, ce n'est pas forcément la question.
05:49Candace Owens, aux Etats-Unis, c'est une influenceuse conspirationniste,
05:53s'est emparée de l'affaire et s'y intéresse.
05:56Alice Apostoli, vous qui travaillez sur la géopolitique du genre,
06:01qu'est-ce qui explique cet intérêt outre-Atlantique
06:03pour le sexe de naissance de Brigitte Macron ?
06:07Cette obsession pour l'identité de genre et les accusations et la portée...
06:15Encore une fois, l'attention, elle est quand même diffamante,
06:17elle est quand même insultante, parce que ces communautés-là sont transphobes
06:20et qu'on vit actuellement dans un contexte où la transphobie est particulièrement violente,
06:26est omniprésente.
06:28Et ces accusations-là, elles rentrent dans une campagne générale d'anti-walkisme
06:34et dans une campagne plus large anti-genre,
06:38c'est-à-dire qui va lutter contre l'égalité des genres,
06:40contre les droits LGBTQIA+,
06:42et particulièrement contre la communauté transgenre
06:45qui est cible d'attaques politiques de plus en plus violentes
06:49et de plus en plus régulières, ici comme aux Etats-Unis.
06:54Lorsque Salmona, derrière ces mouvements, ce qu'on appelle la transvestigation,
06:58c'est-à-dire ce mot qui mélange les personnes trans avec l'investigation,
07:04c'est-à-dire l'enquête, qu'est-ce qui se cache ?
07:06C'est de la satire, comme le disait Zoé Sagan,
07:09cet homme qui se cache sous un pseudonyme de femme, Aurélien Poirson-Atlant,
07:13ou est-ce que c'est la volonté de faire parler de soi,
07:16c'est de l'ennui, c'est même la volonté de gagner de l'argent par des vues ?
07:20Alors, il y a avant tout une dimension qui est extrêmement politique,
07:24qui a été, je pense d'ailleurs, totalement dépolitisée par les Macron,
07:29qui est que cette dimension transphobe,
07:33elle est vraiment utilisée comme une arme politique.
07:36Si vous voulez, dans les milieux réactionnaires,
07:39dans les milieux conservateurs d'extrême droite,
07:42il y a plusieurs discours qui tendent à pointer des ennemis.
07:48D'un côté, des ennemis qui seraient extérieurs.
07:51Et là, on va pointer l'immigration, on va pointer l'islam, par exemple.
07:56C'est ce que font ces discours de haine d'extrême droite.
08:00Et puis, il y a l'ennemi intérieur, dissimulé, caché.
08:06Et là, on va pointer, finalement,
08:10les membres des groupes réactionnaires vont pointer les personnes trans,
08:17et vont investiguer sur l'identité de genre des personnes.
08:22Il y a eu le cas, par exemple, sur la boxeuse Imane Khelif,
08:26qui a été cyberharcelée,
08:28où justement, on remettait en question le fait qu'elle était une femme.
08:32Et du coup, tout ce discours extrêmement transphobe,
08:35mais aussi extrêmement misogyne et souvent raciste,
08:38parce qu'on l'a vu, il y a beaucoup de femmes racisées, noires,
08:41qui ont été visées par ce type de discours.
08:45C'est vraiment de désigner des ennemis.
08:49Et dans le cas de Brigitte Macron,
08:51on pourrait rétorquer que là, on est la femme d'Emmanuel Macron,
08:57donc de la majorité présidentielle.
08:58Mais il y a même une volonté de guerre de l'information
09:01et de déstabilisation par des milieux encore plus réactionnaires
09:07et encore plus conservateurs.
09:09Il n'y a pas un côté aussi avec Brigitte Macron,
09:12on attaque la virilité de son mari.
09:16Emmanuel Macron a été accusé, soupçonné,
09:20pendant sa campagne présidentielle et depuis encore,
09:22d'être homosexuel,
09:24et que c'est pour ça qu'il serait avec une femme plus âgée,
09:26parce que ce serait un mariage prétexte,
09:28et qu'en réalité, il aurait des aventures avec des hommes.
09:30Donc finalement, que sa femme, ce serait un homme,
09:33et que tout ça aurait un sens.
09:34Et du coup, on voit bien que pour attaquer les hommes politiques,
09:39en fait, eh bien souvent, il y a quand même les cyberharceleurs,
09:45les entreprises de déstabilisation vont quand même se raccrocher
09:48à des mécaniques sexistes, à des mécaniques anti-genres,
09:51LGBTIQ-phobes.
09:53Et ça, c'est ce qu'on retrouve dans la plupart des dynamiques
09:55de cyberharcèlement en meute.
09:57C'est-à-dire qu'il y a quasiment toujours
10:00un caractère extrêmement discriminatoire.
10:04Et là, c'est pareil, le fait d'attaquer Emmanuel Macron
10:08sur sa supposée orientation sexuelle,
10:12attaquer Brigitte Macron sur sa supposée identité de genre,
10:16on voit bien qu'il y a presque une forme de convergence,
10:21d'intersectionnalité des haines,
10:23où finalement, il y a toujours cette dimension
10:26de discours de haine qui va être utilisée.
10:29Et ce qui est terrible, c'est qu'aujourd'hui,
10:31les plateformes de réseaux sociaux,
10:32elles ont leur responsabilité là-dedans,
10:35puisque non seulement elles modèrent de moins en moins
10:39tous les discours qui sont basés sur les oppressions
10:42LGBTIQ-phobes, sur la transidentité, etc.
10:47On a vu Meta qui a changé ses règles de modération
10:52au début 2025.
10:54Et puis, elles vont amplifier ces discours,
10:56parce que ces discours complotistes,
10:57ces discours de cyberharcèlement,
10:59ces discours de haine,
11:00ils sont clivants,
11:01ils vont susciter de l'engagement
11:03et donc beaucoup plus de revenus.
11:06On parlait tout à l'heure,
11:07vous parliez tout à l'heure de monétisation,
11:09mais il y a aussi cette monétisation de la haine.
11:12Et ça, il faut bien comprendre
11:13que dans cette guerre de l'information,
11:15il y a aussi une dimension
11:16qui est financière et économique.
11:20Le couple Macron a décidé de porter plainte.
11:22Est-ce que c'est la bonne réaction à avoir ?
11:25Porter plainte, c'est participer,
11:29au moins de manière publique,
11:31à faire reculer l'impunité sociale
11:32de ce type de violence.
11:34Après, malheureusement,
11:36porter plainte, ça ne protège pas.
11:38En revanche, en tant que femme d'État,
11:39c'est vrai qu'il y a le message
11:40qui transparaît,
11:42c'est la volonté de laver son honneur
11:45comme si être une personne transgenre
11:47ce n'était pas quelque chose d'honorable.
11:50C'est le message qui est assez délicat
11:53dans un contexte où les attaques
11:55à la communauté transgenre se multiplient.
11:57Merci à toutes les deux,
11:58Laure Salmona, Alice Apostoli,
12:00d'être venue apporter votre éclairage
12:02sur cette question.
12:03Et merci à vous de nous avoir suivis.
12:05On se retrouve très bientôt
12:06pour une nouvelle édition sur France 24.
12:10Sous-titrage Société Radio-Canada
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