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À un an et demi de la présidentielle, de nombreux sondages donnent Jordan Bardella (RN) gagnant dans tous les cas de figure au second tour. Mais de nombreuses personnalités politiques données favoris dans les sondages ont finalement échoué. 

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Transcription
00:00Yves Traillard, vous regardez la parole. Justement, vous vouliez nous parler ce soir de Jordan Bardella avec une question.
00:05Est-ce qu'il n'est pas trop haut, trop tôt ?
00:08Alors trop haut, il l'est. Trop haut, on ne peut pas le contester.
00:11Je vous invite d'ailleurs à revoir un sondage qui avait été réalisé il n'y a pas très longtemps par l'Institut Odoxa pour Public Sénat
00:17et qui montrait que dans tous les cas de figure face à des opposants comme Édouard Philippe, Gabriel Attal, Jean-Luc Mélenchon
00:28ou Raphaël Luxman, de toute manière, il l'emportait et il l'emportait haut la main, très haut la main.
00:35Sauf qu'on est encore très loin de la présidentielle.
00:40Encore un an et demi.
00:41Un an et demi et on a des exemples. L'expérience nous montre qu'il faut se méfier parce que très souvent, très très souvent,
00:48ceux qui sont favoris 16-18 mois avant, parfois ne figurent même pas au deuxième tour, en tous les cas, perdent au deuxième tour.
00:55Alors, j'ai fait une petite galerie de portraits pour rafraîchir la mémoire.
01:00Ressouvenez-vous d'Édouard Balladur en 1994 pour l'élection de 1995.
01:04Eh bien, ce n'est pas Balladur, c'est Chirac qui a gagné.
01:07En 2002, quelques mois avant, c'était Lionel Jospin qui était donné vainqueur, c'est Jacques Chirac.
01:13En 2006, face à Nicolas Sarkozy, c'était Ségolène Royal et en 2007, c'est Nicolas Sarkozy qui a gagné haut la main.
01:20En 2011, Dominique Strauss-Kahn, on sait ce qui lui est arrivé, il n'a même pas pu se présenter.
01:25Et en 2016, eh bien, pour 2017, celui qui a représenté les LR à l'époque, c'est François Fillon qui, d'ailleurs...
01:33Bon, donc vous nous dites, ça ne veut rien dire.
01:35Oui, parce que, parce que, et là, je vous invite à écouter quelqu'un qui parlait d'expérience et qui en a fait les frais aussi, d'ailleurs.
01:44Il s'appelle Raymond Barre. On va l'écouter.
01:46– Vous avez lu les fables de La Fontaine ? – Oui.
01:51– Le lièvre et la tortue ? – Oui.
01:54– Alors, il y a dans les fables, dans le lièvre et la tortue, un verre qui est très caractéristique.
01:59Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
02:03Alors, il y a beaucoup de lièvres aujourd'hui, mais laissez-moi être la tortue.
02:08– Eh bien, il était la tortue, peut-être. – Il n'est pas arrivé quand même.
02:10– Mais il n'y est pas arrivé, il n'est même pas allé au deuxième tour.
02:12– Bon, alors, qu'est-ce qui peut arrêter Jordan Bardera ?
02:15Parce que, malgré tout, c'est révélateur de quelque chose qui se passe dans la société.
02:20– Oui, évidemment. L'homme séduit, l'homme a des idées, l'homme est très médiatique.
02:25Bien sûr. Alors, je verrai trois obstacles, entre autres.
02:30Le premier, c'est que, peut-être que ça ne sera pas lui le candidat.
02:33Marine Le Pen, on va l'écouter au micro d'Apolline de Ballère, il n'y a pas très longtemps, répéter ceci.
02:39– Il n'y a pas de primaire chez nous, donc les choses sont extrêmement claires.
02:45Si je peux être candidate, je le serai.
02:47Si je ne peux pas être candidate, et il sera mon premier ministre,
02:50si je ne peux pas être candidate, il le sera.
02:52– Et si vous pouvez être candidate, pourquoi il ne le serait pas ?
02:55– J'ai été enterrée, je pense, dix fois dans ma carrière.
02:59Je me demande d'ailleurs si, au bout de dix fois, le onzième enterrement est gratuit, peut-être.
03:03– Je ne vous enterrerai pas, je pense que le découragement est humain.
03:07– Oui, il est sûrement humain, mais il n'est pas trop dans mon ADN, moi.
03:13– Il va falloir qu'elle gagne son procès en appel, et que l'indivisibilité soit levée.
03:18– Elle veut montrer qu'elle s'accroche en tout cas, mais ça va être compliqué.
03:20– Deuxième chose, je vous ai montré des sondages tout à l'heure
03:23qui étaient très favorables à Jordan Bardella, certes au deuxième tour,
03:26mais il faut que le premier tour soit stabilisé pour que le deuxième tour soit clair.
03:30Or, aujourd'hui, vous avez peut-être 30, 40 candidats,
03:33on ne sait pas qui sera candidat au premier tour.
03:34Et c'est très important, pourquoi ?
03:36Parce que si vous savez qui est au premier tour,
03:39eh bien, c'est plus facile de faire des projections pour le deuxième tour,
03:41parce que les reports de voix se font en fonction de ce qui va se produire au premier tour,
03:46ou de ce qui pourrait se produire.
03:47Je vous rappelle d'ailleurs, pour la petite histoire,
03:49qu'à la dernière élection présidentielle, quelques mois avant,
03:53M. Éric Zemmour était dans les sondages, il talonnait Marine Le Pen.
03:58Donc, il faut se méfier.
03:59Troisième chose, la bataille des programmes n'est pas encore engagée.
04:03Et alors, si le programme de M. Bardella, si tant est qu'il soit candidat,
04:07est clair sur le plan régalien, sur tous les sujets régaliens,
04:10les Français connaissent, en revanche, sur le plan économique et sur le front économique,
04:15eh bien là, il y a beaucoup plus d'incertitudes,
04:17et on l'a vu encore à l'occasion du dernier, la discussion du budget,
04:22c'est le flou.
04:23Ça reste le talon d'Achille du RN et donc de Jordan Bardella ?
04:27Ça serait intéressant d'ailleurs de voir ce soir, pendant le forum,
04:30ce qu'il a à dire sur ces questions-là, très précises,
04:33que les Français auront à lui poser.
04:35Est-ce qu'il n'est pas servi quand même un petit peu, en ce moment,
04:37Jordan Bardella, par les divisions à droite, chez les LR ?
04:40Évidemment qu'il est servi par les divisions à droite,
04:42et je vais vous dire, il est servi aussi par ce que dit Nicolas Sarkozy,
04:45qui récemment...
04:47Qui la doube !
04:48Exactement, dans un interview, dans une interview
04:50auprès de François-Lévi-Gisbert, qui était sur notre plateau hier,
04:54au point, quand j'ai rencontré Jordan Bardella,
04:56il m'a fait penser au RPR du temps de Chirac.
04:59Ben dites donc, si ça, ce n'est pas un compliment,
05:01je ne sais pas ce qu'il faut en penser.
05:04En tous les cas, ce n'est pas sûr non plus,
05:07est-ce que c'est suffisant, les propos de Sarkozy,
05:09pour que cet électorat se reporte devant la division
05:13qui est à droite vers Jordan Bardella, rien ne le dit.
05:17Et d'ailleurs, je vous rappelle ce que le prix de l'humour politique
05:20a couronné Jordan Bardella hier d'un accès site,
05:23et il disait, Jordan Bardella,
05:25Retailleau a expulsé plus de gens des LR que de migrants clandestins
05:30depuis qu'il est ministre de l'Intérieur.
05:33Je ne sais pas si ça plaît à tout le monde, ça, vous voyez ?
05:35Il a remporté le prix de la révélation comique.
05:37Pour ça, vous étiez en jury, je crois.
05:38J'étais en jury.
05:39Bon, mais ça tente quand même une partie de l'électorat de droite,
05:44parce que Jordan Bardella aussi tend la main aux républicains,
05:46aux électorats et aux électorats.
05:47Écoutez, il suffit de voir les dernières élections présidentielles.
05:49Mme Pécresse a fait un score très médiocre, on peut le dire,
05:52d'un peu plus de 4%.
05:54Il y a une grande partie de l'électorat qui a manqué à Mme Pécresse,
05:58qui était partie, évidemment, chez Marine Le Pen.
06:01Il y a une grande partie de l'électorat qui a manqué.
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