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  • il y a 2 jours
La virilité est aujourd'hui au centre de nombreux débats. Entre remise en cause de cette dernière, accusée d'être dominatrice et néfaste, et réactions masculinistes prônant un retour à une attitude plus conservatrice, la virilité est aujourd'hui à un tournant.Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Lucile Peytavin historienne spécialiste du droit des femmes, Raphaël Liogier, philosophe et Marie-Cécile Naves, directrice de l'Observatoire Genre et Géopolitique à l'IRIS.LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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00:00:00Générique
00:00:01...
00:00:14Bienvenue à tous. Au menu de ce débat doc, aujourd'hui, un documentaire exclusif
00:00:20Homo virilus, la fabrique du mal-être, réalisé par Maya Anaïs Yatajen.
00:00:25Je vous laisse tout de suite le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau
00:00:29en compagnie de l'historienne Lucille Pétavin, du philosophe Raphaël Lieugier
00:00:34et de la chercheuse Marie-Cécile Navès.
00:00:38Avec eux, nous nous interrogerons sur l'évolution aujourd'hui de la masculinité.
00:00:43Bon doc.
00:00:55...
00:00:56L'homme idéal dont rêvent ses politiciens, c'est lui. Puissant, courageux, dominant, en un mot,
00:01:01viril.
00:01:12L'homme idéal dont rêvent ses politiciens, c'est lui. Puissant, courageux, dominant, en un mot, viril.
00:01:26Un concept qui invite à la maîtrise de soi, comme à la violence explosive.
00:01:35Si Homo erectus peut être mâle ou femelle, un homme, un vrai, devrait être Homo virilus.
00:01:42Sa vertu justifierait de dominer les femmes et les enfants, bien sûr, mais les mâles non virils aussi.
00:01:48Mais attention, Homo virilus ne doit jamais se relâcher.
00:01:54Sa force est d'une insoutenable fragilité.
00:01:58Sauf que voilà.
00:02:00Cette virilité, admirée, enviée pendant des millénaires, est de plus en plus moquée, rejetée.
00:02:08Elle serait devenue un contre-modèle aussi rétrograde que toxique pour tous.
00:02:14Alors, Homo virilus, est-il en voie d'extinction ?
00:02:24Depuis sa naissance, à l'antiquité gréco-romaine,
00:02:44Homo virilus a sculpté mille et un visages.
00:02:50Celui du sang et de la force, comme de la poudre et de la dentelle.
00:02:55Mais qu'importe l'époque et le style, la quête viril passe toujours par l'héroïsme.
00:03:02On ne naît pas Homo virilus, on le devient, par un rite de passage, celui du valeureux soldat.
00:03:11En 1914, un terrible orage d'acier s'abat sur le romantisme militaire.
00:03:36Ils imaginaient que la guerre, ce serait, comme à l'époque napoléonienne, ce serait un choc entre deux armées
00:03:42et que c'est le plus courageux, celui qui en veut le plus, qui serait victorieux.
00:03:46Mais ce n'est pas du tout ça, la guerre de 1914.
00:03:48On découvre qu'en fait, c'est une guerre industrielle.
00:03:50À quoi ça sert d'avoir du courage face aux obus ?
00:03:54Homo virilus mène en réalité une bataille recroquevillée contre des ennemis sans panache.
00:04:00La faim, le froid, les poux et la boue.
00:04:06Vous avez Driu Larochelle qui dit
00:04:07« La gloire, elle est tombée dans la boue des tranchées, dans la merde et dans le sang des tranchées.
00:04:11Nous sommes des escroqués de toute gloire. »
00:04:15Les canons ne se taisent qu'après 20 millions de morts et encore plus de blessés.
00:04:21Des défigurés à vie qui ont perdu mâchoire, nez, yeux, sans compter les amputés des bras ou des jambes.
00:04:29Jamais guerre n'aura fait autant de mal démembré.
00:04:34Et puis, il y a les blessures invisibles.
00:04:37La psychiatrie découvre un phénomène nouveau, l'obusite,
00:04:41aujourd'hui connu sous le nom de syndrome post-traumatique.
00:04:44« Les hommes n'étaient pas censés avoir des maladies psychiques.
00:04:47Les hommes ne sont pas hystériques, car hystérique vient d'utérus.
00:04:51Celui qui est atteint d'un traumatisme nerveux, il est vu comme quelqu'un de dévirilisé. »
00:04:57Ceux qui n'ont pas combattu sont assimilés à des eunuques.
00:05:01Ils sont accusés d'être des embusqués, des lâches, réfugiés à l'arrière, avec les femmes.
00:05:07Ces dames sont censées attendre, veiller, éventuellement soigner.
00:05:12Aumovirellus les pense faibles, inférieurs, car incapables de se contrôler.
00:05:19Tous les mois, ne perdent-elles pas du sang impur, quand celui des hommes est volontairement versé ?
00:05:25Alors Aumovirellus veut les protéger, ces femmes, mais surtout, surtout, ne pas leur ressembler.
00:05:32Et c'est à cause de cette éducation millénaire que les garçons adoptent parfois la posture d'Aumovirellus,
00:05:42comme Étienne, Geoffroy ou encore Karim.
00:05:45On voit que beaucoup d'hommes autour de nous ont cette idée que pour être homme, je dois jouer des coudes et je dois un peu écraser l'autre.
00:05:53Et aussi beaucoup de femmes.
00:05:54J'ai déjà entendu beaucoup de femmes dire « Ah non, lui, ce n'est pas un vrai mec. »
00:05:58Et quand on creuse, pourquoi ce n'est pas un vrai mec ?
00:05:59Parce qu'il est sensible, parce qu'il est doux, parce qu'il n'a pas de répondant.
00:06:03Comme si la valeur homme dépendait de notre force, aussi bien psychologique que physique.
00:06:08Mais c'est quelque chose que j'ai ressenti dès petit et qui m'a fait énormément de mal.
00:06:13Moi, je fais partie de ces pédés à qui on dit « Ah, toi, tu ne fais pas pédé. »
00:06:18Il y a aussi une part de, comment dire, de virilité, un peu d'apparence.
00:06:24Je sais que quand je suis avec des gens avec qui j'ai entièrement confiance, avec qui je me sens bien,
00:06:31je tombe un peu le masque de cette virilité, masculinité,
00:06:35où je me laisse aller à des gestes, des paroles plus féminines, j'allais dire.
00:06:44Enfin, je ne sais pas, moi, je le vois dans mes photos de quand je suis gamin.
00:06:47Je la vois, la féminité, en fait.
00:06:49Et ce qui se passe, c'est que très vite, je pense que c'est un danger, en fait.
00:06:54Pour moi, il y a une hiérarchie invisible, qui est dans la cour de récré,
00:06:59qui est quand on va jouer au sport, entre les garçons.
00:07:02Et je dis invisible, c'est-à-dire qu'à la fois, elle est dite et elle n'est pas dite.
00:07:05C'est pas ta ta fiole, c'est pas ta lopette, ah la fillette.
00:07:09Et donc, c'est tous ces petits mots qu'on entend, c'est qu'en fait, il y a une espèce de pyramide de...
00:07:12Alors, aujourd'hui, on mettrait le mal alpha en haut.
00:07:15Et en dessous, il y a toutes les sous-catégories de trucs dont, a priori, il ne faut pas être.
00:07:19Sinon, je suis une lopette, et puis en dessous, c'est la fillette.
00:07:22Donc, il y a toutes les catégories masculines.
00:07:24Et puis, en dessous des catégories masculines, il y a les filles.
00:07:26Sauf qu'en 1914, ces femmes, comme au virilus jugé inapte, le remplacent au pied levé.
00:07:35Conductrices de tramway, postières, balayeuses, elles moissonnent les champs
00:07:39et font tourner les usines, notamment d'armement.
00:07:42Ce sont les munitionnettes.
00:07:44Même le maréchal Geoffre Admet, si les femmes qui travaillent dans les usines s'arrêtaient 20 minutes,
00:07:49les alliés perdraient la guerre.
00:07:50D'un côté, on admire ces femmes qui sont capables de se comporter comme des hommes,
00:07:56avec le même courage, faire preuve de force physique, d'endurance, etc.
00:08:01Et de l'autre, il y a une peur de voir se dissoudre la différence,
00:08:06ce qui signifierait l'égalité.
00:08:08Ces femmes, elles sont au-dôme, elles gagnent de l'argent.
00:08:11Ce sont les hommes, dorénavant, qui sont dans une situation de staticité.
00:08:16Ils attendent le mandat postal qu'on va leur envoyer avec un petit peu d'argent.
00:08:19Il y a un renversement du sentiment de domination.
00:08:22Les hommes sont dépendants.
00:08:24Alors à l'armistice, il est urgent de réinstaller au mauvais rélu sur son trône.
00:08:30Le gouvernement français demande aux femmes de rendre leur poste aux hommes.
00:08:34Les semeuses de courage sont désormais priées de recouper la France et rien d'autre.
00:08:40Si les femmes obtiennent le droit de vote aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne,
00:08:45en revanche, en France, il y a des blocages.
00:08:47Il y a un million et demi d'hommes en moins.
00:08:50Si les femmes obtiennent le droit de vote, c'est elles qui décideront de l'avenir du pays.
00:08:55Et ça, pour les hommes, c'est très dur.
00:08:57Non seulement elles sont mises à porter le pantalon,
00:08:59mais voilà aussi qu'elles vont voter, qu'elles vont diriger le pays.
00:09:02On va avoir des femmes députées.
00:09:03Pourquoi pas une femme présidente de la République ?
00:09:06Alors à défaut du droit de vote, que les Françaises n'obtiendront qu'en 1944,
00:09:10les femmes ont grappillé des symboles
00:09:13comme au virélus, c'était jusque-là exclusivement réservées.
00:09:17Cheveux courts et silhouettes androgynes,
00:09:19de Paris à Berlin, en passant par Tokyo,
00:09:22la mode est à la garçonne.
00:09:24Adieu le corset, symbole d'un corps féminin idéal,
00:09:28façonné par les hommes,
00:09:29c'est la consécration du pantalon.
00:09:32Quand une femme se virilise, c'est pas bien,
00:09:35ça bouscule l'ordre des sexes.
00:09:37On peut comprendre qu'elle ait envie d'accéder
00:09:39à quelque chose de reconnu, de valorisant.
00:09:42En revanche, quand un homme se féminise,
00:09:46cette féminisation, elle se fait essentiellement
00:09:48par la voie d'une hyper-sexualisation.
00:09:50Et là, ça devient difficile à comprendre.
00:09:53Pourtant, un vent de liberté souffle sur les années folles.
00:09:56Les foules s'enivrent de danse et d'insouciance à Berlin,
00:10:01où le rigide empire prussien est tombé.
00:10:04À sa place, la République de Weimar promet démocratie,
00:10:08libéralisme, éclatement des carcans religieux,
00:10:12moraux ou encore sexuels.
00:10:19Homo Virilus voit ses certitudes vaciller.
00:10:24Humilié par la défaite de 1918,
00:10:27brisé par les lourdes réparations de guerre à rembourser,
00:10:31il n'a plus qu'un mot à la bouche.
00:10:34Revanche.
00:10:41L'ordre naturel, la civilisation avec l'homme aérien à son sommet,
00:10:47serait en danger.
00:10:49Homo Virilus ne pourrait-il pas la sauver ?
00:10:52Hitler en convainc les foules,
00:10:54pendant qu'en Italie,
00:10:56Mussolini rentre dans la fosse
00:10:58pour démontrer sa propre virilité.
00:11:02Le fascisme déferle sur l'Europe
00:11:05pour, selon lui,
00:11:07sauver une société dégenrée,
00:11:10donc dégénérée.
00:11:11La société démocratique serait trop ouverte,
00:11:18fluide,
00:11:19trop féminine,
00:11:21enjuivée,
00:11:22pour reprendre le terme antisémite de l'époque.
00:11:26Les juifs sont vus comme des acteurs majeurs
00:11:29de la féminisation,
00:11:31des sociétés contemporaines.
00:11:34Le féminisme est présenté comme une invention juive.
00:11:36Donc il y a beaucoup de liens entre antiféminisme,
00:11:41antisémitisme,
00:11:43xénophobie,
00:11:44haine des étrangers d'une manière générale.
00:11:50Face à ce prétendu péril,
00:11:54les régimes totalitaires prônent une virilité antique,
00:11:58militaire,
00:11:59conquérante,
00:12:01implacable.
00:12:01Celle de la race pure des maîtres,
00:12:04les ariens blous aux yeux bleus,
00:12:07dressés pour dominer,
00:12:09voire exterminés.
00:12:11Le droit à la guerre,
00:12:12le droit à conquérir des territoires,
00:12:15à organiser les populations sur ces territoires,
00:12:18c'est une façon d'exprimer la virilité
00:12:21au plus haut niveau de l'État.
00:12:23Les plus pauvres,
00:12:24le peuple,
00:12:25les plus nombreux,
00:12:26peuvent suivre aussi ce mouvement
00:12:28en s'identifiant
00:12:29aux chefs super virils
00:12:31qui se donnent tous les droits.
00:12:35Des millions de femmes sont fascinées par le fureur.
00:12:39Son autorité,
00:12:41son aura,
00:12:42son verbe.
00:12:43En récompense,
00:12:44les nazis leur retirent le droit de voter
00:12:46et d'être élues,
00:12:47leur interdisent des professions
00:12:49dans la magistrature ou le corps médical,
00:12:51par exemple.
00:12:52Les Allemandes passent d'une des conditions féminines
00:12:55les plus progressistes d'Europe
00:12:57à un rôle unique mais essentiel pour le Reich,
00:13:01épouse mère de Movirillus.
00:13:03Dans le modèle kinder,
00:13:05kushe, kirche,
00:13:07enfant, cuisine, église,
00:13:09les femmes sont des soldates
00:13:10dont les terrains de guerre
00:13:12sont le foyer et l'intime.
00:13:15Les femmes ont été endoctrinées
00:13:17aussi via la religion.
00:13:19Mais il y a une éducation aussi
00:13:20qui les voit à la famille.
00:13:22Donc il y a une peur,
00:13:23il y a une peur de l'émancipation.
00:13:25Parmi les bourreaux nazis,
00:13:28le chef des SA,
00:13:30Ernst Röhm.
00:13:31Ce proche d'Hitler
00:13:32cache un secret de polichinelle,
00:13:34son homosexualité.
00:13:36En 1934,
00:13:38le Führer le fait exécuter
00:13:39pour des raisons politiques,
00:13:40mais les nazis utilisent
00:13:42son orientation sexuelle
00:13:43pour justifier l'assassinat.
00:13:45Et la répression va s'intensifier.
00:13:48La Gestapo centralise
00:13:49des listes roses,
00:13:51les barguets sont fermés,
00:13:52et l'institut de sexologie
00:13:54du docteur Magnus Hirschfeld
00:13:56est incendié.
00:13:57Pour ce médecin juif
00:13:59et homosexuel,
00:14:00l'homosexualité
00:14:01n'était ni une perversion
00:14:02ni une pathologie,
00:14:04mais le fruit
00:14:05d'une androgynie intérieure
00:14:06aussi naturelle
00:14:08qu'inoffensive.
00:14:08Il était question
00:14:12presque d'une femme
00:14:13dans un corps d'homme.
00:14:15Et cela,
00:14:15ça a été insupportable
00:14:17pour les nazis
00:14:18qui ont vu là
00:14:19justement le vrai danger
00:14:21par rapport à la société,
00:14:22c'est-à-dire
00:14:22des hommes-femmes
00:14:24incapables
00:14:24de représenter
00:14:26cet idéal
00:14:27de force,
00:14:28de combat
00:14:29et de virilité
00:14:30que voulaient représenter
00:14:31les nazis.
00:14:33Le paragraphe 175
00:14:35du code pénal,
00:14:36presque oublié
00:14:37sous Weimar,
00:14:38devient plus répressif.
00:14:40Il criminalise
00:14:41les actes
00:14:42dits contre-nature.
00:14:44Les rafles
00:14:44et les dénonciations
00:14:46se multiplient.
00:14:47Cent mille hommes
00:14:48sont arrêtés.
00:14:49Plusieurs milliers
00:14:50d'entre eux
00:14:50sont envoyés
00:14:51en camp de concentration
00:14:52marqués
00:14:53d'un triangle rose.
00:14:55Ils sont battus,
00:14:57humiliés.
00:14:58Certains seront castrés,
00:15:00d'autres,
00:15:01euthanasiés.
00:15:03Ils rejoignent
00:15:04la longue liste
00:15:05des victimes
00:15:05du régime nazi
00:15:06parmi lesquels
00:15:076 millions de juifs.
00:15:10A la fin de la guerre,
00:15:11les survivants
00:15:12de la déportation
00:15:13homosexuelle
00:15:13se tèrent dans le silence,
00:15:16la honte
00:15:16et l'oubli.
00:15:17Il faudra attendre
00:15:28les années 60
00:15:29pour une riposte
00:15:30à l'hégémonie virile.
00:15:32Portée par des jeunes
00:15:34aux cheveux longs,
00:15:35qui décident
00:15:35que l'amour
00:15:36c'est quand même
00:15:37mieux que la guerre.
00:15:38Les hippies
00:15:39rejettent
00:15:40l'ordre établi,
00:15:41le capitalisme,
00:15:42le patriarcat.
00:15:43Ils expérimentent
00:15:44des corps délestés
00:15:45du diktat viril,
00:15:47voire hétérosexuel.
00:15:49C'est l'ère
00:15:49des luttes LGBT
00:15:50qui aboutiront
00:15:51en France
00:15:52à la dépénalisation
00:15:53de l'homosexualité
00:15:54en 1982.
00:15:57Mais le temps
00:15:57de la rue
00:15:58n'est pas celui
00:15:59d'Homo virilus
00:16:00qui se réfugie
00:16:01dans son foyer,
00:16:02là où les rôles
00:16:03restent bien genrés.
00:16:04Moulinex libère la femme.
00:16:23Le slogan affirme
00:16:24que Moulinex
00:16:25a libéré la femme,
00:16:26alors Homo virilus
00:16:27ne comprend vraiment pas.
00:16:29Que peuvent-elles
00:16:29bien demander de plus ?
00:16:31La liberté
00:16:35est de disposer
00:16:35de son corps,
00:16:36c'est quelque chose
00:16:37d'important
00:16:37parce que sinon,
00:16:39à qui appartient
00:16:39votre corps
00:16:40quand vous êtes une femme ?
00:16:41Un homme est libre,
00:16:42mais la femme
00:16:43à qui appartient son corps ?
00:16:44À son mari ?
00:16:46À l'armée ?
00:16:47Aux prêtres ?
00:16:48Aux médecins ?
00:16:49Qui décide pour elle ?
00:16:50Elle n'est pas
00:16:51un individu autonome.
00:16:53Et les victoires
00:16:54féministes s'enchaînent.
00:16:55Droits de gérer
00:16:56ses biens propres,
00:16:58de travailler
00:16:58sans le consentement
00:16:59du mari,
00:17:00droits à la contraception,
00:17:02droits au divorce
00:17:03par consentement mutuel
00:17:04et surtout,
00:17:06loi Veil
00:17:06autorisant l'IVG,
00:17:08l'interruption volontaire
00:17:09de grossesse.
00:17:11Là,
00:17:12il y a vraiment
00:17:13quelque chose
00:17:13de très nouveau,
00:17:14c'est que la contraception
00:17:16devient féminine,
00:17:18donc à l'initiative
00:17:20des femmes
00:17:20et avec des moyens
00:17:21contraceptifs féminins
00:17:23et l'avortement
00:17:25va être autorisé
00:17:26et donc il y a
00:17:27une dissociation
00:17:28entre la sexualité
00:17:29et la reproduction
00:17:30qui se fait.
00:17:34Révolution dans la famille
00:17:35également,
00:17:36adieu le pater familias
00:17:38tout-puissant,
00:17:39voici l'ère
00:17:39de l'autorité
00:17:40parentale
00:17:41conjointe,
00:17:42les féministes
00:17:42sont immédiatement
00:17:43accusés
00:17:44d'avoir tué le père.
00:17:45« Ce que les virilistes
00:17:50ou les nostalgiques
00:17:51disons de cette domination
00:17:53masculine ressentent,
00:17:55c'est que les choses
00:17:55se sont inversées
00:17:56en fait.
00:17:57On le voit beaucoup
00:17:58dans les situations
00:17:58de séparation
00:17:59et de séparation
00:18:00conflictuelle
00:18:01autour des gardes,
00:18:02autour des pensions
00:18:03alimentaires,
00:18:04etc.
00:18:05à quel point
00:18:06ils ressentent
00:18:07le fait
00:18:08que leurs femmes
00:18:09la première
00:18:10et les femmes
00:18:11en général
00:18:11ont pris le pouvoir
00:18:12et qu'ils sont
00:18:13en position
00:18:14encore une fois
00:18:16d'humiliation
00:18:17et de passivité
00:18:18par rapport
00:18:19à elles.
00:18:21L'égalité
00:18:22entre les sexes
00:18:23est encore très loin
00:18:24mais Homo virilus
00:18:25a cédé du terrain.
00:18:27Trop,
00:18:27selon lui.
00:18:29Alors sur fond
00:18:29de crise économique,
00:18:30il lance
00:18:31la guerre culturelle.
00:18:32La jeunesse
00:18:34revendique
00:18:35des valeurs
00:18:35traditionnelles
00:18:37et vote massivement
00:18:38pour ce slogan.
00:18:44Avec sa révolution
00:18:49conservatrice,
00:18:50Ronald Reagan
00:18:51veut remasculiniser
00:18:52l'Amérique.
00:18:54Et sur les écrans
00:18:55du monde entier,
00:18:56Homo virilus
00:18:57prend les traits
00:18:57de Sylvester Stallone
00:18:59dans Rocky
00:18:59ou d'Arnold Schwarzenegger
00:19:01dans Conan le barbare.
00:19:03La puissance masculine
00:19:04s'exhibe
00:19:05via les muscles
00:19:06mais elle ne tiendrait
00:19:07qu'à un fil.
00:19:21Un simple petit organe
00:19:24repéré sur une image
00:19:25un peu floue
00:19:26qui justifierait
00:19:28une éducation
00:19:28toute bleue
00:19:29et le droit
00:19:30de dominer.
00:19:31Tout ça
00:19:32serait naturel,
00:19:34ce serait le phallus
00:19:35qui ferait
00:19:35l'homo virilus
00:19:36pour le meilleur
00:19:38comme pour le pire.
00:19:41La puissance virile
00:19:42c'est le phallus.
00:19:44Le phallus
00:19:44doit être érigé
00:19:45pour représenter
00:19:47cette puissance masculine.
00:19:50Ça reste
00:19:50chez les hommes
00:19:52quelque chose
00:19:53qui peut devenir
00:19:54un obsédant.
00:19:55le fait que
00:19:56d'être dévérilisé
00:19:57si cette puissance phallique
00:20:00ne s'exerce pas.
00:20:03Au lit,
00:20:04homo virilus
00:20:05est un étalon
00:20:06aux membres actifs
00:20:07face à des femmes
00:20:08objets passives
00:20:09quand elle ne lui
00:20:12court pas après
00:20:13comme dans cette
00:20:14célèbre publicité
00:20:15des années 2000.
00:20:18Pour prouver
00:20:19sa force sexuelle,
00:20:21homo virilus
00:20:21a une obsession.
00:20:23Le chiffre.
00:20:26Taille du pénis,
00:20:27nombre de conquêtes,
00:20:29durée du rapport,
00:20:30tout se quantifie
00:20:31et attention
00:20:33à celui
00:20:34qui n'aurait pas
00:20:34le plus gros
00:20:35nombre.
00:20:38Pareil,
00:20:39les traumas
00:20:39de vestiaire.
00:20:41J'avais 13 ans,
00:20:42on est en Suisse,
00:20:42on part en voyage
00:20:43scolaire,
00:20:44etc.
00:20:45J'avais un copain
00:20:46qui avait fait
00:20:46sa puberté
00:20:48avant tout le monde
00:20:48et qui avait
00:20:49une grosse bite
00:20:51comme on dit.
00:20:52On s'était douchés
00:20:53ensemble,
00:20:53tous ensemble
00:20:53et ils s'étaient moqués
00:20:54de moi.
00:20:55C'était la honte.
00:20:56C'est juste
00:20:58des petites phrases.
00:20:59Des petites phrases
00:20:59qui valent
00:21:00des coups de battre
00:21:00dans la tronche.
00:21:01C'est vraiment
00:21:02ce truc
00:21:02d'être moqué.
00:21:05Ce n'est même
00:21:05pas ma sexualité
00:21:06à l'époque,
00:21:06c'est juste mon pénis
00:21:07et j'ai 13 ans
00:21:08et je n'ai pas encore
00:21:08fait ma puberté
00:21:09et ça m'a marqué.
00:21:11Il y en a eu
00:21:11plusieurs des scènes
00:21:12comme ça.
00:21:13Je sais que ce n'est
00:21:13pas que moi.
00:21:14C'est tellement commun
00:21:15et courant
00:21:16puisqu'en fait,
00:21:16cette culture
00:21:17est dans tous les vestiaires.
00:21:18Je ne veux pas
00:21:19faire de généralité
00:21:20« not all vestiaires »
00:21:21mais en tout cas,
00:21:22j'imagine que c'est
00:21:23quand même
00:21:23une grande majorité
00:21:23de vestiaires.
00:21:25Moi, ça me mettait
00:21:25dans une pression
00:21:26de savoir
00:21:26« est-ce que ça suffit
00:21:28ou pas ? »
00:21:29Parce que là,
00:21:30pour le coup,
00:21:30c'est un truc
00:21:30où autant tu peux
00:21:32te muscler,
00:21:33autant tu peux
00:21:33perdre du poids,
00:21:34autant tu veux là.
00:21:35Là, tu es foutu.
00:21:37Tu fais avec ce que tu as.
00:21:38Et du coup,
00:21:40je me rappelle
00:21:41et j'ai trouvé
00:21:42ça hyper toxique.
00:21:44C'est quand tu as
00:21:45quelqu'un avec qui t'es
00:21:46et que tu te poses
00:21:48la question
00:21:49« est-ce que ta taille
00:21:51est satisfaite
00:21:51ou pas ? »
00:21:52Le pénis,
00:21:53chez l'homme,
00:21:53ou en tout cas,
00:21:54dans une forme de masculinité,
00:21:56est extrêmement important
00:21:57parce que c'est
00:21:57un prolongement de nous.
00:21:58C'est un prolongement
00:21:59de notre force.
00:22:00On pourrait dire
00:22:00que c'est une épée
00:22:01ou c'est un sceptre,
00:22:02mais c'est une extension
00:22:03de notre pouvoir.
00:22:04On se sent masculin
00:22:05à travers son pénis,
00:22:06comme on se sent masculin
00:22:08à travers une érection.
00:22:09En fait,
00:22:10un homme,
00:22:10quand il a une érection,
00:22:11ce n'est pas forcément
00:22:12pour derrière
00:22:14avoir une activité sexuelle.
00:22:15L'érection du matin,
00:22:16elle fait plaisir
00:22:17et à côté de ça,
00:22:18on ne va pas se masturber.
00:22:19L'érection du matin,
00:22:20elle fait plaisir
00:22:21parce qu'il se sent homme.
00:22:26Mais si le pénis tout-puissant
00:22:28peut rassurer
00:22:28sur sa masculinité,
00:22:30il peut aussi l'inquiéter,
00:22:32voire terrifier.
00:22:37J'étais éjaculateur précoce
00:22:43pendant très longtemps.
00:22:44J'étais une grande souffrance.
00:22:45Ça a été vraiment,
00:22:46tu vois,
00:22:47comme un pieu dans le cœur
00:22:48et dans le sexe
00:22:48en même temps.
00:22:49Et profond,
00:22:50genre,
00:22:51mais tu ne peux pas le dire.
00:22:52Et donc,
00:22:52c'est vraiment
00:22:53dans l'échelle
00:22:53de la performance du truc,
00:22:55j'étais tout en bas.
00:22:56Et en même temps,
00:22:57il y avait plein d'endroits
00:22:57où ça allait.
00:22:58Et quand je me retrouvais
00:22:59avec des nanas au lit,
00:23:00cette représentation
00:23:02de la sexualité,
00:23:02de ce que ça doit être,
00:23:03de comment ça pourrait être,
00:23:05c'était l'inverse.
00:23:06J'étais pas rococifredi.
00:23:07Et c'était une grande souffrance
00:23:09de me dire,
00:23:10putain,
00:23:10je fais chier,
00:23:11quoi.
00:23:12Ça doit être merveilleux,
00:23:13ça doit être magnifique.
00:23:14Et je ne le vis pas.
00:23:15Et non seulement
00:23:16je ne le vis pas moi
00:23:17et ça me fait chier
00:23:18parce que j'ai envie
00:23:19de vibrer,
00:23:20d'avoir des orgasmes
00:23:21et de faire l'amour.
00:23:23Et j'ai envie
00:23:24que madame
00:23:24le vive aussi,
00:23:26le reçoive,
00:23:27qu'on le partage.
00:23:28Mais pour Homo virilus,
00:23:32le sexe,
00:23:33c'est précisément
00:23:34l'absence de partage.
00:23:36Plus que du désir,
00:23:37il parle de besoin,
00:23:39à assouvir par tous les moyens,
00:23:42y compris par la force
00:23:43et la ruse.
00:23:45En toute impunité,
00:23:47comme si sa virilité
00:23:48justifiait tout,
00:23:49même les violences sexuelles.
00:23:51T'as vu comment t'étais habillée ?
00:23:53Ah oui,
00:23:53t'avais une jupe.
00:23:54Pourquoi t'étais dehors si tard ?
00:23:56Tu l'as chauffée.
00:23:57Mais est-ce que t'as dit non ?
00:23:58Oui, bah tu lui as souri
00:23:59en même temps.
00:24:00Oh, en général,
00:24:01tu dis pas non.
00:24:02Les antiféministes
00:24:03et les masculinistes
00:24:04répondront que le viol,
00:24:06c'est viril,
00:24:06qu'il y a un droit au viol.
00:24:09Et au fond,
00:24:09ça ne serait pas un problème
00:24:10pour les femmes
00:24:11puisque par nature,
00:24:13les femmes seraient aussi
00:24:14biologiquement programmées
00:24:15pour être violées,
00:24:17pour être des êtres passifs
00:24:19dont le consentement
00:24:20n'a aucune valeur
00:24:21et dont le non
00:24:23voudrait dire,
00:24:25en fait,
00:24:25oui.
00:24:26et puis une femme
00:24:28va s'ériger
00:24:29contre Mauvirellus,
00:24:31l'avocate Gisèle Halimi.
00:24:34Bobigny,
00:24:35ex en Provence,
00:24:36c'est l'ère
00:24:37des grands procès
00:24:37pour mettre un mot
00:24:39sur le mal,
00:24:40le viol.
00:24:41Le viol, c'est tout simple,
00:24:46on n'en parle pas.
00:24:47Avant les années 70
00:24:48et avant la mobilisation
00:24:49des femmes,
00:24:49silence radio,
00:24:50on n'en parle pas.
00:24:51Il y a 500 plaintes par an
00:24:53en 1965.
00:24:54Et quand il y a
00:24:56une condamnation,
00:24:57eh bien ce sont
00:24:57des peines très légères,
00:24:58une petite amende,
00:25:00une petite peine de sursis.
00:25:02En gros,
00:25:03voler un vélo,
00:25:04voler une pomme,
00:25:05violer une femme,
00:25:06ça relève un peu
00:25:07du même type de condamnation
00:25:08et du même type
00:25:09de pénalité.
00:25:12Grâce aux efforts
00:25:13de Gisèle Halimi,
00:25:14la loi va changer.
00:25:16Le viol devient un crime,
00:25:18puni de 5 à 10 ans
00:25:19de prison,
00:25:2020 si la victime
00:25:21a moins de 15 ans.
00:25:24Mais il y a peu
00:25:24de signalements,
00:25:26encore moins de condamnations.
00:25:29Encore aujourd'hui,
00:25:30en France,
00:25:31seules 6% des femmes
00:25:32victimes de violences sexuelles
00:25:34portent plainte.
00:25:34Le taux de non-poursuite
00:25:36est de 92%.
00:25:38Pourtant,
00:25:43MeToo est passé par là.
00:25:45Quand Harvey Weinstein,
00:25:46le célèbre producteur américain,
00:25:48est accusé d'harcèlement
00:25:50et agression sexuelle
00:25:51par une douzaine de femmes,
00:25:52la parole se libère
00:25:54sur les violences sexistes
00:25:55et sexuelles.
00:25:56Tous les milieux
00:25:57sont concernés,
00:25:58toutes les femmes.
00:26:00Une seconde révolution
00:26:01sexuelle s'enclenche,
00:26:03celle du consentement.
00:26:04Je me rappelle,
00:26:08après MeToo,
00:26:09ça a fait quand même
00:26:10réfléchir à les mecs.
00:26:11J'étais à un anniversaire
00:26:12et il y a deux amis,
00:26:15deux mecs,
00:26:16ils ont besoin
00:26:16de se confier
00:26:17et ils me disent
00:26:19« Moi, un jour,
00:26:22j'ai forcé un rapport.
00:26:24Ça pourrait s'apparenter
00:26:25à un viol.
00:26:26J'avais 18 ans.
00:26:27Et un autre ami dit
00:26:28« Il y a 15 ans de ça,
00:26:31j'ai frappé ma copine. »
00:26:32Les mois passent,
00:26:34un autre groupe d'amis
00:26:35me disent
00:26:37« On a réfléchi
00:26:39et on se dit
00:26:41qu'on a tous violé
00:26:42un jour une fille
00:26:43dans notre vie. »
00:26:45Ces trois amis
00:26:46qui, à un moment,
00:26:47ont eu besoin
00:26:47de parler entre eux,
00:26:48de faire un travail
00:26:49entre eux,
00:26:49grâce à MeToo,
00:26:51ils se sont dit
00:26:52« On a tous violé
00:26:52un jour une fille
00:26:53dans notre vie. »
00:26:53« On a tous un jour
00:26:54forcé un rapport. »
00:26:56Moi, je vais te dire
00:26:57oui, all men,
00:26:58bien sûr,
00:26:59parce que c'est la réalité.
00:27:01On ne parle pas de moi,
00:27:03on ne parle pas de toi
00:27:04derrière ton écran
00:27:05qui n'a jamais
00:27:06agressé une femme,
00:27:06on parle de tous les hommes.
00:27:08Si tu es vraiment
00:27:09un allié de cette cause-là,
00:27:10tu ne dois pas
00:27:11te sentir
00:27:12pointé du doigt.
00:27:15Donc, moi,
00:27:16je n'ai aucun problème
00:27:16avec ça.
00:27:17MeToo,
00:27:18ça a aussi changé,
00:27:19ça a mis la lumière
00:27:21à fond
00:27:22et le super projecteur
00:27:23sur tout le consentement.
00:27:25Et donc,
00:27:25ce truc de
00:27:26« Ok,
00:27:26je peux mettre ma main
00:27:27sur ton épaule,
00:27:28je peux mettre ma main
00:27:28sur ta hanche,
00:27:29je peux mettre ma main
00:27:29sur ton cul,
00:27:30je peux t'embrasser. »
00:27:31Donc, à quel endroit
00:27:32je suis dans une fluidité
00:27:33de « On sent bien
00:27:34qu'on a envie de se pécho
00:27:35et à quel endroit
00:27:37il y a des portes
00:27:38et des étapes
00:27:39et des notions de consentement
00:27:40qui sont hyper importantes. »
00:27:41Donc, moi,
00:27:42je suis presque le relou
00:27:43dans l'autre sens
00:27:43de « Est-ce que je peux
00:27:45mettre ma main là ?
00:27:46Est-ce que c'est OK ?
00:27:46Si ? »
00:27:47Et je crois que je préfère
00:27:48être de ce côté-là
00:27:49et de l'autre côté.
00:27:51Sept ans après MeToo,
00:27:53c'est l'affaire Mazan
00:27:54qui choque le monde entier.
00:27:56Gisèle Pellicot
00:27:57a été placée
00:27:57sous soumission chimique
00:27:58par son mari
00:27:59qui a ensuite recruté
00:28:00des hommes pour la violer.
00:28:05En refusant le huis clos,
00:28:06la septuagénaire
00:28:07passe de victime
00:28:08à héroïne.
00:28:10Les 51 accusés
00:28:11ont entre 27 et 74 ans.
00:28:14Ils affirment
00:28:14qu'ils ne sont pas
00:28:15des violeurs.
00:28:17Justifient leur acte
00:28:17par un viol accidentel,
00:28:19par politesse,
00:28:20voire altruiste.
00:28:22Le moment est appelé
00:28:23au choix,
00:28:24procès de la culture
00:28:25du viol,
00:28:26du patriarcat,
00:28:27de la masculinité
00:28:28ou plus généralement
00:28:29des hommes.
00:28:33Ce que montre
00:28:34quand même Mazan,
00:28:37c'est que ce sont
00:28:38des hommes
00:28:39relativement ordinaires,
00:28:42très nombreux.
00:28:43Il y a un effet
00:28:44de groupe
00:28:45et que les violeurs
00:28:47appartiennent
00:28:47à toutes les catégories
00:28:48de la société.
00:28:49Il n'y a pas
00:28:50un profil
00:28:50socioprofessionnel
00:28:53du violeur.
00:28:56Ça remet en cause
00:28:57les idées reçues.
00:28:59C'était tellement
00:29:00plus commode
00:29:01d'imaginer
00:29:01que le violeur
00:29:02était un étranger
00:29:03à la communauté,
00:29:05qu'il avait
00:29:05certaines caractéristiques
00:29:06sociales,
00:29:07que c'était un marginal.
00:29:09Non,
00:29:09le viol,
00:29:10il se fait
00:29:11d'abord
00:29:12et avant tout
00:29:13dans les familles.
00:29:13Un homme va
00:29:26à l'assaut
00:29:27d'une femme
00:29:27qui finit
00:29:28par se soumettre.
00:29:29C'est ça
00:29:30la représentation
00:29:30classique
00:29:31qui est en train
00:29:33de se modifier
00:29:33aujourd'hui.
00:29:34Donc effectivement,
00:29:35dans cette vision
00:29:36des choses,
00:29:37tous les hommes
00:29:37sont des violeurs
00:29:39mais tous les hommes
00:29:39ne sont pas
00:29:40des violeurs.
00:29:41Je crois profondément
00:29:42que la plupart
00:29:43des hommes
00:29:44aujourd'hui
00:29:44rêvent
00:29:45d'autre chose
00:29:46que du viol.
00:29:48Le procès
00:29:48se termine
00:29:49par une condamnation
00:29:50de tous les accusés
00:29:51et quelques résistances.
00:29:58L'idée,
00:30:03c'est toujours
00:30:03que c'est la faute
00:30:04des femmes.
00:30:05Plus précisément,
00:30:07c'est la faute
00:30:07des féministes.
00:30:09Les féministes
00:30:10sont censées
00:30:10être puritaines,
00:30:11elles sont censées
00:30:12être hystériques,
00:30:13elles sont censées
00:30:14pour utiliser
00:30:15une expression grossière
00:30:16mais que beaucoup
00:30:16de gens ont en tête,
00:30:18mal baisées.
00:30:19Je crois que
00:30:19toutes ces formules,
00:30:20ce qu'elles disent,
00:30:22c'est le problème,
00:30:23ce n'est pas les hommes.
00:30:26Et pourtant,
00:30:27ils sont nombreux
00:30:28à se remettre
00:30:28en question.
00:30:30À l'image de Corentin,
00:30:32un jeune trentenaire
00:30:33originaire du Tarn-et-Garonne.
00:30:35Il vit désormais
00:30:36à Paris avec Thérésa,
00:30:37une Allemande
00:30:38qu'il a rencontrée
00:30:39pendant ses études.
00:30:39Corentin essaye
00:30:42d'être tout
00:30:42sauf homo virilus.
00:30:46Moi,
00:30:47on essaie
00:30:47de se poser
00:30:48les bonnes questions
00:30:49sur les modèles
00:30:49qu'on a pu intégrer
00:30:51inconsciemment
00:30:52depuis notre
00:30:53tendre enfance
00:30:54sur la vision sexiste
00:30:56qu'on peut avoir du monde.
00:30:58Corentin prend
00:30:59très au sérieux
00:31:00le partage
00:31:01des tâches ménagères,
00:31:02la division équitable
00:31:03de la charge mentale.
00:31:05D'autant plus essentielle
00:31:06que dans quelques jours,
00:31:07le couple va accueillir
00:31:08son premier enfant,
00:31:10un garçon.
00:31:11Les petites chaussures,
00:31:12les petites chaussettes,
00:31:13les petites moufles,
00:31:14les petits pyjamas,
00:31:15non,
00:31:16c'est très très cute.
00:31:16J'avoue qu'il me tarde
00:31:17de voir à quoi ça va ressembler
00:31:18une fois qu'on va le mettre dessus.
00:31:20Oui,
00:31:20mais je pense après
00:31:22c'est plutôt la question
00:31:23est-ce que c'est
00:31:25pratique ?
00:31:27Si Teresa vit sa grossesse
00:31:29avec optimisme,
00:31:31Corentin était comme
00:31:32beaucoup de futurs pères
00:31:33inquiet de ne pas savoir
00:31:34s'y prendre,
00:31:35voire de casser bébé.
00:31:37Il a donc décidé
00:31:38de s'inscrire
00:31:39à un atelier
00:31:39de préparation
00:31:41à la paternité.
00:31:41On ne sait pas faire
00:32:00grand-chose
00:32:00et en plus de ça,
00:32:01après,
00:32:01on n'a pas l'arrêt maladie,
00:32:04l'arrêt congé paternité
00:32:05qui dure si longtemps.
00:32:06C'est peut-être une manière
00:32:07de se réapproprier
00:32:08un petit peu cette relation
00:32:09et d'être prêt
00:32:10le jour J.
00:32:11C'est parti
00:32:15pour un atelier intensif
00:32:17mené par Gilles,
00:32:18spécialiste
00:32:19de la petite enfance.
00:32:21Bonjour à tous,
00:32:23soyez les bienvenus
00:32:23pour ce rendez-vous
00:32:24formation papa.
00:32:26Vous êtes à l'honneur
00:32:26aujourd'hui.
00:32:28Donc on va identifier
00:32:29les pouvoirs
00:32:29soupçonnés
00:32:30du rôle de père
00:32:30et vous allez voir
00:32:31que finalement,
00:32:32vous êtes autant
00:32:34indispensable
00:32:35qu'invisible.
00:32:38Aux côtés de Corentin,
00:32:40une douzaine
00:32:41de motiver,
00:32:42parfois,
00:32:43malgré eux.
00:32:44C'est ma sœur
00:32:44qui m'a offert
00:32:45à Noël
00:32:45la formation,
00:32:45donc qui a deux enfants
00:32:46déjà,
00:32:47et qui je pense
00:32:48a senti le besoin
00:32:49par rapport à...
00:32:50C'est vrai que moi,
00:32:53simplement,
00:32:53je ne le faisais pas
00:32:54parce que je n'y pensais pas.
00:32:55Oui, on ne se rend pas compte.
00:32:57Voilà,
00:32:57et le fait qu'elle y pense
00:32:58pour moi,
00:32:58je reconnais que ça
00:32:59m'a pas mal aidé.
00:33:00Il n'y a pas plus inconscient
00:33:00qu'un homme
00:33:01qui va devenir père.
00:33:04Ça fait mal.
00:33:05On va commencer
00:33:05par du concret.
00:33:07On va faire
00:33:07tous les gestes du quotidien
00:33:08sur la période
00:33:09naissance 6 mois.
00:33:10Je mets la main
00:33:11sur la nuque,
00:33:11je mets la main
00:33:12sous les fesses.
00:33:13OK ?
00:33:13C'est vous qui allez au contact.
00:33:14T'es prêt pour 1, 2, 3 fusées ?
00:33:16Rappelez-vous,
00:33:16hop, 1, 2, 3 fusées,
00:33:17je le relève.
00:33:18Quand je suis là,
00:33:18je vais connecter
00:33:19mon coude avec sa nuque,
00:33:20ma main avec sa main,
00:33:22et avec cette main,
00:33:22je vais faire ça.
00:33:23Hop,
00:33:23et je le redescends.
00:33:25Allons.
00:33:26Essayez.
00:33:27Comment tu tires ?
00:33:28Comment tu tires ?
00:33:30Et le bras,
00:33:32il est en dessous ?
00:33:33Le bras est en dessous, non ?
00:33:37C'est bon,
00:33:37il va falloir une répétition.
00:33:38Les gestes sont très techniques,
00:33:40il faut préciser.
00:33:43Historiquement,
00:33:43on part en dessous
00:33:45du niveau zéro.
00:33:46Les hommes étaient cantonnés
00:33:48de manière binaire
00:33:49à l'autorité et à la finance.
00:33:51Il y a des papas qui annoncent
00:33:52il y a un stage papa,
00:33:53je vais y aller,
00:33:53je vais voir.
00:33:54Systématiquement,
00:33:55il y a quand même des railleries.
00:33:56Des copains qui disent
00:33:57mais qu'est-ce que tu fais ?
00:33:58Ça ne sert à rien,
00:33:58on a toujours fait 100.
00:34:00Parce qu'on se dit
00:34:00que ce n'est pas un truc de mec
00:34:01et que ça reste encore
00:34:03très féminin
00:34:04et voire même
00:34:04ça va me féminiser,
00:34:06montrer de moi
00:34:06une part un peu,
00:34:07une faille
00:34:08ou comme si j'étais
00:34:09un peu faible.
00:34:10La paternité est un tsunami
00:34:12qui va mettre chacun
00:34:13de ces hommes
00:34:14face à ses propres traumas.
00:34:17Certains,
00:34:17légués par un père
00:34:18qui aura été tout
00:34:20sauf un héros.
00:34:21Si toi-même,
00:34:22tu as vécu
00:34:23des violences éducatives ordinaires,
00:34:25dans le stress,
00:34:26tu vas reproduire,
00:34:27malgré toi,
00:34:28malgré tout ce que tu t'es promis,
00:34:29malgré ta volonté,
00:34:30malgré tout cela,
00:34:31tu vas reproduire
00:34:32une violence éducative.
00:34:35C'est ça qu'il fallait interroger
00:34:36en premier lieu.
00:34:36Déjà,
00:34:39merci beaucoup
00:34:39pour la formation
00:34:40et aussi de participer
00:34:41avec tous les papas
00:34:42parce que c'est un peu chouette,
00:34:42je pense que c'est un sentiment
00:34:44qui fait le plaisir aussi
00:34:46de voir qu'on est tous
00:34:47dans le même bateau
00:34:48et de ne pas forcément
00:34:49être prêts
00:34:50dès le premier jour.
00:34:51Tu sais,
00:34:51les papas qui arrivent
00:34:52à la maternité,
00:34:53ils sont toujours félicités
00:34:54par les sages-femmes
00:34:55qu'ils trouvent
00:34:55et qu'ils sont formidables
00:34:56parce qu'ils sont
00:34:57dans une implication
00:34:58et dans une dextérité
00:35:00dans le mouvement
00:35:00avec l'enfant,
00:35:01qu'ils n'ont pas peur
00:35:02des gestes du quotidien,
00:35:03que tu vas pouvoir
00:35:04en mettre plein la...
00:35:06Non,
00:35:07il faut profiter
00:35:07parce qu'on est encore
00:35:07dans un moment
00:35:09où il fait un truc,
00:35:10c'est extraordinaire.
00:35:12Elle se lève dix fois,
00:35:13c'est normal.
00:35:14Il fait un truc,
00:35:15c'est...
00:35:15Il faut en profiter.
00:35:17Ça ne va pas durer.
00:35:18Les choses s'égalisent.
00:35:20Il faut en profiter.
00:35:24Ce serait donc ça
00:35:25des hommes déconstruits
00:35:26qui auraient fait exploser
00:35:27le plâtre d'Homo virilus
00:35:29dans lequel on les a enfermés
00:35:30depuis l'enfance.
00:35:33Le diktat viril
00:35:35serait-il tombé ?
00:35:39Adieu John Wayne.
00:35:41Adieu Sylvester Stallone.
00:35:45Vive Timothée Chalamet
00:35:46et sa beauté androgyne ?
00:35:49Ou Pedro Pascal
00:35:52et sa bienveillance sexy ?
00:35:55Après des millénaires,
00:35:57les sociologues déclarent...
00:35:59La virilité est associée,
00:36:02imbriquée à tort
00:36:03dans le masculin
00:36:04puisque tous les hommes
00:36:05ne sont pas virils.
00:36:06C'est aussi pour ça
00:36:06qu'on parle de masculinité
00:36:07au pluriel
00:36:08et qu'il existe
00:36:09de multiples façons
00:36:10d'être un homme.
00:36:12Pendant que certains hommes
00:36:13célèbrent une liberté
00:36:14enfin trouvée,
00:36:16d'autres paniquent.
00:36:17Homo virilus,
00:36:19le colosse au pied d'égo,
00:36:20c'était tout leur repère.
00:36:22Ils souffrent
00:36:22de ce sentiment
00:36:24de ne plus savoir
00:36:26où ils en sont,
00:36:27de ne plus savoir
00:36:27à quelle valeur
00:36:28se raccrocher,
00:36:29d'être en perte
00:36:30de vitesse partout,
00:36:31dans leur famille,
00:36:32dans leur couple,
00:36:33dans leur travail
00:36:34et qu'en plus,
00:36:36la société
00:36:37ne les défend plus.
00:36:39La société
00:36:39les accuse.
00:36:41C'est un peu compliqué
00:36:41de retrouver
00:36:43une estime de soi,
00:36:45de trouver
00:36:46quelles sont les valeurs
00:36:47auxquelles on va
00:36:48se raccrocher aujourd'hui,
00:36:49quelles sont les compétences
00:36:50si toutes les compétences
00:36:52masculines,
00:36:53traditionnellement masculines
00:36:54sont remises en question.
00:36:55Non, je crois qu'il y a
00:36:56une crise
00:36:57de la masculinité,
00:36:59effectivement,
00:37:00et que cette crise,
00:37:00ça peut,
00:37:02ça génère de l'anxiété,
00:37:03l'angoisse,
00:37:03de la dépression.
00:37:04Mais cette crise
00:37:05est-elle nouvelle
00:37:06ou alors une situation
00:37:08structurelle
00:37:09en réaction
00:37:10à un siècle
00:37:10de transformation
00:37:11des rôles
00:37:12des femmes
00:37:12et des hommes ?
00:37:14Des nouveautés
00:37:14à intégrer,
00:37:15des comportements
00:37:16à changer,
00:37:17sauf que dans la tête
00:37:18d'un homme,
00:37:18on entend ça.
00:37:19Pleure pas.
00:37:20T'as pas de couilles.
00:37:21Fais pas sa gonzesse.
00:37:22Fais pas ton idée.
00:37:23T'as peur ou quoi ?
00:37:24Serre les dents.
00:37:25Fais-toi respecter.
00:37:26T'as peur ou quoi ?
00:37:27Pleure pas.
00:37:30Résultat,
00:37:32un homme,
00:37:33ça sautait.
00:37:33Je pense que quand
00:37:48t'arrives à l'adolescence
00:37:49c'est que les émotions
00:37:49vraiment là où tu commences
00:37:51à aller avec la puberté
00:37:54et tout ça,
00:37:54où tu commences à ressentir
00:37:55des choses
00:37:56beaucoup plus fortes,
00:37:57je pense que
00:37:57je pense que
00:37:58je pense que
00:37:58les petits garçons
00:38:01on leur a toujours dit
00:38:04presque c'est pas bien
00:38:07d'avoir des émotions.
00:38:08Les émotions c'est pour les filles.
00:38:11C'est juste
00:38:11je vais pas dire
00:38:12ce que je ressens
00:38:12et c'est juste ça.
00:38:14Ne pas dire
00:38:14ce que je ressens,
00:38:15ce qui est présent là
00:38:16pour moi
00:38:16à l'intérieur
00:38:17comme émotion,
00:38:18comme excitation,
00:38:19comme peur,
00:38:19comme honte,
00:38:20comme culpabilité.
00:38:21C'est juste ça
00:38:23déjà le masque.
00:38:24On n'a pas le droit.
00:38:26On n'a pas le droit
00:38:27de le dire.
00:38:28Parce que si je le dis
00:38:29je suis une lopette.
00:38:30Parce que si je le dis
00:38:31je suis une fillette.
00:38:32Parce que si je le dis
00:38:32bah pouf
00:38:33je perds encore
00:38:34cinq niveaux.
00:38:36Donc je te le dis
00:38:37aujourd'hui
00:38:38mais j'ai pas le droit
00:38:38de le dire.
00:38:39Il y a ce problème
00:38:40d'égo
00:38:40et lié à la frustration.
00:38:44On est dans une société
00:38:45où l'homme
00:38:45on lui a dit
00:38:45qu'il avait le droit
00:38:46à tout.
00:38:48Que même la femme
00:38:48lui appartenait.
00:38:50À partir du moment
00:38:51où il n'a pas
00:38:52ce qu'il souhaite
00:38:52ou si on le conteste
00:38:55si on le remet en cause
00:38:56selon la personne
00:38:58ça peut créer des problèmes.
00:38:59Chez certains mecs
00:39:00ils vont juste souffler
00:39:01ils vont juste être énervés
00:39:02d'autres vont exploser.
00:39:04Mais on grandit
00:39:06avec cette idée
00:39:07que le monde
00:39:08est à nous.
00:39:10Et que
00:39:11il faut écraser les autres.
00:39:16Écraser les autres
00:39:17notamment au travail.
00:39:21Homo virilus
00:39:23y balade
00:39:23le nouvel uniforme
00:39:24de la domination
00:39:25le costume
00:39:28trois pièces
00:39:28du patron
00:39:29du chef d'équipe
00:39:30du manager.
00:39:34Son prestige viril
00:39:35ne vient pas du muscle
00:39:36du sang
00:39:37pas même du savoir-faire.
00:39:41Les cadres
00:39:42sont encouragés
00:39:43à faire le sale boulot
00:39:44à malmener
00:39:45licencier
00:39:46voire
00:39:47tricher.
00:39:48Il s'agit de
00:39:52de former
00:39:53ses équipes
00:39:54comme des machines
00:39:54de guerre
00:39:55de niquer
00:39:55des concurrents.
00:39:56Souvent le monde
00:39:57du travail
00:39:58engendre
00:39:59de lui-même
00:39:59ses comportements
00:40:00et ne laisse pas
00:40:01d'autre choix
00:40:01aux hommes
00:40:02que d'adopter
00:40:03ce genre de comportement.
00:40:04Et il y a
00:40:04une forme
00:40:05de surenchère
00:40:06justement
00:40:06sur les démonstrations
00:40:08de virilité
00:40:09qu'on est capable
00:40:09de faire
00:40:09à la fois
00:40:11pour montrer
00:40:13ses performances
00:40:15personnelles
00:40:15mais aussi
00:40:16pour faire partie
00:40:17de cette bande
00:40:18de broligarches
00:40:19donc la contraction
00:40:20de bro,
00:40:20browsers
00:40:21et oligarchie.
00:40:23Mais même
00:40:23quand on est
00:40:24au sommet
00:40:24de la pyramide
00:40:25qu'on a tout
00:40:26maîtrisé
00:40:27de l'ordinateur
00:40:28à l'art subtil
00:40:29de la réunion
00:40:29tout peut s'écrouler
00:40:31du jour au lendemain.
00:40:34Pour Romovirellus
00:40:34perdre son travail
00:40:36c'est perdre
00:40:37sa valeur sociale.
00:40:39Certains parlent
00:40:40d'épidémies silencieuses.
00:40:42Le tabou
00:40:42de la santé mentale
00:40:43des hommes
00:40:44les amène
00:40:45plus facilement
00:40:46à des consommations
00:40:47excessives
00:40:47de drogue
00:40:48voire au suicide
00:40:49par détresse
00:40:50professionnelle.
00:40:52Des fois
00:40:53j'ai l'impression
00:40:53que ma vie
00:40:54est un échec.
00:40:56Ça me fait chier
00:40:57de dire ça.
00:40:58Je vois
00:40:59la somme
00:40:59de trucs
00:40:59que j'ai ratés.
00:41:01Je vois
00:41:01les expériences
00:41:03entrepreneuriales,
00:41:04j'ai fait de la politique,
00:41:04je n'ai pas été élu
00:41:06et des fois
00:41:07je regarde ma vie
00:41:08et je me dis
00:41:08putain
00:41:09j'en ai foiré
00:41:10des trucs.
00:41:10Et donc
00:41:11par rapport
00:41:11à des modèles
00:41:12de start-up
00:41:13par exemple
00:41:13ou de Mark Zuckerberg
00:41:15dans des archétypes
00:41:17masculins
00:41:17plus récents
00:41:18plus modernes
00:41:19je me dis
00:41:20je suis vraiment
00:41:20une merde.
00:41:21Si je prends
00:41:22la somme
00:41:22des trucs
00:41:22que j'ai ratés
00:41:23et que je fais
00:41:24un thèd
00:41:24ou une conférence
00:41:25je me dis
00:41:26loser.
00:41:30Nous ce qui nous intéresse
00:41:31le plus
00:41:32c'est le regard
00:41:32des hommes.
00:41:33Qu'est-ce que je vaux
00:41:34par rapport
00:41:35aux hommes
00:41:35autour de moi ?
00:41:36Qu'est-ce que je vaux
00:41:37par rapport
00:41:38à mes potes ?
00:41:39Ou je me suis tué
00:41:40dans le rang social
00:41:41de mes amis ?
00:41:42Je suis un tocard
00:41:43je suis bon
00:41:44je suis au top
00:41:45je suis mauvais.
00:41:47Donc en fait
00:41:48c'est le regard
00:41:49de nos amis
00:41:49et des hommes
00:41:50autour de nous
00:41:50qui est le plus important.
00:41:52Le regard des femmes
00:41:53on n'en a rien à faire.
00:41:56Et les inquiétudes
00:41:57des hommes
00:41:58notamment socio-économiques
00:42:00vont inspirer
00:42:01les adeptes
00:42:01de Mouvireillus.
00:42:02L'avenir de l'homme
00:42:03ce n'est ni la femme
00:42:04c'est la plante verte
00:42:05celui qui ne peut
00:42:06guère s'exprimer
00:42:07que dans le cadre
00:42:08des valeurs féminines
00:42:09le consensus
00:42:10la tolérance
00:42:11la paix.
00:42:14Dans le premier sexe
00:42:16le journaliste
00:42:16Eric Zemmour
00:42:17prédit l'effondrement
00:42:18de la civilisation
00:42:19la castration
00:42:20de l'homme blanc
00:42:21hétérosexuel
00:42:22sous les assauts
00:42:23des femmes
00:42:23des LGBTQIA+,
00:42:25ou encore des étrangers.
00:42:28Il y a un fantasme
00:42:29de la virilité
00:42:31des hommes
00:42:32les plus opprimés
00:42:33socialement
00:42:33des hommes racisés
00:42:35qui sont supposés
00:42:36d'être plus virils
00:42:38sexuellement plus virils
00:42:40plus attirants.
00:42:44Homo virilus
00:42:45s'alarme
00:42:45il a peur
00:42:47d'être grand remplacé
00:42:48alors il se lance
00:42:50dans des tendances
00:42:51scientifiquement absurdes
00:42:53voire dangereuses
00:42:53pour augmenter
00:42:55la qualité de son sperme
00:42:56ou son niveau
00:42:57de testostérone
00:42:58par exemple
00:42:59en avalant
00:43:00des oeufs crus
00:43:01ou en faisant
00:43:04du bronzage
00:43:05testiculaire.
00:43:09Et il se passionne
00:43:12pour des machos
00:43:13qui, c'est sûr,
00:43:14plaisent aux femmes
00:43:14à en croire
00:43:16l'hymne techno-russe
00:43:17«Tacaudes,
00:43:18comme Poutine »
00:43:18«Tacaudes,
00:43:19comme Poutine »
00:43:52Derrière la propagande, une théorie. L'ordre naturel, la civilisation avec l'homme blanc à son sommet serait en danger.
00:44:01Seul Homo virilus pourrait la sauver.
00:44:04Russie, Etats-Unis, Brésil, Argentine, partout, des hommes se font élire en criant à la crise de la virilité et au cancer de l'égalitarisme.
00:44:16Ils promettent un retour à l'âge d'or d'Homo virilus.
00:44:22From the very beginning of the world, Mr. Trump, I was not in a good position. You don't have the cards right now.
00:44:28With us, you start having cards. But right now, you don't play. You play cards.
00:44:32You're playing cards. You're gambling with the lives of millions of people.
00:44:36You're gambling with World War III. You're gambling with World War III.
00:44:42And what you're doing is very disrespectful to the country.
00:44:45Alors on ne sait pas exactement quand était cet âge d'or.
00:44:53Est-ce que c'était à l'époque préhistorique que peu d'entre nous ont connu personnellement ?
00:44:56Est-ce que c'était plus récemment, dans les années 60 ?
00:45:00On ne sait pas trop.
00:45:01C'est le fondement de toutes les politiques réactionnaires.
00:45:04Il faudrait remonter le temps pour renouer avec une masculinité supposément éternelle.
00:45:11À chaque fois qu'on a gagné des avancées, il y a toujours eu un retour de bâton, ce qu'on appelle le backlash.
00:45:16Et aujourd'hui, on est dedans.
00:45:18Rien que les violences domestiques ou les violences envers les femmes montrent qu'on est loin de l'égalité entre les hommes et les femmes.
00:45:24Homo virilus joue au bad boy indomptable, qui ne connaît ni peur, ni limite, pour brûler sa vie, et celle des autres aussi.
00:45:35Les hommes commettent 91% des tentatives d'homicide, 99% des incendies volontaires, 84% des accidents de la route mortelle.
00:45:46Selon l'historienne de l'économie Lucille Pétavin, la fable de la virilité obligatoire a déjà un coût pour toute la société.
00:45:54Près de 100 milliards d'euros par an en France.
00:45:57Pourtant, les adeptes d'homo virilus sont de plus en plus nombreux, ce sont les masculinistes.
00:46:03Il faut surveiller vos gonzesses les gars, c'est important, il faut les peser tout le temps.
00:46:06D'ailleurs on va lui faire faire ça peser tout à l'heure.
00:46:08Let's go.
00:46:12Comme d'habitude les femmes.
00:46:14Hé, moi si j'avais violé une meuf, sachez même que je m'en voudrais même pas, ok ? Je m'en voudrais même pas.
00:46:19Bienvenue dans la manosphère, l'entre-globalisé d'un homo virilus qui s'assume.
00:46:26Aujourd'hui, un garçon de 16 ans qui crée un compte sur TikTok, il sera happé en moins de 10 minutes.
00:46:32Les hommes ressemblent de plus en plus à des femmes et c'est un fait.
00:46:34Les hommes tendent à être beaucoup plus émotionnels, beaucoup plus vulnérables, donc au final beaucoup plus faibles.
00:46:39Tu dois devenir dangereux.
00:46:41Derrière des conseils de drague ou de fitness, des influenceurs y jouent la carte de l'engagement réactionnaire.
00:46:47Du robin des bois, prêt à sauver les hommes martyrs, des griffes de sel qu'il appelle les féminazis.
00:46:54Il n'y a pas de putain de vie privée.
00:46:55Elle ne travaille pas pour la CIA.
00:46:57Si elle refuse de donner son téléphone, c'est une pute.
00:46:59C'est à l'Instagram, déjà c'est compliqué.
00:47:01S'il n'y a pas de copine sur les photos ou sur les stories, c'est une pute.
00:47:03Elle ne fréquente que des gros restaurants, alors qu'elle n'a même pas assez pour payer le loyer, c'est une pute.
00:47:07Elle a des sacs de luxe, alors qu'elle vit dans un 15 mètres carrés sur Paris, c'est une pute.
00:47:10Elle a un tatouage, c'est une pute.
00:47:12C'est ce fantasme d'une virilité brute, inculte et heureuse de l'être.
00:47:18Une sorte de primitivité qui manquerait à une société occidentale épuisée par trop d'autocontraintes,
00:47:29trop de civilisation, trop de civilité.
00:47:31Et le déclinisme, c'est vraiment un vecteur majeur des discours masculinistes.
00:47:40La montée d'un masculinisme décomplexé inquiète jusqu'à l'Assemblée nationale.
00:47:46Elle a lancé une commission d'enquête sur les effets de TikTok sur les jeunes,
00:47:49qui devient pour cet influenceur aux 650 000 abonnés l'occasion de raccrocher au nez de la République.
00:47:55Je pense qu'un jeune homme de 13, 14 ans, 15 ans devrait suivre mes conseils.
00:47:59Je pense que je donne de bons conseils pour la jeunesse.
00:48:02C'est problème de TikTok.
00:48:02Vous prenez son téléphone, si elle refuse, c'est une pute fin de relation, c'est pas moins problématique.
00:48:07Sur TikTok et sur YouTube, les conditions...
00:48:09Excusez-moi, je vais finir.
00:48:11Laissez-moi finir, s'il vous plaît.
00:48:11Je vous demande de me laisser finir.
00:48:14C'est moi qui mène l'audition.
00:48:15Je suis président de la commission d'enquête.
00:48:17Je vous demande de me laisser finir.
00:48:18Non, je vous lis, je suis président.
00:48:20Excusez-moi, on va couper le son de M. Hitchin, s'il vous plaît, si vous continuez.
00:48:25Vous voulez couper ?
00:48:25Voilà, donc je finis mon propos, s'il vous plaît.
00:48:28Je vous disais...
00:48:29Au revoir, monsieur.
00:48:30Bonne journée.
00:48:31Je finis mon propos.
00:48:33Ah, il est coupé.
00:48:36Le dialogue semble rompu.
00:48:38Et le Haut-Commissariat à l'égalité alerte dans son rapport sur le sexisme.
00:48:43Les femmes sont davantage féministes, les hommes sont davantage masculinistes.
00:48:48Près d'un jeune Français sur deux considèrent qu'il est plus difficile d'être un homme qu'une femme.
00:48:53Et certains peuvent aller jusqu'au meurtre.
00:48:57Le 1er juillet 2025, un lycéen de 18 ans est mis en examen à Saint-Étienne
00:49:01pour un projet d'attentat inspiré de la mouvance incelle.
00:49:05Les célibataires involontaires veulent punir toutes les femmes
00:49:08car elles les empêcheraient sciemment d'avoir des relations sexuelles.
00:49:12Ceux qui sont passés à l'acte dans des tueries de masse,
00:49:15comme à Montréal en 1989,
00:49:16ou en Californie en 2014,
00:49:19sont célébrés comme des héros.
00:49:22Ce qui est frappant,
00:49:23c'est le fait même de dire
00:49:25« j'aimerais bien me trouver une compagne, mais personne ne veut de moi ».
00:49:29Ça, ce n'est pas le langage de l'omnipotence.
00:49:32C'est le langage
00:49:33de l'impuissance.
00:49:34Je ne parle pas d'impuissance sexuelle,
00:49:36mais d'un sentiment
00:49:36de ne pas contrôler le monde,
00:49:39de ne pas faire ce qu'on veut,
00:49:39de ne pas
00:49:41accomplir ses désirs.
00:49:43La haine des masculinistes ne concerne pas que les femmes.
00:49:52Homo virilus s'est trouvé un nouvel ennemi juré.
00:49:55Le fait de dire
00:49:57« Êtes en homme celui qui te désire »,
00:49:59c'est déjà complètement fou
00:50:01à la pensée des masculinistes.
00:50:04La vérité,
00:50:05ça vient justement de cette pensée
00:50:06que c'est la testostérone
00:50:08qui fait de l'homme
00:50:09quelqu'un qui doit dominer.
00:50:11En fait,
00:50:11mon existence
00:50:12et celle des personnes trans,
00:50:13on ébranle ces bases-là
00:50:14qui sont tellement chères
00:50:16aux personnes qui se retrouvent là-dedans
00:50:17et qui en profitent surtout.
00:50:18Il y a 26 ans,
00:50:25en Suisse,
00:50:26les docteurs ont écrit
00:50:27FI
00:50:27sur le certificat de naissance de Léon
00:50:29qui a mis près de deux décennies
00:50:31à comprendre
00:50:32qu'il était vraiment
00:50:33un homme.
00:50:34Je faisais beaucoup de basket,
00:50:35je faisais du sport,
00:50:37je faisais lesbienne,
00:50:37donc ça aussi,
00:50:38c'est quelque chose
00:50:38qui peut être tiré vers la masculinité,
00:50:40mais j'aurais très bien pu être femme
00:50:42mais être comme j'étais.
00:50:43C'est juste que,
00:50:44en fait,
00:50:44non,
00:50:45je n'étais pas une femme,
00:50:45mais il y a des femmes
00:50:46qui étaient exactement comme moi
00:50:47avant ma transition.
00:50:48Léon a fait une opération du torse
00:50:51et commençait à prendre
00:50:52de la testostérone,
00:50:53une hormone
00:50:54que Mo virilus aime présenter
00:50:55comme la source biologique
00:50:57de sa domination.
00:50:58Depuis que j'en prends,
00:50:59j'ai pris de la main musculaire,
00:51:01ma voix a l'abaissé,
00:51:02j'ai de la pilosité,
00:51:04ça ne va pas te faire grandir,
00:51:05ça ne va pas,
00:51:06voilà.
00:51:06Mais surtout,
00:51:07ça ne va pas changer
00:51:08la personnalité.
00:51:09La testostérone ne crée pas
00:51:10en comportement.
00:51:11J'en suis la preuve vivante,
00:51:12j'en prends,
00:51:12j'ai la dose la même
00:51:14que les autres hommes,
00:51:15je ne suis pas,
00:51:15d'un coup,
00:51:16viriliste,
00:51:16dominateur,
00:51:17chasseur, pêcheur,
00:51:18ou je ne sais pas quoi.
00:51:19Un mec qui regarde une meuf
00:51:20de haut en bas
00:51:21et qui est problématique avec,
00:51:23ce n'est pas la testostérone,
00:51:24c'est son éducation.
00:51:28Aujourd'hui,
00:51:29en couple avec une musicienne,
00:51:30l'acna,
00:51:31Léon essaye de faire le tri
00:51:32dans les comportements
00:51:33qu'il a identifiés
00:51:34chez Mo virilus.
00:51:37Moi, je ne vais pas mentir,
00:51:38je rentre beaucoup
00:51:39dans les stéréotypes
00:51:40de ce que c'est un homme
00:51:40cis-hétéro.
00:51:42Je sais que je joue
00:51:42au jeu de la masculinité,
00:51:44mais c'est un jeu
00:51:44qui me fait du bien,
00:51:45donc je ne vais pas
00:51:46m'en empêcher
00:51:47sous prétexte
00:51:47que ce serait toxique
00:51:49ou viril.
00:51:50Être masculin,
00:51:50ce n'est pas dominer.
00:51:51L'éducation,
00:51:52ça appartient à la virilité
00:51:53et pas à la masculinité.
00:51:54J'espère que
00:51:55de plus en plus d'hommes
00:51:56vont réussir
00:51:57à faire cette différenciation
00:51:58et qu'ils vont réussir
00:51:59à voir que c'est un schéma
00:52:01qu'on nous a posé dessus
00:52:02et qu'ils ont
00:52:03la gentilité
00:52:04de s'en défaire.
00:52:05Moi, je ne suis pas
00:52:06pour l'abolition
00:52:07de la masculinité.
00:52:08Pour moi,
00:52:08elle doit être...
00:52:09Moi, j'adore la féminité,
00:52:10je trouve ça magnifique.
00:52:11La masculinité aussi,
00:52:12c'est des choses qui existent,
00:52:13c'est des concepts humains
00:52:13qui sont là,
00:52:14qui sont beaux,
00:52:15mais le problème,
00:52:17c'est la hiérarchisation.
00:52:18Pourquoi est-ce qu'on met
00:52:18la masculinité là
00:52:19et la féminité là ?
00:52:21Moi, j'espère qu'on va aller
00:52:21dans une société
00:52:22où ce sera de plus en plus équitable.
00:52:24Je prie même pour ça.
00:52:25Je ne sais pas
00:52:26quand ce sera,
00:52:27j'espère que ce sera bientôt.
00:52:39Les hommes sont désormais
00:52:41à la croisée des chemins.
00:52:42perpétuer le stéréotype
00:52:44homo virilus
00:52:45ou s'en éloigner
00:52:46pour dessiner les contours
00:52:48de leur propre masculinité.
00:52:57Les hommes vivent désormais
00:52:59les effets de la marche
00:53:00vers l'égalité des sexes,
00:53:01abandonnant peu à peu
00:53:02leur position patriarcale historique.
00:53:05Certains adhèrent à cette évolution,
00:53:07tandis que d'autres
00:53:08entrent en réaction.
00:53:09Tel est le constat livré à l'instant
00:53:11par ce documentaire réalisé par
00:53:13Maya Anaïs Yatagène.
00:53:15De quoi s'interroger plus au-delà,
00:53:17après ce film,
00:53:18à propos de la remise en cause
00:53:20aujourd'hui de la masculinité.
00:53:22Et nous allons en débattre maintenant
00:53:24avec nos invités présents
00:53:25sur ce plateau de débattre aujourd'hui.
00:53:27Lucille Pétavin est tout d'abord avec nous.
00:53:30Bienvenue à vous.
00:53:31Vous êtes historienne,
00:53:32spécialiste des droits des femmes,
00:53:34membre de l'Observatoire sur l'émancipation économique
00:53:36des femmes au sein de la Fondation des Femmes.
00:53:39Et auteure de ce livre,
00:53:40Le coût de la virilité,
00:53:41publié chez Anne Carrière et tout récemment,
00:53:43de Tu ne vas pas chialer comme une gonzesse,
00:53:45disponible aux éditions La Meute.
00:53:48Raphaël Liogier est également avec nous.
00:53:50Bienvenue à vous.
00:53:51Vous êtes philosophe et auteur de
00:53:52Descente au cœur du mal,
00:53:54disponible chez Les liens qui libèrent.
00:53:57Et puis, on va bientôt découvrir
00:53:59votre prochain ouvrage.
00:54:00Il s'intitulera
00:54:01Success, l'industrialisation du mensonge.
00:54:05Il sera lui disponible
00:54:06chez Les liens qui libèrent.
00:54:08Et puis enfin avec nous,
00:54:09Marie-Cécile Nave,
00:54:11bienvenue à vous.
00:54:12Vous êtes directrice de l'Observatoire
00:54:13Genre et Politique au sein de l'IRIS,
00:54:16l'Institut de relations internationales
00:54:18et stratégiques, bien sûr.
00:54:19Et autrice, entre autres,
00:54:21de Calmez-vous, Madame,
00:54:22ça va bien se passer.
00:54:24Réception du féminisme,
00:54:25c'est un ouvrage disponible
00:54:27chez Kalman Levy.
00:54:28Ce titre est tiré, bien sûr,
00:54:29de cette fameuse phrase
00:54:30qui avait notamment été citée,
00:54:31entre autres,
00:54:32par le ministre de l'Intérieur
00:54:33de l'époque, Gérard Dalmanin,
00:54:35face à une consœur de BFM.
00:54:39Après ce film,
00:54:41j'ai choisi d'entamer notre débat
00:54:44par des chiffres qui sont cités
00:54:46dans ce documentaire
00:54:47et ce sont les chiffres
00:54:48que vous citez dans votre ouvrage,
00:54:49justement,
00:54:50Le coût de la virilité,
00:54:52pour illustrer, on va dire,
00:54:54la nocivité de la virilité.
00:54:57Les hommes représentent 84%
00:54:59des auteurs d'accidents mortels
00:55:01de la route,
00:55:0190% des personnes condamnées
00:55:03par la justice,
00:55:0586% des mises en cause
00:55:07pour meurtre
00:55:08et enfin 97% des auteurs
00:55:10de violences sexuelles.
00:55:11Tout cela concerne la France
00:55:13et vous avez même été jusqu'à chiffrer.
00:55:15Le coût de la virilité
00:55:16a 95,2 milliards par an
00:55:19pour la société française.
00:55:21Pourquoi avez-vous choisi
00:55:23de mettre en avant ces chiffres
00:55:24pour étayer
00:55:25cette virilité
00:55:28négative,
00:55:31nocive,
00:55:32toxique,
00:55:33puisque c'est un mot
00:55:33qui est souvent utilisé ?
00:55:34Déjà, pour lever un impensé,
00:55:37c'est-à-dire que les hommes
00:55:38sont responsables
00:55:39non seulement des violences
00:55:40qui sont faites aux femmes,
00:55:41mais aussi de l'immense majorité
00:55:42des violences qui sont faites
00:55:43dans la société.
00:55:44Alors, bien sûr,
00:55:45tous les hommes ne sont pas
00:55:46délinquants et criminels,
00:55:48mais ce que montrent ces chiffres,
00:55:49c'est que l'immense majorité
00:55:51des délinquants
00:55:51et des criminels
00:55:52sont des hommes
00:55:53et cela,
00:55:54quel que soit le milieu social,
00:55:56la zone géographique,
00:55:57l'âge, etc.,
00:55:58c'est vrai qu'on explique souvent
00:55:59la violence par la précarité,
00:56:01par exemple,
00:56:02mais il y a des femmes aussi
00:56:03qui vivent dans les situations
00:56:04de précarité
00:56:05et pourtant,
00:56:06elles commettent peu ou pas
00:56:07de faits de violences
00:56:08comparés aux hommes.
00:56:09Donc, c'est véritablement,
00:56:11pour comprendre les véritables
00:56:12origines de la violence
00:56:14et puis aussi donner
00:56:16une vision plus objective
00:56:18des conséquences
00:56:20de la masculinité toxique
00:56:21sur l'ensemble de la société
00:56:22parce que ça coûte cher,
00:56:24ça coûte aux citoyens,
00:56:25aux citoyennes.
00:56:26Il y a des coûts
00:56:26en termes de frais de justice,
00:56:28de force de l'ordre,
00:56:29de services de santé,
00:56:30etc., etc.
00:56:31Et voilà,
00:56:32on gaspille énormément d'argent
00:56:33et puis aussi,
00:56:34il y a des coûts humains
00:56:34parce qu'il y a des victimes,
00:56:36donc il faut qu'on prenne conscience
00:56:37de ces conséquences négatives
00:56:39pour toutes et tous.
00:56:40Et vous dites aussi
00:56:41que la masculinité toxique
00:56:43découle de cette virilité.
00:56:45Il est important
00:56:46que l'on comprenne
00:56:46que les hommes
00:56:47n'ont pas ces comportements
00:56:48par nature,
00:56:49dites-vous.
00:56:50C'est une construction sociale
00:56:52en majeure partie
00:56:53issue de l'éducation.
00:56:55C'est avant tout
00:56:56un problème
00:56:56de construction sociale ?
00:56:58Oui.
00:56:58Alors, le but,
00:56:59ce n'est pas de viser les hommes
00:57:00mais c'est de comprendre
00:57:01pourquoi ils se comportent
00:57:02de cette façon,
00:57:03pourquoi ils sont plus violents
00:57:04que les femmes.
00:57:05Et effectivement,
00:57:06aujourd'hui,
00:57:06on n'a aucune preuve
00:57:08scientifique qui expliquerait
00:57:09qu'il y a des origines
00:57:11biologiques ou physiologiques
00:57:12à la violence des hommes.
00:57:14Par contre,
00:57:14il y a beaucoup d'études
00:57:15qui montrent
00:57:16que ça se joue
00:57:18dès l'enfance,
00:57:18qu'il y a une éducation
00:57:20aux garçons,
00:57:20une acculturation
00:57:21à la violence,
00:57:22à la virilité
00:57:23qu'on transmet.
00:57:24Alors, nous tous,
00:57:26les adultes,
00:57:27mais ça se joue bien sûr
00:57:28dans la famille,
00:57:28mais aussi à travers
00:57:29les objets culturels,
00:57:31à travers le politique,
00:57:33enfin, c'est l'ensemble
00:57:33de la société
00:57:34qui éduque
00:57:35les garçons
00:57:35à la violence.
00:57:36Alors, vous-même,
00:57:37vous êtes plongé
00:57:38dans les racines archaïques,
00:57:40dites-vous,
00:57:41du système patriarcal.
00:57:42Il remonte à quand
00:57:43ce système patriarcal,
00:57:46aujourd'hui ?
00:57:46Il y a plusieurs...
00:57:47D'après votre analyse ?
00:57:49Alors, ce n'est pas seulement
00:57:49d'après mon analyse,
00:57:50il y a plusieurs hypothèses,
00:57:51mais l'hypothèse
00:57:53la plus convaincante,
00:57:54c'est que ça remonterait
00:57:54aux néolithiques.
00:57:56Ça remonterait aux néolithiques
00:57:57parce que ce serait là
00:57:58où, disons,
00:58:01à un moment donné,
00:58:02le corps des femmes
00:58:03va apparaître
00:58:04comme étant un capital
00:58:06qu'on peut posséder,
00:58:07en quelque sorte.
00:58:08Même le corps des femmes
00:58:09va être l'objet
00:58:10du fantasme
00:58:12absolu de possession.
00:58:13Moi, je trouve que
00:58:14le problème qu'il y a
00:58:16dans notre société,
00:58:17parfois,
00:58:17c'est d'avoir un discours
00:58:18qui est un peu extérieur,
00:58:19qui regarde les choses
00:58:20que de l'extérieur.
00:58:21Par exemple,
00:58:21on parle de l'égalité
00:58:22homme-femme,
00:58:23il y a de l'inégalité,
00:58:24ce qui est vrai.
00:58:25On parle de toute une série
00:58:26de phénomènes sociaux
00:58:26qui sont liés à ça,
00:58:27mais pas du...
00:58:28du problème central,
00:58:29de la racine,
00:58:30justement.
00:58:31Et le problème central,
00:58:32c'est le regard des hommes
00:58:33pas sur les femmes
00:58:35in abstracto,
00:58:37dans l'abstrait,
00:58:38le regard des hommes
00:58:39vraiment sur le corps
00:58:40des femmes.
00:58:41Et donc,
00:58:41je pense qu'il faut aller
00:58:42au cœur du problème
00:58:44et le cœur du problème,
00:58:45c'est que, par exemple,
00:58:46la relation sexuelle...
00:58:46Qu'est-ce qui ne va pas,
00:58:47dans ce regard des hommes
00:58:49sur le corps des femmes ?
00:58:50Qui est le problème central ?
00:58:51Le problème central,
00:58:52c'est que le corps des femmes,
00:58:54je le disais,
00:58:54étant considéré comme un capital,
00:58:56vous aurez remarqué
00:58:57que même dans le discours biblique,
00:58:59par exemple,
00:58:59vous avez l'idée
00:59:00de posséder,
00:59:01c'est-à-dire que la pénétration
00:59:03elle-même,
00:59:03qui est un acte physique,
00:59:05en tant que tel,
00:59:06c'est un acte reproductif,
00:59:07neutre,
00:59:07qui peut donner du plaisir,
00:59:08etc.
00:59:08ça va être considéré,
00:59:10si je puis dire,
00:59:10comme un acte notarié,
00:59:12c'est-à-dire un acte de possession,
00:59:14d'où le rapport
00:59:14à la virginité,
00:59:16d'où cette inversion,
00:59:19même, j'allais dire,
00:59:21du rapport
00:59:24que les humains
00:59:25ont au corps des femmes,
00:59:27via les hommes,
00:59:29où lorsqu'un homme
00:59:30a un rapport sexuel,
00:59:31il amplifie sa virilité,
00:59:34il faut rappeler
00:59:34que le mot virilité,
00:59:35ça fait aussi vertu,
00:59:36donc ça vertue,
00:59:37alors qu'une femme,
00:59:38lorsqu'elle a un rapport sexuel,
00:59:40elle réduit,
00:59:42au contraire,
00:59:42sa dignité,
00:59:43c'est-à-dire qu'elle perd,
00:59:44une femme,
00:59:44elle perd,
00:59:45l'homme gagne,
00:59:46c'est pour ça,
00:59:47d'ailleurs,
00:59:47qu'une fois qu'elle a trop perdu,
00:59:48on va finir par dire,
00:59:49bon, c'est une salope,
00:59:50c'est une pute,
00:59:51c'est ceci,
00:59:51elle a perdu,
00:59:52c'est comme si les femmes
00:59:54étaient considérées
00:59:55comme des biens fongibles,
00:59:56qu'on possède,
00:59:58comme si le rapport sexuel
00:59:59les dégradait,
00:59:59alors qu'au contraire,
01:00:00il grade l'homme,
01:00:01et ça,
01:00:02ça vient d'un sentiment profond
01:00:04qui a été analysé
01:00:05par des anthropologues
01:00:06comme François Zéritier,
01:00:07par exemple,
01:00:08qui est le sentiment
01:00:09d'impuissance,
01:00:11originelle,
01:00:12enfin originelle,
01:00:13mais qui se déploie
01:00:13au néolithique,
01:00:15et ce sentiment d'impuissance,
01:00:17il crée une frustration,
01:00:19et la frustration,
01:00:20c'est la mère de la violence,
01:00:21c'est-à-dire quand on est frustré,
01:00:22quand on s'est impuissant,
01:00:24on crée une culture,
01:00:26en quelque sorte,
01:00:26la culture de la virilité
01:00:28et de la puissance extrême
01:00:31des hommes,
01:00:32vient paradoxalement
01:00:33de ce sentiment d'impuissance
01:00:34face au corps des femmes,
01:00:35face à l'idée
01:00:36qu'ils ne contrôlent pas
01:00:37la lignée,
01:00:38qu'ils ne contrôlent pas
01:00:38toute une série de choses.
01:00:39– Le symbole de la virilité,
01:00:41c'est le phallus,
01:00:42pour les hommes.
01:00:43D'ailleurs,
01:00:43j'ai vu,
01:00:44ici ou là,
01:00:45qu'aujourd'hui,
01:00:47on met beaucoup en avant
01:00:48du côté des féministes
01:00:49le clitoris,
01:00:50comme symbole
01:00:51de l'émancipation
01:00:52de la femme,
01:00:53aujourd'hui,
01:00:54en 2025.
01:00:54– Comme si les femmes
01:00:56ne pouvaient pas jouir
01:00:57indépendamment,
01:00:59elles ne peuvent pas jouir
01:01:00la jouissance féminine,
01:01:01un scandale.
01:01:02Je vous rappelle
01:01:03que le mot jouissance,
01:01:04c'est justement un mot
01:01:05qui signifie aussi
01:01:06la possession
01:01:07au sens notarié du terme.
01:01:08Je jouis d'un bien.
01:01:10– Merci Selenave,
01:01:11sur la construction,
01:01:12notamment,
01:01:14sociale,
01:01:15qui serait finalement
01:01:15à l'origine
01:01:17de ce qu'on est en train
01:01:18de vivre aujourd'hui
01:01:18concernant les femmes.
01:01:20– Oui,
01:01:21ça s'est très bien documenté
01:01:22par la recherche
01:01:23depuis très très longtemps
01:01:24et on pense aussi
01:01:26au livre de Simone de Beauvoir,
01:01:27Le deuxième siècle,
01:01:28qui est un livre fondateur
01:01:29pour le féminisme
01:01:31dans le monde occidental
01:01:32en particulier,
01:01:33mais dans le monde aussi.
01:01:34Ça, c'est extrêmement documenté.
01:01:36On commence depuis quelques années
01:01:37seulement à s'en rendre compte
01:01:39en dehors des sphères
01:01:40universitaires et féministes
01:01:42stricto sensu.
01:01:44Ça devient mainstream.
01:01:45Donc, pour nous qui travaillons
01:01:45sur ces sujets depuis longtemps,
01:01:47c'est une très bonne nouvelle
01:01:48parce qu'on se rend compte
01:01:48que c'est une question
01:01:50qui structure la société
01:01:52tout entière.
01:01:52Et tant qu'on n'aura pas
01:01:53compris ça,
01:01:54on ne pourra pas
01:01:55lutter efficacement,
01:01:56non pas contre
01:01:57l'idée de virilité,
01:01:59mais d'une certaine virilité,
01:02:00une virilité qui est toxique
01:02:01ou qui peut être aussi,
01:02:03si on reprend les mots
01:02:04de la sociologue
01:02:04Raymond Connell,
01:02:05une masculinité hégémonique
01:02:07par opposition
01:02:08à une masculinité
01:02:09marginalisée
01:02:10ou subordonnée, etc.
01:02:12C'est-à-dire qu'il y a
01:02:12plusieurs types
01:02:13de modèles masculins,
01:02:14plusieurs types
01:02:15de modèles virils,
01:02:17dont un apparaît
01:02:18comme étant celui
01:02:19qui doit dominer,
01:02:20qui doit structurer
01:02:21les relations,
01:02:21non seulement avec les femmes,
01:02:23mais aussi entre les hommes.
01:02:25Et donc,
01:02:26on le voit très bien
01:02:26dans le documentaire,
01:02:27c'est très bien montré
01:02:28qu'il y a plusieurs modèles
01:02:29de masculinité,
01:02:30mais certains
01:02:31sont valorisés
01:02:33par rapport à d'autres
01:02:34et ceux qui n'y correspondent pas
01:02:36sont considérés,
01:02:38et on le voit aussi
01:02:39dans le documentaire,
01:02:40quelles que soient
01:02:40les époques,
01:02:40quelles que soient
01:02:41les contextes,
01:02:42quelles que soient
01:02:42les continents,
01:02:43les régions,
01:02:43les cultures,
01:02:45comme étant dévalorisées
01:02:46ou dévalorisables.
01:02:47Et c'est ça
01:02:47qui est très intéressant
01:02:48de voir que ça structure
01:02:51toute la société
01:02:51et effectivement
01:02:52le patriarcat,
01:02:54puisqu'il s'agit bien
01:02:55de ça,
01:02:56à un coût social,
01:02:59économique,
01:03:00culturel majeur.
01:03:01Et ce que je trouve
01:03:01très intéressant,
01:03:02notamment dans le travail
01:03:03de Lucie Pétavin,
01:03:04c'est qu'il faut arriver
01:03:05à utiliser,
01:03:07à mettre en valeur
01:03:08de nouveaux arguments
01:03:09qui peuvent convaincre
01:03:10ceux qui ne sont pas
01:03:11encore convaincus
01:03:12que c'est absolument majeur
01:03:13de lutter contre ce fléau.
01:03:15Et vous dites
01:03:16qu'il faut en passer
01:03:17bien évidemment
01:03:17par l'éducation,
01:03:18mais on a envie de dire
01:03:19qu'on revient de très loin
01:03:20et le travail
01:03:21s'annonce considérable.
01:03:23Alors ça en passe
01:03:23par l'éducation
01:03:24à la sexualité,
01:03:25notamment à l'école.
01:03:27On n'appelle plus ça
01:03:27l'éducation sexuelle
01:03:28avec un aspect
01:03:29beaucoup plus biologique.
01:03:30Aujourd'hui,
01:03:31on a essayé d'élargir
01:03:32évidemment l'intitulé,
01:03:33mais on revient de très loin
01:03:35puisque là,
01:03:36on vient de parler
01:03:36des racines du patriarcat.
01:03:38Elles sont très,
01:03:39très, très lointaines.
01:03:40Aujourd'hui,
01:03:41renverser la donne,
01:03:42si on peut utiliser
01:03:43cette expression,
01:03:43ça risque de prendre
01:03:44un certain temps
01:03:45et il va falloir
01:03:46qu'une grande partie
01:03:47de la société adhère.
01:03:48Oui,
01:03:49puis on n'y est pas encore,
01:03:50on est très, très loin
01:03:51de l'égalité.
01:03:52Évidemment,
01:03:53en fonction des pays
01:03:53et des cultures,
01:03:54on est plus ou moins avancé,
01:03:56notamment dans le droit,
01:03:57mais ce n'est pas parce que
01:03:58le droit garantit
01:03:59à peu près l'égalité.
01:04:00Je dis bien,
01:04:01à peu près l'égalité.
01:04:01c'est par exemple
01:04:02dans nos démocraties occidentales
01:04:03qu'on ne peut pas revenir
01:04:04en arrière sur le droit.
01:04:06On le voit aujourd'hui
01:04:06aux Etats-Unis,
01:04:07on revient en arrière
01:04:08sur le droit,
01:04:08donc sur la loi,
01:04:09mais aussi le fait
01:04:11que dans les pratiques sociales,
01:04:12dans les habitudes,
01:04:15eh bien,
01:04:16ça ne se traduit pas
01:04:17nécessairement
01:04:18de manière concrète.
01:04:19Donc,
01:04:19c'est-à-dire ajouté quelque chose ?
01:04:20Oui,
01:04:20parce qu'effectivement,
01:04:21le droit,
01:04:22c'est absolument nécessaire,
01:04:23mais le droit,
01:04:24c'est seulement à l'arrivée.
01:04:25Et tant qu'on n'est pas arrivé
01:04:28à surmonter le fantasme lui-même,
01:04:31de rapports que les hommes ont,
01:04:34ce fantasme du corps de la femme
01:04:36que l'on possède,
01:04:37ça ne changera pas.
01:04:39Et c'est d'ailleurs ça
01:04:40ce qui s'est passé avec MeToo.
01:04:42C'est-à-dire qu'avec MeToo,
01:04:43on avait...
01:04:432017,
01:04:43on le rappelle,
01:04:44c'est un marqueur absolu.
01:04:46On y reviendra tout à l'heure,
01:04:47d'ailleurs.
01:04:48Parce qu'on avait,
01:04:49on a une structure extérieure
01:04:51avec un droit
01:04:52qui, en théorie,
01:04:53fonctionne assez bien,
01:04:54avec des discours idéologiques
01:04:57qui semblent être assez positifs.
01:04:59Je rappelle que Weinstein,
01:05:00c'était quelqu'un
01:05:00qui prétendait défendre
01:05:01les femmes
01:05:02dans leur accession
01:05:03au Star System.
01:05:05Mais on ne règle pas
01:05:06les fantasmes intérieurs.
01:05:08Résultat,
01:05:09il y a une dissonance.
01:05:10C'est comme si,
01:05:11d'un côté,
01:05:11il y avait un discours
01:05:12sympathique,
01:05:14social-démocrate,
01:05:16égalitaire,
01:05:17plein de cares
01:05:18et de soins,
01:05:19mais que ceux
01:05:19qui portent ce discours
01:05:20ne sont pas,
01:05:21c'est-à-dire psychiquement,
01:05:23à la hauteur de ce discours.
01:05:25Et donc,
01:05:25ils sont dissonants.
01:05:26Et donc,
01:05:27dans l'intimité,
01:05:28c'est comme s'ils se vengaient,
01:05:30ces hommes-là,
01:05:31de l'effort
01:05:32qu'ils font
01:05:32dans le discours extérieur.
01:05:34C'est pour ça
01:05:35qu'il y a beaucoup de gens
01:05:35même qui étaient
01:05:36des gens réputés
01:05:37de gauche,
01:05:38très ouverts,
01:05:38égalitaires,
01:05:39etc.,
01:05:39qui se sont retrouvés
01:05:40dans cette espèce
01:05:42de nasse.
01:05:43Il y a le corps,
01:05:43mais il y a aussi
01:05:44les rôles sociaux,
01:05:45c'est-à-dire les représentations
01:05:46qu'on a sur le corps
01:05:47se traduisent
01:05:48par des représentations
01:05:49dans les inégalités
01:05:51très fortes
01:05:52qui demeurent
01:05:52en termes de rôles sociaux.
01:05:53Et là,
01:05:54le coup de la virilité,
01:05:56c'est aussi
01:05:57un énorme gâchis
01:05:58en termes de compétences
01:06:01qui ne sont pas exploitées,
01:06:03en termes d'emplois
01:06:04qui ne sont pas pourvus
01:06:05à cause des stéréotypes
01:06:06de gens.
01:06:06Et donc,
01:06:06toute la société
01:06:07a à y perdre
01:06:08sur le long terme
01:06:09à cause des représentations sociales
01:06:11et à cause des inégalités
01:06:12en termes de rôles sociaux
01:06:13qui découlent
01:06:14des visions corporelles,
01:06:16effectivement.
01:06:17Alors,
01:06:17ce qui est rappelé aussi
01:06:18dans ce documentaire,
01:06:19c'est que de s'inscrire
01:06:20dans cette marche
01:06:21vers l'égalité des sexes,
01:06:22l'égalité des genres,
01:06:24ça en passe
01:06:24vers le quotidien.
01:06:25Et c'est très bien rappelé
01:06:26dans ce documentaire,
01:06:27ça en passe tout bêtement
01:06:28par la répartition
01:06:30des tâches quotidiennes.
01:06:31C'est ça,
01:06:31les rôles sociaux.
01:06:32Notamment,
01:06:33et puis là,
01:06:33il y a des chiffres
01:06:33assez importants
01:06:35à avoir en tête.
01:06:36Si plus d'une femme sur quatre
01:06:37occupe un emploi
01:06:38à temps partiel
01:06:39contre moins d'un homme
01:06:40sur dix,
01:06:40c'est pourquoi ?
01:06:41Parce que les femmes assurent
01:06:42plus des trois quarts
01:06:43du travail domestique
01:06:44non rémunéré aujourd'hui.
01:06:47Voilà,
01:06:47ça en passe par le quotidien,
01:06:48par la vie au quotidien,
01:06:49par la bienveillance
01:06:50entre les deux sexes
01:06:51dans un couple,
01:06:52par exemple,
01:06:53ou dans leur capacité
01:06:53à évoluer ensemble.
01:06:55Tout bêtement,
01:06:55aujourd'hui, non ?
01:06:56Oui,
01:06:57je pense que d'ailleurs,
01:06:57il faut qu'on éduque les hommes
01:06:58à aussi prendre soin des autres,
01:07:01à aussi s'occuper des enfants,
01:07:03voilà,
01:07:03parce que les femmes
01:07:04ont sur leurs épaules
01:07:0570 à 80 %
01:07:06des tâches parentales
01:07:07et domestiques,
01:07:08parce que les hommes
01:07:09sont détournés
01:07:09de tout ce qui est dit féminin,
01:07:11parce qu'on éduque les hommes
01:07:12dans l'idée
01:07:14que ce qui se rapporte aux femmes
01:07:16ou ce qui est dit
01:07:16est féminin
01:07:17est méprisable.
01:07:18Et ça,
01:07:18ça crée in fine
01:07:19des comportements sexistes,
01:07:20on le fait quasiment tous.
01:07:22J'en veux pour preuve,
01:07:23aujourd'hui encore,
01:07:24ça peut paraître anecdotique,
01:07:25mais la couleur rose,
01:07:26le fait qu'on ait du mal
01:07:27à offrir des objets roses
01:07:29à des petits garçons,
01:07:30eh bien,
01:07:30c'est parce qu'il y a
01:07:31ce mépris du féminin
01:07:32dans l'éducation des garçons.
01:07:34Donc,
01:07:34il y a des choses
01:07:35qu'on peut faire
01:07:36au quotidien,
01:07:36tout et tout,
01:07:37sans prendre conscience.
01:07:39Et puis aussi,
01:07:39prendre conscience
01:07:40que tout ça,
01:07:40ça a des coûts,
01:07:42finalement,
01:07:42pour les hommes,
01:07:42parce qu'ils en paient
01:07:43aussi un prix.
01:07:45Moi,
01:07:45ce que je montre,
01:07:45c'est que les hommes,
01:07:46au quotidien,
01:07:47prennent des risques,
01:07:48par exemple,
01:07:48pour montrer qu'ils sont
01:07:49forts moralement,
01:07:51physiquement.
01:07:52Par exemple,
01:07:53sur la route,
01:07:53il faut savoir
01:07:54qu'ils représentent
01:07:5478% des morts,
01:07:56que l'immense majorité
01:07:57des cas de cancer
01:07:58liés à des comportements
01:08:00addictifs,
01:08:01de tabac,
01:08:01d'alcool,
01:08:02concernent les morts,
01:08:03les hommes,
01:08:03pardon,
01:08:04concernent les hommes.
01:08:05Et si on prend
01:08:06la population des hommes
01:08:07dans son entièreté,
01:08:08eh bien,
01:08:08ils ont deux à trois fois
01:08:09plus de risque
01:08:10de mourir de façon
01:08:11prématurée,
01:08:12c'est-à-dire avant 65 ans,
01:08:13d'une mort évitable,
01:08:14c'est-à-dire liée
01:08:15à un comportement à risque.
01:08:17Donc,
01:08:17il faut comprendre
01:08:18que cette virilité,
01:08:19elle est extrêmement coercitive
01:08:21pour les femmes,
01:08:22bien sûr,
01:08:22à cause des violences systémiques,
01:08:24par exemple,
01:08:24que nous subissons
01:08:25et des discriminations,
01:08:26par exemple,
01:08:27sur le marché du travail,
01:08:28mais aussi,
01:08:29les hommes en paient un prix,
01:08:31ce qui répondent
01:08:31aux injonctions
01:08:32et ce qui ne répondent pas
01:08:33aux injonctions
01:08:34de la virilité.
01:08:35Je vais citer une phrase
01:08:36qui a un petit peu choquée
01:08:37une partie de l'opinion publique,
01:08:39les moins convaincues
01:08:40parmi les hommes,
01:08:41peut-être les virilistes
01:08:42qui sont évoqués
01:08:44dans le documentaire.
01:08:46C'est Sandrine Rousseau,
01:08:47députée Europe Écologie,
01:08:49qui a dit,
01:08:50c'était en 2021,
01:08:51je vis avec un homme déconstruit
01:08:52et je suis super heureuse.
01:08:55Alors,
01:08:55on lui souhaite,
01:08:56bien évidemment,
01:08:56de continuer à être heureuse
01:08:58puisque cette phrase
01:08:59remonte à 2021 aujourd'hui.
01:09:01Vous êtes un homme déconstruit
01:09:02aujourd'hui,
01:09:02ça veut dire quoi,
01:09:03un homme déconstruit,
01:09:04à vos yeux ?
01:09:04Je ne crois pas
01:09:05que Sandrine Rousseau
01:09:05ait voulu dire ça directement,
01:09:07ça a été un peu simplifié.
01:09:08En fait,
01:09:08ce qu'elle voulait dire,
01:09:09c'est un homme
01:09:09qui a réussi à déconstruire
01:09:11ses fantasmes,
01:09:12c'est-à-dire sa projection
01:09:13de ce qu'est un corps de femme.
01:09:15Alors,
01:09:15est-ce que je suis un homme déconstruit ?
01:09:17Je ne crois pas être encore
01:09:19à la hauteur
01:09:20de la promesse
01:09:21que je me suis faite
01:09:21pour le dire simplement,
01:09:24c'est-à-dire que
01:09:24ce n'est pas facile
01:09:25du tout.
01:09:26Je veux dire,
01:09:27parce que tout à l'heure,
01:09:27on a dit que c'était
01:09:28un problème d'éducation,
01:09:29mais ce n'est pas seulement
01:09:30un problème d'éducation
01:09:31dans une seule vie.
01:09:32C'est vraiment un problème
01:09:32d'éducation,
01:09:33mais c'est un problème
01:09:33d'éducation
01:09:34de la civilisation
01:09:35depuis 6 000 ans.
01:09:38Donc,
01:09:38ce n'est pas facile.
01:09:40Je veux dire,
01:09:40on a parlé
01:09:41de cette distinction
01:09:42entre les travaux domestiques
01:09:45et le travail extérieur.
01:09:46Il faut savoir,
01:09:47pour ce que je disais
01:09:48sur le néolithique,
01:09:49que ça a commencé,
01:09:50la capitalisation du corps des femmes,
01:09:52par les exclure
01:09:53des activités
01:09:54qui sont supposées
01:09:55être des activités valorisantes,
01:09:57c'est-à-dire la chasse,
01:09:58la guerre
01:09:59et toute une série de choses
01:10:00et donc de les contraindre
01:10:01à rester dans la cuisine.
01:10:03Au point que,
01:10:05même dans l'Antiquité grecque,
01:10:06on a fait la distinction
01:10:07entre ce qui est féminin,
01:10:08qui est loïkia,
01:10:09qui a fait le mot économie,
01:10:10qui veut dire cuisine,
01:10:11et d'un autre côté,
01:10:12le politikon,
01:10:13qui est l'espace public,
01:10:14là où on définit
01:10:15vraiment,
01:10:17là où va la société,
01:10:18etc.
01:10:19Donc ça veut dire que
01:10:20sortir de ça,
01:10:22je veux dire,
01:10:22c'est pas évident
01:10:23et lorsqu'un homme,
01:10:24on lui dit,
01:10:25lorsqu'un homme doit
01:10:26agir dans la cuisine,
01:10:29il a en quelque sorte
01:10:31l'impression
01:10:31vraiment de se déviriliser,
01:10:34c'est-à-dire
01:10:34comme s'il perdait
01:10:36ce qui faisait
01:10:37la légitimité
01:10:37de son activité.
01:10:38il va à l'extérieur,
01:10:39il rapporte de l'argent,
01:10:40c'est vraiment difficile.
01:10:43Autre chiffre,
01:10:4445% des hommes
01:10:45de moins de 35 ans
01:10:46en France
01:10:46pensent qu'il est,
01:10:47aujourd'hui,
01:10:47qu'il est difficile
01:10:48d'être un homme
01:10:49dans la société actuelle.
01:10:51Autrement dit,
01:10:51on peut peut-être se dire
01:10:52que les choses
01:10:53commencent à,
01:10:54peut-être un peu infuser,
01:10:55que beaucoup d'hommes
01:10:56sont interrogés
01:10:56sur leur masculinité
01:10:58et puis il y a ceux
01:10:59qui n'adhèrent pas du tout
01:11:00et au contraire
01:11:01qui sont en réaction.
01:11:02Alors,
01:11:02c'est ce qu'on appelle
01:11:03les masculinistes.
01:11:04Le masculinisme
01:11:06est né
01:11:07ou est reparti
01:11:08et a trouvé
01:11:08une nouvelle caisse
01:11:09de résonance
01:11:09aux Etats-Unis
01:11:10justement après MeToo,
01:11:11après 2017.
01:11:13Et là,
01:11:13je vous ai,
01:11:13vous nous expliquez
01:11:15ce qui se passe
01:11:15parce qu'eux
01:11:16s'attaquent très directement
01:11:17aux droits des femmes
01:11:18aujourd'hui
01:11:18en réaction
01:11:19à ce qu'il y a pu être
01:11:20ce mouvement MeToo,
01:11:21notamment.
01:11:22Oui,
01:11:22alors ça ne date pas de MeToo,
01:11:23c'est vraiment
01:11:24beaucoup plus ancien
01:11:25mais effectivement,
01:11:26MeToo a été une phase,
01:11:27un moment inacceptable
01:11:28pour une partie,
01:11:30une partie de,
01:11:31disons,
01:11:32de la droite
01:11:34et de ce qu'est devenu
01:11:35le parti républicain,
01:11:36c'est-à-dire un parti
01:11:37d'extrême droite
01:11:38aujourd'hui.
01:11:40Et ce qu'il faut bien voir,
01:11:41c'est que ce n'est pas
01:11:41simplement une sauculture,
01:11:42c'est vraiment
01:11:43un système de pensée
01:11:44idéologique
01:11:45mais aussi avec
01:11:47des visées économiques,
01:11:48c'est-à-dire que ça rapporte
01:11:49avec le modèle économique
01:11:51du buzz,
01:11:52du clash,
01:11:53largement amplifié
01:11:55par la manière
01:11:57dont la tech
01:11:57fonctionne aujourd'hui,
01:11:58les algorithmes
01:11:59qui favorisent
01:11:59la violence et le clash.
01:12:00Il y a deux caisses
01:12:00de résonance,
01:12:01semble-t-il,
01:12:02les réseaux sociaux,
01:12:02on l'a très bien vu
01:12:03dans ce documentaire,
01:12:04avec des interventions
01:12:05sur Instagram
01:12:06qui font,
01:12:07avec des propos
01:12:08qui aujourd'hui,
01:12:09en 2025,
01:12:10peuvent vraiment choquer.
01:12:11Et puis,
01:12:11il y a une autre,
01:12:12pardonnez-moi,
01:12:13mais il y a aussi
01:12:14des personnages
01:12:15comme Trump,
01:12:16comme Poutine,
01:12:17qui aussi constituent
01:12:18des caisses de résonance
01:12:19politiques,
01:12:20pour aller de votre sens.
01:12:21des caisses de résonance,
01:12:22c'est aussi une des raisons
01:12:23du succès de Trump,
01:12:24c'est-à-dire d'aller chercher
01:12:26de nouveaux publics,
01:12:27des publics qui ne votent pas
01:12:28forcément,
01:12:29qui sont éloignés
01:12:30de la chose politique
01:12:31au sens strict du terme,
01:12:32par un discours disant
01:12:34on vous a tout pris,
01:12:35vous êtes les laissés
01:12:36pour compte du système,
01:12:37vous voyez bien
01:12:38que la société
01:12:38est en décadence
01:12:39parce qu'elle se féminise
01:12:40et aussi parce qu'elle est
01:12:41de plus en plus multiculturelle,
01:12:43les deux étant liés,
01:12:44on ne fait plus assez
01:12:44de bébés blancs,
01:12:46par exemple.
01:12:46Et ça on l'a retrouvé
01:12:47à toutes les époques
01:12:48quand il s'agissait
01:12:50d'être dans un discours
01:12:53à visée dictatoriale
01:12:54ou de revanche militaire,
01:12:55on le voit bien au début
01:12:56avec l'émergence du nazisme.
01:12:59Et donc c'est un phénomène
01:13:01qui est international,
01:13:03qui doit être absolument appréhendé
01:13:04sous un angle géopolitique,
01:13:06cet affrontement
01:13:07entre l'international MeToo
01:13:09qui est toujours là quand même
01:13:10et la réaction à ça,
01:13:12mais c'est une grille
01:13:13de lecture du monde,
01:13:15de la géopolitique
01:13:15qui est majeure.
01:13:16Et effectivement,
01:13:17c'est une des raisons
01:13:18du succès de Trump
01:13:19et qui se déploie aujourd'hui
01:13:20dans une politique intérieure
01:13:21mais aussi internationale,
01:13:23profondément prédatrice,
01:13:25profondément dominatrice,
01:13:27avec comme outil
01:13:28une désinformation
01:13:29à l'échelle industrielle.
01:13:32Vous parliez
01:13:32de l'effet idéologique.
01:13:36Est-ce qu'aujourd'hui,
01:13:38le virilisme
01:13:38est attaché
01:13:40au régime autoritaire,
01:13:42aux idées dites réactionnaires,
01:13:45est-ce qu'elle est plutôt
01:13:47à l'extrême droite
01:13:48aujourd'hui ?
01:13:50– Oui, c'est tout à fait,
01:13:52c'est totalement lié
01:13:53aux velléités autoritaires.
01:13:54– C'est étayé, ça,
01:13:55c'est identifié ?
01:13:55– Bien sûr,
01:13:56c'est totalement lié
01:13:57aux velléités autoritaires
01:13:59de domination
01:13:59à la fois sur les plus vulnérables,
01:14:02à la fois sur l'environnement,
01:14:05sur l'écologie,
01:14:06sur la volonté
01:14:07de prendre possession
01:14:08de territoires,
01:14:09de populations
01:14:10et de velléités militaires
01:14:12aussi.
01:14:14Et à l'échelle
01:14:15d'une société,
01:14:16y compris en Occident,
01:14:17mais c'est vrai ailleurs
01:14:17qu'en Occident,
01:14:19c'est le premier pas
01:14:21vers la destruction
01:14:22de l'État de droit.
01:14:22Ça, c'est très important.
01:14:23C'est-à-dire que c'est pas simplement,
01:14:24j'insiste là-dessus,
01:14:25vraiment une sous-culture
01:14:26de gens qui sont sur Internet,
01:14:28un peu isolés,
01:14:29qui sont revanchards.
01:14:30C'est vraiment
01:14:30un système de pensée
01:14:32qui est soutenu économiquement
01:14:34et qui rapporte de l'argent
01:14:35pour imposer,
01:14:37finalement,
01:14:37des visées antidémocratiques.
01:14:39Est-ce qu'on en est à parler
01:14:40une nouvelle guerre des sexes ?
01:14:41C'est la question
01:14:41que je me suis posée
01:14:42entre les masculinistes
01:14:44et puis les féministes
01:14:47qui, elles aussi,
01:14:48mènent leur combat.
01:14:49Alors, les féministes,
01:14:50elles se battent
01:14:51pour avoir les mêmes droits
01:14:52que les femmes
01:14:53et les mêmes droits
01:14:53que les hommes.
01:14:54Donc, les féministes,
01:14:55elles ne font pas la guerre.
01:14:56Par contre,
01:14:57on voit que les hommes
01:14:58ont fait la guerre
01:14:59aux femmes à travers l'histoire
01:15:00et que s'il y a un sexe
01:15:02qui fait la guerre,
01:15:03c'est le sexe masculin.
01:15:04Après, je voulais rebondir
01:15:05sur ce qu'on disait
01:15:06par rapport à l'économie
01:15:07et cet argument fallacieux
01:15:09alors oui,
01:15:09le masculinisme,
01:15:10ça rapporte à certains
01:15:11mais surtout,
01:15:12ça coûte beaucoup d'argent
01:15:13parce que l'argument économique
01:15:15aujourd'hui,
01:15:16on l'abat comme ça
01:15:17comme l'argument star
01:15:19et je pense par exemple
01:15:21à Mark Zuckerberg
01:15:22qui va nous dire
01:15:22même en entreprise,
01:15:24la domination masculine,
01:15:26la masculinité agressive,
01:15:27c'est bon pour l'économie.
01:15:28Eh bien moi,
01:15:28ce que je montre,
01:15:29c'est que la virilité,
01:15:31elle ne s'arrête pas
01:15:31à la porte de l'entreprise
01:15:32et que les principaux responsables
01:15:34des fraudes,
01:15:34des vols,
01:15:35des agressions,
01:15:36du harcèlement
01:15:37dans les entreprises,
01:15:37ce sont les hommes.
01:15:38Et tout ça,
01:15:40ça coûte aux entreprises,
01:15:41ça coûte en termes
01:15:42de turnover,
01:15:43de destruction de matériel,
01:15:45voilà,
01:15:45de frais de justice
01:15:47aussi quand les entreprises
01:15:48sont poursuivies,
01:15:49etc.
01:15:50Et donc,
01:15:51je pense qu'il ne faut pas
01:15:51se laisser avoir
01:15:52par cet argument économique
01:15:54et puis si on va plus loin
01:15:55et là,
01:15:55on parle de politique internationale
01:15:57et de guerre,
01:15:57on sait que les guerres,
01:15:58c'est 14 000 milliards
01:15:59de dollars par an
01:16:00tout autour du monde.
01:16:01donc voilà,
01:16:02je pense qu'il ne faut pas
01:16:03se laisser avoir par ces...
01:16:05Ça rapporte à certains
01:16:05quand même avec...
01:16:07Mais ça coûte beaucoup plus,
01:16:08c'est ça.
01:16:08Oui, mais les deux sont vrais en fait,
01:16:09les deux ne sont pas antinomiques.
01:16:11Oui,
01:16:11mais ça rapporte à certains,
01:16:13ça coûte beaucoup plus
01:16:14et après,
01:16:15les conséquences même humaines
01:16:16s'étalent sur dégénération,
01:16:18enfin,
01:16:18il faut qu'on comprenne quand même
01:16:20ce que ça veut dire.
01:16:20Et dernière question,
01:16:22je vous donne tout de suite
01:16:23la parole,
01:16:23ce sera d'ailleurs
01:16:24la fin de l'émission,
01:16:25c'est masculiniste,
01:16:27ce masculinisme
01:16:29occupe quelle place
01:16:30par rapport
01:16:31à l'ensemble des hommes
01:16:33aujourd'hui ?
01:16:33Peut-être chez nous en France,
01:16:35aux Etats-Unis,
01:16:36on parle d'une minorité,
01:16:37d'une minorité grandissante,
01:16:39on peut l'estimer
01:16:40l'ampleur de ce phénomène
01:16:42aujourd'hui ?
01:16:42Alors,
01:16:42je ne sais pas
01:16:43si on peut l'estimer
01:16:44mais ce qu'on remarque
01:16:45dans les chiffres,
01:16:46c'est que,
01:16:47par exemple,
01:16:47il y a le Haut Conseil
01:16:48à l'égalité
01:16:48qui chaque année
01:16:49publie des...
01:16:50des études sur
01:16:51l'avancée du sexisme
01:16:53en France,
01:16:54l'évolution du sexisme
01:16:55en France
01:16:55et on note que
01:16:56les jeunes générations
01:16:57sont plus sexistes
01:16:57que les anciennes
01:16:58sur certains sujets.
01:17:00Et là,
01:17:00je pense aussi
01:17:00à une étude
01:17:01du CIDAction
01:17:02qui a été publiée,
01:17:03qui est sortie
01:17:04il y a deux jours,
01:17:05qui montre que
01:17:05pour les hommes,
01:17:06il est acceptable
01:17:07de prendre des risques
01:17:08et notamment
01:17:09des risques sexuels
01:17:10pour prouver
01:17:11leur virilité,
01:17:12leur masculinité,
01:17:13donc c'est quand même
01:17:13assez grave
01:17:14et quand on parlait
01:17:15des conséquences
01:17:15sur la vie
01:17:16de toutes et tous,
01:17:17là, je pense qu'on en a
01:17:18clairement la preuve.
01:17:19C'est sans doute
01:17:21le mot de la fin.
01:17:21Moi, ce que je voulais dire,
01:17:22c'est que finalement,
01:17:24il y a énormément
01:17:25de problèmes
01:17:26qui ne sont pas
01:17:26a priori qualifiés
01:17:27dans cette culture
01:17:29du sexisme,
01:17:30mais qui relèvent
01:17:32de cela,
01:17:33c'est-à-dire même,
01:17:34on a parlé de Trump,
01:17:35on a parlé de toutes
01:17:35ces choses-là,
01:17:36voire même le terrorisme.
01:17:38Le terrorisme fonctionne
01:17:39aussi,
01:17:40via le prétexte religieux,
01:17:42sur des questions
01:17:43qui relèvent
01:17:44de la frustration sexuelle,
01:17:46de la frustration genrée,
01:17:47du virilisme.
01:17:48Donc, on a toute une série
01:17:49de choses,
01:17:50jusqu'à l'autoritarisme,
01:17:51on a toute une série
01:17:52de choses,
01:17:53toute une série de problèmes
01:17:54qui seraient surmontés
01:17:55et réglés
01:17:55si on arrivait
01:17:57à vraiment toucher
01:17:58le cœur de la question.
01:18:01Ce n'est pas seulement
01:18:01quelque chose
01:18:03qui a l'air annexe
01:18:04et périphérique.
01:18:06J'espère que le documentaire
01:18:08qu'on a eu l'occasion
01:18:08de présenter
01:18:09dans cette émission,
01:18:10cet échange
01:18:11que nous avons eu
01:18:12après ce film
01:18:12aura permis
01:18:13de convaincre
01:18:15nos téléspectateurs
01:18:17de ces derniers propos,
01:18:18par exemple.
01:18:19Vos réactions,
01:18:20en tout cas,
01:18:20ce sera sur hashtag
01:18:21Débat Doc.
01:18:21Elles sont attendues.
01:18:23Nos invités seront là
01:18:24pour réagir
01:18:25à ce que seront
01:18:25ces réactions.
01:18:26Merci à Félicité Gavalda,
01:18:28Thibaut Brosset et Kelle
01:18:29qui m'ont aidé
01:18:30à préparer cette émission.
01:18:32Je vous donne rendez-vous
01:18:32pour un prochain Débat Doc.
01:18:33Ça sera bien sûr
01:18:34avec son documentaire
01:18:36et son débat.
01:18:37À très bientôt.
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