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  • il y a 2 jours
Parmi les grands visages de la loi de 1905, le rapporteur Aristide Briand joue un rôle clé : celui qui va convaincre la Chambre de voter la séparation des Églises et de l'État est un républicain convaincu, mais aussi un homme de compromis.

À l'occasion des 120 ans de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État, LCP ressuscite les débats parlementaires au Palais Bourbon sur ce texte fondateur de la laïcité à la française à travers une série de portrait des députés de l'époque. Du rapporteur Aristide Briand à Jean Jaurès, en passant par l'abbé Gayraud pour la défense de l'Église et l'anticlérical Maurice Allard, les visages de la loi sont décrits et racontés par l'historien Bruno Fuligni.
Des discours qui entrent en résonnance avec les débats toujours actuels sur la laïcité. Une collection réalisée par Thibault Henocque.

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Transcription
00:00La séance est ouverte.
00:15L'ordre du jour appelle la discussion du projet et de plusieurs propositions de loi portant séparation des Églises et de l'État.
00:27Mars 1905, à l'Assemblée s'ouvre un débat d'une portée telle qu'il résonne aujourd'hui encore.
00:36Parmi les députés, certains vont marquer ces heures décisives qui vont voir la République assurer la liberté de conscience
00:44et garantir le libre exercice des cultes sans en reconnaître ni en subventionner aucun.
00:50Parmi ces visages à jamais attachés à l'histoire de la laïcité à la française, celui d'Aristide Briand.
00:57Aristide Briand est né à Nantes en 1862.
01:00Ses parents tenaient un café-concert.
01:03Il a grandi dans un univers assez populaire, assez libre aussi.
01:08Il va garder cette attitude qui va être jugée par les uns un peu vulgaire, par les autres plutôt sympathique.
01:14Il va devenir lui avocat.
01:15En 1902, après plusieurs échecs, il est élu député.
01:19C'est lui, donc un député tout récent, il n'a que trois ans de mandat,
01:23qui va être choisi comme rapporteur de la commission spéciale qui prépare l'examen de la loi de séparation des Églises et de l'État.
01:31Je n'ai pas reculé devant les concessions nécessaires.
01:35Si ceux de nos collègues qui ont combattu le principe de la séparation veulent bien porter sur notre œuvre un jugement selon leur conscience,
01:42ils seront bien forcés de reconnaître que nous avons fait pour le mieux.
01:45Aristide Briand, en tant que rapporteur, comprend vite qu'une loi jusqu'au boutiste, d'abord ne trouvera peut-être pas de majorité,
01:54et puis surtout risque de faire plonger le pays dans la guerre civile.
01:58Comme c'est un homme qui est habitué à négocier, il va essayer de concilier un certain nombre de points de vue.
02:05Lui, le député socialiste, ancien avocat de l'extrême gauche, ne va pas hésiter à rencontrer des ecclésiastiques, des évêques,
02:12à dîner avec eux-mêmes pour essayer d'entendre certains de leurs arguments, pour arriver à une loi acceptable.
02:18La réforme que nous allons voter laissera le champ libre à l'activité républicaine.
02:22Et pour qu'il en fût ainsi, il fallait que la séparation ne donna pas le signal de lutte confessionnelle.
02:27Il fallait que la loi se montrât respectueuse de toutes les croyances, et leur laissa la faculté de s'exprimer librement.
02:34Nous l'avons faite de telle sorte que l'Église ne puisse invoquer aucun prétexte pour s'insurger contre le nouvel état de choses.
02:42Entre ceux qui veulent déchristianiser la France et ceux qui veulent conserver le concordat, le statu quo,
02:48il ouvre une voie intermédiaire, et surtout il va réussir à convaincre non seulement le camp républicain,
02:53mais une partie de la gauche ou de l'extrême gauche, une partie de la droite,
02:58même certains catholiques vont comprendre que cette loi de 1905, au fond, est un moindre mal.
03:04Aristide Briand est le grand gagnant de ce débat.
03:07Ce succès-là va le mettre en vedette, va faire qu'il sera ministre l'année suivante
03:11au moment de mettre en œuvre la loi de séparation, et que ça augure d'une très longue carrière.
03:16Ça va être une des figures majeures de la Troisième République jusqu'à sa mort en 1932,
03:21et ce parcours, il le doit à ce succès de 1905.
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