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  • il y a 2 jours
Elle est passée des figures imposées du patinage artistique à celles de la politique après une carrière dans le privé. Élue sous les couleurs d'En Marche en 2017, Véronique Riotton préside la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00Elle est passée des figures imposées du patinage artistique à celle de la politique,
00:05avec une carrière dans le privé entre les deux.
00:07Élue sous les couleurs d'En Marche en 2017, mon invité préside la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée.
00:26Bonjour Véronique Riotton.
00:28Bonjour.
00:28Le sport a toujours tenu une place importante dans votre vie et on va voir que ça n'a pas changé quand vous êtes devenu député.
00:35Ils sont députés, sénateurs ou collaborateurs, tous unis au sein de l'équipe du 15 des parlementaires.
00:42Huit équipes au total se sont affrontées pour cette Coupe du Monde créée en 1995, où la moitié des formations sont mixtes.
00:49Trois femmes font partie de l'équipe de France.
00:52Parmi elles, Véronique Riotton, députée Renaissance de la Haute-Savoie, qui joue à l'aile, reste à savoir à droite ou à gauche ?
01:00Alors, élire droite ou gauche ?
01:03C'est sympa votre introduction.
01:05Les deux.
01:06Les deux ?
01:07Donc, du coup, je suis capable de faire les deux.
01:08C'est votre vitesse de pointe qui vous a placé à ce poste-là ?
01:12En tout cas, c'est le fait de continuer à courir, d'être en forme qui m'a mis dans l'équipe.
01:17Et je crois que vous n'aviez jamais joué au rugby avant de devenir députée, c'est ça ?
01:21Alors, l'histoire, c'est que j'ai un passé sportif, vous l'avez dit.
01:23Oui, on va en parler.
01:25Et lorsque je suis arrivée à l'Assemblée, j'ai la culture rugbystique.
01:30Et donc, je suis rapidement venue aux 15 parlementaires.
01:33Et puis, plutôt, avoir les matchs ou passer du temps.
01:36Comme j'anime la foulée parlementaire à l'Assemblée, donc je cours.
01:42Les engagés du rugby m'ont dit, écoute, t'as la culture du rugby, t'as la forme, viens faire un entraînement avec nous.
01:48Et alors, cette Coupe du monde de rugby entre parlementaires, c'est pas anodin.
01:52Elle a été marquée par une polémique extrasportive, on peut dire une polémique politique.
01:56Les équipes d'Afrique du Sud et d'Angleterre, qui étaient 100% masculines, ont refusé de jouer contre les équipes qui avaient des femmes.
02:04Ça vous a choqué à l'époque ?
02:05C'est-à-dire qu'il y a une spécificité dans le rugby, c'est que le rugby n'est pas une pratique mixte.
02:11Or, aux 15 parlementaires, on a cette pratique mixte, puisqu'on est sur une pratique tranquille.
02:16Et donc, on a un règlement particulier.
02:20Et oui, on a, lors de la finale, dit notre désaccord.
02:25On n'a pas pu jouer ce temps de finale.
02:29Mais ça m'a permis d'être impliquée ensuite à la Fédération française du rugby,
02:34pour aller travailler la mixité dans le sport en compétition.
02:38Donc, le tout est dans le tout.
02:39Même pour le 15 parlementaire, je crois que vous aviez...
02:41Toutes les femmes ont signé une charte à l'époque.
02:43Toutes les femmes qui étaient dans des équipes de 15 parlementaires, pour protester.
02:47Est-ce que ça a produit ces effets depuis ou pas ?
02:49Écoutez, on verra pour la prochaine Coupe du Boulot.
02:52Il n'y en a pas eu depuis.
02:53Non, c'est ça.
02:54Donc, cet incident, il rejoint votre combat politique,
02:56pour défendre notamment la place des femmes dans le sport.
03:00C'est un milieu où les préjugés sexistes,
03:03où les stéréotypes sont peut-être plus présents qu'ailleurs ?
03:05En tout cas, c'est un milieu qui est très masculiniste.
03:07L'histoire a montré cela.
03:09Masculiniste et pas masculin.
03:11Il y a une culture du masculin.
03:16Et oui, la place des femmes, dans le sport particulièrement,
03:20c'est un milieu qui est encore sexiste
03:23et où la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est importante,
03:28où la place des femmes demeure.
03:30On a voté en mars 2022 une loi pour tenter d'avoir une meilleure gouvernance
03:36et on voit que je suis en train d'évaluer cette loi.
03:39Ça reste difficile.
03:41Vous parlez dans les fédérations sportives.
03:43Dans les fédérations sportives, la gouvernance des fédérations sportives
03:46et donc les rôles modèles, le rôle des médias,
03:49le rôle de la place des femmes,
03:50puisque je considère que le sport,
03:53c'est vraiment une place d'émancipation pour chacun
03:56de prendre sa place dans la société.
03:58Donc, si on veut que notre société soit à l'image de ce qu'elle est dans la vie,
04:03c'est-à-dire 50% de femmes,
04:06et bien oui, encore du travail.
04:07Alors, on va continuer de parler de sport
04:08parce que vous avez pratiqué le patinage artistique à haut niveau
04:11dès l'âge de 5 ans.
04:12Vous avez même été médaillée de bronze au championnat de France Espoir.
04:16À quoi ressemblait votre vie quand vous étiez en sport-études ?
04:20On vous voit là, vous aviez quel âge, je ne sais pas ?
04:227 ans ici.
04:237 ans, oui.
04:24Alors, c'est une vie qui est très organisée,
04:26une vie rythmée, 7 heures sur la piste.
04:29On avait une organisation du temps.
04:30C'est la patinoire.
04:31Oui.
04:32Entre 7 heures et 9 heures et demie, donc, sur la piste.
04:37Puis, des horaires aménagés entre 10 heures et 15 heures.
04:40Puis, retour à la patinoire pour le libre l'après-midi.
04:43Fin 5-6 heures.
04:44Ensuite, il faut rentrer, il faut manger, il faut faire les devoirs,
04:47il faut se coucher tôt parce que le lendemain matin, ça reprend.
04:49Et donc, le patinage, ça m'a donné à la fois de l'organisation,
04:55parce qu'ensuite, il faut faire les compétitions,
04:57ça m'a donné aussi une vie collective,
05:00et puis de pouvoir sortir le meilleur de soi quand on est sur la piste.
05:04Une détermination.
05:05Et face aux juges, oui, il faut une forme de dépassement
05:11pour faire en sorte que l'entraînement qu'on a eu jusque-là,
05:13ça sorte ce jour-là.
05:14Par la suite, vous avez travaillé en entreprise,
05:16d'abord comme commercial, puis dans les ressources humaines,
05:19jusqu'à devenir coach en entreprise.
05:22C'est quoi exactement, une coach en entreprise ?
05:25En tout cas, je m'occupe des personnes dans l'entreprise,
05:28et je m'intéresse à l'humain, donc la connaissance de soi,
05:31la connaissance de nos qualités, de nos limites,
05:34et de ce qui nous anime et de ce qui nous motive.
05:37Donc, je deviens une spécialiste des relations dans l'entreprise,
05:40la place de chacun, à la fois en termes d'appétence,
05:44en termes de compétences, et des relations en comité de direction
05:49ou en management des ressources humaines.
05:51Quand vous êtes devenue députée,
05:53vous avez été élue vice-présidente du groupe En Marche,
05:55et on vous a confié la valorisation des talents,
05:58c'est-à-dire que vous étiez coach du groupe En Marche
06:00à l'Assemblée ?
06:01En tout cas, c'est une véritable aventure humaine,
06:05et la vie du groupe, dans ce qu'elle a à s'organiser,
06:09la coopération, l'organisation des spécialisations,
06:13oui, c'est une vie managériale,
06:16qui n'est pas tout à fait comme dans l'entreprise,
06:18mais c'est une constitution de groupe.
06:19Alors, en 2019, vous êtes retrouvée impliquée
06:21dans un incident de séance sur lequel j'aimerais qu'on revienne.
06:24C'était à l'occasion d'une prise de parole d'Alexis Corbière.
06:26Alors, à l'époque, Alexis Corbière, il était encore chez les Insoumis.
06:29On va voir cela.
06:30Oui.
06:34Monsieur le Président, je tiens à dire que cette personne m'a insulté
06:38pendant que je parlais.
06:39Je veux bien entendre qu'il y ait des protestations,
06:41mais quand c'est des injures qui sont tenues à côté de moi,
06:44c'est assez simple.
06:45Ah, pardon, madame ?
06:45Monsieur Corbière, s'il vous plaît, reprenez le fil de votre intervention, s'il vous plaît.
06:49Allez à votre place, madame, je vous en prie.
06:52S'il vous plaît, monsieur Corbière, vous avez la parole.
06:53Je lui propose que cette collègue aille s'asseoir, car elle parle et elle m'insule pendant que je parle.
06:57Monsieur Corbière, s'il vous plaît.
06:59Bon, alors d'abord, qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Qu'est-ce que vous avez dit pour qu'Alexis Corbière réagisse comme ça ?
07:04Alors, quand on est dans l'Assemblée, il se passe des incidents, souvent, et on commente.
07:09Et donc là, Alexis Corbière est en train de dire vraiment des énormités,
07:14notamment que la police tue.
07:17Et donc, je commente comme quand je peux faire, sauf qu'habituellement, je suis...
07:22C'est de plus loin.
07:22Je suis de plus loin, je dis, mais qu'est-ce qu'il dit comme connerie ?
07:25Et donc, évidemment, je suis à deux mètres et je commente.
07:30Et donc, comme Alexis Corbière est quand même un champion de la mise en scène,
07:35il prétend que j'insulte et puis, voilà, il fait cet incident.
07:40Et pour moi, c'est quand même la première fois.
07:43Le lendemain, je veux dire, à peu près tous les médias qui se sont tournés vers vous.
07:48Et donc, du coup, c'est vraiment pour moi l'idée de dire,
07:53entre la réalité de ce qu'on travaille au long cours, tranquillement,
07:58et puis, finalement, ce qu'on donne à voir aux gens.
08:01Là, je prends conscience de la mise en scène qui est orchestrée par certains groupes politiques.
08:06Mais vous dites donner à voir, mais c'est vrai que cette image, elle interpelle.
08:10On vous voit bras croisés, le regardant, refusant de regagner votre siège.
08:16Ça donne presque l'impression que vous le défiez,
08:19que vous voulez presque l'intimider physiquement.
08:21Oui, alors...
08:22Et ça a duré longtemps, ça a duré une minute trente.
08:24En même temps, c'est 23 heures. Moi, je suis à l'écart.
08:28Enfin, je veux dire, c'est rien, ce temps-là.
08:32Je suis à l'entrée.
08:33Et en fait, avant de prendre la place, quand un collègue parle,
08:37il a la caméra qui est sur lui.
08:38Donc, c'est franchement pas grand-chose et il en fait beaucoup.
08:41Mais la coach aurait validé cette attitude ?
08:44La coach, elle est au clair avec le fait qu'on a des temps où on est en pleine capacité
08:51et puis on est là pour parler.
08:53Et puis là, la coach, elle dit simplement, je suis en train de rentrer à ma place.
08:57Et puis, la coach, elle s'insurge des propos qui sont inacceptables.
09:02Donc, à un moment donné, oui, je pense qu'il faut dénoncer
09:06quand la France insoumise instrumentalise ce qui se passe dans les mystiques.
09:12Et c'est ce qu'il faut retenir de cet épisode.
09:14Votre nom est désormais associé à cette loi qui redéfinit pénalement le viol
09:18pour y ajouter la notion de consentement.
09:21C'est une loi que vous avez portée avec une autre députée,
09:23Marie-Charlotte Garin, du groupe écologiste.
09:26Cette loi, elle n'a pas fait l'unanimité au début.
09:28Emmanuel Macron, notamment, n'était pas favorable.
09:30Et puis, certaines associations féministes aussi.
09:33Comment est-ce que vous les avez convaincues ?
09:35La genèse de ce combat, ça démarre à l'Europe.
09:41Et à l'Europe, les parlementaires votent pour.
09:45Et au Conseil de l'Europe, la France vote contre.
09:49Et donc, la négation d'Emmanuel Macron, elle est dédiée à l'Europe.
09:55Moi, je préside la délégation des femmes.
09:57Je suis dans un parti progressiste.
09:59Et je dis, ça n'est pas possible que la France s'oppose.
10:01Et donc, le président me dit, ça n'est pas du droit européen,
10:05c'est du droit français.
10:08Qu'à cela ne tienne, finalement, je suis renvoyée dans mes 22.
10:10Donc, à la présidence, Marie-Charlotte Garin m'avait déjà sollicité sur ces sujets-là.
10:15Et on a démarré.
10:16On est allé à deux.
10:17On est allé à deux.
10:18J'ai envie de dire, avec beaucoup d'humilité, c'est-à-dire qu'on a démarré notre travail
10:22en nous posant la question, faut-il ou non changer la définition pénale du viol.
10:26Oui, il y a d'abord eu un rapport parlementaire, on va dire.
10:29Absolument.
10:30Une mission d'information qui a duré deux ans.
10:32Et vous dites qu'on est passé de la culture du viol à celle du consentement.
10:37Qu'est-ce que vous entendez par culture du viol ?
10:39La culture du viol, c'est tout ce qui est autour de ces agressions sexuelles et de ces viols
10:46qui visent à mettre la victime au centre des préoccupations
10:51et qui, dans un inconscient collectif, va dire
10:54« Mais qu'est-ce qu'elle a fait pour qu'il se produise ceci ? »
11:00Et donc, ça, c'est la culture du viol.
11:03Et la culture du consentement, c'est vraiment de passer à une dimension de dire
11:07que chacun est responsable de son corps
11:09et qu'une personne qui dit non, elle doit être écoutée
11:14et que cette culture du consentement, elle doit commencer de l'éducation des jeunes.
11:19On peut aussi parler de la dimension de l'inceste
11:23et de l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle
11:29et de dire que mon corps m'appatient
11:32et tous ses enjeux, de dire que tout contact sexuel non consenti est un viol.
11:39On va passer à notre quiz, à présent, pour finir sur une note un peu plus légère.
11:43Je vous propose de compléter les phrases suivantes.
11:47« J'avais promis de ne pas faire plus de demandas, mais... »
11:50Si c'est un combat contre le RN et que c'est moi la mieux placée, j'y retourne.
11:57Les commentaires de Philippe Candeloro sur les patineuses.
12:01Alors, j'apprécie beaucoup Philippe.
12:04On patinait ensemble, on a fait des stages à cette époque.
12:09Pas sûr qu'il contribue à cette image plutôt sexiste qu'on connaît déjà.
12:15Enfin, un petit trail de 40 km en haute montagne.
12:17C'est l'entraînement pour être en forme.
12:21Et ça vous arrive souvent ? Je vous ai regardé sur les réseaux sociaux.
12:24Ça m'arrive, oui.
12:25Là, c'était...
12:26À l'UTMB, c'est ma fille qui m'accompagne.
12:29C'était l'été dernier, enfin, il y a un an.
12:32C'est 40 km sur la petite course de l'UTMB.
12:35Petite course, 40 km, 2000 m de dénivelé, j'ai regardé quand même.
12:38Quand on fait 160 km, c'est les grosses courses.
12:42Moi, courir, c'est un temps de ressourcement.
12:48Dans ce mandat, on passe beaucoup de temps.
12:50Mon équipe sait qu'il me faut au moins une demi-journée pour aller respirer.
12:54Et vous arrivez à courir ici, à Paris ?
12:56Je cours, le matin, de 7h à 8h, sur les quais de Seine.
12:59Merci beaucoup, Véronique Riotton, d'être venue dans La Politique et moi.
13:02Merci à vous.
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