00:00Après deux semaines de débat, la COP 26 a semble-t-il tenu ses promesses.
00:04En tout cas, on note des avancées dans la protection des espèces sauvages.
00:07Et ça, c'est assez rare pour le souligner.
00:08Oui, comme quoi il y a de l'espoir tout de même pour les COP.
00:11Alors, cette COP, elle s'est achevée vendredi dernier.
00:13C'était une COP qui s'est beaucoup penchée sur la protection de la biodiversité marine
00:18à l'initiative de l'Union Européenne.
00:20Elle a ainsi permis de protéger 70 espèces de requins et de raies.
00:25Certaines sont désormais totalement interdites de commerce.
00:27Le requin océanique, par exemple, ce n'est pas celui-ci.
00:30Je n'avais pas d'image du requin océanique.
00:31Mais ce qu'on peut noter, c'est que le requin océanique, malheureusement pour lui,
00:34il a de très longues nageoires.
00:38Et donc, on commerce et fait de ces nageoires.
00:41Et c'est ça qui le menaçait.
00:42Plus connu, le requin baleine est désormais aussi entièrement protégé.
00:46Les raies menta et les raies mobula.
00:48Il y avait urgence parce qu'un tiers des espèces de requins et de raies sont menacées d'extinction.
00:52Le Fonds international pour la protection des animaux a parlé d'une victoire éclatante à cette COP.
00:57Et puis, pour les animaux terrestres, à noter la création d'un mécanisme de protection des grands singes.
01:02Une équipe va être placée sous l'autorité de la CITES et va avoir pour mission de surveiller les exportations de ces primates.
01:09Les Émirats Arabes Unis, qui sont une plateforme de commerce des grands singes, seront donc sous étroite surveillance.
01:15Il y a tout de même un rejet de la protection de toutes les espèces d'anguilles et des concombres de mer.
01:21Oui, alors pour la même raison, les deux espèces, ils sont très consommés, les concombres de mer et les anguilles, en Asie.
01:29Et c'est extrêmement dommage parce que, vous le savez, les concombres de mer, ça a l'air de rien.
01:34Mais ils ont un rôle essentiel dans le maintien de la bonne santé du phytoplankton, cette forêt océanique qui capte le CO2 que nous émettons dans l'atmosphère et qui nous fournit de l'oxygène.
01:47Concernant les anguilles, il y avait 17 espèces à protéger, mais une seule l'est en réalité depuis 2009, c'est l'anguille européenne.
01:56Elle est en danger d'extinction, les autres espèces le sont moins.
01:59Du coup, le Japon, qui est un grand consommateur d'anguilles, a mené une campagne assidue contre cette interdiction généralisée, au motif que toutes les anguilles ne sont pas menacées.
02:09Cette proposition va à l'encontre des objectifs de la CITES.
02:16Si elle est adoptée, elle imposera des contraintes à toutes les parties pour des espèces d'anguilles qui sont distinctes et ne sont pas menacées.
02:24Il s'agit là d'une régression disproportionnée et excessive qui limite les ressources disponibles pour d'autres espèces véritablement menacées.
02:33Alors le problème de l'anguille, c'est qu'elle ne se reproduit pas en captivité.
02:37Donc si on veut en manger, il faut la pêcher.
02:39Il est très difficile de différencier les différentes espèces d'anguilles, surtout lorsqu'elles sont au stade juvénile.
02:45On les appelle alors les civelles et elles sont mangées aussi sous cette forme.
02:48Les anguilles, elles voyagent beaucoup entre leur lieu de reproduction et leur lieu de naissance.
02:52Du coup, si on ne protège pas toutes les espèces, la seule espèce protégée continuera d'être pêchée, volontairement ou non.
02:59Lorraine Jacquet de la Fondation 30 millions d'amis a assisté à cette COP CITES.
03:03Elle réagissait à ce rejet de la proposition de protection des anguilles.
03:06C'est malheureux puisque l'idée n'était pas d'interdire le commerce d'anguilles,
03:11mais surtout d'assurer une certaine traçabilité sur les populations qui sont prélevées dans le milieu naturel
03:17pour être commercialisées sur la scène internationale.
03:20Et donc malheureusement, c'est un encadrement du commerce qui était nécessaire pour la protection de ces populations sauvages,
03:26qui a été rejetées, alors qu'il aurait permis de s'assurer que c'était un commerce qui était durable,
03:32qui ne nuisait pas à la survie d'une espèce.
03:36Donc c'est pour ça que je pense que c'est une proposition qui sera retravaillée,
03:39qui sera certainement rediscutée prochainement,
03:41puisque aujourd'hui, le trafic et le commerce de civelles notamment,
03:45donc qui sont les anguilles à un stade juvénile,
03:49est une forte menace pour les populations sauvages.
03:52Oui, est-ce qu'un nouveau vote pourrait être organisé ?
03:55Oui, alors ce sera dans trois ans à Panama au plus tôt,
03:58la prochaine COP CITES.
04:00C'est beaucoup moins fréquent les COP CITES que les COP climat.
04:03Et c'est un souci, parce que ça ne vous aura pas échappé,
04:05il n'y a pas que le commerce qui menace la faune et la flore d'ailleurs,
04:08puisque la CITES s'intéresse aussi à la flore.
04:10Il y a aussi toutes les pollutions, le changement climatique, etc.
04:14Et donc si la CITES et la COP qui fonctionnent le mieux,
04:19la diplomatie environnementale, elle reste toujours beaucoup trop lente
04:23face aux changements environnementaux.
04:26Ici, la sixième extinction de masse.
04:28Je vais laisser aussi le mot de la fin à Laurenne Jacquet.
04:31On voit d'ailleurs, pour de nombreuses espèces
04:33pour lesquelles des protections sont décidées lors des COP,
04:36ce sont des espèces pour lesquelles on a attendu très longtemps.
04:39Et malheureusement, on aboutit à un consensus
04:41sur une interdiction de commerce international,
04:44à un moment où en fait l'espèce est quasiment en voie d'extinction.
04:48Et c'est ce qu'on déplore en fait,
04:50c'est que le principe de précaution ne soit souvent pas suffisamment appliqué
04:54lors de ces discussions et qu'on attende que le commerce international
04:58ait réellement un impact très fort sur la population sauvage
05:01pour enfin décider que le commerce doit être interdit.
05:05Voilà, c'est toujours pas gagné, mais ça avance.
Be the first to comment