00:00Avec jusqu'à 20h, Joseph Massis-Caron, bonsoir.
00:03Écrivain et essayiste, bonsoir Victor Hérault, journaliste politique à Valeurs Actuelles.
00:08Invité politique d'Europe 1 soir, Alma Dufour, bonsoir.
00:11Merci d'être avec nous député LFI de Seine-Maritime.
00:14Avant de parler du budget, cette situation à Rennes, assez inquiétante,
00:19marquée par une série de fusillades, également à Echirol,
00:23avec le corps d'un homme de 18 ans découvert tôt dans un parc de Grenoble.
00:28Comment est-ce qu'évidemment il y a le narcotrafic en grande partie
00:32en toile de fond de ces règlements de compte ?
00:35Comment est-ce que vous vous appréciez cette situation très très inquiétante en France ?
00:40Effectivement elle est inquiétante et nous ce qu'on dit c'est qu'il faut mettre les moyens au bon endroit
00:44et les renforcer, c'est-à-dire qu'au lieu de parler de sécurité surtout en termes de patrouille de rue,
00:52de questions de police municipale, armée par armée, ce qui sont des vrais sujets pour les gens,
00:56en fait là on parle de règlements de compte évidemment liés au narcotrafic,
01:00on ne parle pas des mêmes enjeux et on ne parle pas de la même police et des mêmes moyens à mettre.
01:04Nous ce qu'on dit depuis des années, c'est qu'on ne met pas assez de moyens dans les polices spécialisées
01:10pour démanteler les trafics, dans le parquet financier aussi pour le blanchiment de l'argent du narcotrafic par exemple.
01:16Donc là vous voulez plutôt aller en aide à la police ?
01:18Oui, bien sûr, mais nous on n'est pas contre, parce qu'il y a souvent ce débat,
01:23la question c'est des moyens pour quoi faire ?
01:25C'est-à-dire que nous on est pour renforcer les effectifs de police de proximité avec un accadrement de leur mission,
01:30mais pour ce qui est du narcotrafic, oui, renforcer les moyens qui permettent de démanteler les réseaux à la source,
01:35pas faire que de l'arrestation de rue entre guillemets.
01:38Évidemment la police nationale ne fait pas que ça, c'est pas ce que je veux dire,
01:41mais on manque aujourd'hui de moyens suffisants pour aller vraiment tacler les réseaux à la source, les démanteler.
01:45Et je vous donnerai un dernier exemple, moi je suis élu à côté du port du Havre,
01:49en fait ma circonscription n'est pas si loin, vous savez que par le port du Havre se transite à peu près la moitié de la cocaïne qui arrive en France.
01:55Et bien aujourd'hui on demande encore des scanners mobiles, ne serait-ce que pour contrôler les containers de façon automatique,
02:00parce qu'on n'a aujourd'hui qu'un douanier pour 1000 containers, vous voyez c'est pas possible.
02:042% seulement.
02:06Joseph Messescaro, puisque vous avez la parole.
02:08Pardon, qu'est-ce que vous pensez ?
02:10Il y a une petite musique qui se fait de plus en plus sur le mode,
02:13finalement il faut faire une adéquation, la lutte contre le narcotrafic et la lutte contre le terrorisme,
02:19c'est le même type de lutte.
02:21Écoute, je ne sais pas, je n'étant pas une spécialiste de l'antiterrorisme,
02:25je ne pourrais pas dire exactement jusqu'à quel point cette adéquation est réelle,
02:30mais en tout cas ce qui est sûr c'est que les réseaux de narcotrafiquants sont aujourd'hui des réseaux mondiaux,
02:35sont aujourd'hui des réseaux avec beaucoup d'argent et avec beaucoup d'armement.
02:38Donc jusqu'à ce point-là, oui, on peut...
02:40Avec des têtes pensantes qui sont souvent cachées dans les pays du Golfe et qui sont difficiles à attraper.
02:45Exactement, dans la dimension internationale et la dimension quasi para-étatique,
02:49pour revenir sur la cocaïne dans des états d'Amérique du Sud,
02:52je reviens de l'Équateur en avril où j'étais là pour observer les élections,
02:56on n'a rien à voir, mais ce pays en 10 ans, la moitié du pays est devenue quasiment inaccessible
03:00parce qu'elle est gouvernée par toutes sortes de narcos qui ont déplacé l'exportation de la Colombie.
03:06Et qui s'aiment la terreur.
03:06Et qui tuent des gens en pleine rue, y compris des maires.
03:09Il y avait une maire de gauche, la plus jeune maire du pays, elle s'est fait abattre d'une balle dans la tête.
03:12Mais est-ce que vous avez parlé de la peur des personnes ?
03:15Est-ce que vous sentez que parfois il y a une peur aujourd'hui dans un certain nombre de territoires
03:20à cause de ça, à cause de narcotrafic ?
03:23Moi je la relativiserais.
03:24Alors après, encore une fois, je ne suis pas élue des Chiroles, je ne suis pas élue de Marseille.
03:29Mais vous en parlez j'imagine en réunion de groupe.
03:31Oui, on en parle et justement c'est sûr que ça impacte tout le monde.
03:36Ça impacte les familles, les mamans.
03:37Justement, on est auprès par exemple à Marseille du collectif des mamans
03:41dont les enfants se sont faits tués par des règlements de compte.
03:43Donc si on sent que ça, dans certaines villes de France, ça impacte vraiment le quotidien des habitants des quartiers populaires.
03:49Parce qu'il y a un double jeu aussi.
03:50Oui, il y a aussi des trafiquants qui vont vous acheter les fourniteurs scolaires pour votre enfant,
03:54qui vont vous faire des cadeaux de Noël.
03:55Donc c'est à double tranchant.
03:56Et habitant dans une ville qui a défrayé la chronique,
04:02parce que, plaque tournante aussi de la drogue en Normandie,
04:06avec une mère socialiste mise en examen pour complister trafic de drogue,
04:09une navine s'appelle Canteleux.
04:11C'est très différent en réalité.
04:14À Canteleux, les gens ne sont pas terrifiés par le narcotrafic.
04:17Ce n'est pas visible, ça se passe un peu comme ça.
04:20Personne n'est agressé, il n'y a pas de règlement de compte.
04:23Donc les gens n'ont pas peur, ce n'est pas de ça que les gens me parlent dans la rue.
04:26Je ne sais pas si c'est le cas à Echirol, par exemple,
04:28où j'imagine que quand il y a des gens qui meurent de balles,
04:31voilà, évidemment...
04:32Vous parliez de l'équateur, là c'est l'équateur, sauf que ça se passe en France.
04:34Voilà, je comprends que les gens aient peur.
04:35Oui, Alma Dufour, je crois que la doctrine de...
04:37Vous me dites si je me trompe.
04:38La doctrine de votre mouvement sur l'armement de la police municipale,
04:41c'est de dire, il vaut mieux, et vous l'avez dit tout à l'heure,
04:43une police qui soit spécialisée dans la gestion du narcotrafic,
04:46qui elle soit armée,
04:47et l'armement de la police municipale,
04:49ça n'aiderait pas aux relations paisibles entre les citoyens et la police.
04:52Donc on est d'accord sur le postulat.
04:54À partir du moment où dans certaines villes,
04:56certains quartiers,
04:57le narcotrafic devient un problème de proximité,
04:59c'est-à-dire qu'il n'y a pas des quartiers isolés du reste,
05:02c'est-à-dire que vraiment chacun peut rencontrer une frusillade
05:04en descendant de chez lui, dans certains quartiers, dans certaines villes.
05:06Je pense que c'est un peu exagéré, un peu excessif.
05:08Est-ce qu'on pourrait considérer que dans ces villes-là,
05:10l'armement de la police municipale serait plutôt une réponse,
05:12puisqu'on précise qu'en face, ce sont des armes lourdes,
05:14quand on parle de fusillades, ce n'est pas des attaques en couteau,
05:16on parle vraiment de fusillades.
05:17C'est souvent des kalachnikovs, on se demande ce qu'elles font.
05:19Je veux dire, pour pouvoir réagir plus vite, c'est ça.
05:20Je reviens sur l'armement de la police municipale.
05:23Déjà, ils ont des armes non létales,
05:25il ne faut pas dire qu'ils n'ont pas d'armes du tout.
05:27Pour que les gens se rendent compte,
05:28ils ont des tasers, ils ont des LBD,
05:30ce qui sont quand même des armes pour le commun des mortels
05:33qui ne sont pas armés de kalachnikovs,
05:34qui peuvent être quand même assez dissuasives.
05:36Je ne recommande à personne de se prendre un coup de taser,
05:39ça fait très très mal, ça peut même tuer.
05:41Les LBD, vous savez ce que ça peut faire aux gens,
05:43ça peut les mutiler.
05:44Donc ce n'est pas comme s'ils n'avaient rien.
05:45La question des armes lourdes...
05:47Ils font face à des kalachnikovs.
05:48Voilà, mais est-ce que c'est...
05:49En fait, la question, c'est qu'il faut la prendre en place,
05:51c'est que pourquoi ce n'est pas la police nationale,
05:53dont on ne renforce pas les effectifs,
05:55qui vient intervenir quand elle sait...
05:56Alors pourquoi, madame la députée ?
05:57Eh bien, parce qu'il n'y a pas assez d'effectifs.
05:59Et nous, c'est ça qu'on demande.
06:00On demande le renforcement des effectifs de la police nationale.
06:03Mais comment est-ce que vous voulez encourager les policiers
06:05à devenir policiers,
06:06alors qu'il y a un climat délétère en ce moment ?
06:08Et j'en reviens à ce qu'on disait tout à l'heure,
06:10et on l'aborde enfin Alma Dufour, soyons clairs.
06:13Quand vous avez sur la devanture d'un immeuble à Lyon,
06:18la police tue,
06:19et vous avez certains membres de LFI,
06:22mais pas tous,
06:22parce que j'ai entendu monsieur Coquerel,
06:24qui a dit,
06:25« Alors non, moi je ne suis pas d'accord,
06:26la police tue, mais dans certains cas,
06:28quand vous avez monsieur Léoman, par exemple,
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