- il y a 1 semaine
Calogero est un auteur-compositeur-interprète reconnu pour ses mélodies pop et ses textes sensibles, qu'il partage avec le public depuis plus de vingt ans.
Ancien membre du groupe Les Charts, il s'est imposé en solo comme l'une des figures majeures de la chanson française contemporaine. Son dernier album, « X », contient un titre éponyme dans lequel il évoque ses difficultés scolaires, un sujet personnel qu'il transforme en message d'espoir : « Ce n'est pas parce qu'on a eu de mauvaises notes à l'école qu'on a de mauvaises notes dans la vie. »
Sans revendiquer une posture politique, Calogero signe des chansons profondément engagées sur le plan humain et sociétal.
Ancien membre du groupe Les Charts, il s'est imposé en solo comme l'une des figures majeures de la chanson française contemporaine. Son dernier album, « X », contient un titre éponyme dans lequel il évoque ses difficultés scolaires, un sujet personnel qu'il transforme en message d'espoir : « Ce n'est pas parce qu'on a eu de mauvaises notes à l'école qu'on a de mauvaises notes dans la vie. »
Sans revendiquer une posture politique, Calogero signe des chansons profondément engagées sur le plan humain et sociétal.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Les cafés, les cinémas, je n'y retournerai pas, ma vie s'est arrêtée là, un jour au moment, mes endroits.
00:21Bonjour Calogéro.
00:23Bonjour Didier.
00:24Bienvenue dans mon compartiment qui est le vôtre, le temps de ce voyage.
00:30Vous êtes compositeur, musicien, producteur.
00:33J'ai écrit des textes aussi.
00:34Vous avez quand même écrit quelques textes aussi.
00:37Un artiste protéiforme qui a publié son dernier album studio qui s'intitule 10, 10 en lettres romaines.
00:45Je me suis dit, est-ce que vous avez quelque chose avec les chiffres, vous qui aviez intitulé un album 3 ?
00:50Oui, j'ai un truc avec les chiffres, c'est vrai.
00:53Et j'ai toujours trouvé que les noms d'albums numérotés étaient pas mal pour des repères.
01:02C'est le début d'autre chose, 10.
01:04C'est un redémarrage, forcément.
01:07Et puis c'est vrai que, à mon âge, c'est beau d'avoir traversé tout ça.
01:16C'est exactement comme un TGV, un wagon dans lequel je suis monté.
01:23Et j'ai eu la chance que ce train, en tout cas pour la musique, soit constant.
01:35Et un train qui ne s'est quasiment pas arrêté.
01:40Et c'est rare, dans tous les métiers, c'est rare.
01:42C'est de tenir la longueur.
01:46Alors précisément, vous dites, ce train s'est rarement arrêté.
01:50Mais après l'expérience de Lu Arena, vous avez même été rattrapé par l'inspiration.
01:56C'est-à-dire qu'en sortant de cette expérience phénoménale de chanter devant 40 000 personnes,
02:01tout d'un coup, normalement, on a envie de s'arrêter, de faire une pause, de regarder le paysage.
02:06Et là, vous avez été rattrapé par l'inspiration.
02:09En fait, cet album 10, il vous a été presque imposé par l'inspiration.
02:13C'est ça.
02:14En fait, je n'ai vraiment pas dormi de la nuit.
02:17Ça a été un moment merveilleux.
02:21Le public parisien, ce soir-là, était particulièrement chaleureux.
02:28J'ai senti, toutes les années derrière, comme si...
02:33Parce que parfois, le public parisien peut être plus froid.
02:37Il est plus chaleureux à Lille, il est plus chaleureux parfois à Besançon, à Marseille, enfin bref.
02:43Et là, ce soir-là, cet aréna comme ça, pleine, c'était un rendez-vous pour dire
02:53« Ce soir, c'est la maison mère.
02:56C'est Paris.
02:57C'est ici que tu es venu, à 18 ans, comme tes parents sont partis de leur pays.
03:03Moi, j'ai immigré à Paris, puisque de partir de province à cette époque-là,
03:09moins peut-être maintenant, mais partir à cette époque-là, dans les années 90 ou 81...
03:16C'était pas en train, d'ailleurs, c'était en voiture, je crois.
03:18En voiture, en Renault 5, pour être pote, avec l'album « Joshua Tree » en cassette.
03:23Et tout ça, c'était vraiment changé de pays.
03:30Paris, c'était un pays, et c'est un pays qui m'a plu.
03:36J'ai pas eu le truc de provincial, de se dire « Ah, c'est pas pour moi, ça va trop vite ».
03:45En fait, le fait, l'énergie des grandes villes me va bien.
03:49Et ce 10, aussi, c'est le titre d'une chanson particulière
03:55qui exprime finalement que les bons points ou les mauvais points
04:01à l'école ne font pas forcément les mauvais destins.
04:04C'est un peu ce qui vous est arrivé, un cursus scolaire extrêmement complexe
04:11et qui ne vous promettait pas un jour de terminer star à l'U Arena.
04:15C'est ça que vous voulez dire dans cette chanson ?
04:17C'est un peu ça, ce que je veux dire,
04:18mais je crois que beaucoup de gens se reconnaissent dans cette chanson.
04:22Oui, c'est la notation qui est sévère à l'école,
04:25parfois, qu'elle l'était plus avant.
04:27Maintenant, ça a beaucoup évolué.
04:30Et qui dit simplement que c'est pas parce qu'on a des mauvaises notes à l'école
04:34qu'on peut pas avoir des bonnes notes dans la vie.
04:36Mais, aujourd'hui, mes enfants, par exemple, ont de bonnes notes à l'école
04:41et j'en suis ravi.
04:43Et on peut avoir aussi de bonnes notes à l'école et des bonnes notes dans la vie.
04:46Je veux dire, c'est aussi une chanson qui rend hommage aussi aux enseignants d'aujourd'hui,
04:53aux enseignants qui font tellement d'efforts pour faire autrement.
04:58Beaucoup de bienveillance, moins de phrases cassantes.
05:06D'abord, ils ne nous tirent plus les cheveux.
05:10C'est quand même mieux.
05:12Et voilà, c'est une chanson qui était importante.
05:16C'est une commande que j'ai faite à Bruno Guglielmi.
05:19Je lui ai dit, voilà, l'album va s'appeler 10 et j'aimerais parler de ces 10 sur 10
05:25et de cette souffrance que j'ai eue à l'école.
05:28Mais bon, je n'étais pas un cadeau.
05:31Il ne faut pas croire non plus.
05:33Les profs n'avaient pas toujours tort.
05:36Je n'étais pas un élève facile.
05:37Alors, grâce à la musique, grâce à un groupe un jour que j'ai vu, un vinyle que j'ai eu dans les mains, je me suis dit...
05:52Ce vinyle, c'était quoi ?
05:53Construction Time Again de Depeche Mode.
05:55Depeche Mode.
05:56Et je me suis dit, c'est ça.
06:01Ça a été vos livres à vous, en fait.
06:02Ça a été mes livres.
06:06Je ne lisais pas encore trop à cette époque-là.
06:09Je me suis mis à lire plus tard.
06:11C'est Paris qui m'a donné envie de lire.
06:14Quand vous avez commandé cette chanson, qui parle de votre parcours très difficile à l'école,
06:21vous avez eu quand même à cœur aussi de mettre en avant l'importance de l'éducation dans son rôle d'émancipation pour l'être humain.
06:30C'est ça aussi que vous voulez dire ?
06:31Oui, aussi.
06:32Parce que j'en parle souvent de l'éducation.
06:35Je trouve qu'il faut faire confiance aujourd'hui à l'école, aux enseignants.
06:41Il faut que ce soit, quand c'est bienveillant, un prolongement de ce qui se passe à la maison.
06:46Je trouve que, bien sûr, aujourd'hui, les enfants sont bien plus aimés qu'à notre époque.
06:54Ils sont adorés.
06:55Et parfois trop.
06:58Parce qu'aujourd'hui, on le voit bien, il y a des enseignants qui se font frapper.
07:05C'est devenu l'inverse, du coup.
07:08Et moi, je ne suis pas pour être dans la bienveillance.
07:16Mais je trouve qu'il n'y a rien de pire que de dire à son enfant,
07:20tu es un génie, tu es surdoué.
07:22Vous êtes contre l'enfant roi.
07:24En fait, c'est marrant parce que là, il y a des jeunes humoristes, de plus en plus,
07:28qui commencent à en parler.
07:29Et ça me fait plaisir, quoi.
07:32Il commence à dire, mon fils, ma fille est surdouée.
07:38Elle a des mauvaises notes à l'école parce qu'elle est surdouée.
07:40Moi, j'ai grandi.
07:43Il y avait des élèves, ça s'appelait une classe, ça s'appelait la CPPN, je crois.
07:48Et les pauvres, c'était le contraire.
07:50Alors bon, il faut peut-être trouver un juste milieu.
07:53C'était le contraire.
07:54Ils étaient carrément en bleu de travail.
07:55On les voyait dans la cour de récré et ils faisaient des murs, les pauvres.
08:00Devant nous, en parpaing.
08:02Parce qu'ils étaient considérés comme pas aptes à apprendre normalement.
08:05Donc je veux dire, aujourd'hui, on est passé dans vous, l'inverse.
08:09Dès qu'un élève est en difficulté, il est trop doué, en fait.
08:12Mais en fait, il faut trouver le juste milieu.
08:16Et moi, j'ai eu la chance.
08:19On ne m'a pas dit, tu es surdoué.
08:22Si on m'avait dit, tu es surdoué en musique,
08:25je pense que je n'en serais pas là.
08:29Alors, dans cet album aussi,
08:32il est question en creux de transmission,
08:34puisque vos enfants sont présents dans cet album.
08:39C'est quoi la transmission pour vous, Calogéro ?
08:43C'est ce qu'il y a de plus fort.
08:46Moi, je suis très attaché à mes racines.
08:47Je suis né en France, avec le droit du sang.
08:56C'est-à-dire que je suis né avec une carte de séjour.
08:58Et j'ai grandi avec des parents qui m'ont appris à remercier le pays d'accueil.
09:10– Famille d'émigrés sicilien ?
09:11– Sicilien, la Sicile.
09:13Aujourd'hui, on dit qu'en Italie, on dit que la Sicile, c'est les seigneurs de l'Italie.
09:17Là, il y a la série du guépard qui est incroyable et tout.
09:21Mais à mon époque, la Sicile, ce n'était pas hyper bien vu,
09:26ni en France, ni en Italie d'ailleurs.
09:29Donc, il y avait un… pas du racisme, mais pas loin.
09:34– Quand même ?
09:34– C'était quand même… t'es sicilien, t'es de la mafia, quoi.
09:37C'était tout de suite catalogué.
09:40C'était un peu… ou c'est les pauvres de l'Italie.
09:43C'était considéré comme ça.
09:45Ils disaient qu'ils avaient 50 ans de retard.
09:49Donc, on n'a pas souffert de ça du tout.
09:52Pas jamais.
09:54Mais, il y a quand même l'idée du complexe.
10:00Du complexe un peu de l'immigré.
10:04Et du coup, une volonté de devenir français à 18 ans et de choisir.
10:09– Et de faire bien, de ne pas la ramener.
10:11Ça a été ça aussi, toutes les fondations de votre éducation,
10:15d'être un peu exemplaire avec ce pays qui vous accueillait.
10:18– Voilà, sauf que je n'étais pas exemplaire.
10:21Et mon père était désespéré parce qu'il était toujours convoqué à l'école.
10:26– Vous avez été naturalisé tard ?
10:28– À 17 ans, j'ai été émancipé.
10:30– C'est quand même un truc, ça aussi.
10:32– Oui, j'ai été naturalisé parce que j'ai été sous contrat à 17 ans.
10:38J'ai eu un contrat très tôt.
10:39C'est-à-dire que quand j'ai arrêté de faire mes conneries à l'école,
10:43j'ai monté mon groupe à 15 ans.
10:44Et mes parents ont eu cette intelligence, en fait, je leur dois beaucoup pour ça.
10:51Ils ont eu cette intelligence d'y croire.
10:54On avait deux chansons qui se couraient après.
10:57On était à Grenoble.
10:59Et ils ont tout de suite dit, il y a quelque chose, on va les laisser faire.
11:04– Alors justement, Calogéro, puisqu'on est dans ce train, je vous propose de repartir à Echirol,
11:11qui est dans la banlieue de Grenoble.
11:13Vous êtes d'accord ?
11:13– Oui, bien sûr.
11:14– Attention, le train à destination d'Echirol va partir.
11:21Prenez garde à la fermeture automatique des portes.
11:24– On y est, hein ?
11:26– On y est, on y est.
11:29– Echirol, Grenoble, les immigrés siciliens.
11:34Moi qui viens de Grenoble aussi, je me souviens qu'il y avait le quartier des Siciliens.
11:39– Oui, le quartier Saint-Laurent.
11:40– Si je vous dis rue Montorge, en revanche, qu'est-ce que vous me dites ?
11:44Qu'est-ce que vous dites aux voyageurs ?
11:46– J'ai dit que c'était la rue où il y avait beaucoup de prostituées
11:51et on avait beaucoup de tendresse pour elles
11:55parce qu'on leur parlait, on passait comme ça,
11:58elles étaient hyper gentilles et on avait déjà,
12:04on sentait une souffrance.
12:08On sentait que ça leur faisait du bien de voir les petits gars passer
12:11et juste de nous dire bonjour et de les considérer.
12:15Et c'est pour ça que quand Carla Bruni m'a écrit ce texte,
12:20Louise, sur une prostituée qui souffre et qui est malmenée
12:28et qui d'un seul coup peut retrouver l'amour,
12:33j'étais heureux de pouvoir être un sauveur le temps d'une chanson.
12:40– Oui, puis ça vous a fait reconnecter avec cette rue,
12:43cette ambiance particulière.
12:45Est-ce que vous vous sentez grenoblois ?
12:50Est-ce que vous vous sentez pas parisien aujourd'hui encore ?
12:54Est-ce que quelque part, quand vous entendez annoncer
12:58qu'on arrive à l'échir, il y a quelque chose en vous qui se passe ?
13:02– J'ai toujours parlé de Grenoble.
13:04C'est vrai qu'il y a plein de gens qui viennent de province
13:06et qui n'en parlent pas, il y a Charles-Hélique Couture et de Nancy,
13:10ou voilà, d'autres gens, je sais pas,
13:14si on doit parler de géants par exemple,
13:17Victor Hugo et de Besançon, je sais pas forcément.
13:20Moi j'ai toujours parlé de Grenoble et d'échirol,
13:23mais je me sens pas grenoblois, non, je me sens pas échirolois non plus.
13:26J'ai gardé le petit gars d'échirol à qui parfois je parle.
13:35– Vous lui parlez ?
13:36– Oui, de temps en temps, je lui parle.
13:38Il s'appelait Charlie, comme tous les Siciliens qui s'appelaient Calogéro.
13:43Ils avaient francisé le nom en fait.
13:47Et je lui parle, et comme on parle à son enfant intérieur,
13:55parce que forcément je lui parle parce que je suis resté un enfant.
13:59Je le sais.
14:01Et moi je vois aujourd'hui mon père, il a 91 ans et il s'est resté un enfant.
14:06– Alors cette ville, elle vous a aussi quand même poussé
14:11à écrire une chanson incroyable,
14:14qui reste une chanson qui marque dans votre répertoire,
14:18Un jour au mauvais endroit,
14:20qui était liée à une tragédie,
14:23deux jeunes qui se font assassiner par une bande rivale
14:26du quartier de la Ville-Neuve, que je connais bien aussi,
14:29quartier qui avait été construit au moment des Jeux Olympiques d'hiver en 1968.
14:35Je me suis demandé aujourd'hui,
14:37en quoi cette chanson est encore d'actualité ?
14:41– Elle est plus que d'actualité, ça s'est empiré depuis.
14:45C'est devenu banal.
14:46Il y a une banalisation de la violence,
14:50on ne peut pas le nier.
14:53Et c'est préoccupant, surtout quand on a quatre enfants.
14:58Ça devient étrange.
15:02La liberté, c'est quelque chose qui se cadre.
15:05C'est comme un enfant.
15:07Si un enfant ne le cadre pas,
15:09il devient complètement anarchiste.
15:14Est-ce que l'anarchie, ça marche ?
15:17Est-ce que ça fonctionne ?
15:19Moi, j'ai une forme d'anarchie dans ma manière de vivre.
15:23Mais je me mets des cadres.
15:27Je me mets un cadre.
15:28Sinon, je ne respecterais pas l'autre.
15:32Donc cette chanson, elle est malheureusement, oui,
15:35toujours d'actualité.
15:37Et il s'est passé bien pire.
15:38Ce qui est étrange, c'est qu'il y avait chez les garçons,
15:45chez les filles, il y avait de la violence aussi chez les filles.
15:48Moi, je me suis déjà fait casser la figure par une fille une fois.
15:53Ça peut arriver.
15:56Mais il y avait quand même quelque chose de...
15:59Comment dire ?
16:01de courageux dans...
16:06Les bagarretés, pas belles à voir.
16:09Il y en avait souvent.
16:11Le bruit du poing contre la peau,
16:15c'est un bruit sourd, affreux.
16:18Et il y avait quand même cette notion de un contre un.
16:22Et le côté lynchage,
16:25qui se fait de plus en plus,
16:27c'est marrant comme ça ne choque pas les jeunes.
16:29Enfin, les jeunes.
16:30Les jeunes qui le font.
16:32Il n'y a pas d'honneur là-dedans.
16:35À être plusieurs sur quelqu'un.
16:37Et c'est...
16:38À l'époque d'un genre de mauvais endroit,
16:39c'est ce qui s'est passé.
16:40C'est que ça commençait à être vraiment...
16:42C'est comme une mode, en fait.
16:44On se met à plusieurs sur quelqu'un.
16:45On le tue, on le lynche.
16:48Et ça, c'est...
16:49Comment on a pu laisser passer ça ?
16:53Comment on a pu laisser passer ça ?
16:55Et quand vous la chantez aujourd'hui,
16:57ou quand vous allez la chanter dans votre tournée,
16:59dans les théâtres,
17:00vous faites référence toujours à ce même jour,
17:03au mauvais endroit,
17:04où la chanson devient plus universelle, malheureusement ?
17:09Alors, la dernière fois que je l'ai chantée,
17:12dans les grandes salles,
17:15cette chanson...
17:17on a écrit tous les noms
17:20de toutes les victimes depuis.
17:22Donc c'est pour vous dire que...
17:25Malheureusement, c'est pas terminé.
17:28Est-ce que vous êtes sombre et sentimentale ?
17:30Ça, c'est un texte magnifique d'Alana Philippi,
17:34qui m'a amenée vers le grand public
17:37avec un apesanteur et face à la mer.
17:39Je crois qu'elle avait raison.
17:43Elle disait, je vais...
17:45Tu vas allumer toutes tes lumières.
17:48Tu es sombre et sentimentale.
17:51Je suis sentimentale.
17:53Je suis...
17:54Un amoureux.
17:57Quelqu'un qui aime.
18:00Complexe.
18:03Complexe.
18:03Très complexe.
18:04Mais un amoureux.
18:06Et...
18:07Je crois que ce qu'il y a de pire dans la vie,
18:11c'est d'être vide d'amour.
18:14Et on en rencontre des gens qui sont vides d'amour.
18:17C'est les pires.
18:18Si je vous pose cette question,
18:20c'est parce qu'en réécoutant vos chansons,
18:23je me suis remémoré aussi une chanson importante
18:26qui s'appelle Les feux d'artifice,
18:29qui a été choisie par les victimes de l'attentat de Nice.
18:35Vous l'avez chantée à Nice.
18:38Et ça reste un moment incroyable dans votre parcours,
18:43parce que cette chanson,
18:43qui n'était pas écrite pour une tragédie,
18:46est devenue, à ce moment-là,
18:48a pris une résonance qu'on n'imagine pas.
18:51Et c'est là où je me suis dit,
18:52en fait, ce garçon, il est vraiment sombre
18:54et sentimental,
18:55puisque vous avez été rattrapé par l'émotion ce soir-là,
18:58et vous n'avez pas pu finir la chanson.
19:00Oui.
19:00Et puis, je m'en suis voulu au départ,
19:03parce que j'ai toujours eu les exemples
19:06de gens qui restent dignes, comme ça,
19:08qui font des discours,
19:10et qui ne pleurent pas,
19:11ou qui chantent la chanson,
19:13et qui vont au bout,
19:14et qui font passer l'émotion différemment.
19:17Et moi, j'ai craqué.
19:18J'ai craqué parce qu'à un moment donné,
19:20le dernier couplet a un sens très, très, très lourd.
19:28Nous sommes comme des feux d'artifice,
19:30vu qu'on est là pour pas longtemps,
19:32faisons en sorte, tant qu'il existe,
19:36tant qu'on existe,
19:37de briller dans les yeux des gens.
19:39C'est un magnifique texte de Paul Ecole.
19:40C'est ma première chanson avec Paul Ecole,
19:42qui est un peu mon...
19:44qui est un peu mon...
19:46mon dabbadi.
19:46Oui, votre alter ego, plus mythique.
19:48Oui, oui, c'est ça.
19:49C'est ça.
19:49Et en fait, de regarder comme ça,
19:56les familles qui étaient...
19:57j'ai pas pu.
19:58Ça a pris tout son sens,
20:00et j'ai pleuré, oui, j'ai pleuré,
20:01voilà, j'ai pleuré, et puis...
20:03Dernièrement, j'ai chanté
20:07Le soldat sous l'art de triomphe,
20:09et j'ai réussi à ne pas pleurer.
20:11J'étais très fier,
20:13parce que je me suis dit,
20:14si tu te retournes
20:14et tu prends conscience
20:15que la tombe du soldat
20:17allait derrière toi,
20:18qu'est-ce que tu vas faire ?
20:20Tu vas devenir
20:21la pleureuse de la chanson française ?
20:24J'ai pas envie de ça, quoi.
20:27Alors, ce qui est incroyable,
20:29c'est qu'il y a énormément de chansons
20:30qui font, évidemment,
20:33qui s'inscrivent
20:33dans l'histoire de notre République,
20:36et pourtant,
20:37vous avez du mal à dire
20:38que vous êtes un chanteur engagé.
20:41Vous avez dit souvent,
20:42l'engagement, ça me gêne.
20:44C'est la politique qui me gêne.
20:45Il y a énormément de chansons
20:47qui engagent votre...
20:49Votre point de vue.
20:51Oui, parce que je...
20:53J'ai toujours eu, bizarrement,
20:56et dans les chansons
20:58qui ont rencontré le public,
21:00c'est souvent des chansons sociétales.
21:02Oui.
21:02Tout le temps.
21:03Il y a là, Tiananmen.
21:07La plus légère d'entre elles,
21:09finalement, c'est en apesanteur.
21:12que j'adore, d'ailleurs.
21:13J'adore aussi chanter la légèreté.
21:15Mais c'est vrai qu'avec
21:16Un jour on me faisait droit,
21:18le portrait aussi,
21:19ce sont des chansons qui...
21:22où j'aime faire passer
21:25un message
21:26de ce que je pense,
21:29liberté chérie.
21:31Ça, ça me tenait aussi
21:32beaucoup à cœur.
21:34C'est pour ça que j'en parle
21:35beaucoup aux auteurs.
21:36et je leur...
21:38Finalement,
21:39je n'ai pas beaucoup
21:39de chansons d'amour.
21:41Pas beaucoup.
21:42Et j'en ai quelques-unes,
21:43mais pas tant que ça.
21:45Pas tellement
21:45qui ont rencontré
21:46le grand public.
21:48Et peut-être que
21:50ça vient de mes origines
21:52et en même temps,
21:55on m'a souvent dit
21:56mais pourquoi alors
21:57tu ne t'engages pas plus
21:58et pourquoi tu ne fais pas
21:59comme Daniel Balavoine
22:02sur un plateau,
22:03affronter un homme politique ?
22:04Non, parce qu'on est tous différents
22:07et que moi, je considère
22:11vraiment pour...
22:12Mais c'est très personnel.
22:14C'est pas parce que
22:15j'ai eu du succès
22:17avec mes chansons
22:18que je dois
22:20donner des conseils
22:22politiques
22:23à mon public.
22:25Parce que quand on devient
22:26un chanteur
22:28à succès,
22:30on a la chance,
22:32c'est beaucoup de travail,
22:33et c'est fatigant.
22:36Mais on a la chance
22:37de pouvoir se lever
22:38quasiment à l'heure
22:39qu'on veut.
22:41Et je sais ce que c'est
22:41de se lever
22:42à 7h du mat'
22:43ou à 6h du mat',
22:45voire même plus tôt
22:46parce que j'ai été
22:47facteur d'hôpital.
22:48Je me levais
22:49à 4h du matin,
22:50facteur dans un hôpital,
22:51l'hôpital Michelon
22:52à Grenoble.
22:53J'ai fait plein
22:53de petits boulots.
22:55Donc je sais ce que c'est.
22:57Et puis je suis fils d'ouvrier.
22:58Donc,
23:00c'est pas parce que
23:01je suis chanteur
23:02que je vais dire
23:03toi vote pour un tel
23:05ou toi vote pour un tel.
23:06Et puis c'est tellement
23:07complexe
23:09et tellement
23:10intéressant aussi
23:11la politique.
23:12C'est tellement...
23:14Moi, je ne crache pas
23:15sur les politiciens.
23:16Je trouve que c'est très courageux
23:17de vouer sa vie.
23:21Ils nous embourbent tous,
23:22c'est sûr.
23:23C'est un brouillard total,
23:26un truc qui se répète
23:27mais je trouve ça courageux.
23:32Je trouve ça trop facile
23:33de dire tous des pourris.
23:36Je n'aime pas.
23:36En fait, ce que je n'aime pas,
23:38c'est les discours convenus.
23:40Et d'ailleurs,
23:40dans votre dernier album,
23:41il y a une chanson aussi
23:42où vous dites
23:44j'ai beaucoup de chance
23:45finalement de me réveiller
23:46dans un pays en paix,
23:48de ne pas avoir à me soucier
23:50de la manière
23:51dont je vais payer mon loyer,
23:53nourrir mes enfants.
23:56Vous avez cette chanson
23:57qui est très forte,
23:57qui est un peu, je le dis,
23:59votre nez en Leindenstadt
24:01de Jean-Jacques Goldman,
24:02cette chanson.
24:03Finalement,
24:04en cas de crise,
24:06de quel côté serais-je ?
24:08Est-ce que je n'irais pas
24:09jusqu'à commettre
24:10l'irrémédiable ?
24:12En même temps,
24:13je n'ai rien volé à personne.
24:17C'est-à-dire que
24:18je me suis construit tout seul.
24:21Ce n'est pas mes parents
24:22qui étaient dans la musique
24:24professionnelle.
24:26Je ne suis pas fils d'eux.
24:27Donc,
24:30ce que j'ai réussi
24:33à gagner ma vie,
24:35d'ailleurs,
24:36les premières fois,
24:36les premiers sous
24:37que je me suis touché,
24:38j'ai acheté un magnétoscope
24:39à mes parents,
24:41je me suis acheté
24:42une petite polo,
24:43je trouvais que c'était
24:44beau,
24:46mais je reste conscient
24:48que tout est éphémère
24:51et tout peut s'arrêter.
24:52Donc,
24:54c'est pour ça
24:54que je suis très fier
24:55aujourd'hui,
24:57à mon âge,
24:59de me dire que
25:00ça a duré aussi longtemps.
25:03Ça pourrait s'arrêter
25:04aujourd'hui.
25:05Ce ne serait pas grave.
25:06Je n'ai pas envie d'arrêter.
25:09Mais franchement,
25:10ça pourrait,
25:11ce terme,
25:12s'arrêter là,
25:13je me dirais
25:14mais j'ai eu
25:1620 ans extraordinaires.
25:19C'est le bout du voyage,
25:23cher Calogéro.
25:24Je pense que vous n'allez
25:25pas vous arrêter
25:26puisque les deux ans à venir
25:28vont être très occupés
25:30à chanter dans les théâtres,
25:32à aller voir les gens
25:33qui n'ont pas forcément
25:34la possibilité
25:36d'aller dans des arénas,
25:38dans des émits.
25:38Qui n'aiment pas les foules.
25:39Et donc,
25:40je peux vous le dire,
25:40ça ne va pas s'arrêter là.
25:42Merci beaucoup
25:42pour ce voyage.
25:43Merci,
25:44merci Didier.
25:45Et bon vent.
25:46A bientôt.
25:47A bientôt.
Écris le tout premier commentaire