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Une dent transformée en fenêtre sur le monde : au CHU de Montpellier, le Pr Vincent Daien et son équipe redonnent la vue à des patients en échec de toute autre solution grâce à une ostéo‑odonto‑kératoprothèse. Atteint d’un syndrome de Stevens‑Johnson à 12 ans, Dylan avait perdu la vue des deux yeux. En 2023, une bioprothèse fabriquée à partir de ses propres tissus lui permet de retrouver 10/10e à l’œil gauche et une autonomie quotidienne. Cette technique de biochirurgie, mise au point en 1963 en Italie et aujourd’hui maîtrisée par quelques centres dans le monde, renaît à Montpellier pour des cas de malvoyance cornéenne bilatérale.

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Transcription
00:00J'ai l'impression qu'il y a un an qui est passé depuis l'opération.
00:02Lui, c'est Dylan. Il y a quelques mois, le jeune homme de 24 ans était encore aveugle.
00:07C'est mieux là, ben carrément.
00:09Non voyant depuis ses 12 ans, il vit désormais avec sa dent faisant office de prothèse dans l'œil gauche.
00:14Et donc là, le point noir en fait ?
00:16C'est l'implant.
00:17Il se souvient encore du moment où le médecin est venu le voir après son opération.
00:21Et là, il m'enlève la coque et il me dit « tu vois quoi ? »
00:24J'ai dit « je vois un truc bleu ».
00:28Puis d'un coup, ça a commencé à devenir un peu plus net.
00:31Et puis j'ai vu les doigts se dessiner.
00:34Et puis après, il m'a fait compter le nombre de doigts et tout.
00:37Et puis là, je me suis dit « ça y est ».
00:39Mais avant d'arriver à ce moment, Dylan a dû subir deux opérations d'une durée de 7 heures chacune.
00:44Une prouesse rendue possible grâce au professeur Vincent Daïen,
00:47ophtalmologue spécialisé en chirurgie cornéenne,
00:50et Marie de Boutray, chirurgienne maxillofaciale.
00:52Nous avons pu assister à la première opération sur un autre patient.
00:56Il faut d'abord extraire la canine, c'est le rôle de Marie de Boutray.
01:04Une fois la dent extraite, les deux professeurs commencent le travail conjoint.
01:08La canine est taillée puis poncée.
01:10Là, on a plamé là-dedans pour vraiment obtenir notre disque bien régulier.
01:16Un trou est créé en son centre.
01:18Objectif, laisser le professeur Vincent Daïen y intégrer l'optique.
01:22Il faut que l'optique qui est en verre rentre dedans en étant maintenue.
01:28Donc ça veut dire qu'il faut que ce soit...
01:29C'est vraiment au micromètre près, parce qu'il faut qu'elle tienne, mais que ça passe.
01:35Parce que si on force, on casse la dent.
01:36Pendant ce temps-là, un chirurgien prélève un fragment d'os de la hanche
01:40afin de combler le trou causé par l'extraction de la dent.
01:42Du côté des deux professeurs, il est maintenant temps d'intégrer l'optique à la dent.
01:46Ça y est ?
01:46Ouais, c'est tight, c'est bien.
01:49Ça ne sort pas tout seul.
01:50Je n'ai pas trop à forcer.
01:52Marie de Boutray a pratiquement terminé sa mission.
01:57Après avoir taillé une dernière fois la canine,
01:59la professeure l'intègre, non pas dans l'œil, mais dans la pommette du patient.
02:03Elle y restera trois mois jusqu'à la deuxième opération.
02:06Il va y avoir une coque fibreuse et vascularisée
02:10qui permettra sa bonne bio-intégration dans l'œil du patient.
02:14Et l'avantage aussi, c'est que quand on laisse un corps étranger sous la peau,
02:18il va y avoir une réaction immunitaire qui va stériliser notre dispositif.
02:23Mais avant la deuxième opération, Vincent Daillen a encore du travail.
02:26Il doit maintenant poser sur l'œil du patient la muqueuse buccale précédemment prélevée.
02:30Elle va venir resurfacer la partie avant de l'œil.
02:35Et la muqueuse buccale, c'est vraiment le tissu qui va le mieux s'intégrer,
02:41qui va en fait être revascularisé par les tissus de l'œil du patient.
02:44C'est pour ça que ça a cette couleur rosée,
02:46c'est parce qu'il y a une vascularisation qui se refait sur cette muqueuse buccale.
02:50Cette méthode originale n'a pas été inventée en France, mais en Italie, dans les années 60.
02:55Après être tombée dans l'oubli dans l'hexagone,
02:57elle renaît ici, au CHU de Montpellier, depuis deux ans.
03:01La technique, qui a évolué au rythme des progrès de la microchirurgie,
03:05est aujourd'hui pratiquée par quelques rares équipes chirurgicales dans le monde.
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