00:00Ici Matin. Bienvenue mercredi 3 décembre 2025, 7h47 en direct à la radio, à la télé, c'est l'invité d'ici matin.
00:06Votre invité, Jeanne-Marie Marco, est contre la LGV, la future ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux.
00:12Bonjour Jean-Olivier. Bonjour.
00:13Vous êtes écologue, ça veut dire expert des écosystèmes et coprésident de l'association Les Amis de la Terre en Midi-Pyrénées.
00:18Et si on vous invite ce matin, c'est parce qu'hier l'Europe a réaffirmé son soutien financier à la LGV.
00:24Et deux coordinateurs européens, gilets orange sur le dos, étaient à Saint-Jaurie au nord de Toulouse pour confirmer que l'Europe allait mettre 20% du budget sur la table,
00:34qui s'ajoute aux 40% de l'État et 40% des collectivités locales. Vous, vous parlez de propagande.
00:42C'est de la propagande. Les deux commissaires européens qui sont venus hier sont venus en visite.
00:46Ils n'avaient a priori pas de mandat, pas de carte et de chèque dans la poche.
00:49Ils ont fait part du fait que, de leur point de vue, ils souhaitaient soutenir la LGV.
00:53Mais très concrètement, pour l'instant, l'Europe a retiré ses financements jusqu'en 2028.
01:00Donc les aménagements au nord de Toulouse se font sans financement européen.
01:04Et l'État, par ailleurs, réexamine son engagement de 40%,
01:08puisque Bercy a fait une note en juin en disant qu'elle allait se demander si ce n'était pas une source d'économie possible.
01:15Et actuellement, le Conseil d'orientation des infrastructures est en train de faire un audit
01:18à la demande du ministre des Transports suite à la conférence Ambition France-Transport de cet été
01:23pour savoir qui va financer ce projet de LGV.
01:26Ce n'est pas du tout ce que dit Mathieu Grosch, qui est donc coordinateur européen du corridor méditerranéen,
01:32qu'on a donc rencontré hier à Saint-Jauré. Je vous fais écouter.
01:35Je suis assez surpris d'entendre que l'Europe ne soutient pas.
01:38Ce n'est pas vrai du tout.
01:39Nous, on soutient, on est à votre côté, dans tous les corridors, à 100%.
01:43On a financé dans le passé, on va financer dans le futur.
01:46On va financer, c'est très clair, immense, monsieur ?
01:48Ah ben écoutez, aujourd'hui, il ne finance pas.
01:50Donc là, il n'est pas voté au Parlement européen, en effet.
01:53Exactement, il n'est pas voté, mais c'est fort de le dire quand même.
01:57Écoutez, dans ce cas-là, Jean Castex, ancien Premier ministre, nouveau PDG de la SNCF,
02:01déclaré il y a un mois et demi à vos confrères de l'indépendant à Perpignan
02:05qu'il n'y avait pas de financement européen sur la partie Bordeaux-Toulouse.
02:08Il a redit à Arcachon, il y a dix jours, que l'Europe, si elle finançait,
02:14elle ne financerait que la partie Bordeaux-DAX-Espagne.
02:17Et le son que vous venez de faire passer nous parle d'un corridor européen.
02:20Le corridor européen, c'est pour la partie Bordeaux-Espagne.
02:24Et très clairement, sur la partie Bordeaux-Toulouse, l'Europe ne financerait pas.
02:27Et ce qu'il est prévu dans la Convention de financement,
02:29et ça c'est important que tout le monde, tous les contribuables le sachent,
02:32c'est que la Convention de financement prévoit que si l'Europe ne finance pas,
02:36ce sont les collectivités locales qui payeront la différence.
02:3914 milliards d'euros, donc le budget total de l'LGV,
02:41et l'Europe, ça représente 3 milliards.
02:44Exactement.
02:44Si les 20% sont confirmés.
02:45Tout à fait.
02:45Et sur la partie de travaux au nord de Toulouse, c'est 200 millions.
02:48Aujourd'hui, Carole Delga a déclaré...
02:50Elle a reçu que le budget, c'était OK, le financement était...
02:52Écoutez, elle a déclaré à la dépêche du midi que l'Europe avait mis 20 millions.
02:57Ce qui est attendu, c'est 200 millions.
02:59Donc elle nous dit, si c'est bon, ils financent, ils ont financé tout juste 10%.
03:02Bon, ça c'est la question du financement qui est problématique.
03:05Vous contestez l'avancée du chantier, peut-être 25%,
03:09à hauteur de 25% pour les aménagements du nord Toulousain, vous les contestez aussi ?
03:12Non, non, non, non, clairement, ils ont fait du dégât, ils ont tout détruit,
03:15ils ont massacré des aliments d'arbres, ils font des travaux dans le canal du midi,
03:19dans le canal latéral, pardon, sans avoir prévenu l'agence régionale de santé, en infraction.
03:24On va parler de l'impact environnemental, mais d'abord, pour le grand public,
03:27dites-nous pourquoi vous êtes contre cette future ligne à grande vitesse
03:29qui, je le rappelle, doit nous permettre, et c'est pas rien, d'aller à Paris depuis Toulouse en 3h10.
03:34Alors, une autoroute peut en cacher une autre.
03:36Pour nous, c'est exactement la même chose que l'autoroute à 69 Toulouse-Castres.
03:39Là, on a une autoroute ferroviaire,
03:41on a une grande infrastructure qui va traverser des territoires
03:44sans les desservir, en les détruisant,
03:47et avec, à terme, un péage très élevé,
03:50parce que cette ligne ne sera empruntée par pas grand monde,
03:52et ça veut dire des billets de train à des prix justes, inabordables.
03:55Mais comment un écologiste comme vous peut être contre le moyen de transport le moins polluant ?
03:58Alors, il est très polluant.
03:59La ligne LGV Bordeaux-Toulouse, c'est le réseau action climat qui a produit...
04:03Et vous voulez qu'on aille comment à Paris, alors ?
04:04On y va en train, sans aller aussi vite.
04:07La question du ferroviaire, c'est sa qualité, sa régularité, sa robustesse.
04:13Aujourd'hui, la LGV Bordeaux-Toulouse aurait un impact carbone,
04:16à l'heure où il faut absolument réduire nos émissions carbone,
04:19négatif pendant 30 ans.
04:21Mais qu'est-ce que vous reconnaissez que mettre 4h30 pour aller à Paris en train depuis Toulouse,
04:25ce n'est pas raisonnable quand on est dans la troisième ville de France ?
04:284h30 au mieux, sans nerf, sans problème de caténaire, sans problème d'avarie.
04:34Toulouse est devenue la troisième ville de France sans TGV.
04:38Lyon, qui a son TGV depuis des années, devient la quatrième ville de France.
04:40Donc, en logique de désenclavement, de soi-disant développement économique,
04:46c'est exactement le contraire qui se passe.
04:47Toulouse bénéficie plutôt, au contraire, du fait d'être éloignée de Paris.
04:51Ça évite une aspiration, on va dire, des personnes qui viendraient uniquement à Toulouse,
04:55en logique dortoire, comme c'est en train de devenir à Bordeaux ou à Lyon.
04:59Par contre, je tiens à leur redire, aujourd'hui, cette LGV a un impact carbone négatif
05:04sur les 30 ans qui viennent, parce que la fréquentation de la ligne aérienne Toulouse-Paris
05:11est en chute libre depuis 2019.
05:12Et donc, la LGV, en fait, ne capterait pas du tout la supposée clientèle
05:17qu'elle pensait avoir au début de passagers de l'avion.
05:19Dernier mot, fin septembre, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté
05:22votre demande de suspension de l'arrêt préfectoral
05:24qui accorde l'autorisation environnementale.
05:25Nouvelle audience prévue le 15 décembre, c'est un lundi.
05:28Vous y croyez ? Vous avez de l'espoir ?
05:30Si la justice dit le droit, comme dans le cadre de la 69,
05:34elle doit annuler cette autorisation environnementale
05:36parce qu'il n'y a pas le besoin, ce que je dis.
05:39Le trafic n'est pas justifié, les impacts environnementaux sont très importants,
05:43les alternatives n'ont pas été étudiées,
05:45et il y a des destructions de biodiversité et d'atteinte à la ressource en eau
05:48qui ne sont pas compensées, qui ne sont pas réduites.
05:50Donc, du coup, pour ces trois critères-là, cette autorisation devrait être annulée.
05:53Et si ce n'est pas le 15 décembre, ça sera en appel ensuite.
05:56Avec, j'imagine, l'espoir pour vous que le chantier de la LJV s'enterrond.
06:00Merci beaucoup Jean-Olivier,
06:01coprésident de l'association Les Amis de la Terre en Midi-Pyrénées.
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