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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est en France ce lundi pour la dixième fois depuis le début du conflit entre Kiev et Moscou.

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00:00Et le plus souvent, faire plier l'Ukraine en invoquant le réalisme ou la réalité,
00:05personnellement je pense qu'il s'agit de pseudo-réalisme, du terrain militaire
00:10qui devrait forcer l'Ukraine à poser genoux à terre.
00:15Or, les données militaires ne sont pas si simples.
00:18D'un côté, on nous dit aujourd'hui que la Russie a progressé au mois de novembre plus qu'en un an.
00:25Elle aurait ainsi, dans ce mois de novembre passé, gagné 700 kilomètres carrés.
00:31Or, c'était effectivement très grave pour l'Ukraine, mais 700 kilomètres carrés,
00:35ça représente assez peu du territoire ukrainien qui mesure 600 000 kilomètres carrés à ceux qui l'avaient oublié.
00:43La progression russe en Ukraine est extrêmement lente.
00:47Et c'est le même institut, l'Institut de l'étude de la guerre qui a publié ce chiffre
00:51et qui a été énormément repris aujourd'hui par les médias,
00:53qui poursuit en disant qu'il continue d'estimer qu'une victoire russe n'a rien d'inéluctable,
01:00elle n'est ni imminente ni inévitable,
01:02et que l'effort de guerre russe présente des vulnérabilités que l'Occident n'a pas exploitées.
01:07C'est pour ça que vous nous proposez ce soir une nouvelle cure ou une autre cure de réalisme.
01:11Oui, alors moi j'appelle ça une forme de détox de l'esprit de défaite.
01:15Je vous propose de repartir d'un plan de paix putatif et qui ne sera pas mis en œuvre,
01:21présenté par l'ancien ambassadeur américain en Russie de 2012 à 2014,
01:26Michael McFall, et qui commence par deux points.
01:29Le premier point, les soldats russes rentrent chez eux, ils quittent l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie.
01:35Et c'est à ce moment que nous avons besoin d'une carte pour nous rappeler
01:38qu'effectivement, le problème de l'insécurité aux frontières de la Russie,
01:42eh bien, il ne date pas d'hier.
01:44Ça commence en 1992 avec la Moldavie et la guerre en Transnistrie.
01:49Ça se poursuit en 2008 en Géorgie.
01:52Ça recommence en Ukraine en 2014 avec d'abord la Crimée, puis la guerre du Dombas.
01:57Ça se poursuit en 2022.
02:00C'est-à-dire que c'est très dangereux.
02:02À chaque fois, nous, nous sortons du pétrin en signant des accords de paix ou de cesser le feu
02:07qui préparent l'agression suivante.
02:10Le deuxième point, la Russie honore ses traités et ses engagements.
02:14Par exemple, les mémorandums de Budapest, signés le 5 décembre 1994
02:20par Boris Yeltsin, Bill Clinton, Leonid Kouchma et John Major.
02:27Premier point de ces accords, les signataires réaffirment leur engagement envers l'Ukraine
02:32de respecter son indépendance et sa souveraineté.
02:35C'est important de le rappeler, que tout le monde l'est en tête.
02:37C'est-à-dire que les Russes, à ce moment-là, signent ça.
02:40Et les Etats-Unis sont garants et la Grande-Bretagne.
02:42Également, deuxième point, on va un petit peu plus loin.
02:45Et surtout, ils n'auront pas recours, obligation de s'abstenir,
02:50de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale
02:55ou l'indépendance, fut-elle politique, de l'Ukraine.
02:59Tout ça pour vous dire que les garanties de sécurité dont on discute en ce moment,
03:02c'est très important et il vaut mieux qu'elles ne soient pas juste écrites dans un mémorandum.
03:06C'est à ça que sert l'Alliance, qui est l'OTAN.
03:09C'est pour que ce ne soit pas dépendant des gouvernants et des gouverneurs qui vont se succéder.
03:14Mais justement, ce que vous dites là, c'est pour les pays de l'ex-bloc soviétique.
03:17Non, ce n'est pas pour des pays comme nous.
03:18C'est différent pour nous.
03:19Ça devrait l'être, mais je ne vais pas pouvoir vous donner raison sur ce point-là.
03:23Malheureusement, en fait, ça vient de très longtemps et de très loin,
03:27ce mouvement impérialiste qui anime les dirigeants russes.
03:30Et je ne dis pas à la Russie, les dirigeants russes.
03:32La première attention que j'aimerais que vous attiriez, c'est sur ce document,
03:36des documents déclassifiés de la dernière rencontre entre Boris Yeltsin et Bill Clinton.
03:41C'est à Istanbul, en 1999, quelques mois plus tard, Boris Yeltsin va démissionner.
03:47Et là, que dit-il à Bill Clinton ?
03:50Il dit « Bill, il faut que tu sois d'accord avec ça. Donne-moi l'Europe. Just give Europe to Russia. »
03:58Et cette obsession, elle remonte donc au moins à Boris Yeltsin.
04:05Elle va beaucoup plus loin dans le temps, en réalité.
04:07Aujourd'hui, elle est reprise dans le magazine qui est publié par le ministère des Affaires étrangères russe
04:12qui disait que les pays occidentaux sont mieux disposés à écouter lorsqu'il y a des soldats allemands à Paris ou à Berlin.
04:18C'est paru aujourd'hui. Ça vaut quand même réflexion.
04:21Et enfin, à ceux qui me diraient qu'on ne peut pas acculer sur le terrain militaire la Russie de Vladimir Poutine
04:27parce qu'elle risquerait de recourir à l'arme nucléaire.
04:30Je rappellerai que la France est une puissance nucléaire.
04:32Et quand elle était en train de se doter de son arsenal,
04:35l'ambassadeur soviétique Vino Gradov, en 1963, à la conférence des ambassadeurs,
04:39a bien tenté d'intimider Charles de Gaulle en lui disant
04:42« Vous savez, mon général, vous mourrez à Paris avec tous ces tests nucléaires que vous êtes en train de faire.
04:46Ça va nous provoquer. »
04:47Et Charles de Gaulle lui avait donc répondu du tac au tac
04:49« Eh bien, monsieur l'ambassadeur, nous mourrons ensemble. »
04:52En conclusion temporaire, la meilleure des dissuasions, c'est non seulement la force de dissuasion nucléaire,
04:58mais la détermination de nos dirigeants à ne pas se laisser impressionner.
05:04L'esprit de défaite, c'est notre pire ennemi.
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