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  • il y a 10 heures
Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique et porte-parole du mouvement E . Leclerc, était l’invité du Face-à-Face de ce lundi 1er décembre sur RMC et BFMTV. Il a été interrogé notamment sur le pouvoir d’achat, l’inflation et sur le mode de consommation des Français.

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Transcription
00:00Générique
00:008h28 sur RMC et BFM TV. Bonjour Michel-Edouard Leclerc.
00:15Bonjour Apolline.
00:16Vous êtes le président du comité stratégique et porte-parole du mouvement Leclerc.
00:19Vous êtes le quasi-représentant, enfin en tout cas aux yeux des Français, de la grande distribution.
00:24C'est aujourd'hui, ce matin, que commencent les fameuses négociations commerciales.
00:28Trois mois d'un véritable psychodrame national qui revient chaque année,
00:32où vous êtes autour de la table, vous la grande distribution, eux les marques,
00:36les grands industriels, c'est Nestlé, c'est Danone, mais c'est aussi les PME.
00:40Et trois mois pour décider de fixer les prix.
00:43On va y revenir parce que ça se fait parfois dans la douleur et dans la brutalité,
00:47mais à la limite, ça c'est ce qui se passe en cuisine.
00:49Ce qui importe les Français, c'est de savoir ce qui va en ressortir de cette cuisine.
00:53C'est-à-dire de savoir quels seront les prix à la fin.
00:55Au moment où on se parle, vous voyez une année à la hausse ou à la baisse ?
00:59Pratiquement tous nos fournisseurs présentent des tarifs à la hausse,
01:04puisque par principe, ils savent qu'on va leur demander des baisses.
01:08Et une négo, c'est un grand classique, c'est la danse du cygne.
01:14Il faut arriver à rester...
01:16Vous dites que c'est une danse ?
01:17Moi, j'ai quand même plutôt l'impression que c'est un bras de fer, mais...
01:19Non, non, il y a des fois...
01:21Non, c'est une danse...
01:22Non, il faut savoir qu'il n'y a qu'en France que ça se passe comme ça.
01:25C'est-à-dire que toutes les...
01:26D'abord, toutes les grosses boîtes avec qui on est amené à discuter
01:30ne font ça qu'en France.
01:32C'est-à-dire qu'on prend le Thalys, on va à Bruxelles,
01:35on va à Francfort, on va au siège de Lidl,
01:38on va au siège de Aldi, on va au siège de Costco,
01:42on va aux Etats-Unis chez Walmart.
01:43Les MUM, les Nestlé, les grandes marques internationales
01:46n'ont pas à monter comme ça sur l'estrade
01:50et à faire la danse du cygne.
01:52On négocie tout le temps.
01:54Mais en France, on est plus intelligent que les autres.
01:57Je sens que vous le dites avec une certaine ironie.
01:59Oui, parce que ça fait 40 ans que j'ai appris ça.
02:01Moi, je suis aussi président d'une école de commerce
02:03et quand j'apprends à des étudiants étrangers
02:08qui viennent à Neoma Business School,
02:11c'est-à-dire à Reims, à Paris ou à Rouen,
02:15comment se fait la négociation commerciale,
02:17ça les fait marrer de voir comment c'est en France.
02:19Alors comment, par rapport à chez eux,
02:21un Vietnamien, un Chinois, un Sud-Américain.
02:24Oui, mais Michel-Édouard Leclerc.
02:26C'est un classique, c'est du Molière.
02:29C'est-à-dire qu'il y a une forme de comédie,
02:31mais il y a aussi une forme de tragique.
02:33Parce que face à vous, bien sûr,
02:34vous avez des Nestlé, des Coca, des Danone,
02:37qui ne sont pas impressionnés.
02:39Vous connaissez les règles du jeu, vous comme eux,
02:41et ça fait des années que vous vous pratiquez.
02:43Mais vous avez aussi face à vous des PME,
02:46des biscuiteries, des charcuteries locales,
02:49des plus petites marques,
02:51et qui disent de vous que vous les écrasez.
02:54C'est notamment ce que disait le président de l'Agnat
02:57il y a un an, qui disait
02:58la grande distribution nous écrase.
03:00Oui, alors les gros disent ça,
03:01mais ça se passe plutôt bien avec les petits.
03:04Et en tout cas, l'intérêt de la charte
03:07Vous avez signé une charte, tous ensemble, hier.
03:11C'est-à-dire les marques, la grande distribution,
03:14une charte de bonne conduite, en quelque sorte, pour Sénégaux.
03:17Est-ce que ça veut dire que cette année, ça va être différent ?
03:20Que tout le monde va bien s'entendre ?
03:21Ça va être différent, ça va être mieux qu'au Parlement, par exemple.
03:23Oui.
03:23C'est un joke.
03:24Ça, je sens bien que vous vous dites, au fond,
03:26ils nous font la leçon, les politiques,
03:27mais enfin, ils n'ont qu'à regarder comment ça se passe dans l'hémicycle.
03:29Oui, oui.
03:30Mais enfin, quand même.
03:31Je ne fais pas le panneau ou le Mélenchon.
03:35Non, ça se passe...
03:36Franchement, c'est plus dur d'être petit par rapport à un gros.
03:40Quand les marchés se retournent,
03:41ceux qui n'ont pas l'appui d'un système bancaire,
03:44ceux qui n'ont pas de trésorerie,
03:45c'est vachement dur pour eux.
03:46Vous avez vu le chocolat,
03:47il a, comme par hasard,
03:49augmenté de près de 55% ces deux dernières années,
03:52et là, il s'effondre.
03:53Donc, il y a de la spéculation.
03:55Quand vous êtes petit
03:56et que vous êtes dépendant d'un approvisionnement,
03:58c'est plus...
03:59On va y revenir très concrètement.
04:00C'est plus difficile de l'y c'est.
04:02Sur le prix du chocolat, sur le prix du café,
04:03sur le prix de la viande bovine,
04:05qui explose aussi.
04:06Mais puisqu'on évoque cette fameuse charte,
04:08vous vous êtes donc tous mis d'accord
04:09et vous avez signé cette charte.
04:10Moi, je l'ai quand même lu, cette charte,
04:12elle est hallucinante, parce que, pardon,
04:13mais quand on a besoin d'écrire noir sur blanc,
04:15je cite, que dans la mesure du possible,
04:18il faudrait respecter les horaires fixés
04:20pour les rendez-vous.
04:22Maintenir en toutes circonstances
04:23un climat de respect mutuel
04:25via une communication courtoise,
04:27ça veut quand même dire en creux
04:28que jusqu'à présent, ce n'était pas le cas.
04:29Ça veut dire...
04:30Non, ce n'est pas ça le...
04:32Oui, ça pourrait dire ça, vu de l'extérieur.
04:34Non, dans la réalité,
04:36seul le distributeur, aujourd'hui, était coupable.
04:38Quand l'administration faisait un procès...
04:41C'était vous les méchants.
04:42C'était nous les méchants.
04:43Et là, les industriels sont co-signataires
04:45de cette charte,
04:47et donc, ils sont co-responsables de la pratique.
04:49Oui, mais enfin, qui fait attendre...
04:50Non, c'est nouveau, c'est nouveau.
04:51Qui fait attendre, pendant des heures,
04:53parfois, la petite biscuitière
04:55qui est venue spécialement de province
04:57pour venir négocier ?
04:59Ce n'est quand même pas les industriels,
05:00c'est plutôt la grande distrib, en vrai.
05:02Alors, dans la réalité,
05:03ça ne se passe pas comme ça.
05:04C'est beaucoup par Internet,
05:06c'est beaucoup par mail,
05:07cette idée qu'on est dans une cage...
05:09Enfin, franchement, c'est...
05:11Donc, ça n'est pas un ring de box ?
05:12À 74 ans, j'ai quand même vécu
05:1440 ans de distribution.
05:14Ce n'est pas un ring de box,
05:16Michel-Édouard Leclerc.
05:16Mais c'est l'intérêt, disons,
05:18de la pression exercée sur les distributeurs
05:20que de raconter ça.
05:21En tout cas, cette charte a le mérite.
05:24D'abord, c'est un signal.
05:26C'est un signal qu'il y a une volonté,
05:28orchestrée par les pouvoirs publics
05:29ou les fédérations.
05:30Je pense que la fédération du commerce,
05:32d'ailleurs, y est pour quelque chose.
05:33La deuxième chose, c'est égalité-égalité,
05:37sauf pour les PME qui passent devant.
05:38C'est-à-dire que les PME doivent être négociées
05:42avant les industriels.
05:43Et puis, il y a une autre information
05:46dans cette charte,
05:47c'est qu'on ne discute pas,
05:48c'était dans la loi déjà,
05:50mais on ne discute pas
05:50de la matière première agricole.
05:52C'est-à-dire que si la matière première agricole
05:55a augmenté,
05:56on accepte, pourvu qu'elle soit transparente...
05:59On ne descend pas en dessous du prix
06:01de la matière agricole.
06:02Voilà.
06:02De ce point de vue-là, d'ailleurs,
06:03et j'ai eu de nombreux témoignages
06:04sur RMC qui en témoignent,
06:06les agriculteurs eux-mêmes disent
06:07que leur vie reste très compliquée,
06:09mais ils sont quand même mieux rémunérés
06:11qu'il y a quelques années.
06:13De ce point de vue-là,
06:13la loi EGalim fonctionne concrètement.
06:15Le seul problème qu'on a,
06:16c'est que pour les produits transformés,
06:18nous ne sommes pas les premiers acheteurs
06:19de produits agricoles.
06:20Nous sommes acheteurs de produits transformés,
06:22de biscuits, de confitures, etc.
06:24Et nous n'avons pas toujours la connaissance
06:26du prix de la matière.
06:28De ce qui s'est passé avant,
06:29c'est-à-dire entre l'agriculteur et l'industrie.
06:31Et même quand c'est des coopératives,
06:32elles ne disent pas le prix forcément
06:34payé aux producteurs.
06:35C'est pour ça que, par exemple,
06:36pour nos marques de distributeurs,
06:38nous privilégions les contrats tripartites.
06:40Par exemple, Leclerc achète
06:43des récovères à Bonduelle.
06:44On les achète en même temps
06:45avec leurs producteurs.
06:46A dossier, c'est pareil.
06:48Donc ça, c'est intéressant.
06:48Et dans ces cas-là,
06:49au lieu d'être juste industriel
06:50et grande distribution autour de la table,
06:52vous rajoutez l'agriculteur.
06:54Alors maintenant,
06:54ça ne change pas grand-chose.
06:56C'est-à-dire,
06:56on revient à votre question de départ.
06:58Là, on pensait avoir
07:00avec cette compétition
07:01entre Leclerc, Intermarché, Système U,
07:04parce que la guerre des prix,
07:05elle est relancée, on peut le dire.
07:06Non, non.
07:07C'est la concurrence.
07:09En France, on n'aime pas la concurrence.
07:11Donc on dit la guerre des prix.
07:12Mais dans la réalité,
07:14si l'inflation a été vaincue,
07:16ce n'est pas par la politique monétaire,
07:18ce n'est pas par le bon vouloir du politique.
07:21C'est parce qu'il y a une concurrence accrue
07:23dans le monde de la distribution.
07:25Et franchement,
07:26mes concurrents ont bien joué le jeu.
07:28Je le dis.
07:29C'est fair play,
07:31ça castagne.
07:33Mais Intermarché a repris,
07:35par exemple,
07:36des magasins et casinos
07:37qui étaient jusqu'à 30% plus chers
07:38qu'un centre Leclerc.
07:39Rien que quand il le reprend,
07:41il baisse les prix.
07:43C'est pareil quand il va franchiser des Auchan.
07:45Ce sera moins cher que le Auchan aujourd'hui.
07:47Quand Carrefour reprend des Cora,
07:49c'est pareil.
07:49Vous voyez,
07:51aujourd'hui,
07:52il y a dans la distribution française
07:54et notamment chez les indépendants,
07:55une volonté dans nos territoires
07:59d'être les moins chers.
08:00Quand on distingue les indépendants des autres,
08:02c'est la question aussi
08:02du rapport financier à l'entreprise.
08:05Leclerc,
08:06les magasins U,
08:07Intermarché,
08:08ce sont des indépendants,
08:09comme on dit.
08:09C'est-à-dire qu'il y a un patron
08:11à la tête d'un magasin,
08:13même s'il y a une franchise globale.
08:14Michel-Edouard Leclerc.
08:16Ce qui est important,
08:16ça veut dire qu'il n'y a pas de conflit
08:17entre le cours boursier
08:19et le manager.
08:20Le manager,
08:21c'est à lui le magasin.
08:22S'il dit,
08:24je ne veux pas augmenter mes prix de 20%,
08:26je vais me faire tirer dessus,
08:27je vais me faire caillasser,
08:29je décide de faire une année blanche,
08:30il va le faire.
08:31Alors que un salarié
08:32de Carrefour,
08:33d'Auchan
08:33ou de Costco,
08:35il ne va pas oser le faire.
08:35C'est ça la distinction.
08:38Michel-Edouard Leclerc,
08:39est-ce que,
08:40je vous repose la question,
08:41est-ce que ça baisse
08:41ou est-ce que ça descend ?
08:42C'est-à-dire,
08:42est-ce que vous,
08:43vous pensez pouvoir réussir ?
08:44Vous avez dit cette phrase,
08:45vous avez dit,
08:46l'inflation a été vaincue.
08:48Est-ce que,
08:49effectivement,
08:50vous vous dites,
08:50bon,
08:51on va peut-être avoir une hausse,
08:52mais elle sera
08:52de l'ordre vraiment
08:55d'une petite,
08:56toute petite inflation,
08:57on n'est plus du tout
08:57dans les grandes années
08:58de l'inflation ?
08:59La dynamique induite
09:01par les transformations
09:02de la distribution,
09:03l'arrivée des plateformes
09:04du web très dynamiques
09:05et très perturbatrices,
09:07y compris dans des conditions
09:08polémiques.
09:09On va revenir sur Chine.
09:09L'arrivée,
09:11le fait aussi
09:11que les grandes marques
09:12industrielles
09:13en aient pris un sacré coup
09:14après 22% d'inflation
09:15en deux ans,
09:17où ils ont tapé,
09:18les grandes marques
09:18ont tapé le portefeuille
09:19du consommateur,
09:20tout ça,
09:20ça se recale
09:21et je pense qu'on va arriver
09:23à,
09:24on ne va pas restituer
09:25les hausses d'hier,
09:27mais je pense que c'est calmé.
09:28C'est calmé,
09:30même si on a le sentiment
09:31qu'il y aura une inflation
09:31entre moins 0,1
09:33et plus 0,1.
09:34Donc c'est vraiment quasiment,
09:35ça veut dire que les prix
09:36vont être stables cette année ?
09:37Je pense.
09:37Vous pouvez nous dire cette année
09:38et je me souviens que
09:39plusieurs mois avant,
09:40vous aviez été en mesure
09:41de dire à ce micro
09:43lorsque on allait
09:44vers une inflation à 5%,
09:45vous étiez le premier
09:46à l'avoir dit avant même
09:47que ça ne soit visible,
09:49perceptible par le consommateur.
09:52Là, vous nous dites
09:52si tout se passe bien,
09:54on reste à des prix stables.
09:55Oui, je pense qu'on est parti
09:56pour ça.
09:56Il y a des produits,
09:57ça va peut-être bouger,
09:58mais on parle macroéconomiquement.
10:00Quand on parle globalement
10:01de son caddie en entier,
10:04même si quand on regarde
10:05effectivement dans le détail,
10:06il y a trois produits
10:07qui attirent mon attention
10:08ce matin.
10:09La question du café,
10:10la question du chocolat
10:11et la question de la viande de bœuf.
10:13Le café,
10:14est-ce que ce n'est pas
10:14en train de devenir
10:15un produit de luxe ?
10:17Il s'est fait beaucoup
10:19de yo-yo.
10:20Il y a eu des conditions météo,
10:22il y a beaucoup de rationalité
10:23derrière l'évolution
10:25du cours du café,
10:26ce que je sens moins
10:27derrière le chocolat.
10:28Chocolat, vous avez vu,
10:29ça n'a pas arrêté
10:30d'augmenter jusqu'à ces polémiques.
10:32Y aura-t-il du lint
10:33chez Leclerc ?
10:34Je vous pose la question,
10:35y aura-t-il du lint
10:36chez Leclerc ?
10:36Mais il n'y aura pas forcément
10:38les paquets cadeaux
10:38à plus de 55%.
10:40Attendez, prenons le temps,
10:41vous êtes en train de me dire
10:41qu'il y aura du lint
10:42chez Leclerc.
10:42Je vous réponds,
10:43je vous ai répondu.
10:43Justement,
10:44vous avez répondu,
10:44mais un peu en vous disant.
10:45Vous aimez le chocolat, vous.
10:46Michel-Edouard Leclerc,
10:47c'est à la fois pour lint d'ailleurs,
10:49parce que c'est quand même
10:50une grosse part de leur chiffre d'affaires
10:51dans vos rayons,
10:52mais aussi pour tous les consommateurs
10:53juste avant Noël,
10:54il y aura du lint dans les rayons ?
10:55Il y aura du lint dans les rayons.
10:56Est-ce qu'il y aura du lint Noël
10:58dans les rayons ?
10:59Je ne sais pas.
11:00Ce n'est pas fait.
11:02Ça se joue quand là ?
11:03Maintenant ?
11:04Quand ils voudront.
11:05Ça veut dire quoi ?
11:06Ça veut dire que la balle
11:07est dans leur camp ?
11:08Oui.
11:08S'ils acceptent de baisser leur prix,
11:10vous les prenez.
11:10Sinon, c'est non.
11:11Aujourd'hui,
11:11c'est eux qui présentent
11:12le plus fort taux de hausse.
11:14D'accord ?
11:15Donc, je suis élégant,
11:16je respecte la charte,
11:18je ne balance pas en public.
11:19Juste cette réponse à vous,
11:21parce que c'est vous,
11:22mais c'est la négo.
11:24Donc, au moment où on se parle ?
11:26Il faut vous dire
11:26qu'un fournisseur,
11:27un industriel,
11:28n'assume jamais ses hausses
11:29chez le distributeur
11:31qui s'appelle L'Oréal,
11:32Danone,
11:34Lint,
11:34tout autre.
11:35L'EHPAD, par exemple,
11:37qui avait augmenté de 38%,
11:38je ne sais pas si vous vous rappelez
11:39au lieu de tournesol
11:40il y a quelques années,
11:41il n'y a pas un industriel
11:42qui est venu dire
11:42je suis obligé,
11:43à cause de la guerre en Ukraine,
11:45d'augmenter mes PAD de 38%.
11:47Et pourtant,
11:47c'est ce qui s'était passé.
11:48D'accord ?
11:49Donc, celui qu'on regarde,
11:51c'est celui qui tient le magasin.
11:52Donc, nous,
11:54nous refusons,
11:54nous préférons ne pas travailler
11:56avec des gens
11:56quand c'est de la spéculation,
11:58quand on ne comprend pas
11:59ou quand ce n'est pas transparent.
12:00Pour que les choses soient
12:01très très claires,
12:01Michel-Édouard Leclerc,
12:02au moment où on se parle,
12:03il y a des Lint dans les rayons
12:04mais qui sont des Lint,
12:05j'allais dire,
12:05de stock
12:06ou de moments courants.
12:08En revanche,
12:09normalement,
12:10là, on est à trois semaines de Noël,
12:11c'est le moment
12:12où on voit en tête des rayons
12:14des Lint ou autres
12:16ou des Kinder
12:16ou de je ne sais quoi
12:17qui sont des calendriers de l'Avent,
12:19qui sont des chocolats spéciaux
12:21pour Noël,
12:22qui sont des coffrets de Noël.
12:24Ceux-là que, pour l'instant,
12:25on ne trouve pas dans vos rayons.
12:26Je vois que vous aimez le chocolat.
12:27Non, ben, disons que je suis en tout cas
12:29la ménagère de moins de 50 ans
12:30responsable des achats.
12:31On peut le dire, ça c'est sûr.
12:32Et je l'ai bien vu.
12:33Concrètement,
12:34vous ne nous dites pas
12:35que c'est impossible.
12:36Vous nous dites que la balle
12:37est dans leur camp,
12:38que si demain ou ce matin,
12:40ils viennent vous voir
12:41et ils disent
12:41« Ok, on va rester raisonnable,
12:44il y aura une hausse
12:45mais qui sera comparable
12:46à celle des autres chocolatiers. »
12:48C'est-à-dire que Kinder,
12:49par exemple,
12:49ils vous ont fait augmenter leur prix
12:50mais pas autant que Lint.
12:51Tous les autres ont été raisonnables.
12:53Les autres ont été raisonnables.
12:54Donc, on trouve des ferrois rochers,
12:56on trouve des Kinder,
12:56on ne trouve pas de Lint.
12:58S'ils reviennent avec un prix
12:59acceptable,
13:02vous les remettrez tout de suite.
13:03Donc, on les retrouverait
13:04demain ou après-demain
13:05dans les rayons.
13:05Ça serait à effet immédiat.
13:07Donc, ce n'est pas complètement fermé.
13:09Michel-Édouard Leclerc.
13:10Voilà pour le chocolat.
13:12Ce que vous leur reprochez,
13:13c'est de jouer
13:14sur une spéculation réelle.
13:16C'est-à-dire que, oui,
13:16le prix du chocolat a augmenté
13:18mais de gonfler leur marge.
13:19Ils prennent leur mise, quoi.
13:20Bon, OK.
13:21Alors que nous,
13:22on pense que quand ils ont
13:23la taille qu'ils ont...
13:25Alors, je ne parle pas
13:26que de Lint.
13:26Je pense d'une grande
13:27multinationale
13:28comme la marque Lint.
13:31Ils ont la capacité,
13:32même si le cacao augmente,
13:33même si le café augmente,
13:34de lisser les choses.
13:36Vous voyez ?
13:36Parce que c'est ça,
13:37un peu dans la période
13:38d'incertitude d'aujourd'hui.
13:40Une PME, c'est sûr,
13:41elle a tendance
13:41à prendre sa mise
13:42en se disant
13:43demain, je ne sais pas
13:44si je pourrais le faire.
13:45Mais une grande multinationale,
13:46elle peut amortir ça.
13:47Donc, les PME ont joué le jeu
13:49et Lint ne joue pas le jeu ?
13:51Je ne dis pas plus.
13:52J'ai bien compris.
13:52Michel-Édouard Leclerc ?
13:53J'ai signé la charte.
13:54Vous avez signé la charte ?
13:55Et les gants ?
13:56Oui, en tout cas au micro.
13:58Par contre, je peux vous dire un truc.
13:59Moi, de toute façon,
14:00enfin, mes collègues,
14:02on n'a pas l'intention
14:03de se laisser manger
14:05par la spéculation.
14:06C'est arrivé une fois.
14:07On n'était pas bien outillés.
14:08On avait demandé
14:08à tous les députés
14:10une commission d'enquête
14:11sur l'augmentation
14:11du prix exorbitant
14:13des conteneurs
14:13pendant le conflit en Ukraine,
14:15pendant le Covid.
14:16On a demandé
14:17des commissions d'enquête
14:17sur l'origine de l'inflation.
14:20Les députés n'ont pas mis ça
14:22à leur agenda.
14:23Donc, on s'est retrouvés
14:23tout seuls
14:24et on a vaincu
14:25cette inflation
14:26tout seuls.
14:28Dans la compétition
14:28avec nos collègues,
14:29on ne va pas y revenir.
14:30On va aller chercher des baisses.
14:32Je pense qu'entre
14:33les demandes d'ausses
14:34des industriels
14:34et nos demandes de baisses,
14:36on va arriver à une stabilité.
14:38Mais il faut qu'on demande des baisses.
14:39Michel-Édouard Leclerc,
14:39le carburant,
14:40il y a encore une hausse
14:41d'une taxe
14:41qu'on n'avait pas vraiment vu venir.
14:45Il va reposer sur l'essence
14:46et le gaz.
14:47Est-ce que les prix vont augmenter ?
14:48Est-ce que vous allez réussir
14:49à les retenir,
14:50les prix du carburant ?
14:51Je ne sais pas.
14:52Comme vous me l'avez dit un jour,
14:54je n'ai pas de boule de cristal.
14:57Il y a trois variables
14:58sur le prix du carburant.
14:59Le prix de la matière brute.
15:01Ce qu'on fait de la matière brute.
15:03Moi, je ne vends pas du pétrole brut,
15:05je vends du gasoil.
15:06Et si d'une tonne de pétrole brut,
15:08on a fait trop de kérosène,
15:10le gasoil, il en manque.
15:12Il y a le cours du dollar.
15:15Donc aujourd'hui,
15:16tous les jours,
15:17on a une société coopérative
15:18chez Leclerc
15:19qui achète du gasoil,
15:21par exemple,
15:22qui achète toutes les heures
15:23pratiquement du gasoil,
15:24qui achète toutes les heures
15:25du dollar.
15:26Et puis le reste,
15:27on vend des taxes.
15:2870% c'est des taxes.
15:30Donc là,
15:30il va y avoir encore
15:31une petite taxe en plus.
15:32Est-ce que vous allez faire
15:33des prix coûtants
15:34pour la fin de l'année ?
15:36On sera le moins cher.
15:37On sera le moins cher.
15:38Je vous jure
15:38qu'on sera le moins cher.
15:40Cette année,
15:41je suis désolé,
15:42ça fait un côté pub,
15:43mais on a tous les relevés
15:44sur le site du gouvernement.
15:45Vous pouvez aller voir.
15:46Oui, de toute façon,
15:46tout ça est transparent.
15:47Tout ça est transparent.
15:48On est à 75% Leclerc
15:50en 2025.
15:51On a été à 75%
15:53les moins chers
15:54et à 95%
15:55l'un des trois moins chers.
15:57On était sur le podium.
15:58Et le deuxième,
15:59c'est souvent système U,
16:00avec qui on achète des carburants.
16:01Vous disiez,
16:02Michel-Édouard Leclerc,
16:02que l'arrivée des plateformes
16:03avait aussi perturbé le jeu.
16:06Le gouvernement
16:07veut suspendre Chine.
16:09Et vendredi,
16:09il y aura la procédure
16:10de suspension
16:10qui a été engagée
16:11par le gouvernement,
16:12qui va être examinée
16:13par le tribunal judiciaire de Paris.
16:14Il s'engage,
16:15on l'entend bien.
16:16On entend Serge Papin,
16:17le ministre du Commerce,
16:18qui clairement veut
16:18la peau de Chine.
16:20Vous,
16:20vous estimez
16:21que c'est le rôle de l'État, là ?
16:22Non.
16:23Non, non, non.
16:23Le rôle de l'État,
16:25pour moi,
16:25c'est de faire appliquer le droit,
16:26c'est-à-dire d'exiger
16:28de Chine
16:29de respecter les normes.
16:31C'est comme pour le Mercosur.
16:33On ne fait pas entrer
16:34n'importe quel produit
16:35et l'État en convient.
16:37C'est pour ça
16:37qu'on n'a pas signé encore Mercosur.
16:39Donc,
16:39que ce soit Chine
16:40ou quelqu'un d'autre,
16:41le rôle de l'État,
16:43c'est de faire respecter les normes.
16:45Moi,
16:45si je vends un jouet
16:46qui n'est pas conforme
16:47ou un restaurant
16:48qui n'est pas conforme,
16:49on le fait fermer
16:50ou on lui interdit,
16:52on enlève le jouet.
16:52Donc,
16:53ça,
16:53c'est la règle du jeu.
16:54Et là,
16:54il ne le fait pas.
16:55Bon,
16:55ça,
16:55c'est une première chose.
16:57Donc,
16:57ça,
16:57deuxième chose,
17:00ce sont des produits
17:01de la zone indo-pacifique,
17:03pas que chinois.
17:04On a tendance à dire
17:05que c'est chinois.
17:06C'est de la zone indo-pacifique
17:07jusqu'à la Turquie
17:08et l'Azerbaïdjan,
17:08d'ailleurs.
17:09Et bien,
17:10les contrôles de qualité,
17:13c'est aux douanes de les faire.
17:15C'est encore l'État.
17:17Il faut faire le boulot.
17:18L'État découvre,
17:19six ans après l'arrivée
17:20de Chine en France,
17:22son pouvoir
17:22extrêmement perturbateur.
17:24Mais surtout,
17:25il y a l'affaire Chine.
17:25Puis,
17:26il a déconné
17:26avec sa place de marché,
17:28avec ses produits
17:29pédoportographiques
17:30et tout ça.
17:30C'est incompréhensible pour moi
17:31qu'il n'ait pas contrôlé
17:33ce qui se passe chez lui.
17:35Mais par contre,
17:36derrière Chine,
17:36il y a plein d'autres
17:37plateformes
17:38qui vont arriver.
17:39C'est-à-dire,
17:40vous avez JD,
17:41Jin Jong,
17:42qui va arriver
17:43en actionnaire
17:44de la FNAC
17:44et de Darty.
17:46Vous avez
17:46des plateformes,
17:48d'autres plateformes chinoises
17:49dont Etsy
17:49qui va arriver.
17:50Vous allez avoir
17:51AliExpress
17:52qui va se développer.
17:54AliExpress,
17:54c'est numéro un en Chine,
17:55ce n'est pas Chine.
17:56Et puis,
17:57vous allez avoir
17:57des plateformes indiennes,
17:58vous allez avoir
17:59des plateformes africaines,
18:00des plateformes d'Amérique latine.
18:02Le Nigeria,
18:02c'est 300 millions d'habitants.
18:04Ils amortissent très,
18:05très vite.
18:05Mais je ne comprends pas,
18:07au gouvernement
18:08de jouer son rôle,
18:09c'est-à-dire de vérifier
18:10et de ne pas interdire
18:11ces choses-là,
18:12mais d'interdire
18:12les produits
18:13qui ne respecteraient pas
18:14les normes.
18:14Voilà,
18:14la direction des fraudes
18:15doit faire son boulot.
18:17Je suis solidaire
18:18des commerçants
18:19qui s'estiment
18:20être lésés
18:21dans une distorsion
18:23de concurrence.
18:24Mais franchement,
18:24ce n'est pas aux commerçants
18:25d'aller chercher le droit.
18:27C'est à l'État
18:28de faire appliquer
18:29le droit
18:29qu'il fait appliquer
18:30par ailleurs.
18:31Et la deuxième chose,
18:32c'est qu'il faut anticiper,
18:33pas simplement
18:34être en défense.
18:35Ça ne suffit pas
18:36de dire Chine,
18:37j'en veux pas,
18:37Témus,
18:37j'en veux pas.
18:38Et ça s'est passé déjà
18:39pour Primark.
18:40Primark,
18:41quand il est arrivé en France,
18:42on a dit que c'était
18:44de la merde.
18:44Aujourd'hui,
18:45c'est la marque préférée
18:45des Français
18:46avec Kyabi.
18:47Vous voyez ?
18:48Donc, moi,
18:48en tant qu'acteur,
18:49en tant que concurrent,
18:51mon sujet
18:52avec les centres Leclerc,
18:54c'est de nous préparer
18:55aux nouveaux modèles
18:56de plateforme industrielle.
18:58Et de ne pas juste
18:58jouer en défense.
18:59Et de ne pas juste jouer avec...
19:00Voilà,
19:01il y a deux grands philosophes
19:02qui nous ont plantés.
19:03C'est Astérix et Goscinny
19:05qui ont fait croire
19:06que les Romains
19:06ne sont jamais venus en France
19:07et que le village gaulois
19:08a résisté.
19:09C'est Pipo.
19:09C'est adorable,
19:10mais c'est Pipo.
19:11D'accord ?
19:12Donc, aujourd'hui,
19:13toutes ces plateformes commerciales
19:14vont arriver en France
19:15avec des financements
19:17anonymes,
19:18étrangers,
19:19bancaires.
19:20Et donc,
19:21à nous de nous préparer,
19:22à nous, commerçants,
19:23de nous préparer
19:24à cette offensive.
19:25Merci Michel-Édouard Leclerc,
19:26président du comité stratégique
19:27et porte-parole du mouvement Leclerc,
19:29d'avoir répondu à mes questions.
19:31Il est 8h48 sur la MCBF.
19:32Enfin, manger du chocolat.
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