Passer au playerPasser au contenu principal
On court à la catastrophe ... ce biologiste dévoile des chiffres terrifiants !
Invité dans le podcast Greenletter Club, Olivier Hamant, biologiste et directeur de recherche à INRAE ainsi que directeur de l’Institut Michel Serres, analyse la crise du vivant et la disparition massive des populations animales depuis les années 1950.
Il explique la vitesse inédite du déclin de la biodiversité, le basculement rapide des écosystèmes, la pression humaine croissante et le concept de pic humain qui fragilise nos sociétés. À travers des exemples scientifiques et des comparaisons marquantes, il montre comment nos modèles économiques et sociaux accélèrent la perte du vivant et pourquoi il devient crucial de repenser nos priorités pour renforcer la résilience de nos environnements.
Cette intervention du Greenletter Club offre une compréhension claire de l’urgence écologique et de ses conséquences pour notre avenir collectif.

#ecologie #biodiversite #climat #effondrement #vivantskincare
Quel chiffre le WWF avance concernant la perte des populations de vertébrés depuis 1950 ?
➡ 73%.

Quel terme l’intervenant préfère utiliser plutôt que le mot effondrement pour décrire les transformations du vivant ?
➡ Le basculement.

Quel animal est cité comme exemple de dinosaure ayant survécu et réussi ?
➡ Le pigeon.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Le mot le plus important, c'est l'ordre de grandeur, de la vitesse à laquelle ça change.
00:05En fait, si on dit 70%, on peut se dire « oui, mais il y a déjà eu des extinctions et finalement la planète s'en est remise ».
00:11Des fois, je l'entends dans des conférences.
00:14Il faut juste bien réaliser qu'en effet, 70% de pertes en masse des animaux vertébrés sur les continents depuis 1950,
00:22c'est trois ordres de grandeur plus rapides que la disparition des dinosaures.
00:30Il y a aussi un aspect d'effondrement du vivant qui est à peine croyable quand on voit les chiffres.
00:40L'étude que je cite toujours sur le sujet, c'est celle du WWF qui dit que depuis 1950, on a perdu 73% des populations.
00:50C'est des populations et ce n'est pas des espèces, donc c'est encore plus impressionnant de vertébrés sur Terre.
00:56Qu'est-ce qu'on doit en penser de cette impressionnante disparition du vivant, effondrement du vivant ?
01:05Oui, le mot le plus important, c'est l'ordre de grandeur, de la vitesse à laquelle ça change.
01:11En fait, si on dit 70%, on peut se dire « oui, mais il y a déjà eu des extinctions et finalement la planète s'en est remise ».
01:17Des fois, je l'entends dans des conférences.
01:19Il faut juste bien réaliser qu'en effet, 70% de pertes en masse des animaux vertébrés sur le continent depuis 1950, c'est 3 ordres de grandeur plus rapide que la disparition des dinosaures.
01:333 ordres de grandeur, tu peux dire ce que c'est qu'un ordre de grandeur ?
01:35Voilà, donc c'est un zéro, c'est x10.
01:38Et donc les dinosaures, ils ont mis 33 000 ans à disparaître, 33 000 ans après la météorite qui est tombée.
01:44Donc il a fallu 30 000 ans et nous, on le fait à l'échelle d'un siècle, 50 ans.
01:50C'est absolument dingue la différence de vitesse.
01:54Donc ça veut dire que les écosystèmes qui n'étaient déjà pas tellement prêts à une disparition aussi rapide au temps des dinosaures,
01:59là aujourd'hui, ils sont encore moins prêts.
02:01Ils ont une forme de robustesse qui leur permet de résister un peu, mais il ne faut pas exagérer.
02:05Là, on va vraiment trop loin et on crée des déserts en fait.
02:07Ce qui est intéressant, je trouve, c'est que d'ailleurs là-dessus, nous écologistes, je me mets dedans même si je suis journaliste,
02:13on est souvent traités de catastrophistes, alors qu'en fait, le terme d'effondrement, en fait, il est assez euphémisé par rapport même aux grandes périodes d'effondrement de la biodiversité.
02:24Oui, on parle parfois de la sixième grande extinction.
02:26En fait, il faudrait trouver un nouveau mot parce que c'est par rapport aux autres grandes extinctions, on va beaucoup plus vite.
02:32Donc je n'ai pas d'idée pour ce mot-là, mais il faudrait le trouver parce qu'on ne peut pas parler encore d'extinction parce qu'on n'est pas arrivé aux 75% de disparition.
02:41Heureusement, on n'est pas encore là, mais à la vitesse où on va, on y arrive.
02:45Pour les insectes, par exemple, en Europe, on a dépassé ça.
02:50Qu'est-ce que tu penses des travaux sur l'effondrement ?
02:55Je sais que j'ai parlé avec Pablo Servigne il n'y a pas longtemps, on a fait une interview avec Pablo Servigne, je sais que vous vous connaissez.
03:00J'ai l'impression, c'est un sentiment, mais j'aimerais bien avoir ton regard dessus, que les biologistes ont un rapport un peu différent avec l'effondrement.
03:07D'ailleurs, Pablo Servigne est biologiste à la base.
03:10Est-ce que vous, cette idée du collapse, ça fait partie quasiment du quotidien, que ça ne vous effraie pas comme d'autres corps de métier, d'autres intellectuels ?
03:20Alors aussi, si, l'effondrement, je pense que ça effraie tout le monde, en fait.
03:23Je veux dire, c'est plus une dynamique que vous observez.
03:27Oui, alors c'est vrai, quand on fait pousser des bactéries ou des levures dans un tube IC ou un grand Erlenmeyer dans nos chambres de culture, dans les laboratoires, on voit très très bien ce qui se passe.
03:38Au début, on a un milieu liquide avec des sucres et tout ça pour que les bactéries se développent.
03:43C'est complètement transparent parce qu'il y a très peu de bactéries.
03:46Elles vont se diviser, se multiplier, proliférer.
03:48À un moment, ça devient un peu opaque.
03:51Une heure après, c'est vraiment très opaque.
03:53Une heure après, elles sont toutes mortes.
03:55J'accélère un petit peu, mais c'est presque ça.
03:58C'est que ça va très très vite.
03:59C'est-à-dire que la phase exponentielle, elle est vraiment incroyablement exponentielle.
04:02On peut voir vraiment le milieu devenir trouble parce qu'il y a vraiment plein de bactéries partout.
04:06Et après, ça sédimente parce qu'elles sont toutes mortes.
04:09Quand il n'y a plus de ressources et qu'elles sont si nombreuses, elles meurent.
04:13Donc en fait, on voit l'effondrement.
04:15On peut le recréer dans nos laboratoires.
04:17Alors ce qu'on peut se dire, c'est que dans un laboratoire, il y a quelqu'un qui contrôle.
04:20Il y a quelqu'un qui dit, je peux rajouter du sucre.
04:22Je peux faire des hélicottes, comme on dit, des échantillons.
04:24Pour relancer des cultures, etc.
04:27Là, non, il n'y a personne qui contrôle.
04:29Nous sommes sur Terre et on est en train de faire une sorte de bouillon de culture
04:32sans trop se demander qu'est-ce qui pourrait se passer après.
04:36Mais moi, sur l'effondrement, en fait, ce qui me gêne dans le mot effondrement,
04:42c'est que ça donne un peu l'impression binaire du 0-1.
04:44C'est qu'il y avait quelque chose et il n'y a plus rien après.
04:47En fait, dans tous les écosystèmes, on ne voit jamais vraiment d'effondrement au sens 0-1.
04:52C'est-à-dire qu'il peut y avoir un incendie qui va tout brûler.
04:56Et le lendemain de l'incendie, il n'y a plus de vie, c'est tout mort.
05:01Sauf qu'en fait, un mois après, deux mois après, on va commencer à avoir des petites plantes qui poussent.
05:05Il y a des graines qui ont résisté.
05:06Il y a plein de vivants sous le sol qui ont finalement résisté.
05:10Peut-être même des bourgeons, des arbres qui arrivent finalement à résister au feu.
05:14Donc en fait, je préfère parler de basculement.
05:17Je trouve que c'est plus pertinent.
05:17On va changer de monde plutôt.
05:19Il y a quand même des ruptures très brutales.
05:21Je pense à des sujets, par exemple, l'effondrement des pêcheries de cabillauds, de morues dans le Grand Nord canadien.
05:30C'est un effondrement de pêcherie, mais il y en a plein d'autres.
05:32On voit les courbes parce qu'on a pêché depuis la Renaissance dans ces régions-là.
05:37Et les courbes, elles sont brutales.
05:38Aujourd'hui, il y a certes quelques morues, mais pas assez pour soutenir une pêcherie.
05:42Donc il y a des effondrements quand même très brutaux, même s'il y a des petites pousses derrière.
05:47Il y a quand même ces pentes-là, brutales, radicales.
05:50Les effondrements, si on regarde une espèce, on voit des espèces disparaître.
05:54Il y a plein d'impasses évolutives.
05:55Si on regarde l'évolution darwinienne, en fait, c'est surtout des impasses évolutives.
05:58La plupart des espèces ne durent pas.
06:00Un mammifère, en moyenne, ça dure un million d'années sur Terre.
06:04Donc de toute façon, toutes les espèces sont amenées à disparaître à un moment ou à un autre.
06:07Mais il ne faut pas oublier le pigeon.
06:09Le pigeon, c'est un dinosaure qui a réussi.
06:11C'est qu'en fait, si on regarde l'ensemble de la population, il y en a toujours qui arrivent à passer à travers les mailles.
06:16Donc c'est plutôt ça qui m'intéresse.
06:18Alors je ne dis pas que...
06:18Évidemment, quand on est le pigeon, quand on est le dinosaure, le destin n'est pas tout à fait pareil.
06:22Mais c'est plutôt se dire qu'à l'échelle de la vie sur Terre, en fait, il n'y a pas d'inquiétude à voir.
06:27On n'est pas là pour sauver la planète.
06:29On a un conflit d'intérêts.
06:30C'est nous, le sujet.
06:32Le maillon faible, il n'est pas écologique.
06:33Il est social.
06:35C'est nous.
06:36Parfois, on parle beaucoup du pic de pétrole, pic de lithium, etc.
06:39Non, le premier pic qu'on va passer, c'est le pic humain.
06:42C'est celui-là qui est le plus fragile.
06:43Et d'ailleurs, l'épidémie de burn-out actuelle, c'est l'exemple typique du pic humain qu'on est en train de dépasser.
06:48Qu'est-ce que ça veut dire concrètement, le pic humain ?
06:50Le pic de pétrole, c'est quand la production ne suit plus la consommation.
06:55Donc on dépasse ça.
06:56Et le pic humain, c'est en fait quand on demande aux humains trop par rapport à ce qu'ils peuvent faire.
07:01Donc par exemple, je prends un exemple, l'ubérisation.
07:04Pour un exemple tout simple, l'auto-entrepreneur, finalement, c'est revenir au travail à la tâche.
07:11Alors que là, on avait fait des gains sociaux, vraiment.
07:14Le travail, le salaire associé à une personne, à un poste, c'était déjà, enfin une personne, c'est encore mieux, mais un poste, c'était déjà du gain.
07:20Là maintenant, le salaire est associé à la tâche.
07:22Donc en fait, dans un monde qui est en accélération, faire du travail à la tâche, c'est une usine à burn-out.
07:28Très clairement.
07:28Très clairement.
07:581
08:011
08:022
08:032
08:031
08:042
08:052
08:062
08:071
08:082
08:092
08:133
08:131
08:143
08:143
08:144
08:154
08:165
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations