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  • il y a 17 heures
Transcription
00:00Le chef Imoti reçoit dans « Et si la vie était une recette de cuisine ? »
00:06Frédéric Hart, ancien quintuple champion du monde de full contact, a bâti sa carrière sur la rigueur, la précision et la connaissance intime du corps en mouvement.
00:19Installé à Hucle, à Bruxelles, il met cette même exigence au service du soin et de la rééducation.
00:26Diplômé en kinésithérapie dans un premier temps et en ostéopathie, il fonde son cabinet Arts Ostéothérapie, spécialisé dans la prise en charge des troubles sportifs neurologiques et vertébraux.
00:40Polyglotte, il parle français, anglais, portugais, italien.
00:44Frédéric Hart accueille une clientèle variée, des athlètes de haut niveau, en particulier en quête de mieux-être.
00:52Son parcours, il incarne une même philosophie du ring à la table des soins.
00:57Waouh !
00:58Ouais, ça te parle !
00:59Waouh !
01:00J'ai le plaisir de recevoir M. Frédéric Hartz.
01:04Bonjour à tous !
01:04Quintuple champion du monde, on va apprendre à mieux le connaître, parce que d'abord je vais raconter l'anédote, comment j'ai rencontré M. Frédéric Hartz.
01:12Je faisais un sport de combat, je m'étais cassé le pied, enfin c'était l'os de stress.
01:18Ouais, fracture de stress.
01:20Fracture de stress.
01:21Et puis je vais à son cabinet, je sonne, on m'ouvre, et là M. Hartz me tourne le dos directement.
01:29Et moi je rentre, moi j'ai dit, tiens, il n'a même pas peur de moi, ou bien il ne m'analyse pas, rien du tout.
01:35Je m'installe, et puis il me serre la main, et puis il me dit, tiens, vous avez fait un sport de combat.
01:41Et moi, pour me vanter, je dis, ouais, j'ai fait du judo, j'ai fait de la boxe, j'ai fait de la boxe thaï.
01:47Vraiment pour me vanter.
01:48Et lui, il me dit, j'étais qu'un tout plus champion du monde, de full contact.
01:53Et là vraiment, j'ai dit, je voulais creuser un trou pour m'enterrer.
01:58C'est là que j'ai vraiment appris l'humilité avec M. Frédéric Hartz.
02:02Parce que cette simplicité dans l'accueil, et la façon qu'il m'a accueilli,
02:05et la façon qu'il a parlé de ses coupes, avec une simplicité, ça m'a énormément touché.
02:12J'ai eu le plaisir de l'accueillir, c'était notre premier invité.
02:15Bonjour.
02:16Et je vais poser la question directement.
02:18Qu'est-ce qui t'a attiré en premier dans le kickboxing ?
02:23L'histoire, elle est simple.
02:24Je suis un petit garçon fluet, pas très sûr de lui, mais qui bouge beaucoup, qui est très nerveux.
02:31Et donc ma mère décide de chercher un sport.
02:37Et l'histoire veut qu'elle me met au cours de karaté.
02:42Comme dans la plupart des cas, j'étais trop petit.
02:44Donc le prof me dit, écoutez, après deux, trois leçons, ça ne va pas du tout.
02:47Il n'est vraiment pas doué.
02:49Il vaut mieux qu'il s'arrête là.
02:51Donc ma mère, elle est déprimée.
02:54Bon retour dans la maison.
02:55Et bon, moi je continue ma vie et je crois deux ans plus tard, c'est le voisin qui a repris, qui a 18 ans et qui finalement reprend les enfants et me donne confiance en moi.
03:09Parce que je n'étais vraiment pas confiant.
03:12Et l'histoire d'amour a commencé comme ça.
03:15J'ai mis un premier KO, un deuxième KO.
03:19J'avais 8, 9 ans et je me suis senti doué pour ça.
03:22Et l'histoire a commencé tout simplement comme ça.
03:25Magnifique.
03:28Et à ce moment-là, la confiance est arrivée.
03:30Et comment est-ce que, qu'est-ce qui a poussé au fait de croire en toi en disant, peut-être un jour je vais venir champion.
03:38Qu'est-ce qu'il y a ?
03:38Quel intérêt a fait que, ce n'était pas les KO forcément, c'était la maîtrise du corps ou quelque chose ?
03:44Non, il y avait la première phase, c'est la compétition.
03:47Voilà, parce que là, c'est dans la compétition que j'existais.
03:50En dehors de la compétition, je n'existais pas.
03:52Ah oui.
03:52Je n'étais pas bon à l'école, j'avais des lunettes, je n'étais pas confiant en moi.
03:58Il n'y avait qu'en compétition où j'existais un petit peu.
04:02Et donc, c'est quelque chose que j'ai sublimé à ce moment-là.
04:06Et très vite, je crois que j'avais 13 ans, quand je dis à ma mère, moi je veux être champion du monde.
04:10C'était comme ça.
04:11Après, maman dit oui, papa dit oui, on verra bien.
04:16Et puis, tu gagnes le championnat de Belgique une fois, deux fois, trois fois.
04:20Maman, on te dit, bon, tu n'es peut-être pas trop mauvais.
04:22Tu es peut-être doué.
04:23Tu es peut-être un peu doué.
04:25Bon, mais on ne veut pas que tu fasses ça parce que tu prends des coups.
04:28Et quand tu vas devenir professionnel, là, c'est une autre histoire.
04:30Effectivement, tu arrives à 18 ans, tu combats des hommes.
04:34Là, c'est un peu plus costaud.
04:37Mais le deal, c'était ça.
04:38C'était ça.
04:39Je vais, si ça arrive, ça arrive.
04:42Si ça n'arrive pas, ça n'arrive pas.
04:43Et ça arrivait très tôt, en fait.
04:45Ça arrivait à l'âge de 20 ans.
04:48J'ai eu une opportunité et j'ai foncé.
04:51Et puis voilà.
04:52On dit souvent que tous les grands champions ont un passé assez lourd.
04:56Mais quand j'écoute ici, je vois que quand même, tu as eu des parents qui te suivaient,
05:03qui te protégeaient quasiment parce qu'ils disaient, fais attention et tout ça.
05:06Donc, est-ce que tu as eu un passé lourd comme un…
05:09Enfin, si je ne veux pas trop rentrer dans les détails, dans la privée.
05:12Est-ce qu'il y a une souffrance qui fait qu'on a envie d'être champion ?
05:16C'est seulement l'adrénaline, même si tout ce que tu vas l'expliquer, il n'y a pas de souffrance.
05:20Moi, je n'ai pas eu une souffrance.
05:21Moi, j'ai eu une super enfance, belle famille, des parents qui se sont séparés.
05:27Là, ça arrive, mais ça ne s'est pas fait dans la violence.
05:31Moi, j'ai eu un très, très bon passé.
05:34Je n'ai pas été nourri par…
05:36J'étais un petit enfant renfermé, voilà.
05:41Tu es comme ça.
05:42À l'école, bon, ouais, on se fout de toi parce que tu as des grosses lunettes.
05:45Donc, c'était plus ce côté que plein de gens ont.
05:48Et moi, j'ai passé ça par le sport.
05:53Mais je ne peux pas dire que comme certains champions, comme Youssef, par exemple,
05:57ils ont eu un passé compliqué.
05:58Moi, non.
05:59Moi, je n'ai pas besoin de combattre pour manger.
06:02Moi, je n'ai pas combattu pour manger.
06:04J'ai combattu par plaisir et par défi de la compétition.
06:09Mais je n'ai pas une histoire difficile.
06:12La seule histoire que je peux dire, c'est que moi, j'étais déterminé.
06:16Et j'étais déterminé à m'entraîner.
06:18Et là, j'ai été au même niveau que n'importe qui.
06:21Mais je n'ai pas fait ça par besoin existentiel.
06:26C'était pour moi, point.
06:27Non, c'est fabuleux parce que j'ai appris autre chose aussi quand j'étais dans son cabinet.
06:33Et un jour, je dis, dans ton entraînement, est-ce que tu cherchais la faille ?
06:38Et puis, il m'a regardé simplement en disant, il n'y a pas de faille.
06:42Je dis, waouh !
06:43Et je l'ai appliqué dans mon métier.
06:45Dans le sens où, j'ai fait de telle façon à étudier la boulogne.
06:48Je ne vais pas trop parler de moi.
06:49C'est juste l'un des lignes d'autres.
06:50Pour dire vraiment que, je dois étudier ça, ça, ça, pour qu'il n'y ait pas de faille.
06:54Quand je vais quelque part, on me demande quelque chose.
06:57Mais c'est grâce justement à M. Hartz que j'ai appris qu'il n'y ait pas de faille.
07:02Vraiment combler tout.
07:04Donc, qu'est-ce que ça t'a apporté pour, sur le point personnel, cette maîtrise ?
07:09Et en même temps, ces championnats et tout ça pour tes combats.
07:12Qu'est-ce que ça a apporté, en fait ?
07:14La première chose, ce n'est pas le combat, c'est l'entraînement.
07:17C'est l'entraînement qui est très important.
07:20Parce que l'entraînement, ça te donne une rigueur, une obligation de résultat.
07:26Mon cours, je disais toujours, être champion du monde, ce n'était pas difficile.
07:30Ce n'est pas difficile d'être champion du monde.
07:32Tu prends n'importe qui qui est dans la rue, tu es déterminé, oui, tu suis le programme, oui.
07:38Il y a de grandes chances que tu sois champion du monde.
07:40Que tu sois champion tout court.
07:42Après, champion du monde, on peut en discuter, c'est une autre chose.
07:46Mais que tu sois champion de Belgique, du Brabant, d'Europe, du monde, c'est kiff-kiff, tu as fait un travail.
07:53Et vous devez faire un travail.
07:55C'est ça, c'est la rigueur que te donne l'entraînement.
07:57Le combat, c'est la cerise sur le gâteau.
07:59Si tu as fait ton travail, tu passes un bon moment sur le ring.
08:03C'est bien, tu es tranquille, tu es entraîné, tu mets ta garde.
08:06Tu gagnes, tu gagnes, tu perds, tu perds, mais tu sors tranquille.
08:09Ça, c'est la rigueur qui t'amène au ring qui est importante.
08:16On m'a souvent dit aussi, je crois que dans l'histoire, il disait que tous les combattants, les liateurs romains, etc., étaient considérés comme des dieux.
08:23Parce que quand ils montaient sur le ring, c'est mon approche, la maîtrise du mouvement faisait que le mouvement était fluide, il n'y avait plus la pensée, donc c'était comme des dieux en fait.
08:34Ils ne réfléchissaient pas.
08:36Est-ce que tu te considérais comme un dieu quand tu étais face à l'autre ?
08:42À quoi tu pensais à ce moment-là ? Parce que forcément, moi je trouve que quand tu y vas, il y a quand même cette peur.
08:48Et puis quand tu es sur le ring, qu'est-ce qui faisait que la peur se transformait en énergie, en adrénaline ?
08:55Premièrement, comme tu as dit, il faut avoir peur.
08:58Parce que si tu n'as pas peur, tu n'es pas un combattant normal.
09:01Magnifique.
09:01Avoir peur, c'est la plus grande des qualités.
09:05Deuxièmement, quand tu deviens champion, cette peur, tu la maîtrises, donc en fait tu t'habitues à la sensation, tu t'habitues à avoir le cœur qui bat, tu t'habitues aux premières secondes, ça devient une habitude de faire ça.
09:20Et au plus tu le fais, au plus c'est normal.
09:24L'essoufflement du début, tout ça, c'est des choses normales que tous les combattants ressentent, mais qui deviennent tout à fait naturelles.
09:32Après, ce qu'il fait, c'est que tu dois laisser ton corps parler.
09:35Donc tu as ce qu'on appelle un cerveau, qu'on appelle le cerveau reptilien.
09:40Le cerveau reptilien, c'est le cerveau du laisser-faire.
09:43C'est l'instinct qui te guide.
09:45C'est un peu comme toi, toi tu es en cuisine et à un moment donné, tu ne vas plus réfléchir aux quantités.
09:50Tu ne vas pas aller peser tout, tu vas faire psss, psss, psss, psss, et hop, tu es en pilote.
09:54C'est la même chose, le combat c'est la même chose.
09:57Et tu laisses ton corps parler et c'est là que tu vois si l'entraînement s'est bien fait.
10:00Donc il y a d'abord la maîtrise du mouvement, pour pouvoir vraiment être à l'écoute de ce cerveau reptilien, pour pouvoir agir pendant le combat en fait.
10:08Tout à fait.
10:08Et tout agit de manière tout à fait neurologique.
10:11En neurologie, si je fais une petite pointe, c'est ce qu'on appelle, tu as un système qu'on appelle pyramidal et extrapyramidal.
10:18Donc il y a le système de pyramide, c'est ce qui relie ton cerveau avec les neurones jusqu'à la commande musculaire.
10:24Quand tu apprends, tu passes par le système des pyramides, donc où tu conçois ton mouvement.
10:30Ton cervelet va concevoir le mouvement et puis il va envoyer un autre neurone qui va envoyer ça à ta jambe, ton bras, tous tes muscles.
10:39Ça n'est pas presque un réflexe, on peut dire ça.
10:41L'extrapyramidal, c'est quand tu as appris.
10:43Tu vois, j'apprends à faire ça sans te toucher, c'est mon cerveau extrapyramidal.
10:49Je fais ça, ok, la distance est là.
10:53C'est mon cerveau extrapyramidal qui a pris le relais.
10:55Je n'ai pas besoin d'apprendre ça, c'est inné.
10:58Et c'est ce cerveau-là qu'on doit mettre en action, parce qu'on ne pense plus à ce moment-là.
11:02Ah oui, génial.
11:03On ne réfléchit pas.
11:04Justement, dans toutes les philosophies orientales et tout ça, on fait de telle façon, avec des
11:10exercices bien précis, à maîtriser le mouvement, pouvoir aimer le mouvement, pour aimer tout
11:16court, pour justement arriver au fait qu'il y a un silence qui s'installe.
11:21Oui.
11:22Et j'ai remarqué dans tous les sports de combat, quand le mouvement est maîtrisé, il
11:26y a un silence qui s'installe parce qu'il n'y a plus de doute.
11:30Est-ce que c'est possible ça ?
11:31Oui, bien sûr.
11:32Bien sûr.
11:33Tous les mouvements forcés, ce sont des mouvements qui ne sont pas appris.
11:38Donc tu vois souvent à la fin des combats, quand tu as un boxeur qui commence à avoir
11:43des difficultés face à un autre boxeur, tu regardes le grand combat qu'il y a eu, qui
11:47était magnifique Canelo Crawford, tu as eu un Canelo qui a commencé à combattre, à
11:52chercher, et puis il a dû forcer sa boxe pour essayer de trouver la faille qu'il n'a
11:57jamais trouvée.
11:58Oui, oui.
11:58Et tu avais Crawford de l'autre côté qui maîtrisait tout, tout, tout, chaque partie.
12:02Du ring, il était, il était là.
12:04Et tu avais un boxeur qui cherchait et tu avais un boxeur qui avait tout trouvé.
12:09et tu ne sais pas.
12:11Et c'est ça qu'il faut essayer d'avoir, c'est d'avoir, de mettre ton adversaire en
12:16une situation où il doit chercher.
12:18Oui, ce surpass, il n'est plus lui-même.
12:20Voilà.
12:20Et donc là, tu as cassé et c'est fini, tu as gagné.
12:23Waouh ! C'est magnifique !
12:25C'est ça qui est important !
12:26Expliquer comme ça ! Et qu'est-ce qui s'est passé quand tu as le premier ressenti, la
12:33première fois que tu as été champion du monde ? Parce que ce n'était pas à l'époque
12:36ici avec les K1 et tout ça où ils gagnent, enfin, je ne veux pas parler financier, mais
12:40qu'est-ce que tu as ressenti intérieurement quand, c'est quand même l'aboutissement
12:44d'un travail, être champion du monde ? Dire qu'on est champion du monde, un belge
12:50en plus quand même.
12:50Ben là, je vais faire une petite parenthèse là-dessus, sur ce titre.
12:54Il faut savoir, déjà, être champion du monde, pour moi, ça veut tout dire et rien
12:59dire du tout, parce que c'est avoir la chance d'être monté dans les rankings.
13:03Moi, je n'ai pas eu tout le parcours qu'ont certains jeunes qui ne seront jamais champions
13:08du monde parce qu'ils sont mal managés.
13:09Donc, moi, j'ai eu un manager qui était un peu un chipoteur dans les fédérations
13:15et j'ai pu arriver à ça par chance.
13:19On a eu besoin d'un combattant, il a tout de suite pris l'opportunité, on y va, tu
13:25gagnes, tu gagnes, tu perds, tu perds.
13:26Voilà.
13:27Et c'est arrivé.
13:28Voilà, ça, c'est la première phase.
13:30On ne monte pas tous pareil.
13:32Quand j'ai gagné, ok, c'est un moment, tu as un moment de grâce.
13:36Et trois secondes plus tard, et ça, je peux le dire, c'était 15 secondes plus tard,
13:43il y avait un type qui monte sur le ring et qui dit, voilà, ton prochain combat, c'est
13:46contre lui.
13:47On va te...
13:48Tu n'avais même pas le temps de profiter.
13:50En fait, quand tu es champion du monde, on t'annonce juste que plein de gens veulent
13:54te casser la tête déjà.
13:55Et ils essayent de te faire signer.
13:58Donc moi, je peux dire que là, tu es champion du monde, tu crois que tu vas être...
14:03Mais en fait, tu es l'homme à battre.
14:04Donc tu es la cible.
14:06Vieux cible.
14:06Tu vois, voilà.
14:07Et tu te remets mode challenger.
14:10Donc le meilleur moment pour les combattants, c'est le challenger.
14:13Ah oui.
14:13Toi, tu es le sniper et tu vois ta cible, c'est le champion du monde.
14:18Ah oui.
14:18Et quand tu es champion du monde, tu deviens la cible.
14:20Et tu dois prouver à chaque fois que tu es bon.
14:23En fait, les défauts qu'eux, ils peuvent voir, forcément, toi, tu ne le vois pas.
14:27Non.
14:27Mais tu essaies encore d'améliorer un peu plus.
14:29Mais tu t'adaptes par rapport aux combattants d'avant.
14:31Oui.
14:31Puisque ton adversaire, tu vas lire ses combats, mais lui, il a déjà vu les tiens encore
14:35plus que toi, en fait.
14:36Voilà.
14:37Ah oui.
14:37Mais la motivation de gagner, elle va augmenter chez les challengers.
14:45Oui.
14:45Au plus tu es imbattable, au plus on veut frapper, on veut te battre.
14:50Au plus, on veut te battre.
14:52Donc être champion du monde, c'est une pression de plus en plus grande.
14:55Et au plus tu es invaincu, au plus tu te dis à quand va arriver le mec qui va me mettre
15:01Ah oui, quand même.
15:02Qui va me mettre là de la difficulté et la pression.
15:04Donc il faut quand même garder une certaine motivation.
15:07Oui.
15:07Ou dire, tiens, le prochain, allez, il sera plus fort, plus fort, plus fort.
15:11Garder cette motivation.
15:12La boxe, ce n'est pas un jeu.
15:13Non.
15:13Donc ça, je tiens à le dire, ce n'est pas un jeu.
15:15Ce n'est pas du football, ce n'est pas du tennis, ce n'est pas du volleyball, ce n'est
15:19pas je perds un jour 2-0 et je gagne demain 3-2.
15:23La boxe, quand tu perds, tu perds plus qu'un combat, tu perds des neurones, tu perds ta santé.
15:30Donc c'est un sport où ça demande de la rigueur.
15:32Tu ne peux pas ne pas t'entraîner, tu ne peux pas monter sur le ring comme un dilettant parce
15:37que sinon il va t'arriver des carabistouilles.
15:39Tu vas vraiment être en danger pour ta santé.
15:42Ce n'est pas un jeu.
15:44On ne joue pas quand on monte sur le ring.
15:47Donc aujourd'hui, par exemple, qu'est-ce que tu te dirais à toi quand tu as commencé
15:52à dire, qu'est-ce que je ne ferais pas, qu'est-ce que j'aurais dû faire et est-ce
15:56qu'aujourd'hui tu combattrais comme avant, est-ce que tu retournerais au combat ?
16:00Retourner au combat, oui, parce que c'est inné en moi.
16:04Le combattant est là.
16:05Si tu me disais je reviens en arrière, je serais encore plus déterminé.
16:10Ça oui, je serais plus déterminé.
16:13Il y a des combats que je ferais beaucoup plus méchants parce qu'il y a des combats
16:17où j'ai fait dilettante pour préserver l'autre et je ne le ferais plus.
16:21Ça c'est clair parce que je ne me suis pas préservé moi.
16:24J'ai eu de la chance.
16:25Il y a des moments où tu te dis, vas-y, si l'autre était un peu plus fort,
16:30je serais peut-être ramassé.
16:32Donc je serais plus déterminé.
16:34J'écouterais moins les cuicui autour de moi qui me disent, fais pas ci, fais pas ça,
16:39va là, va là parce que tu as beaucoup d'intérêt.
16:41Mais les gens ne sont pas pour toi, ils ont un intérêt pour eux-mêmes.
16:45Donc ce que je ne ferais plus, c'est ça.
16:46C'est moi, je serais plus égoïste.
16:48À choisir aujourd'hui, je serais plus égoïste, oui.
16:51Ok.
16:52Oui, ça oui.
16:53Plus égoïste.
16:55Oui.
16:55Qu'est-ce qui a fait que tu aies passé de kiné et ostéopathe en arrêtant le sport en fait ?
17:01Qu'est-ce qui a décidé ça ?
17:03Alors déjà, je n'ai pas fait ça en arrêtant le sport.
17:06J'ai fait ça pendant ma carrière.
17:09Donc j'étais quelqu'un qui allait à l'école, qui étudiait, qui combattait.
17:14Parce que c'était le profil, mon entraîneur, c'était hors de question que je ne fasse pas d'études.
17:18Donc le plan, c'était combattre, en même temps tu étudies, pour que si ta carrière ne fonctionne pas, tu aies un métier.
17:28Alors pourquoi c'était kiné ? Parce que j'ai toujours aimé la médecine, seulement la médecine c'était 7 ans et plus si je choisissais une spécialisation.
17:38Donc j'étais un peu paresseux, ça il faut reconnaître.
17:42Deux, je n'étais pas très bon à l'école.
17:44Donc l'université, à ce moment-là, je n'étais pas assez mature pour le faire.
17:49Donc je suis passé plus en graduat.
17:52Mais j'ai étudié ça en même temps que le sport.
17:56Parce qu'il fallait que je fasse du sport, il fallait que je fasse de la médecine sportive.
17:59C'était comme ça.
18:01Et c'est venu naturellement.
18:02L'ostéopathie, pourquoi on fait l'ostéopathie après la kiné ?
18:06Simplement parce que l'ostéopathie, c'est un plus.
18:11Elle te donne tout ce que la kiné ne te donne pas.
18:14Ok, parfait.
18:15Justement ici, on va mettre l'adresse de M. Frédéric Arts aussi.
18:20Comme ça vous pourrez venir.
18:21Il m'a soigné, il soigne beaucoup de champions.
18:23Moi, je ne suis pas un grand champion, mais il soigne tout le monde.
18:26Vous voyez ?
18:26On soigne tout le monde de 0 à 99 ans.
18:30Voilà, c'est bon à savoir.
18:32Comment on arrive à créer une relation de confiance avec le client justement ?
18:35En avoir été champion, comment on crée cette relation pour que le client soit en confiance ?
18:41Moi, j'ai été mis en confiance directement.
18:42Aujourd'hui, quelles sont les méthodes que tu as plein pour mettre ton client, ton patient, pas client, le patient ?
18:50La première règle, c'est l'écoute.
18:54Tu dois écouter la personne.
18:56Une personne qui ne se sent pas écoutée, elle ne va jamais être en confiance parce qu'elle se dit, celui-là, il ne va pas comprendre ce que j'ai.
19:03Donc, vraiment la première règle, et c'est comme ça que je parle aux étudiants, il faut d'abord écouter.
19:09Ça, c'est la première chose.
19:10Une fois que tu as écouté, tu dois expliquer ce que les patients ont.
19:17Tu dois expliquer le problème.
19:20Pourquoi tu vas tester ? Pourquoi tu touches là ? Comment tu fais ?
19:24Bref, si les gens ont compris que tu les as écoutés et qu'ils comprennent que tu as compris ce qu'ils ressentent, à ce moment-là, ça va.
19:31Le gros problème de la médecine, de tous les confrères médecins, c'est quoi ?
19:36C'est qu'ils ont une telle masse de travail et qu'ils ne prennent plus le temps d'expliquer aux gens.
19:41D'ailleurs, on ne dit pas, quand on parle entre collègues, on dit, le cas 1, le cas 2, le cas de madame un tel, c'est des cas.
19:50Non, c'est des patients que tu soignes, c'est des personnes que tu soignes.
19:54Donc, chaque personne qui rentre dans ton cabinet, que ce soit un bébé, un enfant, personne du troisième âge, un intelligent,
20:00quelqu'un qui a fait des études, pas d'études, premièrement, c'est des êtres humains qui comprennent
20:05et qui viennent avec un problème et qui veulent savoir si tu peux les aider.
20:10Donc, la relation que tu fais, c'est ça, c'est une relation d'écoute, c'est une relation d'abord d'écoute.
20:18Et après, une relation qui va se traduire par ta qualité propre de thérapeute.
20:25Et ça, ça se fait naturellement.
20:28Je ne crois pas qu'on est bien avec tout le monde.
20:30Non, ça j'imagine.
20:31J'ai des gens avec qui ça n'est pas bien passé, ça ne passe pas.
20:35Et voilà, on ne fait pas de bêtises, ça ne passera pas.
20:37Donc, je n'ai pas la vertu de dire que j'ai soigné tout le monde.
20:41Ah bah oui.
20:42Justement, ici, j'ai déjà été dans...
20:44Enfin, en recevant les gens comme ça, le passé aide aussi.
20:49Mais à un moment donné, quand on devient champion du monde, justement,
20:52je reviens là-dessus encore, quand on devient champion du monde,
20:55quand on atteint cet objectif, qu'est-ce qui se passe après qu'on a atteint cet objectif ?
21:00Ici, c'est cinq fois quand même.
21:01Qu'est-ce qui se passe ?
21:02Est-ce qu'il y a une paix qui s'installe ?
21:04Est-ce qu'il y a un vide ?
21:05Est-ce qu'il y a une autre envie qui s'installe ?
21:08Ou est-ce que l'objectif est atteint ?
21:10Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
21:12Et quand tu es...
21:12Voilà, tu as le Graal.
21:14Donc, voilà.
21:15Comme on dit toujours les entraîneurs,
21:17une fois que tu es champion du monde, c'est le plus facile.
21:19Après, le plus difficile, c'est de confirmer.
21:24Donc, c'est de rester au niveau, garder ton influx, garder ta confiance,
21:29garder ton envie de faire plus.
21:34OK ?
21:34Et ça, ça va être déterminé par les challengers.
21:37Parce qu'en fait, tu n'as pas de grand champion du monde sans grand challenger.
21:41Oui, oui.
21:42Parce que c'est le challenger qui va te pousser dans ta limite.
21:45Qui va monter cette adrénaline.
21:46Et c'est vraiment un échange.
21:49Et au plus, tu as des challengers intéressants,
21:52au plus, tu montres que ton niveau est élevé.
21:56Voilà.
21:56Et dans l'humilité, c'est une humilité.
21:59C'est le champion qui a plus de pression que le challenger.
22:03Un challenger, il n'a rien à perdre.
22:04Il a tout à gagner.
22:05Le champion, il a tout à perdre.
22:07Parce que tu me disais, je cite...
22:09Enfin, une conversation, tu disais,
22:11Youssef Bouganev a plus de combats que moi.
22:15Mais cette humilité, tu as eu son combat, quelque chose comme ça.
22:19Lui, il en a 300.
22:20Mais rester humble, toujours comme ça, en disant,
22:22Ah, il a combattu beaucoup plus que moi.
22:25Comment est-ce que tu peux te positionner par rapport à ces combattants actuels,
22:31en fait, justement, par rapport aux combattants avant ?
22:33Premièrement, il faut savoir que ces combattants, aujourd'hui,
22:38ils ont un degré de violence qui est 4, 5 fois supérieur
22:44parce que les méthodes d'entraînement ont changé.
22:47Maintenant, on n'a plus de combattants qui ne sont pas des athlètes.
22:50Tu as des exceptions.
22:52Alors, le frère de Youssef, c'est une belle exception.
22:53C'est un gars qui dit, tu le vois, excuse-moi, Yacine,
22:58mais c'est comme ça qu'il y avait un physique inapproprié.
23:01Il était gras.
23:03Et ce garçon montait sur le ring avec des capacités,
23:07avec un punch, avec une énergie.
23:09Tu disais, mais comment ce garçon fait ?
23:11Oui, oui.
23:12Donc, ce n'était pas un bon exemple.
23:15Aujourd'hui, tu le revois, il est taillé dans le roc.
23:17Il a perdu, je ne sais plus combien de kilos,
23:18mais c'est un athlète, tu vois.
23:21Un type comme Youssef, il faut savoir pourquoi il est comme ça.
23:25Il combattait pour manger.
23:27Mais il avait une passion.
23:29Il avait quelque part...
23:30Il aimait faire ça.
23:31Oui, ça se voit.
23:32Et c'est quelqu'un qui a tout donné à ce sport,
23:35qui a tout fait pour ce sport, tu vois.
23:37Et qui le colporte et qui colporte en plus l'humilité
23:40parce que c'est quelqu'un que j'ai pu rencontrer
23:42dans des moments difficiles de sa carrière.
23:45Il faut savoir, il allait arrêter.
23:47Dieu sait ce qu'il allait faire,
23:48mais on l'a, grâce à Dieu,
23:50parce que ce n'est pas que moi, on l'a sauvé.
23:54Et il s'est réentraîné.
23:55C'est un qui travaille tous les jours.
23:57On n'est pas à ce niveau-là sans travailler.
23:59Oui, j'imagine.
24:00Tu vois.
24:00Donc, c'est cette recherche de se dépasser continuellement.
24:04Et quand tu n'as plus ça, en boxe, il faut t'arrêter.
24:08Tu perds la flamme, tu perds l'envie de progresser.
24:13C'est un sport où tu dois t'arrêter.
24:14Il faut être humble, c'est comme ça.
24:16Et ça arrive à toujours, à tout le monde.
24:18Voilà comment j'ai appris l'humilité.
24:19Donc, aujourd'hui, quel conseil tu donnes à des jeunes ?
24:22Parce que j'ai déjà été dans les salles,
24:23où les jeunes arrivent,
24:24ils viennent là pour casser,
24:26ou bien, je ne sais pas, pour faire un film,
24:27il faut mettre l'eau de chaos.
24:29Quel conseil tu leur donnes pour avoir un plaisir,
24:32à s'entraîner ?
24:34Pour moi, je trouve que quand un jeune fait un sport,
24:37même en cuisine,
24:38quand quelqu'un vient,
24:40il faut mettre une bonne émotion,
24:41une bonne énergie dans ce qu'on prépare.
24:43Je suppose qu'il doit être pareil pour aussi les entraînements,
24:45pour qu'il y ait un plaisir quand même.
24:47Est-ce que c'est un partage ?
24:48Déjà, c'est choisir une bonne salle et un bon prof.
24:52Ça, c'est l'essentiel.
24:54Il n'y a pas de mauvais élèves,
24:55il y a un mauvais prof.
24:57Ça, c'est la première chose.
24:58Donc, il y a des profs qui promouvoient la violence,
25:02qui promouvoient tout ça.
25:04Non, ça, il n'y a pas.
25:05Il n'y a pas de mauvais élèves,
25:07il y a un mauvais prof.
25:08Donc, choisis une bonne salle.
25:09Ça, c'est la première chose.
25:11Et ensuite, écoute ton prof.
25:14Parce que les conseils qu'il va te donner,
25:15ce n'est pas toujours ce que tu penses.
25:17Ça va ?
25:19OK ?
25:19C'est pour t'améliorer, en fait.
25:20Ça, c'est le plus important.
25:21Oui, c'est vraiment pour t'améliorer.
25:22Et derrière, c'est vas-y,
25:24suis ce que tu as envie de faire,
25:26sois déterminé,
25:28mais il y a des étapes à suivre.
25:30Si tu ne t'entraînes pas correctement,
25:31il ne faut pas aller en compétition.
25:33Et ce n'est pas s'entraîner deux fois par semaine.
25:36Quand on est pro,
25:38on s'entraîne du lundi au dimanche.
25:40Tout le temps.
25:40Ça va ?
25:41Être bien dedans.
25:42C'est comme ça.
25:43Oui.
25:43Justement, ici,
25:45on pourra bien terminer la cuisine.
25:48On revient là-dessus.
25:50Quels sont les ingrédients
25:51qui sont les plus importants
25:52dans une vie de sportif,
25:54d'ostéopathe,
25:56pour que la vie soit,
25:58est-ce qu'on va dire le terme acceptable,
26:00ou est-ce que...
26:01Oui, acceptable.
26:03Acceptable, c'est un mauvais mot, je trouve.
26:04C'est plutôt dire
26:05comment rendre la vie,
26:09même si c'est comme ça,
26:10être bien dans l'engin, en fait.
26:13Dans l'engin, quel corps, quoi ?
26:15Le sport, ça permet d'habiter déjà le corps.
26:17Oui.
26:17Mais comment...
26:18Déjà, il faut respecter son...
26:19Il faut respecter son bio-rythme.
26:22Il faut respecter les heures de sommeil.
26:24On ne peut pas vivre comme la...
26:27la moyenne des gens.
26:29Et je vais dire quelque chose de bête,
26:31mais je pense que c'est la moyenne des gens
26:32qui ne vivent pas bien.
26:33Le sportif, il vit très bien.
26:35Ça, c'est la première chose.
26:36Il va dormir tôt,
26:38il mange sainement,
26:40il ne mange pas trop,
26:41et il s'entraîne.
26:43Oui.
26:43OK ?
26:44Donc, c'est ça.
26:45Pour la santé,
26:46le sportif s'entraîne peut-être
26:48trois heures, quatre heures par jour.
26:49La santé, c'est 20-30 minutes par jour.
26:54La santé.
26:54Oui, la santé.
26:55Tu ne performes pas,
26:56mais tu fais 30 minutes,
26:57tu es bien en santé.
26:58Tu vois ?
26:59Ça, c'est les ingrédients.
27:00C'est vivre comme il faut.
27:02Moi, je ne pense pas que le sportif,
27:04c'est une vie de sacrifice.
27:06C'est une vie normale.
27:07C'est une vie sainement.
27:08C'est une vie de sain.
27:10C'est comme ça.
27:11Le problème, c'est qu'aujourd'hui,
27:12la vie, ce n'est pas vivre sainement.
27:14Non.
27:14C'est bouffer du sucre,
27:16c'est dormir à minuit,
27:18c'est manger quatre fois par jour
27:22quand tu dois en manger deux.
27:24Voilà.
27:24C'est comme ça.
27:26C'est les excès.
27:27Oui, les excès.
27:28C'est les excès.
27:28Oui, oui.
27:29Justement, ce côté sportif
27:31fait que ce n'est pas une maîtrise.
27:34On appréhende,
27:36on prévoit plus ce qui va arriver
27:37pour mieux l'affronter, en fait.
27:40C'est vrai que tu dois mettre ton corps
27:41dans une situation
27:42où tu dois être performant,
27:45donc tu dois en prendre soin.
27:46Oui.
27:47Tu vois, c'est tout.
27:48Donc, tu ne dois pas tirer dans la mécanique.
27:50Non.
27:50Sinon, les pièces, elles cassent.
27:51Voilà.
27:52Et quand ça casse,
27:53on sait où on doit aller.
27:54Tu viens chez moi.
27:56Ben voilà.
27:57J'ai été très content
27:58de rencontrer,
28:00de rencontrer mon maître
28:01en humilité,
28:03qui est M. Frédéric Arts.
28:04Merci à vous.
28:05Le mec qui vous a parlé aussi,
28:06comme il m'a parlé la première fois,
28:08et ça a été une grande leçon pour moi
28:09à chaque fois.
28:10Il lâche une petite phrase
28:11qui n'a rien à voir,
28:13mais après,
28:13quand on réfléchit,
28:13il dit « Ah oui, c'est vrai ».
28:15J'espère qu'aujourd'hui,
28:16toutes les phrases accumulées
28:17vont vous permettre d'avancer
28:18autant que moi.
28:20Ça m'a permis d'avancer
28:21dans mon métier
28:22et dans ma vie de tous les jours.
28:24Voilà,
28:25M. Frédéric Arts
28:25a été notre invité aujourd'hui.
28:27Merci, mon mule.
28:28Et à tout le monde.
28:29Dieu vous bénisse.
28:31À très bientôt.

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