- il y a 8 heures
Budget, nouveau service national, culture, audiovisuel public : entretien avec le député du Nord et vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Il est 8h25 et dans le grand entretien avec Benjamin Duhamel, nous recevons ce matin
00:04le député du Nord, vice-président du Rassemblement National.
00:08Vos questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application Radio France.
00:14Bonjour Sébastien Chenu.
00:15Bonjour.
00:16Merci d'être avec nous ce matin sur Inter.
00:18On va parler dans un instant de la situation internationale, du plan de paix proposé par
00:23Donald Trump pour l'Ukraine, des débats en France.
00:26Alors qu'Emmanuel Macron réfléchit à un nouveau service militaire volontaire, on va aussi
00:31évoquer la question de la politique culturelle que vous défendez au Rassemblement National.
00:36Mais d'abord, Sébastien Lecornu, le budget discuté au Sénat après son rejet par l'Assemblée.
00:43Hier Sébastien Lecornu a appelé à la responsabilité et dénonce une forme de cynisme de la France
00:50Insoumise et du Rassemblement National.
00:52Vous avez fait preuve de cynisme Sébastien Chenu ?
00:55Non et je retournerai à Sébastien Lecornu son compliment parce que je pense qu'il
01:01savait dès le départ que dans une Assemblée Nationale dans laquelle il n'y a pas de majorité,
01:05il est impossible de construire un budget qui est une cohérence, quelle que soit d'ailleurs
01:09la cohérence du budget.
01:11La France Insoumise ne pourra pas trouver de compromis avec les autres forces politiques,
01:16le Rassemblement National n'en trouvera pas d'avantage avec certaines autres et le
01:19Bloc Central ne trouvera pas de compromis.
01:21Cette volonté de culture du compromis de Sébastien Lecornu se heurte à la réalité
01:27des convictions.
01:28C'est-à-dire que oui, nous ne sommes pas pour baisser les moyens par exemple de la
01:31sécurité comme le souhaite la France Insoumise.
01:34C'est un exemple parmi d'autres.
01:35Mais Sébastien Chenu, quand Sébastien Lecornu dit cela, il s'appuie notamment sur un
01:39élément qui est que vous avez obtenu un certain nombre de victoires, quand la suspension
01:42de la réforme des retraites est votée à l'Assemblée Nationale, qui est une de vos
01:45revendications, quand vous réussissez à faire voter ce qui ressemble à ce qu'était
01:49votre impôt sur la fortune financière, qui s'appelle maintenant impôt sur la fortune
01:53improductive.
01:54C'est-à-dire que vous obtenez des choses, mais à la fin vous votez quand même contre
01:57en disant de toute façon le compromis est impossible, on votera toujours contre.
02:00C'est bien la problématique du budget, c'est que dans le budget vous avez plusieurs étages
02:04si j'ose dire, et sur certains marqueurs, vous pouvez obtenir des victoires.
02:08D'autres forces politiques en obtiennent également.
02:10Chacun obtient un moment ou un autre des victoires parce qu'il a pu les faire passer
02:15avec les voix d'autres forces politiques.
02:16Mais le résultat final est très déséquilibré.
02:20Derrière ces victoires, il y a aussi des choses qu'on ne veut absolument pas voir.
02:23Par exemple, la hausse de la CSG que la gauche a obtenue dans ce budget.
02:27Et donc si on adopte ce budget, ou la hausse de la contribution à l'Union Européenne.
02:30Si on adopte ce budget, eh bien on avale aussi quelque part tout ce qu'on ne veut pas voir.
02:36Donc vous voyez, il n'y a pas de cohérence, il est là le problème.
02:38Et du coup, est-ce que la nouvelle stratégie du Premier ministre décrite hier,
02:43c'est-à-dire vous faire voter, vous les députés, sur des grandes thématiques
02:46qui pourraient dégager un compromis, on pense à la défense, dès la semaine prochaine,
02:49est-ce que ça, ça pourrait marcher ?
02:51Bon, d'abord, ce ne sont pas des votes qui feront la dépense.
02:55Moi, je pense que cette idée de scinder, de compartimenter ou de découper le budget
03:03peut être intéressante si elle permet de préserver le budget du régalien.
03:07Nous, on votera les hausses de budget du régalien.
03:09Par exemple, la hausse du budget de la défense, y compris avec la surmarche de 3,5 milliards en politique de défense.
03:17Nous, ça, on le votera.
03:19Mais en revanche, on se dirige évidemment vers une loi spéciale.
03:22C'est d'ailleurs parce qu'il y a cette façon de découper le budget
03:26qu'on imagine que le gouvernement, à la fin, c'est une loi spéciale.
03:28Donc, loi spéciale, on précise pour nos auditeurs, ça veut dire reconduire d'une année sur l'autre le budget.
03:33Sans nouvelles dépenses.
03:34Sans nouvelles dépenses, avec aussi des effets de bord.
03:36Par exemple, le gel du barème de l'impôt sur le revenu,
03:39c'est-à-dire que des gens qui, aujourd'hui, ne paient pas d'impôt sur le revenu
03:42rentreraient dans l'impôt sur le revenu.
03:43C'est quoi, c'est un moindre mal, cette loi spéciale ?
03:47Non, pas du tout.
03:48Mais, M. Duhamel, comprenez bien que c'est le gouvernement qui est responsable de tout ça.
03:52Ils ont saboté le budget, l'exercice budgétaire.
03:55Sébastien Chenu, vous ne pouvez pas vous exonérer de toute responsabilité ?
03:58D'abord, ce n'est pas nous qui faisons le budget.
04:00Nous ne faisons que l'amender.
04:02Nous ne faisons qu'essayer de le faire évoluer.
04:04Par exemple, vous aviez fait le choix avec François Bayrou de ne pas le censurer
04:07et de le laisser à Maxignan.
04:09Oui, mais nous ne sommes pas exactement dans les mêmes dispositions qu'avec François Bayrou.
04:13Je dis que le gouvernement l'a saboté parce qu'ils ont déposé, d'abord,
04:16dans l'exercice parlementaire, des milliers d'amendements.
04:21C'est-à-dire qu'ils ont amendé leur propre texte, ralentissant la discussion budgétaire,
04:25empêchant de traiter un certain nombre de sujets de fonds.
04:27Donc, loi spéciale, vous pensez que c'est comme ça que ça va terminer ?
04:29Je pense comme ça, mais le Premier ministre le savait dès le départ.
04:33Sébastien Chenu, il y a des votes qu'on n'a pas bien compris
04:35de la part du Rassemblement national au cours de ce budget.
04:40Celui sur la taxe de 2 euros sur les petits colis d'origine extra-européenne
04:45de moins de 150 euros, donc notamment les colis Chine.
04:48Tout le monde a voté pour, sauf au Rassemblement national.
04:52On ne comprend pas très bien pourquoi un parti souverainiste
04:55qui veut faire du localisme ne veut pas taxer ces produits
04:59qui viennent de loin, qui sont fabriqués hors normes européennes,
05:01avec une concurrence déloyale pour les commerçants français.
05:04Mais c'est pourtant facile à comprendre.
05:06Nous avons expliqué que cette taxe sur les petits colis,
05:09elle était d'abord totalement contournable.
05:12C'est-à-dire qu'en réalité, la Chine ira mettre ses entrepôts à l'extérieur.
05:15Ensuite, elle aura quoi comme effet ?
05:17Eh bien, une augmentation ou en tous les cas,
05:19le fait que ce soit le consommateur qui paye les 2 euros de plus.
05:22Vous croyez que la Chine va être ennuyée
05:24parce qu'on va mettre 2 euros de plus sur les petits colis.
05:26Donc la réalité, c'est que c'est le consommateur à la fin qui paye,
05:29c'est l'État qui va remplir un peu ses caisses
05:31et que cette taxe, elle est contournable.
05:32Donc en réalité, on se donne bonne conscience.
05:35Avec leurs histoires de taxes sur les petits colis,
05:37ils se donnent bonne conscience sur le dos du consommateur encore une fois.
05:41Sébastien Chenu, vous dites que c'est le consommateur qui va payer.
05:43Quand on a des produits qui sont par exemple à quasiment 70%
05:47non conformes aux exigences européennes,
05:48quand par ailleurs, et au Rassemblement National,
05:50on entend régulièrement la défense des petits commerçants.
05:52Vous pensez que les petits commerçants,
05:54ils ne souhaiteraient pas que ces petits colis soient taxés précisément
05:56pour peut-être rééquilibrer un petit peu ces distorsions de concurrence ?
05:59Ce que je crois les petits commerçants et les Français veulent,
06:01c'est des choses utiles et efficaces.
06:04Je peux prendre le pari avec vous de revenir dans un an
06:06et voir si la France a résisté à cette espèce d'envahissement du textile chinois.
06:13Nous, on est favori par exemple à des quotas textiles.
06:16Ça existait jusque dans les années 2000, des quotas textiles.
06:19À des taxes, évidemment, à l'extérieur des frontières de l'Union Européenne,
06:23aux frontières de l'Union Européenne.
06:24On est favorable à cela.
06:25Mais ça ne vous gêne pas de voter avec, au fond,
06:29d'apparaître comme ceux qui défendent ces entreprises.
06:32Mais là, on défend pas du tout ces entreprises.
06:34Je vous dis que, un, on défend le consommateur,
06:37que c'est l'État qui va se mettre cet argent dans les poches
06:40et que ça n'empêchera rien.
06:42Je vous dis, rendez-vous dans un an.
06:43Je vous le dis, Benjamin Duhamel.
06:45Voyons dans un an si la Chine importe moins,
06:47exporte moins de ses produits textiles sur le marché français.
06:52Et voyons où nous en sommes.
06:53Eh bien, je pense que vous serez en train de me dire
06:55qu'effectivement, il fallait des mesures fortes.
06:57Nous, on pense à des quotas textiles, à des taxes, effectivement, aux frontières.
07:00Sébastien Chenu, il faut qu'on parle de la guerre aux portes de l'Europe.
07:03L'Ukraine et la Russie, qui ont fait état chacune de frappes massives
07:07cette nuit sur leur territoire respectif.
07:11Il y a des discussions qui continuent en ce moment
07:14sur la base d'un plan de paix proposé par les États-Unis.
07:18Une version initiale extrêmement contestée par l'Ukraine
07:20parce qu'il s'agissait de concessions territoriales,
07:24de réduction drastique de l'armée ukrainienne.
07:27Est-ce que dans ces termes initiaux,
07:29ça aurait été pour vous une capitulation pour l'Ukraine ?
07:32Est-ce que l'Europe a raison de refuser ce plan de paix américain ?
07:35Il est évident que ce plan de paix qui est passé, je crois,
07:37je crois qu'il y avait 28 ou 30 points de négociation au départ,
07:42et on en est à 19 dans le plan de paix,
07:45il est évident que ce plan de paix n'est pas à la faveur de l'Ukraine.
07:47Or, un plan de paix doit évidemment être guidé par l'intérêt souverain de l'Ukraine.
07:52L'Ukraine était une puissance agressée,
07:54elle doit être celle qui décide demain de la taille de son territoire,
07:59de la taille de son armée, l'intérêt souverain de l'Ukraine.
08:02Vous dites que c'est l'Ukraine qui doit décider.
08:03Il y a 10 ans, Marine Le Pen avait avalisé le rattachement de la Crimée à la Russie
08:08en expliquant que le vote qui avait eu lieu était un vote légitime.
08:11Si on suit cette logique-là, il faudra arriver à des concessions territoriales
08:15si, d'aventure, les territoires concernés le veulent.
08:19Mais là, vous parlez à un moment d'un vote,
08:21et ensuite vous parlez d'un envahissement militaire.
08:23Vous mettez en juxte la position...
08:24Parce que le vote, il était légitime du...
08:25Le vote, il a existé.
08:27Le vote, il a existé, il a été reconnu comme tel.
08:29Non, il n'a pas été reconnu comme tel, du tout.
08:31En tous les cas, il a permis...
08:34Toutes les autorités internationales ont considéré que ce vote n'était pas légitime
08:36et que les conditions du scrutin n'étaient pas...
08:38Sur ça, il y a débat, mais sur l'envahissement militaire,
08:42ce n'est pas du tout la même chose.
08:43Je vous dis que l'Ukraine, ce qui doit présider, j'allais dire, un accord de paix,
08:48c'est l'intérêt de l'Ukraine, l'intérêt de la souveraineté de l'Ukraine.
08:52Pas seulement d'ailleurs de sa souveraineté territoriale.
08:54L'intérêt de la taille de son armée, par exemple, qui a un débat là-dessus.
08:58Eh bien, effectivement, ça, ça doit être...
08:59Donc, vous ne dites pas qu'il faudra qu'il y ait des concessions territoriales
09:02qui soient décidées ou imposées à l'Ukraine ?
09:06C'est à l'Ukraine de décider de la taille de son territoire.
09:10Alors, bien sûr, ça ne se fait pas seul.
09:11Nous, on est favorables à une conférence de la paix plutôt tenue,
09:14ou en France, ou sur un territoire d'un pays neutre,
09:17pour le faciliter.
09:18On a beaucoup parlé de l'Inde, et je pense que ce serait une bonne idée.
09:21Mais un accord de paix doit se faire uniquement dans l'intérêt de la souveraineté de l'Ukraine.
09:26Sébastien Chenu, Emmanuel Macron, chez nos amis d'RTL M6, ce matin,
09:31insiste de nouveau sur la menace que constitue la Russie.
09:35Et il devrait être annoncé jeudi l'instauration d'un service militaire volontaire.
09:41Donc, dix mois d'entre dix et cinquante mille jeunes concernés chaque année.
09:47Vous, vous avez dit que vous regrettiez la conscription,
09:50la conscription obligatoire que Jacques Chirac avait aboli.
09:54Ça veut dire quoi ?
09:56Ça veut dire que ça vous va, ce service volontaire, ou vous voulez qu'on aille plus loin ?
09:59En tous les cas, c'est toujours mieux que le SNU,
10:01que cet échec du service national universel
10:04qu'avait souhaité mettre en place le président de la République.
10:07Donc, le président de la République a manqué ce rendez-vous avec les jeunes de notre pays.
10:12Aujourd'hui, il cherche une formule non effavorable.
10:14C'était dans le programme de Marine Le Pen.
10:16Un service national obligatoire, garçons et filles, de trois mois.
10:20Pour commencer, pourquoi ?
10:21Je vais dire peut-être pas davantage.
10:23Parce que d'abord, aujourd'hui, revenir à la conscription,
10:26ça coûte énormément, que ce soit en encadrement, que ce soit en locaux,
10:31que ce soit en poids financier.
10:33Il y a d'abord un débat, d'ailleurs, j'ai vu, entre France Stratégie
10:36et puis d'autres experts sur le coup, puisque Pierre Aski parlait des experts.
10:40Ils ne savent pas nous dire si ça coûterait 5 milliards ou 15 milliards.
10:42Il y a un petit delta quand même.
10:43En tout cas, ça coûterait très cher.
10:45Donc, commençons par un service militaire obligatoire de trois mois, garçons et filles.
10:50Et puis, allons peut-être plus loin dans le temps.
10:53Vous l'avez fait, vous, votre service militaire ?
10:54Non.
10:55Pourquoi ?
10:55Non, moi, j'avais été exempté à l'époque.
10:57Ah.
10:57Ouais, j'étais dans la dernière...
10:59La dernière classe d'arrivée.
11:0073.
11:02Exempté quoi pour des raisons ?
11:03Pour des raisons, je ne vais pas vous donner ma vie personnelle.
11:05Mais je le regrette, je trouve que c'était...
11:08Après, je pense qu'il faut aussi que le service militaire, il soit valorisé dans la vie civile.
11:12C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut que ce soit tourné vers la défense.
11:15Mais il faut que ce soit valorisé.
11:16Alors, on dit pouvoir passer le permis, pouvoir passer les gestes du premier secours.
11:20Mais il faut que ça ait une valorisation dans la vie civile lorsqu'on en sort.
11:25Sébastien Chenu, dans plusieurs articles, vous vous êtes présenté comme potentiel ministre de la culture d'un gouvernement rassemblement national.
11:32Pas vous, la presse a fait état et plusieurs membres du Rassemblement national vous évoquaient comme potentiel ministre de la culture.
11:39Et on a Bruno, au standard, qui veut précisément vous poser une question à ce sujet.
11:44Bonjour Bruno, bienvenue.
11:45Allez-y, posez votre question.
11:47Bonjour à l'équipe de France Inter.
11:49Bonjour Monsieur Chenu.
11:50Effectivement, vous avez été perçu presque comme ministre de la culture.
11:55Si vous nous dites que non, vraiment, il n'y a que vous qui ne le savez pas.
11:58Voilà. Donc, plusieurs interviews vous entendent dire, ça devient caricatural, vous aimez la culture ?
12:06Oui, bof. Le cinéma, comme tout le monde.
12:09Donc, ce n'est pas terrible pour un futur ministre de la culture.
12:11Donc, je vous donne une session de rattrapage.
12:14Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui vous plaît dans la culture ?
12:17Et qu'est-ce que vous feriez dans le domaine de la culture si vous étiez amené aux affaires ?
12:21Merci.
12:21Bon, c'est un débat un peu large. J'ai été perçu comme pouvant m'intéresser à la culture, parce que c'est vrai que j'aime bien la culture.
12:29On n'en est pas à se répartir les postes, quoi que ce soit, quoi qu'il en soit.
12:34Et le reste n'est que divagation.
12:36Sur ce qui peut me plaire dans la culture, vous faites allusion à une réponse.
12:40Oui, je n'aime pas forcément, comme tout le monde, je crois qu'on n'est pas sensible à toutes les cultures.
12:46On a des goûts personnels.
12:48Donc, ça, est-ce que ça a à voir dans une politique publique ? Non.
12:51Les goûts personnels n'ont rien à voir avec une politique publique de la culture.
12:53Sébastien Chenu, juste pour préciser ce que dit notre auditeur, il fait référence à une interview que vous avez faite chez nos confrères de France Info.
12:58Vous étiez interrogé sur notamment la politique de financement du cinéma,
13:02parce que le Rassemblement National a proposé, dans le cadre de la discussion budgétaire, de vider le CNC de son budget, le CNC qui finance le cinéma.
13:09Vous avez notamment dit cette phrase, vous avez dit, un bon film se juge au nombre d'entrées qu'il fait.
13:16Est-ce que ça a pour un potentiel ministre de la Culture de dire, un bon film, c'est un film qui fait des entrées ?
13:21Mais pas seulement, mais c'est un critère.
13:23La rencontre entre un film et son public est forcément un critère de financement.
13:26Forcément.
13:27Je n'ai pas dit que c'était le seul.
13:28En réalité, moi, je pense que ce qu'il faut, c'est moraliser.
13:30Il se juge au nombre d'entrées qu'il fait.
13:32Mais je vous répète, pas seulement.
13:34Mais ça fait partie des critères.
13:36Moraliser les aides financières du CNC.
13:37C'était ça, notre volonté.
13:39Je vous donne un exemple.
13:40Ça veut dire quoi, Moral ?
13:40Pardon, mais juste quand un mot un peu contraire à vos collègues députés dit, il faut faire attention à financer des navets ou des films gauchistes.
13:48Non, mais Benjamin Duhamel, ce n'est pas ce que je veux dire.
13:49Je vous donne un exemple d'un amendement très précis.
13:52Un film dans lequel quelqu'un peut bénéficier d'un cachet supérieur à 500 000 euros.
13:56Est-ce qu'il a besoin d'une aide effective du CNC et de l'argent public derrière ?
14:01C'est un débat qu'on peut ouvrir.
14:02Moi, je suis pour des aides sélectives.
14:04Je ne suis pas pour des aides automatiques.
14:06Je pense que des films doivent rencontrer un public.
14:08Je pense que des aides doivent permettre de faire émerger des jeunes auteurs, réalisateurs, etc.
14:14Je pense qu'il y a plusieurs critères.
14:16Quand vous parlez de film gauchiste, ça veut dire que vous allez faire des sélections au fond.
14:22Votre modèle idéal, c'est qu'on regarde si un film correspond aux valeurs qu'on promeut et on voit si on le finance ou pas.
14:26Écoutez-moi, jamais nous n'entrons dans la ligne éditoriale que peut avoir un film.
14:32Enfin, si on peut parler de ligne éditoriale pour un film, ou en tous les cas, la sensibilité.
14:36Mais en revanche, le fait que les aides ne soient pas automatiques, mais qu'elles correspondent à des objectifs, y compris à des objectifs d'équilibre financier,
14:43un film doit pouvoir aussi trouver ses sources de financement par lui-même.
14:49Il y a aussi des grands films qui n'ont pas trouvé leur public.
14:52Juste puisqu'on parle de la politique culturelle...
14:53Ne soyez pas caricaturaux, parce que vous nous jugez comme caricaturaux, mais vous l'êtes tout autant avec ce que vous faites.
14:59Pas du tout Sébastien Chenouin.
15:00On vous pose des questions. Dans la politique culturelle, il y a aussi la question de l'audiovisuel.
15:03Il s'avère qu'aujourd'hui...
15:05On va vous poser des questions et vous aurez l'occasion de répondre, Sébastien Chenouin.
15:09Commencent les travaux de la commission d'enquête parlementaire sur, je cite,
15:12la neutralité, le fonctionnement et le financement de l'audiovisuel public, réclamé par Éric Ciotti, votre allié.
15:18À quoi est-ce qu'elle va servir cette commission, Sébastien Chenouin ?
15:20Puisque, de toute façon, vous êtes d'ores et déjà convaincu, c'est dans votre programme, qu'il faut privatiser l'audiovisuel public.
15:25Non mais d'abord, je pense qu'elle va servir à faire un état des lieux. Un état des lieux sur l'aspect financier de l'audiovisuel public.
15:32Vous êtes ici dans une maison qui n'est pas très déficitaire, mais vous avez par exemple, à côté de vous, France Télévisions,
15:37qui a 81 millions, je crois, d'euros de déficit sur l'année en cours.
15:43Donc d'abord, faire le point sur l'état des lieux. Ce que coûte l'audiovisuel public...
15:47C'est l'état des lieux, il est fait par la Cour des Comptes...
15:49Oui, mais pas seulement. Vous savez, l'histoire de la Cour des Comptes, on nous avait dit la même chose sur le budget de la France.
15:54Les dépenses, le recours à un certain nombre de sociétés de production qui se partagent une sorte de gâteau dans l'audiovisuel public...
15:59Là, vous parlez de la télévision.
16:00Oui, oui, je parle de la télévision et je pense que ça, c'est intéressant.
16:03L'obligation de neutralité, qui fait beaucoup débat.
16:06J'entendais tout à l'heure Pierre Aski, c'est sûr que sur Inter, on préfère plutôt Bernard Kouchner au Kouchner américain.
16:13C'est le principe d'un éditorial. Vous le savez, c'est que c'est un regard. Et d'ailleurs, vous avez l'occasion ce matin de répondre.
16:20Heureusement, parce que ça, vous êtes obligés d'accueillir tout le monde, mais tout le monde n'accueille pas tout le monde.
16:25Et puis, il y a un côté dénigrement systématique qui est très ressenti par un certain nombre de Français.
16:29C'est-à-dire que des Français se disent, ce sont toujours les mêmes qui, sous couvert parfois d'humour, je pense à Marie de Breuer, je crois que c'est comme ça qu'elle s'appelle,
16:37qui dénigrent une certaine partie des Français.
16:40Et en fait, ce qui, je crois, est intéressant de voir, c'est que le service public n'a pas compris qu'il avait perdu le monopole du récit.
16:48C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le service public, et c'est là où le service public a une difficulté,
16:52c'est qu'il n'arrive pas à comprendre qu'en fait, il est percuté par d'autres médias privés qui ont une autre vision du monde.
16:58Est-ce que c'est grave ? Non, c'est pas grave.
16:59Le problème, c'est que le service public, il est financé avec l'argent des Français, et son incapacité, ou sa capacité finalement, à toujours se moquer des mêmes, s'acharner sur les mêmes, aujourd'hui le rend caricatural.
17:10Sébastien Chenu, vous avez le droit de ne pas apprécier l'humour, c'est le principe, il y a des goûts dans un sens ou dans un autre.
17:15On aime tous les humours différents.
17:16Je suis juste étonné, vous faisiez référence à une chronique sur l'antenne de France Inter, pour un parti qui n'a cessé de dire qu'on ne pouvait plus rien dire,
17:22qui avait des problèmes de liberté d'expression.
17:23Ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je vous ai dit qu'en fait, les Français ont le sentiment, un certain nombre de Français,
17:31de financer un service public qui ne s'adresse qu'à une minorité, ou qui ne s'adresse qu'au même, et donc ils se sentent exclus.
17:38C'est-à-dire que le manquement, dans le service public, il y a public, le manquement d'un service au bénéfice de tous les publics, me semble sauter aux yeux.
17:477 millions d'auditeurs quotidiens pour France Inter.
17:49Oui, enfin, c'est non seulement que vous faites la course en fait, mais vous avez baissé sur vos audiences aussi.
17:54Mais ce n'est pas le sujet, si on regarde ça.
17:56Parce que le service public, si on regarde...
17:58Vous voyez, tout à l'heure, vous me disiez, ce n'est pas bien de juger un succès au nombre d'auditeurs.
18:03Vous me dites que vous avez beaucoup d'auditeurs, et donc sous-entendu que c'est un succès.
18:06Donc vous voyez que c'est un critère intéressant dans le financement.
18:08La réponse, Sébastien Chenu, ce que disait Florence, c'est le fait de dire que, que ce soit à travers les sondages ou les audiences,
18:13les antennes du service public sont plébiscitées, et là encore, ça ne veut pas dire...
18:17Donc c'est bien de rencontrer un public, non ? C'est un peu comme dans la culture.
18:20C'est bien de rencontrer un public.
18:21Tout le monde cherche à rencontrer un public.
18:22Et donc derrière, ça doit permettre un financement, n'est-ce pas ?
18:26Juste sur la question de la privatisation.
18:29Vous n'arrêtez pas au Rassemblement de France, du moins Jordan Bardella, de vanter l'exemple italien.
18:33Georgia Meloni, elle n'a pas privatisé l'audiovisuel public italien.
18:37Il y a aussi des choses que le privé ne pourrait pas financer.
18:40Par exemple, ici, vous avez des correspondants permanents à l'étranger, Istanbul, Berlin, Washington.
18:48Est-ce qu'en proposant la privatisation de l'audiovisuel public, vous n'allez pas priver les auditeurs, les téléspectateurs,
18:53de choses que le privé, de toute façon, ne pourrait pas financer ?
18:56Oui, mais je crois qu'à l'heure d'Internet, aujourd'hui, j'ai entendu ce discours il y a longtemps,
18:59en disant si on veut avoir accès à de l'opéra, du théâtre, à des cultures qui sont très minoritaires dans leur expression,
19:06eh bien, on a besoin du service public.
19:08Moi, je crois qu'aujourd'hui, cet argument, il est un peu dépassé.
19:11Quand vous avez envie d'avoir accès à un certain nombre de données,
19:16eh bien, vous n'avez pas forcément besoin du service public.
19:19Je crois que vous donnez un rôle qui dépasse la réalité.
19:21Vous voyez de l'opéra, du théâtre, en direct des chaînes privées ?
19:22Non, mais je pense que vous pouvez trouver, grâce à Internet, de l'opéra, du théâtre, très facilement aujourd'hui et gratuitement.
19:28Pour terminer, Sébastien Chenu, quelques questions politiques.
19:30D'abord, sur les municipales.
19:32La campagne a déjà commencé, et une question générale,
19:34est-ce que vous pouvez, par rapport à ce qui s'est passé il y a un an, au moment des législatives,
19:37nous assurer que cette fois, il n'y aura pas, par rapport aux investitures ou aux soutiens qui ont été donnés,
19:42de mauvaise surprise, c'est-à-dire pas de candidat au SAI, raciste, antisémite, qui a fait de la prison ?
19:48Il n'y aura pas de mauvaise surprise de ce point de vue-là ?
19:49Mais on fait tout pour.
19:51Vous savez, par exemple, il n'y aura pas de candidat comme la LFI qui présente à Grenoble un candidat qui dit
19:54« on ne fera pas la chasse aux dealers ».
19:56Ça, c'est sûr qu'on n'aura pas de candidat qui auront ce genre de termes,
19:59qui feront des cadeaux au narcotrafic.
20:02On fait tout pour sélectionner des candidats qui soient du meilleur niveau possible.
20:07Voilà, c'est notre boulot.
20:09Est-ce qu'il n'y aura pas de bug ? Je n'en sais rien.
20:12Mais nous faisons tout pour.
20:13Mais par exemple, vous ne soutiendrez pas un candidat qui a fait de la prison ?
20:17Vous avez forcément derrière, parce que vous connaissez Benjamin Benjamin,
20:19c'est une question ouverte.
20:20C'est une idée derrière la tête.
20:22Mais ça dépend, quand on a payé sa dette à la société,
20:24on peut très bien se présenter devant les électeurs, non ?
20:26D'accord, donc ce n'est pas un problème, ce n'est pas directement d'amorcer la prison ?
20:29La justice, c'est pas une fois qu'elle est passée,
20:31la personne n'a pas le droit à reprendre une vie, non ?
20:33Écoutez, je vous donne un exemple.
20:34À Bastia, le Rassemblement national va soutenir Nicolas Batini,
20:37un ancien partisan de l'indépendantisme armé
20:40qui a passé six ans en prison pour une tentative d'attente à Corse,
20:42à la voiture Bélier, contre la sous-préfecture de Corté, en 2012.
20:45Donc c'est bien ce que je viens de vous dire.
20:47Quand il avait, je crois, 16 ans à l'époque, ce monsieur,
20:49quand il a payé, quand on a payé sa dette à la société,
20:53qu'on a fait amende honorable,
20:54on est dans un cas très particulier, d'ailleurs aussi en Corse,
20:57c'est-à-dire que vous connaissez les malheureuses tensions qui ont pu exister sur la Corse.
21:02Donc il y a des circonstances atténantes quand on lance une voiture Bélier contre une sous-préfecture ?
21:06Pas du tout, pas du tout.
21:06D'ailleurs, il a été sanctionné, probablement très fortement, et tant mieux.
21:10Mais ensuite, il reprend sa vie.
21:12Et je ne pense pas qu'il soit très fier d'avoir fait ça.
21:14Donc quand on reprend sa vie,
21:16il y a beaucoup de gens qui ont pu avoir des sanctions dans la vie,
21:19des sanctions judiciaires et qui reprennent leur vie.
21:21Mais ça, c'est le principe même de la justice.
21:23Une fois qu'elle est passée, la personne a le droit de reprendre une vie,
21:26y compris une vie publique, d'ailleurs.
21:28Une autre question sur les investitures.
21:30Est-ce que David Racheline, le vice-président du Rassemblement National,
21:33sera réinvesti à Fréjus ?
21:36Il y a quelques mois, il y a une photo qui est apparue sur les réseaux sociaux de lui,
21:39d'Inan, notamment avec Frédéric Chatillon, du GUD,
21:41un militant qui, par le passé, a pu montrer qu'il avait quelques affections pour le régime nazi.
21:46Est-ce que David Racheline sera réinvesti à Fréjus ?
21:48Il n'est pas encore passé en commission d'investiture.
21:49Tout se fait en commission d'investiture.
21:51Et quand ça passera, je reviendrai vous en parler.
21:52Mais vous le souhaitez ou pas ?
21:53Écoutez, je regarderai les faits tels qu'ils sont.
21:55Mais à la fin, c'est les électeurs qui décideront.
21:57Mais sur l'investiture, je regarderai les faits.
22:00Non, mais ce n'est pas rédhibitoire, ça,
22:01de s'afficher avec Frédéric Chatillon,
22:04un militant qui a affiché des affinités avec l'origine nazie.
22:07S'afficher avec des gens...
22:09Moi, je ne fais pas la police de la photo.
22:12De qui s'affiche avec quoi ?
22:13Quelles sont les conditions ?
22:14Photo 2 au restaurant en train de dîner.
22:17Voilà, exactement.
22:18Qu'est-ce que ça veut dire derrière ?
22:20Bon, on peut vous faire dire plein de choses à une photo.
22:22Ce n'est pas ça, le fond.
22:23C'est quelle est la politique que défend David Racheline ?
22:26Quel est le souhait de David Racheline
22:28dans son positionnement politique ?
22:30Une toute dernière question.
22:31Vous savez qu'on a une charte ?
22:32Nous, on signe une charte.
22:33Nos candidats signent une charte.
22:35Merci beaucoup.
22:36Merci Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement National
22:39et député de la Revue de Presse à suivre.
Écris le tout premier commentaire