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  • il y a 2 jours
Transcription
00:00Il est 7h46, c'est Simon, cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:06Notre invité sera ce soir dans la manifestation de Perpignan.
00:09Sa fille est décédée il y a maintenant 4 ans à Perpignan.
00:11Bonjour Giseline Gauthier, merci d'être là en studio avec nous.
00:15Je salue aussi votre avocat Julien Audier-Soria qui est en ligne avec nous.
00:18Bonjour à vous maître.
00:21Bonjour.
00:22Votre fille Giseline Gauthier s'appelait Adeline, Adeline Leroy.
00:26En septembre 2021, elle a été retrouvée dans le coffre d'une voiture à Perpignan,
00:31retrouvée inconsciente après une journée en plein soleil.
00:34Adeline est finalement décédée 10 jours plus tard, elle n'avait que 30 ans.
00:38Son compagnon de l'époque est en ce moment en détention, on va en reparler.
00:41Mais d'abord, vous n'habitez pas vous les Pyrénées-Orientales, vous êtes originaire de Vierzon, département du Cher.
00:46Cette année vous serez ce soir dans la manifestation de Perpignan, pour quelles raisons ?
00:50Parce que déjà l'année dernière, avant il y avait une manifestation à Bourges, à côté de Vierzon.
00:55Et l'année dernière, il n'y en avait pas.
00:58Et avec ma fille Mélanie, on a dit, on va venir à Perpignan, où que ça s'est passé.
01:02Ça fait maintenant 4 ans, je le disais, qu'Adeline est décédée.
01:054 ans après, est-ce que vous comprenez comment votre fille s'est retrouvée dans le coffre de cette voiture en plein soleil ?
01:12Déjà, il y a beaucoup d'emprises.
01:14Voilà, déjà, une chose.
01:18Et lui, il disait que c'est parce que ma fille a été jalouse qu'elle voulait l'accompagner pour le surveiller.
01:27Et on ne comprend pas.
01:28Il travaillait avec des hommes, il travaillait à 200 kilomètres.
01:31Surveiller de quoi ?
01:32Elle est enfermée dans un coffre, comment on peut surveiller une personne ?
01:35Vous parlez d'emprise.
01:37Qu'est-ce que ça voulait dire concrètement ?
01:38L'emprise, c'est empêcher la personne, on n'avait plus trop de contact avec, elle n'avait plus contact avec personne, elle ne pouvait voir personne, elle était enfermée chez elle même.
01:53Voilà.
01:53Elle n'avait plus de téléphone par exemple ?
01:55Non, il n'y avait plus de réseau, il n'y avait plus rien.
01:57Le téléphone, quand je l'appelais, il était à côté, il y avait le haut-parleur.
02:02Donc, moi je ne pouvais pas trop dire de choses parce que j'avais peur qu'après, il la frappe.
02:08Elle a été victime de violences, vous l'avez vue, vous l'avez sentie ?
02:12Oui, parce que déjà, elle est revenue trois fois à Vierzon.
02:16Elle avait des marques, mais on avait peur de lui, tout le monde a peur de lui.
02:24Et donc, si on l'emmenait au commissariat, on avait peur que si on faisait une plainte,
02:32qu'après lui, il se vanche sur Adeline, sur nous, et même les autres personnes.
02:38Parce qu'il y en a eu après Adeline aussi.
02:40On va en reparler.
02:41Effectivement, vous voyez, vous avez vu ces traces, ces violences.
02:44Oui, au coup.
02:44Et vous avez décidé, finalement, de ne pas en parler pour la protéger.
02:48Voilà.
02:49Et vous voyez maintenant, on n'a rien dit, on n'a rien fait.
02:54Et ma fille, elle n'est plus là.
02:56C'était il y a quatre ans.
02:58Le compagnon de l'époque d'Adeline, l'homme qui l'a laissé dans le coffre de cette voiture en plein soleil,
03:05je l'ai dit, cet homme, il est en détention en ce moment.
03:07Voilà.
03:07Mais il n'est pas en détention pour l'affaire qui concerne notre fille.
03:11Non, pour Adeline, il n'y a rien encore.
03:12Il n'y a pas de jugement encore.
03:14Il n'y a pas d'audience.
03:15Il est en détention parce qu'après les violences contre Adeline,
03:19cet homme a rencontré d'autres femmes et il a commis d'autres violences sur cette femme.
03:25Et il a été condamné à de la prison ferme l'an dernier, deux ans de prison ferme.
03:30Oui.
03:31Et ça, c'est quelque chose qu'on ne comprend pas parce qu'au début,
03:36ils ont retrouvé Adeline, donc elle n'avait pas de marque de coup sur elle.
03:39Donc, lui, il a dit que ce n'était pas vrai, qu'il ne l'avait jamais tapée.
03:42Et on ne comprend pas parce que, après, peu de temps après en plus,
03:46il n'a pas attendu trois, quatre ans pour faire ça.
03:49Il a été violent sur les enfants, sur la mère des enfants.
03:53Après, il y a eu une autre fille.
03:56Ensuite, il y a eu la fille en mai 2024.
03:59On ne comprend pas.
04:00Il y a quand même des choses qui se passent.
04:03Et en plus, la fille, la dernière, elle a porté plainte.
04:06Il y a bien des choses quand même.
04:07Ils ont été violentées, ces femmes-là.
04:09Ils ont eu l'emprise.
04:11Il n'y avait plus de maquillage, il n'y avait plus rien.
04:12Ils restaient enfermés.
04:14Ils ne s'habillaient plus.
04:15Il fallait qu'ils restent...
04:17Ils parlent à personne.
04:18Il n'y avait plus de contact non plus avec les parents.
04:21Parce que nous, on a été en contact avec la sœur de la fille
04:24qui était avant celle qui a porté plainte.
04:28Et ça a été le même schéma, le même processus ?
04:29Oui, c'est la même vie qui reproduit sur toutes les filles.
04:32La vie qu'il a fait à Adeline, c'est la même vie qui reproduit sur toutes les filles.
04:35Voilà.
04:36Il les dépouille aussi.
04:38Il les dépouille.
04:38Et les coupes de leur famille, comme vous dites.
04:42Oui.
04:42Et pourtant, ma fille, quand elle est revenue à Vierzon, elle est revenue trois fois à Vierzon.
04:45Et elle disait, je ne retournerai plus.
04:48Et lui, il les recontacte.
04:50Avec les belles paroles.
04:51Voilà.
04:52Maître Odier-Soria, vous êtes l'avocate de Justin Gauthier et de cette famille.
04:58Quatre ans après, aucun procès, aucune date n'est encore fixée ?
05:03Alors, pour le moment, effectivement, l'instruction suit son cours.
05:06Je rappelle que cet individu reste présumé innocent, qu'il a le droit à une défense, qui est en cours.
05:13Et effectivement, cette instruction, cette information judiciaire qui est confiée à un juge d'instruction,
05:18elle a avancé avec le temps qui est le sien.
05:20Mais voilà, de nombreuses investigations ont été menées pour retracer notamment le parcours de vie
05:26de chacun des protagonistes.
05:28Et à ce jour, on est à un petit peu plus de quatre ans depuis ce triste jour de septembre.
05:35Mais voilà, je pense que nous nous situons à la fin de cette information judiciaire.
05:40Mais le temps du procès n'est pas encore proche de nous.
05:44Oui, c'est une enquête interminable, on le comprend.
05:47Est-ce que vous savez, même si la date n'est pas encore fixée pour le procès,
05:51est-ce qu'on est sûr déjà qu'il y aura un procès ?
05:53À ce stade, je crois qu'il faut être toujours prudent.
05:57Et au jour où l'on se parle, je n'en ai pas la certitude.
06:00En toute et à toute cause, et vous l'avez entendu à travers les mots forts de la maman,
06:05c'est une attente toute particulière de la maman, mais aussi du reste de la famille d'Adeline Leroy,
06:11parce qu'on veut pouvoir s'exprimer et parce qu'on veut pouvoir, de ce côté-là,
06:16expliquer les souffrances d'Adeline, mais aussi quelle jeune fille elle était de son vivant
06:22quand elle était peut-être loin de cet individu et qu'elle était en pleine possession de ses moyens.
06:27Donc on n'est pas encore sûr à 100% qu'il y aura un procès.
06:30Vous, vous voulez un procès pour quoi ?
06:31Pour violence ayant entraîné la mort ?
06:34Pour non-assistance à personne en danger ?
06:36Ça peut paraître un peu technique, mais c'est important parce que les peines encourues ne sont pas les mêmes du tout.
06:41Bien sûr.
06:41Alors moi, en tant que juriste et en tant qu'auxiliaire de justice, surtout en tant qu'avocat de la famille,
06:47les attentes sont celles de mes clients.
06:49Donc elles souhaitent qu'il y ait un procès.
06:51Après, se pencher à ce stade-là, sur la nature exacte, à savoir une qualification délictuelle ou une qualification criminelle,
06:59c'est un débat qui est éminemment technique, vous voulez le dire.
07:03Mais c'est un débat surtout qui aura lieu dans une ancêtre judiciaire.
07:06Et notamment avec mon contradicteur, à ce stade, ce n'est pas possible de le mener.
07:11Julien Odier-Saurien, on est quand même face à un dossier qui semble assez emblématique.
07:15Il y a cet engrenage, les réponses extrêmement lentes de la justice.
07:18C'est un dossier qui coche beaucoup de cases, quand on entend le discours aussi de nombreuses associations d'aide aux victimes de violences.
07:28Il est en tout point singulier, de par le caractère déjà tout à fait exceptionnel des circonstances du décès.
07:35Mais il l'est d'autant plus, effectivement, vous parlez de ces fameuses cases.
07:39On retrouve un petit peu, ça et là, un certain nombre de grands principes de l'emprise,
07:43de grandes thématiques qui touchent aux violences faites aux femmes.
07:48Et effectivement, il est tout à fait singulier, et notamment à travers le caractère très émotionnel.
07:54Ça fait 4 ans maintenant que je suis avec cette famille-là, qui est bouleversée.
08:00Et hier encore, il reçoit encore les mots de la maman, les pleurs de la maman dans mon bureau.
08:05Ils étaient tout à fait singuliers eux aussi.
08:06Et on sent que, voilà, elles ne s'en relèveront jamais de cette disparition,
08:10et surtout des circonstances dans lesquelles Abdine est partie ce jour-là.
08:14Et la marche, il y a une marche ce soir à Perpignan, contre les violences faites aux femmes.
08:18C'est à 18h, au départ de la place République.
08:21Merci infiniment de votre courage, de votre témoignage, Justine Gauthier.
08:25C'est normal, c'est normal.
08:25Et merci aussi à vous, Maître Julien Audier-Soria.
08:29Bonne journée à tous les amis.
08:30Merci.
08:31Également.
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