00:00Il voulait leur servir des plats de pâte et puis après des séances à la messe, ça s'est terminé en orgie.
00:06Walt Disney, qui était un dessinateur médiocre, mais un inspirateur, un homme d'idées et un homme d'affaires redoutable,
00:14un formidable producteur, et qui en plus, je le raconte dans le livre, n'avait pas son pareil pour raconter des films qu'il voulait voir à l'écran.
00:23C'est-à-dire qu'il jouait tous les personnages devant ses employés.
00:25Par exemple, Blanche-Neige et les Sainte-Neige, il a joué tous les rôles.
00:26Et là, il va se mettre à mimer la sorcière, la vieille sorcière, Blanche-Neige, le prince charmant, les nains.
00:32Il va les faire et il va retourner littéralement ses employés qui étaient venus, en gros, pour demander, réclamer une augmentation,
00:38parce que déjà, ça a grondé, il les payait très mal, ses employés, Walt Disney, et il les a complètement retournés.
00:43C'est-à-dire, ils se sont dit, c'est tellement exaltant ce à quoi on va participer que, allez, on met notre révolte sous le tapis.
00:49Techniquement, ils ont inventé plein de choses.
00:50La caméra multiplan qui permettait d'avoir plusieurs niveaux, qui sera perfectionnée quelques années plus tard dans Pinocchio,
00:55où on voit vraiment une sorte de relief, d'espace, de trois dimensions dans le dessin animé.
01:00Donc, il invente tout ça, mais ça nécessite de refaire systématiquement les mêmes scènes et de redessiner,
01:04de recrayonner les sept nains, la façon dont il s'inspirait de personnages réels pour faire les nains.
01:09Blanche-Neige, également, celle qui va doubler, parce que c'est pas seulement un film avec des images,
01:15c'est un film avec trois tubes, Blanche-Neige.
01:17Un jour, mon prince viendra siffler en travaillant, et haut, on rentre du boulot.
01:20Trouvez-moi des dessins animés qui ont trois tubes qui vont cartonner pendant des années.
01:26Alors, après, les méthodes de management posent question quand même.
01:30Une chose que je ne savais pas, avec l'affice, dans votre livre, c'est que vous écrivez que c'est salarié,
01:36lors d'un week-end de détente, après trois ans de travail acharné,
01:40lors d'un week-end de détente, qu'on a fait qu'une fornie, ce serait, pour le coup,
01:43lancé dans une sorte de bacchanale cathartique pour évacuer la pression.
01:47Alors, lui, il voulait leur servir des plats de pâte, et puis après, des séances à la messe.
01:52Ça s'est terminé en orgie.
01:54Alors, lui, bien entendu, on a eu vent, sous les tentes, etc.,
01:58il s'est passé plein, plein de choses, ce week-end-là.
02:00Il a dit, qu'est-ce que je fais, je sévis ou pas ?
02:02Il a été rattrapé un petit peu par, j'allais dire, sa conscience du fait que ça exploserait.
02:08Il a passé l'éponge sur les débordements.
02:10Et donc, voilà, sans les accoter, vous savez, il y a aussi des dessins qui ont été placés, un peu cochons.
02:16En fait, c'était une soupape.
02:17Alors, pour ceux qui travaillaient, les créatifs et les techniciens de chez Disney,
02:22ils étaient tellement pressurés, ils avaient tellement travaillé,
02:24qu'il fallait bien que ça s'évacue d'une façon ou d'une autre.
02:27Et le grand chef a dû un petit peu se ronger les ongles,
02:30parce qu'il se rongeait les ongles, Walt Disney faisait des ulcères,
02:33mais il a dû passer outre.
02:35La condition du succès de son film était à ce prix.
02:38Alors, il y a eu d'autres merveilles après,
02:39notamment les deux suivants de Pinocchio et Fantasiax.
02:43Mais on a quand même l'impression que les studios n'atteindront jamais la même ambition technique
02:51qu'une telle maîtrise dans ces films suivants.
02:55Il y a Fantasia, il y a Pinocchio et il y a Bambi,
02:58qui sont d'un niveau technique, sinon d'une richesse thématique égale.
03:03Mais qu'est-ce qui explique qu'après,
03:05ils donnent, j'allais dire, des dessins animés de moindre qualité,
03:07ou des considérations économiques ?
03:09C'est-à-dire que ce sont des films qui ont coûté excessivement cher,
03:13que non seulement il ne va pas rentrer dans ses frais par rapport à ses films
03:15qui vont marcher plus ou moins bien,
03:17Fantasia, ce n'est pas le succès espéré,
03:19mais il y a cette grande grève de 1941 qui lui coupe un peu les ailes.
03:24Il va être extrêmement méfiant.
03:25Et puis, il y a l'aide qu'il doit apporter au gouvernement américain,
03:27nous sommes en temps de guerre,
03:29donc ça coûte aussi à Disney comme aux autres studios.
03:31Donc, tout ça fait qu'il a dit,
03:33ok, très bien, les gens ne viennent pas aussi nombreux que je leur ai souhaité
03:35pour Fantasia, pour Pinocchio, etc.,
03:38même pour Bambi, qui est un film de culte,
03:41je vais leur donner de la soupe.
03:42Ils veulent de la soupe, je vais leur donner de la soupe.
03:43En vertu de quoi, dans les années d'après-guerre,
03:46il va faire toute une série de films mêlant animation et personnages réels,
03:50et quand il décide de relancer le dessin animé classique de long métrage,
03:55c'est Cendrillon, en 1950,
03:57et là, il décide de donner un coup de jeune,
03:58donc des dessins animés moins chers,
04:01donc moins léchés,
04:03mais avec une attention portée aux personnages secondaires.
04:05Il a toujours aimé les animaux, à Disney,
04:07les petites souris, exactement.
04:08En fait, les vedettes,
04:09ça n'a jamais été
04:10la princesse et le prince charmant,
04:13on le sait bien,
04:13c'est les personnages secondaires,
04:15c'est Jack et Gus dans Cendrillon, par exemple.
04:17Et après, il y aura une autre révolution,
04:19après qu'il ait voulu redonner du lustre
04:21à ses dessins animés,
04:22avec La Belle au bois dormant, en 1959,
04:24qui est un film qui coûte très, très, très cher,
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