00:00C'est une des premières fois où on a un film dont le marketing, le coût de la pub, coûte plus cher que le film lui-même.
00:06Donc avec une pression énorme, en comptant sur le fait que dans le monde entier, des générations d'enfants ont été élevées avec les Barbies.
00:14Je pense que le film a davantage plus aux mères qu'aux petites filles, semblablement.
00:20Mais il n'empêche que c'est le premier film réalisé par une femme qui a fait plus d'un milliard de dollars de recettes.
00:26Alors est-ce que l'argent fait la qualité ? Pas nécessairement.
00:29Greta Garouich a fait certainement des films plus personnels, mais elle a fait le film qui la rend définitivement indépendante, je pense.
00:35Le film a connu une gestation assez chaotique, depuis près de 15 ans.
00:39On apprend qu'Anata Webb a interprété le rôle de titre à la fin de Margot Robbie.
00:44Pourquoi ça a été si compliqué de mettre en place ce projet ?
00:46C'est là où vous voyez que c'est beaucoup plus compliqué de faire un film aujourd'hui.
00:49En plus un film de studio, un film à la fois très ambitieux et pas si ambitieux.
00:55En fait, il y a plusieurs paramètres dans ce film.
00:57On fait un film qui est malgré tout à la remorque de Mattel.
01:01C'est une coproduction entre une marque, un studio, quelque chose qui coûte beaucoup, sans qu'on le voit forcément à l'écran.
01:09Une volonté, parce qu'aujourd'hui les acteurs et les actrices sont partie prenante, sont producteurs ou coproducteurs.
01:15Donc le temps que tout le monde s'engage, au début il n'était pas nécessaire que ce soit une Barbie blonde, une Barbie classique.
01:23Donc, pas forcément Margot Robbie. Il y en a eu d'autres d'ailleurs.
01:26Puisqu'on ouvrait Barbie à la diversité, une Barbie plus forte, plus tentureuse, etc. Pourquoi pas ?
01:32Et finalement, ils sont revus aux fondamentaux.
01:34Ils se sont dit, tiens, on va casser en exaltant en même temps Barbie et le message de Barbie en prenant une Barbie type.
01:40Une Barbie qui veut s'affranchir.
01:42En fait, on veut faire un divertissement à la base.
01:44Elle veut faire un super divertissement avec des messages.
01:46Que ce soit le message pour Mattel, montrer la grande ouverture de Mattel, en même temps en faisant mine de le démolir.
01:53Parce que la fille, celle du monde réel qui s'identifie, etc., Barbie, qui démonte un petit peu, qui démolit, qui déconstruit Barbie.
02:02Greta Garouich, il faut le dire, a tenu bon.
02:03Elle a gardé son agenda qui était malin, qui était plutôt stratège.
02:07C'est-à-dire que montre que ce sont les hommes qui sont des hommes-objets.
02:11Le seul qui n'est pas un homme-objet, c'est le seul qui ne s'appelle pas Ken, qui s'appelle Alan.
02:16Donc on a compris le message.
02:17Donc en même temps, mais elle dit tout de suite, elle se rattrape, elle dit, mais je ne veux pas opposer les hommes et les femmes.
02:21Mais elle le fait un peu.
02:23En fait, elle slalome, quoi.
02:24Elle passe entre les gouttes, Greta Garouich, pendant toute la pré-production de ce film.
02:27Elle a conscience qu'il coûte beaucoup, qu'il y a un poids de plus en plus énorme.
02:30Et que c'est surtout que le coût de la publicité de ce film va être plus cher, va revenir plus cher que le coût du film.
02:36Ce n'est pas non plus le grand film méta qu'on nous a annoncé.
02:41C'est un bon divertissement.
02:42Et c'est surtout un film qui s'inspire des vieux films.
02:45C'est-à-dire qu'elle s'est énormément inspirée des comédies musicales américaines des années 50.
02:51Elle a demandé des conseils à Peter Weir par rapport au film dans le film, au monde, pour le Truman Show.
02:59Donc elle se réfère aux grands anciens.
03:01La scène d'ouverture est inspirée, bien entendu, de 2001, Odisselle de l'espace, avec l'aube de l'humanité.
03:06C'est pour ça que je fais dans le livre le continuum entre tous les films, parce qu'il y a un lien sur 100 ans, sur un siècle, entre tous ces films, qu'on le veuille ou pas.
03:14Greta Garouich, et y compris dans les trucages, elle s'inscrit dans une tradition revivifiée qui a fait ses preuves.
03:21Et on ne peut pas faire plus moderne que des trucages à la Méliès.
03:25C'est ce qu'elle fait, c'est-à-dire quand ils font du tricycle à la place, etc., avec les moulins, avec ce qui défile derrière, c'est de l'artisanat.
03:34En fait, elle fait avec ce film de l'artisanat, avec des moyens d'aujourd'hui, avec du marketing d'aujourd'hui.
03:40Donc c'est toutes les ambiguïtés, la richesse, le côté le pep, le côté réjouissant et le côté décevant d'un certain cinéma,
03:50qui est le cinéma, un certain cinéma commercial du XXIe siècle.
03:53Il ne faut pas se plaindre, c'est pas une franchise, enfin c'est une franchise, c'est Barbie.
03:57Mais on n'est pas dans le Marvel, on n'est pas dans quelque chose de complètement stéréotypé.
04:01Elle a eu, bien entendu, son mot à dire.
04:03Elle n'a même eu que son mot à dire, puisqu'on l'a laissé tranquille sur le scénario, malgré tout.
04:07Je pense qu'il y a eu des choses négociées avec Mattel en amont.
04:11Mais pour le reste, ça reste un film personnel, avec ses ambiguïtés.
04:15Ça ne parle pas que d'un film féminin, Barbie.
04:18Ça parle d'un film marketing, ça parle d'un film qui veut saisir à bras de corps certains problèmes de société,
04:23mais qui les contourne, qui est sincère, mais qui est biaisère.
04:26Ça brasse beaucoup de choses intéressantes.
04:28Mais en dépit de cela, en dépit de ces thèmes, de ces thématiques qui sont intéressantes,
04:32vous regardez les bonus, vous regardez les témoignages des acteurs de Barbie,
04:37non seulement de la réalisatrice Greta Gerwish, mais également de Margot Robbie, de Ryan Gosling,
04:41vous avez droit à deux heures de langue de bois.
04:44C'est-à-dire qu'évidemment, il y a Mattel à préserver.
04:46Je n'ai rien à déclarer.
04:48Peut-être que dans 30 ans, on ressortira des vrais casseroles.
04:50Vous voulez dire les vrais casseroles ?
04:51Je l'espère, parce qu'au moins, ça rendrait la chose plus humaine.
04:54En plus, quand on parle de poupées Barbie...
04:56Je l'espère, parce qu'au moins, ça rendrait la chose plus humaine.
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