Il y a neuf ans, avant que la guerre n’éclate dans les régions du NOSO, Mancho Bibixy Tse a participé à l’organisation de la coffin revolution, à Bamenda, chef lieu de la région du Nord-ouest, pour dénoncer les discriminations contre les anglophones au Cameroun. Arrêté quelques semaines plus tard, il croupit depuis lors dans la prison de Kondengui.
Ce 21 novembre 2016, les rues de Bamenda connaissent une agitation peu commune. Depuis un mois et demi, des associations d’enseignants, d’avocats et d’étudiants réunies au sein du Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (CACSC) ont lancé une grève pour dénoncer la « francophonisation » des systèmes juridiques et éducatifs.
Ce 21 novembre, un homme se tient debout dans un cercueil blanc posé sur le toit d’une voiture à l’arrêt et harangue la foule de curieux : « Nous sommes déjà morts entre les mains de la tyrannie. Il n’y a plus de raison d’avoir peur. Même de la mort. » Le 19 janvier 2017, Mancho Bibixy est arrêté sans mandat Fin mai 2018, après plus d’un an de procès et de nombreux ajournements d’audiences, le tribunal militaire de Yaoundé condamne Mancho Bibixy à 15 ans de prison pour « actes de terrorisme, sécession, propagation de fausses informations, révolution, insurrection, mépris des organismes publics et des fonctionnaires et hostilité contre la patrie ».
Le 15 août 2019, le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, adopte un avis concernant Mancho Bibixy (Avis n°46/2019). Sa conclusion : « la privation de liberté de Mancho Bibixy est arbitraire ». Il a été arrêté sans mandat ni information sur les motifs de son arrestation. Il a été jugé devant un tribunal militaire qui ne relève pas du pouvoir judiciaire indépendant alors que le droit international interdit de telles pratiques concernant les civils. Il a été condamné sur la base d’accusations vagues et trop larges.
Le mécanisme des Nations unies appelle les autorités camerounaises à « libérer immédiatement Mancho Bibixy ». En vain. Il reste incarcéré à la prison centrale de Kondengui