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00:0013h-14h, Europe 1 Info.
00:03Avec Lélie Mathias sur Europe 1 et à 13h21, vous accueillez vos deux chroniqueurs du jour.
00:07Lélie, l'avocat essayiste Gilles-William-Golnadel et le directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche, Raphaël Stainville.
00:14Bonjour à tous les deux, soyez les bienvenus.
00:16Bonjour Kélie.
00:17Je voulais revenir sur cette polémique, une des polémiques de la semaine.
00:21Lors de son passage au Congrès des maires de France, c'était mardi, le chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, a créé une vaste polémique.
00:27Il a affirmé que face à la menace russe, la France devait restaurer sa force d'âme. Écoutez-le.
00:34La Russie se prépare à une confrontation à l'horizon 2030.
00:39Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu'il faut dire les choses,
00:47de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production de défense, par exemple.
00:52Si on n'est pas prêt à ça, alors on est en risque.
00:54Raphaël Steinville, qu'en pensez-vous ? Est-ce qu'un général ne devrait pas dire ça ?
00:59Je pense que si le chef d'état-major des armées a pris la liberté de tenir ses propos,
01:06c'était probablement qu'il avait reçu l'aval du président dont on connaît sa proximité.
01:12Ça fait déjà plusieurs années qu'il travaille ensemble.
01:16Il a été son chef d'état-major particulier avant de venir celui des armées.
01:20Donc je le vois mal prendre la liberté de parler comme ça à l'invitation de l'Association des maires de France.
01:28Pour autant, effectivement, je comprends que cela inquiète, je comprends que cela interroge.
01:32Et c'est peut-être cela le cœur de la question qui nous occupe aujourd'hui.
01:37Est-ce que c'est maladroitement dit, G. William Golnadel ? Qu'en pensez-vous ?
01:41Écoutez, moi je ne crie pas à Rau sur le général.
01:46Il est très possible que ce soit l'homme-lige du président de la République,
01:51qui pourrait exister et ferait n'importe quoi, pardon de le dire,
01:56y compris de parler de la guerre à venir.
02:01Sur l'histoire des enfants, pardon de vous le dire,
02:05mais même les soldats volontaires qui sont actuellement sous les drapeaux,
02:14ce sont nos enfants aussi.
02:16Donc la référence aux enfants qui a beaucoup gêné ne me choque pas profondément.
02:21Par contre, j'ai un vrai problème de fond.
02:24C'est que quitte à sonner le toxin, pardon de le dire,
02:29j'ai plus d'inquiétude pour les frontières de la France
02:34que pour les frontières de l'Ukraine.
02:36Et je souhaiterais dans ce cas-là, quitte à être apocalyptique,
02:39et ça ne serait pas forcément inutile,
02:43l'invasion, elle a déjà eu lieu, pardon de le dire.
02:47Alors, on va rester sur les, si vous le voulez bien,
02:49sur les propos du général Mandon.
02:51Écoutez, Maude Brégeot, la porte-parole du gouvernement,
02:53qui a réagi, c'était ce matin sur TF1,
02:57elle a adouci un peu sa déclaration.
02:59Il utilise un langage militaire qui est le sien.
03:01Maintenant, on va être très clair,
03:03nos enfants, au sens où on l'entend,
03:05ne vont pas aller combattre et mourir en Ukraine.
03:07Et c'est d'autant plus vrai qu'on a une armée de métiers
03:10et qu'on défend une armée de métiers.
03:12Le chef d'état-major des armées parlait de tous ces soldats
03:15qui sont déployés partout dans le monde
03:17et ont entre 18 et 27 ans.
03:19Maintenant, je le redis, il faut placer, replacer
03:22ces propos dans leur contexte.
03:24Le chef d'état-major des armées parlait
03:27de tous ces enfants de la nation
03:29qui sont engagés dans l'armée française.
03:31Donc Raphaël Stavillejou repose la question,
03:33est-ce qu'il y a une volonté politique de faire peur
03:35ou est-ce que c'est une manière de préparer les esprits
03:37qui est nécessaire au vu
03:39de la nouvelle donne politique internationale ?
03:41Les deux, mon général ?
03:42Non, mais en fait, nous sommes face à un exemple chimiquement pur
03:46de ce qu'il s'appelle la volonté d'élargir la fenêtre d'Overton,
03:52tel que les politéologues la décrivent.
03:54Il va falloir expliciter un tout petit peu.
03:56D'une part, le mot de paratoire, c'est toujours le même.
03:58C'est d'abord un premier responsable
04:01qui avance une idée volontairement clivante, brutale, choc.
04:04En l'occurrence, les propos du général Mandon
04:07évoquant la possibilité d'un conflit ouvert avec la Russie
04:10et les conséquences que ça aurait sur nous
04:15et nos enfants appelés peut-être à mourir,
04:18avant qu'un deuxième responsable, en l'occurrence politique,
04:21vienne adoucir, amender, corriger le tir
04:24pour ramener ça de manière,
04:27dans un champ plus raisonnable et plus acceptable pour l'opinion.
04:30Reste que les propos qui restent
04:32et qui impriment dans l'opinion,
04:35c'est bien l'idée que cette guerre est possible,
04:38imminente, proche, avec ses conséquences.
04:40Et c'est là où on en revient à votre question initiale
04:43et à la stratégie de la peur,
04:45qui est peut-être celle du chef de l'État.
04:48Cette peur qui, finalement, nous empêche de penser
04:51les sujets, et ça a été évoqué par Gilles William
04:53il y a quelques instants,
04:54qui devraient nous préoccuper,
04:56parce qu'ils sont déjà là,
04:57ils sont concrètement devant nous,
04:59la question migratoire, la question du narcotrafic,
05:03ces guerres qui sont déjà visibles à l'œil nu
05:07sur notre propre sol.
05:08Donc, si je comprends bien, c'est une technique
05:10de manipulation quand même.
05:12Pourquoi ? Pour allumer un contrefeu ?
05:15Non, c'est deux choses.
05:17C'est pas seulement allumer un contrefeu,
05:19je pense qu'il y a une visée très objective
05:21du chef de l'État et d'un certain nombre
05:23de personnes dans son entourage,
05:25de masquer par une réalité qui existe aussi,
05:30cette possibilité d'un conflit avec la Russie,
05:33non pas que j'en fasse une priorité,
05:36elle existe, on ne peut pas l'exclure,
05:38mais il y a des sujets tellement plus importants.
05:40Aujourd'hui, il y a effectivement une diversion
05:43pour, encore une fois, être celui qu'on regarde,
05:49celui qu'on écoute, et dissimuler tous ces échecs
05:54et sur le terrain migratoire et sur le terrain,
05:57si j'ose dire, marseillais, il y aurait beaucoup
05:59à dire aussi, il y a ça.
06:00Et puis, vous savez, le conflit ukrainien,
06:03c'est quand même un peu compliqué.
06:04D'abord, pardon de vous le dire,
06:06mais je ne suis pas un grand stratège,
06:08mais la Russie n'a pas fait montre
06:10de beaucoup d'efficacité depuis plusieurs années
06:15contre une Ukraine qui n'est quand même pas
06:17une superpuissance,
06:20et puis le conflit ukrainien,
06:21c'est, pardon, la Crimée, le Donbass,
06:24c'est plus compliqué qu'on ne veuille bien le dire.
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