00:00Quand deux interdits se touchent,
00:03l'univers se tait.
00:08La puissance qui refuse ses limites
00:10finit toujours par effacer quelque chose.
00:14Et parfois, c'est le monde lui-même.
00:18Le bleu attire, comprime,
00:21tord l'espace jusqu'à l'étouffer.
00:24Le rouge repousse, fracture,
00:26rejette tout ce qui s'approche.
00:28Gojo tient ses deux absolus en laisse.
00:32L'infini comme muselière.
00:35Mais quand il rapproche l'attraction parfaite
00:38du bleu de la répulsion brute du rouge,
00:41les nombres déraillent.
00:43Ce n'est pas un mélange,
00:44c'est une soustraction de contraintes.
00:47Les lignes se plient, le vide se contracte.
00:51Et une troisième chose apparaît.
00:53Le violet.
00:55Ce n'est ni rouge, ni bleu.
00:57Ce n'est pas un projectile,
00:59c'est une gomme cosmique.
01:00On l'appelle hollow purple.
01:04Il ne traverse pas, il efface.
01:07Les murs cessent d'être des murs.
01:09L'air devient absence.
01:11Et il ne reste qu'un silence propre,
01:14tranchant,
01:15comme si l'univers venait d'avaler sa propre trace.
01:18Vous croyez voir une explosion ?
01:21Mais c'est une éradication.
01:23Une règle brisée.
01:25Une frontière retirée.
01:27Un monde un peu plus nu après son passage.
01:30Et pendant que le violet rase ce qui résiste,
01:33quelqu'un sourit déjà à l'idée d'un univers sans loi.
01:37Bientôt, on parlera de celui qui ne négocie pas avec les règles.
01:42Il en écrit de nouvelles.
01:45Sukuna.
01:48Pour vaincre un dieu,
01:50il ne faut pas attaquer son corps.
01:52Il faut viser son cœur.
01:56Pour comprendre Satoru Gojo,
01:59il ne faut pas regarder ses techniques,
02:01mais ses yeux.
02:03Le sixième œil ne lui montre pas seulement l'énergie occulte.
02:07Il lui impose une perception du monde si détaillée,
02:10si parfaite qu'elle le coupe de l'expérience humaine commune.
02:16Chaque interaction,
02:18chaque émotion,
02:19chaque être vivant
02:20est pour lui une simple lecture de données.
02:24Son arrogance et sa désinvolture
02:26ne sont pas les caprices d'un homme puissant,
02:29mais le mécanisme de défense d'un esprit surstimulé
02:32qui trouve le monde désespérément prévisible.
02:35Sa perfection n'est pas un don,
02:42c'est sa prison.
02:43Dans ce vide sensoriel,
02:45il n'y eut qu'une seule personne capable de le regarder
02:47non pas comme un dieu,
02:49mais comme un égal en esprit,
02:51Suguru Geto.
02:52Ensemble,
02:54ils étaient les plus forts,
02:56mais plus importants encore,
02:58Satoru était simplement Satoru.
03:01La chute de Geto n'a pas été la perte d'un ami,
03:04mais la destruction du seul miroir
03:06dans lequel il pouvait se voir comme un être humain.
03:09En tuant son meilleur ami,
03:11il a tué une partie de lui-même,
03:13et sa solitude est devenue une condition existentielle.
03:17Son projet de former une nouvelle génération
03:20n'est pas un simple altruisme.
03:23C'est une quête égoïste
03:24pour forger des âmes capables de comprendre son monde,
03:29pour ne plus jamais porter seul le fardeau de sa propre divinité.
03:33Cette blessure est la clé de sa chute.
03:36À Shibuya,
03:38Kenjaku n'a pas utilisé une technique,
03:40mais un souvenir.
03:41En lui présentant le visage de Geto,
03:43il a créé un paradoxe si violent
03:46que même le sixième œil
03:48ne pouvait le résoudre instantanément.
03:51Le dieu a été figé,
03:53non par un sort,
03:54mais par le chagrin de l'homme.
03:56Il n'a pas été vaincu,
03:58il a été piégé par son propre cœur.
04:01Mais même pour un dieu,
04:03une prison n'est qu'un sursis.
04:06Et à sa libération,
04:07le monde l'attendrait pour son dernier acte.
04:10Un duel contre le roi des fléaux,
04:12où la solitude du plus fort
04:15affronterait la malédiction incarnée.
04:18Un combat qui scellerait son destin pour l'éternité.
04:24On n'a pas offert un hôte à Sukuna.
04:28On lui a fabriqué un neveu.
04:30Le destin n'est pas un accident,
04:36c'est une architecture.
04:38Quand on manipule la filiation,
04:40les enfants cessent d'être des vies.
04:43Ils deviennent des leviers.
04:45À l'ère Eyan,
04:46Sukuna est un sorcier humain.
04:49Terrifiant.
04:50Sa mort ne l'efface pas.
04:52Elle se compresse en 20 doigts,
04:53des reliques indestructibles prêtes à ramener sa loi.
04:56Des siècles plus tard,
04:59un esprit millénaire tire les fils.
05:02Kenjaku.
05:04Sa méthode n'est pas la guerre,
05:06c'est la famille.
05:07Il prend le corps de Kaori Itadori,
05:10la mère de Yuji,
05:11revient auprès de Jin Itadori,
05:13et orchestrait ainsi
05:15la naissance d'un enfant
05:16au corps simple, robuste,
05:19capable d'encaisser l'impossible.
05:22Yuji n'est pas choisi après coup.
05:24Il est préparé.
05:26Reste ensuite la pièce que tout le monde rate.
05:30Le jumeau.
05:32Autrefois,
05:33Sukuna avait dévoré son frère jumeau
05:36dans le ventre de leur mère.
05:39Mais cette âme-là n'a pas disparu.
05:42Elle s'est réincarnée plus tard
05:44en Jin Itadori,
05:45le père de Yuji.
05:48Autrement dit,
05:49au sens strict,
05:51Sukuna est le grand-oncle de Yuji.
05:54Quand le premier doigt
05:56croise la route de l'adolescent,
05:59ce n'est pas qu'un hasard tordu.
06:01C'est un retour au sang,
06:03sous un plan vieux de mille ans.
06:05Dès lors,
06:06tout s'imbrique.
06:07Yuji avale.
06:08Sukuna se réveille,
06:10teste la cage,
06:11négocie des vœux,
06:12attend.
06:13Plus les doigts s'additionnent,
06:15plus la frontière entre eux se réduit.
06:18Ce n'est pas seulement un roi
06:19qui cherche un trône.
06:21C'est un héritage imposé
06:23qui remonte la lignée
06:25pour reprendre sa place.
06:27Kenjaku n'a pas trouvé
06:29l'hôte idéal.
06:31Il a fabriqué une généalogie
06:33où la malédiction revient à la maison.
06:37Cette histoire n'oppose pas un fléau
06:39à un héros tombé du ciel.
06:42Elle oppose un usurpateur
06:43qui fabrique une descendance
06:44à un fils conçu
06:45pour contenir l'innommable.
06:49Le pire des méchants
06:57commence souvent
06:58comme le meilleur des amis.
07:05Deux lois résument
07:06la philosophie de Guetto.
07:09D'abord,
07:10le pouvoir révèle
07:12ce que la force cache.
07:14Et ensuite,
07:15si un idéal
07:16ne se partage pas par amour,
07:18alors il finit figé en dogme.
07:23Dit comme ça,
07:24ça peut ne pas sembler très clair.
07:26Mais laissez-moi vous raconter.
07:30Guetto n'était pas le rival de Gojo.
07:34Il était son reflet humain.
07:36L'un voyait le monde
07:39avec un sixième œil.
07:41L'autre l'embrassait
07:42avec une foi simple.
07:45Protéger les siens,
07:46alléger la souffrance,
07:48transformer les fléaux
07:49en outils de salut.
07:52Sa technique reposait
07:53sur l'absorption des fléaux
07:54pour les plier à sa volonté.
07:57Ce n'était pas une perversion,
07:59mais une promesse.
08:00A deux,
08:02Guetto et Gojo
08:03formaient un sommet.
08:06Et tant qu'ils marchaient
08:07côte à côte,
08:08la question du bien
08:09ne se posait même pas.
08:12Mais un jour,
08:14vient la fissure.
08:17Non pas un drame unique,
08:19mais une addition
08:20de dissonance.
08:21La distance grandissante
08:23avec un ami
08:24devenu presque divin.
08:26La laideur ordinaire
08:28des foules qu'il sauve.
08:30La douleur muette
08:31des esprits qu'il avale.
08:35Guetto comprend alors
08:36que la protection
08:37n'est pas une solution
08:38si le monde n'en veut pas.
08:40Alors sa pensée vacille.
08:43S'il faut sacrifier
08:44quelque chose en ce monde,
08:45ce ne sera plus
08:47les exorcistes.
08:49Il choisit une voie radicale,
08:51non par goût
08:52de la destruction,
08:54mais par logique implacable.
08:56Là où Gojo
08:57veut élever l'humanité
08:59en formant des élèves
09:00capables de la comprendre,
09:03Guetto veut la simplifier
09:04pour la rendre vivable.
09:07Deux amours contradictoires
09:09pour le même monde.
09:11Son charisme fait le reste.
09:13Autour de lui,
09:14des convaincus,
09:15des perdus,
09:16des opportunistes.
09:18Il devient cause,
09:19symbole,
09:20cible.
09:20Et quand la route
09:23des deux anciens amis
09:24se recroise,
09:26ce n'est pas un duel
09:27de techniques,
09:28c'est un choc
09:29de philosophie.
09:30L'un protège même
09:31ceux qui le haïssent,
09:33l'autre refuse
09:34que les siens
09:35continuent de mourir
09:36pour eux.
09:37Peu importe l'issue,
09:38ce jour-là,
09:39ce n'est pas un ennemi
09:40qui allait tomber,
09:42mais une amitié
09:43qui s'achève.
09:45Les monstres ne naissent
09:46pas toujours dans l'ombre.
09:48Parfois,
09:48ils se forgent
09:49à la lumière
09:50d'un idéal déçu.
09:52Et si la page
09:53semble tourner,
09:54ne vous y trompez pas.
09:56Le visage de Guetto
09:57continue d'agir
09:58dans ce monde
09:59d'exorcistes.
10:01Et le plan
10:02de Kenjaku
10:03ne fait que commencer.
