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00:00On va parler du Groenland avec un spécialiste du Grand Nord, Mika Blujon-Mered, chercheur en géopolitique, spécialiste du Grand Nord à l'Université du Québec, Trois-Rivières.
00:12Bonsoir.
00:13Bonsoir.
00:13Vous préfacez un livre qui vient d'être traduit en français, le livre d'Elisabeth Buchanan.
00:17Alors tu veux acheter le Groenland, c'est aux éditions Saint-Simon, un livre passionnant justement sur le Groenland qui va du temps des Vikings, d'Éric le Rouge jusqu'à aujourd'hui.
00:27On a commencé à évoquer le Groenland, Mika Blujon-Mered, au moment où Trump a affirmé vouloir l'annexer.
00:34On va écouter Trump.
00:36Ce soir, j'ai un message à adresser à l'incroyable peuple du Groenland.
00:42Nous vous souhaitons la bienvenue aux Etats-Unis d'Amérique.
00:45Nous avons besoin du Groenland pour notre sécurité.
00:48Et je pense que nous allons l'obtenir d'une manière ou d'une autre, nous l'obtiendrons.
00:52C'était lors du discours au Congrès, le premier discours qu'il a fait lorsqu'il a pris le pouvoir, Donald Trump.
00:59Tout d'un coup, on a réalisé que les Etats-Unis voulaient acheter, que Trump voulait acheter le Groenland.
01:03Et lorsqu'on lit le livre, Mika Blujon-Mered, on voit bien que ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis veulent annexer le Groenland.
01:10Déjà en 1867, Washington vient frapper à la porte du Danemark pour récupérer le Groenland.
01:16Échec au final.
01:16Échec, et effectivement, 1867, c'est une année que certains et certaines ici connaissent peut-être.
01:20C'est-à-dire que c'est l'année où les Etats-Unis ont récupéré et racheté l'Alaska.
01:25Donc d'un côté, il y avait effectivement l'Alaska côté ouest.
01:28Et puis le Groenland, c'était le côté est, effectivement, qui aurait dû permettre aux Etats-Unis de pouvoir contrôler les deux points d'entrée de l'océan Arctique de part et d'autre.
01:37Et ce qui se passe aujourd'hui, ce ne n'est plus ni moins qu'une suite tout à fait logique.
01:40C'est de la géopolitique, on va dire, contemporaine, certes, mais c'est de la géostratégie au sens pur du terme.
01:45Si on revient même à 1824, on avait déjà le président Monroe qui disait à l'époque que le Groenland, ce territoire, était dans la zone d'influence des Etats-Unis.
01:53Donc ça faisait partie de la doctrine Monroe déjà à l'époque.
01:55Exactement.
01:56Cette doctrine qui interdisait aux Européens finalement d'interférer dans les intérêts américains, c'était ça ?
02:00C'était la logique.
02:00Donc 1824, 1867, première tentative de rachat.
02:041917, beaucoup de débats, là aussi, avec les Etats-Unis qui décident de s'ingérer dans le jeu entre Danois d'un côté et puis Norvégiens de l'autre pour, là aussi, cette question du Groenland.
02:16Même, il y avait une logique d'échange également.
02:18Les Etats-Unis ont récupéré certaines îles danoises dans la Caraïbe et la logique, c'était d'essayer d'avoir le Groenland aussi.
02:25Non, c'était d'avoir le Groenland aussi.
02:27Puis ensuite, il y a eu évidemment 1940, il y a eu bien sûr aussi 1946, 1947, où là encore, il y a eu une tentative, une proposition de rachat du Groenland par les Etats-Unis.
02:35Donc ça n'a rien de nouveau.
02:36Pourquoi ça n'a jamais marché, finalement, alors qu'eux considèrent que c'est quoi, une porte vers les Etats-Unis, le Groenland ?
02:42Alors, ils considèrent, alors ils, les Américains, considèrent le Groenland de deux manières.
02:45Premièrement, c'est un territoire qui est absolument, évidemment, fondamental pour la sécurité du continent nord-américain dans son ensemble,
02:51puisque du point de vue étatsunien, le Groenland est nord-américain.
02:55Le deuxième élément, c'est que si, et ça, ça émerge évidemment dans les années, à la fin des années 40, mais surtout dans les années 50, puis 60,
03:01si des adversaires de l'autre côté du globe, évidemment la Russie soviétique à l'époque, mais la Chine ensuite,
03:08s'il y avait effectivement des échanges de missiles intercontinentaux balistiques qui devaient passer quelque part pour aller aux Etats-Unis,
03:15eh bien, ils passeraient a priori par l'Arctique.
03:16C'est la raison pour laquelle les Etats-Unis ont effectivement créé cette base au nord-ouest du Groenland, la base de Toulé,
03:23aujourd'hui dite la base de Pitoufik, qui effectivement existe toujours et qui est censée être le premier rideau de défense,
03:29de warning, d'intérêt des Etats-Unis par rapport à cette zone.
03:33Donc, lorsque Jay Divan s'est allé justement au Groenland au moment des élections, ça ne vous a pas surpris ?
03:38Non, non, ça n'a surpris personne. Ce qui a surpris, par contre, les experts, même les spécialistes du Groenland qu'on peut être,
03:44c'est la magnitude avec laquelle cette administration-là a monté le niveau d'un point de vue agressivité,
03:50et pas juste diplomatique, mais aussi discoursielle.
03:53C'est-à-dire que d'un côté, il faut se rappeler que Donald Trump, dès 2019, proposait de racheter le Groenland.
03:59On était au mois d'août, au cœur de l'été, et effectivement, ça avait fait hausser beaucoup de sourcils.
04:04Je me souviens à l'époque, beaucoup de vos confrères et consoeurs m'appelaient en disant
04:08« Mais c'est quand même débile, pourquoi il fait ça ? » Non, non, ce n'est pas du tout débile.
04:10Il y a des enjeux politiques, il y a des enjeux de stratégie, il y a des enjeux, bien sûr, de ressources,
04:14on va certainement en parler, mais il y a surtout un territoire qui est en fragilité structurelle.
04:18Le Groenland, ou Kalalit Nounahat, en groenlandais, c'est un grand territoire, grand comme quatre fois la France,
04:24c'est la même taille que l'Algérie ou l'Arabie Saoudite, si vous voulez, 2 millions de kilomètres carrés et plus,
04:29mais il n'y a que 56 000 habitants, donc structurellement, c'est compliqué pour les Groenlandais
04:33de s'assurer leur propre sécurité.
04:35Et si on a un gouvernement comme là, avec Trump, qui décide de bafouer les règles du droit international
04:40pour s'arroger quelque chose, eh bien, ils sont effectivement très vulnérables.
04:43Ils sont vulnérables, mais en même temps, ils s'opposent finalement à cette mainmise américaine.
04:48On voit d'ailleurs qu'il y a une loi qui limite maintenant, depuis quelques jours seulement,
04:53au Groenland, qui restreint l'accès à la propriété, aux étrangers.
04:57Donc ça, c'est une réaction immédiate, finalement, des Groenlandais face à ce type de tentative de mainmise américaine,
05:02en l'occurrence pour empêcher les investissements américains.
05:04En fait, c'est un renforcement d'une réglementation qui existait déjà.
05:08Si vous voulez, dans la culture inuite en général, ce n'est pas vrai qu'au Groenland,
05:11c'est vrai dans les autres peuples inuits du reste de l'Arctique,
05:15la notion de propriété de la terre n'existe pas ou existe peu,
05:20ou plutôt vient en contradiction avec la relation culturelle et parfois également spirituelle,
05:25animiste, de certaines de ces populations avec leur territoire, avec leur environnement.
05:29Donc dans ce contexte, au Groenland, c'était déjà particulièrement difficile pour des étrangers
05:33de pouvoir acquérir, ne serait-ce que par exemple une maison.
05:36Là, l'enjeu, c'était d'essayer de structurer encore plus, d'être encore plus clair, encore plus restrictif
05:43sur qui et comment peut effectivement obtenir, pas juste le droit de jouir d'une partie du sol groenlandais,
05:49mais de ce qu'il y a dans le sous-sol.
05:51Un mot sur ce que vous écrivez d'ailleurs dans la préface.
05:54Vous dites que l'Arctique est une avant-scène et le Groenland, l'acteur principal,
05:59quand sa calotte fond au rythme de 100 millions de piscines olympiques d'eau par an,
06:04c'est une alarme qui résonne jusqu'à New York, Shanghai ou Rotterdam.
06:07Là, c'est vraiment une alarme climatique qui a l'impact.
06:10Bien sûr, et on en a déjà parlé largement sur France 24, sur ce même plateau,
06:14quand on voit effectivement la calotte du Groenland, c'est-à-dire la glace qui est sur les terres du Groenland.
06:20100 millions de piscines olympiques.
06:21Ça paraît impressionnant et ça l'est, mais les gens, je pense, ne se rendent pas compte
06:25à quel point ça peut avoir des ramifications à l'autre bout de la planète.
06:28C'est-à-dire que si vous êtes aujourd'hui un Polynésien, si vous êtes de marée galante,
06:32si vous êtes effectivement d'une grande ville côtière comme New York, comme Miami, comme Shanghai,
06:37de fait, cette question de la montée du niveau des eaux est particulièrement compréhensible,
06:42elle est particulièrement facile à appréhender parce que c'est effectivement quelque chose de concret.
06:45Et ça prend, où cette montée des eaux prend-elle sa source ? Dans la fonte des eaux douces
06:50qui sont sur les terres, dans les régions polaires et dans les glaciers, évidemment, de montagnes.
06:54Donc le Groenland, l'Antarctique, ce sont effectivement les joueurs majeurs.
06:57Donc ce qu'on est en train d'évoquer quand on parle de la question des États-Unis au Groenland,
07:01c'est un acteur, les États-Unis de Trump, dans le premier mandat et plus encore dans ce second mandat,
07:06qui dit « je vais prendre le Groenland, je vais me l'accaparer »,
07:09ce n'est pas juste une question de le racheter, contrairement à 2019 où il ne parlait que de rachat.
07:12Et de l'autre côté, ces mêmes gens veulent utiliser le Groenland
07:16pour pouvoir maintenir un écosystème industriel, économique,
07:20qui aujourd'hui est la première source de fonte de ce territoire,
07:23même qui a un impact sur des villes côtières américaines majeures.
07:27Et puis ils regardent bien sûr, donc il y a Washington, mais il y a aussi Pékin, Moscou,
07:30qui regardent le Groenland, pas par curiosité géographique,
07:33mais parce que ça devient un verrou stratégique.
07:35Et finalement, cette fonte de la calotte ouvre de nouvelles voies,
07:39de nouveaux passages et le rend encore plus stratégique ce Groenland ?
07:43Alors c'est vrai et pas vrai à la fois.
07:44C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand on prend l'Atlantique Nord,
07:47l'Atlantique Nord est déjà libre de glace dans sa grande majorité
07:50et déjà évidemment depuis des décennies un territoire stratégique majeur.
07:54Aujourd'hui, quand vous êtes à Mourmansk ou plutôt à Severomorsk,
07:57c'est-à-dire la principale base sous-marinière et évidemment aussi de forces nucléaires russes,
08:02donc vous êtes sur l'océan Arctique et vous êtes dans la partie ouest de la Russie,
08:06c'est la zone à partir desquelles les forces de frappe potentielles russes
08:11effectivement descendent dans l'océan Atlantique.
08:14Donc par où descendent-elles ?
08:15Effectivement par ce bras de mer qui est entre le Groenland et la Norvège
08:19ou le Groenland, l'Islande, la Norvège.
08:20Un bras de mer que certains ont appelé même le Gjuk dès la guerre froide,
08:24c'est-à-dire Groenland à Island, donc le I pour Island et UK pour le Royaume-Uni,
08:28c'est-à-dire cette zone particulièrement stratégique
08:30où effectivement si vous voulez empêcher un adversaire tel que la Russie
08:35ou l'Union soviétique à l'époque de bien pénétrer et de venir vous menacer
08:38dans votre zone stratégique, et bien de fait vous devez agir comme un verrou.
08:42Les Etats-Unis aujourd'hui voient le Groenland,
08:44mais ils le voyaient déjà dans les années 70-80 comme un élément de ce verrou,
08:47mais sans l'Islande et sans le Royaume-Uni et aussi sans la Norvège,
08:51en fait le Groenland n'est qu'une partie de ce verrou.
08:53Un verrou, et puis aussi il y a ces minerais, ces minerais critiques du Groenland
08:59dont tout le monde parle, les hydrocarbures, donc elles seraient riches en pétrole
09:02avec des coûts d'extraction tout de même énormes.
09:05Alors pour ce qui est du Groenland, effectivement les hydrocarbures,
09:07c'était l'un des grands potentiels pour le Groenland de financer son indépendance
09:11parce qu'effectivement la majorité du peuple groenlandais,
09:14depuis déjà des décennies, réclame son indépendance du Danemark.
09:18De fait, dans les années 2009, 2010, 2011, il y a eu des tentatives
09:22d'explorations pétrolières, gazières, qui ont toutes été infructueuses
09:25d'un point de vue commercial.
09:26Puis le Groenland s'est tourné vers...
09:27Parce que trop difficile à exploiter.
09:29Parce que tout simplement il n'y a pas eu de trouvailles.
09:30C'est-à-dire que certes, le Groenland, selon le service géologique des Etats-Unis,
09:34pourrait avoir des réserves d'hydrocarbures de l'ordre de 31 milliards de barils
09:38équivalents de pétrole, ça représente à peu près 15% des réserves de l'Arabie saoudite
09:42pour donner un ordre de grandeur, mais le fait c'est que pour pouvoir les exploiter,
09:47ces ressources-là, il faut qu'elles soient concentrées dans un endroit
09:49qui les rende commercialement intéressantes.
09:51Au Groenland, toutes les boîtes qui ont essayé, étrangères,
09:54qui ont essayé de trouver ces gisements commerciaux, ou en tout cas exploitables,
09:59ont fait chou blanc.
10:00Donc l'hydrocarbure...
10:01C'est pas si simple pour atteindre ce trésor.
10:05C'est pas qu'une question de coût, c'est une question aussi de trouver ces minerais.
10:08C'est pareil maintenant pour les hydrocarbures, c'est pareil maintenant pour les minerais.
10:12C'est-à-dire que le Groenland, certes, est un, pour certains, trésor de minerais,
10:16et c'est vrai, mais pour autant, au-delà de la question des coûts,
10:19il y a des minerais qui sont plus stratégiques que d'autres,
10:21et il faut aller les chercher si vous voulez.
10:23Lesquelles, par exemple ?
10:24Je pense par exemple aux terres rares, bien sûr, qui ont beaucoup fait parler.
10:27Il y a donc des terres rares au Groenland ?
10:29Alors c'est plus qu'il y a des terres rares.
10:30Il y a des terres rares au Groenland en quantité, dans une zone libre de glace,
10:33et en plus de ça, dans une concentration qui est assez similaire
10:37à la concentration du marché mondial des terres rares.
10:41C'est-à-dire que les terres rares, c'est une famille de 17 métaux,
10:43et donc il y a certains métaux qui sont...
10:44Donc là, on est vraiment dans une bataille géopolitique, aujourd'hui.
10:48Géoéconomique, d'abord.
10:49Qui peut la gagner, véritablement ?
10:50Parce qu'il y a aussi une population, il y a aussi, effectivement,
10:53c'est un territoire autonome danois, donc il y a le Danemark, l'Union Européenne.
10:56Bien sûr, il y a une bataille géoéconomique qui se transforme en bataille géopolitique.
11:00Et la géostratégie, vous l'avez évoqué, avec cette dimension de verrou, est aussi là.
11:03Donc, quand les Chinois s'intéressent au Groenland, c'est essentiellement pour la question des ressources.
11:07Quand les Russes s'intéressent au Groenland, c'est essentiellement pour la question du verrou.
11:10Quand les Américains s'intéressent à la question du Groenland, c'est pour l'ensemble des sujets.
11:13Et les Européens aussi.
11:15Et on peut parler de plein d'autres métaux qui sont particulièrement critiques et stratégiques.
11:19Pour vous donner un ordre de grandeur, là encore,
11:21le Groenland recouvrerait 44 des 50 métaux de la liste des métaux critiques du gouvernement américain
11:27et 25 de la liste des 35 métaux critiques de l'Union Européenne.
11:32Donc, de fait, il y a un intérêt de plein d'industries, plus ou moins intéressantes d'un point de vue écologique,
11:38d'aller chercher ces ressources.
11:40Mais ce qui compte ici, c'est l'avenir des Groenlandais et ce qu'ils veulent.
11:43Veulent-ils exploiter ces ressources ?
11:44La réponse est oui, mais pas toutes et pas à n'importe quelles conditions.
11:46Et pas à n'importe quelles conditions.
11:47Et puis, ils ont des velléités d'indépendance, mais ils sont encore trop dépendants.
11:51Enfin, ils sont dépendants du Danemark, donc ce n'est pas si évident.
11:54On a des chiffres clairs.
11:55C'est un territoire autonome pour l'instant.
11:58Alors, c'est un territoire autonome du Danemark.
11:59Effectivement, on pourrait le qualifier d'un outre-mer, si vous voulez,
12:01pour faire un lien avec ce qu'on connaît dans d'autres territoires européens comme la France.
12:05Mais le sujet du Groenland, c'est un petit pays d'un point de vue économique,
12:08c'est-à-dire un PIB de moins de 3 milliards de dollars chaque année
12:13et avec un budget de l'État qui dépend à 50% des subsides qui viennent du Danemark
12:18et même encore 10% de plus des subsides qui viennent de l'Union européenne.
12:21Donc, pour devenir indépendant, il faut trouver de nouveaux marchés pour le Groenland
12:25pour tout simplement générer des revenus fiscaux, pour se débarrasser de ça.
12:28Donc, d'où l'intérêt pour les hydrocarbures, mais qui ont fait chou blanc.
12:31D'où l'intérêt pour les minerais, mais pas à n'importe quel prix.
12:33D'où l'intérêt pour le tourisme, évidemment.
12:35D'où l'intérêt pour l'hydrogène, pour des carburants alternatifs
12:38qu'on pourrait imaginer au Groenland aussi.
12:40Il y a plein de choses possibles, mais encore une fois,
12:42tout n'a pas le même coût écologique et tout n'a pas le même coût stratégique.
12:46Merci beaucoup, Mika Abloujean-Meren, d'avoir été avec nous ce soir.
12:50Vous êtes de passage à Paris, normalement vous êtes au Québec.
12:53Oui.
12:53Merci encore, je recite donc ce livre.
12:55Alors, tu veux acheter le Groenland ?
12:56C'est aux éditions Saint-Simon, livre que donc vous avez préfacé.
13:01Passionnante histoire du Groenland.
13:03Merci encore.
13:04Merci à vous.
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