00:00Mercredi 19 novembre, 7h48 pratiquement, en direct à la radio et à la télé, c'est l'invité d'ici matin.
00:05Jeanne-Marie Marco, votre invitée, est une maman toulousaine de Verfeuille, précisément,
00:08qui veut aider les familles confrontées à une maladie, la maladie de l'anorexie.
00:11Bonjour Cécile Gentilhomme.
00:13Bonjour.
00:13Votre fille Camille est décédée le 1er mai dernier, elle avait 22 ans, elle souffrait depuis des années d'anorexie.
00:20Vous venez de créer l'association Petit à Petit Camille pour aider les familles, mais pas que.
00:26D'abord le nom de l'association, vous pouvez nous l'expliquer ?
00:29Oui, le nom de l'association, je l'ai repris parce que Camille avait créé un compte Instagram
00:33dans lequel elle voulait marquer les étapes de sa guérison, donc elle l'avait écrit différemment,
00:38donc j'ai juste modifié le premier mot, la dernière lettre de Petit.
00:43Elle a quel objectif votre association ?
00:46L'association a pour objectif de créer une fondation pour permettre d'avoir des soins identiques dans toutes les régions
00:54et d'avoir aussi des passerelles entre les services de médecine, d'accompagnement,
00:59notamment accompagner les médecins traitants qui sont souvent face à des difficultés d'accompagnement
01:04parce qu'ils manquent cruellement de services et dans le coup ils sont face à des accompagnements
01:09qui ne relèvent pas forcément de leurs fonctions et il n'y a aucune passerelle en fait pour les aider.
01:13On va parler de l'accompagnement, parlez-nous d'abord quand même de votre fille Camille.
01:17Comment vous vous êtes-vous rendu compte qu'elle souffrait d'anorexie ?
01:22Elle a commencé par vouloir faire un régime végétarien.
01:25Elle m'a annoncé en septembre 2017 qu'elle voulait faire un régime végétarien
01:29et elle avait un suivi psychologique à cette époque-là parce qu'elle a eu des traumatismes durant son enfance
01:35et là tout de suite ça m'a interpellé et j'ai parlé avec sa psychologue
01:40et je lui dis que pour moi ce n'était pas forcément un régime végétarien que Camille commençait.
01:44Donc c'est en septembre et en février 2018, elle a fait sa première hospitalisation
01:49parce qu'en fait l'anorexie a été diagnostiquée fin 2017.
01:53Elle a très vite perdu du poids ?
01:54Très très vite oui.
01:55D'accord. Est-ce qu'elle mettait des mots là-dessus ?
01:57Elle, est-ce que vous arriviez à en parler avec elle ?
02:00Au tout début de la maladie non parce qu'elle était dans le déni.
02:03Moi je l'ai été un petit peu aussi même si j'en avais conscience je l'ai été aussi un petit peu
02:07parce que ça fait peur, c'est une maladie qui fait énormément peur.
02:09Mais au fur et à mesure de l'âge, elle a compris qu'elle était vraiment malade
02:15et les dernières années notamment elle en parlait ouvertement.
02:18Dans ces cas-là on fait quoi en tant que maman ?
02:20On en parle à son médecin traitant ?
02:23Oui ça a beaucoup été le médecin traitant à l'époque au moins qui a été...
02:27Et la psychologue vous l'avez dit ?
02:28Et la psychologue mais moi ça a beaucoup été le médecin traitant
02:32et ici aussi sur Verface j'ai eu beaucoup de relais avec le médecin traitant.
02:36Quels soins vous ont été proposés pour votre fille Camille ?
02:38Des hospitalisations en service de psychiatrie.
02:42Il se passe quoi quand on est hospitalisé pour troubles de l'alimentation ?
02:46Alors il faut savoir que les pratiques aujourd'hui pour l'anorexie n'ont pas tellement évolué.
02:52On met les jeunes filles, à l'époque Camille était jeune mais ça peut aussi être des jeunes hommes,
02:56dans des services.
02:57Donc ici sur Toulouse c'est toute pathologie confondue, toute pathologie psychiatrique.
03:02Et on peut aussi être à même de leur refuser de voir leur famille.
03:08C'est un chantage en fait.
03:09On leur dit tu verras ta famille quand tu auras pris par exemple 200 grammes.
03:13On retire donc les téléphones portables, tout moyen de communication avec l'extérieur.
03:17On les coupe de toute vie sociale.
03:19Vous nous dites que l'hospitalisation n'a pas été utile à Camille ?
03:23Enfin en fait elle reprenait du poids parce que c'était le chantage pour sortir.
03:26Mais pas sur les dernières hospitalisations, ça ne fonctionnait pas.
03:29Elle le disait, elle l'exprimait ouvertement.
03:31En fait on nous gave, on nous fait grossir mais on ne trouve pas la base du problème de notre maladie.
03:34Et après on vous fait sortir sans accompagnement aussi ?
03:38Il faut savoir que les accompagnements, les CMP sont saturés.
03:43Donc il y a des délais d'attente qui sont parfois jusqu'à deux mois.
03:46Donc quand on sort de l'hôpital et qu'il y a deux mois d'attente pour en voir un psychiatre, ça paraît difficile.
03:50Le CHU de Purpan, ici Occitanie qui l'annonce ce matin, va créer deux unités de prise en charge des troubles du comportement alimentaire.
03:58Est-ce que ça va dans le bon sens ?
04:01Oui, complètement.
04:03Vous vous dites pourquoi maintenant et pas avant ?
04:05Complètement.
04:06C'est ce que vous voulez dire pour votre fille, c'est ça, une unité spécialisée pour ça.
04:10Au-delà des structures adaptées pour prendre en charge les personnes qui souffrent d'anorexie,
04:14que demandez-vous, vous, Cécile Gentilhomme, au pouvoir public, aux parlementaires ?
04:19Alors de faire passer une loi qui en fait ne permet plus à un certain stade de la maladie,
04:24quand il s'agit de l'anorexie sévère, comme Camille est atteinte,
04:28qu'elle ne permet plus à la personne, alors ce n'est pas dans une globalité,
04:31mais de ne plus être en capacité de prendre les décisions pour elle-même.
04:34Parce que comme c'est une maladie psychiatrique où la personne ne se met pas en danger elle-même,
04:38on estime qu'elle peut prendre les décisions, même si son état de santé est alerte.
04:46C'est ce qui s'est passé pour Camille.
04:47En fait, elle avait un état de santé vraiment alarmant fin avril.
04:52L'équipe médicale a demandé une expertise psychiatrique et dans cette maladie,
04:58les personnes sont très brillantes, très intelligentes.
05:00Camille était très intelligente.
05:01Donc le psychiatre n'a pas vu de nécessité d'empêcher Camille de prendre les décisions,
05:05donc elle est sortie de l'hôpital.
05:07Et vous auriez aimé qu'on vous consulte, vous, qui êtes la plus proche de Camille ?
05:11Oui, qu'on me consulte, moi, déjà, en tant que moment,
05:13et qu'on prenne des dispositions pour l'empêcher, en fait, de sortir de l'hôpital.
05:16À un moment donné, il faudrait stopper les personnes
05:18dans le pouvoir de décision qu'elles ont sur leur maladie.
05:21Et vous allez pouvoir vous exprimer, je crois, en début d'année prochaine ?
05:25Il y a un colloque qui est organisé ?
05:26Oui, je vais organiser un colloque au printemps prochain
05:28pour qu'on puisse en parler avec la région de Paris.
05:32Et votre association s'appelle donc Petit à Petit Camille.
05:35On peut vous retrouver notamment sur Instagram.
05:38Merci beaucoup, Cécile Gentilhomme, d'avoir participé à la matinale d'ici Occitanie ce matin.