- il y a 2 jours
Dans les années 1930, la montée du fascisme en Europe n'épargne par les Etats-Unis, certains mouvements américains d'extrême droite souhaitant instaurer un régime nazi outre-Atlantique. Si cette mouvance a été oubliée suite à la seconde guerre mondiale, elle illustre néanmoins une partie de l'histoire américaine, marquée par de nombreux courants anti-démocratiques, impérialistes ou suprémacistes.
Suite à sa réélection à la Maison Blanche, Donald Trump a conduit une politique considérée par beaucoup comme illibérale, voire autoritaire. Avec Donald Trump au pouvoir, la démocratie américaine est-elle en danger ?
Pour y répondre, Jean-Pierre Gratien reçoit Nicole Bacharan, historienne spécialiste des Etats-Unis, Jean-Eric Branaa, professeur à l'Université Paris 2, spécialiste de la politique américaine et Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord à la fondation Jean-Jaurès.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
Suite à sa réélection à la Maison Blanche, Donald Trump a conduit une politique considérée par beaucoup comme illibérale, voire autoritaire. Avec Donald Trump au pouvoir, la démocratie américaine est-elle en danger ?
Pour y répondre, Jean-Pierre Gratien reçoit Nicole Bacharan, historienne spécialiste des Etats-Unis, Jean-Eric Branaa, professeur à l'Université Paris 2, spécialiste de la politique américaine et Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord à la fondation Jean-Jaurès.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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00:00:00Générique
00:00:00Bienvenue à tous dans Débat Doc.
00:00:18Durant les années 30, la flambée du fascisme et du nazisme en Europe n'aura pas épargné les Etats-Unis.
00:00:24En témoigne le documentaire qui va suivre, America First, 1933-1944, la tentation nazie-américaine réalisée par Emmanuel Amara.
00:00:34Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau en compagnie de la politologue Nicole Bacharan,
00:00:41de l'historienne Ludivine Gilley et de l'enseignant Jean-Éric Branat.
00:00:45Avec eux, nous nous interrogerons sur l'état de la démocratie américaine.
00:00:51Bon Doc.
00:00:54L'Amérique des années 1930 et 1940 connaît une flambée du nazisme.
00:01:02Haine du juif, haine du communisme, haine de la présidence Roosevelt.
00:01:09Pendant plus de dix ans, plusieurs mouvements extrémistes tentent de renverser par les armes la démocratie américaine.
00:01:15En parallèle, l'Allemagne nazie finance une vaste opération de propagande visant à empêcher les Etats-Unis d'entrer en guerre.
00:01:27Des dizaines d'élus du Congrès et des figures publiques y participent.
00:01:33Comment ces mouvements ont-ils pu naître et prospérer dans la plus grande démocratie du monde ?
00:01:37Octobre 1929, la Grande Dépression frappe les Etats-Unis de plein fouet, plongeant des millions d'Américains dans la pauvreté.
00:02:05Les Etats-Unis sont plongés dans la dépression.
00:02:13Le pays est absorbé par ses propres malheurs.
00:02:18Le taux de chômage avoisine les 25%.
00:02:21On estime à 6 millions le nombre de sans-abris.
00:02:29Des camps de fortune sont installés dans les parcs des villes.
00:02:32La situation était donc désespérée.
00:02:36On pouvait s'attendre à ce que l'ensemble du système bancaire américain s'effondre.
00:02:41La peur et le désespoir s'emparent de la population.
00:02:52La plupart des Américains ne comprenaient pas les causes de la dépression économique.
00:02:58La question de l'origine de la dépression se posait donc avec acuité.
00:03:01« Et ce sont les Juifs qui sont désignés coupables. »
00:03:08C'est l'explication qu'ils trouvent pour comprendre les malheurs qui touchent la nation.
00:03:15Derrière ces accusations se profilent toutes les théories antisémites des années 30.
00:03:19Les Juifs seraient derrière la prise de pouvoir par les bolcheviques en 1917
00:03:24et les véritables dirigeants de l'URSS.
00:03:29Fantasme d'un complot juif mondial.
00:03:32Aux Etats-Unis comme en Europe, ces idées trouvent un écho grandissant.
00:03:37Le communisme et le judaïsme sont les deux faces d'une même pièce.
00:03:43En fait, pour eux, la naissance du communisme en 1917 et la révolution léniniste
00:03:48était aussi bien une construction juive qu'une construction politique.
00:03:56Aux Etats-Unis, un homme va bientôt cristalliser ses fantasmes.
00:04:00Franklin Delano Roosevelt.
00:04:09Démocrate élu en 1932, il met en place un ambitieux programme de relance économique
00:04:14pour sortir le pays de la crise.
00:04:15Roosevelt n'est pas juif, mais pour ses détracteurs, il incarne le fameux judéo-bolchevisme.
00:04:24Roosevelt, on l'appelle Rosenfeld.
00:04:26Le New Deal, le mouvement politique et social de Roosevelt, on l'a appelé le Jew Deal.
00:04:31Jew comme juif.
00:04:33Et donc c'est ce moment-là où il y a tout à coup toute cette longue histoire
00:04:36et ce moment particulier de l'arrivée au pouvoir de Roosevelt
00:04:40avec un nombre très important de complots qui visent à renverser Roosevelt.
00:04:46L'un des plus grands détracteurs de Roosevelt est un prêtre canadien
00:04:49installé dans une paroisse de Détroit, dans le Michigan.
00:04:53Le père Charles Coughlin est le chantre d'une Amérique blanche, nationaliste et chrétienne.
00:05:00Charismatique, il a fait de ses talents d'orateur un redoutable outil de propagande.
00:05:04Il y a un média tout jeune à l'époque qui est la radio.
00:05:08Il va commencer à proposer des sermons à la radio avec un effet important.
00:05:13Il va être à peu près dans son espèce d'une sorte d'hubris.
00:05:16Tout d'un coup, il a l'impression de pouvoir changer le monde.
00:05:19Ses 30 millions d'auditeurs représentent une audience considérable,
00:05:25car les États-Unis ne comptent alors que 120 millions d'habitants.
00:05:28C'est sans doute le plus grand média américain entre 1930 et 1938.
00:05:41Il est intouchable.
00:05:42À partir du moment où un père, qui avait quand même 30 millions d'auditeurs chaque semaine,
00:05:50qui à l'époque est considérable, il n'y a pas tous les réseaux sociaux, etc.
00:05:53C'est-à-dire qu'on a quand même une uniformité de la source d'informations,
00:05:56et donc la même information qui est délivrée à 30 millions de personnes,
00:06:00et puis les différents relais, les hommes-liges, etc. à Boston et compagnie.
00:06:04Donc je pense que l'impact était considérable.
00:06:06Tous les dimanches, il prend l'antenne pour vilipender ceux qu'il considère comme les ennemis de l'Amérique.
00:06:13Les gens l'écoutent, les gens le suivent.
00:06:40Et ils suscitent un mouvement rempli de colère.
00:06:44Un mouvement rempli de haine qui blâme les juifs, les banquiers et les communistes.
00:06:54Coughlin, qui va effectivement commencer à avoir des propos antisémites,
00:06:59considérer que Roosevelt est en train de détruire l'Amérique,
00:07:02qu'il est l'anti-Amérique,
00:07:04qu'il a autour de lui des gens qui n'aiment pas le pays,
00:07:06qu'il ne représente pas la vérité du pays,
00:07:07comment s'appeler Rosenfeld,
00:07:09il n'est pas juif Roosevelt, mais il est considéré comme l'égal des juifs.
00:07:13Et ça, c'est un discours qui va prendre énormément d'ampleur.
00:07:17Et Coughlin est une personnalité importante,
00:07:19qui est vraiment suivie par des millions et des millions de personnes.
00:07:22D'autant que les discours de Coughlin
00:07:24résonnent avec une longue tradition américaine.
00:07:27Le grand mouvement nativiste du début du 18e siècle,
00:07:33avec l'idée que les descendants des Pilgrim Fathers,
00:07:36des pèlerins qui sont les premiers à être rentrés sur le sol américain,
00:07:39comptent plus que tous les migrants qui arriveront ensuite,
00:07:42avec l'idée qu'ils sont des vrais Américains et que les autres ne sont pas des vrais Américains.
00:07:45L'Amérique avait un système de quotas pour freiner l'immigration.
00:07:50L'Amérique a toujours été en quelque sorte anti-immigration.
00:07:54Le pays a adopté des lois dès la fin du 19e siècle,
00:07:57et les Américains ne voulaient pas laisser entrer dans leur pays
00:07:59les réfugiés d'Europe de l'Est ou les réfugiés juifs allemands.
00:08:02Je pense que cela a créé une énorme tension.
00:08:04Dans une Amérique en crise, marquée par l'antisémitisme,
00:08:11l'anticommunisme et le rejet de Roosevelt,
00:08:14les nazis trouvent un terreau fertile pour répandre leurs idées.
00:08:19À cette époque, les Américains regardent à l'étranger
00:08:23et voient d'autres pays qui semblent aller mieux,
00:08:26en particulier des pays dirigés par des dictateurs.
00:08:30La question qui se pose est alors de savoir
00:08:33quelle est la meilleure forme de gouvernement.
00:08:36Aux yeux de certains Américains,
00:08:38l'Italie de Mussolini a déjà amplement fait ses preuves.
00:08:42Il a relancé l'économie en éliminant communistes,
00:08:45parlements et partis politiques.
00:08:48Mais c'est la prise du pouvoir en Allemagne,
00:08:50par Adolf Hitler en janvier 1933,
00:08:52qui a l'impact le plus puissant aux États-Unis.
00:08:55Les nazis l'ont bien compris.
00:08:57Alors que la tension monte en Europe,
00:08:58ils rêvent de gagner un puissant allié.
00:09:00Il les active un réseau d'agents d'influence aux États-Unis.
00:09:04George Sylvester Virek est l'un d'entre eux.
00:09:08C'est un nazi convaincu,
00:09:09qui a rencontré Hitler à de nombreuses reprises.
00:09:12Il est doté de moyens considérables
00:09:14pour diffuser les idées nazies.
00:09:18George Sylvester Virek travaille comme une sorte d'agent de liaison
00:09:22au consulat allemand à Washington,
00:09:23où Hans Thompson est le chargé d'affaires.
00:09:30Virek rencontre des hommes d'affaires américains
00:09:34à qui il explique.
00:09:36Vous savez, Hitler va gagner.
00:09:40Et il sera reconnaissant envers les entreprises
00:09:43qui ont contribué à entretenir de bonnes relations
00:09:46avec l'Allemagne nazie.
00:09:47Il prononce des discours devant des Américains pro-allemands
00:09:52dans lesquels il affirme qu'il est un Américain loyal,
00:09:55qui ne voit aucun conflit idéologique avec Hitler,
00:09:57bien qu'il prenne soin de préciser
00:09:59qu'il n'est pas non plus partisan d'Hitler.
00:10:01Il essaye de démontrer que l'Allemagne et les États-Unis
00:10:03ne sont pas en conflit l'un avec l'autre.
00:10:06Les nazis financent également la création aux États-Unis
00:10:08d'un groupe pro-nazi,
00:10:09l'Organisation des Amis de la Nouvelle Allemagne.
00:10:12Son objectif ?
00:10:18Propager les idées nazies sur le sol américain.
00:10:25Ce mouvement est très massivement financé par l'Allemagne nazie
00:10:29et il est lié à un antisémitisme profondément enraciné
00:10:32dans une nation anti-immigré faisant partie de notre histoire nationale.
00:10:36Et il est devenu un vaste réseau invisible
00:10:40de sympathisants pro-allemands et pro-nazis.
00:10:46L'organisation est dissoute en 1934
00:10:48en raison de ses liens trop visibles avec le Reich.
00:10:52Elle renaît sous une nouvelle forme en 1936,
00:10:55le Bund germano-américain,
00:10:57qui s'implante et se développe
00:10:59grâce à l'importante communauté germano-américaine.
00:11:02À sa tête, sur ordre secret d'Hitler,
00:11:07Fritz Kuhn,
00:11:08un vétéran de la Première Guerre mondiale
00:11:10installé aux États-Unis depuis dix ans.
00:11:13Il établit son quartier général
00:11:14dans le nord-est de Manhattan, à New York.
00:11:18Une véritable petite Allemagne.
00:11:19L'idée du Bund au départ
00:11:26est de créer un lieu
00:11:27où les immigrés allemands aux États-Unis
00:11:28peuvent se réunir,
00:11:30parler allemand,
00:11:31boire de la bière
00:11:32et se souvenir de leur héritage culturel commun.
00:11:37C'est ainsi que le Bund se présente,
00:11:39du moins au grand public.
00:11:41Le Bund s'est aussi lancé dans les affaires.
00:11:45À New York,
00:11:46il possède un important réseau de brasseries
00:11:48où ses membres se réunissent.
00:12:05Le Bund est soucieux
00:12:07d'offrir un visage folklorique aux Américains.
00:12:10Mais derrière cette façade
00:12:11de gentille associations germaniques,
00:12:14il ne cache pas son ancrage idéologique.
00:12:18Il est très clair qu'après 1936,
00:12:35lorsque le Bund commence vraiment
00:12:36à s'appuyer sur des bases formelles,
00:12:38il a un fondement idéologique.
00:12:40Ses rassemblements sont ponctués
00:12:41de salut nazi,
00:12:42son symbolisme inclut la croix gammée.
00:12:44Son chef commence à porter des uniformes
00:12:47et à les imposer à ses partisans.
00:12:49Il rêve de devenir le chef absolu
00:12:51de cette organisation
00:12:52qui entend prendre le contrôle des États-Unis.
00:12:54Sous couvert de patriotisme,
00:13:19Kuhn présente les idées nazies
00:13:21comme la solution pour sauver l'Amérique.
00:13:25Il y a le modèle allemand,
00:13:27on va suivre le modèle allemand.
00:13:29Parce que c'est un modèle qui protège la race,
00:13:32c'est un modèle militariste
00:13:33qui soude un peuple
00:13:35et qui exclut des corps étrangers
00:13:38qui peuvent affaiblir ce propre corps.
00:13:40Le nazisme, en somme.
00:13:43Il est certain que les États-Unis,
00:13:45en raison de leur diversité,
00:13:47de leur héritage et de leur histoire,
00:13:49devaient l'appliquer différemment
00:13:50de ce qui se passe en Europe.
00:13:52Mais en fin de compte,
00:13:54l'objectif était de créer
00:13:56un nouvel ordre mondial,
00:13:58un ordre mondial fasciste.
00:14:03Pour ancrer ses idées
00:14:04dans le paysage politique,
00:14:06le Bund multiplie les parades publiques
00:14:08dans les grandes villes.
00:14:09Encadré par la police,
00:14:11le mouvement défile
00:14:12dans les avenues de Manhattan.
00:14:15Pour l'heure,
00:14:16les autorités américaines
00:14:17restent de marbre.
00:14:20Le premier amendement
00:14:21de la Constitution des États-Unis
00:14:22accorde aux citoyens
00:14:23une liberté d'expression totale.
00:14:26Rien ne leur interdit
00:14:27de brandir le drapeau nazi.
00:14:28C'est une organisation
00:14:33qui n'a pas peur
00:14:35de s'afficher publiquement
00:14:36comme imitant les nazis,
00:14:39ce que beaucoup d'autres groupes
00:14:40extrémistes de cette mouvance
00:14:41n'étaient pas prêts à faire.
00:14:46Très vite,
00:14:47l'organisation prend de l'ampleur.
00:14:50Le Bund établit des antennes
00:14:52à travers tout le pays,
00:14:54divisées en trois administrations,
00:14:56strictement hiérarchisées.
00:15:03Nous pensons que le nombre de membres
00:15:05était de l'ordre
00:15:06de quelques dizaines de milliers.
00:15:08Même si Kuhn affirmait
00:15:09qu'ils étaient plus de 100 000,
00:15:11cela semble peu probable,
00:15:13compte tenu du fait
00:15:14qu'il fallait être d'origine allemande
00:15:15et avoir envie de participer
00:15:17à ce type d'événements
00:15:18pour devenir membre.
00:15:21Mais il s'agit vraiment
00:15:22d'un groupe qui avait
00:15:23beaucoup d'adeptes
00:15:24dans ces bastions de New York
00:15:25et du Midwest,
00:15:25où il était principalement basé.
00:15:33Pour essaimer plus largement,
00:15:35le Bund s'appuie
00:15:36sur les communautés allemandes
00:15:38implantées sur tout le territoire.
00:15:41Il organise
00:15:42de grandes manifestations populaires
00:15:43sous forme de camps d'été
00:15:44qui remportent un immense succès.
00:15:48Le 18 juillet 1937,
00:15:51il inaugure en grande pompe
00:15:52le camp Nordland.
00:15:53Les nazis germano-américains
00:15:56prennent même la peine
00:15:57de se filmer en couleurs.
00:16:00L'événement rassemble
00:16:0110 000 personnes
00:16:02et se déroule dans l'état
00:16:04du New Jersey,
00:16:05à une centaine de kilomètres
00:16:06de Manhattan.
00:16:09Fritz Kuhn
00:16:09y fait un discours retentissant.
00:16:11Le Bund développe un important portefeuille immobilier
00:16:32dans tout le pays.
00:16:33Fritz Kuhn collecte les cotisations
00:16:35et utilise cet argent
00:16:36pour acheter des terrains
00:16:37qui deviennent des camps
00:16:39où les membres peuvent se réunir,
00:16:41boire de la bière
00:16:42et célébrer ensemble
00:16:43les fêtes américaines et allemandes.
00:16:44Les enfants sont essentiels
00:16:50pour l'avenir du mouvement.
00:16:52Ils doivent être préparés physiquement
00:16:54à devenir les leaders
00:16:55de ce Reich nazi.
00:16:57Il y avait donc des camps
00:16:59dans le nord de l'état de New York,
00:17:00à Milwaukee,
00:17:01à Chicago,
00:17:01à Los Angeles,
00:17:02à San Francisco,
00:17:03dans le nord-ouest du Pacifique.
00:17:04Il y en avait dans tout le pays.
00:17:06Près de Manhattan,
00:17:33à Long Island,
00:17:34le Bund voit les choses en grand.
00:17:38Tous les vendredis,
00:17:39le Siegfried spécial
00:17:40est affrété
00:17:41pour transporter
00:17:41les sympathisants pro-nazis
00:17:43vers un camp du même nom
00:17:45qui connaît un succès fulgurant.
00:17:48Fort de cette popularité,
00:17:50le Bund acquiert des terres
00:17:52sur Long Island
00:17:52et transforme le camp
00:17:54en une colonie germano-américaine.
00:17:58Une véritable ville nazie
00:18:00baptisée German Gardens,
00:18:03les jardins allemands.
00:18:04Les maisons y sont décorées
00:18:08de la croix gammée
00:18:09et les rues portent les noms
00:18:11de Goering,
00:18:12Goebbels
00:18:13ou Adolf Hitler.
00:18:18Le Bund devient donc,
00:18:20et tous les historiens
00:18:21sont d'accord là-dessus,
00:18:22le groupe pro-nazi
00:18:23le plus important
00:18:24et le plus connu
00:18:25de cette période.
00:18:26Le nazisme reste minoritaire
00:18:30aux Etats-Unis,
00:18:31mais il trouve un vaste écho
00:18:33dans une société en crise.
00:18:35À l'instar du Bund,
00:18:37de nombreux groupes
00:18:37d'extrême droite se forment,
00:18:39s'organisent
00:18:40et se radicalisent.
00:18:43Derrière les camps d'été
00:18:44et les parades,
00:18:44une autre réalité
00:18:45plus inquiétante se dessine.
00:18:47Des groupes paramilitaires
00:18:48grandissent dans l'ombre.
00:18:49Au sein du Bund,
00:18:54il existe une division
00:18:55appelée Ordnansdienst,
00:18:57littéralement division de l'ordre
00:18:59calquée sur le modèle DSS.
00:19:02Pour devenir membre de l'OD,
00:19:04il fallait respecter
00:19:04une certaine période d'attente,
00:19:06être membre du Bund
00:19:07et faire une demande spéciale.
00:19:13Ce système permettait
00:19:15de montrer son engagement
00:19:16idéologique envers l'organisation.
00:19:18Ainsi, pour les hommes,
00:19:20et ce sont seulement les hommes
00:19:21qui étaient admis
00:19:22au sein de Lord Nansdienst,
00:19:24il s'agissait d'un groupe
00:19:25qui portait des armes non létales.
00:19:28Nous pensons qu'ils ne portaient
00:19:29pas d'armes à feu,
00:19:30mais ils portaient
00:19:31certainement des gourdins.
00:19:32Ils ont été vus en train
00:19:33de protéger les dirigeants
00:19:34de l'organisation.
00:19:36Ils portaient des uniformes
00:19:37très distincts.
00:19:38Il y a un aspect paramilitaire
00:19:40au sein du Bund
00:19:40et de l'OD en particulier.
00:19:43D'autres groupes
00:19:44entendent implanter le nazisme
00:19:45aux Etats-Unis
00:19:46par les armes.
00:19:46Aux Etats-Unis,
00:19:52de nombreuses organisations
00:19:53différentes
00:19:53défendent ce que nous appelons
00:19:56l'idéologie nazie.
00:19:59Elles partagent
00:20:01toutes le même objectif,
00:20:03à savoir
00:20:05tenter d'introduire
00:20:07cette idéologie
00:20:07sur la scène américaine.
00:20:09L'une de ces organisations
00:20:13est fondée
00:20:13par un ancien scénariste
00:20:14d'Hollywood,
00:20:16profondément antisémite
00:20:17et anticommuniste,
00:20:19William Dudley-Pellet.
00:20:23Dès son plus jeune âge,
00:20:25Pellet est un anticommuniste
00:20:26convaincu.
00:20:28Il part en Sibérie
00:20:29pendant la Première Guerre mondiale
00:20:30et là-bas,
00:20:31pendant la guerre civile russe,
00:20:33il est témoin
00:20:33des atrocités commises
00:20:34contre la population
00:20:35par les communistes
00:20:36qui se battent
00:20:37aux côtés de l'armée rouge.
00:20:41Pellet revient donc
00:20:42aux États-Unis
00:20:42avec un anticommunisme
00:20:43et un antisémitisme farouche.
00:20:46Il associe les Juifs
00:20:48au communisme
00:20:48et à la propagation
00:20:49du communisme.
00:20:54L'arrivée d'Hitler
00:20:55au pouvoir
00:20:55a été une révélation
00:20:57quasi divine
00:20:58pour William Pellet.
00:20:59Il affirme
00:21:01qu'à travers
00:21:01ses contacts spirituels
00:21:02en tant que mystique,
00:21:04ce qu'il est devenu
00:21:05après sa période
00:21:05de scénariste à Hollywood,
00:21:06certains prophètes
00:21:08de l'au-delà
00:21:08lui ont dit
00:21:09qu'il devait fonder
00:21:10aux États-Unis
00:21:10un mouvement similaire
00:21:11à celui
00:21:12qu'il voit
00:21:12dans l'Allemagne nazie.
00:21:16Dès 1933,
00:21:18Pellet fonde
00:21:19les Silver Shirts,
00:21:20les chemises d'argent.
00:21:22Il recrute des hommes
00:21:23qui l'équipent
00:21:23d'uniformes
00:21:24semblables
00:21:25à ceux
00:21:25des milices nazis.
00:21:27Leurs chemises grises
00:21:27sont brodées
00:21:28du L de Légion.
00:21:32Il crée un journal,
00:21:33le Silver Ranger,
00:21:34dont la propagande
00:21:35s'en prend aux Juifs
00:21:36et aux communistes.
00:21:39En parallèle,
00:21:40sa Légion
00:21:41puissamment armée
00:21:42s'entraîne
00:21:43en vue du Grand Soir.
00:21:44Ce qui distingue
00:21:48la Légion
00:21:49de tant de ces groupes,
00:21:50y compris
00:21:50le German-American Boone,
00:21:52c'est qu'il y a
00:21:53des membres
00:21:53de la Légion,
00:21:54souvent sans la permission
00:21:55directe de Pellet,
00:21:57qui commencent
00:21:57à s'impliquer
00:21:58dans des tentatives
00:21:59de renversement
00:21:59du gouvernement.
00:22:03Leur plan
00:22:03était d'être capable
00:22:04d'avoir un impact
00:22:05militaire conséquent
00:22:07au moment voulu.
00:22:09Et le moment voulu
00:22:10serait lorsqu'il y aurait
00:22:11un danger imminent
00:22:12d'une révolution communiste
00:22:14aux États-Unis.
00:22:17Alors que Roosevelt
00:22:18vient de remporter
00:22:19un deuxième mandat,
00:22:20l'opposition
00:22:21est de plus en plus radicale.
00:22:23Pour les Silver Shirts,
00:22:24mais aussi pour le père
00:22:25Charles Koffling,
00:22:27qui fonde secrètement
00:22:27le mouvement extrémiste
00:22:29du Front Chrétien
00:22:29en 1938,
00:22:31l'heure de passer
00:22:31à l'action armée
00:22:32à sonner.
00:22:34Le Front Chrétien
00:22:35qui va se fédérer
00:22:35autour de Koffling
00:22:37par des gens
00:22:38qui ne sont pas liés
00:22:38directement à lui,
00:22:39mais qui l'ont écouté,
00:22:40et qui vont considérer
00:22:41qu'ils sont une sorte
00:22:42d'avant-garde
00:22:43de la défense
00:22:45de l'Amérique
00:22:45contre les Juifs,
00:22:47contre l'administration Roosevelt
00:22:49qui est en train
00:22:49de détruire
00:22:50les bases idéologiques
00:22:52et les bases
00:22:53presque raciales
00:22:54de ce pays.
00:22:57Le Front Chrétien
00:22:58recrute rapidement
00:22:59des dizaines
00:22:59de milliers de militants.
00:23:01À la fin des années 30,
00:23:03le FBI les estime
00:23:04à près de 30 000.
00:23:06Basé à Boston,
00:23:08le mouvement SM
00:23:09sur la côte Est.
00:23:11Les militants
00:23:11mettent rapidement
00:23:12en œuvre
00:23:12la doctrine du Front.
00:23:16Des adeptes
00:23:20qui ont juré
00:23:20de ne jamais faire
00:23:21leurs achats
00:23:21chez les commerçants juifs,
00:23:23de ne jamais soutenir
00:23:25un candidat
00:23:25qui ne suivrait pas
00:23:26la foi chrétienne.
00:23:29Ils faisaient
00:23:30des descentes
00:23:30dans les rues.
00:23:31Ils avaient un journal
00:23:32appelé
00:23:33Social Justice.
00:23:34Il était rempli
00:23:36de choses
00:23:37telles que
00:23:37le protocole
00:23:38des sages de Sion.
00:23:41Il s'en prenait
00:23:42également
00:23:43aux personnes
00:23:43d'apparence juive.
00:23:53Beaucoup plus inquiétant,
00:23:55en vue de renverser
00:23:56le gouvernement
00:23:56des États-Unis,
00:23:58le Front Chrétien
00:23:58crée plusieurs cellules
00:24:00clandestines
00:24:01appelées
00:24:02comités d'action.
00:24:04Ils sont composés
00:24:05d'hommes jeunes
00:24:05qui ont déjà
00:24:06pour la plupart
00:24:07une expérience militaire.
00:24:09Ils utilisaient
00:24:12des mitrailleuses,
00:24:13des mitrailleuses
00:24:14semi-automatiques,
00:24:15de l'armement militaire
00:24:16pour s'entraîner
00:24:17en vue de ce qu'ils
00:24:18voyaient venir,
00:24:19c'est-à-dire
00:24:19une révolution communiste
00:24:21aux États-Unis
00:24:22qui serait provoquée
00:24:23par l'infiltration
00:24:24des communistes
00:24:25au sein
00:24:26de l'administration
00:24:26Roosevelt.
00:24:29Et quand ils voyaient
00:24:30des communistes,
00:24:31ils voyaient aussi
00:24:32des juifs.
00:24:32Et quand ils voyaient
00:24:33des juifs,
00:24:34ils voyaient
00:24:35des communistes.
00:24:38En 1940,
00:24:40le groupe basé
00:24:41à Brooklyn
00:24:41dans l'État
00:24:42de New York
00:24:42passe à une phase active.
00:24:46Les agents
00:24:49du Front Chrétien
00:24:50apprenaient
00:24:51à fabriquer des bombes.
00:24:52Ils fabriquaient
00:24:53des bombes
00:24:53dans les sous-sols
00:24:54de leurs appartements
00:24:55à Brooklyn
00:24:56et ils allaient
00:24:57au-delà
00:24:58de la fabrication
00:24:59artisanale
00:24:59pour passer
00:25:00à des types
00:25:01de bombes
00:25:01plus dangereuses
00:25:02en utilisant
00:25:03des obus d'artillerie
00:25:05de la Première Guerre mondiale.
00:25:10Ça a vraiment donné
00:25:14une image de violence
00:25:15et le risque
00:25:16de quelque chose
00:25:17de beaucoup plus important.
00:25:21Peut-être même
00:25:22un renversement violent
00:25:24du gouvernement américain.
00:25:30Face à la menace
00:25:31grandissante,
00:25:32un journal décide
00:25:33d'alerter le grand public.
00:25:36En 1937,
00:25:37le Chicago Daily Times
00:25:38envoie en immersion
00:25:40deux de ses journalistes
00:25:41au sein du Bund.
00:25:43John et James Metcalf
00:25:44sont deux frères
00:25:45nés en Allemagne,
00:25:46naturalisés américains.
00:25:49Après plusieurs mois,
00:25:50la publication
00:25:50de leurs reportages
00:25:51provoque une immense
00:25:52sonde de choc.
00:25:54En réponse,
00:25:56un comité d'enquête
00:25:56sur les activités
00:25:57anti-américaines
00:25:58est créé en 1938.
00:26:01Le Bund décide de répliquer.
00:26:17Il veut montrer
00:26:18qu'il est populaire
00:26:19et pertinent
00:26:19dans cette Amérique
00:26:20où ses idées
00:26:21n'ont cessé
00:26:21de gagner du terrain.
00:26:22Le 20 février 1939,
00:26:26il organise à New York
00:26:27un immense rassemblement
00:26:28au Madison Square Garden.
00:26:31Le maire de la ville
00:26:32l'autorise
00:26:32au nom du premier amendement
00:26:34de la Constitution
00:26:34qui garantit
00:26:36la liberté d'expression.
00:26:41New York compte pourtant
00:26:42la plus grande population
00:26:43juive des États-Unis.
00:26:45Le rassemblement
00:26:46est une véritable provocation.
00:26:48plus de 20 000 Bundistes
00:26:51y participent.
00:26:52À l'extérieur,
00:26:54plusieurs dizaines
00:26:54de milliers
00:26:55de manifestants
00:26:56tentent aussi
00:26:56d'entrer
00:26:57dans l'immense
00:26:57salle de spectacle.
00:26:58de la ville de la ville.
00:27:28Pour d'attention !
00:27:34Je priege indivisible l'allégance
00:27:40à la flamme des États-Unis d'Amérique
00:27:45et à la république pour laquelle elle est
00:27:49une nation indivisible
00:27:52avec liberté et justice pour tous.
00:27:58Comme c'était un événement très visible,
00:28:03on a pensé que les orateurs du Boon
00:28:05réfrénaient leurs discours les plus haineux,
00:28:07au sujet des Juifs notamment.
00:28:09Mais ce ne fut pas le cas.
00:28:19La soirée est électrique.
00:28:21Un premier incident éclate
00:28:23quand au milieu de la foule,
00:28:25Dorothy Thompson, journaliste anti-nazi,
00:28:27crie sa colère.
00:28:33Son évacuation manu militari
00:28:34au milieu d'une foule hostile est filmée.
00:28:42Devant un public survolté,
00:28:44Fritz Kuhn monte enfin sur scène.
00:28:46On l'aime pour les ennemis qu'il a fait.
00:28:51Mesdames et messieurs,
00:28:53M. Fritz Kuhn.
00:28:54M. Fritz Kuhn.
00:28:56M. Fritz Kuhn.
00:28:58M. Fritz Kuhn.
00:28:59M. Fritz Kuhn.
00:29:03M. Fritz Kuhn.
00:29:04M. Fritz Kuhn.
00:29:05M. Fritz Kuhn.
00:29:06M. Fritz Kuhn.
00:29:08M. Fritz Kuhn.
00:29:10M. Fritz Kuhn.
00:29:11M. Fritz Kuhn.
00:29:13M. Fritz Kuhn.
00:29:18M. Fritz Kuhn.
00:29:19Nous voulons contre notre charter.
00:29:21Premièrement, un social, just, white, gentile, rule of the United States.
00:29:27Deuxièmement, une gentile, controlled labor union, free from Jewish Moscow, directed domination.
00:29:35Isidore Greenbaum, un jeune plombier juif de 26 ans, révolté par ce discours, se jette sur scène.
00:29:58La police doit intervenir pour éviter son lynchage par le service d'ordre du Bund.
00:30:05Alors que les incidents se multiplient à l'intérieur, à l'extérieur la situation vira l'émeute entre la police et les manifestants opposés à l'événement.
00:30:35En réponse à ces débordements, le procureur général de New York est mandaté pour s'attaquer à Kuhn.
00:30:57Ces limiers trouvent rapidement de quoi l'incriminer.
00:31:02Kuhn a entretenu un réseau de maîtresses à travers le pays
00:31:11et il utilisait ses fonds pour ses dépenses personnelles, mais aussi pour celles de ses femmes.
00:31:16Fritz Kuhn est finalement jugé pour détournement de fonds et évasion fiscale.
00:31:23Fritz Kuhn est finalement jugé pour détournement de fonds et évasion fiscale.
00:31:40Il est condamné à deux ans d'emprisonnement.
00:31:46Alors que Kuhn est dans la prison de Sing Sing, au même moment,
00:31:51William Dudley-Pelley, le chef de la Silver Légion,
00:31:54est confronté à de multiples accusations et ira bientôt en prison pour quelques années.
00:31:59C'est ainsi que l'on assiste à de nombreuses pressions judiciaires pour tenter de faire disparaître ces groupes.
00:32:04Pour les sympathisants du nazisme aux Etats-Unis, le vent s'apprête à tourner.
00:32:12De l'autre côté de l'Atlantique, l'Europe a basculé.
00:32:16En septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne sont entrées en guerre contre l'Allemagne nazie.
00:32:23La crainte d'une extension du conflit gagne l'Amérique.
00:32:30Face à la menace croissante, le Congrès décide de renforcer les moindres.
00:32:34Les pro-nazis sont dans le collimateur.
00:32:46Jusqu'alors, les autorités avaient pourtant focalisé leur attention sur le communisme.
00:32:53L'Union soviétique était considérée comme le grand ennemi.
00:32:57C'est pourquoi des gens comme Edgar Hoover, le chef du FBI,
00:33:01ont consacré d'énormes ressources à la traque des communistes.
00:33:03Et pour être honnête, les communistes n'avaient pas de base efficace en Amérique.
00:33:07L'une des raisons est qu'ils ne disposaient pas des mêmes sommes d'argent que les Allemands
00:33:11pour corrompre les gens, les influencer et les faire travailler pour eux.
00:33:15Jusqu'alors, Hoover, radicalement anticommuniste, n'avait pas saisi l'ampleur du danger nazi.
00:33:33Lorsque les États-Unis ont commencé à se rendre compte qu'il existait des liens entre ces groupes
00:33:42et les efforts de propagande politique nazie,
00:33:45et plus encore de sabotage potentiel et d'espionnage,
00:33:48le Congrès américain a tenté d'y remédier en adoptant une nouvelle législation.
00:33:52C'est le cas avec la loi sur l'enregistrement des agents étrangers
00:33:58qui nous a permis de poursuivre en justice certains des dirigeants de ces groupes.
00:34:03Suite à une infiltration, le 14 janvier 1940,
00:34:08des dizaines d'agents du FBI font un raid contre la cellule du front chrétien de Brooklyn.
00:34:1217 jeunes hommes sont arrêtés.
00:34:16Les motifs de ce coup de filet sont extrêmement inquiétants.
00:34:19En New York, les leaders allégés d'un plan de front chrétien
00:34:24pour débrouiller l'administration des États-Unis sont maintenant derrière les barres fédérales.
00:34:31J. Edgar Hoover a dit qu'ils avaient plombé des activités terroristes,
00:34:37bombings et des outbursts antisémites.
00:34:39Il est évident que l'organisation s'armait de plus en plus
00:34:47et devenait de plus en plus dangereuse.
00:34:50C'est pourquoi, à mon avis, la vague d'arrestation du front chrétien le 14 janvier 1940
00:34:55n'avait rien à voir avec des préoccupations politiques.
00:34:59C'était surtout une question de sécurité nationale.
00:35:09Le front chrétien préparait une attaque massive d'institutions sur la côte est américaine
00:35:14avec la bénédiction du père Coughlin.
00:35:17Pourtant, Coughlin, le puissant homme de Média, n'est pas inquiété.
00:35:22Pour les autorités, la situation est très complexe.
00:35:31Le père Coughlin est un prêtre et le FBI est très soucieux de ne pas bafouer les droits religieux.
00:35:36Coughlin est protégé par la Constitution.
00:35:44Mais les 17 prévenus de Brooklyn, eux, sont accusés de sédition.
00:35:49Le ministère public espère obtenir de lourdes condamnations.
00:35:53Le procureur, John Roggey, chef de la division criminelle au ministère de la Justice,
00:35:57est un jeune fonctionnaire à la réputation implacable.
00:36:02Beaucoup ont invoqué l'atteinte à leur libre expression.
00:36:05Ils disaient, ce que je fais, c'est simplement faire circuler des idées.
00:36:09Et la difficulté, c'est que dans le système américain,
00:36:12le procureur doit prouver l'intention.
00:36:15Est-ce qu'il voulait obtenir un soulèvement, la destruction de l'État américain ?
00:36:19Donc c'est très compliqué de prouver l'intention.
00:36:22Or, c'est un élément important.
00:36:23Et cette intention, elle doit être prouvée.
00:36:25Et les 12 membres du jury doivent l'accepter,
00:36:29puisqu'il faut l'unanimité au-delà du doute raisonnable.
00:36:35Tout s'est donc effondré.
00:36:38Et ils ont tous été acquittés.
00:36:40Le chef du Front chrétien de New York a immédiatement demandé au juge
00:36:45s'il pouvait récupérer ses armes, ce qui a été accordé,
00:36:48et il est sorti du tribunal de Brooklyn les armes à la main.
00:36:55Le procès est un échec retentissant pour le gouvernement.
00:36:59Leur tentative de coup d'État a échoué,
00:37:01mais les motivations des membres du Front chrétien restent intactes.
00:37:05Alors que la guerre se profile,
00:37:07tout doit être mis en œuvre pour faire échouer Roosevelt,
00:37:09qui brigue un nouveau mandat.
00:37:12Le monde était en feu.
00:37:14Franklin Roosevelt pensait qu'il était le mieux placé pour guider l'Amérique
00:37:17dans cette période difficile.
00:37:19Et c'est ce qu'il a fait.
00:37:20Il a été un dirigeant très efficace.
00:37:23Des millions d'Américains ont le sentiment légitime
00:37:26que Roosevelt pousse le pays vers la guerre.
00:37:28Il y a des groupes qui pensent que les États-Unis
00:37:30devraient rester en dehors de la guerre
00:37:31et renforcer ses relations avec l'Allemagne nazie.
00:37:34Ce dont beaucoup de ces groupes se rendent compte,
00:37:36les extrémistes,
00:37:37ainsi que le ministère allemand des Affaires étrangères,
00:37:40c'est qu'il s'agit vraiment de la dernière occasion
00:37:42de vaincre Roosevelt sur le plan politique
00:37:44avant l'entrée en guerre probable des États-Unis.
00:37:49Les membres du Front chrétien
00:37:52choisissent alors de se rapprocher
00:37:53de l'appareil clandestin nazi aux États-Unis.
00:37:58Au printemps 1940,
00:38:02le mouvement du Front chrétien en Nouvelle-Angleterre
00:38:04et à Fieladélie
00:38:05est presque directement contrôlé par des agents nazis,
00:38:09notamment des membres de l'état-major SS.
00:38:18Propagande pro-nazi.
00:38:19Espionnage, sabotage.
00:38:22Tout est mis en œuvre pour empêcher
00:38:23l'entrée en guerre des États-Unis
00:38:24et la réélection de Roosevelt.
00:38:30À l'été 1940,
00:38:32une série d'attentats secoue l'Amérique.
00:38:34Trois usines de fabrication de poudre sont détruites,
00:38:37réduisant d'un quart
00:38:38la production militaire américaine.
00:38:40Bien que le groupuscule représente une toute petite minorité aux États-Unis,
00:38:48leur opposition à Roosevelt
00:38:49et sa politique extérieure
00:38:51est largement partagée dans l'Amérique isolationniste de 1940.
00:38:55Les isolationnistes, le mouvement anti-guerre,
00:39:05n'étaient pas seulement un mouvement populaire.
00:39:08C'était aussi un mouvement politique.
00:39:11Certains de ses membres étaient de puissantes personnalités du Congrès.
00:39:14C'est un monde qui est très perméable aux idées fascistes
00:39:18parce qu'ils considèrent qu'ils partagent avec les fascistes
00:39:21un même système de valeurs
00:39:24qui est la défense d'une race dite nordique,
00:39:27pour reprendre les mots de Madison Grant,
00:39:28en tout cas une race anglo-saxonne,
00:39:30des valeurs, civilisationnelles,
00:39:32et un ennemi commun
00:39:33qui est le bolchevique et le juif.
00:39:35Le judéo-bolchevisme,
00:39:37c'est une menace qu'ils considèrent bien plus grande
00:39:40que quelques nazis que ce soit.
00:39:47Avec de puissants soutiens politiques et industriels,
00:39:50un comité est créé en septembre 1940.
00:39:53America First.
00:39:58Sous l'œil approbateur du régime nazi,
00:40:00ce lobby s'oppose à toute forme d'intervention américaine dans la guerre.
00:40:07Son porte-parole est un héros américain.
00:40:09L'aviateur Charles Lindbergh,
00:40:12connu dans le monde entier pour ses exploits.
00:40:17Un temps installé en Europe,
00:40:20il a côtoyé le régime nazi
00:40:21pendant toute la seconde moitié des années 30.
00:40:25Le gouvernement allemand l'invite à visiter
00:40:28ses installations aéronautiques.
00:40:30Göring lui remet une récompense.
00:40:32Il pilote leurs meilleurs avions de combat
00:40:33et il est très vite impressionné
00:40:35par ce qu'il appelle le dynamisme du peuple allemand.
00:40:37Charles Lindbergh déclare même que l'Allemagne
00:40:43ne cherche qu'à étendre son territoire
00:40:45par des moyens militaires,
00:40:46comme l'Angleterre et la France
00:40:47l'avaient fait pendant des centaines d'années auparavant.
00:40:50Lorsque Charles Lindbergh est devenu le porte-parole
00:40:54du mouvement America First,
00:40:56celui-ci s'est transformé en une campagne nationale
00:41:00très, très puissante,
00:41:02visant à maintenir les États-Unis
00:41:04en dehors de la guerre.
00:41:07À l'automne 1940,
00:41:09Roosevelt est réélu pour un troisième mandat.
00:41:12L'entrée en guerre semble imminente.
00:41:15America First dénonce l'aide fournie
00:41:16au Royaume-Uni pour son effort de guerre.
00:41:18Et vous commencez à le voir sortir
00:41:37et organiser des rassemblements massifs en 1941.
00:41:40Vous savez, 10 000, 20 000, 30 000 personnes
00:41:42qui remplissent le Madison Square Garden.
00:41:44Et avec ce message, de plus en plus au vitriol.
00:41:48Dans son grand discours de démoine de septembre 1941,
00:41:52il faut l'écouter dans les mots qu'il emploie
00:41:54qu'il y a trois ennemis aux États-Unis.
00:41:57C'est les industriels, c'est Roosevelt et c'est les juifs.
00:42:00Et c'est eux qui vont pousser à la guerre.
00:42:01C'est eux qui poussent l'Amérique à entrer en guerre.
00:42:03Des dizaines de milliers de sympathisants nazis
00:42:06qui avaient peut-être caché leur affinité politique
00:42:09avec l'Allemagne nazie
00:42:10rejoignent le mouvement America First.
00:42:12Ils étaient 800 000 Américains
00:42:15officiellement membres de l'America First
00:42:18avant Pearl Harbor.
00:42:20Mais bien au-delà du lobbying,
00:42:23l'isolationnisme permet aux nazis
00:42:24d'infiltrer le sommet de l'appareil politique.
00:42:28C'est un accident qui révèle au public
00:42:29l'ampleur de l'ingérence
00:42:31et la campagne d'influence nazie
00:42:33qui gangrène le territoire américain.
00:42:35Le 30 août 1940,
00:42:43un DC-3 s'écrase près de Washington, D.C.
00:42:46Parmi les victimes,
00:42:48le sénateur républicain du Minnesota,
00:42:50Ernest Landin,
00:42:51accompagné de deux agents du FBI
00:42:53et un procureur du ministère de la Justice.
00:42:57Parmi les débris,
00:42:58les enquêteurs retrouvent un futur discours du sénateur.
00:43:00Un discours résolument pro-Allemagne
00:43:03et isolationniste.
00:43:05Son auteur n'est autre que
00:43:07Georges Silvester Viereck,
00:43:09l'agent allemand chargé par le régime nazi
00:43:11de diffuser ses idées aux États-Unis.
00:43:16Il avait eu cette idée
00:43:19et l'avait présentée à Hitler
00:43:20et au commandement allemand.
00:43:22L'idée était d'essayer de coopter
00:43:24des politiciens américains
00:43:25pour l'aider à diffuser la propagande nazie,
00:43:28tout cela sous le couvert officiel
00:43:29de l'État américain.
00:43:30Pour être honnête,
00:43:32les Allemands étaient un peu sceptiques.
00:43:34Ils ne pensaient pas vraiment
00:43:34qu'ils seraient capables de réussir,
00:43:36mais le succès a dépassé
00:43:38leurs espérances les plus folles.
00:43:44La presse commence à se rendre compte
00:43:47que Landin est plus qu'un simple isolationniste.
00:43:51C'était peut-être un agent actif
00:43:52pour le compte de l'Allemagne.
00:43:55On a commencé à prendre conscience
00:43:57qu'il existait une sorte
00:43:58d'ennemi intérieur clandestin.
00:44:03Un ennemi qui soutenait
00:44:04le mouvement isolationniste
00:44:05et menaçait peut-être
00:44:07la démocratie dans le pays.
00:44:12La trahison du sénateur Landin
00:44:14est telle que,
00:44:15dès le lendemain de son décès,
00:44:17son épouse se précipite à son bureau
00:44:19pour tenter d'éliminer les preuves.
00:44:21A sa mort,
00:44:26sa femme retire une grande partie
00:44:27de sa correspondance
00:44:28de son bureau au Sénat,
00:44:30probablement dans le but
00:44:30de dissimuler la véritable nature
00:44:32de ses relations avec Vierec.
00:44:34Mais ces archives sont aujourd'hui disponibles.
00:44:36Les historiens peuvent les consulter
00:44:38et les documents montrent très clairement
00:44:39que Vierec et Landin
00:44:40avaient des relations personnelles
00:44:42et professionnelles.
00:44:44Il y a des lettres dans lesquelles
00:44:45Vierec dit à Landin
00:44:46qu'il est prêt à écrire
00:44:47des articles en son nom
00:44:48qui seront publiés
00:44:49dans les principaux journaux américains.
00:44:52Ils rédigent des discours pour Landin.
00:44:55L'ampleur des révélations
00:44:56a choqué les Américains.
00:44:58Un certain nombre de personnes
00:45:00très connues étaient impliquées
00:45:01dans cette affaire.
00:45:02Et ils étaient en fin de compte
00:45:03environ 20 à 25 membres
00:45:05du Congrès et sénateurs
00:45:06qui ont volontairement
00:45:07travaillé avec Vierec.
00:45:12L'agent Vierec parvient à organiser
00:45:15la diffusion de la propagande nazie
00:45:16depuis les plus hautes sphères
00:45:18des institutions démocratiques américaines.
00:45:20Ce Vierec a monté une opération
00:45:23absolument fabuleuse.
00:45:24On ne peut que l'admirer.
00:45:27Il a fait en sorte
00:45:28d'avoir des liens privilégiés
00:45:29avec un certain nombre de membres
00:45:31de la Chambre des représentants,
00:45:32un certain nombre de sénateurs
00:45:33pour qui il écrivait des discours.
00:45:36Des discours pro-nazi, évidemment.
00:45:37Donc, ces élus faisaient leurs discours
00:45:39et la beauté, c'est que tous les discours
00:45:41sont reproduits dans ce qui est l'équivalent
00:45:43de notre journal officiel
00:45:44qui s'appelle le Congressional Record.
00:45:46Et ensuite, l'élu en question
00:45:48ont lui demandé gentiment
00:45:49de bien vouloir imprimer son discours
00:45:51et de l'envoyer à ses administrés.
00:45:56Ils ont donc utilisé
00:45:58des millions d'enveloppes
00:45:59gratuitement affranchies par l'État,
00:46:01remplies de propagande nazie,
00:46:03avec l'adresse de retour
00:46:04d'un membre du Congrès
00:46:05ou d'un sénateur du Capitole.
00:46:07Ils ont inondé l'électorat américain.
00:46:10Et bien sûr, les Américains
00:46:11qui recevaient ces lettres
00:46:12de leurs députés pensaient
00:46:13qu'il ne s'agissait que
00:46:14de déclarations légitimes,
00:46:16de personnes s'exprimant
00:46:17en pleine conscience
00:46:18contre la politique de Roosevelt,
00:46:20sans jamais réaliser
00:46:21qu'il s'agissait de propagande nazie
00:46:23qui leur a été distribuée
00:46:24à leurs propres frais.
00:46:28Mais deux événements
00:46:29détournent soudainement
00:46:30l'attention de l'opinion.
00:46:31L'attaque du Japon à Pearl Harbor
00:46:34le 7 décembre 1941
00:46:36et la déclaration de guerre
00:46:38de l'Allemagne à l'Amérique
00:46:39provoquent une onde de choc.
00:46:41Le comité America First
00:46:42s'autodissout.
00:46:45L'entrée en guerre de l'Amérique
00:46:46offre une échappatoire
00:46:47aux élus corrompus.
00:46:49Un homme entend les en empêcher.
00:46:52John Rogge,
00:46:53qui avait échoué à faire condamner
00:46:54le front chrétien à Brooklyn,
00:46:56bâtit un dossier solide
00:46:57impliquant une trentaine de pro-nazis.
00:47:00Trois ans plus tard,
00:47:02le 3 janvier 1944
00:47:03s'ouvre le plus grand procès américain
00:47:06pour sédition.
00:47:13Une fois de plus,
00:47:16la machine politique
00:47:17prend l'au-dessus sur la justice.
00:47:19En plus,
00:47:20le procès mené par le procureur Rogge
00:47:22est si stressant
00:47:23que le juge meurt d'une crise cardiaque
00:47:26en plein milieu de ce procès
00:47:27qui ne dure que quatre mois.
00:47:28Le procès pour sédition
00:47:33finit par être une véritable farce.
00:47:35L'accusation n'a même jamais pu finir
00:47:37de présenter ses arguments.
00:47:38Et plutôt que d'essayer de relancer
00:47:40le procès avec un nouveau juge,
00:47:41le ministère de la justice
00:47:43décide en fait d'abandonner l'affaire.
00:47:46Mais Rogge
00:47:47n'a pas l'intention d'abandonner.
00:47:50Il s'est rendu en urgence
00:47:51dans la zone libérée de l'Allemagne,
00:47:52où un officier du renseignement américain
00:47:55a découvert des documents
00:47:56hautement compromettants.
00:47:58« Rogge a accès
00:48:00à des centaines de milliers
00:48:01de communications
00:48:02entre l'ambassade d'Allemagne
00:48:03à Washington et Berlin,
00:48:05prouvant que ces personnes
00:48:06étaient impliquées,
00:48:07montrant le montant
00:48:09des sommes dépensées.
00:48:10Ce sont des millions
00:48:11et des millions.
00:48:12On estime que les Allemands
00:48:13ont dépensé 100 millions de dollars
00:48:14en monnaie d'aujourd'hui
00:48:15dans le cadre de cette campagne
00:48:17de désinformation
00:48:17du système américain.
00:48:19À son retour d'Allemagne,
00:48:23au vu des éléments compromettants
00:48:24qu'il rapporte de son voyage,
00:48:26il espère faire rouvrir le procès.
00:48:33Nous ne pouvons pas vraiment
00:48:35comprendre à quel point
00:48:36ce rapport est explosif.
00:48:38Cela équivaudrait à découvrir
00:48:39des choses incroyablement scandaleuses
00:48:41sur des chefs d'entreprises américains
00:48:43connus de tous
00:48:43et sur certains des hommes politiques
00:48:45les plus en vue du pays.
00:48:47Mais il ne faut pas oublier
00:48:48que la situation politique
00:48:49des États-Unis
00:48:50a considérablement changé.
00:48:52Au moment où John Rogge
00:48:53écrit son rapport en 1945,
00:48:55Franklin Roosevelt est décédé.
00:48:57Le nouveau président Harry Truman
00:48:59a siégé au Sénat américain
00:49:00peu de temps auparavant
00:49:01et il a donc des liens étroits
00:49:03avec certaines des personnes
00:49:04mentionnées dans ce rapport.
00:49:07Le sénateur Burton Wheeler
00:49:09le convainc de mettre fin
00:49:10à cette enquête.
00:49:11En 1946 et 1947,
00:49:14l'Amérique voulait passer
00:49:15à autre chose.
00:49:16L'idée de savoir
00:49:17qui était nazi
00:49:18et qui recevait de l'argent
00:49:19des nazis
00:49:19n'était plus d'actualité.
00:49:21Le public américain
00:49:22voulait vraiment acheter
00:49:23sa voiture,
00:49:24son réfrigérateur,
00:49:25envoyer ses enfants
00:49:26à l'école
00:49:27et laisser tout cela
00:49:28derrière lui.
00:49:29Et c'est exactement
00:49:30ce qu'ils ont fait.
00:49:32Malgré des preuves accablantes,
00:49:34le rapport de Rogge
00:49:34est enterré.
00:49:36Frustré,
00:49:38il en dévoile une partie
00:49:38au grand public.
00:49:40Il l'est immédiatement licencié.
00:49:42Cela montre les problèmes
00:49:45liés à l'équilibre
00:49:46des pouvoirs,
00:49:47notamment lorsque des personnes
00:49:49hautement placées
00:49:50utilisent leurs privilèges
00:49:51pour contrecarrer la justice.
00:49:54Et je pense qu'aujourd'hui,
00:49:55nous sommes confrontés
00:49:56à une situation très similaire
00:49:57aux États-Unis,
00:49:58avec des personnes
00:49:59qui tentent délibérément
00:50:00de nuire au bon fonctionnement
00:50:02du système judiciaire,
00:50:03celui du processus électoral
00:50:05et de manière générale
00:50:06à celui des institutions américaines.
00:50:08Le fait de ne pas avoir purgé
00:50:11ce passé fait qu'on a retrouvé
00:50:13des traces jusqu'à aujourd'hui.
00:50:15Les mouvements fascistes
00:50:16aujourd'hui américains,
00:50:17dont certains d'ailleurs
00:50:18portent les mêmes noms
00:50:20à America First,
00:50:21le mouvement de Donald Trump
00:50:22est absolument indissociable
00:50:24du mouvement de l'entre-deux-guerres,
00:50:27s'explique précisément
00:50:28par un passé
00:50:29qui n'a jamais été purgé
00:50:30en raison de la Première Guerre mondiale,
00:50:33de la Seconde Guerre mondiale,
00:50:34en raison aussi, certainement,
00:50:36de cette liberté d'expression
00:50:38qui garantit aussi
00:50:40l'expression des pires horreurs
00:50:42dans ce pays.
00:50:45L'Amérique a choisi
00:50:47de ne pas regarder
00:50:48ce passé en face.
00:50:50Les conjurés,
00:50:51soupçonnés ou coupables
00:50:53d'avoir participé
00:50:53à différents complots
00:50:54pro-nazis contre les institutions,
00:50:57n'ont pas été inquiétés.
00:50:59Seules deux figures
00:51:00ont subi les foudres judiciaires.
00:51:03Fritz Kuhn,
00:51:04le patron du Bund,
00:51:05est condamné une seconde fois
00:51:06puis déchu de sa nationalité américaine
00:51:08avant d'être expulsé vers l'Allemagne.
00:51:11L'agent nazi,
00:51:13Georges Sylvester Virek,
00:51:15a été condamné
00:51:15à de la prison ferme.
00:51:17Les élus de la nation
00:51:18s'en sont tous sortis indemnes.
00:51:22Les responsables politiques
00:51:23d'après-guerre
00:51:24ont tourné la page,
00:51:25préférant oublier
00:51:26les complicités nazies
00:51:27qui ont révélé
00:51:28les fragilités
00:51:29de la démocratie américaine.
00:51:37Durant les années 30,
00:51:38la flambée du fascisme
00:51:40et du nazisme en Europe
00:51:41n'aura donc pas épargné
00:51:43les Etats-Unis.
00:51:44En témoigne à l'instant
00:51:45ce documentaire réalisé
00:51:47par Emmanuel Amara.
00:51:49De quoi s'interroger
00:51:50sur ce plateau de débats d'ocs
00:51:52aujourd'hui
00:51:52sur les tentations
00:51:53de mise à mal
00:51:55de la démocratie américaine.
00:51:57Nous allons le faire
00:51:57avec nos invités
00:51:58présents aujourd'hui
00:52:00avec nous
00:52:00pour cette émission
00:52:01débats d'ocs.
00:52:02Nicole Bacharan
00:52:03pour commencer.
00:52:04Bonjour.
00:52:04Bienvenue à vous.
00:52:05Vous êtes politologue
00:52:06franco-américaine,
00:52:07spécialiste de la société
00:52:08américaine
00:52:08et des relations
00:52:10franco-américaines.
00:52:11Votre dernier livre
00:52:12s'intitule
00:52:12Requiem pour le monde libre
00:52:15entre trumpisme
00:52:16et islamisme
00:52:17la trahison
00:52:18des valeurs humanistes.
00:52:20C'est un ouvrage
00:52:20co-écrit
00:52:20avec Dominique Simonnet
00:52:22et il est publié
00:52:23aux éditions
00:52:24de l'Observatoire.
00:52:26Ludivine Giloui
00:52:26est également avec nous.
00:52:27Bienvenue à vous.
00:52:28Merci.
00:52:28Vous êtes historienne,
00:52:30spécialiste des Etats-Unis
00:52:31vous aussi,
00:52:31directrice de l'Observatoire
00:52:33de l'Amérique du Nord
00:52:34de la fondation
00:52:35Jean Jaurès
00:52:36et puis enfin
00:52:36Jean-Éric Branat
00:52:37est avec nous.
00:52:38Bonjour.
00:52:39Bonjour, bienvenue.
00:52:40Vous êtes spécialiste
00:52:41des questions relatives
00:52:42à la société
00:52:42et à la politique
00:52:43des Etats-Unis.
00:52:45Vous êtes maître
00:52:45de conférence
00:52:46à l'université
00:52:46de Paris-Panthéon-Assas
00:52:48et auteur de
00:52:49texte fondateur
00:52:50de la révolution américaine
00:52:521775-1776
00:52:55expliquer et commenter
00:52:57de la résistance
00:52:58à la légitimité populaire.
00:53:00C'est un ouvrage disponible
00:53:01de lui
00:53:01chez Ellipse.
00:53:04Nous venons de voir
00:53:04ce documentaire ensemble.
00:53:06Nous sommes revenus
00:53:06dans les années 30.
00:53:08Ce que nous dit
00:53:09ce documentaire
00:53:10fondamentalement
00:53:11c'est que le nazisme,
00:53:13le fascisme
00:53:13a bel et bien
00:53:14fait partie
00:53:15de l'histoire américaine.
00:53:16Ah mais oui,
00:53:17mais complètement
00:53:17et même de manière
00:53:18importante.
00:53:19On l'a vu.
00:53:21Mais ça nous rappelle
00:53:21aussi que
00:53:22depuis les fondements
00:53:23de la République américaine
00:53:25donc 1776
00:53:26la déclaration
00:53:28d'indépendance
00:53:29la démocratie
00:53:30a toujours été
00:53:32une lutte.
00:53:33Elle a toujours été
00:53:33attaquée
00:53:34cette démocratie
00:53:36américaine
00:53:36par des courants
00:53:37xénophobes,
00:53:40autoritaires,
00:53:42souvent complotistes
00:53:43et tout au long
00:53:44du 19ème siècle
00:53:46et tout au long
00:53:46du 20ème siècle.
00:53:47Est-ce qu'il y a
00:53:47une forme de conjonction
00:53:48de ces courants
00:53:49dans les années 30
00:53:50évoqués dans le film ?
00:53:52Exactement,
00:53:53mais n'oublions pas
00:53:54que c'est quand même
00:53:55le pays
00:53:55qui s'est fondé
00:53:57sur la passion
00:53:58de la liberté
00:53:58tout en étant
00:54:00le pays du génocide
00:54:01des Indiens
00:54:01et de l'esclavage.
00:54:04Et ça,
00:54:04ce sont des fils
00:54:06qui se sont tirés
00:54:07si j'ose dire
00:54:08jusqu'aux années 30
00:54:09et bien au-delà
00:54:11jusqu'à aujourd'hui.
00:54:12On en parlera peut-être
00:54:13ensemble plus tard.
00:54:16Donc c'est vrai
00:54:17qu'on a vu
00:54:18dans ce documentaire
00:54:19des choses
00:54:20qui ont été
00:54:20très bien exprimées.
00:54:22Cet antisémitisme
00:54:23profond,
00:54:24le juif,
00:54:25la figure du juif
00:54:26coupable de tous
00:54:27les malheurs du monde
00:54:28qui revient à la surface
00:54:30très régulièrement
00:54:31au long
00:54:32de l'histoire.
00:54:35Et j'avais
00:54:35quelque chose
00:54:36que j'ai vraiment
00:54:37apprécié
00:54:37dans ce documentaire,
00:54:38c'est quand il est dit
00:54:40ce pays
00:54:41d'immigrants
00:54:42a toujours été
00:54:44aussi un pays
00:54:45avec un sentiment
00:54:45d'hostilité
00:54:47à l'immigration.
00:54:48Et ça,
00:54:49on le retrouve
00:54:49tout au long.
00:54:50L'immigrant,
00:54:52en gros,
00:54:52qui n'est pas
00:54:53un blanc anglo-saxon
00:54:54et qui vient mettre
00:54:55à mal
00:54:55la belle civilisation
00:54:56américaine
00:54:57tout en la construisant,
00:54:59tout en faisant
00:54:59tous les jobs
00:55:00dont personne ne veut
00:55:02pendant un temps.
00:55:04Et donc,
00:55:04c'est vrai que
00:55:04dans cette période
00:55:05extrêmement troublée
00:55:06des années 30
00:55:07qui se déroulent
00:55:10pendant la crise
00:55:11économique la plus grave
00:55:12qui traversait
00:55:13les Etats-Unis,
00:55:15le fascisme,
00:55:15le nazisme,
00:55:16le communisme aussi
00:55:17d'ailleurs,
00:55:18ont eu leur place.
00:55:19Est-ce qu'il y a
00:55:20tout de même,
00:55:20tout de même,
00:55:21matière à relativiser
00:55:22ce que nous voulons
00:55:23de voir ?
00:55:24Et le récit
00:55:25que nous avons pu
00:55:26entendre
00:55:27dans ce documentaire,
00:55:28est-ce que tout cela
00:55:29et ces mouvements
00:55:30ont eu une telle ampleur
00:55:31dans la société américaine
00:55:32ou est-ce qu'il convient
00:55:33tout de même
00:55:33de relativiser
00:55:34un tant soit peu
00:55:35les choses ?
00:55:35Alors effectivement,
00:55:36je suis d'accord
00:55:37avec Nicole Bacharan
00:55:37pour dire qu'on retrouve
00:55:39dans les années 30
00:55:40et c'est bien exprimé
00:55:41par le documentaire,
00:55:43ce moment d'hostilité
00:55:45à l'immigration,
00:55:47cette tentative
00:55:49de recentrement
00:55:50sur une Amérique blanche,
00:55:54une Amérique à l'époque
00:55:55protestante
00:55:57par opposition aux catholiques
00:55:59alors qu'aujourd'hui
00:56:01c'est davantage chrétienne.
00:56:04Mais dans le même temps,
00:56:05on ressort aussi
00:56:06de ce documentaire
00:56:07avec peut-être
00:56:08une impression
00:56:08en ayant vu
00:56:09toutes ces images
00:56:10qui sont impressionnantes,
00:56:13que les Etats-Unis
00:56:15sont sur le point
00:56:15de basculer
00:56:16et qu'il s'agit
00:56:16d'un mouvement
00:56:17presque majoritaire.
00:56:19Et effectivement,
00:56:19on peut tout de même
00:56:20relativiser,
00:56:21même si c'est un mouvement
00:56:23préoccupant
00:56:24et d'une ampleur importante.
00:56:25Et qui vient de loin,
00:56:27comme il y en a
00:56:27l'aura appelé
00:56:28Nicole Bachar.
00:56:29Il y a des racines
00:56:30qui sont là
00:56:31au XVIIIe siècle,
00:56:32qui sont là
00:56:32au XIXe siècle
00:56:33et qui viennent
00:56:34jusqu'à nos jours.
00:56:37Néanmoins.
00:56:38Mais on parle
00:56:39tout de même
00:56:39de quelques dizaines
00:56:41de milliers de personnes,
00:56:43au maximum
00:56:43quelques centaines
00:56:45de milliers.
00:56:45À l'époque,
00:56:46il y a à peu près
00:56:46120 millions
00:56:47d'habitants
00:56:47aux Etats-Unis.
00:56:48On entend aussi
00:56:51parler de la remise
00:56:52en cause
00:56:53de Franklin Roosevelt,
00:56:55du New Deal,
00:56:56etc.
00:56:57Je rappelle juste
00:56:58un chiffre.
00:57:00Franklin Roosevelt
00:57:00a été réélu
00:57:01président des Etats-Unis
00:57:03en 1936
00:57:04avec 60%
00:57:06des suffrages.
00:57:07Et face à lui,
00:57:08ce n'étaient pas
00:57:09les nazis,
00:57:10ce n'était pas
00:57:11le Bund,
00:57:12c'était un candidat
00:57:13républicain.
00:57:14Donc,
00:57:14à ce moment-là,
00:57:16cette mouvance
00:57:18fasciste-nazie
00:57:19est importante,
00:57:20mais n'est en aucun cas
00:57:22un fait majoritaire
00:57:24ou menace
00:57:25de renverser
00:57:26la démocratie
00:57:27aux Etats-Unis.
00:57:29Jean-Luc Brenard,
00:57:30par rapport
00:57:30à ce qui vient
00:57:31d'être dit là,
00:57:32pour recontextualiser
00:57:32le film que nous avons
00:57:33vu ensemble,
00:57:34il y a des choses
00:57:35à ajouter ?
00:57:35Oui, oui,
00:57:36je vois surtout
00:57:37un grand basculement
00:57:39au XXe siècle.
00:57:40Je ne renie pas
00:57:41tout ce qui a été dit,
00:57:42bien évidemment,
00:57:43sur les racines
00:57:44qui arrivent avant,
00:57:46mais en un événement
00:57:47très fort au XXe siècle,
00:57:49dès le départ,
00:57:506 septembre 1901,
00:57:51assassinat de McKinley.
00:57:53Pourquoi ?
00:57:53Parce qu'à ce moment-là,
00:57:55on va tomber
00:57:57dans la question
00:57:58de l'altérité.
00:57:59C'est un polonais,
00:58:01un ouvrier polonais
00:58:01qui va l'assassiner,
00:58:02donc on va chercher
00:58:03le pourquoi,
00:58:05c'est un anarchiste,
00:58:07ça aussi,
00:58:07c'est un autre isme
00:58:09qu'il faut rajouter,
00:58:10qui est très fort
00:58:11dans ce début
00:58:12du XXe siècle
00:58:12aux Etats-Unis.
00:58:13et le rejet
00:58:15de l'altérité
00:58:17va amener
00:58:17à ce rejet
00:58:18de l'immigration
00:58:18et du juif.
00:58:20On va arriver
00:58:21à faire ce mélange
00:58:23à partir
00:58:24de la Première Guerre mondiale,
00:58:26particulièrement
00:58:27vers 1016-1017.
00:58:30On a ces mouvements
00:58:31qui montent
00:58:31très fortement
00:58:32de rejet
00:58:34de l'autre
00:58:35avec des lois
00:58:37qui sont
00:58:37très liberticides,
00:58:40qui vont passer
00:58:40à ce moment-là
00:58:41aux Etats-Unis
00:58:42et qui vont
00:58:43dans l'imaginaire
00:58:44collectif
00:58:46accompagner
00:58:47ce mouvement
00:58:48de rejet
00:58:49qui va effectivement
00:58:50s'insérer
00:58:51très fortement
00:58:51et marquer
00:58:53ce que va être
00:58:54l'Amérique,
00:58:56notamment
00:58:57vis-à-vis
00:58:58comme ça a été vu
00:58:59dans le film
00:59:00avec
00:59:01ce rejet
00:59:03de l'immigration
00:59:03et cette monsté
00:59:04de nazisme
00:59:05qui est un mélange
00:59:07un peu
00:59:07diffus.
00:59:09Je dirais
00:59:09qu'il y a une matrice
00:59:10qui se retrouve
00:59:11à la fois
00:59:12au début
00:59:13du XXe siècle
00:59:14dans les années 30
00:59:16après la guerre.
00:59:17Quelle est-elle
00:59:17cette matrice alors ?
00:59:19C'est le triptyque,
00:59:20c'est peur,
00:59:21déclassement
00:59:21et soupçon.
00:59:23C'est la peur
00:59:25de l'économie
00:59:26qui s'effondre,
00:59:27c'est le déclassement
00:59:29réel
00:59:29ou supposé,
00:59:31c'est le soupçon
00:59:32du pouvoir
00:59:33de l'Etat
00:59:34et de ce qu'il fait
00:59:35sur nous-mêmes
00:59:37aux Etats-Unis
00:59:38et donc évidemment
00:59:40c'est le rejet
00:59:41à la fin
00:59:41avec la recherche
00:59:42d'un bouc émissaire
00:59:43qui soit juif,
00:59:44soit migrant,
00:59:45soit aujourd'hui
00:59:46avec l'islam
00:59:48qui va amener
00:59:49une certaine partie
00:59:52des Etats-Unis
00:59:53à se recroqueviller
00:59:54et à se chercher
00:59:55une voie différente
00:59:59que celle
01:00:00qui est proposée
01:00:00par le bien commun
01:00:02et le vivre ensemble.
01:00:03On se demandera peut-être
01:00:04s'il y a eu
01:00:05d'autres périodes
01:00:06après cette seconde guerre mondiale
01:00:07où il y a eu des tentatives,
01:00:09des tentations
01:00:10de mettre à mal
01:00:11cette démocratie américaine
01:00:12mais on retiendra surtout
01:00:13le titre de ce film
01:00:14« America First ».
01:00:16Eh oui.
01:00:17« America First »,
01:00:18c'était le slogan
01:00:19durant la première campagne
01:00:21de Donald Trump
01:00:22pour la Maison Blanche,
01:00:23c'était en 2016.
01:00:25Autrement dit,
01:00:25question toute bête,
01:00:26toute simple,
01:00:27peut-être naïve,
01:00:28mais Donald Trump
01:00:29est-il un héritier
01:00:30de ces courants
01:00:33que nous avons évoqués
01:00:34à l'instant ?
01:00:35Oui et non.
01:00:36Alors la partie non
01:00:37pour faire simple,
01:00:39ce n'est pas quelqu'un
01:00:40qui porte une idéologie.
01:00:42Il ne s'est pas plongé
01:00:44dans des livres
01:00:44de philosophie politique,
01:00:48il ne s'est surtout pas plongé
01:00:51dans des livres d'histoire.
01:00:53Mais peut-être que d'autres
01:00:54l'ont fait à sa place.
01:00:55Alors aujourd'hui,
01:00:56on peut dire que d'autres
01:00:57l'ont fait à sa place.
01:00:58Même pour son premier mandat
01:00:59en 2016
01:01:00avec ce slogan
01:01:01« America First »,
01:01:02il n'était pas prêt
01:01:03à cette scène politique américaine,
01:01:05en tout cas présidentielle.
01:01:08Et c'est vrai que,
01:01:09bon,
01:01:09c'est un homme d'affaires,
01:01:11sa première valeur,
01:01:11c'est l'argent
01:01:12et le pouvoir.
01:01:14La popularité,
01:01:15également.
01:01:17Mais,
01:01:17pardon,
01:01:19mais en même temps,
01:01:23vous évoquiez
01:01:24d'autres périodes
01:01:25après la guerre
01:01:26qui peuvent se ramener
01:01:29à notre sujet d'aujourd'hui.
01:01:31Il y a le maccartisme
01:01:32des années 50
01:01:33et on sait
01:01:35que le conseil juridique
01:01:37de Joe McCarthy,
01:01:39donc le sénateur
01:01:40qui menait la chasse
01:01:41aux sorcières
01:01:41contre les homosexuels,
01:01:43contre les communistes,
01:01:44son conseil juridique
01:01:45était ce fameux avocat,
01:01:47Roy Kohn,
01:01:48qui était un type
01:01:48absolument terrifiant
01:01:50dans les prétoires
01:01:51et qui a été
01:01:52l'avocat personnel
01:01:53de Donald Trump
01:01:54et qui lui a enseigné
01:01:55toutes ces méthodes
01:01:56de combat
01:01:57à la fois très brutales
01:01:58et très mafieuses.
01:02:00Mais sur le slogan même
01:02:02« America first »,
01:02:04on l'a vu,
01:02:04repris par exemple
01:02:05par Lindbergh
01:02:07qui était un futur candidat
01:02:08à la présidentielle américaine
01:02:10et que Donald Trump
01:02:12a repris,
01:02:13c'est un slogan
01:02:14en soi complètement absurde.
01:02:16Il n'y a pas un élu
01:02:17qui ne mette pas son pays
01:02:18en premier.
01:02:19Personne ne veut être
01:02:21élu président français
01:02:22et président américain
01:02:23en disant
01:02:24« Je vais d'abord
01:02:25m'occuper du reste du monde
01:02:26pour qu'il aille bien
01:02:27et puis je m'occuperai
01:02:27de vous, les citoyens,
01:02:29plus tard. »
01:02:29Évidemment,
01:02:30le pays est toujours en premier.
01:02:31Mais c'est une déclaration
01:02:32d'hostilité.
01:02:34Vous évoquiez
01:02:35le maccartisme,
01:02:37ça c'était la chasse
01:02:38à l'ennemi intérieur.
01:02:39Ça c'est peut-être
01:02:39une thématique
01:02:40qu'on retrouve aujourd'hui.
01:02:42Par exemple,
01:02:42si on fait référence
01:02:43à cette période,
01:02:44c'est la première partie
01:02:45des années 50.
01:02:47Voilà,
01:02:47le maccartisme.
01:02:48Oui,
01:02:48c'est quelque chose
01:02:49qu'on retrouve aujourd'hui
01:02:50et là encore,
01:02:51j'ai envie de dire
01:02:52oui et non,
01:02:54c'est-à-dire qu'on retrouve
01:02:55certains traits
01:02:56de manière quasi identique
01:02:59et d'autres
01:03:00de manière différente.
01:03:01C'est-à-dire que le maccartisme,
01:03:03c'est la chasse,
01:03:04si on résume,
01:03:06aux communistes,
01:03:08mais ça cible
01:03:09une partie
01:03:11de la population
01:03:12de manière très précise.
01:03:14Si on compare
01:03:15à ce qui se passe aujourd'hui,
01:03:16l'assaut est beaucoup plus large,
01:03:18on pourra y revenir après.
01:03:20Donc,
01:03:21les paramètres
01:03:22ne sont pas les mêmes
01:03:23quand on regarde
01:03:24le maccartisme
01:03:25et quand on regarde
01:03:26ce qui se passe aujourd'hui.
01:03:28En revanche,
01:03:29en termes de dynamique,
01:03:31on constate bien
01:03:32un point commun indéniable,
01:03:34c'est la chasse
01:03:35aux opposants.
01:03:37Avec Donald Trump
01:03:38aujourd'hui
01:03:38qui s'en prend
01:03:39à des élus,
01:03:42à des présentateurs
01:03:44d'émissions télévisées,
01:03:46à des gens
01:03:46qui portent
01:03:47une parole contradictoire.
01:03:49Et c'est le pouvoir
01:03:50de l'État
01:03:50contre des individus
01:03:52et des opposants
01:03:53de la même manière
01:03:54qu'on voyait ça
01:03:55au cours des années 50.
01:03:57Il y a eu le maccartisme,
01:03:58mais dans les années 80,
01:04:00il y a une résurgence
01:04:01d'un courant conservateur
01:04:02aussi qui peut s'inspirer
01:04:03en partie,
01:04:04peut-être,
01:04:05de ce qu'on a vu
01:04:06dans ce documentaire.
01:04:07C'est Reagan,
01:04:08c'est le mec
01:04:09américain,
01:04:10great again,
01:04:10ça c'était son slogan
01:04:11à Reagan.
01:04:13c'est peut-être aussi
01:04:14l'après 11 septembre 2001
01:04:17et Bush Junior
01:04:19qui ont aussi
01:04:21incarné une forme
01:04:22de conservatisme
01:04:23forme
01:04:23dans des contextes
01:04:24tout à fait différents
01:04:25de celui qu'on a vu
01:04:25dans le documentaire,
01:04:26non ?
01:04:27Ah bon,
01:04:27je ne crois pas du tout
01:04:28que Trump soit
01:04:29dans le conservatisme
01:04:30et là,
01:04:31j'ai une divergence,
01:04:31je crois qu'il est
01:04:32dans l'idéologie totale
01:04:33aujourd'hui.
01:04:34Il est sous la coupe
01:04:35de Miller,
01:04:36il est sous la coupe
01:04:36de Bannon,
01:04:38il est sous la coupe
01:04:38de tous ces idéologues.
01:04:41Là,
01:04:41pour le coup,
01:04:41on est réellement
01:04:42dans la tentative
01:04:44de scier les branches
01:04:46de l'État,
01:04:47d'essayer
01:04:47d'allonger
01:04:49le plus possible,
01:04:50d'élargir
01:04:51le pouvoir exécutif.
01:04:53On voit par exemple,
01:04:53on sort d'un shutdown,
01:04:55la volonté
01:04:56de Donald Trump
01:04:57dans ce shutdown,
01:04:58c'est que
01:04:59on bloque le budget,
01:05:01il n'y a pas de budget
01:05:02pour la rupture budgétaire,
01:05:04c'est un blocage
01:05:05au Congrès
01:05:06et dans ce blocage
01:05:07budgétaire,
01:05:08la volonté de Trump,
01:05:09et il le répétait
01:05:10matin,
01:05:10midi et soir,
01:05:12c'était de faire tomber
01:05:13le filibuster
01:05:13qui est une méthode
01:05:16parlementaire
01:05:19de s'opposer
01:05:20pour qu'on ne puisse pas
01:05:22amener un texte
01:05:23jusqu'au vote
01:05:24et qu'est-ce que ça voulait dire ?
01:05:26Ça voulait dire
01:05:27qu'à ce moment-là,
01:05:27il aurait pu faire passer
01:05:28toutes les lois
01:05:29qu'il voulait
01:05:29puisqu'il a la majorité
01:05:31au Congrès
01:05:31et le filibuster
01:05:33permet justement
01:05:34d'avoir du débat
01:05:35au Congrès.
01:05:36C'est très important.
01:05:39On voit que
01:05:39la façon de repeindre
01:05:42le Pentagone
01:05:43d'abord
01:05:43en ministère
01:05:45de la guerre,
01:05:46ce qui n'est pas fait
01:05:47dans les faits
01:05:47puisque le Congrès
01:05:48ne l'a pas
01:05:49avalisé,
01:05:50mais en tout cas,
01:05:51c'est dans les mots,
01:05:52c'est important
01:05:54la façon
01:05:54dont il est en train
01:05:55de faire une purge
01:05:56au sommet
01:05:56de ce Pentagone,
01:05:58une purge également
01:05:59dans l'administration
01:06:00en mettant
01:06:01des loyaux
01:06:02et le terme loyal
01:06:04est très important.
01:06:05Il va nous ramener
01:06:05au film,
01:06:06souvenons-nous,
01:06:07du L rouge
01:06:08qui correspondait
01:06:10à ces bones
01:06:10justement
01:06:11et qui était
01:06:12là aussi
01:06:13une façon
01:06:14de se distinguer
01:06:15les nazis
01:06:17ou pro-nazis
01:06:19américains
01:06:20à cette époque-là
01:06:21avec ce signe
01:06:22distinctif
01:06:23d'un L loyal
01:06:24qui est repris
01:06:25par Donald Trump
01:06:26dont je crois
01:06:27qu'effectivement
01:06:28on a une continuité
01:06:29avec cet America first
01:06:31qui est de l'isolationnisme
01:06:33qui veut dire
01:06:34encore une fois
01:06:34je reviens sur la matrice
01:06:35dont je parlais
01:06:36tout à l'heure
01:06:37les peurs
01:06:38la peur des gens
01:06:39le déclassement
01:06:40et on joue
01:06:40sur ces peurs-là
01:06:41pour essayer
01:06:42d'asseoir un pouvoir
01:06:44en faisant
01:06:45de la chair à canon
01:06:46de tous ces adeptes
01:06:48qui en réalité
01:06:49ne comprennent pas
01:06:50où on les amène
01:06:51qui est dans
01:06:52une dérive
01:06:53je crois
01:06:54très très grande
01:06:54pour essayer
01:06:55de faire tomber
01:06:56la démocratie américaine.
01:06:58Je trouve
01:06:58les traces
01:06:58et vous le connaissez
01:06:59sans doute
01:07:00d'un rapport
01:07:01il est très récent
01:07:02c'est octobre dernier
01:07:03il est issu
01:07:04de Study State
01:07:05c'est une organisation
01:07:06non-partisane
01:07:07qui est constituée
01:07:08d'anciens membres
01:07:08du renseignement américain
01:07:10ce rapport
01:07:10dit ceci
01:07:11il affirme
01:07:12que les Etats-Unis
01:07:13je cite
01:07:14glissent
01:07:14vers un autoritarisme
01:07:16compétitif
01:07:17un système
01:07:18dans lequel
01:07:18les élections
01:07:19les tribunaux
01:07:20et les autres
01:07:20institutions démocratiques
01:07:21existent toujours
01:07:22mais sont manipulées
01:07:24pour renforcer
01:07:25le contrôle
01:07:26de l'exécutif
01:07:28vous êtes d'accord
01:07:29avec la conclusion
01:07:30de ce rapport
01:07:30qui semble tout de même
01:07:32à la fois indépendant
01:07:34oui et puis
01:07:35qui est fondé
01:07:36il dépeint assez bien
01:07:37sur la dérive
01:07:38auxquelles on assiste
01:07:40aujourd'hui
01:07:40après ces premiers mois
01:07:41de mandat Trump
01:07:43on en est à presque
01:07:45un an
01:07:45d'exercice du mandat
01:07:47et le projet autoritaire
01:07:48il est évident
01:07:49et c'est vrai
01:07:50que si vous prenez
01:07:51la Hongrie par exemple
01:07:52et bien c'est un pays
01:07:53où il y a des élections
01:07:54où dans les kiosques
01:07:55à journaux
01:07:56vous avez plein de journaux
01:07:57où les partis politiques
01:07:58existent
01:07:59mais au final
01:07:59c'est une apparence
01:08:02alors
01:08:03la messe n'est pas dite
01:08:05comme on dit
01:08:05la Hongrie
01:08:06peut encore se transformer
01:08:07mais les institutions démocratiques
01:08:10deviennent comme
01:08:11des coquilles vides
01:08:12c'est un jeu d'apparence
01:08:14et je crois que c'est important
01:08:15de souligner le contraste
01:08:18entre Trump 1
01:08:20et Trump 2
01:08:21parce qu'effectivement
01:08:22Trump 1
01:08:23n'était pas un idéologue
01:08:25c'est pas quelqu'un
01:08:26qui était prêt au pouvoir
01:08:27et qui était entouré
01:08:28en partie de gens
01:08:30les fameux adultes
01:08:31dans la pièce
01:08:32qui régulièrement
01:08:33venaient lui dire
01:08:34ah monsieur le président
01:08:35ceci n'est pas légal
01:08:36vous ne pouvez pas faire cela
01:08:37alors que Trump 2
01:08:38si lui-même
01:08:40n'est pas un idéologue construit
01:08:41il est entouré d'idéologues
01:08:43et qu'ils ont taillé
01:08:44un projet sur mesure
01:08:45parce que le projet
01:08:46personnel de Trump
01:08:47c'est
01:08:48je suis président
01:08:49des Etats-Unis
01:08:50et je veux faire
01:08:51ce que je veux
01:08:51sans qu'on m'embête
01:08:53il a même dit
01:08:54des choses
01:08:55inimaginables
01:08:57comme
01:08:57je ne sais pas
01:08:58si je dois respecter
01:08:59la constitution
01:09:00voilà
01:09:01on en est là
01:09:02donc il y a
01:09:03un vrai projet
01:09:04cette fois-ci
01:09:04construit
01:09:05de pouvoir présidentiel
01:09:08autoritaire
01:09:09il y a toute une thèse
01:09:10juridique
01:09:11mise
01:09:12comment dire
01:09:14taillée pour Donald Trump
01:09:16qui s'appelle
01:09:16l'exécutif unifié
01:09:18où il est dit
01:09:20puisque le président
01:09:21a reçu
01:09:22l'aval de citoyens
01:09:24le vote populaire
01:09:25il doit contrôler
01:09:26tout l'appareil d'Etat
01:09:27et effectivement
01:09:29purge au Pentagone
01:09:30purge dans l'administration
01:09:31purge inimaginable
01:09:33au ministère
01:09:34de la justice
01:09:35attaque
01:09:36de tous ses opposants
01:09:37y compris
01:09:38de règlements de compte
01:09:39qui remontent
01:09:40à des années
01:09:41de tous les procureurs
01:09:43avocats
01:09:43etc
01:09:44qui ont pu le poursuivre
01:09:45dans diverses affaires
01:09:47donc il y a
01:09:48un vrai danger
01:09:49il y a une vraie lutte
01:09:52dans tous les Etats-Unis
01:09:53puisque c'est un pays
01:09:54fédéral
01:09:55entre ce soutien
01:09:57à une dérive autoritaire
01:09:58et l'opposition
01:09:59à une dérive autoritaire
01:10:00dérive autoritaire
01:10:01c'est souvent illustré
01:10:02par une attaque
01:10:03sur un certain nombre
01:10:04de contre-pouvoir
01:10:04vous avez évoqué
01:10:05quelques exemples
01:10:06on pense aux médias
01:10:08on pense aux médias
01:10:09on pense à la justice
01:10:10de ce pays par exemple
01:10:11on pense aux médias
01:10:12on pense à la justice
01:10:13je pense aussi
01:10:14au contre-pouvoir intérieur
01:10:15c'est un des exemples
01:10:17alors il y en a une multitude
01:10:18mais une des premières choses
01:10:19qu'a fait Donald Trump
01:10:20lorsqu'il est revenu au pouvoir
01:10:22c'est qu'il s'est débarrassé
01:10:23de tous les inspecteurs généraux
01:10:24au sein des ministères
01:10:25des gens qui sont
01:10:26des contre-pouvoirs
01:10:28internes à l'administration
01:10:29c'est un exemple anecdotique
01:10:31peut-être
01:10:31mais qui est très révélateur
01:10:33on met sous cloche
01:10:36l'opposition interne
01:10:37et on éradique
01:10:39tous les contre-pouvoirs
01:10:41potentiels
01:10:41autant qu'on le peut
01:10:42on repousse aussi
01:10:44les limites
01:10:44du pouvoir judiciaire
01:10:46c'est-à-dire
01:10:46qu'on ignore
01:10:48ou qu'on fait semblant
01:10:49de ne pas comprendre
01:10:50quelle est la portée
01:10:51de tel amendement
01:10:52à la constitution
01:10:53de tel article
01:10:53de la constitution
01:10:54pour ensuite
01:10:56faire statuer
01:10:58le pouvoir judiciaire
01:10:59qui parfois
01:10:59tiendra bon
01:11:00et parfois reculera
01:11:01des entraves
01:11:04à la liberté d'expression
01:11:06je trouve ça
01:11:07assez intéressant
01:11:08dans le contexte
01:11:10la sacro-sainte
01:11:11liberté d'expression
01:11:11avec le mouvement
01:11:14MAGA
01:11:14et les républicains
01:11:16qui depuis des années
01:11:16se plaignent
01:11:18d'être la cible
01:11:19d'atteinte
01:11:20à leur
01:11:21liberté d'expression
01:11:22et qui au lendemain
01:11:23de l'assassinat
01:11:24de Charlie Kirk
01:11:25souhaite restreindre
01:11:27la liberté d'expression
01:11:29des gens
01:11:29qui ne sont pas
01:11:30d'accord avec eux
01:11:31on s'attaque
01:11:32à la liberté d'expression
01:11:33qui est un pilier
01:11:34de la démocratie
01:11:35si les opposants
01:11:37ne peuvent pas
01:11:37s'exprimer
01:11:38où est la démocratie
01:11:40on s'attaque aussi
01:11:41au droit de vote
01:11:42depuis des décennies
01:11:43il y a
01:11:44des atteintes répétées
01:11:46avec différentes stratégies
01:11:47mises en oeuvre
01:11:48avec des suppressions
01:11:49de bureaux de vote
01:11:50avec du redécoupage
01:11:52électoral
01:11:52etc
01:11:53dans la perspective
01:11:55des élections
01:11:57de mi-mandat
01:11:58on se pose
01:11:59la question
01:11:59potentielle
01:12:00d'intimidation physique
01:12:02et des opposants
01:12:03on va y revenir
01:12:04parce qu'effectivement
01:12:05il y aura
01:12:05ces fameuses échéances
01:12:06qui peuvent
01:12:06changer la donne
01:12:08sur le plan politique
01:12:09intérieur
01:12:10aux Etats-Unis
01:12:12il y a l'Etat fédéral
01:12:13il y a tout ce qu'on a dit
01:12:14autour de l'Etat fédéral
01:12:15des organisations fédérales
01:12:17des administrations
01:12:18et puis il y a les Etats
01:12:19est-ce que
01:12:20le contre-pouvoir
01:12:21que pourraient exercer
01:12:23les Etats
01:12:23d'une certaine manière
01:12:25contre l'Etat fédéral
01:12:27existe aujourd'hui
01:12:29et il prend quelle forme
01:12:30aux Etats-Unis ?
01:12:31Et heureusement
01:12:31qu'il existe
01:12:32c'est bien
01:12:33le mur
01:12:35qui empêche
01:12:36Donald Trump
01:12:37d'assouvir
01:12:39tous ses désirs
01:12:40c'est parce que
01:12:41les Etats-Unis
01:12:42excusez-moi
01:12:42c'est parce que
01:12:43les Etats-Unis
01:12:43sont une fédération
01:12:44que les Etats
01:12:46peuvent exercer
01:12:47des pouvoirs
01:12:47qui leur sont
01:12:48garantis par la Constitution
01:12:50tout ce qui n'est pas
01:12:51délégué strictement
01:12:52à l'Etat fédéral
01:12:53reste aux Etats
01:12:54et c'est ça
01:12:56qui va être
01:12:56la base du contre-pouvoir
01:12:58et que Donald Trump
01:12:59n'arrive pas
01:13:00à franchir
01:13:01alors bien sûr
01:13:01il peut toujours le faire
01:13:02dans les Etats
01:13:03qui lui sont acquis
01:13:03en tout cas
01:13:04qui sont acquis
01:13:05à sa couleur politique
01:13:06les fameux Etats magas
01:13:07les Etats rouges
01:13:08qui dans l'ensemble
01:13:10le suivent à peu près bien
01:13:12pas tous non plus
01:13:12puisque les gouverneurs
01:13:15ont quand même
01:13:16des prérogatives
01:13:16ils sont jaloux
01:13:17de garder leurs prérogatives
01:13:18mais dans les Etats
01:13:19dits bleus
01:13:19c'est-à-dire démocrates
01:13:20les gouverneurs
01:13:23pour le coup
01:13:23gardent leur pouvoir
01:13:25et les exercent
01:13:26ça donne
01:13:27par exemple
01:13:28celui qui a été
01:13:29le plus connu
01:13:29il envoie
01:13:30la garde nationale
01:13:31en Californie
01:13:32et bien
01:13:32le gouverneur
01:13:34Gavin Newsom
01:13:34la met devant
01:13:36les tribunaux
01:13:36il gagne un coup
01:13:38il perd un autre coup
01:13:39mais en réalité
01:13:40il empêche
01:13:41Donald Trump
01:13:42d'aller jusqu'au bout
01:13:43de ce qu'il veut faire
01:13:43et la redondance
01:13:46c'est que
01:13:47que ce soit
01:13:48à Seattle
01:13:48ou à Chicago
01:13:49et bien
01:13:49il ne peut pas aller
01:13:50au bout
01:13:51de la faire
01:13:53comme il le voulait
01:13:53c'est-à-dire
01:13:54mettre une police
01:13:55qui lui est directement
01:13:56acquise
01:13:57au pouvoir fédéral
01:13:58pour faire la police
01:14:00dans les Etats
01:14:01c'est-à-dire
01:14:01qu'il peut laisser
01:14:02l'image d'une police
01:14:03sur place
01:14:04mais qui n'est là
01:14:05que pour faire joli
01:14:06c'est du décorum
01:14:07elle ne peut pas faire
01:14:08de matière de l'ordre
01:14:08elle ne peut pas
01:14:09arrêter les gens
01:14:10et tout ça
01:14:11c'est défini
01:14:13par la justice
01:14:14le deuxième pouvoir
01:14:15ça a été dit
01:14:16c'est la justice
01:14:17quand même
01:14:18et même si
01:14:19alors j'étais entièrement
01:14:21d'accord
01:14:21elle finit par céder
01:14:22à certains égards
01:14:25on pense surtout
01:14:26à la cour suprême
01:14:27qui est désormais
01:14:28très conservatrice
01:14:29et surtout
01:14:30qui a une lecture
01:14:32originaliste
01:14:33de la constitution
01:14:34on ne va pas rentrer
01:14:35dans les détails
01:14:36mais ça fait que
01:14:36c'est plus proche
01:14:37de Donald Trump
01:14:38on va le dire ainsi
01:14:39elle est là aussi
01:14:41pour l'arrêter
01:14:42et par exemple
01:14:43deux exemples très forts
01:14:44il y en a un
01:14:45elle va donner sa solution
01:14:46en janvier
01:14:47c'est les fameux
01:14:48droits de douane
01:14:49elle est en train
01:14:50de dire
01:14:51que les pouvoirs d'urgence
01:14:52qu'a fait jouer
01:14:53Donald Trump
01:14:53ils n'existent pas
01:14:54dans la constitution
01:14:55et donc
01:14:56elle risque de détruire
01:14:57complètement
01:14:58tout
01:14:58l'édifice
01:14:59Donald Trump
01:15:00en déclarant
01:15:01que ses droits de douane
01:15:02ne sont pas légaux
01:15:03ce qui obligerait
01:15:04à Donald Trump
01:15:05à rembourser
01:15:05des sommes incroyables
01:15:07et surtout
01:15:07à faire écrouler
01:15:08le trumpisme
01:15:09deuxième exemple
01:15:11et j'en termine là
01:15:12la citoyenneté
01:15:13Donald Trump
01:15:14veut qu'on enlève
01:15:15la citoyenneté
01:15:16de seul
01:15:17c'est-à-dire
01:15:17que n'importe qui
01:15:18étranger
01:15:19qui est né aux Etats-Unis
01:15:20est américain
01:15:21mais la constitution
01:15:22prévoit que
01:15:23c'est comme ça
01:15:24et pas autrement
01:15:25et là
01:15:25les juges de la Cour suprême
01:15:26ne pourront pas dire
01:15:27autre chose
01:15:27que lire la constitution
01:15:29on vous sent
01:15:30un tout petit peu
01:15:31plus
01:15:32optimiste
01:15:34peut-être
01:15:34à travers vos propos
01:15:35que ce qu'on a écouté
01:15:36jusqu'à maintenant
01:15:37il va y avoir
01:15:38les midtermes
01:15:39c'est ça
01:15:39évidemment
01:15:40ça sera en novembre
01:15:422026
01:15:42on renouvelle
01:15:43la chambre des représentants
01:15:45en totalité
01:15:46ça se fait tous les deux ans
01:15:47et puis un tiers du Sénat
01:15:48tous les deux ans
01:15:49donc un tiers du Sénat
01:15:50va être renouvelé
01:15:50bon pour l'instant
01:15:52les républicains
01:15:52ont la majorité
01:15:53à la fois la chambre des représentants
01:15:54au Sénat
01:15:55ça s'est serré
01:15:56c'est extrêmement serré
01:15:57donc autrement dit
01:15:58ça peut basculer
01:15:59est-ce que ça pourrait
01:16:01radicalement
01:16:02changer la donne
01:16:03qu'on a connue
01:16:04en ce début
01:16:04de mandat
01:16:05de Donald Trump
01:16:06si
01:16:07les démocrates
01:16:09en portaient
01:16:09au moins l'une des deux chambres
01:16:11il reste à savoir
01:16:12dans quelles conditions
01:16:13vont se dérouler
01:16:14ces élections
01:16:15Ludivine parlait
01:16:16très justement
01:16:17des attaques
01:16:17contre le droit de vote
01:16:19alors c'est
01:16:20c'est compliqué
01:16:21de voter dans 50 états
01:16:22et dans je ne sais
01:16:23combien de comtés
01:16:24donc il y a des règles
01:16:25locales
01:16:26tant et plus
01:16:27mais on peut compliquer
01:16:29l'avis des gens
01:16:29qui doivent voter
01:16:30un jour de semaine
01:16:31un jour de travail
01:16:32compliquer
01:16:34les modes d'accès
01:16:36aux urnes
01:16:37par correspondance
01:16:39ou pas
01:16:39en avance
01:16:40ou pas
01:16:41etc
01:16:41on est dans
01:16:43nombre d'états conservateurs
01:16:44en essayant de rendre
01:16:45la vie plus compliquée
01:16:46aux minorités
01:16:48dont on pense
01:16:48qu'elles voteront
01:16:49davantage démocrate
01:16:51donc déjà
01:16:51il y a la question
01:16:52du droit de vote
01:16:53et ensuite
01:16:54il y a la question
01:16:55de l'acceptation
01:16:56du résultat
01:16:57Donald Trump
01:16:58continue de faire campagne
01:16:59et de poursuivre
01:17:01sa vengeance
01:17:01sur le fait
01:17:03qu'il aurait gagné
01:17:03l'élection de 2020
01:17:05et là
01:17:06de toute façon
01:17:07le résultat
01:17:08il sera serré
01:17:08en 2026
01:17:09on n'aura pas
01:17:10un raz-de-marée
01:17:10les circonstances
01:17:12font que ça
01:17:12n'est pas possible
01:17:13est-ce que
01:17:14pour certains sièges clés
01:17:16il ne va pas
01:17:17y avoir
01:17:18des contestations
01:17:20devant les tribunaux
01:17:22ou pire
01:17:23pour que cette majorité
01:17:25dont Donald Trump
01:17:25a besoin
01:17:26lui reste acquise
01:17:28donc évidemment
01:17:29si la majorité
01:17:31dans les chambres
01:17:31changeait
01:17:32Donald Trump
01:17:33serait en difficulté
01:17:35mais il faut attendre
01:17:36de voir
01:17:36d'abord
01:17:37quel sera
01:17:38le résultat réel
01:17:39des élections
01:17:39et s'il sera accepté
01:17:41c'est le trucage
01:17:43de ces élections
01:17:43qui est à crainte
01:17:45si j'ai bien compris
01:17:45nous en sommes là
01:17:49aujourd'hui
01:17:49aux Etats-Unis
01:17:50il y a un vrai risque
01:17:51de voir ces élections
01:17:52truquées
01:17:52et contester
01:17:53si elles sont défavorables
01:17:54au pouvoir en place
01:17:55il y a un vrai risque
01:17:56d'entrave
01:17:57à l'exercice
01:17:58du vote
01:17:59d'une part
01:18:00et à la contestation
01:18:01potentielle
01:18:02des résultats
01:18:03après
01:18:04il y a un élément
01:18:05qui me
01:18:06donne peut-être
01:18:07un soupçon
01:18:08d'optimisme
01:18:09pour la démocratie
01:18:10c'est un peu
01:18:11ce qu'on a vu
01:18:11lors des élections
01:18:12qui ont eu lieu
01:18:13la semaine dernière
01:18:14c'est qu'en fait
01:18:15selon comment
01:18:16la situation économique
01:18:17évolue aux Etats-Unis
01:18:18et elle ne semble pas
01:18:19évoluer
01:18:20de manière favorable
01:18:21à Donald Trump
01:18:22le risque pour lui
01:18:24c'est la combinaison
01:18:26de deux choses
01:18:26une surmobilisation
01:18:28des démocrates
01:18:29que l'on voit déjà
01:18:30se produire
01:18:30parce qu'ils sont
01:18:31fous furieux
01:18:32combinée surtout
01:18:33à une démobilisation
01:18:35de son électorat
01:18:36et il y a un moment
01:18:37où le seul moyen
01:18:39pour lui
01:18:39de remporter
01:18:40des élections
01:18:41serait
01:18:42de les truquer
01:18:43ou de manipuler
01:18:44les résultats
01:18:44parce qu'on ne peut pas
01:18:46inventer des votes
01:18:47qui n'ont pas
01:18:48été émis
01:18:51et donc
01:18:52le risque pour lui
01:18:53c'est que son électorat
01:18:54se démobilise
01:18:55en parallèle
01:18:57à une surmobilisation
01:18:58des démocrates
01:18:59qui le mettrait
01:18:59en difficulté
01:19:00avec potentiellement
01:19:02une perte
01:19:03de la chambre
01:19:04des représentants
01:19:04pour le Sénat
01:19:05c'est beaucoup plus compliqué
01:19:06Merci beaucoup
01:19:08à tous les trois
01:19:09Jean-Éric Branach
01:19:10je suis vraiment désolé
01:19:10c'est terminé
01:19:12on aurait évidemment
01:19:13souhaité passer
01:19:14beaucoup plus de temps
01:19:14avec vous trois
01:19:15pour nous parler
01:19:16des tentations
01:19:17de mise à mal
01:19:18de cette démocratie américaine
01:19:20et ça a été le cas
01:19:21dans les années 30
01:19:22c'est ce que aussi
01:19:23ce que nous a rappelé
01:19:23le documentaire
01:19:24que nous avons regardé
01:19:25ensemble
01:19:25merci aussi
01:19:26à Félicité Gavalda
01:19:28Thibaut Brossé et Kelle
01:19:30qui comme à l'accoutumée
01:19:31m'ont aidé
01:19:31à préparer cette émission
01:19:32vos réactions
01:19:33hashtag
01:19:33débatdoc
01:19:34c'est la bonne adresse
01:19:35nos invités seront là
01:19:36pour réagir
01:19:37à ce que seront
01:19:38ces réactions
01:19:39c'est promis
01:19:39prochain rendez-vous
01:19:41avec débatdoc
01:19:41ça sera à la même place
01:19:42la même heure
01:19:43et toujours toujours
01:19:43avec son documentaire
01:19:45et son débat
01:19:46à très bientôt
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