Le 20 novembre 1945 à Nuremberg, vingt anciens dirigeants nazis prennent place dans le box des accusés. Ils font face aux juges, mais également aux caméras. Car si Nuremberg est le procès des nazis, c’est aussi un procès cinématographique : des caméras enregistrent 218 jours d’audience et une trentaine d’heures de film ont été conservées.
Pour les Américains, ces images doivent démontrer la supériorité d’une justice démocratique et transparente. Pour les Soviétiques, elles doivent affirmer l’autorité de l’URSS et l’ascendant de leurs juristes dans l’arène judiciaire.
Au-delà de l’enregistrement, l’image devient aussi un outil pour l’accusation. Un grand écran, installé pour l’occasion dans la salle d’audience, projette tout au long des débats des schémas, des photographies et des films sur l’organisation nazie et ses crimes. La sidération est immédiate, et ces projections sapent les lignes de défense des accusés.
Pour comprendre le rôle des images à Nuremberg, « Le Monde » avons rencontré l’historienne Sylvie Lindeperg. Elle a visionné l’ensemble des archives filmées connues du procès et consulté des milliers de documents écrits. Elle est l’auteure de Nuremberg, la bataille des images (Éditions Payot, 2021).
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