Narcotrafic : «Si on en vient à utiliser des mineurs, c'est parce qu'en fait, les mineurs ne risquent rien» regrette Xavier Melki

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00:00Europe 1 soir week-end, 19h, 21h, Stéphanie Demureux.

00:04Toujours en compagnie de Véronique Jacquier et Sébastien Ligné.

00:08Xavier Melchi, le maire de Franconville, nous accompagne depuis tout à l'heure.

00:12Je vous invite à rester quelques minutes parce qu'en tant que maire,

00:15vous êtes confronté aussi à d'autres sujets, notamment de sécurité.

00:19Vous allez beaucoup en parler, j'imagine, à partir de mardi lors du congrès des maires

00:24et notamment ces narcotraffics.

00:26On en parlait tout à l'heure au sujet des délogements sociaux.

00:30Tout se mêle, tous les sujets se mêlent.

00:32En tout cas, dans l'actualité aujourd'hui, ce qui s'apparente à un règlement de compte

00:37sur fond de narcotrafic à Grenoble.

00:39Mais je vous le disais, ce qui attire l'attention, c'est l'âge de la personne ciblée 12 ans.

00:45Un adolescent de 12 ans, mineur isolé, d'origine algérienne,

00:50mais il est récemment à du trafic de stupéfiants.

00:52Il est actuellement dans le coma.

00:54Il a été touché dans la nuit par 3 balles près d'un point de vente de drogue.

00:58Son pronostic vital est engagé.

01:01C'est vrai qu'on se dit 12 ans, mineur non accompagné.

01:05Ça veut dire qu'il est seul en France, qu'il est livré à lui-même.

01:08On en perd un petit peu les mots, Sébastien Ligné.

01:11Oui, mais hélas, c'est la réalité quotidienne du narcotrafic en France.

01:14Il faut savoir que quand vous parlez à n'importe quel policier,

01:16vous expliquez très bien comment ce système fonctionne.

01:18C'est-à-dire que les têtes de pont, ils ont repéré des jeunes de 12-13 ans

01:22qui, au nom de la justice, aux yeux de la justice, ne risquent quasiment rien.

01:25Et ça, vous inquiétez pas que les chefs de file le savent pertinemment.

01:28Ils vont les voir, ils leur disent, écoute petit, je te donne 100 euros.

01:31Alors, pour un enfant de 12 ans, pour les 100 euros, c'est extraordinaire.

01:35Surtout un enfant qui est seul.

01:36Exactement.

01:37Non, mais parfois même avec des parents.

01:38Vous savez, des parents qui ont perdu totalement toute notion d'éducation.

01:41Ils lui disent, toi, ton boulot, c'est de juste, tu te mets devant la porte et tu regardes.

01:44Chouffe.

01:45Tu es un guetteur, tu es un chouffe.

01:46Et s'il y a un problème, tu siffles et tu nous appelles.

01:48Et pour ça, on va lui donner 100, 200 euros la journée.

01:51Il y a beaucoup de gamins qui ne réfléchissent pas longtemps

01:52quand ils sont dans un écosystème de banlieue, etc.

01:54Et là, c'est la réalité de ce qui est en train de venir, pardon,

01:57mais la première entreprise de France.

01:59L'OFAST alerte tous les ans là-dessus,

02:01sur le fait que c'est 7 milliards de chiffres d'affaires par an, le narcotrafic.

02:05C'est 250 000 personnes qui vivent du narcotrafic.

02:08C'est 3 000 points de deal.

02:10C'est des quartiers entiers, notamment à Marseille, à Grenoble,

02:12qui sont en train de sortir de la République

02:15où une autre loi est en train de s'appliquer.

02:17Donc, quand la loi de la République ne s'applique pas,

02:20hélas, ce n'est pas étonnant qu'un enfant de 12 ans

02:21se retrouve à être un guetteur

02:23et parfois à se prendre une balle

02:25parce que c'est un soldat du narcotrafic comme tous les autres.

02:26Ça fait froid dans le dos, Véronique Jacquier, quand même.

02:28Ça fait froid dans le dos parce que quand on est mère de famille,

02:30on se dit un garçon de 12 ans, vous êtes encore un bébé.

02:35D'ailleurs, c'est interpellant parce que vous vous dites

02:37si c'est un mineur non accompagné,

02:40comment est-il arrivé en France ? Dans quelles conditions ?

02:43Donc là, pour compléter ce que vient de dire Sébastien Ligné,

02:47on peut aussi quand même s'interroger sur l'angélisme de notre politique migratoire.

02:51C'est-à-dire que, quand on peut penser aux paroles de Najat Vallaud-Belkacem,

02:56comme quoi il fallait régulariser 250 000 personnes,

02:59mais il ne s'agit pas toujours que d'adultes dans la politique migratoire.

03:02On voit qu'il y a vraiment une tiers mondisation de cette politique migratoire

03:07avec des enfants qui arrivent comme ça d'on ne sait où,

03:09avec parfois même sans doute des parents qui les envoient en Europe.

03:13Et puis après, ils débrouillent-toi.

03:13Ça, ça fait plusieurs années.

03:15Tu n'as même pas un numéro de téléphone où tu as un vague cousin à Londres

03:18ou à Berlin ou peut-être à Paris.

03:21Enfin, c'est absolument effrayant.

03:23Et il faut rappeler qu'un point de deal, certains points de deal à Marseille,

03:26c'est 100 000 euros par jour.

03:28Donc effectivement, vous avez maintenant de la chair à canon.

03:30C'est vraiment une nouvelle guerre, quoi. C'est une nouvelle guerre.

03:33Xavier Melky, quand vous entendez cette affaire,

03:36vous, vous avez vendu ça.

03:38Alors, Franconville, bon, n'est pas Marseille ou Grenoble,

03:41mais tout de même, on sait malheureusement que ça gangrène tout le pays,

03:45même dans la ruralité.

03:47Je parlais tout à l'heure de courage politique.

03:49Si on en vient à utiliser des mineurs,

03:52c'est parce qu'en fait, les mineurs ne risquent rien.

03:54Et donc, on en arrive à la politique pénale des mineurs.

03:57Un mineur non isolé, aujourd'hui, il y a des tests osseux

04:00pour savoir s'ils sont mineurs ou pas.

04:02Et si la personne refuse le test, elle est considérée comme mineure.

04:06Il faudrait simplement que...

04:07Un peu de courage politique sur la table ferait que...

04:10Et je crois que c'est Valérie Pécresse qui le proposait pendant les présidentielles.

04:14Si le mec le refuse, il est considéré comme majeur.

04:17Mais bien sûr.

04:17Tout simplement.

04:18C'est le monde à l'envers, encore une fois.

04:20Du courage et du bon sens.

04:21C'est les deux choses qui manquent.

04:22Donc oui, c'est dramatique, un enfant de 12 ans.

04:24Maintenant, on a la situation qu'on...

04:28Je ne vais pas dire qu'on mérite, mais...

04:30Mais si, en fait.

04:32Non.

04:32Le problème, c'est que...

04:33Pardon, mais en fait, la politique pourvient sur la politique pénale de mineurs.

04:37On est resté dans une politique qui considère qu'un jeune de 12 ou 13 ans de 1950

04:41est le même qu'un jeune de 12 ou 13 ans de 2025.

04:43Hélas, ce n'est plus pareil.

04:45Hélas, comme Gérald Darmanin le disait au moment des émeutes post-Naël,

04:48vous avez des enfants de 12, 13, 14 ans qui, après la mort de Naël,

04:52se sont retrouvés en garde à vue pour avoir incendié des abribus

04:56ou pour avoir tenté de frapper des policiers.

04:58Donc oui, la délinquance juvénile aussi a changé de nature.

05:03C'est-à-dire que pas simplement de degré.

05:04Aujourd'hui, ces jeunes-là...

05:06Je ne dis pas qu'un jeune homme de 12 ans,

05:09il faudrait le considérer pénalement comme un adulte.

05:11Peut-être pas.

05:11Mais hélas, je pense qu'un jour, on y arrivera à cela.

05:14Parce que, hélas, oui, aujourd'hui, il y a 12, 13 ans...

05:16Alors, 12 ans, c'est un enfant quand même.

05:18Oui, je sais.

05:19Alors, on privilégie effectivement l'esprit de la loi en France

05:21et de privilégier les mesures éducatives.

05:23Un enfant de 12 ans de 2025,

05:25ce n'est pas exactement l'enfant de 12 ans de 1950.

05:27Hélas, il est plus au fait de la délinquance.

05:30En même temps, un enfant de 12 ans de 2025

05:32devrait quand même être protégé,

05:34même malgré lui et contre lui.

05:36Enfin, voilà, même malgré lui.

05:38C'est-à-dire que la loi française devrait effectivement

05:40ne pas faire en sorte qu'il soit livré à des prédateurs.

05:43Parce qu'en fait, c'est ça qui se passe.

05:44Oui, c'est ça.

05:44Là, en l'occurrence, je ne vais peut-être pas être d'accord avec moi,

05:49Sébastien Nigné,

05:50mais il s'agit quand même aussi d'une victime.

05:52À 12 ans, quand vous vous retrouvez en France,

05:54seul, sans parent, à dealer de la drogue,

05:57quelque chose ne va vraiment pas.

05:58Il n'y a pas d'un mineur isolé,

05:59mais dans tous les mineurs qui sont impliqués

06:01dans le trafic de stupéfiants en France,

06:03la plupart ne sont pas des mineurs isolés.

06:05L'immense majorité sont des mineurs français

06:08ou issus de l'immigration,

06:11et ils ont leur papier,

06:12et à 12 ans, ils sont déjà en bas des tours à Dillet.

06:15Et de toute façon, là, on les a perdus.

06:17Vous avez plusieurs problèmes.

06:18Il y a la loi, évidemment,

06:19et puis, en l'occurrence,

06:21cet adolescent de 12 ans était d'origine algérienne,

06:24donc, quoi qu'il arrive,

06:25il ne retournera pas en Algérie.

06:27Il ne serait pas parti,

06:27puisque, par définition,

06:29l'Algérie ne reprend pas ses ressortissants,

06:31Véronique Jacquet.

06:32Oui, tout à fait.

06:34Non, mais le sujet est vaste,

06:36parce qu'entre la politique migratoire

06:39qui est non aboutie,

06:40que ce soit avec l'Algérie

06:41ou avec d'autres pays,

06:43la façon de considérer ces jeunes,

06:45bon, là, c'est quand même, me semble-t-il,

06:46un cas très, très particulier,

06:48parce que s'il était vraiment...

06:49Oui, mais qui est emblématique, quand même,

06:51qui dit quelque chose.

06:52À 12 ans,

06:53souvent, les mineurs qui sont employés

06:55ont quand même des grands frères,

06:58de la famille,

06:58enfin, un écosystème qui fait que,

07:00malheureusement,

07:01ils tombent dans les mailles du filet,

07:03et en plus,

07:04ils sont déscolarisés.

07:05Évidemment, la plupart du temps,

07:06ce sont des enfants qui sont déscolarisés,

07:08donc livrés à des prédateurs,

07:09mais parfois, les prédateurs sont dans la famille.

07:11Là, il me semble que ça relève

07:12d'un cas très exceptionnel.

07:14La famille,

07:15c'est qu'ils sont des mailles,

07:16mais qu'ils sont et qu'ils sont des mailles.

07:17Ils se sont dés Vlad,

07:19et celui-là,

07:20c'est qu'ils sont des mailles.

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