Pierre Arditi se confie sur son ancienne addiction au jeu

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Double actualité pour l'acteur de 80 ans : une pièce au théâtre Montparnasse, "Je me souviendrai de presque tout", et un livre au Cherche Midi, "Le souvenir de presque tout".

Transcript

00:00Autre mot, c'est un jeu de cartes qui a failli vous coûter cher dans tous les sens du terme.

00:04Comment regardez-vous aujourd'hui votre ancienne addiction au poker ?

00:08Avant que vous ne répondiez, Pierre, écoutez encore une fois,

00:11se sont sortis des archives RTL, vous évoquiez cette question en 1988.

00:16A ce micro.

00:17Pour le plaisir d'abord, et ensuite par vice ou par besoin de me laisser entraîner vers le bas.

00:23C'est un rapport bizarre le jeu, c'est un rapport à la mort quand même,

00:26il ne faut pas perdre sa vue.

00:27Il y a quelque chose qu'on a besoin d'abîmer.

00:29Mais ça passe par des émotions très fortes.

00:31Je vais vous donner un petit exemple.

00:32Un jour, je me suis retrouvé sur le trottoir des grands boulevards.

00:37A 6h du matin, il y avait une petite pluie fine.

00:40J'avais paumé l'argent des vacances de ma femme et de mon fils.

00:43A 6h du matin, et entre 6h et 8h du matin, j'ai retrouvé cet argent que j'ai emprunté pour qu'il puisse partir.

00:48Sans que je puisse dire, bien sûr, que j'avais perdu ça au jeu.

00:51J'ai donc menti, bien entendu.

00:52En plus, c'est effectivement le jeu.

00:54Ça mène une chose horrible, ça débouche sur le mensonge.

00:57Et le mensonge par rapport à soi-même.

00:58Donc, c'est la mort.

01:00C'est fini le poker ?

01:01Oh là là, oui.

01:02C'était d'ailleurs pas le poker.

01:04C'était le chemin de fer, qui est un jeu qu'on ne pratique plus maintenant.

01:07Qui est un jeu de cartes avec un sabot.

01:09Et vous jouez contre des adversaires ou une banque.

01:11Oui, oui.

01:13Si je n'avais pas arrêté, on ne se parlerait plus.

01:15Je me suis tiré une balle dans la tête.

01:16D'ailleurs, je me suis posé la question sur la fameuse fin de l'histoire que je raconte là.

01:22Je me suis retrouvé tout seul.

01:23Ma femme et mon fils sont partis en vacances.

01:25Je devais les rejoindre.

01:26Je me suis retrouvé seul.

01:27Je me suis regardé dans la glace.

01:28J'étais défiguré.

01:29Absolument défiguré.

01:30J'ai été sauvé par mon narcissisme.

01:32Je me suis dit que je ne pouvais pas garder cette tête-là.

01:35Que j'étais un type bien, beau.

01:37Et que la virilité, finalement, c'était ne pas être dupe de soi.

01:41Comme le dit Jean-René Huguenin.

01:43Voilà.

01:43Donc, c'est fini.

01:45Évidemment, c'est fini pour toujours.

01:47Pour toujours.

01:48Je ne veux pas être un sous-homme.

01:52Et curieusement, d'ailleurs, quand on joue, ce n'est pas pour gagner, c'est pour perdre.

01:56Pour se punir, finalement, de ce vice qui vous ronge la vie comme un cancer.

02:02Merci.

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