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00:00Vous êtes sur France 24 et vous avez raison, bienvenue dans votre journal de l'Afrique.
00:06A la une ce soir, le Mali, deux ans après la reprise de Kidal par la junte avec l'aide des mercenaires russes,
00:13des mains de la rébellion Touareg, on s'interrogera sur l'ampleur de cette victoire,
00:18où en est la guerre que mène Bamako aux islamistes dans le pays,
00:22alors que dans le même temps, une foule s'est mobilisée dans la capitale,
00:26en hommage à Mariam Sissé, jeune TikTokeuse, exécutée le 7 novembre sur la place publique.
00:34Un nouveau président pour l'Assemblée nationale en RDC, deux mois après la démission contrainte de Vital Caméré.
00:41Aimé Boudji Sangara le remplace, nous verrons qu'il a des défis politiques majeurs auxquels il va devoir faire face.
00:47Nous irons plus sur place dans cette édition.
00:49Et nous serons également en Côte d'Ivoire, législative oblige, du 27 décembre.
00:56Après la clôture du dépôt des candidatures, nous ferons un point sur la stratégie des forces politiques,
01:01avec un pouvoir en force et une opposition fragmentée, agissant en ordre dispersé.
01:07Il y a deux ans, jour pour jour, l'armée malienne faisait une entrée triomphale à Kidal,
01:17après près d'une décennie de contrôle par la rébellion de Touareg.
01:20Une victoire symbolique pour Bamako, rendue possible grâce au soutien notamment du groupe Wagner.
01:26Mais aujourd'hui, le contexte sécuritaire s'est à nouveau dégradé.
01:30Les groupes djihadistes gagnent du terrain, les tensions ressurgissent dans le nord,
01:34et même l'armée malienne connaît des dissensions internes.
01:37Pour comprendre les enjeux de cette situation, on retrouve Serge Daniel, notre correspondant dans la région.
01:45Bonsoir Serge.
01:46Il y a deux ans, deux ans après la reprise de Kidal,
01:50peut-on parler d'une victoire à la Pyrus pour l'armée malienne ?
01:53Quel a été l'impact réel de cette reconquête au vu de la dégradation sécuritaire dans le nord ?
02:00Alors ce qu'il faut commencer par dire, c'est quand même une victoire,
02:03parce que pendant une décennie, l'armée malienne n'allait pas à Kidal,
02:07l'administration malienne n'était pas à Kidal,
02:10Kidal était dans les mains des ex-rebelles de la rébellion Touareg.
02:14Donc c'est une victoire quand même la prise de Kidal.
02:16Mais quand on voit le développement, on peut se poser la question de savoir
02:21s'il n'y a pas eu des impacts négatifs.
02:27Par exemple aujourd'hui, Kidal est vidé de ses habitants, disons les choses clairement.
02:31Ensuite, la sécurité n'est pas revenue dans la région.
02:35La région, c'est 151 000 km², ça fait deux fois la taille d'un pays comme le Togo.
02:41Il y a encore deux groupes djihadistes sur le terrain dans le nord du Mali quand même.
02:44Vous avez le Jnime et puis vous avez l'État islamique.
02:47Donc, victoire plutôt relative.
02:49Pendant près d'une décennie, vous l'avez dit, Kidal était contrôlé par la rébellion Touareg.
02:55Qu'est-ce qui différencie et distingue fondamentalement ces groupes Touareg des djihadistes,
03:00justement dont vous avez parlé, dont le Jnime, qui occupe d'autres zones dans le nord ?
03:05Alors, il faut savoir que le Jnime, le groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, est affilié à Al-Qaïda.
03:11Donc, c'est un groupe djihadiste qui souhaite l'instauration de la charia dans tout le Mali.
03:18Ça, c'est très important.
03:20Mais en revanche, si vous prenez les groupes rebelles,
03:22les groupes rebelles sont devenus de plus en plus indépendantistes.
03:26Ils souhaitent, eux, l'indépendance d'une région du nord du Mali qu'ils appellent l'Azawat.
03:31Mais disons-le clairement, il n'y a aucun doute, entre les deux mouvements, il y a des passerelles.
03:38Serge, vous nous avez dit, tout à l'heure, on le disait en introduction,
03:41cette victoire, elle a aussi été rendue possible grâce à l'aide des mercenaires russes.
03:46On a cité le groupe Wagner, dont on n'entend pratiquement plus parler.
03:50Que sont-ils devenus ?
03:53Alors, c'est très important.
03:54Sans Wagner, il n'y aurait pas eu prise de la ville de Kidal.
03:57C'est évident, tout le monde est d'accord là-dessus aujourd'hui.
04:00Wagner, avec la mort de son chef Prigogine, a plié Bagage du Mali.
04:05Et Wagner a été remplacé par une autre structure russe qui s'appelle Afrika Kor,
04:10qui dépendent directement du ministère de la Défense de la Russie.
04:14D'ailleurs, le vice-ministre de la Russie était récemment à Bamako.
04:17Et ce qu'on constate quand même, c'est que l'Afrika Kor est moins robuste sur le terrain,
04:24en tout cas, que Wagner.
04:26Et donc, ça ne fait pas le boulot de Wagner.
04:29C'est moins fort que Wagner.
04:30Serge, on a vu que malgré cette victoire symbolique, vous l'avez signée,
04:34vous avez bien fait de le signer au départ, pour la reprise de Kidal,
04:38on assiste néanmoins à une perte de terrain de l'armée malienne face aux djihadistes.
04:43On a vu plusieurs groupes.
04:45D'un autre côté, plusieurs militaires ont été arrêtés pour tentatives de déstabilisation.
04:50Comment comprendre la fragilisation, justement, progressive du pouvoir militaire à Bamako ?
04:57D'abord, parce que, vous savez, la guerre, c'est aussi une affaire de stratégie.
05:00Les djihadistes se sont rendus compte qu'une guerre économique,
05:03un blocus économique portait des fruits.
05:05C'est-à-dire que le Mali est un pays enclavé, il n'a pas accès à la mer.
05:08Les deux façades maritimes sont essentiellement au Sénégal et en Côte d'Ivoire.
05:13Donc, les djihadistes ont bloqué ces axes routiers au Sud
05:16en recrutant des djihadistes au Sud, parmi les populations du Sud.
05:20Et ça a produit des effets que, vous savez, la capitalité est bloquée.
05:25Il y a du mieux dans la desserte en carburant, mais les problèmes demeurent.
05:29Ensuite, il faut ressouder forcément l'unité au sein de l'armée
05:33parce que, vous l'avez dit tout à l'heure, des officiers, des militaires
05:36ont été arrêtés pour tentatives de coup d'État.
05:38Ce qu'ils démentent d'ailleurs, puisque deux généraux ont été récemment entendus.
05:45Merci beaucoup pour ce décryptage, Serge Daniel, notre correspondant régional.
05:49Merci beaucoup.
05:50Et on reste au Mali.
05:52On va à Bamako où l'émotion est immense et elle ne faiblit pas.
05:56Les hommages à Mariam Sissé continuent après l'assassinat de la blogueuse
05:59suivie par plus de 95 000 personnes sur TikTok avant sa mort.
06:04Un chiffre qui dépasse aujourd'hui les 150 000 abonnés.
06:06des femmes et des hommes de la société civile ont tenu à rendre hommage,
06:10un dernier hommage justement, et apporter un soutien financier, notamment à sa famille.
06:14On écoute quelques manifestants.
06:17Pour présenter nos condoléances à la famille biologique de Mariam,
06:24très attestée, mais aussi aux Maliennes et aux Maliennes,
06:28particulièrement à la jeunesse féminine malienne.
06:32Mariam a été exécutée parce qu'elle a simplement exercé son droit citoyen,
06:42son droit humain qui est d'aimer sa patrie.
06:46Et si je suis là, c'est pour porter la voix de Mariam,
06:51c'est pour porter son courage, son engagement,
06:53et montrer à sa famille qu'elle n'est pas seule et assez lâche qu'il y a des milliers de Mariam.
07:02On ne va pas se taire.
07:03Et on reste au Mali, on en a parlé tout à l'heure avec Serge Daniel.
07:07Les conséquences de la dégradation de la situation au Mali se font de plus en plus sentir
07:11chez les voisins, y compris en Mauritanie,
07:14où affluent des réfugiés fuyant les violences et les pénuries.
07:17Le blocus imposé sur plusieurs localités et sur des convois de carburant
07:21depuis deux mois par les djihadistes du JNIM,
07:24un groupe affilié à Al-Qaïda, pour asphyxier l'économie du pays,
07:27rend la situation de plus en plus difficile pour les populations dans la région,
07:31frontalières notamment, au sud-est de la Mauritanie.
07:34Près de 300 000 Maliens ont trouvé refuge dans des conditions très précaires.
07:38Notre reporter Kathleen Kelly s'est rendue dans la zone frontalière
07:41pour y rencontrer des réfugiés.
07:43Regardez son reportage réalisé avec Sarah Sacco.
07:47Assoiffé, épuisé, mais vivant.
07:51Après des jours de traversée dans le Sahel,
07:53ces familles maliennes ont enfin atteint la Mauritanie.
07:57La zone frontalière déserte, il y a peu encore,
07:59se transforme peu à peu en village de fortune.
08:03Ces femmes, originaires de l'ERRE au nord du Mali,
08:06affirment que le JNIM, groupe affilié à Al-Qaïda,
08:09leur a donné 72 heures pour fuir avant de lancer l'attaque.
08:15Nous avons été forcés à partir sans rien,
08:19à voyager sur de simples charrettes.
08:22Cela fait deux semaines que nous sommes arrivés ici.
08:24Nous manquons de nourriture, nous sommes sans abri, avec nos enfants.
08:30Nous n'avons ni vêtements ni couverture, alors que la saison fraîche arrive.
08:35Les enfants tombent malades, nous manquons de tout.
08:42Beaucoup témoignent de pénuries en nourriture et en biens de première nécessité
08:46dans leur région d'origine.
08:47Conséquence du blocus imposé par le groupe djihadiste pour asphyxier l'économie malienne.
08:53Les réfugiés racontent aussi les raids menés par l'armée et leurs alliés russes de Wagner.
08:58Le frère de cet homme a été tué par une de ses attaques l'an dernier.
09:02Nous ne savons pas pourquoi ils nous tuent.
09:08Quand ils nous attaquent, ils nous poussent hors des villages.
09:13Ce sont eux les plus dangereux, l'armée malienne et Wagner.
09:20C'est d'eux dont nous avons le plus peur.
09:22Les derniers arrivés s'installent près de la frontière,
09:29rejoignant les quelques 300 000 réfugiés déjà présents dans la région.
09:33C'est critique, c'est très critique.
09:35Parce que la population qui vient, elle est désorientée,
09:40elle a tout perdu, elle a tout laissé derrière elle.
09:44Elle a besoin de quoi manger.
09:45Mais sur le champ, nous n'avons pas tout ça à leur offrir.
09:48Pour nombre de Maliens, cet exil n'est pas une première depuis 2012.
09:54Vu l'ampleur des violences actuelles et face à la situation économique,
09:58beaucoup affirment cette fois ne pas envisager de retour au pays.
10:04Allez, on passe à la République démocratique du Congo,
10:07où l'Assemblée nationale a enfin un nouveau président.
10:10Aimé Boudji Sangara remplace Vital Kamere,
10:13contraint à la démission il y a deux mois,
10:15bien introduit dans l'entourage du président Tisekedi
10:18et élu au Nord Kivu.
10:20Aimé Boudji devra néanmoins répondre à plusieurs défis politiques majeurs.
10:25Les précisions de notre correspondante Aurélie Bazarak et Bangula.
10:29Le vote n'était qu'une formalité pour les députés de l'Assemblée nationale.
10:34Aimé Boudji était le candidat unique de la majorité parlementaire.
10:38Il a donc été élu, sans surprise, par 413 députés sur les 423 votants.
10:44Il remplace au perchoir Vital Kamere, son mentor qu'il suit depuis plus de 20 ans
10:49et avec lequel il semble avoir pris ses distances pour se rapprocher davantage du président Tisekedi.
10:56Alors Aimé Boudji, eh bien, a gravi les échelons de la scène politique
11:00jusqu'à devenir ministre du budget pendant un peu plus de 4 ans,
11:03puis ministre de l'Industrie.
11:06À l'Assemblée nationale, plusieurs dossiers sensibles l'attendent.
11:09D'abord, l'examen de la loi des finances qui accuse déjà deux semaines de retard.
11:15Le nouveau président devra aussi orchestrer le travail parlementaire
11:18autour de grandes préoccupations des Congolais
11:21comme la restauration de la paix dans l'Est du pays
11:24et la lutte contre la vie chère.
11:26Autre dossier potentiellement explosif,
11:28le possible retour dans le débat public de la réforme de la Constitution.
11:33Lors de son discours de candidature, Aimé Boudji a promis de faire de l'Assemblée nationale,
11:39je cite, un Parlement plus fort, plus crédible et plus proche du peuple.
11:45En Côte d'Ivoire, la période du dépôt des candidatures
11:48pour les élections législatives du 27 décembre s'est achevée ce mercredi à 20h.
11:54En tout, 255 sièges sont en jeu à l'Assemblée nationale.
11:58Le parti au pouvoir, le RHDP, y détient actuellement 168 députés
12:02contre 82 pour l'opposition.
12:04Une opposition qui avance en ordre dispersé.
12:07Le PDCI ira bien aux urnes, tandis que le PPA-CI a choisi de s'abstenir.
12:13Les précisions de notre correspondante, Makamara.
12:16Dans l'opposition, le PDCI participera pour défendre son groupe parlementaire.
12:21Le parti avait annoncé la semaine dernière la création d'une nouvelle coalition,
12:25le Rassemblement des Ivoiriens pour la démocratie,
12:29dans la perspective de ses législatives du 27 décembre 2025.
12:33Ce mouvement regroupera plusieurs acteurs politiques,
12:37mais aussi des acteurs de la société civile,
12:40notamment le PDCI, le Front populaire ivoirien,
12:43le CAPCI pour en citer que cela,
12:46mais aussi des personnalités indépendantes telles que l'ex-préfet d'Abidjan,
12:51Vincent Taubi.
12:51L'objectif est clair.
12:53Constitue une large coalition pour obtenir un maximum de députés à l'Assemblée nationale.
12:58En revanche, le Parti des peuples africains de Côte d'Ivoire de Laurent Gbagbo
13:03a décidé de boycotter le scrutin,
13:05dénonçant des conditions d'élections non crédibles
13:08et un climat de répression.
13:11Avec ce dépôt désormais clôturé,
13:13le paysage politique pour les législatives se précise
13:16entre la forte présence du RAGP
13:18et une opposition parcellement fragmentée.
13:22Certains observateurs estiment que cette décision
13:24du comité central du PPACI de ne pas participer aux législatifs
13:29était prévisible pour un parti qui a longtemps dénoncé
13:32le cadre électoral actuel.
13:35Une participation aurait pu être perçue
13:37comme une caution donnée à un système jugé responsable
13:41de violences, d'arrestations et de fraudes électorales
13:44et en contradiction avec la ligne de lutte de leur leader,
13:48Laurent Gbagbo.
13:50Toutefois, selon des cadres du PPACI
13:53avec qui nous avons échangé, nous ont confié
13:55que ce rétrait risque surtout d'affaiblir le parti
13:58et d'ouvrir un espace que d'autres formations politiques
14:00pourraient tenter d'occuper, notamment le PDCI de Tiam
14:04et le MGC de Simone et Yves Gbagbo,
14:07les épouses de Gbagbo Laurent.
14:10Pendant ce temps, le RAGP s'organise
14:12et profite du vide que les 16 opposants
14:15pour renforcer son avancée politique
14:18sur l'ensemble du territoire national.
14:20C'est ainsi que nous refermons notre journal de l'Afrique.
14:24Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde
14:26et ce soir en particulier de Cotonou à Ouida
14:29en passant par Porto Novo ou Abomey.
14:31Restez avec nous car l'actualité continue sur 304.
14:34Merci.
14:34Sous-titrage Société Radio-Canada
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