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Le 20 novembre 1975, le général Franco meurt après presque 40 ans de dictature. Alors pour l’occasion, on s’est plongé dans les archives de L’Express… Et voici ce que l’on a trouvé.

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00:00Le franquisme est bel et bien mort, il est une force nostalgique, non politique.
00:05Le 20 novembre 1975, le général Franco meurt après presque 40 ans de dictature.
00:11Alors pour l'occasion, on s'est plongé dans les archives de l'Express et voici ce que l'on a trouvé.
00:21Il faut d'abord dire que la mort de celui qu'on surnomme le Codillo ne prend pas les Espagnols par surprise.
00:27Déjà c'était un homme âgé à la santé fragile, il était vraiment depuis un mois, il était à l'hôpital en agonie et on attendait effectivement qu'il meure.
00:39A la tête de l'Espagne pendant presque 40 ans, Franco a eu une longévité impressionnante pour un dictateur.
00:45Quelques semaines avant sa mort, dans le numéro du 12 octobre 1975, l'Express publiait un sondage, les Français jugent Franco.
00:53On y lit par exemple que 43% des sondés pensent que l'Espagne est le pays qui respecte le moins les droits de l'homme au monde, largement devant l'URSS ou même la Chine.
01:03On y lit aussi que 32% des Français estiment que la démocratie va s'établir après la mort de Franco.
01:10En fait, le général lui-même avait réfléchi à la question.
01:13Alors avant sa mort, il avait déjà choisi son successeur.
01:16En fait, Franco avait nommé son successeur en 1969 et il l'avait nommé Juan Carlos, qui était le petit-fils de l'ancien roi qui avait été déchu en 1931.
01:30Et donc il avait décrété qu'après sa mort, l'Espagne redeviendrait une monarchie en la personne de Juan Carlos.
01:37Juan Carlos avait été élevé par Franco lui-même.
01:41Donc il en faisait en quelque sorte le garant de la continuité des institutions, quelque part de la continuité du franquisme après Franco.
01:50Mais au début des années 70, les démocraties occidentales ont accentué la pression sur le régime espagnol.
01:56Les chanceleries occidentales, les ambassadeurs conseillent Juan Carlos justement de mener l'Espagne vers la démocratie.
02:04Mais pas trop quand même, parce que tout le monde a un peu peur de ce qui s'est passé au Portugal en 1974.
02:10Et personne ne veut créer une situation révolutionnaire en Espagne.
02:14Parce qu'après tout, pour les pays occidentaux, dans ce contexte de guerre froide qui est celui des années 70, ne l'oublions pas,
02:22Franco est un garant de stabilité.
02:24Dès son intronisation, Juan Carlos entame donc une transition démocratique marquée par plusieurs moments clés.
02:31Tels que les premières élections libres, le 15 juin 1977,
02:34ou le référendum qui a approuvé la constitution espagnole le 6 décembre 1978.
02:40Et s'il y a une institution qui va avoir du mal à accepter la démocratie, ça va être l'armée.
02:46On dit aussi que la transition à la démocratie en Espagne s'est passée avec un bruit de sabre de fond.
02:54C'est-à-dire que l'armée a fait planer la menace d'un coup d'État pendant tout le processus.
03:01Et d'ailleurs, il y a eu plusieurs coups d'État qui ont été déjoués jusqu'à ce coup d'État de 1981.
03:07En effet, le 23 février 1981, près de 200 militaires attaquent la Chambre des députés
03:14qui s'apprêtent à voter pour le nouveau chef du gouvernement.
03:17En réponse, Juan Carlos prend la parole dans la nuit, lors d'un discours qui restera historique.
03:22Au final, les putschistes déposent les armes le lendemain.
03:41Dans le numéro du 28 février 1981, Jean-François Revelle, éditorialiste à L'Express, considère que ce putsch marque la fin du franquisme.
03:50Le franquisme est bel et bien mort, il est une force nostalgique, non politique.
03:55Mais pour Mercedes Justa, il est difficile de dire que le franquisme est mort en 1981.
04:01Personnellement, en tant qu'historienne, je ne crois pas.
04:04Parce que c'est un régime qui a duré quand même 40 ans, sous lequel se sont éduqués et socialisés plusieurs générations d'Espagnols.
04:13Et ça ne part pas en 5 ans, malheureusement.
04:16La preuve que les choses ne sont pas aussi claires et faciles, c'est la non-reconnaissance des victimes de la dictature.
04:26C'est une question qui a mis très très très longtemps à émerger.
04:31En effet, encore aujourd'hui, il est difficile de dénombrer toutes les victimes de la dictature de Franco.
04:36Selon les estimations des historiens, environ 150 000 personnes seraient mortes lors de la répression franquiste, pendant et après la guerre civile.
04:45Enfin, moi-même, je me suis éduquée en Espagne.
04:48Et à l'école, on n'a jamais prononcé le mot « dictature franquiste ».
04:54On parlait du régime intérieur.
04:56Donc, c'est une façon de dire que l'Espagne était un pays normal, finalement, un pays comme les autres.
05:02Et donc, effectivement, le franquisme a survécu probablement sous une forme nostalgique.
05:09Aujourd'hui, à l'heure des commémorations, il y aurait même une réhabilitation du franquisme.
05:14En ce moment, ce qu'on observe en Espagne, c'est une prolifération, notamment dans les réseaux sociaux,
05:21de discours qui tendent à ressenter le dictateur comme quelqu'un de « oui, c'était un dictateur », etc.
05:30Mais il a fait des bonnes choses pour l'Espagne.
05:32Il y a une nostalgie de ce moment autoritaire, où il y avait quelqu'un qui s'occupait de tout
05:40et qui prenait toutes les décisions, qui maintenait la société espagnole dans une forme d'immaturité, finalement.
05:46Je pense que c'est ça qui est derrière, en fait, cette nostalgie de la dictature.
05:51Ce n'est pas vraiment un désir conscient d'un régime autoritaire qui annulerait les droits et les libertés des citoyens,
06:02mais plutôt d'une espèce de mise sous tutelle, parce qu'on se sent un peu impuissant face aux défis de la modernité.
06:10Et on fait.
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