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00:01L'invité éco, Fanny Guinechet.
00:05Bonsoir Henri Poupard-Lafarge.
00:07Bonsoir Fanny Guinechet.
00:09Vous êtes le directeur général d'Alstom.
00:10Votre spécialité c'est de construire des trains.
00:13Merci d'être sur France Info avec nous ce soir.
00:16Trains, métro, tram, Alstom, vous êtes le numéro 2 mondial du ferroviaire derrière les Chinois.
00:24Et ça marche très fort pour vous en ce moment parce que vous avez présenté vos résultats semestriels pas plus tard qu'hier.
00:31Et alors votre bénéfice a été multiplié par 4.
00:34C'est quoi votre secret ?
00:37Alors bonsoir, effectivement ça marche très bien en ce moment.
00:40Je dirais qu'il y a la combinaison d'un marché qui est très favorable.
00:43On demande, on a envie d'avoir des trains.
00:45On a envie d'avoir des trains tout simplement parce que le trafic augmente.
00:47Parce qu'il y a de plus en plus de passagers dans le monde entier qui prennent le train.
00:51Donc il y a un très bon marché.
00:52Et Alstom est particulièrement bien positionné sur ce marché.
00:55Et puis nous sortons d'une phase de transformation.
00:58Où nous avons intégré cette grande entreprise Bombardier.
01:01Et maintenant nous sommes pleinement efficaces.
01:02Les Canadiens avec qui vous avez fusionné il y a 4-5 ans on a fusionné.
01:06Mais maintenant ça y est cette transformation est faite.
01:09Et on est pleinement opérationnel.
01:10Donc on est très efficace.
01:11Et donc on voit les résultats qui s'améliorent extrêmement rapidement.
01:13Et alors vous engrangez des commandes.
01:14Alors un peu partout dans le monde j'ai regardé aux Etats-Unis, en Pologne avec un méga contrat qui a été annoncé encore cette semaine.
01:22Ça n'arrête pas en Inde ?
01:24Oui alors c'est une des caractéristiques très fortes d'Alstom.
01:27On est partout dans le monde.
01:28De l'Australie à l'Amérique latine, à l'Amérique du Nord, au Moyen-Orient, en Afrique du Sud, au Kazakhstan.
01:34Dans tous les pays du monde.
01:35Et il se trouve que le train est en ce moment à la mode si je puis dire.
01:40Dans tous les pays dans le monde.
01:41Donc oui on engrange ces contrats.
01:43Parce qu'on est bien positionné dans tous les pays dans le monde.
01:45C'est vraiment quelque chose d'un unique.
01:48Aucun autre consulter.
01:49C'est quand même assez incroyable.
01:50Parce que 100 milliards d'euros de commandes, de 5 ans de visibilité.
01:54Vous arrivez à suivre les cadences ?
01:57Alors on a énormément de sites de production dans le monde entier.
02:00Parce que c'est aussi une des caractéristiques de notre marché et d'Alstom.
02:04C'est de produire sur place.
02:05C'est-à-dire que vous avez des usines partout dans le monde ?
02:07On a des usines partout dans le monde.
02:08Quand on livre un train aux Etats-Unis, il est fabriqué aux Etats-Unis.
02:10Quand on livre un train en Pologne, il est fabriqué en Pologne.
02:12Remarquez, c'est pratique aux Etats-Unis, vous évitez les droits de douane.
02:15Alors exactement, vous avez bien raison.
02:17Par les temps qui courent si je puis dire.
02:19C'est exactement la stratégie qu'il faut avoir.
02:22Parce qu'il y a les droits de douane.
02:24Il y a un certain nationalisme économique qui s'exprime.
02:27Et donc le fait qu'on soit présent physiquement dans tous les marchés.
02:31est un facteur qui favorise énormément la croissance d'Alstom.
02:34Et c'est un des secrets, pour reprendre votre terme, derrière ce succès.
02:38Alors 90 000 salariés un peu partout dans le monde, en France aussi.
02:41Mais alors en France, on entend quand même que vous avez des contrats, par exemple avec la SNCF.
02:46Évidemment.
02:46Forcément.
02:48Mais qu'il y a quand même quelques retards de livraison, que la SNCF du coup, elle est un peu mal en point par moment.
02:56Parce qu'elle manque de trains.
02:58Comment ça se fait ?
02:59Visiblement, il y a des deux ans de retard sur les nouveaux TGM, TGV.
03:04Alors en fait, il faut avoir conscience qu'on sort d'une période absolument extraordinaire.
03:09pendant laquelle on a développé huit nouveaux trains.
03:12Quatre nouveaux métros pour Paris, un tramway, deux nouveaux RER, un TGV.
03:17Mais du coup, on les attend ces RER.
03:18Et du coup, alors les RER sont arrivés.
03:20Ces TGV aiment nouvelle génération.
03:21Cette période, en fait, est en train d'aboutir.
03:25Et les métros, le MF19 a été mis sur la ligne 10, grande satisfaction des clients.
03:30Le MP14 a servi pour les eaux olympiques sur la ligne 14, en l'occurrence.
03:35Le RER, grand succès aussi sur la ligne de commune.
03:37Oui, mais quand même, vous ne répondez pas à ma question des retards.
03:39Deux ans de retard, c'est beaucoup.
03:40Effectivement, c'est un effort très important que nous faisons d'ailleurs en partenariat avec la SNCF, la RATP,
03:47sur des matériels très innovants et puis qui vont être là pour les 50 prochaines années.
03:51Donc effectivement, on met le paquet sur le développement pour développer les produits les plus appropriés, les plus innovants.
03:58Et ça prend du temps.
04:00Et au regard de leur durée de vie, qui vont durer pendant 50 ans,
04:04c'est vrai qu'on prend le temps de développer ce qu'il faut avec nos partenaires.
04:08Est-ce que ça veut dire aussi que vous manquez de main d'oeuvre, que vous avez des problèmes de recrutement ?
04:14Alors, il y a eu cette période que j'ai dite qui est exceptionnelle,
04:16dans laquelle on a développé 8 nouvelles plateformes qui ont mis sous tension l'engineering.
04:20Dans les 10 prochaines années, là, on en a développé 8 en 10 ans.
04:23C'est-à-dire que les modèles, ils seront faits, vous n'aurez plus qu'à les fabriquer.
04:27Parce que quand on parle des retards, en fait, on parle surtout de l'arrivée du premier train.
04:30C'est ça qui engendre toutes ces discussions.
04:32Après, ça roule, s'il vous plaît.
04:34La chaîne de production, elle est rodée.
04:36Donc, c'est vraiment une question de développement du train, plutôt qu'une question de production du train.
04:42Et dans les prochaines années, en fait, on n'en a plus à développer.
04:44Donc, ça va être beaucoup plus fluide dans les prochaines années.
04:47Mais là, il y a eu une période très exceptionnelle.
04:49D'accord. Alors, aujourd'hui, vous faites l'essentiel de votre chiffre d'affaires quand même à l'étranger,
04:53puisque on voyait tous ces contrats.
04:55Ça représente quoi, la France, dans un portefeuille comme le vôtre ?
05:00Alors, en fait, la France, ça représente à peu près 15% de notre activité,
05:03qui est à peu près la part du marché français dans le monde ouvert,
05:08c'est-à-dire en dehors de quelques pays qui nous sommes fermés.
05:11Donc, c'est une part importante.
05:13Mais nous sommes aussi nombreux, j'allais dire, en Inde qu'en France, qu'en Allemagne.
05:18Mais il y a 10 ans, par exemple, la France, ça représente...
05:20C'est très différent. Ça, c'est toute la transformation d'Alstom.
05:22On est passé à peu près de 50% de l'activité, il y a une dizaine d'années,
05:26à 15% de l'activité aujourd'hui.
05:28Ça, ça a été la grande aventure d'Alstom, qui a été sa globalisation.
05:31Comme la plupart des entreprises de votre niveau, même dans d'autres secteurs, finalement.
05:36Comme beaucoup d'entreprises.
05:37Effectivement, ce qui différencie Alstom de beaucoup d'entreprises,
05:41c'est précisément cette localisation.
05:43Le fait que partout dans le monde, nous produisons pour livrer localement.
05:47Et dans les entreprises, ça veut dire qu'en France,
05:48parce qu'on parle beaucoup du déclassement en français, même européen,
05:52ça veut dire que c'est difficile d'investir en France,
05:55qu'il y a des freins comme les prix d'énergie ?
05:59Alors, nous, notre marché nécessite de produire localement.
06:03Donc, pour exporter à partir de la France,
06:07c'est vrai que c'est difficile pour nous,
06:09mais pas simplement à cause du subtrat, du terreau économique français,
06:14mais aussi parce que les pays, la Pologne, les Etats-Unis,
06:18comme on l'a dit, l'Inde, etc., demandent à ce qu'on fabrique sur leur territoire.
06:22Donc, notre outil industriel français, il est très lié à la taille du marché français.
06:27Et là, c'est vrai que nous manquons d'investissement.
06:29C'est quelque chose que nous avons relayé, que la SNCF relaie aussi.
06:33Il y a un manque d'investissement dans le ferroviaire en France.
06:35Et justement, on entend que le gouvernement va faire lundi un Choose France France,
06:42édition France, pour les entreprises tricolores, pour les inciter encore et les valoriser.
06:49Vous pensez que le gouvernement a raison de soutenir ces entreprises de cette façon ?
06:53Moi, je crois qu'on a en France, il faut bien l'avouer, depuis quelques années, un problème industriel,
06:58puisque la part de l'industrie n'arrête pas de diminuer en France.
07:01Donc, toute initiative qui permet de redorer le blason de l'industrie,
07:05de pousser l'industrie à investir, est une bonne initiative.
07:09Ce n'est pas un coup de com' pour vous ?
07:10Mais ne serait-ce que, même si c'était un coup de com',
07:13le fait que l'industrie puisse être valorisée est une bonne chose.
07:18Vous qui travaillez dans la com', tout coup de com' n'est pas mauvais en soi.
07:22Alors, Henri Poupard-Lafage, Alstom, en fait, vous connaissez par cœur.
07:26Ça fait 30 ans que vous y êtes.
07:27Après vos études, X-Pont, MIT, vous avez débuté comme responsable des relations investisseurs en 1998.
07:36Vous en êtes devenu le patron en 2016.
07:39Donc, vous avez accompagné la transformation.
07:42Vous disiez, par exemple, la fusion avec Bombardier.
07:45Mais dans quelques mois, en avril prochain, vous allez passer la main.
07:49Vous allez laisser votre poste à Martin Sion, le PDG actuel d'Ariane Group.
07:55Alors, pourquoi partir maintenant ?
07:57Alors, en fait, ça fait donc 10 ans que je suis directeur général du groupe.
08:02En fait, ça fait 15 ans que je dirige la branche, parce que j'ai amené la branche transport,
08:05qui était avant une simple branche d'un grand groupe Alstom, parmi d'autres, à là où il est.
08:1115 ans, c'est beaucoup pour...
08:13Vous en aviez marre ?
08:14Ah, pas du tout.
08:15Moi, je ne pense pas à moi.
08:16Je pense déjà à toutes les équipes, etc.
08:18C'est bien, c'est la fin d'une phase.
08:20On a transformé le groupe.
08:22Le groupe, comme vous l'avez dit vous-même, le groupe est maintenant solide.
08:25Donc, c'était un bon moment pour faire une transition, pour que le groupe puisse avoir des perspectives,
08:32commencer une nouvelle phase.
08:33Vous avez des regrets quand même ?
08:35Alors, ça a été un travail absolument extraordinaire, ces 10 dernières années au sein d'Alstom.
08:42Travail énorme.
08:43Beaucoup d'énergie ont été mise en place.
08:45Les équipes ont été formidables.
08:46Mais certains disent que quand même, on vous a poussé un peu vers la porte de sortie,
08:49parce que le cours de bourse, parfois, n'était pas à la hauteur des attentes.
08:52Alors, le cours de bourse, d'abord, aujourd'hui, par exemple, le cours de bourse se porte très bien.
08:57Il y a eu, dans une transformation pareille, il y a très peu d'industries qui passent à travers une telle transformation.
09:01Ce n'est pas étonnant qu'il y ait des hauts et des bas, que certains fassent preuve de scepticisme.
09:06Ça, c'est la nature humaine.
09:08On en est sortis par le haut.
09:10Maintenant, la situation est stable.
09:12C'est un bon moment.
09:13Qu'est-ce que vous allez faire après ?
09:15Ah bon, écoutez, on a plein de projets dans la vie.
09:17D'abord, il faut continuer à se battre pour l'industrie française.
09:20Vous allez rester dans l'industrie ?
09:21Il faut continuer à développer ces talons.
09:24J'ai la chance d'être à la fois encore assez jeune, et en même temps de bénéficier d'une longue expérience,
09:28parce que ça fait assez longtemps que j'ai été directeur général.
09:29Il me semble que la mettre au service de l'industrie est quelque chose qui est évidemment souhaitable.
09:35Une toute dernière question.
09:36Actuellement, il y a le débat budgétaire.
09:37Comment vous voyez ces débats ?
09:39Est-ce que vous avez l'impression que les députés sont à la hauteur ?
09:43Alors, c'est une question vraiment très vaste, difficile d'y répondre en une minute.
09:48Il faut absolument que la France sorte de l'ornière dans laquelle elle est.
09:52Et pour ça, je me réfère à l'investissement, il faut qu'on puisse réinvestir.
09:57Je parle d'investissement ferroviaire, c'est évidemment de là dont je suis proche.
10:01Mais il y a l'investissement dans les services publics, dans les hôpitaux.
10:05Mais quand vous voyez les députés, vous vous dites qu'ils font le job actuellement sur l'économie ?
10:08Il faut dégager des marges de mal-d'oeuvre.
10:10Et pour l'instant, on n'y est pas.
10:12Il faut qu'on puisse plus investir, moins dépenser en fonctionnement, on n'y est pas.
10:16Merci beaucoup Henri Pouparlafarge d'être venu ce soir comme invité de France Info.
10:22Je rappelle que vous êtes à la tête d'Alstom.
10:24Merci beaucoup.
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