00:00Voici de l'hommage, des pas beaux gens là !
00:02Bonjour tout le monde, alors tous les jours dans cette émission, je rends un hommage
00:09et aujourd'hui j'ai décidé de rendre hommage au feu.
00:12Le feu qui brûle comme notre amour, qui se consulme tel des flammes incandescentes et
00:17cette chaleur, pardon Daniel, mais casse les couilles ton poème en fait, je suis désolée
00:20fin de venir à maman, nous ici on s'en fout, petit contexte, ils bouillavent ma mère.
00:23Le feu, ça fait peur et a raison, j'y ai été confrontée récemment, c'est terrifiant.
00:30Il faut que je vous raconte, en fait la dernière fois que je suis partie en vacances, je suis
00:32allée chez les grands-parents de mon copain, petite parenthèse, ces grands-parents sont
00:35monténégrins, voilà, c'est-à-dire qu'ils viennent du monté...
00:37Non, ne le dites pas, non, non, non, non, vraiment, les micros sont allumés, vous venez
00:41juste de dire le N-word à l'antenne, alors je ne peux pas rattraper toutes vos dingueries
00:44de boomers.
00:45Bref, j'arrive sur place et moi je ne parle pas trois mots de monténégrin, dans le sens
00:49où j'en connais que deux, c'est doberdan qui veut dire bonjour et pustimi sednem tavoem velikinos
00:55qui veut dire laisse-moi m'asseoir sur ton gros nez.
01:00Bon, ce n'est pas avec ça que je vais demander mon chemin.
01:02Et donc j'arrive, je rencontre les grands-parents et je vous jure, d'un coup, bim, il y a
01:05le feu derrière la grand-mère, vraiment.
01:07Et je crie, il y a le feu, il y a le feu, ce qui en monténégrin veut dire rien du tout.
01:12Et alors, moi d'ailleurs, c'est la première fois à ce moment-là qu'on s'est engueulé
01:15avec mon copain parce qu'on a eu peur.
01:16Et moi, vraiment, je portais sa grand-mère à qui je n'avais pas encore dit bonjour, on courait
01:20et je trouvais qu'il ne démarrait pas assez vite la voiture.
01:23Et puis j'ai compris plus tard dans le séjour que deux minutes pour démarrer une Lada,
01:25en fait, c'est un record.
01:27Mais voilà, moi j'ai porté sa grand-mère et je courais, on aurait dit une nouvelle
01:30épreuve d'interville, vraiment.
01:32J'imaginais Gilles Verdez commenter les images, c'est une honte, à quoi bon jouer
01:35les walkistes en retirant les vachettes si c'est pour intégrer le porté de grand-mère.
01:39Vous n'imaginez pas la situation, je viens d'arriver à cet instant, je suis arrivée
01:44il y a une seconde au Monténégro, d'accord, et je dois m'accroupir devant la grand-mère
01:47de mon mec et lui dire, allez, montez sur mon dos madame.
01:50C'est absurde.
01:51Et surtout, les grands-parents, ils n'ont pas eu peur comme nous parce qu'en fait, j'ai compris
01:55en fait, le feu, ça fait bof peur, tu vois.
01:57Et alors, n'empêche, on a eu peur, mais en fait, je me suis rendue compte que quand
02:00on a peur, on change totalement.
02:02On ne serait jamais engueulé avec mon mec, sinon.
02:04Et j'ai remarqué que c'est souvent l'inverse, je m'explique, ce n'est pas très clair,
02:06mais quand j'étais petite, une fois, moi j'ai mis le feu à ma chambre, parce que j'avais
02:10posé mon doudou sur la lampe de chevet pour le réchauffer, voilà.
02:13Oui, je suis désolée, Leïla, on n'a pas dû sauter des classes et gagner le concours kangourou,
02:17voilà.
02:17Excuse-moi, on peut être sûr qu'il parlait aux mouches et qu'il mangeait de la colle.
02:22Mais bref, cette fois-là, mes parents, ils ont eu tellement peur qu'ils ne m'ont pas
02:25engueulée.
02:26Tu vois ce truc de parent, tu as tellement peur que tu ne dis rien, juste t'es soulagée
02:29quand ça s'arrête.
02:30Moi, quand j'étais tout petite, ça m'arrivait trois fois, il y a eu cette fois-là avec
02:33le doudou, la fois où ils m'ont perdue au zoo pendant trois heures, et la fois où je
02:36me suis faite pincer pour avoir monté un système de ponzi, une arnaque pyramidale avec
02:40le lait fraise de la crèche, une dinguerie, ça l'histoire, bref.
02:42Et en réalité, moi, je rends hommage au feu aujourd'hui parce que c'est une représentation
02:46très importante pour moi dans ma vie.
02:48Il y a quelques années, j'ai rencontré une amie qui, d'ailleurs, avec le temps, est
02:50devenue une sœur et qui m'a proposé de vivre comme si je mettais le feu à la peur.
02:54Après ça, je suis montée sur scène, j'ai fait des vidéos, j'ai décroché à l'appel
02:57de France Inter et là, je suis même en train de parler à deux millions de personnes.
03:01Je fais des blagues sur des sujets, pas parce que ça me fait rire, parce que ça me terrifie.
03:04Et je crois que c'est vraiment ça mon métier, de mettre le feu à la peur.
03:07C'est à ça que je rends hommage aujourd'hui.
03:08Merci de m'avoir écouté.
03:08Merci.
03:09Et maintenant, le vendredi à 21h au Théâtre des Mathurins, s'il vous plaît.
