- il y a 1 semaine
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00:00Merci de nous rejoindre dans Europe 1 Soir Week-end.
00:03J'accueille mes débatteurs de la deuxième heure,
00:04Alexandre Malafaille, fondateur du Think Tank Sinopia.
00:07Bonsoir Alexandre.
00:09Bonsoir Stéphanie Nouriru.
00:10Jean-Michel Salvatore, chroniqueur politique et communicant.
00:14Bonsoir Jean-Michel.
00:15Bonsoir Stéphanie.
00:16Et mon invité, Rodolphe Carr, journaliste et auteur de ce livre.
00:20Pour nos auditeurs qui nous suivent sur les réseaux sociaux,
00:23sur l'appli qui a une caméra intégrée,
00:26journaliste donc et auteur de Mélenchon,
00:28Le bruit et la fourreur, portrait d'un révolutionnaire aux éditions La Nouvelle Librairie.
00:33Bonsoir Rodolphe Carr.
00:34Bonsoir Stéphanie.
00:35Alors vous publiez un essai assez coup de poing.
00:38Vous signez un livre que vous qualifiez vous-même de pamphlet,
00:42un pamphlet argumenté, documenté.
00:44C'est presque une autopsie politique.
00:47Oui c'est vraiment ça.
00:48Alors c'est un pamphlet comme vous l'avez très bien dit.
00:51Toutefois j'ai essayé quand même d'avoir une démarche objective.
00:54Je me réfère d'ailleurs, oui, dès la préface,
00:57ou en tout cas dès l'introduction de l'historien Henri Guimain
01:00qui disait qu'il n'y a pas d'histoire objective.
01:03Par contre, on a un parti pris,
01:06mais je n'ai éludé aucun des aspects de la pensée de Mélenchon.
01:09Parfois s'il y a des choses qui m'ont plutôt plu,
01:11par exemple sa relation à François Mitterrand,
01:13où il a vraiment une relation de loyauté,
01:15je l'ai dit, j'ai dit que c'est un aspect plutôt positif.
01:17Mais par contre, oui, j'ai essayé de dresser ce portrait avec un S,
01:21parce que je pense que c'est un vrai caméléon politique,
01:23un stratège,
01:24et il s'adapte au fur et à mesure des époques.
01:26Vous avez dû avoir du boulot,
01:28parce qu'il a changé quand même pendant toutes ces années.
01:30C'est quand même un homme qui a une carrière politique conséquente.
01:33Et quand on s'intéresse à la carrière politique de Mélenchon,
01:36en fait on est obligé de lire des ouvrages annexes.
01:40On est obligé de lire l'histoire du trotskisme,
01:42parce que Mélenchon a été trotskiste.
01:44On est obligé de lire une histoire du socialisme français.
01:48Parce que vraiment, c'est un homme politique qui a eu une vision,
01:51à la fois à la politique, en politique intérieure,
01:53et aussi une politique extérieure.
01:54Donc c'est vraiment un homme politique, oui, comme ça,
01:57très profond dans sa pensée, en tout cas, c'est ce que je pense.
02:00Et oui, il y a eu tous ces revirements au fur et à mesure de sa carrière.
02:02Mais vous dites quand même des revirements,
02:04mais ce passé trotskiste, il n'a encore jamais vraiment quitté la famille des Rouges.
02:08Non, non, c'est pour moi vraiment sa matrice originelle.
02:12Et d'ailleurs, dans son oraison funèbre qui lance à celui qui devait devenir son successeur,
02:18c'est vrai qu'on se pose souvent la question,
02:21mais Jean-Luc Mélenchon n'a pas fait monter de personne qui lui succédera.
02:24En réalité, son successeur, c'était François Delapierre,
02:27c'est une personne qui est décédée prématurément en 2015.
02:31Et je renvoie nos auditeurs à son oraison funèbre qu'il donne à cette personne,
02:35parce que c'est une oraison funèbre assez touchante.
02:37Et il le dit au moment de cette oraison,
02:39la seule famille à laquelle il a toujours appartenu, c'est la famille des Rouges.
02:43C'est donc la famille de la révolution, de la révolution ouvrière, etc.
02:47On a du mal à imaginer Jean-Luc Mélenchon accepter un successeur.
02:50D'ailleurs, vous le dites, Mélenchon vit seul, entouré de ses livres et de ses fidèles.
02:55La solitude est pour lui un instrument de contrôle.
02:59Il est devenu ça aussi, Jean-Luc Mélenchon, au fil des années,
03:03quelqu'un qui concentre tous les pouvoirs.
03:05D'ailleurs, certains s'en sont pleins dans son propre parti,
03:09chez les LFistes, on s'en souvient.
03:11Oui, et par exemple, quelque chose qu'il a repris sur François Mitterrand,
03:14c'est d'avoir toujours une oreille intéressée pour la jeunesse.
03:17Et d'ailleurs, quand, par exemple, il a eu des lignes divergentes au sein de son parti,
03:20je pense par exemple au parti de gauche ou même à la France insoumise,
03:23au début en tout cas de la France insoumise,
03:25il a réussi à dire, comme le dit très bien Julien Drey,
03:28à faire des promotions Lénine.
03:29Promotion Lénine, rapidement pour nos auditeurs,
03:31lorsque Lénine meurt en 1924,
03:34Staline, pour justement imposer sa ligne dans le parti,
03:37fait monter toute une partie de la jeunesse pour imposer sa ligne.
03:40Et Mélenchon, il a pris ça véritablement sur François Mitterrand,
03:43c'est qu'il faut s'appuyer sur la jeunesse,
03:45parce que la jeunesse, elle est radicale,
03:46elle aime le conflit, elle aime le rapport de force,
03:49et quand il y a des lignes divergentes,
03:50on va s'appuyer sur la jeunesse montante
03:53pour, comme ça, évincer les lignes divergentes.
03:56On peut par exemple penser à l'éviction de tous les souverainistes en 2017-2018,
04:00où il y avait François Coq et Charles Girard, par exemple,
04:04et même plus récemment, Corbière.
04:06Oui, et Rachel Garido.
04:08Rachel Garido, bien sûr.
04:09Vous dites dans les premières pages,
04:10réduire Mélenchon à sa figure de tribun est une paresse,
04:13il est davantage un stratège,
04:15un homme tout entier dévoué à la conquête du pouvoir.
04:18Oui, même moi je peux le dire,
04:20par exemple si vous me demandez une présentation succincte de Mélenchon,
04:23je veux dire, oui, effectivement, c'est un très bon orateur,
04:25il connaît son histoire de France,
04:27surtout celle à partir de 1789 aussi,
04:29parce que ça reste un républicain pur jus.
04:32Mais par contre, oui, à mon avis,
04:33il faut vraiment l'appréhender comme un stratège,
04:35c'est quelqu'un qui pense la politique.
04:37Et vraiment, à mon avis, ce qui fait sa supériorité
04:40par rapport à d'autres personnalités politiques,
04:42c'est qu'il a fait sienne, cette maxime militaire,
04:45c'est qu'il ne faut jamais faire prévaloir la tactique sur la stratégie.
04:48Il a toujours eu, comme ligne de mire, la conquête du pouvoir.
04:50Et c'est pour ça que, d'une époque à une autre,
04:53il va pouvoir changer son logiciel politique.
04:56Parce que, là aussi, il est toujours très attentif.
04:59Et il a une seule obsession,
05:00c'est toujours d'être à l'avant-garde des mouvements sociaux,
05:03du changement d'humeur de l'époque.
05:05Qu'il instrumentalise, d'ailleurs.
05:06Toujours, effectivement.
05:08Et là, vraiment, ça aussi...
05:09Par exemple, quand il s'empare de la cause écologique,
05:12c'est qu'il se rend compte que, par exemple,
05:14le peuple urbain, ou en tout cas les classes diplômées,
05:16c'est quelque chose qui peut leur parler.
05:17Quand il a son revirement sur la question, en tout cas, de l'islam,
05:20là aussi, c'est parce qu'il est à l'écoute.
05:22Mais Jean-Luc Mélenchon connaît aussi bien
05:24l'évolution démographique que la France et de l'Europe,
05:26qu'Éric Zemmour, par exemple.
05:28C'est quelqu'un qui a vraiment une équipe déterminée autour de lui.
05:32Et si on prend l'exemple de l'Institut de la Boétie,
05:34qui est le centre de formation intellectuelle de Mélenchon,
05:37autour de lui, il s'entourait de personnes,
05:38souvent d'universitaires, qui produisent des travaux,
05:41qui ont vraiment une grille d'analyse de la société.
05:44Et eux ont une envie, en tout cas,
05:45de l'amener dans un sens.
05:47Mais quand on vous écoute, on se demande quand même
05:49s'il y a une forme de sincérité chez cet homme.
05:52Est-ce qu'il y en a une après vos années d'enquête ?
05:55Vous diriez quoi ?
05:57Il y a une base idéologique qui est toujours restée la même.
06:00On l'a dit au début de notre entretien,
06:01ça reste un rouge, c'est un républicain.
06:04Mais par contre, c'est vrai...
06:05Il était socialiste, il n'était pas à l'extrême gauche.
06:07Non, non, non.
06:07Mais par contre, il a toujours été trotskiste aussi.
06:10Et dernièrement, il a renoué des liens, par exemple,
06:12avec le mouvement trotskiste.
06:14C'est quelqu'un qui est rentré à la maison.
06:16Alors par contre, oui, il a certaines évolutions.
06:18Il y a 15 ans, il pouvait, par exemple,
06:20qualifier que les femmes qui portent la burqa
06:21sont des fantômes.
06:23Dans une émission célèbre de Laurent Rupier,
06:25on n'est pas couché.
06:26Et aujourd'hui, on voit qu'il a adopté son logiciel.
06:28Mais si vous voulez, c'est quelqu'un de retort.
06:30C'est quelqu'un qui retombera toujours sur ses pieds.
06:32Il arrivera la main sur le cœur en disant
06:34« Ah oui, j'ai changé sur cette position
06:35parce que je suis allé voir les concernés, etc. »
06:38Parce qu'il était plutôt laïca, quand même,
06:40Jean-Luc Mélenchon.
06:41Aujourd'hui, c'est le chantre du communautarisme.
06:44Oui, c'était un bouffard de curé, vous pouvez le dire.
06:46Oui, je n'ai pas dit ça.
06:48Je vous laisse le dire, Jean-Michel Salvatore.
06:50Je vais revenir sur sa radicalité.
06:53Vous dites qu'il a toujours été rouge.
06:54Mais c'est vrai que quand on regarde un petit peu
06:56le parcours de Mélenchon,
06:58il a eu une période assez classique, en fait.
07:00Au début de sa carrière politique,
07:01il était sénateur assez jeune, à 25 ou 27 ans.
07:05Et c'est vrai que le Sénat,
07:06c'est quand même une institution très vénérable.
07:09Et on n'imagine pas un trotskiste arriver comme ça au Sénat aussi jeune.
07:13Ensuite, il était très proche du Mitterrand.
07:15Bien sûr.
07:15Qui n'était pas particulièrement très à gauche.
07:18Et puis, il a été aussi ministre de Lionel Jospin,
07:22ministre de l'enseignement technique, je crois.
07:24Et là, c'était une période où on avait quand même le sentiment
07:27d'un hiérarque socialiste comme les autres.
07:30Et donc, vous vous dites qu'en fait,
07:32trotskiste un jour, trotskiste toujours.
07:35Ah, évidemment.
07:35Et c'est pour ça, mon sous-titre « Portrait d'un révolutionnaire »,
07:38d'aucuns se sont un peu moqués de mon sous-titre
07:41en disant « Mais pourquoi révolutionnaire ? »
07:42C'est un apparatchik, comme vous l'avez très bien mentionné.
07:44Et c'est vrai que Mélenchon,
07:45ce n'est pas un Che Guevara ou un Patrick Peirce.
07:48On ne le voit pas prendre les armes.
07:49Il n'empêche parfois les révolutions silencieuses.
07:53Là où on arrive véritablement à changer les institutions,
07:55c'est peut-être des révolutions qui ont encore plus d'impact dans les années.
07:59Donc, moi, quand vous mentionnez le fait qu'ils deviennent ministres, par exemple,
08:02parce que c'est quelqu'un, comment dire, qui saisit l'occasion.
08:05Mélenchon l'a dit, j'ai ma fonction de tribun,
08:08je suis là pour la conflictualité,
08:09mais par contre, quand il a l'occasion de devenir ministre, il le devient.
08:12On se souvient aussi de ses multiples appels pour devenir premier ministre.
08:16Donc, c'est quelqu'un vraiment qui saisit l'occasion
08:17et c'est pour ça que ça en fait, à mon avis,
08:19un homme politique assez dangereux, en tout cas pour moi.
08:21Oui, d'ailleurs, vous dites d'aucun pense que Mélenchon est hors jeu
08:24pour l'élection présidentielle de 2027
08:26à cause de ses positions sur le conflit israélo-palestinien,
08:29sur les policiers, sur l'islam,
08:30que ses incartades à répétition l'ont rendu antipathique
08:33auprès d'une large part des Français.
08:36Personnellement, je n'en crois pas un mot,
08:37je pense même que l'élection de 2027 se présente bien pour lui.
08:41Ah, c'est le postulat de départ de mon livre,
08:43je pense qu'il sera au second tour.
08:44Peut-être que vous me réinviterez pour dire que je m'étais trompé
08:47ou peut-être que j'avais eu raison,
08:48mais pour moi, c'est le postulat.
08:50Aujourd'hui, on a un parti hégémonique à droite
08:52qui est un vrai parti de masse, c'est le Rassemblement National.
08:55À gauche, j'ai envie de dire,
08:56il y a un émiettement, et aujourd'hui,
08:58on voit qu'il y a un bloc central qui a du mal à faire émerger
09:01une figure qui pourrait l'incarner.
09:03Le bloc central à droite, on voit que Bruno Retailleau
09:06patine un petit peu en ce moment.
09:08Même chose pour Edouard Philippe.
09:09Au centre-gauche, c'est aussi la même chose.
09:13Gabriel Attal n'arrive pas à devenir cette personnalité.
09:16Il y a Raphaël Glucksmann qui est dans les mêmes niveaux de sondage
09:18que Jean-Luc Mélenchon, 12,5 environ.
09:21Exactement, mais par contre, Raphaël Glucksmann,
09:22c'est intéressant parce que les deux,
09:24que ce soit Jean-Luc Mélenchon ou M. Glucksmann,
09:26ont dit qu'il n'y aurait pas d'alliance.
09:28Donc là, vous avez vraiment, comment dire,
09:29dos à dos, deux gauches aujourd'hui.
09:32Une gauche de rupture incarnée par Jean-Luc Mélenchon
09:35et une gauche, on va dire, sociale réformiste,
09:38sociale démocrate incarnée par Raphaël Glucksmann.
09:40Or, on voit que Mélenchon, il prend de l'avance.
09:42Par exemple, si vous prenez la dernière élection européenne,
09:44Mélenchon est en avance par rapport aux précédentes élections européennes.
09:48Et même, on revient souvent sur l'irrésistible,
09:51comment dire, montée en puissance du Rassemblement national
09:53depuis des années.
09:54Mais la personnalité qui est montée aussi depuis des années,
09:58c'est Jean-Luc Mélenchon.
09:59Rappelons juste à nos auditeurs...
10:00Pardonnez-moi, je voulais vous couper parce que je voudrais vous faire écouter.
10:02Je ne voulais pas qu'on avance avant d'écouter François Ruffin,
10:05justement, qui parle de ce deuxième tour
10:08entre le RN et éventuellement un Jean-Luc Mélenchon.
10:12Écoutez ce qu'il en pense François Ruffin,
10:13il était sur BFM ce matin.
10:14S'il y a une certitude, c'est que dans un deuxième tour face à Marine Le Pen,
10:19lui qui était très nettement vainqueur en 2017,
10:23dont la cote de popularité était largement plus élevée,
10:25la confiance, etc.,
10:27aujourd'hui, on perd.
10:28Voilà mon souci.
10:29Peut-être que ça fait un bon candidat de premier tour,
10:31mais vous savez, il a lui-même dit que pour le deuxième tour,
10:33il y aurait la magie du deuxième tour.
10:35Bon, je ne sais pas comment on fait sortir des millions d'électeurs
10:37d'un chapeau comme un lapin pour un prestigitateur.
10:40Je suis assez sceptique sur ce miracle qui se produirait
10:44dans les 15 jours de l'entre-deux-tours.
10:45Vous en pensez quoi, Rodovka ?
10:47Alors là aussi, petit rappel pour nos éditeurs,
10:49en 2012, lors de la première parution de Jean-Luc Mélenchon
10:53à une présidentielle, il fait 11%.
10:54C'est quand même un bon premier score.
10:56En 2017, il échoue à 600 000 voix près au second tour.
11:00En 2022, à 400 000.
11:01Et là où je pense que M. Ruffin se trompe,
11:04c'est que si d'aventure,
11:07Mélenchon se retrouve au second tour contre un candidat RN.
11:10Vous allez voir un recentrage de Jean-Luc Mélenchon.
11:13Mélenchon va rejouer le cabotinage antiraciste
11:16qu'il joue à merveille.
11:18Il va dire, par exemple,
11:19moi, il y a des années, je signais une pétition avec Charlie Hebdo
11:21pour l'interdiction du Front National.
11:24C'est vous qui l'avez fait monter.
11:25Et le dernier rempart contre, justement,
11:27l'arrivée du RN au pouvoir, c'est moi,
11:29c'est Jean-Luc Mélenchon, le héros de la République.
11:31Donc là-dessus, il ne faut absolument pas le mésestimer.
11:34Et là, à mon avis, aussi...
11:36Non, mais quand on le mésestime, ça c'est une chose.
11:38Mais ce que les Français répondront, c'est une autre, Alexandre Malafaille.
11:41Moi, je partage le point de vue.
11:42Je pense que Jean-Luc Mélenchon joue la présidentielle de 2027.
11:45Et je pense qu'il a toutes les chances de ce qu'elle fait au retour.
11:47Non, mais il fait tout ce qu'il faut pour.
11:49Vous l'avez dit, c'est un caméléon.
11:51C'est un trotskiste.
11:51Un jour, toujours, ça, on est absolument d'accord.
11:53Mais il a quelque chose qu'il distingue par rapport à tous ses petits camarades.
11:56C'est peut-être pour ça que la mayonnaise a si bien pris.
11:58Il a une puissance intellectuelle.
11:59Il a une autorité naturelle.
12:00Il a quelque chose qui, finalement, qui transforme le qui-dame politique lambda
12:04en une personnalité qu'il laisse pas indifférent.
12:07Et il est capable, sur son aura, sur sa personnalité, sur sa volonté,
12:11sur son sens de la stratégie, d'aller assez loin.
12:13Moi, la question que je me pose, c'est effectivement,
12:15une fois qu'on se projette un petit peu en 2027,
12:18c'est à supposer qu'il rate son échéance.
12:21Là, pour le coup, il sortira sans doute de l'histoire politique.
12:24Il fera autre chose.
12:25En tout cas, il y pensera peut-être pas.
12:26En vrai, ça sera un peu loin.
12:26Mais qu'est-ce qui peut rester dans un mouvement comme les Insoumis
12:30après un Jean-Luc Mélenchon ?
12:32Qu'est-ce qui peut rester ?
12:33Lui, peut-être, veut donner une impulsion,
12:35mettant que le RN arrive au pouvoir en 2027.
12:38Vous imaginez, comment dire,
12:40les manifestations de rue qui vont se passer ?
12:42Vous imaginez le nombre de pétitions ?
12:44Parce que la stratégie aussi de Mélenchon,
12:46c'est que c'est quelqu'un qui a, comment dire,
12:48tissé sa toile via des associations,
12:51via des médias,
12:53via, comment dire, des syndicats.
12:55Il est vraiment, c'est vraiment pas uniquement l'homme d'un parti.
12:59Il y a un sociologue.
13:00Il est très repoussoir aussi, pour beaucoup de Français,
13:03et même aujourd'hui, certains hommes de gauche qui diraient,
13:06mais entre le RN et Mélenchon, on n'est pas sûr.
13:11Il y a eu quand même quelques outrances et quelques lignes rouges,
13:14notamment sur les questions d'antisémitisme.
13:16Jean-Michel Salvatore.
13:17Moi, justement, j'aimerais vous interroger sur le recours à la violence.
13:20Parce que finalement, Mélenchon,
13:24c'est l'un des rares hommes politiques dont on se dit
13:26qu'il est capable d'utiliser la violence dans le combat politique.
13:31Vous, comment vous voyez les choses ?
13:33Est-ce que vous pensez que pour lui,
13:34la violence fait partie des armes d'un homme politique,
13:38même s'il est élu ?
13:39Ah, mais il a théorisé la conflictualité.
13:41Comment dire ?
13:42Il sait souvent...
13:43Non, mais la violence, c'est pas la même chose que la conflictualité.
13:46Est-ce qu'il pourrait gouverner autrement que par le chaos ?
13:48Non, mais le bruit et la fureur, ça veut dire quelque chose.
13:50Mais c'est là aussi la stratégie de la conflictualité.
13:52Par exemple, vous prenez Raphaël Arnaud.
13:54Raphaël Arnaud...
13:55Député France Insoumise.
13:57Exactement.
13:58Fiché S.
13:59Ancien leader d'un groupuscule d'extrême-gauche très violent.
14:02Il avait craché la Valda.
14:04Je reprends justement la citation dans mon livre.
14:08Il était dans une réunion avec des journalistes d'extrême-gauche.
14:12Et dans le public, il y a cette question qui apparaît.
14:16Oui, si en 2027, le RN arrive au pouvoir, que fait-on ?
14:19Et là, il y a un membre du public assez véhément qui dit
14:21qu'il faut s'en prendre aux personnalités d'extrême-droite, entre guillemets, du RN.
14:26Raphaël Arnaud dit, je ne peux pas tout dire ici.
14:30Mais quelques instants plus tard, il le dit, il faut accepter la violence.
14:33Alors Jean-Luc Mélenchon, c'est comme le mouvement du 10 septembre.
14:35Là aussi, il est stratège.
14:36C'est-à-dire qu'il accompagne le mouvement, mais il s'affilie...
14:41Oui, il s'est agrégé d'ailleurs sur ce mouvement Bloquons-Tout du 10 septembre.
14:44Parce qu'il a compris qu'aujourd'hui, les luttes sociales, les manifestations,
14:48il y a un rejet général des Français pour les partis politiques, pour les syndicats.
14:54Donc lui, à chaque fois, il est un peu en retrait, mais il ne faut pas être dupe.
14:58Moi, j'avais des amis qui étaient dans les boucles Télégramme au moment du 10 septembre.
15:01À chaque fois que vous aviez des revendications de droite, vous étiez sortis.
15:04Donc, à chaque fois, les mouvements sociaux sont noyautés de l'intérieur.
15:09Et là, à mon avis, où il est intéressant, c'est ce que vous avez mentionné, madame,
15:13c'est que cette figure anti-système, elle lui correspond plutôt bien à Mélenchon.
15:17Parce qu'une des techniques, ou en tout cas des tactiques de Mélenchon,
15:20ça sera de dire, mais Marine Le Pen ou Jordan Bardella sont des candidats pro-système.
15:24Vous allez voir, avec eux, rien ne va changer.
15:26Aujourd'hui, le seul candidat anti-système, c'est moi et c'était...
15:30Le candidat de Mélenchon ne représente pas le peuple, il le crée.
15:32Alexandre Malafaille.
15:33Alors justement, maintenant, vous avez bien identifié, si je veux dire, l'animal politique Mélenchon.
15:37Vous connaissez ses forces, sans doute ses faiblesses.
15:41Comment on le combat, justement ?
15:43Qu'est-ce qui peut être un bon moyen d'attaquer Mélenchon ?
15:46Comment est-ce que finalement, on peut le corneriser ?
15:48Question, par exemple, prenez l'exemple de la géopolitique.
15:51La question du Sahara occidental le pousse aujourd'hui dans une difficulté.
15:55Parce qu'on a toujours dit que son nouveau butin de guerre à Jean-Luc Mélenchon, c'était l'électorat de banlieue.
16:00On va dire l'électorat musulman.
16:02Oui, il y a raison, ils sont très divisés, les Marocains et les Algériens, sur ce dossier du Sahara occidental.
16:06Exactement.
16:07Et il y a eu un récent sondage de l'IFOP qui a montré que les Français de confession musulmane s'apprêtaient à voter à 60% dans leur globalité pour Jean-Luc Mélenchon.
16:15C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a deux parties en France qui ont des butins de guerre électoraux, peut-on dire ?
16:21C'est Marine Le Pen, ou en tout cas le RN avec les classes moyennes et les classes populaires blanches de la France périphérique.
16:26Et Jean-Luc Mélenchon qui a ce butin de guerre aussi des banlieues, même si c'est un petit butin de guerre.
16:31Et c'est peut-être pour ça aussi qu'il a tenu la ligne aussi radicale pendant la période qu'on a connue sur le dossier israélo-palestinien.
16:37Et donc aujourd'hui, lui, une de ses stratégies, ou en tout cas une des stratégies de déstabilisation qu'on peut employer, c'est de lui demander ce qu'il pense du Sahara occidental.
16:46Parce que le palestinisme permet de regrouper tout le monde.
16:50Mais là, les questions, comme vous l'avez très bien dit, madame, ça divise un peu.
16:53Il nous reste malheureusement quelques secondes.
16:54Il n'y a pas beaucoup de lignes sur sa vie privée ? Pourquoi ? Il n'y en a pas ?
16:58Alors non, là pour le coup, c'est une déontologie personnelle auquel j'ai voulu m'astreindre.
17:04Jean-Luc Mélenchon a toujours dit, et en tout cas a toujours voulu cacher, en tout cas garder secret.
17:10C'est pourtant peut-être souvent intéressant, les vies privées.
17:13Mais vous avez tout à fait raison.
17:14Et les influences qu'il peut y avoir autour.
17:16Il y a un gendre qui travaille à la France Insoumise.
17:17Oui, ça on le sait.
17:19Mais par exemple, sur ses relations personnelles, je n'ai pas voulu non plus aller fouiller.
17:23C'est pour ça que c'est une biographie qui reste intellectuelle.
17:25Oui, mais bon, bref.
17:27Mais vous avez raison, c'est toujours intéressant.
17:28Je laisse cette question en suspens, mais la réponse serait peut-être intéressante.
17:33Merci, merci à vous.
17:34On marque une petite pause et on se retrouve dans quelques instants avec le journal de Mède Laurent.
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